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«J’ai horreur de la manipulation»

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admin"SNP1975"

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«J’ai horreur de la manipulation» Kh10


L’ÉCRIVAIN YASMINA KHADRA À L’EXPRESSION
04 Mars 2010 -




«Alerter les consciences anticolonialistes pour interdire une ouverture littéraire, n’est-ce pas le comble de la démesure?» s’interroge, indigné, l’auteur de Ce que le jour doit à la nuit.




Le directeur du Centre culturel algérien à Paris, Yasmina Khadra, donne ici son avis sur la tentative de faire échouer l’arrivée de la caravane de la célébration du 50e anniversaire de la disparition d’Albert Camus en Algérie.
Caravane approuvée par notre écrivain de mérite et que certains esprits obtus tentent, par une pétition qui n’a d’écho que le bout de leur nez, d’empêcher de se produire en Algérie. Un geste qui va à l’encontre de l’action intellectuelle qui veut qu’un débat même contradictoire se doit d’être, sans lequel une véritable démocratie n’a plus raison d’exister. Des intellectuels, dites-vous? Notre homme, fidèle à ses idéaux justes, répond à ses détracteurs.

L’Expression: Il va y avoir l’organisation de la Caravane Albert Camus... sachant que le Centre culturel que vous dirigez est, entre autres, l’initiateur de cet événement. Quelles sont vos motivations?
Yasmina Khadra: Le CCA n’est pas l’initiateur de l’événement. M.Guillaume Lucchini, l’organisateur de la Caravane Albert Camus, était venu me voir pour m’en parler. Son idée m’a séduit. Pourquoi pas, m’étais-je dit? Et nous avons aussitôt lancé l’opération. Je suis sidéré par la réaction du comité qui s’est constitué pour condamner notre initiative. Néocolonialisme?... Je n’en reviens pas. Il ne s’agit pas d’une armada en rade des côtes algériennes. Il n’y a ni chars, ni avions, ni drones. Et aucun état-major n’est en train de fourbir ses armes. Il est question d’une opération purement culturelle. Contrairement à ce qui a été déclaré, seul le Centre culturel algérien à Paris est partie prenante dans cette histoire. Incriminer les autres institutions, faire croire qu’il s’agit d’une implication massive de l’Etat, est totalement ridicule. Les motivations qui m’ont amené à m’investir dans cette démarche sont simples: proposer aux Algériens, notamment à nos étudiants, un débat intelligent sur un grand écrivain, né en Algérie, adulé par les uns et vilipendé par les autres, prix Nobel de littérature. Notre pays tente timidement de renouer avec la chose intellectuelle. J’essaie de contribuer à ce sursaut sans lequel la médiocrité et l’ignorance squatteraient notre esprit.

En Algérie, cette caravane qui atterrirait, en avril je crois, est controversée par un groupe d’écrivains ou intellectuels algériens. Un texte baptisé «Alerte aux consciences anticolonialistes» circulerait un peu partout contre cette célébration de l’année camusienne qui, selon ses auteurs, réhabiliterait l’Algérie française. Quel sentiment cela vous inspire-t-il?
J’ai lu ce fameux texte et j’en hallucine encore. Où sont-ils allés chercher de telles élucubrations? Que signifie cette désinformation éhontée et qu’essaie-t-on de prouver? Que ces individus sont les gardiens du temple? Qu’ils sont plus vigilants et plus patriotes? L’Algérie est souveraine, et elle a les moyens de sauvegarder son intégrité. Camus est mort, et son fantôme ne saurait remettre en cause le combat des Algériens pour leur indépendance. La guerre est finie; il est question de regarder plus loin que le bout de notre nez. Il est impératif de lire Camus pour comprendre ce que nous avons été sous le joug colonial, et ce que nous sommes devenus aujourd’hui, c’est-à-dire des êtres sans relief et sans réelles convictions, toujours prêts à chahuter les initiatives des autres et jamais en mesure d’en prendre, constamment prompts à chercher des poux aux chauves, à traquer l’anguille sous roche même lorsqu’il n’y a pas d’eau dans la rivière. Des êtres forgés dans la suspicion chimérique, de grandes gueules aux bras écourtés, fainéants impénitents, terrés au fond des nullités et des absences insalubres, sordides jusque dans leurs «nobles» pensées. Les a-t-on jamais vus se rassembler autour d’un idéal probant? Les a-t-on jamais vus honorer un héros, un chantre ou bien un martyr? Ils sont là, les doigts dans le nez, à ne rien fiche de la journée, et dès qu’il y a l’ébauche d’une initiative, ils s’extirpent de leur sommeil post-digestif pour ruer dans les brancards! Qui les empêche de fêter Jeanson, de commémorer dignement Fanon, de provoquer des Caravanes Kateb Yacine, Mouloud Feraoun, Rachid Mimouni ou Tahar Djaout, Moufdi Zakaria ou Benhaddouga, Al Khalifa ou Rédha Houhou, et de réunir les Algériens, grands et petits, autour d’un débat enthousiasmant? Ils ne font rien, et tentent d’empêcher les autres de se bouger un peu. Moi, qui suis écrivain, ancien officier, fils d’ancien officier de l’ALN, descendant des Moulessehoul, seigneurs tranquilles de la Saoura depuis six siècles, je ne vois pas du tout en quoi le fait de se pencher sur Albert Camus, aussi controversé soit-il, puisse me désarçonner en tant qu’Algérien. C’est en lisant L’Etranger que j’ai le mieux compris la condition des miens durant la colonisation. C’est parce que nous étions réduits à des figurants, ramenés à un qualificatif générique (l’Arabe), et présentés comme du cheptel inconsistant que j’ai décidé de devenir romancier pour dire la vaillance de nos héros et la longanimité de nos victimes expiatoires. Plus tard, le traumatisme de la lecture de L’Etranger m’amènera à écrire Ce que le jour doit à la nuit, pour montrer ce que Camus répugnait à regarder en face. C’est en lisant Noces d’été, la Peste, l’Exil et le Royaume, que j’ai mesuré combien Camus était atteint de strabisme, parfois carrément frappé de cécité, comme Guy de Maupassant, André Gide et ces consciences supposées éclairées et dont la portée de leur phare ne dépassait pas les frontières de leur propre conception du monde et de l’humanité, c’est-à-dire leur propre bulle. La littérature est une quête perpétuelle de soi. On apprend plus sur soi, dans un livre, que sur les personnages et les événements qu’il décrit. Les Algériens ont besoin de renouer avec le livre, d’apprendre à faire la part des choses, de reconnaître le talent exceptionnel de Camus et de déplorer, intelligemment, son autisme d’homme, ses maladresses, ses tergiversations, ses indécisions, de mesurer combien parfois le génie est éloigné de la lucidité, que l’on peut être magnifique et gauche à la fois, sublime et à côté de la plaque. Ce sont justement ce genre de rencontres qui nous permettra d’avancer dans la vie. Le comité qui appelle au boycott de la Caravane Albert Camus devrait jeter un oeil sur le délabrement mental qui sévit chez nous, sur la démission intellectuelle, par endroits le désistement même de la pensée, le renoncement à l’émulation, à la transcendance, voire à la culture. Il devrait se demander pourquoi nos écrivains ne sont pas enseignés dans nos lycées, pourquoi l’exclusion muselle le chant salvateur de nos poètes, pourquoi nos bibliothèques sont désertées, nos cinémas sous scellés comme les lieux du crime, nos comédiens se décomposent-ils à l’ombre du temps qui passe. Il devrait comprendre que ce sont des réactions comme la sienne qui empêchent la renaissance de notre nation. Absolument. Ce sont des attitudes comme celles qu’ils affichent, avec un zèle claironnant, qui isole notre pays dans le marasme et la démagogie. Alerter les consciences anticolonialistes pour interdire une ouverture littéraire, n’est-ce pas le comble de la démesure? Et puis, quelles consciences? Celles qui se dérobent devant les malheurs qui frappent notre patrie? Celles qui s’empiffrent à tous les rateliers? Celles des prédateurs de tout poil, qui privilégient le slogan creux au détriment des engagements concrets, qui n’ont de cesse de se réinventer une âme là où elles n’ont aucun scrupule? Quel culot, tout de même! Mais il est vrai que beaucoup n’ont plus de caleçons tellement ils pètent le feu.

Quelle est votre position là-dessus et que répondez-vous à vos détracteurs?
Je n’ai pas de réponse pour l’incongruité. J’essaie de faire de mon mieux pour aider notre culture à s’éveiller aux gens qui l’aiment. Depuis que je suis au CCA, j’oeuvre exclusivement dans ce sens. Jamais sous influence politique ou autre. J’écoute ce que mon coeur confie à ma conscience. Il n’est pas de mes habitudes de penser à mal. J’ai horreur du mensonge et de la manipulation. Ce que j’entreprends, je le fais après avoir bien réfléchi, et je le fais pour le bien de tous. S’il m’arrive de me tromper, ce n’est pas faute d’avoir bâclé mon travail ou pris à la légère un engagement. L’erreur est humaine, et c’est tant mieux. On apprend mieux à se relever en tombant. Je ne suis pas de ceux qui manoeuvrent sournoisement ou qui pratiquent la surenchère et l’abjection.
S’il m’arrive d’agacer certains, ce n’est point voulu. Je ne songe ni à provoquer ni à invectiver. Si je donne l’impression de faire cavalier seul, ce n’est pas du tout vrai. Je m’escrime à trouver des interlocuteurs et je suis attentif à toute proposition susceptible d’apporter du crédit à nos efforts. Mais de grâce! arrêtons de prendre les Algériens pour des inconscients. Arrêtons de les infantiliser. Et laissons les gens travailler en paix.




O. HIND


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.

Albert Camus, étranger en Algérie

Cinquante ans après sa mort, l’écrivain suscite toujours la polémique


Pied-noir né d’une famille très modeste et attaché à ses racines, l’écrivain est devenu une icône de la littérature française. Son talent et son engagement pour la justice lui ont valu un Prix Nobel de littérature à l’âge de 44 ans. Un demi siècle après sa disparition, dans un accident de la route le 4 janvier 1960, Camus continue pourtant d’être critiqué et aimé. En Algérie sa mémoire reste attachée à celle, douloureuse, de la Guerre d’indépendance.















Si la France et une partie du monde célèbrent l’humanisme de Camus, le 50ème anniversaire de sa mort, lundi, a réveillé la polémique concernant son engagement pendant la guerre d’Algérie. La mémoire de l’écrivain demeure encore problématique.



« Je ne pourrai pas vivre en dehors d’Alger. Jamais. Je voyagerai car je veux connaître le monde mais, j’en ai la conviction, ailleurs, je serais toujours en exil », écrivait Albert Camus en 1932 à son ami Claude de Fréminville. L’auteur de l’Etranger est pourtant parti s’installer à Paris en 1943 après l’interdiction de L’Alger Républicain où il travaillait. Rien ne semblait prédestiner Albert Camus à une carrière intellectuelle mondialement reconnue, qui lui a valu de recevoir le Prix Nobel de la Paix en 1957. Orphelin de père à l’âge d’un an, il a été élevé par une mère analphabète en terre algérienne. C’est après des études de philosophie qu’il devient journaliste. Précoce, il publie sa première œuvre L’envers et l’endroit à 24 ans.



Le mal compris



Aujourd’hui peu connu en Algérie, où n’a pas été cultivée sa mémoire, une grande partie des intellectuels Algériens lui gardent rancune. Ses écrits ravivent les douleurs. La présence quasi invisible de la commémoration de la mort de Camus dans la presse algérienne montre la gêne, voire même le rejet de l’écrivain. Albert Camus a été vivement critiqué pour sa discrétion sur la politique française vis-à-vis de l’Algérie pendant la guerre d’indépendance. Sa prise de position était pourtant très attendue en tant qu’intellectuel et surtout en tant que Français d’Algérie. Rejeté par certains de ces pairs, comme Jean Paul Sartre, pour son manque d’engagement, il s’est néanmoins insurgé contre le fait colonial.



L’amour de la terre natale



Il est l’un des premiers à condamner les répressions contre les combattants anticolonialistes dans ses articles. Exilé, il vit mal la guerre d’Algérie et lutte contre les barbaries loin de sa terre natale. Porte-parole des opprimés, il obtient le Prix Nobel de littérature en 1957 à Stockholm. Alors qu’il reçoit son Prix, un étudiant l’interroge sur le caractère juste de la lutte pour l’indépendance menée par le F.L.N. Il répond : « Si j’avais à choisir entre cette justice et ma mère, je choisirais encore ma mère. » Une phrase qui choque les militants anticolonialistes. Mais il vénérait sa mère qui vivait dans un quartier d’Alger exposé aux bombardements.



Le quotidien algérien El Watan a retracé le parcours du Prix Nobel. Le journaliste Bélaïde Abane y a signé un pamphlet intitulé : « Camus : entre la mère et la justice ». Selon lui, l’écrivain pied-noir ne s’est « jamais débarrassé de ses réflexes primaires bien enracinés dans son inconscient colonial. » Beaucoup sont ceux qui trouvent que son positionnement reste ambiguë. Le problème était que le pied-noir qui critiquait le colonialisme n’a jamais pris parti dans le F.LN, dont il dénonçait les actes « terroristes ».



Albert Camus reste de ceux qui ont le mieux écrit l’Algérie. Il écrivait son pays avec le regard nostalgique d’une époque qui n’existait plus. Humaniste, l’écrivain a choisi de rejeter les idéologies. Alors qu’en France on se demande si la place de Camus est au Panthéon, l’écrivain Yazid Haddar écrit qu’elle est au cimetière d’Alger. « Camus est algérien car il a connu la misère comme tout Algérien », estime-t-il. En Algérie, c’est son appartenance au pays qui est aujourd’hui questionnée. Un sujet qui y restera problématique tant que la mémoire de la colonisation et de la Guerre d’indépendance sera sensible.



http://www.afrik.com/article18380.html

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admin"SNP1975"

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Face aux menées du lobby néocolonial autour de Camus
Alerte aux consciences anticolonialistes
Le Quotidien d’Oran, 01/03/2010

Le corps de Jeanson, le dernier de nos martyrs, n’a pas encore vraiment refroidi, que des institutions officielles algériennes rejoignent, dans une «émouvante communion» et un tapage médiatique sans précédent, la caravane célébrant l’écrivain et journaliste colonial
Camus, militant avéré et définitif de l’Algérie française.
La caravane qui sillonne aujourd’hui l’Algérie, associant nos institutions à celle de l’État français, ne lui rend pas seulement un hommage qui envahit tout l’espace médiatique algérien, de la télévision aux titres privés et qui a été constamment refusé notamment à Francis Jeanson. Elle constitue aussi une réhabilitation du discours de l’Algérie française. Le lobby néocolonial en est à sa deuxième campagne. La première a eu lieu en 2004 et 2005 accompagnant et légitimant la mise en place de la loi française du 23 février 2005. La campagne d’aujourd’hui encouragée après l’absence de réactions en 2005 va plus loin : elle criminalise nos maquisards, délégitime leur combat et les compare à l’OAS réactivant l’ancienne appellation de terroristes pour nos combattants et faisant passer les crimes de l’armée coloniale, de l’usage du napalm et de la torture à la corvée de bois, pour une violence légitime et légale. La participation d’institutions officielles algériennes, les émissions télé et
articles de la presse écrite dithyrambiques, l’accueil officiel, la décision de donner son nom à un édifice public et de lui ériger une stèle sera une première grande victoire de ce lobby néocolonial. Leur prochaine étape sera le centenaire de sa naissance en 2013. Avec la force de pénétration de ce lobby et ses capacités d’anticipation, il est clair que le manège commencera
en 2012, année du cinquantenaire de notre indépendance. Ce lobby va submerger ce grand événement sous la fête camusienne avec comme message : o combien de malheurs vous auriez évité en restant sous tutelle française. A la base de cet hommage une immense mystification veut nous faire passer l’image d’un Camus sensible à cette terre et à notre
peuple. Il n’est rien de tout cela. Sur le plan esthétique Camus était un écrivain colonial Edward Saïd en a dressé le portrait dévoilé la fonction idéologique : «Camus joue un rôle particulièrement important dans les sinistres sursauts colonialistes qui accompagnent l’enfantement douloureux de la décolonisation française du XXe siècle. C’est une figure impérialiste très tardive : non seulement il a survécu à l’apogée de l’empire, mais il survit comme auteur «universaliste », qui plonge ses racines dans un colonialisme à présent oublié.»
Pas si oublié que cela ! Oh, cher Edward Said. Sur le plan politique, il a été un militant de l’Algérie française. Dès 1937 et jusqu’en 1939, Camus n’a cessé d’appeler à des mesures de charité pour couper l’herbe sous les pieds des nationalistes avec point d’orgue sa couverture du procès de Messali Hadj en 1939. En 1945, il s’est tu. En 1952, en pleine guerre de libération du Vietnam, il publie un texte disqualifiant toute révolte par ses résultats supposés sur la négation des libertés. Il a, dès 1955, développé la contre offensive idéologique contre l’ALN, renvoyant la violence révolutionnaire légitime au même plan que la violence coloniale incessante et permanente. Il a réduit notre guerre à une entreprise inspirée et dirigée par Nasser, la ravalant à une manipulation. Il a, dès 1955, toujours, accusait nos amis français, en réalité Francis Janson pour son livre «L’Algérie hors la loi», de vouloir la démission de l’état c’est-à-dire en clair de trahir la France, accusation qui fut l’argument essentiel au procès de ce réseau en 1960. Pour cet homme la dignité de la dénomination d’algériens se réservait aux seuls pieds noirs pour lesquels il rêvait d’une «Algérie blanche» indépendante et toujours
française. Malgré la lutte armée déjà portée par notre peuple, il ne nous concède que la vague reconnaissance d’une vague «personnalité arabe» nous refusant l’égalité et l’unité des statuts.
Et enfin refusera de nous nommer autrement que par une incertaine notion d’«Arabes» nous parquant selon l’analyse de Fanon, dans un «autre compartiment» de l’humanité. Jusqu’à sa mort il défendra cette Algérie Française en nourrissant l’espoir à peine caché que se réalise une république blanche sur le modèle de compartimentage. L’Algérie officielle se rend-elle
compte qu’en accueillant avec cette chaleur le chantre de l’Algérie française, elle ridiculise par avance son projet de loi criminalisant le colonialisme la vide de son sens et devient nul ? L’année 2010 devait être pour nous l’occasion de célébrer le 50ème anniversaire des indépendances des ex colonies françaises en Afrique ce lobby l’a transformé en célébration d’un militant convaincu de la colonisation ! L’année 2010 est également le cinquantenaire
de la parution en 1960 du livre de Jeanson : Notre guerre, immédiatement saisi. Symbole des porteurs de valises, de l’engagement et de la commune destinée de tous les humains.
Cette alerte est un témoignage pour que nul ne dise qu’il ne savait pas ce qui se trame derrière l’immense entreprise de falsification de l’histoire, de mensonges, de mystifications. Car ce lobby ne continue pas seulement une guerre du passé mais construit la domination néocoloniale d’aujourd’hui. La preuve par le concret reste qu’à chaque émission sur Camus c’est le retour de l’Algérie française quand on nous chantait la séparation de l’art et de la politique ? Nous en appelons à la mobilisation de toutes les consciences anticolonialistes pour
honorer le combat des justes. Premiers signataires (PS: Ceux, parmi vous qui veulent se joindre à nous, peuvent envoyer leur signature à :musmadi@gmail.com) ou mbouhamidi@yahoo.fr.
Liste complémentaire des signataires :
Maitre Ali Haroune -Samia Zennadi éditrice - Mustapha Madi universitaire - Mokhtar Chaalal
écrivain -Abdou.B,jouranliste et consultant- Bouzid Harzellah poète et journaliste - Amar
Belhimeur, universitaire et chroniqueur – Hassen Bachir Cherif directeur «La Tribune» -
Mohamed Bouhamidi philosophe et chroniqueur -Ahmed Halfaoui journaliste et consultant-
Abdelkrim Hammada Journaliste – Aberrahmane Zakkad écrivain, officier de l’ALN -
Yasmina Chaalal, retraitée- Rabia Kerzabi, ancienne ministre de la solidarité et de la famille.
Nacerdine Akkache, ancien cadre supérieur de l’État. Mouloud Achour Ecrivain-Ammar Azzouz Auteur - compositeur -Mustapha Toumi Poète. Moudjahid.-Annie Steiner Moudjahida-Abdelmadjid Azzi Ecrivain. Moudjahid-El Hadi Boudib Enseigant-Sonia Hadj Slimane Enseignante.-Nadir Djermoune Architecte - urbaniste-Lahcen Moussaoui Poète.
Zine El Abidine Artebas, Directeur entreprise- Amel Artebas, cadre commercial- Djamel
Lahmar, cadre entreprise- Assia Lahmar, femme au foyer- Ouaret Fayçal, architecte et
écrivain- Bourboune Fateh, écrivain- Chaffir Ahnine economiste. Enseigante universitaire
- Mohammed Elkorso historien(Ass.8 mai 45) -Aziz Boubakir universitaire et chroniqueur
-Ahmed Hamdi,-doyen de faculté - Ahmed Menour , professeur et critique littéraire- Habib Sayah Romancier –Abdelkerim Ouzeghla journaliste et écrivain- Kérouani Fatah, architecte, fils du Chahid. Mohamed Kérouani.. Saadna Mustapha, Entrepreneur en retraite. Saadna H’lima, retraitée des services hospitaliers. Mezaache Amel, enseignante. Samai Abderahmane, chef d’entreprise. Latri Abdelhamid, pharmacien. Messahal Nourdine, universitaire. Bousbaa Abdelhakim, médecin. Zineb Derbal, ex. cadre au cca(Paris)- Mezaache Yacine, cadre commercial. Reggad Azzouz, commercial . Abdelkader Bouteldja Cadre éducation. Retraité Tiaret - Adel Abderrezak... Enseignant universitaire au centre universitaire de Khenchela- Ammar Hamma Cadre supérieur de l’état en retraite - Abdelkrim Ghezali Directeur de la rédaction La Tribune. - Soumia Salhi Militante syndicaliste et militante des droits des femmes. – Abdelnasser Chiker ingénieur et archéologue - Ahnine
Chaffir Economiste Enseignant universitaire. - Nait mebarek Chabane journaliste - Mahmoud Rechidi Juriste - Chafia Djemame militante des droits des femmes. – Fatah Agrane - Aidali Hamou - Hocine Bellalouli écrivain, journaliste - Rabah Moulla (Ancien journaliste Alger Rép) - Yassine Temlali Journaliste - Yahia Yahiaoui- Retraité - Dr. Fadila Maiza Maître de Conférences – Biologie PhysicoChimique Bejaïa. - Yahia-Cherif Hamza, Fonctionnaire.
Maiza Mohamed Larbi, architecte. – Tighiouart Mohamed Salah, cadre bureau d’études. - Guettal Tateb, homme de théâtre.- Bouhlel Laid, ancien marin. – Abed Saàdane, prof de math. - Douadi Mouloud, fonctionnaire. - Samai Abderahmane, chef d’entreprise. - Chaalal Rafik, commercial maison d’édition. - Krimo khalfa entraineur foot ball - A. Nedjar - Chedri Merbouha (Ghania), Architecte.


Le Contre-Mersault ou l'«Arabe» deux fois tué
par Kamel Daoud , le Quotidien d’Oran 02/03/2010

«…Bon Dieu comment peut-on tuer quelqu'un et lui ravir même sa mort ? C'est mon frère qui a reçu la balle pas lui ! C'est Moussa, pas Mersault non ? Il y a quelque chose qui me tue dans ce qui a tué mon frère. Personne, même après l'Indépendance, n'en a cherché le nom, le lieu, la famille restante, les enfants possibles. Personne. Tous sont restés la bouche ouverte sur cette langue parfaite et tous ont presque déclaré leur fraternité avec la solitude du meurtrier. Qui peut aujourd'hui me donner le vrai nom de Moussa ? Qui sait quel fleuve l'a porté jusqu'à la mer qu'il devait traverser à pied jusqu'au jugement dernier de sa propre religion ? Qui sait si Moussa avait un revolver, une philosophie, une tuberculose, des idées ou une mère et une justice ? Qui est Moussa ? C'est mon frère. C'est là où je voulais en venir. Te raconter ce que Moussa n'a jamais pu raconter, vivant ou tué. Mort ou coincé entre la mort et les livres. Est-ce que tu as le livre sur toi ? D'accord, fais le disciple et lis moi les premiers passages. C'est pour toi que je te demande ça. Moi je la connais par cœur, je peux te la réciter mieux que Moussa si Dieu nous le renvoie pour trois jours. C'est un cadavre qui a écrit : on le sait à sa façon de souffrir du soleil ou de ne pas surmonter l'éblouissement des couleurs et les angles durs de la lumière. Dès le début, on sent ce salopard de Mersault à la recherche de mon frère. Pas pour le rencontrer mais pour ne jamais le faire. Tout le monde s'y est mis par la suite et depuis cinquante-six ans. Je vais te résumer l'histoire avant de te la raconter : un homme qui sait écrire tue un «Arabe» qui n'a même pas de nom ce jour là (comme s'il l'avait laissé dans le ventre de sa propre mère avant de revenir le soir le récupérer), puis se met à expliquer que c'est la faute d'un Dieu qui n'existe pas, et à cause de ce qu'il vient de comprendre sous le soleil : le meurtre est un acte absolument impuni et n'est déjà pas un crime parce qu'il n'y a pas de loi. Et, d'un coup, pendant cinquante-six ans, tout le monde se met de la partie pour faire disparaître le corps à la hâte, transformer les lieux du meurtre en un musée immatériel d'une seule idée érigée en colonne romaine et interroger l'assassin sur son insolation et sur les anagrammes de son propre prénom. Que veut dire Meurtsaul ? Meurt seul ? Meurt sot ? Ne meure jamais ? Mon frère n'avait pas droit à un seul mot dans cette histoire. Il était une marche ratée dans la marche vers le Dieu déserteur des époques modernes. Et là, toi comme tous tes aînés vous faites fausse route : l'absurde, c'est mon frère et moi qui le portons sur le dos, pas l'Autre. Comprends moi bien : je n'exprime pas de la tristesse ni de la colère. Je ne joue même pas le deuil, seulement… Seulement quoi ? Je ne sais pas. Peut-être le rôle du mécanicien du sens. Cette histoire devrait être réécrite, dans la même langue, mais de droite à gauche. C'est-à-dire en commençant par le corps encore vivant, les ruelles qui l'ont mené à sa fin, le prénom de l'«Arabe», et jusqu'à sa rencontre avec la balle. Pas le contraire. C'est immoral de raconter l'histoire d'un meurtre avec cinquante-six passages pour la balle, le doigt et l'idée qui les a animés, et ne dire qu'une seule phrase pour le mort qui doit plier bagage après sa figuration au prix de son dernier souffle devenue presque absurde alors qu'il est né dans le bon sens».


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slimane

slimane

La littérature est une quête perpétuelle de soi. On apprend plus sur soi, dans un livre, que sur les personnages et les événements qu’il décrit. Les Algériens ont besoin de renouer avec le livre, d’apprendre à faire la part des choses, de reconnaître le talent exceptionnel de Camus et de déplorer, intelligemment, son autisme d’homme, ses maladresses, ses tergiversations, ses indécisions, de mesurer combien parfois le génie est éloigné de la lucidité, que l’on peut être magnifique et gauche à la fois, sublime et à côté de la plaque. Ce sont justement ce genre de rencontres qui nous permettra d’avancer dans la vie. Le comité qui appelle au boycott de la Caravane Albert Camus devrait jeter un oeil sur le délabrement mental qui sévit chez nous, sur la démission intellectuelle, par endroits le désistement même de la pensée, le renoncement à l’émulation, à la transcendance, voire à la culture. Il devrait se demander pourquoi nos écrivains ne sont pas enseignés dans nos lycées, pourquoi l’exclusion muselle le chant salvateur de nos poètes, pourquoi nos bibliothèques sont désertées, nos cinémas sous scellés comme les lieux du crime, nos comédiens se décomposent-ils à l’ombre du temps qui passe. Il devrait comprendre que ce sont des réactions comme la sienne qui empêchent la renaissance de notre nation.


 


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Cette réflexion  vaut  bien  tout ce que les détracteurs  pourraient  bien dire  pour se justifier........Yasmina  Khadra   est  un  artiste  dans sa façon  de démystifier   les  " fouteurs  de merde "  et  tous  ces  "intellos-ratés"  qui  ont  peur  qu'un  mort , en l'occurence Albert Camus ,  ne puisse  leur causer du  tort  du fond  de sa tombe.......Camus  c'était  un grand  écrivain  pour l'Algérie  et  il avait  "ses idées"...peut-on  le  blamer ?    surement  pas !!!......Alors  ceux  qui veulent garder les privilèges  pour eux-seuls.............tooooz

admin"SNP1975"

admin
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Yasmina Khadra : « Mon pays, l'Algérie, est aussi le pays des pieds-noirs »

La Croix
17/03/2010

Auteur à succès, à la tête du Centre culturel algérien à Paris depuis deux ans et demi, Yasmina Khadra évoque cette Algérie fraternelle et accueillante où « jamais un étranger ne se sent étranger »

Entretien avec Yasmina Khadra, écrivain algérien

La Croix : Vous n’avez jamais caché, dans vos romans, votre nostalgie de cette Algérie fraternelle où les pieds-noirs avaient leur place. Pourquoi ?

Yasmina Khadra : J’ai toujours voulu montrer l’Algérie, dans sa générosité, dans sa sincérité, sans parti pris. Cela gêne bien évidemment certains apparatchiks en Algérie. Pour moi, cela ne fait aucun doute : l’Algérie, qui est mon pays, est aussi le pays des pieds-noirs. Chaque pied-noir, pour moi, est un Algérien, et je ne dirai jamais le contraire. Nous reste en mémoire, Français et Algériens, ces amitiés déchirées, ces voisinages dépeuplés…

Algériens et Français, nous voulons lutter contre les traumatismes historiques. Et ce n’est pas facile. Je le dis clairement, on ne peut ramener la colonisation à celle des colons militaires… C’est oublier les « petites gens » que nous les Algériens nous aimions, le petit peuple des Français, des Italiens, des Espagnols, des Juifs, avec qui l’on vivait au quotidien. Nous avons la nostalgie du vivre-ensemble. Les injustices étaient là, valables pour les uns comme pour les autres. Nous vivions si proches.

Votre famille n’avait-elle pas elle-même des relations très étroites avec les pieds-noirs ?

Au Sahara, à Kenadsa (20 km de Colomb-Bechar), où je suis né, où ma famille vivait, il y avait Robert Lamoureux, qui était notre voisin. Avant de devenir l’artiste qu’on a connu, il était un très modeste employé des Houillères. Il travaillait au service de la comptabilité. Mon grand-père lui a même offert un pantalon, tellement il était pauvre. Mon père, jeune homme, avait une amie, prénommée Denise, une petite voisine, qu’il voulait épouser, qu’il aimait. Il l’a présentée à son père. Mais mon grand-père s’est opposé à son mariage. Aujourd’hui il me parle toujours de Denise avec nostalgie. Elle a été le grand amour de sa vie.

Même sous la colonisation, il y avait des mariages mixtes, qui n’étaient pas cachés. À Rio Salado, El-Maleh de son nom d’aujourd’hui, situé à 50 km à l’ouest d’Oran, vivent toujours Jonas et Émilie ; elle est française, lui est algérien. Ils sont retraités. Il y avaient des rencontres heureuses à Rio Salado, et comme je l’écris dans mon livre Ce que le jour doit à la nuit (1), c’était « un superbe village colonial aux rues verdoyantes, aux maisons cossues. (…)

La majorité des habitants de Rio Salado étaient des Espagnols et des Juifs fiers d’avoir bâti de leurs mains chaque édifice et arraché à une terre criblée de terriers des grappes de raisin à soûler les dieux de l’Olympe. C’étaient des gens agréables, spontanés et entiers (…) Rio Salado fleurait bon la convivialité»…

Vous prônez sans cesse la réconciliation ?

Combien de pieds-noirs me racontent et m’ont raconté leur pays, et combien ils souffraient d’en être privés ! Ceux qui sont revenus au pays en vacances ont été si bien accueillis par la population. Les Algériens sont le peuple le plus fraternel du monde : il est, je dirais, « xénophile ». Un mot que j’invente pour la bonne cause ! Jamais un étranger ne se sent étranger, chez nous en Algérie.

J’ai la chance d’être romancier, et je peux écrire sur cette nostalgie qui nous tient tous à cœur, Algériens et pieds-noirs. J’ai la prétention de croire que je peux arranger les choses, pour nous Algériens et pour les pieds-noirs, nous tous qui avons vaincu la dislocation atroce de nos deux communautés amoureuses d’un même pays.

Je suis un romancier de cœur, un homme de cœur, et il n’y a pas de place chez moi pour la haine. Pour certains responsables algériens, la colonisation est un fonds de commerce : il y en a qui sont prêts à tout dévaster et ne veulent rien reconstruire, même dans leur cœur. Ce n’est pas sain. Ils font du chahut pour bloquer une société qui ne rêve que d’une chose : se reconstruire. Le monde ne repose pas seulement sur le politique et heureusement !

N’allez-vous pas vous faire de nouveaux ennemis en Algérie ?

J’ai l’habitude. Je suis sans cesse attaqué : la morsure prime la caresse en ce qui me concerne…

Recueilli par Julia FICATIER


 


sans non patronymique

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