Le Maroc centre de torture et de transit des prisonniers de Guantanamo ?
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Des parlementaires britanniques veulent enquêter sur la torture
LE MONDE | 05.08.09 | 13h58 • Mis à jour le 05.08.09 | 13h58
Londres Correspondant
Il existe désormais un "nombre inquiétant d'allégations crédibles " selon lesquelles les agents du contre-espionnage britannique, le MI5, étaient au courant que la torture était pratiquée sur des sujets de la Couronne détenus à l'étranger dans le cadre de la guerre contre le terrorisme. Ces accusations de complicité faites le 4 août par la commission parlementaire des droits de l'homme embarrasse le gouvernement Brown qui affirme n'avoir "rien à cacher".
Les députés et pairs dénoncent le "mur du secret" érigé par les autorités et exigent une enquête indépendante. La commission reproche au gouvernement travailliste d'avoir assumé ses responsabilités de manière "tristement insuffisante" en refusant de témoigner.
Binyam Mohammed est la figure centrale de la dizaine de cas examinés par les parlementaires. Résident britannique depuis 1994, ce natif d'Ethiopie a été arrêté à Karachi au début 2002 en possession d'un faux passeport. Livré par les Pakistanais aux Américains, le prisonnier est transféré au Maroc puis au camp de Bagram, avant d'être déporté à Guantanamo. Après avoir été détenu sans jugement pendant plus de quatre ans, il est libéré et transféré en Grande-Bretagne le 23 février 2009.
A son retour, l'ex-prisonnier affirme qu'un agent du MI5 a fourni les questions posées par ses interrogateurs lors de séances de torture dans un lieu secret au Maroc. L'ancien détenu a déclenché une action judiciaire civile contre le service de sécurité intérieur du Royaume-Uni.
Selon des documents officiels révélés le 31 juillet devant la Haute Cour de Londres, l'agent du MI5 en question, baptisé "Témoin B" pour conserver son anonymat, s'est bel et bien rendu à trois reprises au Maroc entre 2002 et 2003 pour participer aux interrogatoires du suspect.
Le contre-espionnage britannique a toujours démenti être au courant de la présence de M. Mohammed au Maroc. A l'écouter, les Etats-Unis n'ont pas informé l'allié britannique de la présence de l'intéressé dans une geôle marocaine.
Dossier classé... ou ouvert
Le secrétaire d'Etat à l'intérieur, David Hanson, a une nouvelle fois assuré que son pays "ne pratique pas, n'approuve pas, ni n'est complice" de torture. Reste que, redoutant de mettre en péril la coopération avec les Etats-Unis dans l'échange de renseignements, Londres a toujours refusé l'ouverture d'une investigation sur le recours à la torture, comme sur l'utilisation d'aéroports sur le sol britannique pour le transfert de prisonniers détenus illégalement.
Dossier classé, estime le ministère de l'intérieur, tutelle du "Cinq". Dossier ouvert, réplique la police londonienne, qui a lancé, le 10 juillet, une enquête sur le rôle de l'équivalent britannique de la DST dans les tortures présumées infligées à Binyam Mohammed. Selon elle, le "Témoin B" est passible de poursuites judiciaires pour "activités criminelles".
Marc Roche
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Des parlementaires britanniques veulent enquêter sur la torture
LE MONDE | 05.08.09 | 13h58 • Mis à jour le 05.08.09 | 13h58
Londres Correspondant
Il existe désormais un "nombre inquiétant d'allégations crédibles " selon lesquelles les agents du contre-espionnage britannique, le MI5, étaient au courant que la torture était pratiquée sur des sujets de la Couronne détenus à l'étranger dans le cadre de la guerre contre le terrorisme. Ces accusations de complicité faites le 4 août par la commission parlementaire des droits de l'homme embarrasse le gouvernement Brown qui affirme n'avoir "rien à cacher".
Les députés et pairs dénoncent le "mur du secret" érigé par les autorités et exigent une enquête indépendante. La commission reproche au gouvernement travailliste d'avoir assumé ses responsabilités de manière "tristement insuffisante" en refusant de témoigner.
Binyam Mohammed est la figure centrale de la dizaine de cas examinés par les parlementaires. Résident britannique depuis 1994, ce natif d'Ethiopie a été arrêté à Karachi au début 2002 en possession d'un faux passeport. Livré par les Pakistanais aux Américains, le prisonnier est transféré au Maroc puis au camp de Bagram, avant d'être déporté à Guantanamo. Après avoir été détenu sans jugement pendant plus de quatre ans, il est libéré et transféré en Grande-Bretagne le 23 février 2009.
A son retour, l'ex-prisonnier affirme qu'un agent du MI5 a fourni les questions posées par ses interrogateurs lors de séances de torture dans un lieu secret au Maroc. L'ancien détenu a déclenché une action judiciaire civile contre le service de sécurité intérieur du Royaume-Uni.
Selon des documents officiels révélés le 31 juillet devant la Haute Cour de Londres, l'agent du MI5 en question, baptisé "Témoin B" pour conserver son anonymat, s'est bel et bien rendu à trois reprises au Maroc entre 2002 et 2003 pour participer aux interrogatoires du suspect.
Le contre-espionnage britannique a toujours démenti être au courant de la présence de M. Mohammed au Maroc. A l'écouter, les Etats-Unis n'ont pas informé l'allié britannique de la présence de l'intéressé dans une geôle marocaine.
Dossier classé... ou ouvert
Le secrétaire d'Etat à l'intérieur, David Hanson, a une nouvelle fois assuré que son pays "ne pratique pas, n'approuve pas, ni n'est complice" de torture. Reste que, redoutant de mettre en péril la coopération avec les Etats-Unis dans l'échange de renseignements, Londres a toujours refusé l'ouverture d'une investigation sur le recours à la torture, comme sur l'utilisation d'aéroports sur le sol britannique pour le transfert de prisonniers détenus illégalement.
Dossier classé, estime le ministère de l'intérieur, tutelle du "Cinq". Dossier ouvert, réplique la police londonienne, qui a lancé, le 10 juillet, une enquête sur le rôle de l'équivalent britannique de la DST dans les tortures présumées infligées à Binyam Mohammed. Selon elle, le "Témoin B" est passible de poursuites judiciaires pour "activités criminelles".
Marc Roche