Les égarés de l'apocalypse
par Farouk Zahi
par Farouk Zahi
Nous étions des multitudes, de la rue de Lyon (Belouizded) à Sadi Carnot (Ben Bouali) et la place du Gouvernement (place des Martyrs) en ce 11 décembre 1960. De la Glacière, de la cité la Montagne, de Maison Carrée (El-Harrach) et d'autres ghettos urbains, une foule confluait vers les quartiers européens. Le peuple sortait dans la rue, il brandissait des drapeaux vert et blanc frappés du croissant et de l'étoile rouges parfois approximatifs, faits à la hâte. La veille à Aïn Témouchent, de Gaulle, lors de sa tournée des popotes, avait prononcé pour la première fois dans son discours «Algérie algérienne». Cette reconnaissance de facto à l'autodétermination d'un peuple qui luttait depuis six longues années déjà, mit le feu aux poudres. Les Français d'Algérie ne l'entendaient pas de cette oreille, et marchaient dès le lendemain, scandant : «Algérie française... Algérie française». La contremarche des autochtones devait être pacifique, les ultras en ont voulu autrement. L'Algérie combattante appelait à l'arbitrage des Nations unies... On ne se trompait pas de cible.
Aujourd'hui, une poignée de désaxés tente de spolier notre mémoire symbolique, non ! Décembre est à nous, octobre et novembre aussi. Gardez vos septembre et avril qui ne seront désormais que maudits. Les nôtres sont glorieux, ils ne s'accommodent pas de vermines. Nos référents étaient à Tamesguida, à Tessala et dans l'Ouarsenis, pas à Peshwara ni à Kandahar, notre radio en exil était nationale, votre télévision est qatarie. Nos luminaires étaient Ben M'hidi, Didouche et Djamila, enfants de la matrice généreuse, les vôtres illuminés, ne sont que Ben Laden et Dhaouahiri, des apatrides sans foi. Nous avions l'honneur de libérer notre pays pour lequel nous consentions l'ultime sacrifice, vous, vous sacrifiez sur l'autel païen des cohortes d'innocents pour vous amarrer à une nébuleuse qui vous sacrifiera un jour. Le petit peuple que vous pensiez asservir par la promesse de lendemains enchanteurs, a déjugé vos exactions et votre guerre sans gloire. Il vous a signifié qu'il refusait les délices de l'Eden, dont vous avez pavé le chemin de milliers de cadavres et raviné l'accotement de flots de sang et de larmes. Point de contrainte en religion! Honnis, vous finirez sous des sépultures anonymes, vous n'aurez pour seules compagnes que les ténèbres des fosses.
Notre cause était juste et reconnue par la communauté internationale, la vôtre, dévoyée et injuste, était perdue d'avance. Voulez-vous gouverner un pays-cimetière fait de zombies ? Non... mille fois non ! Vos bâtons de dynamite seront les allumettes des feux de l'enfer qui vous consumeront et n'auraient droit à aucune houri du paradis. Les dignes fils de Ouamrane vous délogeront de Kabylie, ceux de Abbas Leghrour du Chélia et d'autres repaires. Les harkis bien avant vous, avaient vendu leur âme, ils n'ont jamais été adoptés par leurs maîtres du moment, ils en payent jusqu'à ce jour le prix de la félonie. Vous connaîtrez le même sort, si par malheur vous surviviez et que les Talibans consentiraient à vous recueillir et rien n'est moins sûr. En dépit de la main tendue de la Rahma, du pardon arraché à des âmes meurtries par une loi qui, d'égarés vous élève au statut de citoyens sans reproche, vous mordez encore dans le vif de la chair. Mais, l'adage populaire ne dit-il pas : «le louveteau ne se domestique jamais». Né sauvage il le demeurera, c'est dans sa nature animale. Crédules, nous avions pensé que vous feriez acte de repentance pour le massacre des jeunes scouts de Sidi Ali, un certain 1er Novembre, ou celui des enfants éviscérés de Sidi Youcef, des femmes violées dans le noir de la nuit de Bentalha et des vieux calcinés de Remka.. il n'en fut rien. Vous innovez dans le registre du génocide, vous le faisiez manuellement, maintenant vous le faites avec la machine infernale de l'explosif, sans discernement vous emportez parfois même de vos sympathisants d'hier. Aux abois, la bête immonde tue encore.
N'avez-vous point entendu ces cris du refus unanime sortir des tripes de ce jeune étudiant et de vous dire : «Basta ! Laissez-nous vivre un peu !», Réda Doumaze, dans un sanglot étouffé à l'antenne de Salim Sadoune, exhalait sa rancoeur : «Y en a marre du silence des gens qui savent... les intellectuels, les écrivains et autres !», ou de cette jeune fille de Tamanrasset qui, mûrie par l'adversité, rendait ce verdict : «Notre enfance faite d'angoisse a été relayée par une adolescence désemparée... la guerre de nos pères était propres... la vôtre est très sale !». Dans la même émission, l'animateur étreint par une perceptible émotion, rapportait le désarroi de gens qui ont perdu un être cher et qui n'auront même pas la possibilité d'inhumer son corps, parce qu'il n'existe plus matériellement. Si la douleur était stratifiée, ce serait probablement le suprême degré. Une mère aurait déclaré dans sa douleur qu'elle enterrerait le bout de chair, dernière relique de son fils déchiqueté. Pourra-t-on humainement rendre visite à une tombe vide ?
On vous qualifiait de «Mougharar Bihoum» (égarés), presque des innocents, pourquoi pas des enfants de choeur pendant que nous y sommes. Depuis Kaboul des années quatre-vingt (80), l'acte était prémédité et son pesant justiciable ne pouvait relever que de la juridiction criminelle. Une certaine presse vous a scindés en deux catégories voire trois même, celle que ne tue que les militaires et assimilés, celle qui tue «tout ce qui n'est pas de son bord» et celle qui ravitaille, telle que Belmokhtar et consorts. Inconséquente, elle monte en épingle vos prouesses tactiques en vous affublant du titre d'organisation armée avec ses katibas et ses sari'a, participant ingénument ainsi à légitimer une organisation criminelle dont la seule évocation, rappelle l'Organisation de l'Armée Secrète (OAS), de sinistre mémoire. C'est d'ailleurs cette dernière qui a inauguré le plasticage des lieux fréquentés par les Arabes : pour rappel, la centaine de dockers tués au port d'Alger, les massacres d'Oran ou la tentative de bourrage du réseau d'assainissement de Belcourt et de la Casbah par des tonnes d'explosif. L'intention génocidaire était bien affirmée. Ce qui se passe actuellement, y ressemble à s'y méprendre... Sont ce les derniers râles d'une désespérance encore létale ou une guerre sans merci menée contre un peuple connu pour son attachement à sa liberté. Cette liberté chèrement payée a eu raison de tous les criminels historiques de cette nation. Si les vaux et les monts étaient dotés du pouvoir de locution, ils vous raconteront les massacres ordonnés par les Pélissier et de Saint Arnaud, ou ceux plus récents des généraux Jouhaud, Massu et Salan. Ce dernier, général étoilé, s'est attaqué en fin de règne, à des femmes de ménages et à des prolétaires désarmés.
Rien ne justifie le crime, aucun idéal fut-il divin n'autorise de priver des êtres humains du souffle de la vie. L'Islam interdit l'assassinat, encore moins lors des mois sacrés appelés «horom». Les dix derniers jours de Dhou El-Hidja éminemment sanctifiés, interdisent même la guerre. Ils imposent la trêve aux joutes guerrières et appellent à la paix. A quels musulmans avons-nous affaire ? Ne seraient-ils pas l'ivraie de ceux qui ont assassiné trois califes du Prophète (QLSSSL) ou ceux de Kerbala qui, après avoir décapité le petit-fils El-Hossein, jouaient indécemment de sa tête ? L'Algérie de Ben Boulaïd, de Zabana et de Bouhired n'est pas en apostasie, professant le sunnisme orthodoxe elle demeure le bastion inexpugnable sur lequel se briseront toutes les frégates de l'Islam dit politique. Delenda Carthago aura fait long feu.
Aujourd'hui, une poignée de désaxés tente de spolier notre mémoire symbolique, non ! Décembre est à nous, octobre et novembre aussi. Gardez vos septembre et avril qui ne seront désormais que maudits. Les nôtres sont glorieux, ils ne s'accommodent pas de vermines. Nos référents étaient à Tamesguida, à Tessala et dans l'Ouarsenis, pas à Peshwara ni à Kandahar, notre radio en exil était nationale, votre télévision est qatarie. Nos luminaires étaient Ben M'hidi, Didouche et Djamila, enfants de la matrice généreuse, les vôtres illuminés, ne sont que Ben Laden et Dhaouahiri, des apatrides sans foi. Nous avions l'honneur de libérer notre pays pour lequel nous consentions l'ultime sacrifice, vous, vous sacrifiez sur l'autel païen des cohortes d'innocents pour vous amarrer à une nébuleuse qui vous sacrifiera un jour. Le petit peuple que vous pensiez asservir par la promesse de lendemains enchanteurs, a déjugé vos exactions et votre guerre sans gloire. Il vous a signifié qu'il refusait les délices de l'Eden, dont vous avez pavé le chemin de milliers de cadavres et raviné l'accotement de flots de sang et de larmes. Point de contrainte en religion! Honnis, vous finirez sous des sépultures anonymes, vous n'aurez pour seules compagnes que les ténèbres des fosses.
Notre cause était juste et reconnue par la communauté internationale, la vôtre, dévoyée et injuste, était perdue d'avance. Voulez-vous gouverner un pays-cimetière fait de zombies ? Non... mille fois non ! Vos bâtons de dynamite seront les allumettes des feux de l'enfer qui vous consumeront et n'auraient droit à aucune houri du paradis. Les dignes fils de Ouamrane vous délogeront de Kabylie, ceux de Abbas Leghrour du Chélia et d'autres repaires. Les harkis bien avant vous, avaient vendu leur âme, ils n'ont jamais été adoptés par leurs maîtres du moment, ils en payent jusqu'à ce jour le prix de la félonie. Vous connaîtrez le même sort, si par malheur vous surviviez et que les Talibans consentiraient à vous recueillir et rien n'est moins sûr. En dépit de la main tendue de la Rahma, du pardon arraché à des âmes meurtries par une loi qui, d'égarés vous élève au statut de citoyens sans reproche, vous mordez encore dans le vif de la chair. Mais, l'adage populaire ne dit-il pas : «le louveteau ne se domestique jamais». Né sauvage il le demeurera, c'est dans sa nature animale. Crédules, nous avions pensé que vous feriez acte de repentance pour le massacre des jeunes scouts de Sidi Ali, un certain 1er Novembre, ou celui des enfants éviscérés de Sidi Youcef, des femmes violées dans le noir de la nuit de Bentalha et des vieux calcinés de Remka.. il n'en fut rien. Vous innovez dans le registre du génocide, vous le faisiez manuellement, maintenant vous le faites avec la machine infernale de l'explosif, sans discernement vous emportez parfois même de vos sympathisants d'hier. Aux abois, la bête immonde tue encore.
N'avez-vous point entendu ces cris du refus unanime sortir des tripes de ce jeune étudiant et de vous dire : «Basta ! Laissez-nous vivre un peu !», Réda Doumaze, dans un sanglot étouffé à l'antenne de Salim Sadoune, exhalait sa rancoeur : «Y en a marre du silence des gens qui savent... les intellectuels, les écrivains et autres !», ou de cette jeune fille de Tamanrasset qui, mûrie par l'adversité, rendait ce verdict : «Notre enfance faite d'angoisse a été relayée par une adolescence désemparée... la guerre de nos pères était propres... la vôtre est très sale !». Dans la même émission, l'animateur étreint par une perceptible émotion, rapportait le désarroi de gens qui ont perdu un être cher et qui n'auront même pas la possibilité d'inhumer son corps, parce qu'il n'existe plus matériellement. Si la douleur était stratifiée, ce serait probablement le suprême degré. Une mère aurait déclaré dans sa douleur qu'elle enterrerait le bout de chair, dernière relique de son fils déchiqueté. Pourra-t-on humainement rendre visite à une tombe vide ?
On vous qualifiait de «Mougharar Bihoum» (égarés), presque des innocents, pourquoi pas des enfants de choeur pendant que nous y sommes. Depuis Kaboul des années quatre-vingt (80), l'acte était prémédité et son pesant justiciable ne pouvait relever que de la juridiction criminelle. Une certaine presse vous a scindés en deux catégories voire trois même, celle que ne tue que les militaires et assimilés, celle qui tue «tout ce qui n'est pas de son bord» et celle qui ravitaille, telle que Belmokhtar et consorts. Inconséquente, elle monte en épingle vos prouesses tactiques en vous affublant du titre d'organisation armée avec ses katibas et ses sari'a, participant ingénument ainsi à légitimer une organisation criminelle dont la seule évocation, rappelle l'Organisation de l'Armée Secrète (OAS), de sinistre mémoire. C'est d'ailleurs cette dernière qui a inauguré le plasticage des lieux fréquentés par les Arabes : pour rappel, la centaine de dockers tués au port d'Alger, les massacres d'Oran ou la tentative de bourrage du réseau d'assainissement de Belcourt et de la Casbah par des tonnes d'explosif. L'intention génocidaire était bien affirmée. Ce qui se passe actuellement, y ressemble à s'y méprendre... Sont ce les derniers râles d'une désespérance encore létale ou une guerre sans merci menée contre un peuple connu pour son attachement à sa liberté. Cette liberté chèrement payée a eu raison de tous les criminels historiques de cette nation. Si les vaux et les monts étaient dotés du pouvoir de locution, ils vous raconteront les massacres ordonnés par les Pélissier et de Saint Arnaud, ou ceux plus récents des généraux Jouhaud, Massu et Salan. Ce dernier, général étoilé, s'est attaqué en fin de règne, à des femmes de ménages et à des prolétaires désarmés.
Rien ne justifie le crime, aucun idéal fut-il divin n'autorise de priver des êtres humains du souffle de la vie. L'Islam interdit l'assassinat, encore moins lors des mois sacrés appelés «horom». Les dix derniers jours de Dhou El-Hidja éminemment sanctifiés, interdisent même la guerre. Ils imposent la trêve aux joutes guerrières et appellent à la paix. A quels musulmans avons-nous affaire ? Ne seraient-ils pas l'ivraie de ceux qui ont assassiné trois califes du Prophète (QLSSSL) ou ceux de Kerbala qui, après avoir décapité le petit-fils El-Hossein, jouaient indécemment de sa tête ? L'Algérie de Ben Boulaïd, de Zabana et de Bouhired n'est pas en apostasie, professant le sunnisme orthodoxe elle demeure le bastion inexpugnable sur lequel se briseront toutes les frégates de l'Islam dit politique. Delenda Carthago aura fait long feu.