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De la Zetla à l’Iftar
21 Août 2010 - Page : 2
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Selon les chiffres fournis par la Gendarmerie nationale, la plupart des drogués sont âgés entre 15 et 30 ans.
La consommation de la drogue fait rage en période de jeûne, selon de nombreux observateurs. «Après la prière d’El Icha fais ce que tu veux». Cela est une thèse dogmatique des jeunes drogués qui s’adonnent à la consommation du cannabis durant le mois de Ramadhan, d’après la psychologue de la cellule de prévention contre la toxicomanie dans le milieu juvénile de la Gendarmerie nationale.
Selon cette psychologue, «plus souvent les jeunes toxicomanes qui fument des joints lors des veillées ramdhanesques s’ingénient à trouver mieux dans leur procédé de mort lente». Pour perpétuer l’effet le lendemain, les jeunes et moins jeunes drogués, «avalent des petites quantités, voire des plaquettes de cannabis enrobées dans les feuilles à tabac».
«La plupart des jeunes sans réelle volonté de cesser, donc irrécupérables, sombrent dans leurs habitudes néfastes. Néanmoins, cela n’empêche pas certains d’entre eux de remonter la pente. Armés de volonté, des jeunes drogués se sont transformés en studieux élèves et ont même réussi dans leur examen du baccalauréat», estime la même psychologue tout en soulignant que «ces jeunes drogués ont surtout besoin d’écoute que d’autre chose».
Ainsi, la campagne de prévention entamée le week-end dernier, dans la salle des fêtes de la mairie de Kouba, n’a pratiquement drainé aucune assistance.
A cette initiative, la première du genre, organisée en coordination avec la mairie de Kouba on a remarqué la présence de Mme Saïda Bounab, la présidente de l’APC, et le responsable de la cellule de communication du commandement de la Gendarmerie nationale, le colonel Ayoub. L’assistance était réduite à quelques jeunes scouts acheminés pour la circonstance.
Même le reportage réalisé dans le milieu militaire, diffusé en cette occasion, porte beaucoup plus sur la cigarette que la consommation de drogue. Ce fléau a pris une ampleur inquiétante qui menace le corps social dans toutes ses dimensions. Les dealers ciblent leurs clients devant les mosquées, les cafés et les places publiques.
Longtemps classée phénomène sociologique invisible, la consommation de la drogue, jadis véritable tabou en Algérie, s’est installée insidieusement depuis des années dans le quotidien des Algériens. Désormais, personne n’est à l’abri. Toutes les catégories de la société sont exposées au phénomène ravageur.
Les écoles, les mosquées, les casernes, le milieu carcéral et les campus universitaires ne sont pas en reste. Les jeunes y trouvent un refuge à leur malvie.
Certes, la richesse de l’Algérie est sa jeunesse, mais il est incontestable, aujourd’hui, que cette richesse est sur la voie de son autodestruction. Au regard des chiffres livrés par les différents services de sécurité et des douanes, le phénomène a atteint un seuil très dangereux.
Les statistiques, établies au courant de la décennie écoulée, font ressortir une tendance évolutive des quantités de drogue annuellement saisies. Une récente enquête sur la drogue en Algérie a fait ressortir que 60% des chômeurs consommateurs de drogue se droguent d’une façon permanente contre 17,41% d’étudiants et 4,5% d’étudiantes.
En fait, la drogue ne constitue plus un tabou en Algérie. La plupart des drogués sont âgés entre 15 et 30 ans. On commence à consommer à partir de 12-13 ans.
On trouve facilement de la drogue dans les quartiers, villages ou douars. Il y a des réseaux de vente et receleurs partout. L’Algérie a saisi 76 tonnes de drogue en 2009 contre 1,5 tonne en 1992. Il y a une lutte contre le trafic de drogue, mais celle-ci peine à endiguer la prolifération de ce fléau. Pour cause, la production du Maroc, notre voisin de l’Ouest et fournisseur attitré, est de 30.000 tonnes par an. Un cinquième de cette quantité, soit plus de 6000 tonnes, transite par le territoire national.
On intercepte uniquement le sixième du cannabis marocain. En 2009, les services de sécurité ont saisi 74 tonnes de drogue, soit une hausse de 95% par rapport à 2008. «Nous estimons que 23% environ de ce qui transite par l’Algérie reste pour la consommation. Nous ne sommes pas à l’abri d’une catastrophe si nous ne prenons pas les choses à temps», a commenté dernièrement Abdelamlek Sayah, directeur général de l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Onlcdt).
Mohamed BOUFATAH
http://www.lexpressiondz.com/article/2/2010-08-21/79775.html