Le
premier gros contrat de 2009 attribué à des Chinois : le «patriotisme
économique» d’Ouyahia n’est déjà plus qu’un simple slogan
Par ali idir , le 03/02/2009 |
Pour réduire les importations qui
ont atteint le chiffre record de 40 milliards de dollars en 2008, le
gouvernement veut favoriser les entreprises algériennes. Le premier
ministre Ahmed Ouyahia, dans une instruction datée du 23 décembre, a en
effet demandé aux décideurs économiques et politiques de prendre toutes
les mesures pour favoriser les entreprises algériennes et leurs
produits et services au détriment des groupes étrangers.
La décision est louable, mais
l'Algérie a-t-elle les moyens de sa nouvelle politique fondée sur le
patriotisme économique et la préférence nationale ? La réponse est
négative au regard la part insignifiante (moins de 4%) de l'industrie
nationale dans le PIB algérien. En fait, l'appareil industriel local
est en panne. L'Algérie ne produit pas grand chose et les industriels
sont chaque jour confrontés à de nouvelles difficultés pour accéder aux
crédits bancaires et au foncier.
Illustration de cette difficulté à appliquer les
nouvelles mesures, un peu plus d'un mois après l'instruction d'Ouyahia,
le premier gros contrat de l'année 2009 est revenu à un groupe chinois
de travaux publics. La Direction des travaux publics de la wilaya de
Tipaza a en effet annoncé jeudi l'attribution d'un projet de 190
millions d'euros à la Société nationale de construction de chine
(CSCEC). Il concerne la réalisation d'une autoroute de 48 km entre
Bousmail et Cherchel.
Cette société bien implantée en Algérie depuis
plusieurs années a offert le prix le moins cher, a expliqué la DTP de
Tipaza. Mais la somme d'argent proposée doit-elle rester le seul
critère de sélection dans les appels d'offres ? Les groupes chinois
sont en effet connus pour leurs offres moins distantes par rapport à la
concurrence et l'Algérie est réputée pour être un pays sans
entreprises.
Aujourd'hui, seuls deux groupes de travaux
publics, l'un public, Cosider, et l'autre privé, ETRHB Haddad, peuvent
réellement rivaliser avec les sociétés étrangères. Mais le plan de
charge du gouvernement en matière de grands travaux dépasse largement
les capacités de ces deux entreprises nationales. L'apport des groupes
étrangers est donc inévitable.
En fait, les gouvernements successifs depuis le
début des réformes économiques en 1990 se sont employés à affaiblir les
entreprises algériennes. Les plus grandes sociétés de travaux publics
et de bâtiment détenues par l'Etat se sont écroulées, l'une après
l'autre, sous le poids des dettes, de la mauvaise gestion et des
tentatives vaines de restructurations ou de privatisations. Dans le
même temps, les autorités n'ont pas réussi à permettre l'émergence de
grands groupes privés capable de prendre la relève.
Résultat : même pour effectuer de petits travaux
de réfection de voies dans les villes, l'Algérie reçoit des offres de
la part de PME étrangères spécialisées et paye les travaux en devises.
De nombreux appels d'offres dans le bâtiment finissent infructueux et
la qualité des travaux réalisés par les artisans locaux a beaucoup
régressé ces dernières années.
La perte de l'outil de production a été
accompagnée d'une perte de savoir-faire alors que l'Algérie dispose
d'écoles et d'instituts spécialisés dans la formation de techniciens et
ingénieurs dans le bâtiment, les travaux publics et l'hydraulique.
Encourager la production nationale doit d'abord
passer par la reconstitution d'un tissu de PME et de grandes
entreprises capables de réaliser les grands travaux et de réduire ainsi
le recours aux étrangers et le transfert des devises. En attendant, les
entreprises étrangères ont toutes les chances de profiter pleinement de
tous les futurs contrats lancés.
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premier gros contrat de 2009 attribué à des Chinois : le «patriotisme
économique» d’Ouyahia n’est déjà plus qu’un simple slogan
Par ali idir , le 03/02/2009 |
Pour réduire les importations qui
ont atteint le chiffre record de 40 milliards de dollars en 2008, le
gouvernement veut favoriser les entreprises algériennes. Le premier
ministre Ahmed Ouyahia, dans une instruction datée du 23 décembre, a en
effet demandé aux décideurs économiques et politiques de prendre toutes
les mesures pour favoriser les entreprises algériennes et leurs
produits et services au détriment des groupes étrangers.
La décision est louable, mais
l'Algérie a-t-elle les moyens de sa nouvelle politique fondée sur le
patriotisme économique et la préférence nationale ? La réponse est
négative au regard la part insignifiante (moins de 4%) de l'industrie
nationale dans le PIB algérien. En fait, l'appareil industriel local
est en panne. L'Algérie ne produit pas grand chose et les industriels
sont chaque jour confrontés à de nouvelles difficultés pour accéder aux
crédits bancaires et au foncier.
Illustration de cette difficulté à appliquer les
nouvelles mesures, un peu plus d'un mois après l'instruction d'Ouyahia,
le premier gros contrat de l'année 2009 est revenu à un groupe chinois
de travaux publics. La Direction des travaux publics de la wilaya de
Tipaza a en effet annoncé jeudi l'attribution d'un projet de 190
millions d'euros à la Société nationale de construction de chine
(CSCEC). Il concerne la réalisation d'une autoroute de 48 km entre
Bousmail et Cherchel.
Cette société bien implantée en Algérie depuis
plusieurs années a offert le prix le moins cher, a expliqué la DTP de
Tipaza. Mais la somme d'argent proposée doit-elle rester le seul
critère de sélection dans les appels d'offres ? Les groupes chinois
sont en effet connus pour leurs offres moins distantes par rapport à la
concurrence et l'Algérie est réputée pour être un pays sans
entreprises.
Aujourd'hui, seuls deux groupes de travaux
publics, l'un public, Cosider, et l'autre privé, ETRHB Haddad, peuvent
réellement rivaliser avec les sociétés étrangères. Mais le plan de
charge du gouvernement en matière de grands travaux dépasse largement
les capacités de ces deux entreprises nationales. L'apport des groupes
étrangers est donc inévitable.
En fait, les gouvernements successifs depuis le
début des réformes économiques en 1990 se sont employés à affaiblir les
entreprises algériennes. Les plus grandes sociétés de travaux publics
et de bâtiment détenues par l'Etat se sont écroulées, l'une après
l'autre, sous le poids des dettes, de la mauvaise gestion et des
tentatives vaines de restructurations ou de privatisations. Dans le
même temps, les autorités n'ont pas réussi à permettre l'émergence de
grands groupes privés capable de prendre la relève.
Résultat : même pour effectuer de petits travaux
de réfection de voies dans les villes, l'Algérie reçoit des offres de
la part de PME étrangères spécialisées et paye les travaux en devises.
De nombreux appels d'offres dans le bâtiment finissent infructueux et
la qualité des travaux réalisés par les artisans locaux a beaucoup
régressé ces dernières années.
La perte de l'outil de production a été
accompagnée d'une perte de savoir-faire alors que l'Algérie dispose
d'écoles et d'instituts spécialisés dans la formation de techniciens et
ingénieurs dans le bâtiment, les travaux publics et l'hydraulique.
Encourager la production nationale doit d'abord
passer par la reconstitution d'un tissu de PME et de grandes
entreprises capables de réaliser les grands travaux et de réduire ainsi
le recours aux étrangers et le transfert des devises. En attendant, les
entreprises étrangères ont toutes les chances de profiter pleinement de
tous les futurs contrats lancés.
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