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Le FLN vu par l’écrivain Malek BENNABI

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admin"SNP1975"

admin
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Peu de temps après son retour du Caire en Algérie dans l’été 1963, l’écrivain algérien Malek Bennabi, que J. Déjeux trouvait « unique en son genre », a formulé des jugements d’une grande sévérité sur le GPRA. Dans une conférence publique prononcée à Alger en février 1964, il a en effet inséré des incidentes très polémiques dont les auditeurs, puis les lecteurs ne connaissaient pas toutes les raisons : « pour la vérité historique, il faudrait ajouter que ce sont les membres du GPRA qui avaient donné l’exemple de cette course éperdue. Les uns lâchant tout un plan à Tripoli où la rédaction du programme n’était même pas achevée, rejoignent Tunis pour s’occuper de leurs « affaires personnelles » et mettre au point leurs combines, avant de remettre les pieds sur le sol natal, en libérateurs...Gouverner, c’est prévoir, dit-on. Le GPRA non seulement n’a pas prévu la situation qui a suivi le cessez-le-feu, mais il l’a précipitée par le comportement de ses membres...Jusqu’au jour où les libérateurs s’étaient précipités au Rocher Noir pour s’emparer du pouvoir, ils n’avaient en tête qu’une idée : réoccuper l’Algérie à mesure que le colonialisme évacuerait ses propres forces, afin que le peuple algérien n’ait aucune possibilité de leur demander des comptes sur leur gestion »1.

Textes inédits et écrits censurés.


Sans doute pour démentir l’impression de prendre parti pour les contestataires du GPRA, l’auteur rédige, en 1967, un article exposant ses critiques sur l’ensemble de la conduite de la guerre par le FLN depuis la création du CCE et du CNRA en septembre 1956. Mais la publication de cet article non-conformiste a été refusée par la rédaction de l’organe du FLN « Révolution Africaine » où l’auteur tenait une chronique hebdomadaire.

En 1970, Bennabi est revenu sur un sujet qui lui tenait à cœur, en publiant dans un ouvrage théorique des passages très critiques sur le rôle de Abane Ramdane qu’il juge beaucoup plus sévèrement que Messali Hadj2. Les méthodes de celui-ci n’étaient déjà pas bien vues par Bennabi qui l’avait connu de près dans les années 30 à Paris3.

C’est au moment de la parution, en 1980, de la traduction française du « Problème des Idées dans le Monde Musulman », que j’ai eu une copie d’un texte inédit écrit en arabe au Caire juste après la signature des accords d’Evian, dans lequel l’écrivain énumère ses dures critiques du FLN4.

En 1983, Salah Bensaï, qui était très lié avec Bennabi, m’a remis des copies d’une partie de la correspondance de l’écrivain avec le FLN, commencée en 1956 et interrompue en 19585.

L’examen de ces inédits permet de se faire une idée plus exacte des appréciations négatives de l’auteur sur les dirigeants du FLN, de trouver les raisons de cette sévérité pour dégager des enseignements sur le conflit entre le pouvoir algérien naissant avec un intellectuel engagé, de façon à compléter la connaissance des nombreuses crises internes du FLN. Pour expliquer ce conflit, il convient de mentionner, brièvement, le séjour de Bennabi au Caire de 1956 à 1963.

Le départ du Luat-Clairet au Caire du théoricien de la « colonisabilité »


A la fin du mois d’avril 1956, Malek Bennabi6 décide de quitter la France où il vivait depuis 1930 pour se rendre au Caire où était installée la Délégation Extérieure du FLN. Cet intellectuel difficilement classable qui partageait le sentiment nationaliste depuis 19257, et que les rapports du SLNA (Service des Liaisons Nord-Africaines) du Colonel Schoen citaient à la rubrique « réformisme », faute de mieux-avait derrière lui un quart de siècle d’activités intellectuelles et politiques qui l’avaient mis en contact avec les cheikhs Ben Badis et Tébessi, le Dr Bendjelloul et Messali Hadj, et des membres clandestins de l’OS du Constantinois, où il a été interpellé lors du démantèlement de cette organisation para-militaire du MTLD en 1950. Son départ a lieu après son refus d’occuper un poste politique important proposé par le gouvernement Guy Mollet8.

Il est accompagné par son ami de toujours, l’agronome Salah Bensaï9, venu spécialement du Maroc pour l’aider à traverser les Alpes, puis la Méditerranée via Gênes pour Alexandrie.

Les deux intellectuels avaient le sentiment d’une certaine légitimité nationaliste, malgré une attitude critique vis-à-vis des partis algériens et également de l’association des Oulémas dont ils étaient proches, tout en déplorant les insuffisances de certains de ses dirigeants. Bennabi avait sévèrement reproché à Ben Badis d’avoir mis, à l’occasion du Congrès Musulman Algérien de 1936, une formation religieuse à la disposition de politiciens dont il contestait la légitimité et les méthodes. Il avait cinglé ces amateurs de « boulitigue » (mot péjoratif de l’arabe parlé algérien désignant « la politique politicienne », mâtinée de combiazione italienne) ainsi que la « démagogie » attribuée à Messali-Hadj. « Le devoir est aussi une politique », rappelait-il aux tribuns qui faisaient régulièrement la quête pour aller réclamer « les droits à Paris »10.Tout en vilipendant le colonialisme11, Bennabi condamnait la politique qui se limitait à un réquisitoire anti-colonialiste en négligeant d’aborder les sérieux problèmes internes de la société musulmane et en faisant l’économie d’un effort éducatif conséquent. La notion de « colonisabilité » lui sert à résumer tous les complexes paralysants nés de la crise interne de l’Islam qui avait rendu possibles les conquêtes coloniales. Pour être à la hauteur des responsabilités post-coloniales, les ex-colonisés lui paraissaient devoir se débarrasser de tous ces obstacles psychologiques. Toute politique qui négligerait cet effort pédagogique préalable lui paraissait vaine. Les commentaires favorables à ce concept de « colonisabilité » dans les revues et journaux français faisaient croire aux militants nationalistes avides d’apologie que son auteur faisait le « jeu du colonialisme », consciemment ou non.12


Mais le concept avait créé des malentendus avec les dirigeants des formations nationalistes qui empêcheront Bennabi de jouer un rôle actif au service de la révolution algérienne, comme il voulait le faire en quittant définitivement le Luat-Clairet13, ce village de la vallée de Chérisy où il avait pris l’habitude de méditer, d’écrire, de cultiver son jardin et de recevoir ses amis Bensaï et Khaldi avec lesquels il avait de longues discussions sur l’actualité, et les personnalités drouaises liées à sa belle-famille14.

Depuis l’aggravation de la situation en Algérie, une voiture des Renseignements Généraux suivait ses déplacements du haut de la colline qui surplombe sa petite maison15. Il a préféré se soustraire à cette surveillance pour s’engager dans le combat anti-colonial plus activement que dans ses articles critiques16.


Relations conflictuelles avec les « Zaïms » du FLN au Caire.


Mais à son arrivée au Caire, un militant comme le Dr Lamine Debaghine lui reproche ses écrits sur la « colonisabilité » et s’en méfie, malgré le bon accueil de Khider et de Ben Bella17. Bennabi a fait quelques émissions à la « Voix des Arabes » où il a accepté de travailler un temps sous le contrôle du « grand cadi » Lakhdari, qu’il contestait au même titre que tous les autres « intellectomanes » auxquels il avait réservé des passages incendiaires dans ses écrits.

Après l’édition de « l’Afro-Asiatisme » (novembre 1956) par la maison gouvernementale égyptienne, il propose au FLN de le mandater pour expliquer la cause algérienne18, à l’occasion de la présentation de son livre dans différents pays. Mais les dirigeants du FLN ne donnent pas suite à cette demande. La publication du livre sur Bandoeng et l’édition de la traduction arabe des « Conditions de la Renaissance » rapprochent Bennabi des dirigeants égyptiens (qu’il préférait aux Frères Musulmans et, surtout, aux émirs séoudiens) qui le nomment conseiller à l’organisation du Congrès Musulman dont Anouar Sadate était le Secrétaire Général19. Le FLN ne juge plus utile de répondre à ses courriers, dont une lettre demandait son affectation dans une unité de l’ALN pour commencer à écrire son histoire20.

Bennabi se consacre à l’édition des traductions arabes de ses livres, prononce des conférences en Egypte, en Syrie et au Liban et compose d’autres ouvrages, directement rédigés en arabe, ou écrits en français puis traduits par le futur avocat libanais Kamel Mesqaoui(qui a été récemment ministre à Beyrouth) et l’égyptien Abdessabour Chahine, sans s’arrêter de protester contre les éditions-pirates, au Liban et en Irak notamment, des plus en vue parmi ses publications.


Témoignage pour le Cheikh Larbi Tébessi et protestation contre le massacre de Mélouza


Mais l’actualité lui donne l’occasion d’émettre des jugements sur le FLN à différentes reprises.

L’enlèvement du cheikh Larbi Tébessi, à Alger le 8 avril 1957 l’a fait sortir de sa réserve momentanée, car le vice-président de l’association des Oulémas a été présenté comme « un grand traître qui travaillait de connivence avec le colonialisme »21. Dans une mise au point proposée à la presse, Bennabi rappelle qu’il connaît personnellement depuis trente ans « la personnalité religieuse algérienne » enlevée. Il témoigne que L. Tébessi « est unanimement estimé dans le pays à cause des services rendus à sa renaissance morale et à l’organisation de son enseignement libre ». Au nom de sa « conscience d’honnête homme » et de son « devoir en tant qu’Algérien conscient de la gravité d’une situation où le colonialisme peut, désormais, assassiner son ennemi en collant sur son cadavre l’étiquette de la trahison », il entend, « devant Dieu et devant l’Histoire défendre l’honneur et la mémoire d’un homme qui n’a jamais transigé sur les principes. En même temps, il est de mon devoir, en tant qu’écrivain engagé dans la lutte anti-colonialiste depuis un quart de siècle, de dénoncer ici une situation où les forces incontrôlables qui ont abattu Mustapha Ben Boulaïd-qui était l’incarnation de la révolution- menacent désormais l’honneur et l’existence de tout algérien honnête »22.

A S. Bensaï, Bennabi fait part de son « impression que la sinistre bande qui est ici ne fera pas de démenti »23. Cela en dit long sur l’aggravation de son désaccord avec les « intellectomanes » qui venaient de rejoindre le FLN24.

Dans la brochure SOS-Algérie qui a été publiée, en arabe et en français, après le massacre de Mélouza du 29 mai 1957, Bennabi « demande à Dieu de faire revenir la direction du FLN sur la bonne voie ». Cela lui vaut le retrait de la brochure de la vente et une menace de connaître le même sort que Chadli Mekki25.

En décembre 1957, à l’occasion de la réunion au Caire de la deuxième conférence afro-asiatique, Bennabi se fonde sur les théories exposées dans son livre sur Bandoeng pour critiquer la délégation représentant le FLN. Il lui reprochait notamment de faire acte de présence, de manquer d’originalité et de ne rien proposer. Ces reproches lui tenaient à cœur après l’indépendance et il les a reformulés dans un éditorial de Révolution Africaine, où il est revenu sur le « deuxième Bandoeng » qui commençait à décevoir les espoirs suscités par la réunion d’avril 1955 : « Quant à la délégation du FLN, elle ne trouva rien de mieux à faire que de faire entendre de la tribune des peuples afro-asiatiques, non pas la voix de la révolution algérienne, mais d’un bout à l’autre les citations de la presse « progressiste » de l’Express à l’Observateur. Sans parler des faux écrivains désignés par le GPRA pour représenter l’Algérie au premier congrès des écrivains afro-asiatiques à Tachkent, en septembre 1958 »26.

A la parution, en 1958, du livre de Serge Bromberger sur les « Rebelles algériens », Bennabi le signale au Dr Lamine pour lui faire remarquer qu’il ne servait à rien de lui demander de se taire pour éviter au « colonialisme d’être au courant de nos divisions », puisqu’un de ses auteurs sait sur la révolution ce que ses dirigeants eux-mêmes ne savent pas toujours...

A suivre...

Article paru en avril 2002 dans le n° spécial "Aspects Militaires de la Guerre d’Algérie" de la revue "Guerres Mondiales et Conflits Contemporains".



Dernière édition par le Jeu 13 Déc - 21:02, édité 3 fois

http://www.marocainsdalgerie.net

admin"SNP1975"

admin
Admin

Suite

http://oumma.com/Le-FLN-vu-par-l-ecrivain-Malek

http://www.marocainsdalgerie.net

ELHAK75



CRIMES CONTRE L'HUMANITÉ? Aujourd'hui il y' a beaucoup d'écrits qui montrent que dans une partie du FLN et par la suite dans une partie du pouvoir des années 1975, la présence d'une idéologie totalitaire. En effet pour certains membres du pouvoir de l'époque il considérait que pour créer L'IDENTITÉ ALGÉRIENNE il fallait passer par la PURIFICATION ETHNIQUE....et l'expulsion des 350 000 Marocains d'Algérie est entre autre programmée dans cette idéologie CRIMINELLE......Bien sur il fallait attendre une opportunité et c'était l'évènement de 1975 avec la Marche Verte, (sur ce sujet voir les articles de becharelkhir que je trouve intéressants). Alors la question est de savoir si les expulsions répressives et SAUVAGES de 1975 peuvent être qualifiés de CRIMES CONTRE L'HUMANITÉ?

becharelkhir

becharelkhir

[size=12]L'occasion se présente,pour remonter un peu dans l'histoire temporain de cet état complexe pour se faire une idée de

cette idéologie totalitaire . :
[/size]Hérité de la guerre de libération (1954-1962), le pouvoir d’Etat (Algérien) présente une forme bicéphale (deux têtes) - hiérarchie militaire et gouvernement -, qui renvoie à la dichotomie (division) entre l’état-major de l’Armée de libération nationale (ALN) et le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). Ce dernier a été créé en 1958 pour s’occuper de la représentation diplomatique du Front de libération nationale (FLN) à l’étranger, de la mobilisation des ressources financières nécessaires à l’organisation des maquis et de l’encadrement des populations réfugiées au Maroc et en Tunisie. Mais la direction de la révolution était assurée par l’état-major de l’ALN. A la fin des hostilités, ce dernier a « congédié » (débusqué) le GPRA et pris en charge la direction du nouvel Etat . Trente-six ans après l’indépendance, le gouvernement est toujours considérée comme un organe chargé d’appliquer les orientations arrêtées par l’armée.



Si la hiérarchie militaire exerce la souveraineté et se pose en détentrice de l’autorité suprême, réduisant le conseil des ministres à un exécutif chargé de la gestion de l’administration, elle n’est pas pour autant un ensemble homogène. L’armée se compose de plusieurs structures qui, tout en dépendant formellement de l’état-major, jouissent néanmoins d’une certaine autonomie : ainsi de la gendarmerie nationale, de la sécurité militaire ou encore des différentes régions militaires.



Les officiers placés à leur tête organisent, parmi leurs pairs et subordonnés, des réseaux de fidélité qui accroissent leur indépendance à l’égard des instances dirigeantes. La puissance publique - dont l’armée et la gendarmerie représentent en principe les bras séculiers (nocives) - se voit ainsi court-circuitée par une logique extérieure à la hiérarchie officielle des pouvoirs. Cette mécanique conflictuelle, qui n’apparaît pas aux yeux du profane en période normale, éclate au grand jour en temps de crise.



Voilà pourquoi, par exemple, la répression anti-islamiste est menée sans coordination ni référence aux lois en vigueur. Des unités spéciales, cagoulées, arrêtent des personnes qui disparaissent sans que les familles sachent jamais à quelles structures de l’armée appartiennent les responsables. Si l’état des lieux se trouve ainsi en situation de non droit, c’est que les militaires sont formés dans la conviction que la paix civile relève de leurs seules prérogatives : ils peuvent donc agir sans rendre de comptes ni à la justice ni à l’opinion public.



Quant au gouvernement - président compris -, il ne dispose pas de l’autorité nécessaire pour sanctionner les responsables de la lutte antiterroriste. Les officiers qui en sont chargés ne rendent de comptes à aucune instance. Nul juge ne peut instruire un attentat ou un assassinat de manière autonome. Et toutes les dérives sont possibles. Comme l’attestent les rapports des organisations internationales de droits de l’homme, la lutte contre le terrorisme se mène dans l’illégalité.
Epine dorsale du régime


Cela dure depuis longtemps parce que l’armée est la puissance tutélaire de l’Etat et l’épine dorsale du régime. Aux moments cruciaux, les officiers supérieurs se réunissent en « conclave » (concentration) pour parvenir à un compromis les engageant tous. C’est ainsi qu’a été décidée l’annulation des élections de décembre 1991 ou la désignation de M. Liamine Zeroual comme candidat à la présidence. Informelles, ces réunions ne sont pas annoncées par la presse. Et pour cause : elles ne sont pas prévues par la Constitution.



D’ailleurs, les critères de participation à ces « conclaves » sont inconnus. Y assisteraient les officiers de l’état-major, les chefs des services centraux du ministère de la défense, ceux des régions militaires, le responsable de la gendarmerie nationale et celui de la sécurité, autrement dit ceux qui jouissent d’une relative autonomie dans l’usage de la force publique. Mais, vu l’importance des décisions qu’elle est amenée à prendre, cette assemblée informelle s’érige en fait en organe souverain. Autant dire que le suffrage, en Algérie, est en fait censitaire, le cens renvoyant ici non à une aristocratie sociale, mais à une caste militaire.



Le bon fonctionnement du système suppose que le militaire désigné comme chef de l’Etat ne cherche pas à conquérir son autonomie par rapport à l’armée pour mieux s’imposer à elle. Si le président prend à la lettre son rôle constitutionnel de « chef suprême des forces armées », la répartition des pouvoirs entre en crise. D’où le coup d’Etat de Houari Boumediene contre M. Ahmed Ben Bella en juin 1965, la démission forcée de M. Chadli Bendjedid en janvier 1992 ou bien encore la disparition tragique de Mohamed Boudiaf en juin 1992.



Selon les rares informations disponibles, un profond désaccord aurait surgi, durant l’été 1997, entre l’état-major et le président. Le premier soupçonnait le second de vouloir négocier le retour à la paix civile avec les dirigeants du Front islamique du salut (FIS), au détriment des officiers supérieurs qui avaient décidé l’annulation des élections de janvier 1992. Pour faire échouer cette démarche, les dirigeants de l’armée auraient traité directement avec l’Armée islamique du salut (AIS), bras armé du FIS, le cessez-le-feu du 1er octobre 1997 . Objectif de la manoeuvre : empêcher M. Zeroual de se poser en artisan de la paix pour mieux asseoir sa popularité et s’autonomiser. Les récentes révélations de transfuges sur l’implication des services de sécurité dans certains massacres et attentats pourraient être un épisode de la lutte ouverte entre clans de l’armée, les uns appuyant l’état-major et les autres se ralliant à la présidence .



L’autre élément du système de pouvoirs, c’est le gouvernement qui dirige l’administration et gère les affaires courantes. A sa tête se trouve le président, en général un officier supérieur ayant eu des responsabilités au ministère de la défense - dont le titulaire est d’ailleurs... le président. Le conseil des ministres s’apparente à un comité technique composé de fonctionnaires apolitiques qui se limitent à des tâches administratives. Institutionnellement détenteur de vecteurs de l’autorité publique, il demeure impuissant quand la réglementation est violée par des militaires.



Comme si ces derniers ne relevaient pas de la juridiction civile. Et, de fait, dans la hiérarchie des prérogatives et de l’autorité, le juge vient après le militaire et le fonctionnaire. Réduit à traiter des litiges du petit peuple, il est tenu à l’écart des conflits d’intérêts où sont impliquées des personnalités. Fonctionnaire de l’administration gouvernementale, soumis à sa hiérarchie, le juge n’applique pas la loi comme dans tout Etat de droit. La dévalorisation de son statut et, plus généralement, des fonctions gouvernementales découle de la surpolitisation de l’armée. Si le gouvernement demeure néanmoins un enjeu capital, c’est qu’il représente le cadre où s’organise l’affectation des ressources financières du pays.



L’armée arrête les grandes orientations économiques, mais le gouvernement répartit la rente pétrolière entre les différents départements ministériels, fixe la structure des investissements et choisit les partenaires commerciaux en Algérie et à l’étranger. Il « légalise » ainsi le transfert de fractions de la rente pétrolière à des individus liés aux réseaux clientélistes, militaires ou civils, d’autant que l’économie se privatise et que les joint-ventures se multiplient.



La corruption procède donc non de l’atteinte à l’intérêt public par des groupes privés, mais de l’intervention de détenteurs de l’autorité publique agissant dans le sens des intérêts de ces lobbies. Inutile de dire que, tel qu’il s’est constitué, le pouvoir d’Etat n’est pas en mesure de lutter efficacement contre ce phénomène .

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