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[Ecrivain] La route qui mène vers l’Algérie

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admin"SNP1975"

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La route qui mène vers l’Algérie
Préface d’Olivier Carré
Avant-propos de Sadek Sellam
Prologue


T. Shaoui est connu depuis longtemps des lecteurs arabophones pour ses nombreux ouvrages de droit spécialisé et de culture musulmane, sans parler de ses articles parus dans la presse arabe. La publication de ses mémoires l’a fait connaître au-delà du cercle des lecteurs musulmans engagés pour le signaler à l’attention des historiens de l’Islam Contemporain.

Ses récits restituent avec fidélité et simplicité l’état d’esprit qui a prévalu dans les milieux nationalistes maghrébins après la deuxième guerre mondiale. Ils montrent les contacts qui ont permis une solidarité agissante des organisations islamiques orientales avec les formations anti-colonialistes du Maghreb qui avaient intégré l’Orient dans leur stratégie d’émancipation.

Le mémorialiste explique comment les succès de la lutte anti-colonialiste n’ont pas empêché les ferments de la division d’entamer l’unité des partis qui l’avaient menée. Les choix de « l’Islam jacobin », les différences de degré dans l’adhésion à la modernité et les enjeux de pouvoir ont conduit à de véritables scissions chez ceux qui avaient obtenu l’indépendance dans l’unité d’action. T. Shaoui, qui avait contribué à atténuer les tensions reconnaît avec humilité les insuffisances des tentatives de conciliation face à l’ampleur de ces conflits post-coloniaux.

La plupart de ces questions demeurent insuffisamment étudiées. Les souvenirs de T. Shaoui contribuent à combler certaines lacunes des études historiques de l’Islam contemporain. Outre leur apport sur le plan informatif, les révélations du mémorialiste peuvent avoir un effet d’incitation pour les historiens soucieux de remédier aux inconvénients de « l’histoire trouée ».

Sadek Sellam a voulu montrer comment les réflexions et les informations contenues dans ces mémoires peuvent être insérées dans une étude du rôle de l’Islam dans la décolonisation que rendent aussi précise que possible l’accès aux différentes archives et les témoignages d’autres acteurs restés trop longtemps silencieux. Il souligne l’intérêt de ces récits pour l’histoire et la mémoire des musulmans en France. La réaction d’un des premiers lecteurs de ces mémoires est publiée ici pour marquer leur intérêt.

Le Coran souligne la valeur du « rappel pour quiconque est doué de cœur et tend l’ouïe pour être un témoin ».

La méditation des récits où le Djihad accompagnait l’anti-colonialisme peut inciter à l’Ijtihad les musulmans en France qui cultivent ces qualités coraniques.

Dans sa préface, Olivier Carré souligne l’importance de cette chronique et la compare à celles qui lui permirent la rédaction de son livre de référence sur les Frères Musulmans. Sa connaissance précise de toutes les évolutions de ce mouvement, dont il a contribué à faire connaître les doctrines et les répressions subies, l’autorisait à interpeller les islamistes actuels sur l’abandon des projets d’économie sociale au profit des banques « islamiques » à vocation capitaliste, sur le statut de la femme et sur le sens exact à donner au Djihad notamment. Ses interprétations ne manqueront pas de heurter les porte-parole de l’Islam officiel et la plupart des militants et penseurs islamistes. Si son interpellation suscite un débat qui puisse ailler au-delà des mondanités de l’irénisme inter- religieux, elle apportera une justification supplémentaire à la publication de ces souvenirs. Car la multiplication des échanges dignes de la Mounadhara de l’Islam médiéval reste le meilleur moyen de refuser la fatalité du « choc des civilisations ».
Avant-propos
Islam et décolonisation


La deuxième guerre mondiale a amené les mouvements nationalistes maghrébins à vouloir internationaliser les conflits coloniaux. Pour les partisans de la voie légaliste parmi les anti-colonialistes, la création de l’ONU et celle de la Ligue Arabe ont fait découvrir les possibilités de faire appuyer les revendications des peuples colonisés par les nouvelles clauses du droit international. Pour leur part, les nationalistes radicaux qui songeaient déjà à mettre fin à la surdité des administrations coloniales par la lutte armée se sont tournés vers l’Orient pour faire connaître leurs causes et solliciter des aides.

Intellectuels et militants du Bureau du Maghreb Arabe du Caire.

La persistance de ces demandes a justifié l’ouverture du Bureau du Maghreb Arabe au Caire en 1947, l’année de l’évasion de l’émir Abdelkrim. La capitale égyptienne a alors attiré de nombreux militants oubliés. Le plus exceptionnel de tous était Ali El Hammami[1]. Après avoir participé à la révolte menée à partir de 1915 dans le Rif marocain par Abdelmalek[2], ce « distingué intellectuel »[3] avait combattu avec l’émir Abdelkrim en 1921, puis milité aux côtés de l’émir Khaled à Paris en 1924. Issu d’une famille de Tiaret établi après 1912 à Alexandrie pour lui éviter la conscription dans l’armée française, ce globe-trotter polyglotte qui fréquentait avant son exil des lettrés comme Ahmed Laïmèche[4], avait attiré l’attention de Ben Badis qui a apprécié une série de ses articles parus en 1938 dans un journal marocain. Après avoir quitté la France en 1930, il s’était fixé à Bagdad comme professeur d’histoire, sur recommandation de l’émir Chékib Arslane, après un séjour à Moscou où Khaled conseillait d’aller se former, en évitant de devenir communiste. Il l’était si peu qu’il a fréquenté les officiers islamo-nationalistes du « Carré d’Or » dirigés par Rashid Aly al Kéilani. Il a sorti de ses papiers un diplôme en droit pour pouvoir s’inscrire au barreau du Caire et se rapprocher ainsi de son vieil ami, l’émir Abdelkrim. Il est mort prématurément dans un accident d’avion survenu en décembre 1949 au retour du congrès de Karachi sur l’économie islamique où il représentait le Maghreb en compagnie du juriste marocain Mohamed Benabboud et du médecin tunisien Habib Thameur, qui dirigeaient le Bureau du Maghreb Arabe[5]. A cette réunion sur l’économie, Hammami a dénoncé la confiscation des biens Habous ainsi que la désignation des imams par la France coloniale en Algérie[6] Cet auteur de plusieurs manuscrits encore inédits[7] s’est fait connaître en Algérie par les articles remarqués qu’il publiait régulièrement dans la République Algérienne, l’hebdomadaire de l’UDMA qui avait désigné Ahmed Bayyoud pour diriger sa représentation permanente au Caire. A. Hammami, qui avait combattu les idées assimilationnistes du Jeune Algérien écrit par Ferhat Abbas en 1930, approuvait le programme de l’UDMA jugé plus proche du Khalédisme qui avait enthousiasmé les Musulmans de Paris en 1924, et inquiété le Cartel des Gauches qui répliqua par la création de la « Brigade Spéciale de Police Nord-Africaine » à la fin de la même année[8]. Comme tous ceux qui étaient bien informés, il contestait le rôle de Messali-Hadj, le chef du PPA-MTLD à cause de la permanence de ses liens avec les Trotskistes, qui ne dissimulaient pas leur intention de régler leurs comptes avec la « bureaucratie stalinienne » par le biais d’un transfuge du PCF.

Khalédiens de Paris et « histoire trouée ».

Comme son ami Hammami, le khalédien Abdelkader Hadj Ali, partageait cette méfiance et déniait à Messali le titre de fondateur de l’Etoile Nord-Africaine[9]. Selon le témoignage de Belghoul, un proche de Khaled interrogé par l’historien Mahfoud Kaddache à la fin des années 60, la première organisation fondée par les Khalédiens de Paris en 1924 s’appelait « l’Etoile Nord-Africaine Islamique »[10]. Hadj Ali se reconnaissait dans le programme de Abbas de 1946, toujours en souvenir de « la ligne tracée par Khaled » qui visait, selon lui, « l’émancipation de nos frères musulmans »[11]. Le témoignage de Belghoul qui vivait en France depuis 1916, la mise au point faite par Hadj Ali en 1948 et les informations contenues dans l’hommage rendu à ce vieux militant par Ali al Hammami confirment le rôle de l’émir Khaled dans la première mobilisation nationaliste au nom de l’Islam que persistent à nier des historiens du messalisme peu disposés à se passer des fiches de la « Rue Lecomte », et ignorant délibérément la période antérieure à la création de ce singulier service[12]. L’historien impartial et ouvert à toutes les hypothèses sans dogmatisme ne saurait rejeter ces récits de témoins oculaires et devrait relativiser le refus de cette catégorie d’historiens en faisant la part des présupposés idéologiques qui s’abritent derrière un ultra-positivisme de façade.

Les nationalistes maghrébins représentés au Caire.

Des raisons analogues expliquent l’insuffisante connaissance des activités en Orient d’un autre islamo-nationaliste, Chadli Mekki qui représentait le PPA-MTLD au Caire. Ce membre de l’aile radicale de « l’islamo-messalisme »[13] avait échappé à l’arrestation au moment de la répression des manifestations du 8 mai 1945 dans le Constantinois et s’est employé à informer les milieux orientaux, et les ambassades occidentales du Caire, sur les iniquités coloniales. Cela a obligé le Quai d’Orsay à distribuer aux diplomates britanniques et américains notamment une réponse sous forme d’un volumineux mémoire rédigé en 1948 par le colonel Schoen, un disciple de Lyautey qui, à la tête du SLNA, voulait prévenir « les malaises musulmans »[14].

Quant à l’association des Oulémas, elle était présente depuis 1938 au Caire où s’était installé le cheikh Fodil Ouarthilani, qui avait quitté la France après y avoir ouvert une trentaine de Nadis(cercles culturels avec salle de prière) à partir de 1936 pour l’éducation des travailleurs musulmans[15].

En 1950, après un séjour de deux mois à Paris où il a constaté l’indifférence du gouvernement Pleven à ses demandes concernant l’indépendance du culte musulman et la liberté de l’enseignement de l’arabe, le président des Oulémas, le cheikh Bachir Brahimi choisit le chemin de l’exil et rejoint Ouarthilani au Caire[16]. Il a obtenu la deuxième vice-présidence du Congrès Musulman créé à Karachi, quand il a appris que Messali en était le premier vice-président[17]. Il s’est consacré à informer les milieux politiques et religieux orientaux sur l’Algérie et s’est employé à obtenir des bourses pour les étudiants algériens dans les universités du Proche-Orient...

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"La diplomatie algérienne à travers l'histoire contemporaine (1830-1962)" , article paru dans le journal El Watan du 23 octobre 2006





INTRODUCTION

Le 8 octobre 1962 marque l'admission officielle de l'Algérie au sein de l'Organisation des Nations unies (ONU). Par ce fait qui aujourd'hui nous semble naturel et anodin en apparence, l'Algérie indépendante émerge sur la scène internationale et devient le 109e membre de l'Organisation mondiale. Cette accession a été, en effet, non seulement l'aboutissement d'une guerre atroce subie et assumée par le peuple algérien durant près de huit ans, mais elle a été aussi le résultat de 132 ans de résistance populaire armée et de lutte sur le terrain politique, juridique et diplomatique pour le recouvrement de l'Algérie de sa souveraineté.

Il est difficile dans ce cadre de retracer une fresque de 132 ans de colonisation et de résistance en quelques lignes. La tentative est d'emblée condamnée à n'être qu'un survol et implique nécessairement une certaine schématisation, on peut cependant dégager les éléments nécessaires à la compréhension de l'action internationale du mouvement national algérien dans sa résistance à la colonisation et par conséquent dans sa lutte pour la reconquête de l'Algérie, de son indépendance et de son identité. La colonisation de l'Algérie en tant que choc traumatisant a impliqué par delà son aspect de domination militaire, politique, sociale et culturelle, une négation de l'Etat conquis et par conséquent sa privation d'une identité dans les relations internationales. Face à l'anéantissement systématique de ses structures, l'Etat algérien démantelé allait voir son action suppléée par les démarches de certains notables qui, au nom du peuple, alerteront les autorités des pays voisins et certaines puissances et opinions européennes, des exactions commises par les troupes coloniales françaises en Algérie. (1)

I- Principales manifestations à caractère extérieur avant l'émergence d'organisations politiques structurées (1830-1919)

L'on retiendra durant cette phase dominée par les mouvements de résistance populaires armées les démarches dont le retentissement a été le plus large. Il s'agit pour l'essentiel des actions menées par El Hadj Ahmed Bey, Hamdan Kodja, l'Emir Abdelkader et enfin l'Emir Khaled.

1) El Hadj Ahmed Bey : Par sa résistance farouche à la pénétration française et aux échecs infligés aux troupes coloniales, le bey Ahmed, gouverneur du beylik de Constantine, a réussi à acquérir une autorité reconnue par les populations de l'Est algérien tout au moins pour lesquelles il constituait le successeur naturel du dey Bécha. A ce titre et parallèlement à son action de résistance militaire, El Hadj Ahmed Bey entama une série de démarches en direction des dirigeants et autres personnalités influentes de son époque les sensibilisant à la situation dramatique vécue par les Algériens suite à la prise d'Alger le 5 juillet 1830. Son activité diplomatique se déploya essentiellement dans l'établissement de contacts sollicitant le soutien des puissances étrangères en vue d'amener la France coloniale à retirer ses troupes d'occupation.

Ainsi, pour atteindre cet objectif, concentra-t-il d'abord ses efforts dans le renforcement de ses relations avec « la sublime Porte », considérée en tant qu'autorité spirituelle mais aussi de pouvoir de substitution au dey d'Alger déchu comme seul cadre légal et légitime d'opposition à l'occupation coloniale (2). Mais la situation de l'Etat ottoman en pleine décrépitude, face aux convoitises des grandes puissances européennes, faisait qu'il était lui-même en proie aux difficultés d'ordre interne et externe.

Cet état de fait amena le bey Ahmed à entreprendre des démarches jouant sur les rivalités coloniales intereuropéennes et principalement celles opposant la Grande-Bretagne à la France. Il s'agissait en l'occurrence d'attiser les craintes qu'éprouve l'Angleterre face aux visées expansionnistes de la France sur l'accès de la côte méridionale de la Méditerranée.

2) Hamdane Khodja : On peut considérer les contacts et correspondances de Hamdane Khodja(3) avec les personnalités françaises, anglaises et ottomanes comme un travail de sensibilisation de l'opinion publique aux conséquences engendrées par la conquête de l'Algérie. Même un auteur comme Ch. A. Julien, qui n'est pas tendre avec Hamdane Khodja, écrit : « Les notables dont (Hamdane Khodja) se fixèrent tant à Paris qu'à Alger ; ... et à partir de salons mondains et les salles de rédactions libérales, ils propagèrent les récits des abus commis par les occupants. Son ouvrage Le Miroir, paru en français, dévoile la réalité tragique du fait colonial, il a eu un large écho dans les milieux politiques libéraux de France et d'Angleterre. Pour le Dr. Abdelgabil Tamimi, Le Miroir de H. Khodja constitue le premier manifeste politique contre la politique française en Algérie. »

Ce voyage qu'il entreprit dès 1833 à destination de la France s'inscrit dans ce cadre. Il lui permit d'attirer l'attention des milieux politiques libéraux en France et en Angleterre sur la gravité de la situation de la Régence suite aux abus commis par les troupes coloniales françaises. A partir de la capitale française, il tissa un réseau de relations qui lui permit de soulever la question de la conquête d'Alger auprès des autorités occupantes, s'assurer du soutien des milieux libéraux tant en France qu'en Angleterre. A cet égard, Hamdane Khodja fit un travail publiciste qui fut remarquable. Il suscita à travers ses écrits une polémique au sujet de la gravité de la situation de la régence suite aux abus commis par les troupes coloniales. Il mis tout son savoir et son ingéniosité pour convaincre ses interlocuteurs français, britanniques et ottomans installés à Paris de l'urgence d'une intervention de leurs pays respectifs, seule à même de mettre fin à l'occupation coloniale française.

3/ L'Emir Abdelkader : La démarche de l'Emir Abdelkader, dans sa résistance à l'occupation française, c'est de s'imposer sur le plan militaire et amener la France coloniale à reconnaître son autorité. Aussi, peut-on considérer les traités Desmichels (28 février 1834) puis le traité de la Tafna (30 mai 1837) comme des succès militaires et politiques ayant des répercussions internationales. Avec le Traité Desmichels signé à Oran (28 février 1834) l'Emir se fait reconnaître par une puissance étrangère sa souveraineté sur un territoire et son indépendance. Il en est de même du Traité de la Tafna (1837) qui, outre la reconnaissance de l'autorité de l'Emir sur les deux tiers du territoire algérien, admettait l'échange de consul. Aussi, le capitaine Daumas allait représenter la France auprès de l'Emir à Mascara (1837-1839), tout comme l'Italien Gervani fut désigné pour représenter l'Emir (12 octobre 1837) auprès des troupes françaises à Alger. L'Emir établit également des relations avec le bey de Tunis Ahmed Pacha et avec la Porte sublime, Istanbul. La popularité acquise par l'Emir dans les pays voisins suscita une tension auprès des troupes coloniales qui craignaient une union maghrébine. Ses succès ont eu un large écho dans les pays voisins, particulièrement au Maroc dont le Roi Moulay Abderrahmane Ben Hicham envoya une délégation pour l'assurer de son soutien suivie d'échanges entre les deux parties.

4/ L'Emir Khaled : L'Emir Khaled voulut au lendemain de la Première Guerre mondiale porter la question algérienne devant la société des nations naissante. « Il organisa en 1919 une réunion et demanda aux participants de signer une motion qui devait être adressée à Wilson à la conférence de la paix réunie à Versailles en Janvier 1919. » Cette demande s'inspirait des idées wilsoniennes (de janvier 1917) sur le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Parallèlement à l'action de l'Emir, « un comité algéro-tunisien envoie au président Wilson un mémoire dans lequel il revendique l'indépendance pour le peuple algéro-tunisien » et « il en appelle à la conscience universelle pour lui reconnaître son droit à disposer librement de son sort et saisi de ses revendications légitimes le congrès de la paix. »

II- Principales manifestations à caractère extérieur durant la période 1919-1954 à la veille du déclenchement de la révolution.

Cette phase de 1919 à 1954 se distinguera de la précédente par l'émergence d'organisation politique structurée. Aussi, trois grandes tendances politiques vont composer le mouvement national algérien :
• la tendance réformiste libérale,
• la tendance rénovatrice des ouléma,
• la tendance révolutionnaire l'ENA-PPA-MTLD et le PCA.

Chacune de ces tendances va se manifester dans le domaine de la politique internationale par ses prises de positions et ses alliances. Nous tenterons de faire ressortir quelques exemples :

1) La tendance réformiste libérale (UDMA)
Pour ce courant, point de politique internationale en dehors de celle adoptée par la métropole. Il s'y distinguera, néanmoins, sur la question palestinienne, où il déplore l'adhésion de la France au partage de la Palestine, comme il dénonce clairement le sionisme et la judaisation de la Palestine. Les participants créent à l'initiative des ouléma, le 6 juin 1948, un comité algérien de soutien à la Palestine. La sensibilité est clairement affirmée en ce qui concerne la nécessité d'une union maghrébine ; aussi au congrès de l'UDMA, tenu à Sétif du 25 au 27 septembre 1948, les participants s'engagent à œuvrer pour que les trois pays réalisent dans un proche avenir une union nord africaine.

2) La tendance rénovatrice des ouléma (islahiste)
Pour le courant des ouléma, c'est l'Algérie et par extension le monde arabe et musulman qui constituent le centre de leur préoccupation. Aussi, leur action visera en priorité à rétablir les liens affectifs, culturels et humains entre l'Algérie et le restant de la communauté arabo-islamique. Il est indéniable qu'à travers leur presse, leur medersa et leurs mosquées, les ouléma ont inculqué à l'Algérien la conscience d'appartenir à la communauté arabe et islamique et réussi à réintégrer l'Algérie dans le Maghreb et la nation (oumma) arabe et islamique d'où la puissance coloniale les a coupés. C'est cependant vers le Maghreb qu'ils orientèrent en priorité leur action extérieure, se sentant plus proche des milieux intellectuels traditionnels du Maroc et de la Tunisie ; ils disposaient dans ces pays de collaborateurs et de sympathisants.
C'est toutefois la Palestine qui constitue l'axe essentiel de leur politique internationale. « Le grand danger qui menace les Arabes dans leur existence, dans leur vie, c'est le danger en Palestine. » Le devoir de tout arabe musulman où qu'il soit est de venir en aide à son frère de Palestine. Le problème n'est pas seulement une question nationale qui ne concerne que les Palestiniens, elle concerne l'ensemble du monde arabe et l'ensemble du monde musulman. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et après l'acceptation du plan du partage de la Palestine, suivi de la proclamation de l'Etat d'Israël et la guerre qui en découla, les ouléma lancèrent un appel pour la défense de la Palestine et créent un « comité de soutien à la Palestine » le 20 juin 1948 en association avec les partisans de l'UDMA et du MTLD. Il s'agit en réalité de comité de volontaires comme l'écrit Al Bassaïr du 15 juin 1948. « Les armées des différents pays arabes vont aller comme un seul homme au secours de la Palestine arabe blessée. »

3) L'action extérieure du courant révolutionnaire ENA-PPA MTLD-PCA
Le programme de l'ENA se situe tout naturellement dans un contexte maghrébin. Il a pour objectif l'indépendance du Maghreb sur la base du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Son action sur le plan extérieur vise à établir des relations avec les organisations poursuivant le même but qu'elle. C'est dans ce sens qu'elle participe au congrès anticolonialiste tenu à Bruxelles (Belgique) du 10 au 14 février 1927. Cette première manifestation extérieure a aussi permis à L'ENA de faire connaître le problème algérien et nord-africain. Tout comme elle a permis à ses dirigeants de tisser des relations avec des leaders des organisations anticolonialistes d'Europe et d'Asie. C'est d'ailleurs au cours de cette rencontre que Messali se lie avec Chakib Arslan, président du comité syro-palestinien. Cette liaison va marquer l'orientation de l'ENA puis le PPA en politique internationale. Ainsi, Messali sera désigné membre du comité du Congrès islamique présidé par Arslan tenu à Genève du 12 au 15 septembre 1935. Les prises de positions à l'égard des pays du Machrek révèlent la nouvelle orientation de l'ENA.

Mohamed Debbah

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Suite
III- Principales manifestations à caractère extérieur durant la période 1954-1962

C'est surtout dans les couloirs de l'ONU que l'efficacité et le dynamisme de la diplomatie algérienne ont pu être remarqués de 1955 à 1960 et 1961. Il fallait alerter l'opinion mondiale et convaincre les chancelleries pour obtenir un soutien politique et une aide matérielle. Il y eu une pression sur la France pour l'amener à négocier et donc à exercer une pression incessante sur la politique coloniale. La volonté des dirigeants algériens (FLN et GPRA) est de contrecarrer la thèse française qui considérait que le conflit avec la France est une affaire intérieure.
Grâce à une large part à l'œuvre d'explication et de démystification des délégués du FLN qui sillonnent le monde, prouvant qu'ils n'étaient « inféodés ni à Moscou, ni à Londres, ni au Caire, ni à Washington » contre la propagande coloniale qui s'efforçait de faire croire que la République algérienne serait contrôlée par Moscou par l'intermédiaire du Caire. La République algérienne veillait à sa liberté d'action et à l'indépendance de sa décision. Les délégués du FLN et du GPRA étaient reçus comme des héros en Chine, en Inde, en Yougoslavie, en Corée... ; une véritable chaîne de solidarité s'était constituée.
En 1957, le président Nixon arrive à Tunis (pour l'anniversaire de l'indépendance de la Tunisie), à son retour, il proposait au président Eisenhower un référendum aux Algériens pour choisir la loi-cadre (Lacoste) ou l'indépendance. C'est néanmoins en juillet 1957, avec J. F. Kennedy, candidat démocrate, que la position américaine va progressivement changer ; reprenant à son compte les idées émises par Chanderly et Yazid, il enjoignait à F. Dulles et Eisenhower de mettre l'influence des Etats-Unis pour arriver à une solution reconnaissant la personnalité indépendante de l'Algérie sur la base d'un règlement global avec la France. L'anticolonialisme américain devait prévaloir à L'ONU. La politique officielle des Etats-Unis commence à se modifier, ils opteront pour l'abstention. C'est une grande victoire du FLN.

Par l'intérêt croissant des puissances, le problème algérien est devenu un problème à l'échelle mondiale, un élément de la guerre froide. Quelques dates à retenir :
• Le 16 octobre 1956, le bateau l'Athos arraisonné.
• Le 22 octobre 1956, acte de piraterie aérienne (avion Ben Bella et compagnons).
• Sakiet Sidi Youcef outre qu'elle allait contribuer grandement à internationaliser le conflit (mission de bons offices anglo-américaine) allait précipiter les événements qui devaient mettre fin à la 4e République française. Après le 13 mai 1958 et l'avènement de de Gaulle, le FLN et le GPRA ont entrepris une offensive diplomatique pour tirer le plus grand profit des rivalités françaises et le lancement d'un deuxième front de lutte en France métropolitaine et accélérer les activités diplomatiques à l'ONU.
• Reconnaissance par les pays arabes du GPRA le 19 septembre 1958.
• Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, sans reconnaître le GPRA, ni soutenir la position française en Algérie, adoptent une attitude embarrassante pour de Gaulle.
• Juillet 1957 tournée de Ferhat Abbas en Amérique du Sud pour préparer la cession de l'ONU. Francis, Keouane visitent l'Iran, la Turquie, les pays scandinaves. Tawfik El Madani visite les pays arabes.
• A l'ONU le 14 décembre 1960, adoption de la déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples colonisés.
• Conférence du Caire d'avril 1961 affirme le soutien total à la position du GPRA, ayant trait au Sahara algérien partie intégrante du territoire national algérien et relevant de la souveraineté du peuple algérien (15 avril 1961). Un clivage apparaît entre l'Afrique révolutionnaire qui dénonce le colonialisme et le néo-colonialisme et l'Afrique « modérée » qui redoute des bouleversements.
• Conférence de Casablanca du 3 au 7 janvier 1961 (GPRA, Ghana, Guinée, Libye, Mali, Maroc...) qui défend la cause algérienne. Le problème algérien sera au centre des discussions et déclare que la « poursuite de la guerre en Algérie est de nature à amener les participants à la conférence à reconsidérer leur relation avec la France ».
• L'Afrique modérée (conférence de Monrovia le 8 décembre 1961) s'est exprimée à travers deux conférences : Abidjan du 25 au 27 octobre 1960 et Brazzaville du 11 au 15 décembre 1960 qui soulignant l'incompétence de l'ONU à s'en saisir, contraire à la démarche du FLN qui défend le concept d'un règlement du conflit par des négociations entre les deux parties intéressées.
• En définitive, l'action du GPRA est en priorité à « soustraire le conflit avec la France, du fallacieux argument de « conflit interne » en proposant de porter le problème devant les instances internationales avec le soutien des pays afro-asiatiques ».

Négociations France-GPRA

A- Melun du 25 au 29 juin 1960
Ahmed Boumendjel et Mohamed Benyahia sont délégués par le GPRA pour préparer les modalités d'entretien entre les deux parties. Cette première rencontre se soldera par un échec. Le gouvernement français refusant cette représentativité au FLN et au GPRA.

B- Evian I, du 20 mai au 30 juin 1961 et Lugrin du 20 juillet au 28 juillet 1961
Ils échoueront particulièrement sur le problème du Sahara. Le GPRA défendant le principe de l'intégrité du territoire algérien, alors que le gouvernement français voulait appliquer un régime particulier au Sahara.

C- Evian II, du 11 au 18 février 1962, pourparlers secrets et du 7 mars au 18 mars 1962, négociations entre le GPRA et le gouvernement français, qui aboutiront à la signature des accords d'Evian.

Conclusion

La diplomatie algérienne contrainte de ne compter avant tout que sur elle-même a préservé son indépendance, elle s'efforça de réduire l'hostilité de certains et les hésitations des autres et jouant sur la rivalité entre les pays pour parvenir peu à peu à faire connaître le problème algérien et à gagner la sympathie de l'opinion publique algérienne. La stratégie adoptée par le FLN en internationalisant le conflit a été déterminante. La diplomatie a été l'instrument qui a permis à l'Algérie de se manifester sur le plan international alors qu'elle n'était pas encore reconnue en tant qu'Etat. Elle a joué un rôle considérable à l'issue du combat libérateur.

La philosophie de la diplomatie algérienne durant la lutte de libération nationale reposait sur le principe qu'il fallait compter que sur ses propres ressources humaines et matérielles tout en appelant à un élargissement de la solidarité internationale en faveur du peuple algérien. La révolution algérienne a veillé à sa liberté d'action et à l'indépendance de sa décision, elle a su tirer profit des rivalités est-ouest. La diplomatie algérienne a su contrer la propagande colonialiste qui s'efforçait de faire croire que la révolution algérienne serait contrôlée par Moscou par l'intermédiaire du Caire. Dans les faits, la diplomatie algérienne s'est manifestée dans sa détermination à consacrer tous ses efforts non seulement à sa propre lutte mais aussi pour l'émancipation des peuples du tiers-monde qui sera au centre de ses préoccupations constantes.

Grâce au sursaut du peuple algérien sur le terrain, l'Algérie a acquis un capital de prestige dans le monde, rehaussé par une démarche diplomatique tiersmondiste.


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Références bibliographiques

Kadache Mahfoud : Histoire des Nations
Collot (Claude) Henry Jean R. : Le mouvement national algérien
Kadache : L'Algérie durant la période ottomane
Hamdane Khodja : Revue Africaine Georges Yver + Annexe Mémoire H. Khodja
5- De l'Emir Abdelkader au sultan Moulay 30 avril 1844 En Tablet (Ah) Ismaïl Hanet Georges Yver (R Africaine) Abdelrahmane (Maroc) Premières Reconnaissances : L'Irak - l'Egypte - la Libye - le Maroc - la Tunisie - l'Arabise Saoudite - la Jordanie - la Corée - le Vietnam - la Yougoslavie, entre autres.

Notes de renvoi :

1) Parmi ces notables, l'histoire a retenu principalement les noms des Bouerba, Hamid Bougandoura, Hamdane Ben Othmane Kodja, Ibrahim Ben Mustapha Pacha, Hadj Mohamed Amine Sekka, Stambouli... Cf. Kaddache (Mahfoud), L'Algérie dans l'histoire. I/la résistance politique, Alger, OPU, 1989, pl3 la diplomatie - frigo correction.
2) En tant que Khalifat, la Porte sublime constituait la seule puissance à même d'assurer la prise en charge de la défense de Dar El Slam face aux convoitises des puissances chrétiennes.
3) Hamdane Khodja était Algérois, descendant turc. Aristocrate, propriétaire foncier et homme d'affaires, il a été conseillé du Dey Hussein. Il connaît bien l'Europe, mais son combat politique pour la Régence sera vain : il partira pour Istanbul en 1836 ruiné, plaidant jusqu'à sa mort, en 1842, la cause du Bey Ahmed et de l'Emir Abdelkader.

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