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L'ennemi intérieur

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1L'ennemi intérieur Empty L'ennemi intérieur Dim 30 Aoû - 14:56

admin"SNP1975"

admin
Admin

par Abdou B.

«De la femme vient la lumière» - (Aragon)



La haine de soi, de ses compatriotes de son pays est devenue constitutive à part entière du caractère de l'Algérien lambda. Elle est arborée, déclinée comme un challenge à relever contre les autres. Cette haine est servie, accompagnée, armée par une violence multiforme. Au stade, la violence des uns doit être plus forte, plus destructrice que celle des supporters du club adversaire du jour. Et comme tous les autres clubs seront eux aussi, à tour de rôle, les adversaires d'un jour. Adversaires ? En politique, sur la route, à la poste (non climatisée, trop exiguë, malodorante) au marché, pour une place au parking (il en faudrait un sous terre par quartier et dans les cités) à la mairie, il n'y a pas d'adversaires, il n'y a que des ennemis qu'il faut prendre de vitesse, humilier, insulter et arriver avant eux, partout et toujours.

De brillants sociologues, urbanistes, psychologues, architectes éducateurs sont sur le front depuis toujours. Par leur connaissance du terroir, des compatriotes, de l'environnement méditerranéen, ils analysent, écrivent, publient, alertent et proposent. En fait, ils prêchent dans le désert et, avec le temps, l'indifférence, sinon le silence méprisant des gouvernants, l'inculture et l'incompétence crasses des partis, eux-mêmes baissent les bras, rentrent dans les rangs de l'uniforme, du parti unique à plusieurs têtes et observent la mutation à grande vitesse des bâtiments, des quartiers, des villes, des gens. L'Algérie vit la grande tentation de la barbarie, des pulsions contradictoires mais toutes violentes, nihilistes, destructrices. Les institutions et l'Etat sont perçus comme des corps étranges et étrangers, des greffes qui ne prennent pas. Sous l'impulsion et la pression rampante, chaque jour, partout, des partis et sectes islamistes, l'Algérien est devenu allergique à l'ordre, à l'autorité, au propre, au beau, à la différence, à la femme (sauf pour ses besoins bestiaux et pour faire des enfants), aux autres peuples. Il déteste l'humanité entière qui est, selon lui, à l'image de chaque autorité algérienne, de chaque administration locale, de chaque ayant oligations, qui sont loin de ses soucis, de ses tragédies et souffrances.

Les îlots chargés d'humanisme, les fonctionnaires, les médecins, les éboueurs qui font avec conscience leur travail dans des conditions plus pénibles que dans d'autres pays deviennent invisibles et inaudibles. Comme la mauvaise monnaie chasse la bonne, le citoyen ne perçoit plus qu'une Algérie brouillée, agressive, sale, barbue et méchante. Devenue à son image ou comme il a conscience de lui-même, il faut donc la punir, la quitter, l'agresser et la rendre aussi laide que lui, que son quartier, son bâtiment, sa rue et sa cité. Pour se défouler, déverser une sexualité bridée, vivre un chômage humiliant, attendre un virtuel logement sachant qu'une voiture ou un voyage à l'étranger lui sont définitivement interdits, le jeune et le moins jeune ont une quantité de cibles désignées, des espaces propices et surtout le maillon faible ou désigné comme tel par d'apprentis clowns déguisés en imams, ou par des partis nains gonflés à l'hélium officiel et à la subvention discrétionnaire. Le maillon faible, validé par une très longue pratique sexiste et cautionné par des hybrides de discours religieux hallucinés, est toujours, encore et encore, la femme. Celle-ci n'atteint un seuil toléré de respectabilité qu'une fois vieille, édentée, malade. En un mot, lorsqu'elle n'a plus de «capacité de nuisance» : séductrice, tentatrice, jolie, belle... Une femme bien est une grand-mère au seuil de la mort. Et encore !

En vrac, en gros et dans la revente au détail, beaucoup d'Algériens se donnent la mission salvatrice de faire du mal, beaucoup de mal, tout d'abord à ce qui touche de près ou de loin à l'Etat, à l'autorité, aux structures plus ou moins organisées. Les compétences et l'expertise algériennes ne sont ni écoutées ni entendues par les partis, les ministres, les walis, les «élus» et encore moins par les véritables décideurs. A l'intérieur de ces derniers, leur crédibilité est battue en brèche par eux-mêmes et par leurs collègues. Au nom de quelle logique, de quelle raison scientifique, le ministère du clergé musulman local est-il plus légitime, plus compétent et surtout, plus responsable (en cas d'épidémie ramenée de la Mecque) que celui de la Santé ? Celui-ci a, logiquement, l'autorité la compétence pour dire que le principe de précaution est supérieur sachant la grippe que connaît le monde, les cas avérés en Algérie (vus à la baisse bien entendu) et les dispositions prises par d'autres gouvernements de pays aussi musulmans sinon plus que notre chargé. Le principe de précaution existe-t-il oui ou non dans les trois principales religions ? Est-il opposable à une religion ? Dans le cas de la grippe porcine, il s'avère que la décision de laisser des citoyens aller à le Mecque peut s'avérer, à Dieu ne plaise, très dangereux au final. Donc, le clergé local n'aime pas les Algériens, ne les protège pas d'un risque pourtant bien réel. Ce manque de courage est-il respectable et ses auteurs méritent-ils d'être écoutés ?

Les violences qui s'expriment chaque jour au marché, sur les routes, dans les administrations, au stade, dans les quartiers n'ont nullement besoin d'un nouveau renfort. Ce dernier peut être ce fameux virus que des pèlerins vont s'échanger allègrement au moment où, des pays développés déroulent des campagnes de prévention, simulent des scénarii et préparent des vaccins. Simple principe de précaution qu'aucune prière ne saurait remplacer. Mais, lorsqu'il il n'y a pas d'amour, de compassion, de respect entre le sommet et la base, aucune précaution ne tient la route, et dès lors que l'ennemi est intérieur.

Quotidien d'Oran

http://www.marocainsdalgerie.net

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