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La revolte d'elMokrani 1871

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1La revolte d'elMokrani 1871 Empty La revolte d'elMokrani 1871 Sam 19 Avr - 22:23

admin"SNP1975"

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La révolte de 1871 en Algérie
Une épopée glorieuse et un hymne à la liberté


Cette grande révolte populaire a lieu peu après les événements de la commune de Paris, au cours de la guerre prusso-française qui a vu la défaite cuisante de l’Empire de Napoléon III devant les troupes d’Otto Bismarck. Les principales causes de ce soulèvement sont l’occupation du pays, l’arbitraire l’administration coloniale, mais aussi la grande misère, la terrible famine (surtout celle de 1867), et la spoliation scandaleuse des terres par les colons. Ces derniers se sont emparés de plus de 3 millions de terres parmi les meilleures, depuis la mainmise française sur notre beau pays, particulièrement avec l’arrivée des habitants des deux provinces françaises, l’Alsace et la Lorraine, annexées par l’Allemagne victorieuse.
Dirigée par Mohamed El Mokrani et englobant près de 75 % du pays, elle s’est terminée par un procès inique au tribunal de Constantine des principaux chefs, dont le frère d’El Mokrani, Boumezreg. La sentence était des plus sévères : lourdes peines de prison, condamnations à mort, et surtout, la déportation de centaines d’insurgés vers la Nouvelle-Calédonie, à des milliers de kilomètres de leur chère patrie au milieu de l’océan Pacifique. Là, ils croupirent dans les durs bagnes de l’île dans laquelle ils trouvèrent aussi les communards parisiens, eux aussi, châtiés pour avoir réclamé justice, dignité et libertés au régime répressif instauré en France par la classe bourgeoise dominante. Bien plus, des centaines de nos concitoyens, qui ont subi les foudres de la «justice» de la France, ont péri au cours de la longue traversée ne pouvant supporter les privations et les dures conditions de détention en mer.
Les causes fondamentales
de la révolte
En 1871, cela faisait une quarantaine d’années que les Algériens subissaient le joug colonial imposé à eux par des méthodes d’une violence inouïe. Il est vraiment difficile, aujourd’hui, de comprendre les mobiles d’une telle sauvagerie exercée par les tenants du colonialisme et appliquée à des populations pacifiques, hospitalières et généreuses, n’en déplaise aux nostalgiques et aux revanchards, dignes rejetons des pires généraux comme les de Bourmont, Bugeaud, Randon, etc.
Cette politique n’épargnait rien ni personne. Tout a été mis en œuvre et avec beaucoup de «raffinement», s’il vous plaît ! Les militaires français, encouragés par leurs chefs qui donnaient l’exemple, s’en donnèrent à cœur joie et ne se privaient guère de laisser libre cours à leurs instincts homicides. On tuait à tour de bras sans distinction aucune : femmes, vieillards, enfants, combattants ou civils faisaient connaissance avec la mission «civilisatrice» de la France, terre des droits de l’Homme et de la Révolution de 1789 (!). Les enfumades étaient monnaie courante. C’était simple : les pauvres habitants qui fuyaient la répression en se réfugiant, dans les forêts ou à l’intérieur des grottes et des cavernes, étaient proprement encerclés, ensuite, les assaillants allumaient des incendies en faisant bonne garde pour ne laisser s’échapper personne. Les assiégés mouraient de façon atroce après une longue et horrible agonie. Résultat de cette terrible politique de génocide : la population algérienne a dramatiquement chuté, en quatre décennies, de 6 à 8 millions d’habitants à 3-4 millions !
La cause, seule et unique de cette insurrection, et c’est une lapalissade que de l’affirmer, est la situation coloniale du pays imposée par une armée et une administration étrangères devenues les maîtres des territoires conquis de l’ex-régence d’Alger. Evidemment, d’autres causes liées cette situation s’y greffent. Enumérons quelques-unes. Il y a eu l’expropriation des terres de façon ininterrompue, politique qui chassa des centaines de milliers de paysans des terres de leurs ancêtres. Eux, sont devenus du jour au lendemain une masse d’errants clochardisée, taillable et corvéable à merci, pour les plus chanceux d’entre eux, chez les colons qui les exploitaient sans vergogne en s’enrichissant de leur labeur. On connaît bien l’expression «faire suer le burnous» qui résume bien la condition insupportable de ces pauvres fellahs miséreux et sans défense.
L’oppression et l’arbitraire étaient constants et pratiqués de façon suivie, ajoutez-y la misère qui était le lot quotidien des pauvres populations. Les colons, issus de France ou d’autres régions de l’Europe (Espagne, Portugal, Italie, Suisse, Belgique, îles de la Méditerranée …) imposaient une domination totale avec beaucoup d’arrogance et de mépris. Les violences faites à la religion musulmanes étaient une autre forme de répression et d’agression (irrespect au culte, destruction des mosquées, érection d’églises, substitution de la charia par le droit civil etc.).
La dégradation des conditions de vie était l’autre conséquence prévisible de la colonisation, qui a détruit la structure de base, qu’était la tribu, par le morcellement des terres collectives et l’anéantissement de l’agriculture traditionnelle vivrière et des autres activités économiques pratiquées jusque-là. Cela a engendré de terribles famines comme celles des années 1867, 1868 et 1869 conduisant à la mort de plus de 500 000 pauvres hères.
Parmi les autres causes qui ont engendré cet esprit de révolte, la promulgation du fameux décret Crémieux, le 24 octobre 1870, dans la ville française de Tours, par le gouvernement de la Défense nationale qui s’est constitué suite à la chute du régime instauré par Napoléon III. Son initiateur était le ministre de la Justice, Isaac Adolphe Crémieux, d’origine juif lui aussi. Ce décret octroyait la nationalité française aux Israélites qui vivaient en Algérie, environ 73 000, ainsi que l’accès aux droits qui en résultent. Les habitants de souche européenne venus d’autres pays que la France en bénéficiaient également. Cela a offusqué les Algériens, non parce qu’ils n’en bénéficiaient pas, leur statut musulman les en empêchant, mais ce décret conférait aux autres éléments étrangers des privilèges exorbitants au détriment des enfants du pays. Le chef de la révolte avait déclaré, à ce propos : «Je préférerais être sous un sabre qui me trancherait la tête mais jamais sous la houlette d’un juif.»
A toutes ces raisons, vient se greffer la détérioration des relations du chef de cette révolte, le bachagha Mohamed El Mokrani et de sa famille avec les autorités civiles et militaires françaises toujours fidèles à leur principe de «diviser pour régner». Enfin, l’autre facteur déclenchant réside dans le refus des spahis algériens dans les villes de l’Est du territoire d’obéir aux ordres de leurs officiers leur intimant de rejoindre le théâtre des combats, en France métropolitaine, et de combattre les troupes prussiennes de l’empereur Guillaume 1er au cours de la guerre pour réaliser l’Unité allemande.
Les étapes de la révolte de 1871 et ses conséquences
Les prémices de la première phase de l’insurrection d’El Mokrani, qui allait durer un peu plus d’une année, étaient précédées par les insurrections à Souk-Ahras avec l’affaire des spahis insoumis, et le mouvement vécu par la région de Laghouat et conduit par Ben Chohra et Nacer Bouchoucha. Le déclenchement effectif est marqué par la restitution par le bachagha El Mokrani au ministère de la Guerre de son insigne de bachaga et la tenue de plusieurs réunions aux mois de mars et de février, avec ses troupes et de hauts dirigeants.
Le 16 mars, débute son offensive, à partir de sa région des Béni Abbès et de Medjana, vers la ville de Bordj Bou Arréridj à la tête d’environ sept mille cavaliers afin de faire pression sur l’administration coloniale. L’insurrection atteint par la suite d’autres régions de l’Algérie et parvint jusqu’à Tizi-Ouzou, Miliana, Cherchell, M’sila, Boussaâda Touggourt, Biskra, Batna et Aïn Salah. La révolte est vite rejointe par Cheikh Ahaddad, chef de la grande confrérie soufie des Rahmaniyya, basée à Seddouk, dans la vallée de la Soummam, qui proclame le djihad contre les colons le 8 avril 1871. Plus de 250 tribus ont été mobilisées réunissant près de 150 000 combattants. Mais malgré les capacités de mobilisation pour le combat sacré, les efforts étaient dispersés, sans une stratégie claire et méthodique ou expérience militaire. Il y avait la foi, le courage et la bravoure en face d’une armée, moderne, structurée, hiérarchisée, forte et supérieure sur le plan matériel. El Mokrani est tombé au champ d’honneur, le 5 mai 1871, au cours de la bataille de Oued Souflat proche de Bouira. Cela assura un avantage incontestable aux troupes de répression, après les premières semaines de surprise. Le 8 octobre 1871, Boumezrag son frère, qui lui a succédé à la tête des insurgés, battu se dirigea vers le Sud pour s’y réfugier. Les Français le surent et parviennent à l’arrêter le 20 janvier 1872 à Ouargla. Il sera envoyé au bagne de Nouvelle-Calédonie au mois d’avril 1873 avec de milliers d’Algériens. Quant au Cheikh Ahaddad, il sera condamné à une peine de cinq ans d’emprisonnement mais il mourra dix jours après sa détention dans sa prison de Constantine.
Après l’arrestation de Boumezrag, l’armée française parvint à mettre fin à l’insurrection. C’est alors que les sentences tombent. Le 10 mars 1873, s’ouvre au tribunal de Constantine le procès des chefs révoltés qui ont échappé miraculeusement aux conseils de guerre et aux exécutions sommaires. Un nombre de 149 personnes parmi les 212 accusées sont envoyées en prison et pour 84 autres le verdict sans appel est la déportation en Nouvelle-Calédonie. Parmi les condamnés, figure Aziz Ben Cheikh Ahaddad.
Par ailleurs, les tribus ayant participé à cette grande révolte furent contraintes de payer des impôts selon l’ampleur de leur contribution au soulèvement : 70 francs pour toute personne ayant attiré l’attention des responsables de l’administration française, 140 francs pour toute personne s’étant mobilisée et 210 francs pour toute personne ayant pris part au combat et déclaré publiquement son opposition à la puissance coloniale. Tous refus de payer est obligatoirement suivi d’une saisie des biens personnels. La politique de déportation en Nouvelle-Calédonie fut par la suite généralisée à la population ayant participé activement à l’insurrection. Au total, ce sont 200 000 insurgés qui sont alors exilés dans les bagnes de cette île lointaine du Pacifique. Ils portèrent le nom de «Kabyles du Pacifique» et ne reverront jamais leur pays.
En Nouvelle Calédonie, ils sont placés dans les bagnes. De plus, ils participeront au peuplement de l’archipel en fournissant une main-d’œuvre importante utilisée pour bâtir les prisons, construire les routes, urbaniser la contrée...
Le bilan de la répression fut très lourd. Plus de 100 000 Algériens périrent, la saisie des terres a été pratiquée à grande échelle (loi Warnier de juillet 1873) et des centaines de milliers d’hectares passèrent aux mains des colons, exil de centaines de familles algériennes, émigration de milliers d’autres encore surtout vers la Syrie, la Tunisie, le Maroc et la péninsule Arabique. Le tout fut couronné par la promulgation, en 1881, de l’inhumain Code de l’indigénat. Ce code raciste était assorti de toutes sortes d’interdictions dont les délits étaient passibles d’emprisonnement ou de déportation.
En dépit de cette grande tragédie, le peuple algérien se soulèvera encore plusieurs fois, accumulant davantage de leçons et d’expériences jusqu’à la grande Révolution victorieuse de Novembre 1954, digne continuatrice de l’héroïque insurrection de 1871.



19-04-2008
Mihoubi Rachid



Dernière édition par Admin le Sam 19 Avr - 22:31, édité 1 fois

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2La revolte d'elMokrani 1871 Empty Re: La revolte d'elMokrani 1871 Sam 19 Avr - 22:25

admin"SNP1975"

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ABD EL-KADER mystique et résistant : L'homme de la synthèse
le 17 Avril, 2008 18:28:00 | 1672 lecture(s) | Voir Réactions
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« Il y a 200 ans naissait en Algérie l’Emir Abd el-Kader… L’itinéraire de l’homme qui tenu tête à l’armée française durant 17 ans (1830-1847) épouse l’histoire compliquée de l’Algérie et de la France, de l’Orient et de l’Occident », rappelait ce matin Benjamin Stora dans sa chronique sur France-culture consacrée au bicentenaire du héros de la résistance à la colonisation française, l'émir Abd el-Kader (1808-1883). A l’occasion de cet anniversaire, la ville de Pau où il fut emprisonné avait rendu au cours d’un colloque international un hommage à l’homme qui le premier avait posé les premières pierres d'un Etat moderne algérien, avant d'être défait par Bugeaud et emmené en captivité en France. Voici, retracé par la commissaire de la rencontre, le portrait et l’itinéraire de celui que Stora nomme « l’homme de la synthèse »…

« Ne demandez jamais quelle est l'origine d'un homme, interrogez plutôt sa vie, ses actes, son courage, ses qualités et vous saurez qui il est ». (Emir Abd el-Kader).

Artisan incontestable de l'histoire, l'Emir Abd el-Kader, né en Algérie en 1808, a mené pendant 17 ans une résistance héroïque contre la conquête coloniale française et mis en place l'unité algérienne moderne. Reconnu par ceux qui l'ont combattu, non seulement pour ses qualités de militaire et de stratège mais aussi pour sa grandeur morale et son humanisme, l'Emir dépose les armes en 1847 et opte pour l'exil. Il est retenu prisonnier en France où son comportement chevaleresque, sa noblesse d'esprit et sa curiosité intellectuelle conquièrent les coeurs. De nombreuses personnalités échangent avec cet homme d'une exceptionnelle ouverture, témoin privilégié des mutations et des innovations du XIX° siècle.Libéré en 1852 par Napoléon III, Abd el-Kader quitte la France à destination de la Turquie, puis de la Syrie, honoré et apprécié par ses anciens ennemis. Il protégera les Chrétiens menacés par les révoltes druzes, ce qui lui vaudra l'admiration et le reconnaissance de l'Europe, et il consacrera l'essentiel de son séjour à Damas à la méditation et l'enseignement spirituel. L'Emir choisit de reposer dans cette ville, aux côtés de l'un des plus grands maîtres de la mystique musulmane, Ibn Arabî.Tout à la fois homme d'action et de méditation, de tradition et de progrès, de raison et de foi, l'Emir Abd el-Kader fut un véritable trait d'union entre l'Orient et l'Occident. Au-delà des circonstances historiques, son message en faveur d'un dialogue fécond entre les cultures et ses qualités universelles restent aujourd'hui d'une grande actualité.

L'Algérie au début du XIX° siècle « Tandis que nos formes gouvernementales les plus savantes sont faussées scandaleusement par l'atteinte de nos mauvaises moeurs, ici, tout au contraire, des institutions religieuses, des coutumes inviolables, corrigent admirablement l'insuffisance du rouage politique ». (Général Daumas : Moeurs et coutumes d'Algérie.) En 1830, quand les troupes de Louis-Philippe commencent à l'occuper, l'Algérie, dont les côtes constituent alors un véritable enjeu international pour les échanges par voie maritime, est gouvernée par les Ottomans qui occupent la plus part des grandes villes. La population estimée à trois millions d'habitants, est essentiellement regroupée au sein de tribus de cultivateurs et de pasteurs. Leurs traditions sont riches, leur artisanat florissant ; leur commerce repose sur les produits du sol, agrumes, huile et céréales, et des troupeaux – chevaux, chameaux, moutons et boeufs. Leur système social, qui distingue notamment la noblesse d'origine (chorfa), la noblesse militaire (djouad) et la noblesse religieuse (mrabtin), forme un ensemble complet et complexe qui suscite l'admiration des observateurs français. Grâce aux zaouias, la société algérienne dispose d'un système éducatif performant qui scolarise la quasi totalité de la population.Cette région est également animée par la passion des chevaux, de la chasse – à la gazelle, à l'autruche, au lion...- et d'un goût général pour la poésie.

L'Education à l'action et la méditation « L'encre des savants est plus précieuse que le sang des martyrs » (Hadîth : dit du Prophète) Abd el-Kader est né à la Guetna de l'oued el-Hammam prés de Mascara, le 6 septembre 1808. De son père, Mahieddine, moqaddem de la confrérie quadiriyya, homme de grande renommée, aimé et respecté, il reçoit une éducation qui conjugue la formation religieuse, morale et intellectuelle à l'adresse et l'endurance physique. Sa mère, Lalla Zorha, qui restera à ses côtés tout au long de sa vie, lui transmet les premières valeurs traditionnelles et lui communique sa grande noblesse d'âme. Il complète cette éducation auprès de maîtres éminents à Arzew et à Oran. Il apprend les sciences religieuses, la langue et la littérature arabe, les mathématiques, l'astronomie, l'histoire et la philosophie. Platon, Aristote, Al-Ghazali, Ibn Rushd et Ibn Khaldun lui sont familiers. L'engagement de l'Emir : « Je n'ai point fait les évènements, ce sont eux qui m'ont fait ». (Abd el-Kader). En 1830, quand les principales villes côtières tombent aux mains des troupes françaises, Abd el-Kader qui a à peine 20 ans, participe à la résistance populaire et se distingue par sa bravoure. Son père Mahieddine, d'abord choisi pour établir l'unité et conduire la résistance, se désiste au profit de son fils. Les qualités d'Abd el-Kader le désignent le 27 novembre 1832, les tribus de l'Oranie lui prêtent serment – mubaya'a − et il devient Emir, titre qui lui confère un pouvoir temporel et une autorité spirituelle. Elu pour résister aux forces françaises, il conduit pendant plus de 15 ans une lutte presque incessante contre l'occupant. Ses hommes, avec une fidélité sans failles, le suivront dans tous les combats, jusqu'à la fin, jusqu'à l'exil.

Chevalier magnanime « Appelez les uns après les autres les prisonniers d'Abd el-Kader, leur réponse sera unanime d'enthousiasme et d'admiration ». (E. de Civry : Napoléon III et Abd el-Kader) Le comportement chevaleresque, la grandeur morale et l'humanité de l'Emir Abd el-Kader sont reconnus par ceux-là mêmes qui le combattent. Il institue un règlement humanitaire pour le traitement des prisonniers dont sa mère, en personne, s'occupe avec une très grande sollicitude. Sa renommée s'étend chaque jour un peu plus.Le colonel de Géry, reconnaissant la magnanimité d'Abd el-Kader, confie à Mgr Dupuch, évêque d'Alger : « Nous sommes obligés de cacher, autant que nous le pouvons, ces choses à nos soldats car s'ils le soupçonnaient, jamais ils ne combattraient avec autant d'acharnement ».

La captivité « Je ne demande ni grâce ni faveur, je demande l'exécution des engagements pris envers moi ». (Abd el-Kader) La Ville de Pau est fière de participer au bicentenaire de la naissance d'Abd- el- Kader, sans doute l'un de ses hôtes les plus brillants. Certes l'émir est venu à Pau en tant que prisonnier, mais se souvenir de cet homme au caractère exceptionnel, descendant du Prophète, grand initié, chef religieux, humaniste oecuménique et tolérant, philosophe, immense poète mystique et chef de guerre malgré-lui, revient à méditer sur la destinée humaine, sur la naissance des nations, le colonialisme et le devenir même des civilisations. Cet homme au destin hors ligne, fondateur de la nation Algérienne, a quarante ans quand il arrive à Pau, le 29 avril 1848. Dans la diligence qui le conduit de Sète en Béarn, l'émir a ces mots pathétiques : « Je vois ces plaines verdoyantes, ces vergers, ces forêts, ces fleuves et ces rivières ; tant d'abondance ! Quel besoin ont les Français d'occuper mon Pays, de sable et de rochers ? ». Durant toute sa captivité à Pau, du 29 avril au 3 novembre 1848, le grand guerrier ne bougera pas de ses appartements d'un château fraîchement rénové, refusant la promenade et ne quittant sa chère Smala que le soir pour aller dormir dans le donjon Fébus. « Je suis en deuil et un Arabe en deuil ne quitte pas sa tente ; je suis en deuil de ma Liberté, je ne quitterai donc pas ma chambre ». L'image romanesque du grand chef vaincu, du patriote inflexible, attire les curieux en quête d'un frisson romanesque. A Pau, Abd el-Kader ne refuse pas les visites, bien au contraire. Au cours de ces entretiens, il ne cesse de rappeler à la France son manque de parole et d'en souligner la gravité. Très vite, l'image du chef de guerre exotique cède le pas à celle d'un hôte aimé, révéré.Au moment de partir pour Amboise, entouré d'amis palois émus aux larmes, l'émir se retourne et déclare : « En quittant Pau, je laisse un morceau de mon coeur ». Un siècle et demi après les faits, la trace de l'Emir reste pourtant indélébile. J'en veux pour preuve les petites tombes de ses enfants et neveux, morts et enterrés à Pau, toujours entretenues et fleuries par des mains mystérieuses. « Enfin, le 3 novembre 1848, l'Emir quitte Pau pour Bordeaux. Au moment de partir, devant la foule triste des Palois, il trouve encore le moyen de faire plusieurs gestes de charité qui saisirent la population : que ce soit des aumônes au curé pour les pauvres ou des dons à d'anciens soldats d'Afrique ou à des ouvriers qui avaient été attentifs aux malheurs des prisonniers ». (Bruno Etienne, Abd el-Kader, Isthme des isthmes.).

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L'Emir honoré « Je viens vous annoncer votre mise en liberté (...), vous avez été l'ennemi de la France mais je n'en rends pas moins justice à votre courage, à votre caractère, à votre résignation dans le malheur ; c'est pourquoi je tiens à l'honneur de faire cesser votre captivité, ayant pleine foi dans votre parole ». (le Prince Louis-Napoléon) En octobre 1852, l'Emir Abd el-Kader est libéré par le Prince Louis-Napoléon. Il est alors reçu par les plus grandes personnalités politiques, militaires et religieuses. Sous les ovations populaires, il parcourt Paris et, témoignant de sa curiosité naturelle et de son esprit d'ouverture, il se rend à la Madeleine, à l'Opéra, Notre-Dame, les Invalides et à Versailles. Il veut tout voir, se fait tout expliquer, curieux de ce que l'Europe peut alors produire sur le plan technique ou intellectuel. Cette visite est suivie d'un long périple de plus de dix jours le menant à Châlons, Lyon, Avignon et Marseille, villes qui sont l'occasion de rencontres et de grandioses réceptions. Partout les foules l'acclament, lui et les siens. « Ce matin j'ai vu les foudres de l'artillerie, maintenant voici devant moi les canons de la pensée. J'ai vu les armes capables de détruire les murailles et les remparts des villes ; aujourd'hui je vois les machines avec lesquelles ont peut combattre les rois et renverser les gouvernements, sans qu'ils s'en aperçoivent ». Propos de l'Emir tenus lors de sa visite de l'Imprimerie Impériale, après celle des Invalides.

L'exil en terre d'Islam « En temps de guerre, j'expose généreusement ma vie, et pourtant, en temps de paix, le salut de mon âme est ce qui m'importe le plus ». (Abd el-Kader.) Après un temps passé en Turquie, l'Emir s'installe à Damas où un grand nombre d'Algériens le rejoignent. Dès lors, il consacre sa vie à la méditation, à la lecture, à l'enseignement spirituel qu'il donne tous les jours. « Il se lève deux heures avant l'aube et s'adonne à la prière, à la méditation religieuse jusqu'au lever du soleil. Il se rend alors à la mosquée. Après avoir passé une demi-heure en dévotions publiques, il rentre chez lui, prend une rapide collation, puis travaille dans sa bibliothèque jusqu'à midi. L'appel du muezzin l'appelle une nouvelle fois à la mosquée, où sa classe est déjà rassemblée, attendant son arrivée. Il prend un siège, ouvre le livre choisi comme base de discussion, et lit à haute voix ; constamment interrompu par des demandes d'explications qu'il donne en ouvrant ces trésors multiples d'études laborieuses, d'investigations et de recherches qu'il a accumulées tout au long de son existence agitée. La séance dure trois heures...après quoi il se retire pour se reposer ». (C.H. Churchill, La vie d'Abd el-Kader, 1867.) En 1860, face aux évènements qui ensanglantent Damas, Abd el-Kader se signale, intervenant personnellement, en sauvant au péril de sa vie et des siens, des milliers de Chrétiens menacés par la révolte druze. Le monde entier lui manifeste sa reconnaissance.

L’intellectuel « Le Kalam – la plume – depuis qu'il a été taillé a pour esclave le sabre depuis qu'il a été effilé » (Abd el-Kader) D'une grande curiosité intellectuelle, l'Emir Abd el-Kader a une passion pour l'étude, qu'il considère comme un moyen sûr d'avancer sur le chemin de la perfection individuelle. Sensible à la transmission de la connaissance, il voue un intérêt tout particulier aux livres, notamment à la recherche et à la conservation des manuscrits.Philosophe et poète, considéré par ses contemporains comme l'un des esprits les plus cultivés, Abd el-Kader laisse ses écrits, pour la plupart inédits, qui révèlent une pensée nourrie de la connaissance des textes classiques. Dans sa Risala, adressée à la Société asiatique et connue sous le titre « Lettre aux Français ou Rappel à l'Intelligent, avis à l'Indifférent », Abd el-Kader livre son approche de certains sujets fondamentaux : civilisations, écritures, connaissances...S'adressant à un public de savants pour la plupart gagnés à la pensée positiviste, l'Emir attire l'attention sur la complémentarité de la foi et de la raison. Il considère notamment que les sciences et les techniques ne sont pas incompatibles avec le fait religieux. Tout à la fois ouvert aux idées nouvelles et fidèles à la tradition, il estime que l'homme doit s'adapter à la modernité sans perdre son âme.A considérer le volume de sa correspondance, force est de constater que son itinéraire intellectuel reste encore à découvrir.

Le philosophe « Gardez-vous de ne faire partie que l'une des deux espèces d'hommes, le rationaliste et le croyant, soyez les deux ».( Abd-el-Kader.) Penseur puissant et original, Abd- el-Kader s’avère par la profondeur de ses analyses, la rigueur de son raisonnement, la hauteur de son éthique, un philosophe et un métaphysicien subtil doublé d'un logicien infaillible qui manie, avec aisance, l'art de la maïeutique.« Si celui qui veut connaître la vérité venait me trouver, je le conduirais sans peine sur cette voie, non en le poussant à adopter mes idées mais en la lui faisant apparaître, de telle sorte qu'il ne puisse pas ne pas la reconnaître ». (Abd el-Kader.). Examinant, entre autres questions philosophiques, celle de l'homme, l'Emir place celui-ci au plus haut de l'échelle de la Création: végétal par sa croissance, minéral par son corps, l'homme qui tient aussi de l'animalité, s'en différencie par des facultés qui lui sont propres: 'Dieu voulant honorer l'homme, l'a distingué par l'esprit et la raison'. Selon Abd el-Kader, de toutes les sciences acquises par un effort intellectuel soutenu, la plus haute entre toutes, la plus indispensable à l'homme, est la quête de cette connaissance de Dieu qui mène vers la lecture sacrée du grand livre qu'est la création.Face à la question du déterminisme et de la liberté, l'Emir refuse tout fatalisme en affirmant que « Dieu a voulu que les hommes agissent librement ». Contre l'intolérance et le fanatisme, il proclame la supériorité du rationalisme et invite à na pas se conformer à une imitation servile. En Sage lucide et clairvoyant, Abd- el-Kader nous met surtout en garde contre « une science sans conscience ».

Le poète Lui, l'homme fauve du désert. Lui, le sultan né sous les palmes. Le compagnon des lions roux. Le hadj farouche aux yeux calmes. L'Emir pensif, féroce et doux.Victor Hugo Animé par le souffle poétique et l'esprit qui l'inspire, l'Emir Abd el-Kader transmet dans une verve poétique singulière, cette voix intérieure qui l'habite. Il célèbre alors l'amitié et l'amour, le courage et la gloire, le culte du cheval, l'amour de la vie bédouine et du terroir... La prise de la citadelle de Tlemcen le marque au point qu'il immortalise sa victoire par un hymne qu'il dédie à sa beauté : « Tlemcen te tend les bras pour t'offrir un baiser. Réponds à l'appel de sa voix. Elle a pour toi levé le voile. Entre et que sa fraîcheur soit à ton coeur une douce rosée (...). Sans cesse, elle défendit sa perfection contre l'assaillant (...). Combien de soupirants convoitèrent la beauté que tu contemples ? ». Son attrait pour les grands espaces et la nature se fait entendre dans un éloge devenu depuis célèbre : « Ô toi qui prends la défense du citadin. Et qui condamne l'amour du bédouin pour ses horizons sans limites. Est-ce la légèreté que tu reproches à nos tentes ?. Si tu savais les secrets du désert, tu penserais comme moi (...). Si tu t'étais éveillé au milieu du Sahara. Si tes pieds avaient foulé ce tapi de sable. Parsemé de fleurs semblables à des perles (...). Tu aurais respiré ce souffle embaumé qui double la vie, Car il n'a pas passé sur l'impureté des villes ». Cependant c'est au cheval, ce « buveur d'air plus rapide que l'éclair », qu'Abd el-Kader va consacrer ses plus belles pages : « Quand nos chevaux se précipitent en avant. Ils ressemblent aux étoiles filantes. Lancées par des anges contre les démons. Ce sont des aigles montés par des lions féroces ». Recevant l'inspiration poétique comme une grâce divine et méditant la création, l'Emir va se faire, dans le dernier tiers de sa vie, le porte parole de cette Connaissance de l'Unicité de l'être –wahdat al wujûd – et livrer dans ses poèmes métaphysiques, la description de la réalisation suprême de l'homme, dans l'union avec le Principe Premier, qui seul, finalement demeure.

L'homme et la modernité « A celui qui dédaigne le contemporain et pense que le pas est dû aux anciens, dis : cet ancien a été nouveau et ce nouveau deviendra ancien ». ( Abd el-Kader) Esprit libéral et précurseur, Abd el-Kader est animé par une foi enthousiaste dans l'avenir et le progrès de l'humanité. Témoignant en permanence d'un intérêt tout particulier pour les innovations techniques, il adhère au projet de construction du Canal de Suez. Il défend avec conviction cette initiative porteuse d'une modernisation vitale pour cette région et symbole de trait d'union qui relie l'Orient et l'Occident.« Aucune personne intelligente ne peut mettre en doute que votre oeuvre ne soit, en même temps, d'une utilité générale dont les avantages rejailliront sur la plupart des habitants de la terre, d'une extrémité à l'autre. Nous prions le Très-Haut de vous en faciliter l'achèvement et de réaliser la jonction des eaux ». (Lettre adressée à Ferdinand de Lesseps.)« Lors de sa visite à l'Exposition universelle de 1867, voyant fonctionner sous ses yeux ces innombrables machines qui centuplaient, avec une admirable perfection, le travail de l'homme, il dit : ce lieu est le palais de l'intelligence animé par le souffle de Dieu ». (A. Bellemare, Abd el-Kader, sa vie politique et militaire, 1883.).

Maître spirituel « L'homme est un comme miroir. Le miroir ne reflète l'image du réel que lorsqu'il est net ». (Abd el-Kader) Rattaché par son père et par ses maîtres successifs, à une tradition vivante, Abd -el-Kader présente dès son plus jeune âge, des dispositions spirituelles, affermies par une éducation dans un milieu d'étude et de piété.Son itinéraire spirituel – dans la vois soufie ou voie du juste milieu – est celui de l'extatique, tiré hors de sa conscience ordinaire et habité de visions inspirées. Sa quête d'absolu révèle l'âme d'un être qui répond, par son combat intérieur, à l'appel du Divin. Il atteint alors l'état de 'ubudiya – état de servitude de l'amoureux de Dieu - qui résulte de l'appel du « Seigneur d'où tout émane et vers qui tout revient ». Dans ses méditations regroupées dans le Livre des haltes – Kitab al –mawâqif - et ses poèmes métaphysiques, on retrouve les thèmes chers à Ibn Arabî : l'unnité divine et le rattachement amoureux, du pur amour et de l'adoration parfaite comme expression de l'Amour in Divinis.

Geneviève Simon-Khedis

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