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La grande fissure

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1La grande fissure Empty La grande fissure Lun 5 Mar - 14:37

admin"SNP1975"

admin
Admin

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[b]Photo d'un rassemblement des marocains solidaire avec la révolution algérienne.




La grande fissure

Avant propos,

A travers ce témoignage SNP Mohamed, nous parle de cette Algérie à laquelle nous lie toujours, bon gré mal gré, une part d'histoire si longtemps partagée, et les douleurs qui l'ont accompagnée. Il le réalise en nous livrant des faits et des événements de son passé algérien douloureux, sans tomber dans l
a rancune et le ressentiment .


Il a inscrit son texte dans une approche historique sans succomber dans le pathos où dans le jugement. Il parle de son parcours et de ses origines sans extirper le drame de 1975 de son contexte politico-historique pour enfin l'instrumentaliser à des fins politiques.


J'invite nos chers lecteurs à entreprendre ce voyage avec nous pour découvrir cet océan de souffrance qui habite ces déracinés. Je cite l'auteur,"C’est triste de voir de telles scènes , qui ne cessent de m’étouffer , à chaque moment que j’y pense".


"Avant, SNP était mon roc, celui qui a failli me noyer, celui sur lequel maintenant je pose mes pieds " SNP Abdeljalil





La grande Fissure


Tout a commencé en 1975. Ce fut d’abord, le conflit autour du Sahara entre Rabat et Alger.


Nous marocains natifs d’Algérie, qui ont toujours cru à la citoyenneté entière en Algérie, et d’où nos parents ont combattu côte à côte avec les Algériens lors de l’occupation Française, on a jamais su qu’un jour, notre sort soit marginalisé par l’état Algérien.


J’habitai à Ain El Turck, une petite ville côtière, dans un site purement balnéaire, à 17 km de la ville d’Oran à l’est, et à 12 km de la plus belle plage des Andalouses.


Je suis né dans l’Oranie, ou j’ai passé 24 printemps de ma vie, je suis né lors des colonies Françaises, j’ai suivi des études, après le primaire, j’ai fait trois années dans le domaine agricole car j’avais beaucoup d’ambitions pour ce genre d’études.


Ma seule passion, était de décrocher un jour un diplôme d’ingénieur agronome, seulement comme j’ai été marocain, on m’a retiré ma bourse d’étudiant , chose qui ne m’a pas permis de réaliser mon vœu...


Mes parents étaient des gens très modestes financièrement, seulement au point de m’aider, ils ne disposaient pas de moyens nécessaires pour me venir en aide, alors j’ai été complètement déterminé a quitté l’école.


J’avais une autre passion, celle de faire des études dans la marine marchande car, comme je suis né dans une petite ville non loin de la mer, je voyais toujours les voiles à l’horizon comme on dit chez nous


Seulement au niveau du bureau d’inscription, on m’a refusé mon postulat car je suis marocain, et je ne pouvais accéder à des études pareilles.


J’ai perdu toute confiance en moi, et mon seul espoir c’était d’envisager un voyage en Europe sur l’autre rive de la méditerranée.


Je suis parti d’abord en France, puis en Belgique, ou j’ai cru m’installer définitivement, dans une période ou l’acquisition d’un permis de séjour était rudement difficile et inaccessible.


Ma seule chance c’était de trouver une partenaire, c’est-à-dire trouver une partenaire pour se marier afin de pouvoir me régulariser, vivre et réaliser toutes mes ambitions peut être, pour aider ma famille aussi , restée en Algérie.



Ma fiancée de l’époque était une franco-marocaine, qui vivait avec toute sa famille en Algérie. Je me suis déplacé de Bruxelles pour Oran pour célébrer mes fiançailles au niveau du consulat de France, seulement l’idée de la grande épopée d’expulsion des marocains d’Algérie a été vulnérablement entamée à travers toute l’Algérie et qu’à ma présence au commissariat, on m’a pris mon passe port à titre provisoire.


On m’a ordonné de s’aligner avec mes camarades, amassés comme un troupeau de bétail pour être acheminer aux postes frontières bien évidemment.


J’ai été refoulé avec ma famille qui n’arrêtait de sangloter durant tout le voyage car des frères et sœurs mariés en Algérie sont restés là-bas. Le seul cordon ombilical a été une fois incisé pour toujours.


C ’était un moment très crucial et dur à raconter, car maintenant et à chaque fois que ce let-motive me revient, j’ai ma fois, la tète qui veut s'exploser. Au château neuf, on a passé deux jours sans rien manger si ce n’est quelques camarades qui distribuaient quelques miettes à ceux qui ont en avait besoin au point de subsister.


Et c’est ainsi que commence mon journal , afin de donner quelques détails sur notre cause ,celle de tous mes frères marocains expulsés arbitrairement par les autorités Algériennes en 1975.




Un 31 décembre 1975, un fourgon de la police a fait irruption devant notre maison, quand tout a coup ,des forces de l’ordre Algérien, ont poussé violemment la porte d’accès de mon oncle ,et d’une manière stupide et inhumaine, ont poussé mon grand père, mon oncle, sa femme et ses trois petits enfants dans un petit véhicule de la police, et se sont convergés vers le commissariat, ou ils ont suivi des interrogatoires, totalement abominables et lamentables.


Ensuite on les a reconduit au commissariat préfectoral (château neuf) réputé pour sa torture.


Quand ce fut notre tour, on a tout abandonné, nos biens pécuniaires, mobiliers etc.. Seulement on avait juste droit à une petite valise , que ma mère que dieu ait son âme a pris en mains.


Mon frère cadet, venait juste de sortir de l’hôpital après une intervention chirurgicale et viscérale qu’il a subi, n’a pas été épargné lui aussi.


Sa plaie saignait encore, car il venait juste de quitter l’hôpital.


Nous avions dû abandonné, tout, même le mouton demeurait accroché au mur de la cuisine, et dire que c’était pourtant le rituel du sacrifice de Sidna Ibrahim que célébraient tous les musulmans à travers toute la planète, et dire aussi que l’Algérie officielle a choisi ce jour spécialement pour nous ridiculiser en expulsant 45000 ressortissants marocains sans défense.


On a été tous reconduit aux postes frontières, laissant derrière nous, des pleurs partagés avec ce qui sont restés là-bas , ceux qui ont été refoulés, et bien sur avec des souvenirs du pays où ils sont nés. Car parmi les citoyens Algériens, il y avait une

forte cohabitation , et certains sont devenus de vraies familles car il y
avait des Algériens dont l’épouse est Marocaine et des Marocains dont
l’épouse est Algérienne.


Mon petit journal, relate un peu l’histoire de mes souffrances que j’ai écopé lors de mon expulsion d’Algérie, seulement, j’ai oublié d’évoquer encore des péripéties, qui m’ont toujours rongé le cœur.


J’ai vu devant moi, des vieillards, des petits enfants et pour ne pas dire moi, certains et certaines de mon âge, grelottaient de froid à Oujda, car c’était l’hiver qui était rudement froid ,ce réveillon de 1976.


Quand je pense à ces petits instants, j’ai devant moi, un tableau qui se dessine. J’ai l’impression de vivre ces années d’enfer ,de misère et de la faim dont plusieurs auteurs ont fait référence, à citer Mouloud Feraoun, Victor Hugo et d’autres…


C’est triste de voir de telles scènes , qui ne cessent de m’étouffer , à chaque moment que j’y pense.


Au château neuf, on nous a complètement fouillé , pour ne pas dire jusqu’à l’amour propre. On nous a pris tout notre argent., des bijoux que gardaient certaines familles en guise de souvenirs ,ou à l’usage pour des fins utiles, si le temps l’exige.


Le château neuf est devenu une caverne d’Ali Baba. Une marée humaine de familles Marocaines ont été véhiculées dans des cars de la S.O.T.A.C, telle était le nom de cette société de transport à l’époque.


Ces malheureux suffoquaient en la surcharge du véhicule. Devant et derrière se tenaient des agents de police qui braquaient leur mitraillette face à tous les passagers à bord du car avec un doigt bien sur la gâchette.


Comment oublier ces moments lugubres et malheureux, que personne de nous déportés ,ne pourrait oublier ou chasser de son esprit, jusqu’au dernier soupir de sa vie. On avait l’impression d’être dans les camps de concentration de 1945 lors de l’Allemagne nazie qui a exterminée des millions de juifs.


En arrivant au poste frontière Algérien, les douaniers et d’autres agents, ont recommencé de nouveau un second contrôle de fouille, et cette fois –ci, jusqu'a l’os.


Tous les déportés ont subi le même sort que les autres, et à la chaine ,l’un après l’autre .Après avoir vider les poches de tout le monde, on a retrouvé les forces marocaines de l’autre coté qui nous ont réconforté et aider jusqu’à notre voyage dans une école à Oujda, ou l’on s’est implanté pour quelques jour



Ils sont morts avec sur la conscience, leurs biens qui leurs ont été confisqués. Que dieu ait leur âme et leur accorde sa miséricorde au saint paradis Inchaallah.


Nombreux sont nos parents et voisins qui sont tombés dans les champs d’honneur en martyrs, et la plupart, ont accepté de donner leur vie pour ce pays meurtri lors du colonialisme Français



Je me rappelle un jour dans notre petit village, un magasin a été totalement embrasé après être incendié par l’OAS, une secte appelée (Organisation de l’Armée Secrète) appuyée par le Maréchal Salan à l’époque


Une grande épicerie appartenant à des Chlouhs d’Agadir vivant dans un village en Algérie , a été totalement incendiée ,suite à la détonation de plastic (une bombe artisanale qui a causé un feu gigantesque et qui a envahi même les habitations d’à côté. Ce feu a pris un grand élan, que personne ne pouvait sortir dehors pour prêter secours.


Le grand magasin, a complètement été ravagé par le feu, et totalement carbonisé, d’où , un ouvrier été brulé et conduit à l’hôpital ,ou il a été soigné , et après quelques semaines, il est reparti dans son pays d’origine, et depuis, on a jamais entendu parler de lui.


Je me rappelle également des groupes de militants initiés et formés par un réseau de Fédayins qui les obligeaient à monter la garde dans le village, afin de neutraliser le clan de l’OAS pour toute tentative de massacre , qui fréquemment sont perpétrés dans le village, et même dans les fermes de gérants coloniaux Français de l’époque.


Même nos mères, montaient la garde et passaient des nuits à surveiller leurs enfants afin d’éviter le pire, et que l’OAS ne s’en prenne d’assaut pour exterminer ces familles avec leur progéniture.


Mon grand père que dieu ait son âme, revenait du village sur sa mule et fut appréhendé par l’ASAS ,une armée Française impitoyable et redoutable , à leur tète Le capitane CASANO. Ils ont fait descendre mon grand père de sa mule et fut tabassé fortement par ses militaires , et ensuite conduit à la caserne, où il a subi des tortures douloureuses et impitoyables. On lui fait boire de l’eau savonneuse pourtant il était vieux.


Tout cela, parce qu’il donnait aux Moudjahidines à manger et ils se ravitaillaient chez lui , car mon grand père à l’époque ,c’était quelqu’un qui était très pieux et respecté dans le bourg ou il habitait. En 1975, c’était la grande surprise , même lui, il a été refoulé d’Algérie. On lui a confisqué tout ce qu’il possédait, des vaches, son argent et son mobilier de l’époque. Il a été reconduit à son tour aux frontières de la honte.


Il a passé presque trois années à Berkane, et vu sa maladie gastrique due à la torture Française, il avait le mal de l’estomac depuis que l’ASAS lui a fait boire l’eau savonneuse, et c’est en 1978 qu’il s’est éteint à Oujda à l’âge de 93 ans à la suite d’un accident de circulation car il était renversé par un camion à côté du stade Rock. Il était originaire de Kebdana dans le Rif. Il descend de la fraction des Guellai.





Nous avons beaucoup rêvé ,à venir ce jour J pour dire enfin, le colonialisme a plié bagages, et qu’il est parti définitivement .A nous de travailler ensemble, et militer pour toutes les causes qui portent atteinte à l’intégrité de nos peuples. Cela a été toujours notre monnaie courante, pourvu que les efforts soient déployés de part et d’autre, avec un dénominateur commun.




Mon père que dieu ait son âme, détenait une parcelle de terre d’environ trois hectares , qui lui a été octroyée par des colons en 1962 chez qui, il a travaillé pendant plus de 20 ans.


Je me rappelle c’était l’été, et c’était la saison des pèches, des poires et des figues. A peine arrivés à la cueillette due aux efforts de toute une année de travail, des membres, appartenant à cette filiale de la réforme agraire (ETTAOURA EZZIRAHIYA° ) ont fait irruption dans notre verger ,et ont confisqué à mon père toute sa production due à une année entière de labeur. I


Non , seulement ils nous ont confisqué toute la production, mais aussi le terrain qui nous appartenait , et qui était notre seul revenu .


Ils se sont montrés soit disant un peu humains, en laissant juste notre petite maison en terre battue, pour une durée d’une année environ , et de notre tour, on a été contrains de déménager.


Mes parents complètement oppressés et déprimés , sont partis à la recherche d’une autre habitation ,qu’ils ont loué afin de parvenir à un abri un peu modeste pour leurs enfants ,tout en espérant , que les choses allaient changées rapidement .


Beaucoup d’années se sont passées, et l’attitude des autorités Algériennes envers les marocains , demeurait toujours la même .Un racisme assidu, a pris une grande envergure vis à vis de nos ressortissants, et on nous appelait ELMARROCS ou bien Madghar, c’était en général un leitmotiv, qui ne cessait de s’arrêter en longueur de journée par certains Algériens .Allah isamahhoum


A l’école , on était trois marocains. Je me rappelle de Doudane .Actuellement, il est employé dans une agence de banque à Tanger que je n'ai d'ailleurs pas vu depuis presque vingt ans. Le second qu'on appelait Mohamed cinq habite à Nîmes en France

Nos camarades algériens nous appelaient SEMPI. On était un peu marginalisé, car pour continuer à percevoir une bourse scolaire, on nous a imposé la nationalité Algérienne, et comme mes parents sont toujours restés fidèles et attachés à leur marocanité, moi, on m’a confisqué cette bourse.
Pour Sans nom Patronymique ,une fois l'instituteur se moquait et voulait connaitre ce que signifie ces trois lettres, je lui ai dis que ca signifie Société Nationale de Pétrole





Ce fut un drame capital, le jour ou j’ai quitté mon collège car mon rêve, c’était d’arriver à des études supérieures et d’atteindre un objectif , celui de décrocher un diplôme d’ingénieur agronome.




Les Marocains qui vivaient en Algérie, ont beaucoup souffert, et ont toujours résisté et accepté ce maudit destin .Parfois, des insultes, surtout quand un évènement circule en parallèle à une mésentente politique avec le Maroc.


Dans la rue, il suffit d’être reconnu marocain, pour vous harceler et insulter, en évoquant plein de trucs par certains qui ignorent la réalité des choses et l’éthique.




L’ensemble des ressortissants ont été appelés par les autorités Algériennes, pour un recensement général de la communauté Marocaine vivant en Algérie.


Après ce recensement, vint la marche verte, organisée dans les régions du sud, par le Maroc, à citer Laayoune, Tarfaya etc.…


En 1975, c’était le grand spectre.




A la frontière Algérienne, on a été harcelé, insulté et certains ont été torturés , et bien entendu le dinar Algérien n’avait pas le droit de transiter au Maroc. On a été dépouillé jusqu’au dernier centime et accaparé même des objets en or appartenant aux femmes, à citer des bracelets, pendentifs, boucles d’oreilles, bague, argent, etc..


Nous sommes rentrés à Oujda, un soir du 31 décembre 1975, il faisait très froid, surtout les vieillards qui m’ont fait beaucoup de peine, en les voyant greloter du froid et que je ne pouvais rien leur offrir à part ma petite veste que j’ai pu avoir sur moi .




Nous autres réunis par dizaines sous des grandes tentes militaires, et à tour de rôle, chacun de nous racontait ses malheurs aux autres.


Dans des bivouacs à Oujda, on avait droit à l’accès de couvertures, des repas un peu frugaux , seulement on a eu cette chance d’être accepté sous des tentes , afin de dormir un peu et calmer les pleurs des enfants qui ne pouvaient s’arrêter tout en laissant derrière eux ,d’autres familles restées en Algérie et le dépouillement de leurs biens qui leur a provoqué une amputation morale.


Nos vieux parents, sanglotaient comme des petits enfants car l’état Algérien leur a tout pris. Tous reconduits au Maroc sans le moindre sou.




A travers ce récit, je pense au moins que tous les Algériens auront l’occasion de savourer ce témoignage ,et ils sauront exactement la vraie histoire de notre cause, et autant que musulmans croyants surement ils seront peut être cléments ,et ils connaitront ce que leurs frères marocains ont enduré ,et les sévices qu’ils ont connus lors de leur présence au château neuf (commissariat central) d’Oran et à la frontière Algérienne..




Aujourd’hui, je souhaite de tout mon cœur, que le gouvernement Algérien prendra en vigueur tous les témoignages de ces malheureux déportés de 1975, en essayant de corriger ses erreurs, en dédommageant ces innocents ,et leur demandant pardon pour toutes les séquelles qu’ils ont endurés



Auteur: SNP Mohamed

2012-Ain Turck



Dernière édition par admin"SNP1975" le Mar 6 Mar - 18:02, édité 1 fois

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