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DESENCHANTEMENT(echec d'un modéle volontariste)

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admin"SNP1975"

admin
Admin

Voici une lettre tres triste d'un harraga a Monsieur Boutef et qui commence par Sidi Errais. C'est sans commentaire!!!!!!!!
Sid Erraïs..., parle-nous !
Citation:
par Farouk Zahi

Parle-nous comme tu savais si bien le faire ! Tu étais le seul à pouvoir nous parler et nous te comprenions. Enfin nous le pensions. Ceux qui étaient supposés le faire à ta place n’ont pas réussi à nous rallier à leur vision. Nous, qu’on appelait « hitistes » et présentement « harraga », on te ressemble un peu. N’as-tu pas quitté les bancs du lycée pour rejoindre le maquis ?
N’aviez-vous pas été, toi et tes compagnons, et pendant plus de sept longues années, des « harraga »... un peu comme nous ? Vous avez souvent, contre l’avis des grands, quitté le champ, le lycée et parfois même l’université pour briser le mur du silence. Vous vous sentiez étrangers dans votre propre pays; nous ressentons presque la même chose. On vous traitait de « renégats », de « poseurs de bombes » et de « fellagas ». Le contexte n’est plus le même nous diras-tu, mais l’injustice, le déni d’équité, le dénuement sont mieux acceptés quand ils viennent de l’autre... celui qui a toujours été « l’ennemi intime », mais quand cela vient des proches, nous n’avons comme alternative que la révolte ou le suicide collectif dans les abysses marines. Il y a quelques années de cela, le kif et la « harga »... ça ne se passait que chez nos voisins; nos responsables étaient fiers de nous; ils disaient même que notre jeunesse est « propre ». Malheureusement, ils n’ont pas assez fait pour la garder « au sec ». Leurs discours prometteurs et abstraits ont fini par la « mouiller ». Tous les dispositifs d’insertion des jeunes ont manqué de cohérence et de perspective durable. Le plus décevant a été le pré-emploi dans la fonction publique. Après une année renouvelable une seule fois, nous sommes mis à la porte; on nous offre la possibilité de nous réinscrire dans le dispositif du filet social. De statut de sans emploi, on nous offre celui de chômeur en quête d’une précaire planche de salut. C’est tout de même une évolution dans l’absurdité. Elaborés sans nous, tous les symposiums, recommandations et dispositifs en direction de la jeunesse ont été l’oeuvre de « vieux ». Après un long cheminement labyrinthique administratif, dans le cadre du micro-crédit et du crédit pour la petite entreprise, nous nous sommes retrouvés en face de dragons bancaires: apport personnel, garantie, etc. La durée la plus courte pour la création d’un petit projet a été celle de Sihem de Bordj El-Kiffan qui a mis 15 mois pour pouvoir avoir l’autorisation d’ouvrir son école de plongée sous-marine. Une aussi longue durée n’est pas faite pour encourager les volontés les plus pugnaces. Pendant tes deux campagnes électorales, nous t’avons soutenu, nous avons rempli les stades et grimpé aux arbres pour te voir, t’entendre et si possible te toucher. Tu nous parlais si bien, on te comprenait, tu ne lisais pas de discours... tu disais « ERFA’A RASEK YA BA ! ». Depuis ta maladie que nous avons vécue la peur au ventre et ton rétablissement « Oua lillahi el hamd », on te sent si loin de nous. Tu ne parles que dans les cérémonies officielles et en arabe classique... ou en français, on arrive difficilement à te comprendre. Tu sais bien que la plupart ont quitté prématurément l’école...ils ne comprennent ni l’arabe savant ni le français. Ils n’ont jamais été de bons élèves. Tu dois certainement te demander avec nous, pourquoi le nombre de « harraga » a suivi une courbe progressive comme celle du cours du pétrole. Nos compagnons d’infortune des pays voisins nous en veulent presque de vouloir envahir l’Espagne et la Sardaigne avec eux. Ils ne trouvent pas de raison logique à notre fugue. Les pays « hôtes » se posent la même question avec, cependant, le mépris en sus. Ils considèrent que nous sommes plus riches que les autres illégaux.

On nous accuse de tous les maux. Il est même suggéré de nous surveiller étroitement lorsque quelques uns d’entre nous réussissent dans l’investissement agricole. Les engrais que nous utilisons peuvent servir à la fabrication d’explosifs ?!
Nous avions lancé quelques signaux de détresse qui n’ont malheureusement pas été interceptés à temps. Notre premier appel a été lancé quand on réclamait des visas à Chirac qui t’accompagnait à Bab El-Oued, on introduisait en ta présence un dossier éminemment politique; malheureusement, les têtes qui se disent pensantes n’ont rien compris comme toujours. Elles nous traitaient, ce jour-là, de nouveaux harkis. Bien sûr qu’on aime notre pays...c’est nous qui avons inventé « one, two, tree... », c’est encore nous qui nous drapions de l’emblème national. Nous chantons l’Algérie à la manière de Baaziz ou de Lotfi Double canon; ils sont pour nous ce qu’ont été Driassa ou Saïd Sayah pour vous. Pendant que nous n’étions encore qu’un peu plus de 300 candidats en 2005, on n’a pas fait attention à nous, jusqu’à ce que nos corps, en perdition, flottent sur l’eau. C’est à ce moment que notre cri de détresse devint audible. On s’intéresse à ceux que certains qualifient d’épiphénomènes qui sont, en fait, une véritable tragédie nationale et qui interpellent la société dans toute sa composante. On nous consacre une grande émission télévisuelle; l’effet obtenu fut à l’inverse de celui attendu. Le théâtre filmique du documentaire présenté dans l’émission fut le théâtre tragique de la disparition d’une dizaine de « harraga » presque en live. Le silence religieux qui devrait accompagner ce drame ne fut pas de mise. L’une des reporters interviewées sur le plateau a même avancé que « la harga est un phénomène de mode » pour certains ?! Alors qu’on terminait à peine d’enterrer le dernier des naufragés, au propre et au figuré, on rebalançait le soir même la même émission. Décidément, Ahmed, le jeune de Tiaret qui a tenté six fois la traversée, n’a pas réussi à convaincre. Il ne cherchait pas un travail, il cherchait décidément un fonds pour le faire « rouler » dit-il. Il ne faut surtout pas lui en vouloir, il n’a pas la culture du travail manuel, il a grandi avec l’économie de bazar et du trabendo. La vraie réponse a été donnée par son père, ancien de Sonatiba, qui sait plus que tout autre que la cause du désespoir est dans le débauchage de plus de deux mille ouvriers dans deux entreprises publiques. C’est quand même deux mille familles qui n’ont plus de revenus ou presque plus. Au bord des larmes, le jeune chômeur d’Oran, dont le père est invalidé par la maladie, avoue la tête basse que seule sa mère qui travaille, pourvoit aux besoins nutritionnels d’une couvée composée de dix membres. On lui demande quel est son niveau d’instruction, comme si on allait l’embaucher sur le champ. Et comme si un niveau d’instruction pouvait dire quelque chose quand des détenteurs de diplômes d’études supérieures subissent eux-mêmes les affres du désoeuvrement.
Le correspondant de la télévision en France n’a pas trouvé mieux que de montrer les antres où se cacheraient les « fauves » pour se dérober du regard de la Guardia ou des Carabinieri. Il en appelle au sens de l’honneur national et du patriotisme, etc., etc.; il ne ressent assurément pas ce que nous ressentons ! Quant au vieil émigré, apparemment en retraite, bénéficiant certainement de revenus en euros, il peut toujours gloser sur les conditions défavorables que vit l’émigration. Mais il ne nous dit pas pourquoi il n’est pas rentré définitivement au pays, lui qui n’a plus rien à faire là-bas ?Et si on me posait la question : Que nous faut-il faire ?....je dirais simplement Sid Erraïs que la maison a été construite en fausse équerre, elle ne peut avoir, dans ce cas, que des travers. Rien n’est encore perdu si... __________________



Dernière édition par Admin le Mer 30 Avr - 19:59, édité 11 fois

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admin"SNP1975"

admin
Admin

Triste et emouvant ce témoignage qui exprime le desenchantement des jeunes algeriens envers les prédateurs de la nomenklatura. Je veux dire les colons indigenes.

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admin"SNP1975"

admin
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Le blocage est dans le Système rentier

"Si l'on ne peut soudoyer les mécontents pour qu'ils taisent leurs revendications, il faut les empêcher de s'organiser; s'ils le sont déjà ou arrivent à le faire, il faut les allécher pour les prendre dans la "toile de soumission au système"; si l'on ne peut les capter ou, comme on dit, les "normaliser", il faut provoquer des divisions entre eux afin de faire imploser leurs organisations; si l'on n'y arrive pas, il faut les provoquer pour qu'ils entrent en action, qui ne peut être qualifiée que d'illégale et pouvoir ainsi les réprimer, en emprisonner les leaders, les casser et poursuivre tranquillement notre mission à la tête de ce pays!". Telle semble être, à travers toutes les luttes citoyennes, syndicales et démocratiques qui éclosent de plus en plus, la logique qui préside à l'action délibérée du Pouvoir de la réconciliation avec les terroristes islamistes qui régente le pays face au mécontentement, au désenchantement et à la paupérisation de plus en plus massifs des Algériens/ennes.

Sinon, comment lire par exemple ses promesses à plus d'emploi, pour les jeunes notamment, quand il se refuse à tout investissement productif national structurant et joue à l'aveugle devant toutes les contraintes bureaucratiques et les pratiques de corruption qui rongent ses institutions et qui dissuadent plus d'un entrepreneur national à investir utile et durablement pour le pays? Comment lire son laxisme devant la gabegie qui caractérise le secteur public en charge de l'agriculture et le sinistre de cette dernière qui affaiblit notre pays au point où il se trouve quasiment désarmé devant l'actuelle crise alimentaire mondiale? Comment lire la médiocrité qui s'est encore développée dans la gestion des affaires publiques (Santé, Education, Fiscalité, Administrations, etc.)? Comment lire le maintien d'un état d'urgence dont les dispositions ne semblent être appliquées que contre les citoyens en lutte pour leur dignité et les forces démocratiques, les intégristes religieux porteurs du projet théocratique menaçant pour le pays étant, eux, à côté des gros "trabendistes", parmi les premiers bénéficiaires de la situation créée par la politique de ce Pouvoir ?

Comment lire ses incessants piétinements des lois de la République qui se traduisent, entre autres, par sa non reconnaissance de fait des dispositions positives de la Constitution et sa volonté de plus en plus avérée de les supprimer dans le cadre d'une soi-disant révision constitutionnelle, par son refus crâneur de reconnaître les syndicats autonomes dont nous saluons le courage et la persévérance dans la lutte, par son ingérence inqualifiable dans la désignation de la Direction de l'UGTA, qui lui est pourtant acquise corps et âme? Comment lire son action contre les cadres des entreprises nationales, notamment de Sonatrach et particulièrement de sa Division AVAL si ce n'est pour déstabiliser encore ce secteur stratégique de notre économie et de notre souveraineté? Comment lire, dans cette optique, l'accord donné pour l'ouverture d'un Bureau du FBI (en charge pourtant des seules affaires intérieures américaines) à Alger ?

Comment lire le traitement policier répressif qu'il réserve aux harragas qui échappent à la noyade? Comment lire tout cela et autres aspects non énoncés ici si ce n'est que le Système d'abord, et le Pouvoir qui l'incarne depuis une décennie ensuite, se refusent délibérément à mettre en œuvre une politique de salut national, à même de relancer le développement, de développer l'emploi, de répartir équitablement la richesse national, d'améliorer la qualité des divers aspects de la vie des citoyens/ennes, d'émanciper les libertés démocratiques et de mobiliser le pays pour le faire sortir de la crise multidimensionnelle qui le mine? C'est que jamais rupture entre gouvernants et gouvernés n'a été aussi nette; et jamais décennie n'a été autant porteuse de reculs, de dégradations, de retour aux archaïsmes et de détresse pour notre peuple, pour notre pays et pour ses institutions!

Comment alors, dans ces conditions, oser prétendre à un énième mandat présidentiel? En d'autres termes, où sont aujourd'hui "l'Honneur et la Dignité" (el-izza wal karama) promis aux Algériens/ennes pour espérer leur soutien pour un 3ème mandat? Heureux encore devraient être les soutiens de Bouteflika que notre société n'aient pas encore fait émerger les conditions à même de destituer démocratiquement un Président avant la fin de son mandat pour raison de conflits d'intérêts et/ou de mauvaise gestion des affaires et des intérêts suprêmes du pays.

IL FAUT QUE ÇA CHANGE !

Le blocage est dans le Système rentier bureaucratique corrompu et parasitaire, son pouvoir et ses institutions. Ce Système est arrivé à ses extrêmes limites et aucune évolution positive n'est plus à espérer avec lui. Et son blason ne pourra être redoré ni par les kermesses de soutien qu'animent ses partisans, ni par les condamnations tonitruantes de certains cercles et partis dits démocratiques qui apportent de l'eau à son moulin et légitiment ses institutions croupions en acceptant de cautionner les mascarades électorales qu'il organise en y participant et en trompant ainsi la société sur leur crédibilité (n'est-ce pas, Hocine Ali et son MDS frelaté?).

IL FAUT QUE TOUT CHANGE !

Renforçons nos organisations et ouvrons résolument le chantier politique décisif pour un vrai changement démocratique pour sauver notre pays du désordre général actuel et du risque de sa transformation en chaos ouvert!

"Par la lutte, l'Homme forge sa dignité. Toutes les fois que l'opprimé lutte, son humanité prend une dimension nouvelle; s'il renonce à la lutte, il renonce à une part de son humanité" ! (Abdelhamid Benhedouga, "Djazya et les derviches", 1982)

Fédération d’Oran du MDS

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admin"SNP1975"

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Il est de Chlef, la ville qui vient d’être secouée par une émeute de jeunes. Son poème est intitulé «Je partirai». Fréquentant les «harraga» depuis longtemps, j’y ai retrouvé cette inlassable quête d’un bonheur impossible ! Le voici


«De ce village damné, je partirai.
Ravagé par l'ennui, je le quitterai.
Le seul chemin à arpenter,
De jour en jour se rétrécit,
Comme un esprit qui se déprécie.
Mon unique activité,
Est la réunion dans un café,
D'un même breuvage arrosé,
Autour d'un jeu désuet,
Ecoutant la même chanson démodée.
A longueur de journée,
Les sorcières de la télé,
Singent des sirènes attardées,
Pour s'éteindre dans la lumière,
De la terre aride de la misère.
Sur l'autoroute, je filerai
Comme ces voitures enflammées,
Qui s'évanouissent dans la fumée.
Un jour, je partirai
Et plus jamais je ne reviendrai.»
Medjdoub Ali (Chlef)

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admin"SNP1975"

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L'UNIVERSITAIRE MOHAMED SAÏDI AU FORUM D'EL MOUDJAHID
"L'explosion sera plus intense que celle du 5 Octobre 1988"



Le Soir d'Algérie, 22 mai 2008
«Les réformes économiques et politiques ont échoué pour la simple raison qu’il n’y a jamais eu de projet de société depuis l’indépendance. Le système en place est pourri et doit se retirer pour laisser place à la nouvelle génération.» Il s’agit d’un constat, d’un cri d’alarme et d’un avertissement à qui veut l’entendre.
Rosa Mansouri - Alger (Le Soir) - Saïdi Mohamed, professeur à la faculté des sciences humaines et sociales de Tlemcen, n’a pas mâché ses mots, hier, devant les étudiants qui l’ont convié à débattre «du rôle de l’étudiant dans les réformes politiques». L’Union générale des étudiants libres (Ugel), qui a initié ce débat au forum d’ El Moudjahid, n’avait certainement pas prévu une communication d’une telle pertinence. Car contre toute attente, M. Saïdi a banni toute couleur partisane de la communauté estudiantine. Il a invité les étudiants à faire de même et à ne pas se faire arnaquer par les partis politiques, tous devenus opportunistes et sans valeurs à défendre. Le conférencier a dressé un tableau noir de la situation politique et économique nationale. Il craint même une explosion sociale qui ne tardera pas à se manifester et dont l’intensité dépassera de loin le mouvement du 5 Octobre 1988. «Ce qui s’est passé en 1988 devait être une leçon pour le système en place, mais les mêmes scénarios se reproduisent avec de nouveaux visages. L’élite a échoué en se divisant en francophones et arabophones. Nous sommes en train de reculer pendant que le monde avance», a-t-il déclaré, convaincu que la véritable réforme sera celle du changement du système et de la compréhension de ce qui se passe dans la société. L’Université est, par ailleurs, celle qui porte le plus les maux de la société, car son rôle est d’être une force de propositions et de changement, mais hélas, cette mission s’est transformée par la volonté du pouvoir en une usine de fabrication de diplômes sans valeur. Telle est la conclusion de M. Saïdi sur la position de l’Université aujourd’hui dans la société. Des propos certes qui ont choqué les étudiants de l’Ugel habitués à des discours lénifiants. «Vous ne devez pas chercher votre rôle, mais imposer le changement. Vous êtes une force et votre devoir est d’apporter des solutions aux problèmes de la société», a affirmé M. Saïdi à l’égard de l’assistance. «Qu’est-ce qui a été fait depuis 1988 ? Il faut vous poser des questions et chercher les réponses. La nouvelle génération doit prendre ses responsabilités», tout en s’interrogeant sur le devenir du pays dans vingt ou quarante ans, si le système est maintenu. Interrogé par ailleurs sur les mouvements de protestation déclenchés çà et là à l’intérieur du pays, M. Saïdi ne se fait aucune illusion s’agissant d’un début d’une révolte populaire qui risque d’enfanter une crise nationale à tous les niveaux, et à ce moment-là, les conséquences seront désastreuses. «Le désespoir est déjà dans les lycées, alors que dire de la société et de l’Université», fait-il remarquer, rappelant que la jeunesse a besoin de vivre et d’espérer.
R. M.

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admin"SNP1975"

admin
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«No» ancêtres et les Gaulois
par Ahmed Saïfi Benziane

Ce n’est pas pour jeter de l’huile sur le feu mais reconnaissons que la génération, née avant l’indépendance et ayant fréquenté l’école laïque coloniale, a vraiment de quoi s’énerver et trouver que non seulement la colonisation n’était pas positive, mais qu’elle était douteuse.

Franchement, dire même en plaisantant à un petit métropolitain indigène et indigent en tout point de vue, qui vient de découvrir l’école et la cantine, que ses ancêtres étaient des Gaulois au point d’y croire dur comme fer, pour découvrir à l’indépendance que le miroir était embué, relève d’un stratagème entaché d’irrégularités génétiques, culturelles et surtout politiques. Ce qu’y a perdu la France, elle le mérite. Ce qu’y a perdu ou gagné l’indigène et le pied-noir demeure discutable au cas par cas. Heureusement que l’école coranique était là pour effacer, le soir, ce qui était appris le jour. Elle mettait sans le dire en garde contre les égarements et l’attirance des bonnes odeurs de pâte à modeler et des institutrices parfumées à l’eau de Cologne, un sourire rougeoyant dessinant leurs lèvres minces comme un piège, leurs tabliers roses ou blancs, éternellement lessivés et journellement repassés. Des institutrices qui obligeaient leurs élèves à montrer leurs ongles nettoyés des impuretés de la veille et prouver, matériellement, qu’ils étaient porteurs d’un mouchoir de poche, dont on se demande pourquoi la langue française insiste pour le faire appeler ainsi, du fait que c’est toujours dans la poche que l’on met son mouchoir. Du temps où chacun avait un mouchoir pour ressembler à ce qui devait être ses ancêtres et pour se moucher sans le salir. Le plus risible, c’est que, paradoxalement, les images, qui illustraient les livres d’Histoire de l’époque, montraient Clovis, sa moustache pendante, un casque couvrant son chef, et portant sur son dos une peau d’animal en noir et blanc, aussi sauvage que le personnage; pendant que les pages suivantes montraient Sainte-Blondine attachée à un mât, offerte aux lions pour la punir de sa croyance chrétienne. Clovis n’avait pas de mouchoir et le situer dans le temps paraissait difficile pour le regard d’un enfant. On pouvait en déduire qu’en Algérie les gens étaient plus civilisés. On aurait pu. Entre temps, l’éducation religieuse de l’époque se limitait à faire apprendre le Coran par coeur, dans une langue aussi étrangère que le français, mais beaucoup plus proche de la maternité; faite pour l’érudition, ce qui fut fait, assis en tailleur sur une paillasse qui démange sans cesse l’arrière-train et à l’aide d’un balancement rapide du tronc d’avant en arrière, puis d’arrière en avant et à voix haute. Tout le monde en même temps, chacun récitant son chapitre sous l’oeil averti d’un maître enturbanné, un bâton à la main et éternellement somnolent. Il fallait apprendre d’abord et comprendre plus tard. Il ne faut surtout pas croire que les choses étaient faciles pour les enfants de l’époque. D’où un déséquilibre mental qui peut être pardonné pour une génération balancée entre un espace de récupération où l’école n’était qu’un prétexte et un espace social et familial qui résistait à la naturalisation d’une manière innée. Pour la majorité, celle qui n’avait pas droit à la scolarisation par éloignement des centres urbains ou par refus de s’intégrer aux mécanismes du marché colonial, porteur de valeurs contradictoires avec les principes religieux, les choses étaient différemment perçues. D’abord, point de scolarisation pour les filles en dehors de celles issues de familles « aisées » dont la colonisation voulait faire des modèles de réussite sociale, en leur suggérant un apprivoisement visible dans les tenues vestimentaires. En les intégrant par une initiation aux raffinements culinaires, aux soins obstétriques, à la couture, puis plus tard pour les plus assidues, aux langues, aux sciences et autres mathématiques. Cela a donné d’excellentes mères de familles, cultivées dans quelques lectures à l’eau de rose et adoucies par l’usage d’une langue, il est vrai, agréable à prononcer. Pour la majorité donc, l’apprentissage ne pouvait être accompagné que par les membres de la famille, le voisinage et par extension la tribu. La tribu constituait l’unité de référence par excellence reliée aux autres tribus par le fait religieux où la confrérie jouait un rôle régulateur loin des normes administratives coloniales, mais acceptées par elles. Le pouvoir était presque divin entre les mains d’un chef reconnu pour sa sagesse, son érudition incontrôlable, et qui décidait selon son bon sens. Une organisation du pouvoir comme une autre avec une particularité, celle où le chef pouvait se tromper sans pour cela que ses décisions puissent être remises en cause. Tout le monde était considéré comme appartenant à tout le monde en gardant les limites incestueuses sous bonne garde. Quand cela était possible. Puis la guerre et le choix du camp dont il faudra, un jour, faire l’autopsie en toute sérénité, loin de la passion et de la manipulation génératrice du vainqueur et du vaincu. La guerre tue l’espoir et laisse les traces de la haine se glisser dans les inconscients les plus résistants. C’est le prix de l’Histoire. Mais aujourd’hui que les années coloniales connaissent leur dernier souffle et que de nouvelles générations sont venues écrire leurs propres pages, avec une encre d’indépendance; aujourd’hui donc, les changements revendiqués devraient apporter une amélioration, ne serait-ce que dans l’image de ces Gaulois qui ont faussé les couleurs de notre société et perturbé la mémoire des anciens. Les Gaulois ne sont plus là et l’école coranique a intégré le système scolaire. Nos enfants comprennent mieux que nous le Saint Texte et les institutrices ont troqué le tablier rose ou blanc contre la djellaba et le hidjab. L’eau de Cologne, devenue trop chère, a cédé la place aux parfums orientaux offerts par les revenants du grand pèlerinage, ou achetés dans un nouveau commerce qui est en train de prendre racine dans nos rues principales. Nos enfants ont droit à des héros nationaux et Clovis n’a de sens qu’en tant que fruit de mer. Cette même mer engloutissant nos enfants qui s’y jettent pour rejoindre le pays de Clovis. La Tribu a officieusement, officiellement disparu, la scolarité est obligatoire y compris pour les filles, et l’art culinaire n’est qu’une transmission de cuisine entre deux émissions télévisées. Il reste, cependant, une petite nostalgie de l’ancienne époque ou la contradiction vient de la description d’un colonialisme connu par l’exclusion que son système provoquait, et l’indépendance pourrait être décrite par la même exclusion. Et c’est là ou le bât blesse. Car en fait, pour la majorité en dehors de l’ancestralité des Gaulois, qu’est-ce qui a changé en dehors des infrastructures et sur le terrain du comportement social ? Les bousculades pour l’acquisition de la nationalité française ou dans une moindre mesure le visa Schengen touche toute la société à l’exception de quelques résistants. La naturalisation est devenue à la mode si bien que celui ou celle qui n’y accède, pas est considéré comme un « sans-papiers » sans avoir à en réclamer le statut en France. Le discours sur la double nationalité, où la Mauritanie était prise en exemple, s’est tu pour moins déranger certains gouvernants et leurs familles. La France est devenue une terre promise pour de nombreux jeunes et moins jeunes à la recherche d’une appartenance. Et l’ancienne génération se demande encore si nos ancêtres, en fin de compte, n’étaient pas réellement Gaulois malgré ses énervements et la guerre d’indépendance.

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admin"SNP1975"

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Echec système pour des émeutes sans cause politique apparente
par K. Selim

Les émeutes se suivent et se ressemblent. Sans cause politique apparente, sans but politique apparent. Le régime peut jouer donc les apparences : ce sont des évènements qui arrivent partout ailleurs, des faits divers presque anodins gérables par le rétablissement de l'ordre. Une simple affaire de police, pas une affaire politique. Pourtant, ces émeutes, qui prennent une intensité plus violente, rassemblées avec l'actualité ordinaire du pays, celle des harraga, de la délinquance, de la drogue..., soulèvent bien des questions politiques. La ressemblance avec les évènements d'octobre 1988 devrait pourtant interpeller ceux qui détiennent les leviers de commande et leur interdire de banaliser les choses. Si les jeunes Algériens n'ont pas un discours politique, c'est que la possibilité même de la politique n'existe pas. Ce n'est pas justifier la violence ou l'émeute que de le constater. L'Algérie se répète, dangereusement. Le multipartisme, tel qu'il fonctionne, est si peu convaincant qu'il ne peut représenter une offre politique. Son inutilité sociale se manifeste cruellement devant son incapacité à être une passerelle, un recours possible. Les partis politiques ne sont que des virtualités lointaines qui ne font pas sens pour les citoyens. Ce n'est pas fondamentalement de leur faute. Ils oeuvrent dans le cadre d'un fonctionnement qui en fait, au mieux, des représentants du régime, mais dans tous les cas, un décor destiné à créer l'ersatz de pluralisme. Ils sont, de ce fait, incapables de représenter la société, de la structurer ou de l'éclairer sur les enjeux. Le préalable à cette capacité de faire de la politique et de structurer la société n'existe pas. Ce préalable est celui d'un fonctionnement du système politique où l'arbitrage populaire se fait à partir de programmes politiques concurrentiels.



Les bonnes questionsrestent sans réponses




L'Algérie est dans cette bizarrerie insurmontable où elle accepte que la concurrence puisse fonctionner en économie mais pas en politique. Or, sans concurrence politique, point d'implication de la société, point de crédit aux partis politiques et point d'élites politiques crédibles. On a, comme avant octobre 1988, une Algérie officielle qui tourne en rond, égrène ses succès, livre des chiffres éclatants et une société réelle qui accumule les frustrations et les colères. Deux mondes sans liens, qui ne se rencontrent que sur une route barrée ou une émeute qui ne cherche qu'un prétexte pour éclater. Depuis des années, la question de la représentation sociale réelle de la société se pose. En 1992, on a stoppé des élections en estimant que la société algérienne avait donné une mauvaise réponse - en votant pour le FIS - à de bonnes questions. Or, ces « bonnes questions » sont toujours là. Pourquoi ? Parce qu'en organisant une démocratie « spécifique », on a fait le choix de figer les choses au lieu de créer les conditions nécessaires pour accompagner et encadrer l'énorme énergie qui existe dans la société. On a choisi le conservatisme politique dans un pays de jeunes alors que seule une vie politique sérieuse et dynamique est en mesure de rationaliser les énergies. On découvre, avec le matelas de devises sur lequel le pays est assis, qu'il ne s'agit pas d'une simple question d'argent. C'est bien d'en avoir, mais à défaut d'une représentation politique sérieuse, d'une vie politique sérieuse et donc concurrentielle, l'argent disponible devient une cause de ressentiment de plus. Sur le fond, même les gens du pouvoir savent que le système de gouvernement actuel est dépassé, qu'il n'est pas en mesure de résoudre les graves questions qui se posent à l'Algérie. Ce système de gouvernement est un élément fondamental de la crise, il n'est pas la solution. La seule option est celle du changement. Il est inéluctable. La sagesse commande que ceux qui détiennent les leviers ouvrent cette perspective en libérant les espaces politiques, en cessant de régenter le champ politique. A défaut, on continuera à vivre dans ces violences d'apparences non politiques... Il y a, dans le pays, des réalités sociales volcaniques qui ne sont pas solubles dans l'immobilisme politique. La démocratie n'est pas la solution miracle, mais la non-démocratie est une non-solution. Cela fait au moins vingt ans que les Algériens le savent. Ils attendent encore que le système en prenne acte au lieu de se «rebooter» dans le vide.

Quotidien d'Oran

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