Auteur yassine ( Hocine de Berkane)
Au début, on tenait encore à « notre terre » d'Algérie. On était convaincu qu'on était chez nous ; nos parents sont nés là-bas, nous-mêmes sommes nés là-bas ; on a grandi ensemble ; on a étudié ensemble ; nos parents ont subi les mêmes atrocités que leurs frères algériens pendant la révolution. Essayez d'imaginer deux hommes qui se ressemblent par la couleur de leur peau dans la mire de tir d'un soldat français pendant la révolution algérienne. Croyez-vous que ce dernier puisse distinguer l'algérien du marocain ?... On a subi les mêmes misères. On était des frères ! Vous vous rappelez sans doute l'hymne qu'on chantait autrefois en Algérie : « ya l'moghrib ya khouya, yak ana wa nta ikhwan ». Ce ne sont pas des enfants de chœur qui l'ont inventé, quand même !
Mais que s'est-il passé, bon sang ?... Où est passée cette fraternité qu'on ne cessait de nous chanter ?... Etait-ce simplement un slogan pour nous bercer ?... un simple slogan qui nous permette de bien rêver, de dormiiiiir profondément ! Et nous avons bien dormi !... jusqu'au jour où on nous a rappelé cette réalité ; qu'on était des indésirables ; qu'on n'était pas chez nous comme on le croyait naïvement. Quelle galère !
« Chez nous », à Hammam-Bou-Hadjar, on ciblait d'abord les gens à devoir arrêter. Chaque jour, quelques-uns manquaient à l'appel ; chaque jour, des amis, des proches, des parents n'étaient plus au rendez-vous. Puis, vers la fin du mois de décembre, on y procédait d'une façon systématique : on passait de rue en rue. Chaque maison habitée par des marocains doit être évacuée de ses occupants seulement. Les biens devaient rester sur place. On ne nous autorisait à prendre avec soi que ce que peut porter une main, c'est-à-dire une valise, un sac de voyage, un ballot… et en route vers le commissariat. « La clé de la maison, vous la laisserez chez le voisin algérien contigu ». « Et attention ! Ne détruisez rien !...une armoire, par exemple, un téléviseur, etc… Laissez vos biens (en bonne santé) et foutez le camp ! »
Au début, on tenait encore à « notre terre » d'Algérie. On était convaincu qu'on était chez nous ; nos parents sont nés là-bas, nous-mêmes sommes nés là-bas ; on a grandi ensemble ; on a étudié ensemble ; nos parents ont subi les mêmes atrocités que leurs frères algériens pendant la révolution. Essayez d'imaginer deux hommes qui se ressemblent par la couleur de leur peau dans la mire de tir d'un soldat français pendant la révolution algérienne. Croyez-vous que ce dernier puisse distinguer l'algérien du marocain ?... On a subi les mêmes misères. On était des frères ! Vous vous rappelez sans doute l'hymne qu'on chantait autrefois en Algérie : « ya l'moghrib ya khouya, yak ana wa nta ikhwan ». Ce ne sont pas des enfants de chœur qui l'ont inventé, quand même !
Mais que s'est-il passé, bon sang ?... Où est passée cette fraternité qu'on ne cessait de nous chanter ?... Etait-ce simplement un slogan pour nous bercer ?... un simple slogan qui nous permette de bien rêver, de dormiiiiir profondément ! Et nous avons bien dormi !... jusqu'au jour où on nous a rappelé cette réalité ; qu'on était des indésirables ; qu'on n'était pas chez nous comme on le croyait naïvement. Quelle galère !
« Chez nous », à Hammam-Bou-Hadjar, on ciblait d'abord les gens à devoir arrêter. Chaque jour, quelques-uns manquaient à l'appel ; chaque jour, des amis, des proches, des parents n'étaient plus au rendez-vous. Puis, vers la fin du mois de décembre, on y procédait d'une façon systématique : on passait de rue en rue. Chaque maison habitée par des marocains doit être évacuée de ses occupants seulement. Les biens devaient rester sur place. On ne nous autorisait à prendre avec soi que ce que peut porter une main, c'est-à-dire une valise, un sac de voyage, un ballot… et en route vers le commissariat. « La clé de la maison, vous la laisserez chez le voisin algérien contigu ». « Et attention ! Ne détruisez rien !...une armoire, par exemple, un téléviseur, etc… Laissez vos biens (en bonne santé) et foutez le camp ! »