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admin"SNP1975"

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Actualités : SAÏD SADI À PARIS :
«La souveraineté politique et économique du pays n’a jamais été autant compromise»

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Le constat sur la situation que connaît l’Algérie aujourd’hui et sur la nature du régime à la tête du pays est amer . Ce constat n’est pas nouveau : Saïd Sadi a eu déjà à le faire en diverses occasions. Constat sans concession. Mais ce qui change aujourd’hui, point largement développé par le secrétaire du RCD, c’est l’existence d’amorces venues de la société civile — syndicats autonomes, jeunes, universitaires — qui peuvent changer la donne. Et ce pour peu que les initiatives citoyennes prises ça et là, en dehors des circuits de l’Etat, soient accompagnées par les politiques et relayées sur la scène internationale. A cette échelle, on ne demande pas à nos partenaires, dit encore le docteur Sadi, «de venir régler nos problèmes, mais nous sommes en droit de ne pas accepter ces politiques de courte vue où l’Algérie est réduite à un pipeline, un bazar qui sert les intérêts du marché occidental».


De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed

Pas d’illusion de transparence à se faire sur la mise au jour publique des scandales financiers qui secouent actuellement le pays. Ce n’est pas nouveau : « Depuis octobre 1988, chaque fois qu’un événement important — en bien ou en mal, d’ailleurs — apparaît sur la scène publique, c’est toujours le fait d’un dérapage, d’un affrontement clanique ou d’un incident inhérent à la répartition de la rente», et tout se passe, dit encore Saïd Sadi, comme si la corruption n’était pas ancrée profondément dans la gouvernance actuelle.» Et d’ajouter : «L’on concède alors quelques victimes pour faire occulter le caractère systémique de cette corruption. » Lorsque l’on admet qu’il y a problème et que l’on en parle, «ce ne sont généralement que des répliques des grosses corruptions qui, elles, ne sont pas traitées par la justice», le cas Sonatrach en est une illustration. Dans ce type d’affaires, ce n’est malheureusement pas «le cœur de la corruption» qui est visé et traité. Aujourd’hui, ce qui est nouveau, relève le leader du RCD, c’est que «l’on se rend compte que la rente pétrolière qui a régulièrement servi la clientèle ne suffit plus à cautériser et masquer les fractures et lézardes qui étaient latentes dans le régime». Et dans cette situation de «faillite générale et de faillite institutionnelle », le régime répond par du bricolage. La preuve, pour le docteur Sadi, tient au dernier remaniement ministériel «qui illustre jusqu’à la caricature l’autisme du régime ». Et aucun signe dans ce remaniement n’est porteur d’un message pouvant donner à penser «qu’il y a eu une prise de conscience de la gravité et de la nature de l’impasse dans laquelle se trouve le pays». Tout se joue dans un exercice d’équilibriste : «Je te lâche une partie, mais je me débrouille pour rééquilibrer les pertes que j’ai pu concéder sur d’autres départements ministériels.» La situation décrite est on ne peut plus sombre. Le délabrement des institutions a conduit, dit le leader du RCD, «à un état lépreux». Et au lieu d’y faire face «à travers une dynamique politique assise sur une hypothèse doctrinale dont on peut penser ce que l’on veut, il y a une espèce de repli sur soi où les archaïsmes tribaux prennent le dessus sur toute forme de projection politique». S’il fallait s’en convaincre, il suffit juste de voir que ce sont toujours les mêmes qui squattent le gouvernement, et y compris, depuis quelques temps, les paliers intermédiaires que sont les banques, les douanes, l’armée… Cette façon de faire est devenue «une véritable construction nationale». Et c’est cela qui fait aujourd’hui quelque peu bouger les choses. Si jusque-là les «classes moyennes largement paupérisées» se sont murées dans le silence et la passivité, attendant que quelqu’un vienne les libérer des prédateurs, aujourd’hui, des réactions se manifestent, «des ressorts dont on pensait qu’ils étaient au minimum grippés sinon définitivement cassés se remettent en mouvement ». Il en est ainsi, explique Saïd Sadi, des syndicats autonomes qui se sont organisés en dehors de toute tutelle, des universitaires de plus en plus nombreux qui sont revenus dans le débat médiatique national «par des contributions assez audacieuses » et plus récemment d’une volonté affichée par beaucoup de «se réapproprier une partie du débat national, y compris lorsqu’il s’agit de choses immatérielles comme l’histoire». C’est en cela et en beaucoup d’autres petits réveils timides qu’il faudra, selon le docteur Sadi, travailler même s’il faut prendre ces initiatives pour ce qu’elles sont, des amorces pour l’instant, même si pour les syndicats autonomes elles constituent une organisation structurée, inscrite dans la durée». Cela ne suffit naturellement pas et il nous revient à nous les politiques, dit-il, d’agir car ce régime finissant, ne serait-ce que par biologie, «va être à un moment ou à un autre dépassé ». C’est pourquoi, explique-t-il, «il ne faudrait pas que tout cela se fasse dans un climat de désespoir où les aventures les plus folkloriques ou les plus dangereuses peuvent servir de prétexte au pouvoir et tuer l’espoir ». Le «réveil frémissant» des citoyens qui s’observe aujourd’hui en Algérie «doit trouver écho» à l’échelle internationale. Et en direction de ceux qui n’auraient pas compris cet appel à l’étranger, le docteur Sadi explique que l’on n’attend pas que l’étranger règle nos problèmes «mais qu’il prenne ses responsabilités par rapport au cas algérien». Et de noter encore que «la souveraineté politique et économique du pays n’a jamais été autant compromise». L’Algérie est dominée par un triptyque tragiquement simple : coup d’Etat- fraude électorale-corruption généralisée. «Il est temps, dès lors, que l’on règle le problème de la fraude électorale» par des contrôles sérieux de la communauté internationale, basés sur un cahier des charges clair et «rédigé par nous». C’est là que réside, selon lui, «le nœud gordien du problème». Et Sadi de conclure qu’il «est irresponsable de croire que les dirigeants actuels vont être pris d’un moment de lucidité». «Il y a un conglomérat de clientèles qui sont liées par des archaïsmes tribaux », assure-t-il.
K. B.-A

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admin"SNP1975"

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le "crime inavoué " de l'histoire de l'indépendance algérienne

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Le dernier livre de Saïd Sadi, Amirouche. Une vie, deux morts, un testament, a secoué la vie politique et médiatique algérienne. Des historiens, des anciens de la guerre et des cadres du Front de libération nationale (FLN) sont intervenus dans la presse nationale. Même le Ministère de l’armement et des liaisons générales (MALG), le service de renseignement de l’Armée de libération nationale (ALN), est sorti de sa réserve habituelle pour dire ses vérités. Il s’agit de la biographie du colonel Amirouche Aït Hamouda, responsable de la wilaya III (Kabylie) et bête noire de la France qui mobilisa vainement, pour en venir à bout, « près de 11 000 hommes, auxquels s’ajoutèrent les unités locales ; 8 généraux et 27 colonels (1) » lors de l’opération Brumaire en 1958.
Saïd Sadi confirme la thèse de la trahison d’Amirouche par certains de ses camarades. Alors qu’il se rend à Tunis, pour rencontrer l’Armée des frontières (2), les forces françaises lui tendent une embuscade : son itinéraire leur a été communiqué. Lui, son compagnon Abderrazak Hamouda (3) et une quarantaine d’hommes seront tués le 28 mars 1959. Le texte aborde aussi la « deuxième mort » du Colonel : en 1963, « Boumediene […] fit déterrer clandestinement ses restes pour les séquestrer dans la cave de l’Etat major de la gendarmerie nationale (4) » où ils ont été retrouvés en 1983.
La polémique suscitée par le livre de Sadi n’est pas la première du genre. En 1999, Ali Kafi, colonel de la wilaya II (Nord Constantinois), publie ses mémoires où il discrédite le Congrès de la Soummam (5) et s’en prend à la figure d’Amirouche dont les compagnons ont répliqué via la presse nationale. En 2002, sur la chaîne Al-Jazeera, l’ancien président Ahmed Ben Bella défraie la chronique en accusant l’« Architecte de la Révolution », Abane Ramdane, assassiné en 1958 par ses camarades (6) d’avoir été un « traître ». Cette calomnie a été suivie par de nombreuses condamnations, dont celles de Abdelhamid Mehri, Yacef Sadi ou la veuve du révolutionnaire. En revanche, Lakhdar Ben Tobbal, à la tête de la wilaya II, justifie ce crime dont il est l’un des instigateurs : « Abane Ramdane mérite plus que la mort parce qu’il a été un dictateur (7). »
Une année après, Khaled Nezzar publie Algérie. Le Sultanat de Bouteflika. Le général à la retraite reproche à l’actuel président son manque d’engagement dans la guerre d’indépendance et de n’avoir pas connu le maquis. D’après Nezzar, Bouteflika a appris, au Mali, « par l’ouïe (8) » les faits de guerre qu’il s’attribue. L’auteur revient aussi sur la prise du pouvoir, en juin 1965, par l’armée des frontières de Houari Boumediene, que Chadli Bendjedid, ancien chef d’Etat (1979-1992), a voulu légitimer lors d’un colloque organisé à El Tarf en 2008. Faisant fi des turpitudes de son mentor, il parle des « “déserteurs tardifs de l’armée française”, [qui] ont été affectés aux trois zones de la base de l’Est. “Pour nous espionner” (9) » et cite parmi ces « espions » Khaled Nezzar lequel répliquera et donnera lieu à une longue polémique dans la presse (10).
Les différentes invectives de cette décennie tournent autour des dernières années de la guerre, profondément liées au présent. Les apports originaux à l’Histoire sont rares et chacun, comme le dit Chadli, veut « rectifier certaines choses » dans le récit historique. On assiste à des lectures variées sur des faits que les historiens tiennent depuis longtemps pour acquis. Pourquoi alors tant d’insistance à redire les mêmes choses ?
L’enjeu principal est la légitimation ou la délégitimation de l’institution étatique post-coloniale et s’appuie sur les deux figures symboliques d’Abane Ramdane et Houari Boumediene. En effet, l’obsession des intervenants est « l’indépendance confisquée (11) » par le « clan d’Oujda » qui justifie la suppression du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), mythifie l’armée des frontières et calomnie l’armée de l’intérieur et les organisateurs du Congrès de la Soummam. Au même moment ceux qui s’identifient aux dirigeants historiques de l’intérieur déconstruisent le récit officiel et rappellent que l’armée des frontières a pris le pouvoir en menant la guerre contre les maquisards qui ont combattu la France.
D’après l’anthropologue et psychanalyste algérien Nabile Farès, lui-même fils d’une grande figure indépendantiste, ces polémiques sont « la conséquence du crime inavoué : l’assassinat d’Abane Ramdane [car] l’impasse algérienne s’est constituée autour de la prise du pouvoir par l’Etat Major Général ». En effet, l’acte fondateur des institutions de l’Algérie indépendante n’est pas le Congrès de la Soummam qui redonnait une citoyenneté à tous les Algériens dans un pays multiconfessionnel assumant ses différences culturelles et qui, surtout, prônait la primauté du politique sur le militaire et de l’intérieur sur l’extérieur. Ces institutions ont surtout pour fondation le meurtre, en 1957, de l’architecte de la Révolution par Lakhdar Ben Tobbal et Abdelhafid Boussouf, successeur de Larbi Ben M’Hidi à la tête de la wilaya V (Oranie) (12). S’adressant à tous les Algériens sans exclusive, ouvert à toutes les différences, rassembleur et laïque, Abane était porteur d’un projet politique aux antipodes du régime militaire mis en place par le « clan d’Oujda ». L’assassinat des opposants au pouvoir a d’ailleurs été la règle sous Ben Bella et Boumediene. En témoigne la fin tragique du ministre des affaires étrangères, Mohammed Khemisti, assassiné en 1963. Il fut suivi par Mohammed Khider, Krim Belkacem, Mohamed Seddik Benyahia, André Mecili…
Même les membres du « clan d’Oujda » s’entre-déchirent. Chacun voulant légitimer son autorité, ils se délégitiment en tant qu’institution clanique. Ici aussi, le débat tourne autour de la figure de Boumediene qui place qui il veut quand il veut et où il veut. Pour Nabile Farès, ces déchirements n’ont rien d’étonnant : « Ces gens ont été envoûtés par un discours hypnotique. Ils sont en train de se libérer de Boumediene ».
Les historiens observent une certaine neutralité à l’égard de ces débats et refusent, comme Daho Djerbal, d’« ajouter à la polémique ». Ils continuent de dénoncer « l’inaccessibilité et la non-communicabilité des archives en Algérie (13) ». Pendant ce temps, ni Bouteflika, ni aucun autre membre du gouvernement n’a participé à la controverse, même si la ministre de la culture a voulu empêcher la parution du livre de Saïd Sadi. En revanche, le pouvoir central continue à donner de l’épaisseur à l’Histoire officielle. L’Etat veut financer un film sur l’émir Abd-el-Kader dont la réalisation serait confiée à Rachid Bouchareb, alors qu’une série sur l’héroïne Lalla Fatma N’Soumer (1830-1863), dans des décors du XXIe siècle, est diffusée actuellement par la télévision nationale.

Ali Chibani 16 juin2010 le monde diplomatique

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admin"SNP1975"

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_.La publication de votre livre a soulevé une tempête dans les milieux politiques proches du pouvoir algérien. Est-il possible d’en résumer le contenu ?

Said Sadi : Ce livre rapporte les circonstances de l'émergence et de la mort du colonel Amirouche, responsable des maquis de Kabylie, pendant la guerre de libération, d’aucuns disent qu’il fut le Jean Moulin algérien. Son aura était telle qu'à sa mort, le 28 mars 1959, des responsables français n'ont pas hésité à annoncer la fin de la guerre. Il a été tué, alors qu'il se dirigeait sur Tunis, par les troupes du général Massu qui avait déployé une véritable armada sur son chemin après une trahison des services spéciaux algériens, lesquels ne tenaient pas à ce qu'il arrive en Tunisie. En fait, quand il se dirigeait sur Tunis, il était mandaté par ses collègues de l'intérieur pour régler deux problèmes qui ont détourné le destin algérien. Il voulait faire rentrer les troupes que Boumédiene (président algérien de 1965 à 1978, ndlr) avait stationnées aux frontières pour préparer l'après-guerre et redéfinir les prérogatives du service qui allait devenir plus tard la fameuse sécurité militaire qui confisque toujours le pouvoir politique. En 1964, c'est à dire deux ans après l'indépendance, la France indique au gouvernement algérien l'endroit où elle avait secrètement enterré Amirouche et son ami Haoues qui dirigeait le sud. Boumediene les fait déterrer clandestinement et ordonne la séquestration de leurs restes. La tempête soulevée par ce livre est due au fait que la mémoire de la guerre, en Algérie comme en France d'ailleurs, est restée en friche. La censure ou les manipulations qui ont fixé les dogmes et les repères du pouvoir d'après 1962 sont brutalement remises en cause par les témoignages et les documents rapportés dans cet ouvrage. Ceux-ci démontent à travers la vie, la mort et la séquestration d'Amirouche des mécanismes qui ont provoqué l'impasse dans laquelle végète aujourd'hui encore l'Algérie.


_. A-t-on tenté d’en empêcher la publication ?

Tout a été tenté. Depuis le refus de donner le dépôt légal jusqu'à la menace adressée par le ministère de l'intérieur aux imprimeurs dotés de rotatives capables de répondre aux besoins du tirage. Malgré ces entraves et grâce à plusieurs artisans, le livre est un phénomène d'édition puisque pus de 30 000 exemplaires produits à compte d'auteurs ont été vendus en moins d'un mois et demi; ce qui est inédit en Algérie où le best seller tourne entre 5 et 10 000 exemplaires.


_.Comment la société civile réagit-elle dans le débat que vous avez suscité ?

L'accueil réservé au livre à révélé plusieurs choses. D'une part, on découvre que le citoyen algérien, malgré de légitimes déceptions, est capable d'écoute quand des sources crédibles traitent de sujets qui le concernent. Face aux séries d'agressions venant des hommes du sérail et de leurs affidés qui ont suivi la parution du livre, des personnalités de la société civile, écrivains, magistrats, anciens officiers de l'ALN, syndicalistes, universitaires...ont décidé de lancer une pétition "pour une histoire citoyenne". Une fois mise en ligne, elle a été signée par des milliers d'Algériens. Des étudiants arabisants demandent que le livre soit traduit en arabe, ce qui sera fait dans un mois. Des rencontres sont déjà organisées dans les campus pour voir comment embrayer sur l'ouvrage en prenant d'autres initiatives. Tout se passe comme si une énergie latente, refoulée depuis longtemps avait été révélée par le rappel du parcours d'un héros auquel, consciemment ou inconsciemment, l'Algérien en mal de repères structurants, veut s'identifier. J'observe au passage que depuis que le livre est édité en France par L'Harmattan, la communauté émigrée se mobilise de nouveau, de même d'ailleurs que les Français qui ont eu un lien avec l'Algérie. Cela peut être le soldat, le pied-noir ou le coopérant qui a travaillé après 1962.


_.Quels liens peut-on établir entre les épisodes troublants sur lesquels vous revenez à l’appui de témoignages et la situation actuelle en Algérie?

Jusque là la révolution algérienne a été aseptisée par le régime qui en a fait un outil de légitimation du pouvoir politique. Le livre rappelle que cette époque a eu ses zones d'ombre et suggère que si Amirouche était arrivé à Tunis, l'Algérie aurait probablement connu un autre destin dans la mesure où le coup d'État de l'armée des frontières de 1962 n'aurait pas eu lieu. C'est toute la violence et l'illégitimité du pouvoir qui sont mis en débat. Il était temps.


_.Quelle est votre position s’agissant de la repentance exigée avec insistance de la France par le pouvoir Algérien ?

La France comme l'Algérie refusent de regarder de façon adulte et sereine leur passé commun. Il y a de part et d'autre trop de manœuvres. Pour autant, je n'adhère pas à la démarche du pouvoir d'Alger qui exige la repentance de la France à chaque fois qu'il est en difficulté intérieure. J'en parle dans mon livre, si la France- qui a par ailleurs des épisodes de son histoire à valoriser, veut construire sa mémoire sur le fait colonial, cela reste une affaire franco-française. De l'autre côté, il appartient aux Algériens de regarder ce que l'on a fait de leur histoire. C'est à cela que j'ai invité à travers ce livre.[/SIZE]


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Le 3 juillet, jour effectif de notre indépendance, le colonel Mohand ou Lhadj plantait le drapeau algérien à Sidi-Ferruch, sur les lieux mêmes où débarqua l’armée coloniale qui allait mettre entre parenthèses le destin algérien pendant 132 ans. Par la suite, Ben Bella décida que la date officielle de notre libération devait être décalée au 5 juillet, reportant du même coup l’accomplissement de la souveraineté algérienne.
Depuis, le pays survit entre les coups d’Etat, les scandales financiers, les révoltes avortées et le désespoir de la jeunesse. 48 ans après, presque jour pour jour, j’aperçus en face de l’Assemblée nationale un père qui menaçait de se jeter dans le vide quarante mètres plus bas avec ses trois enfants. Ancien policier, il était sans emploi ni logement. J’ai dû ruser pour pouvoir l’approcher, le ramener à la raison avant de l’accompagner dans des démarches qui lui permettraient de retrouver un semblant de dignité. Maintenant que les désillusions footballistiques nous ramènent à la réalité, nous pouvons retrouver notre quotidien avec ses amertumes, ses égarements et ses lâchetés. Il ne se passe pas une semaine sans qu’un évènement vienne nous rappeler notre malédiction. En quelques jours, j’ai pu lire le courrier d’un citoyen anonyme dans El Watan, un communiqué du président de l’Association des anciens condamnés à mort, l’interview de monsieur Mahsas dans Echchourouk, une contribution d’un ancien trotskyste dans le Quotidien d’Oran et, pour boucler la boucle, deux interventions de M. Addi Lahouari, l’une publiée par le Soir d’Algérie et l’autre par un quotidien électronique ( le Quotidien d’Algérie). Ces positions illustrent, chacune à sa manière, la crise qui nous paralyse depuis un demi-siècle. Injurieuses pour certaines, révisionnistes pour d’autres, malsaines pour toutes, ces sorties n’ont ni ému, ni inquiété les gardiens du temple qui ont trouvé énergie, solidarité et colère pour appeler au lynchage de Saïd Sadi après la sortie de son livre sur Amirouche.
La diabolisation et la rente
Le citoyen anonyme reprend le slogan du MALG : tout Algérien issu de la Kabylie ne peut être qu’un dangereux régionaliste s’il ne maquille pas son origine. Le président de l’Association des condamnés à mort, M. Mostefa Boudina, monte au créneau pour nous apprendre que le pays est toujours sous la menace des ennemis du peuple, que l’Histoire a ses propriétaires et qu’il faut faire front contre les périls qui pèsent sur l’Algérie maintenant que «la nation a atteint sa vitesse de croisière» en matière de développement. Je connais bien M. Boudina. Ne voulant pas tomber dans le piège de la polémique primaire dans laquelle il veut nous entraîner, je lui épargnerai certains détails de son parcours qui lui ont permis de traverser toutes les turbulences de la politique algérienne depuis 1962. Je lui rappellerai seulement que dans les années 1980, mouhafedh, il pourfendait en Kabylie les opposants «alliés de l’impérialisme» qui attaquaient un Etat fragilisé. Il hurlait avec les maîtres d’alors pour exiger le silence de tous. Maintenant que le pays est, selon lui, en pleine croissance, il faut aussi se taire pour jouir de la prospérité ramenée par celui qui a fait de lui un membre du Conseil de la nation. En fait, la croissance concerne les comptes en banque de monsieur Boudina et de ses amis. Car ni les anciens condamnés à mort ni leurs enfants n’ont trouvé son écoute ou son soutien. Je l’informe que le fils de Saïd Babouche, le deuxième militant exécuté par la France coloniale, après le chahid Zabana, est décédé dans le plus grand dénuement il y a seulement un mois sans que le président de l’Association des condamnés à mort ait daigné adresser le moindre message à la famille. Il est vrai que Nacer Babouche n’avait pas su se mettre du côté de ceux qui savent profiter de «la vitesse de croisière» puisqu’il était avec nous en prison en 1985 lorsque nous avions créé la Ligue des droits de l’homme. Pour monsieur Boudina, même pour les condamnés à mort, il y a un premier et un deuxième collège. Monsieur Mahsas, pour sa part, reste fidèle à lui-même. Depuis 1955, il passe son temps à intriguer, insulter les héros martyrs et à assouvir ses haines. Abane, qui l’accusait, avec de bonnes raisons, d’être un danger ambulant pendant la guerre, est traîné dans la boue. Mahsas, qui fut arrêté et emprisonné en 1957 pour opposition aux résolutions et aux organes issus du congrès de la Soummam, c'est-à-dire de la Révolution algérienne, n’avait dû son salut qu’à l’intervention des services secrets tunisiens qui l’ont libéré et envoyé en RFA où il coula des jours paisibles jusqu’à l’indépendance, quand Ben Bella arriva dans les bagages de l’armée des frontières. Boumediène, qui l’avait longtemps pourchassé, se voit malgré tout salué comme un homme «innocent du sang d’Amirouche». Il y a toujours des priorités dans la vie. Les séquestrations des restes du colonel de la Wilaya III et de son collègue de la Wilaya VI sont passées par pertes et profits. M. Mehsas, incorrigible bricoleur politique, estime que les deux officiers n’ont eu que ce qu’ils méritaient. La séquestration est même implicitement assumée comme une sanction légitime. J’ai longuement hésité avant de rendre publiques les révélations d’un agent secret espagnol qui a bien connu M. Mahsas quand il était ministre de l’agriculture au lendemain de l’indépendance. Mais puisque M. Mahsas ne veut pas sortir des égouts autant l’y suivre un moment. A la page 173 du livre intitulé Cygne, mémoires d’un agent secret publié par les éditions Grasset en 1976, Gonzales Malta raconte comment «le ministre malhonnête» a détourné un million et demi de dollars qui devait servir à payer 150 000 moutons achetés par l’Algérie. Il fit payer les Espagnols par l’orge donné par les États-Unis au peuple algérien et «le million et demi de dollars était alors passé sur un deuxième compte, personnel cette fois, qui appartenait au ministre algérien », écrit l’agent espagnol. Evidemment, le compte en question a été ouvert en Suisse. Pour le reste des détails montrant la moralité du personnage qui enregistrait dans des situations délicates certains membres du gouvernement, je renvoie le lecteur au livre sus-cité. Cela fait 34 ans que ce récit a été publié, M. Mahsas n’a toujours pas daigné déposer plainte pour diffamation. Comment un homme qui a commis tant de crimes et qui s’est même mis au service d’une puissance étrangère pendant la guerre de libération, ose-t-il continuer à déblatérer en toute impunité sans que les instances supposées veiller à la protection de la mémoire des martyrs et la dignité de la nation ne pipent mot ?
Le révisionnisme se dévoile
Quant au nostalgique du MNA, qui invite les Algériens, à la veille de la commémoration de l’indépendance, à accorder à Messali le statut que les Sud- Africains reconnaissent à Mandéla, il a peut-être raison de se poser en dépositaire d’une mémoire algérienne vacante ou abandonnée à la manipulation. Les milliers de militants du FLN tombés en France et en Algérie sous les ordres de Messali et les balles de son chef militaire Bellounis sont des fantômes qu’il faut savoir oublier. Ni les Kafi, ni le MALG ou tous ceux qui ont déversé leur bile sur Saïd Sadi ne semblent inquiets ou offusqués par ces trahisons, ces impostures et ces amalgames. L’alerte de M. Si Ouali Aït Ahmed, ancien officier de l’ALN, publiée récemment dans le Soir d’Algérie, interpellant ses collègues quant aux risques qu’il y avait à démissionner devant ces agressions contre les symboles de la nation, résonne comme la voix d’un juste dans un monde gagné par la compromission et la lâcheté. Mais dans toute cette descente aux enfers, le signal le plus désolant et le plus inquiétant pour la nation est donné par l’universitaire Addi Lahouari. Les Algériens ont lu, dans le Soir d’Algérie, le texte de la conférence qu’il avait donnée à Tizi- Ouzou il y a trois semaines de cela. Il y déclara que «Saïd Sadi a délégitimé le pouvoir en écrivant un essai sur l’histoire» ; essai dont il avait salué la publication, ajoutant que le pouvoir «a été incapable de se défendre». On ne sait s’il a été «sensibilisé» depuis par son clan mais, le naturel revenant toujours au galop, il commet une interview dans un quotidien électronique où je laisse le lecteur apprécier la qualité intellectuelle et la rigueur morale de l’universitaire. Je cite M. Addi : «J’ai cherché à donner mon point de vue à Tizi-Ouzou parce que j’étais gêné par la tournure pro et anti kabyle que prenait la polémique dans les journaux. Il fallait “dékabyliser” le débat et le centrer dans son cadre politique et théorique…. Il est de la responsabilité de notre génération de ne pas transmettre à nos enfants la haine entre groupes sociaux. Pour revenir à l’ouvrage de Saïd Sadi, il a le droit d’écrire un essai d’histoire. Je ferai néanmoins une remarque car Saïd Sadi est un homme politique. Je pense que sa démarche n’est pas cohérente dans la mesure où, d’un côté il critique le MALG et, en cela, il a tout à fait raison et, d’un autre côté, il a soutenu le néo MALG, le pouvoir réel, quand il a annulé les élections de janvier 1992. Il a condamné le coup d’Etat de 1962 mais a soutenu celui de janvier 1992 ! S’il répond que l’armée a sauvé la République en 1992, il doit accepter l’idée que le MALG a sauvé la révolution. Un homme politique doit être cohérent pour être crédible. Il dira qu’il critique le régime, mais en fait, il s’en prend surtout au pouvoir formel, alors que tout le monde sait que Bouteflika n’a aucune autorité. Un ami à Oran me disait : Saïd Sadi critique le pouvoir formel qui est de l’ouest et oublie le pouvoir réel qui est de l’est.» M. Addi qui demande de la cohérence au militant Saïd Sadi ne s’embarrasse pas de logique en ce qui le concerne. Il refuse que l’on ethnicise le champ politique mais endosse la lecture de son ami oranais qui déplore que le pouvoir formel soit à l’ouest alors que le pouvoir réel est à l’est. On ne voit pas pourquoi le pouvoir, réel, formel ou même virtuel devrait, par principe, être de l’ouest, de l’est, du nord ou du sud. A suivre M. Addi, il suffirait d’inverser la formule pour qu’il y trouve son compte, les problèmes de l’Algérie, otage d’un pouvoir pendulaire, peuvent attendre.
Notre universitaire veut sortir le débat politique des complicités régionales mais absout Bouteflika et ne semble pas gêné par la tribalisation des institutions qui s’accompagne d’un dangereux rejet de l’ouest où, ayant vécu mon enfance pendant la guerre de libération, j’avais trouvé aide et amitié quand cette partie de notre pays s’exprimait par des voix autres que celles de M. Addi et consorts. Enfin, il reproche à Saïd Sadi de ne pas avoir adhéré à sa «régression féconde» qui allait accoucher d’un ordre politique dont il a pris soin de se protéger en désertant le pays pendant toute la période où celui-ci menaçait de se réaliser. Après les manipulations qui ont suivi l’assassinat de mon ami Matoub, j’ai eu plusieurs fois l’occasion de voir comment des cadres algériens ayant fui le pays ont retourné leur veste du jour au lendemain pour se mettre en phase avec ceux qui nous expliquaient que nous n’étions pas mûrs pour la démocratie. Le discours préparé dans les cercles d’une certaine gauche française fut ingurgité par des indigènes comme M. Addi qui devaient apprendre la chanson du «qui-tue-qui ?» pour mériter quelques vacations dans certaines facultés ou quelques piges dans la presse au prix du reniement des valeurs de Novembre et de la Soummam.
L’ivresse de l’arrogance
Pour M. Addi, toutes les interventions remettant en cause une légalité formelle, pour reprendre son expression, seraient identiques et participeraient toujours d’une démarche putschiste : les acteurs de Novembre seraient des putschistes, et à le suivre, il en serait de même pour Mandela, de Gaule en 1940… Voilà où en sont certains universitaires algériens aujourd’hui. Ce que sait M. Addi et qu’il préfère taire, c’est que des pans entiers de l’armée et la plupart des institutions avaient fait allégeance aux «chouyoukh». C’est la levée en masse des forces républicaines auxquelles il s’est opposé qui ont empêché un basculement qui aurait irrémédiablement mené au naufrage du pays et à l’enterrement définitif du projet de la Soummam. Aujourd’hui que des «naïfs» ont provisoirement sauvé l’Algérie, M. Addi daigne nous rendre visite pour nous donner des leçons de crédibilité et de courage. C’est indigne. Ce n’est plus l’universitaire qui parle mais un «romain» de Sant’Egidio, c'est-à-dire un acteur politique qui, au lieu de s’excuser pour sa désertion et sa félonie, se rappelle à nous pour faire dévier l’histoire et, pourquoi pas, se placer après que d’autres, toujours les mêmes, eurent dénoncé des crimes commis au nom du peuple et qu’il s’est bien gardé d’aborder auparavant. Comme le MALG, M. Addi saisit l’occasion d’un livre écrit sur Amirouche pour attaquer un responsable politique défendant un projet opposé au sien. Pour lui, cela est honnête et cohérent. Si M. Addi s’est invité à nouveau à ce débat dans la presse nationale avec un tel parti-pris, c’est qu’il compte peser dans un domaine qu’il devine important pour la redéfinition de la scène politique. On peut imaginer que M. Addi, en mal de notoriété, ne va pas lâcher sa proie facilement, comptant sur l’usure, le découragement et la censure qui brident les Algériens pour réintroduire ses thèses qui ont scandalisé en leur temps ceux qui sont restés se battre pour l’honneur et la liberté de notre pays. Tant mieux, cela permettra d’éclairer les positions politiques des uns et des autres et, dans ce combat, nous serons toujours prêts pour rétablir la vérité des faits. L’impudeur de M. Addi est un signe important de la crise politique et morale qui frappe l’Algérie. Dans des situations similaires, des gens coupables de ses méfaits fuient, se cachent, se taisent ou, du moins, s’excusent. En Algérie, la confusion qui brouille tous les repères et les protections claniques permettent à la trahison de s’exprimer de façon éhontée. Pourtant, notre histoire devrait vous instruire M. Addi. A la veille du 1er Novembre 1954, des hommes de votre acabit, croyant que le peuple algérien était exclu de l’histoire, manifestaient la même arrogance. On ne peut pas attendre du MALG, qui porte un héritage politique fait de violence et d’échecs, d’être lucide. Il est vain de demander à des personnes comme MM. Boudina ou Mahsas de croire en une vie publique contrôlée par les citoyens. Un vieux trotskiste refuse, par définition, la réalité. Mais pourquoi un universitaire défend-il des idées auxquelles il ne croit pas ? Pourquoi tient-il un discours en Kabylie et avant de soutenir son contraire dans un site Internet moins d’une semaine plus tard ? Pourquoi assume-t-il un pouvoir pour la seule raison qu’il est confisqué par les gens de sa région, un demi-siècle après l’indépendance ? Pourquoi ce dédain laisse-t- il indifférent ? Voilà un vrai problème dans l’Algérie de 2010. M. Addi, les héritiers du MALG, MM. Boudina et Mahsas, qui veulent refaire notre histoire, sont des séquelles d’une mémoire blessée mais en cherchant à brouiller les cartes de la décennie rouge, vous vous essayez, vous aussi, au révisionnisme. Vous êtes plus dangereux car, en vous abritant derrière l’université pour désinformer, vous menacez l’avenir.
Mauvaise conscience
Quand je pense que des personnes de ce genre enseignent et décident de l’avenir de nos étudiants, je suis inquiet. Non seulement ces élites ne jouent pas leur rôle dans les luttes démocratiques mais elles sont souvent les premières à attaquer ceux qui ont refusé d’abdiquer. M. Addi, vous avez à peu près le même âge que Saïd Sadi. Pendant que vous construisiez votre carrière à l’ombre du parti unique, il a mené, au péril de sa vie et de sa liberté, tous les combats que des universitaires comme vous deviez porter. Les droits de l’homme, la question identitaire, la laïcité, le statut de la femme, la régionalisation… ont été adaptés à notre histoire et inscrits dans le débat national par Saïd Sadi et ceux, bien rares, qui ont accepté de l’accompagner. Avec un certain nombre d’amis, nous avons longtemps essayé de savoir pourquoi des hommes comme vous s’acharnent contre ces acteurs. Nous avons fini par comprendre. Vous êtes trop vaniteux pour assumer une démission que vous voulez maquiller en essayant de salir ceux qui ont agi au moment où vous vous cachiez. Saïd Sadi et ceux qui se réclament de son combat sont votre mauvaise conscience. A la veille de la commémoration de notre indépendance, des anonymes bannissent des citoyens au motif qu’ils sont originaires de Kabylie, un aventurier «en vitesse de croisière» sermonne, au nom du peuple, un responsable qui dénonce un crime symbolique, un «ministre malhonnête» insulte Abane, un messaliste étranger nous fait la leçon du patriotisme et un universitaire renégat s’affiche comme arbitre de la conscience nationale.
L’espoir
Tous les intellectuels, heureusement, ne sont pas frappés par votre cynisme. J’ai vu, dans l’émigration, des Algériens, universitaires, fonctionnaires, journalistes ou autres qui ont fui la barbarie vivre dans la pauvreté et la dignité au moment où vous viriez votre cuti pour être dans l’air du temps. Il y a deux mois de cela, des universitaires de Constantine ont organisé un colloque sur Amirouche. Ils m’y ont invité ainsi que Saïd Sadi. N’ayant pas pu participer à leur rencontre, un des initiateurs hospitalo-universitaire eut l’amabilité de m’envoyer une figurine célébrant l’évènement. J’en fus sincèrement ému. Il a adressé à Saïd Sadi un de ses ouvrages de médecine. Je ne résiste pas à l’envie de vous rapporter une partie de sa dédicace. «Au docteur Saïd Sadi. Pour le combat citoyen que vous menez… En vous écoutant de temps en temps, j’ai comme l’impression que vous dites à certains : je comprends votre lâcheté, respectez au moins mon courage. Merci pour ce que vous faites pour notre chère Algérie.» Je remercie du fond du cœur les universitaires comme ceux de Constantine qui activent pour leur pays dans l’anonymat et les anciens maquisards qui ont trouvé la force de s’exprimer librement et dignement dans un débat qui a failli être détourné, une fois de plus, par ceux qui ont séquestré les martyrs et endeuillé la nation. Leur action éclaire malgré tout notre quotidien dans ce 48e anniversaire d’une indépendance confisquée. Au lieu de protéger notre histoire en organisant des débats libres et contradictoires en vue de laisser la jeunesse algérienne découvrir la vérité et le rôle de chaque acteur afin de lui permettre de se construire dans la clarté, le pouvoir confisque notre passé pour renforcer ses privilèges et multiplier ses sectes. On vient d’annoncer officiellement que la commémoration de l’indépendance devait se faire sous le haut patronage du chef de l’Etat. C’est la kermesse. Y a-t-il meilleur aveu des dirigeants algériens pour nous dire que l’histoire nationale est une foire où les plus malins savent se servir ? Tout cela se passe dans le pays des hommes de Novembre et de la Soummam.
N. A.-H.
* Député RCD



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Lahouari ADDI : L’Algérie me donne toujours une impression d’opportunités manquées et d’occasions ratées.



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Interview exclusive de Lahouari ADDI au Quotidien d’Algérie


Question : Tu as donné une conférence à l’Université Mouloud Mammeri à Tizi-Ouzou sur l’écriture de l’histoire en Algérie. Par qui cette conférence a été organisée ?


Réponse : J’ai été invité par une organisation d’étudiants à qui j’avais promis de venir à l’Université Mouloud Mammeri. Je suis parti à Alger pour une soutenance de thèse en économie à l’Institut National de Planification et de Statistique où j’ai été membre du jury. Je profite de l’occasion pour dire que, malgré l’état dans lequel est l’université algérienne, il y a encore quelques thèses de haut niveau qui sont soutenues.


Question : Quelle a été ton impression sur le pays, les gens, la société, la vie quotidienne…


Réponse : Deux éléments attirent l’attention quand on est en Algérie : la volonté de vivre des jeunes, et la cherté de la vie. Pour le reste, l’Etat est défaillant dans la gestion des espaces publics. L’Algérie me donne toujours une impression d’opportunités manquées et d’occasions ratées. Il y a un dynamisme qui ne trouve pas d’élite pour être canalisée. Il est vrai que le régime a mis en place une organisation, le DRS, héritée du MALG, dont la mission est d’empêcher l’émergence d’une élite indépendante du pouvoir exécutif. Il faut cependant garder l’espoir et une prise de conscience générale est toujours possible.


Question : Qu’as-tu dit, en résumé, aux étudiants à Tizi-Ouzou ?


Réponse : Je voudrais d’abord dire que j’ai été frappé par la chaleur de l’accueil que j’ai reçu de la part des étudiants. Beaucoup d’entre eux ont lu mes livres de sociologie, pourtant non disponibles sur le marché national, et m’ont posé des questions nombreuses sur la société algérienne et sur les sciences sociales. Ils m’ont écouté attentivement pendant la conférence et, durant le débat, ils m’ont assailli de questions. La conférence, débat compris, a duré près de cinq heures ! Le texte de la conférence a été publié par Le Soir d’Algérie du 28 juin et je n’y reviens pas. Durant le débat, j’ai essayé de faire passer deux messages. Le premier est que, si l’Algérie veut construire un ordre politique moderne, il faut impérativement que les Algériens s’entendent sur un postulat de base qui ne doit souffrir aucune exception : la valeur suprême dans la société est la vie humaine. On ne fait pas de politique en sacrifiant des vies humaines. Pour respecter ce postulat, et c’est le deuxième message, il faut trois conditions : 1. Le monopole de la violence doit appartenir à l’Etat ; 2. Ce monopole doit être exercé par les agents de l’Etat dans le cadre de la loi ; 3. La loi doit être faite par une Assemblée Nationale représentative.


Question : Est-ce qu’il a été question du MAK dans le débat ?


Réponse : D’après les interventions de la salle, j’avais compris qu’il y avait toutes les sensibilités politiques parmi les étudiants : FFS, RCD, MAK, et autres… J’ai essayé de montrer que le projet du MAK n’a pas de perspectives politiques et que son anti-arabité ne mène nulle part. La séparation de la Kabylie comme Etat-nation distinct de l’Algérie n’a pas de sens et est inconcevable parce que la Kabylie est au cœur du nationalisme algérien depuis au moins la révolte de Mokrani de 1871. Ceci dit, le MAK a le droit d’exister légalement, à condition qu’il ne verse pas dans le discours haineux et n’appelle pas à la violence. Il n’a qu’à présenter son projet aux Kabyles et c’est à ces derniers de décider sous la forme d’un référendum. Je n’ai aucun doute que la majorité des habitants de la Kabylie est attachée à l’unité nationale, souhaitant même l’abolition des frontières avec le Maroc et la Tunisie sur le modèle de l’Union Européenne.


Question : Je suppose qu’il a été question aussi de la polémique suscitée par le livre de Said Sadi.


Réponse : La conférence portait sur l’écriture de l’histoire et j’ai cherché à donner mon point de vue à Tizi-Ouzou parce que j’étais gêné par la tournure pro et anti-kabyle que prenait la polémique dans les journaux. Il fallait « dékabyliser » le débat et le centrer dans son cadre politique et théorique. Dans les journaux, la polémique glissait vers une tournure dangereuse : Boussouf l’arabe a trahi Amirouche le Kabyle. Nos grands-parents et nos parents, malgré l’ethnocentrisme de la société rurale traditionnelle, ne nous ont pas légués l’hostilité entre berbérophones et arabophones. Il est de la responsabilité de notre génération de ne pas transmettre à nos enfants la haine entre groupes sociaux. Il y a des problèmes politiques liés à l’autoritarisme, aux limites idéologiques du nationalisme algérien et à l’absence de démocratie, et il ne faut pas ethniciser les divergences et oppositions.


Pour revenir à l’ouvrage de Said Sadi, il a le droit d’écrire un essai d’histoire où il donne son interprétation du passé. Il a occupé un vide, et on ne peut lui en faire le reproche. Je ferais néanmoins une remarque car Said Sadi est un homme politique. Je pense que sa démarche n’est pas cohérente dans la mesure où, d’un côté, il critique le MALG – et en cela il a tout à fait raison – et d’un autre côté, il a soutenu le néo-malg, le pouvoir réel, quand il a annulé les élections de janvier 1992. Il a condamné le coup d’Etat de 1962 mais a soutenu celui de janvier 1992 ! S’il répond que l’armée a sauvé la République en 1992, il doit accepter l’idée que le MALG a sauvé la révolution. Un homme politique doit être cohérent pour être crédible. Il dira qu’il critique le régime, mais en fait il s’en prend surtout au pouvoir formel alors que tout le monde sait que Bouteflika n’a aucune autorité. Un ami à Oran me disait : Said Sadi critique le pouvoir formel qui est de l’Ouest et oublie le pouvoir réel qui est de l’Est. La réponse du berger à la bergère.


Question : Quel est ton point de vue sur la langue berbère ?


Réponse : Le problème de la langue berbère ne se pose que dans le cadre de la formation de l’Etat-nation jacobin unitaire et homogénéisant. Dans le Maghreb d’avant la colonisation, la pratique du berbère ne posait aucun problème. Je pense que la langue berbère doit être officialisée et enseignée dans les régions berbérophones. Elle n’est pas en concurrence avec la langue arabe, qui est celle de toute la nation. Si la langue berbère disparaît, nous aurons commis un génocide culturel contre nous-mêmes.


Question : Tu as écrit récemment dans Le Quotidien d’Oran que l’arabité en Algérie a un fondement berbère. Peux-tu expliquer ?


Réponse : L’identité est une construction sociale et historique. Nous sommes ce que l’histoire a fait de nous et nous créons notre propre identité. L’arabité en Algérie n’est pas une identité importée du Moyen-Orient. Elle est une synthèse entre la culture berbère et la langue arabe et l’islam. Les anthropologues ont parlé de l’islam maghrébin comme étant un islam berbérisé. Les peuples ont leurs propres spécificités culturelles qui s’adaptent, s’enrichissent mais ne disparaissent pas. L’identité n’est pas une substance ou une essence éternelle. C’est une construction en perpétuel devenir. L’erreur du berbérisme, et de l’arabisme aussi, est de croire que l’identité est formée définitivement et une fois pour toute.

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Le moudjahid Mehsas à Echourouk : « J’avais demandé l’écartement de Hocine Ait Ahmed de l’OS à cause du mouvement berbère »



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Le moudjahid Ali Mehsas, l’un des chefs de l’organisation secrète nous parle, dans cet entretien, des conditions difficiles qui ont entouré les préparatifs de la guerre de libération nationale, notamment depuis la création de l’organisation concernant le volet paramilitaire du parti du peuple, et les conditions de la désignation du moudjahid Hocine Ait Ahmed à la tête de l’organisation secrète malgré la réticence de quelques chefs quant à cette désignation, les raisons qui l’ont (Mehsas) à s’opposer contre l’opération de la poste d’Oran ainsi que d’autres questions sur lesquelles Mehsas a levé le voile.





  • Comment avait commencé la préparation du déclenchement de la guerre du 1 novembre 1954 ?



  • La préparation de la guerre avait commencé par étape et ça ne s’est pas fait en une seule journée. Le déclenchement de la guerre en date du 1er novembre 1954 était l’étape la plus cruciale dans le processus de la préparation de la guerre, et elle a duré des années passant par de nombreuses étapes. Pour ce qui est de la vraie préparation de la guerre, elle a commencé le jour où Messali El hadj avait prononcé le mot « Indépendance » en 1926, après la création du parti de l’étoile nord africaine, puis le parti du peuple algérien (PPA). Il y  avait un seul courant en Algérie qui appelait à l’indépendance, et tous les courants, qui existaient en Algérie, y compris le parti de Ferhat Abbas, les députés de Ben Djelloul et le parti communiste, tous n’avaient pas appelé à l’indépendance de l’Algérie.



  • Messali était le premier à avoir appelé à l’indépendance de l’Algérie, mais il a tout de même participé aux élections parlementaires et communales organisées par les colons français entre 1946 et 1948. Cela n’est-il pas contradictoire avec son objectif, à savoir la séparation du système colon ?




  • Il n’y a aucune contradiction entre notre participation et notre revendication de l’indépendance, parce qu’on avait besoin de l’adhésion du peuple derrière l’idée de l’indépendance, surtout que tous les partis et autres courants avaient accepté la réalité des choses, ils demandaient seulement plus de droits dans le cadre des lois françaises. Et quand les représentants des différents courants sont revenus en Algérie en 1936 afin d’exposer leur rapport au peuple sur ce qu’ils avaient obtenus comme droits par la France, et qu’ils n’avaient rien réalisé, c’est là que Messali est rentré dans ce rassemblement et le club de l’indépendance, et quand la population, qui était venue pour connaître les droits obtenu par cette délégation de France, il est sorti de ce rassemblement en appelant à l’indépendance, donc il n’y a aucune contradiction entre la participation à une action politique, organisée par la France, et la revendication de l’indépendance, parc e que l’objectif était de préparer le peuple à la croire premièrement en l’idée de l’indépendance, puis l’organisation et l’encadrement des éléments du peuple au sein du parti, ensuite former les adhérents. Mais, le déclenchement de la deuxième guerre mondiale a provoqué la dissolution de tous les partis.



  • Pourquoi Messali El Hadj avait refusé la coalition avec les allemands contre les français, l’ennemi de mon ennemi est un ami ?



  • Messali était intelligent parce qu’il savait très bien que la solution allemande n’était pas algérienne. Il voyait que la solution algérienne devait être démocratique, surtout que la France et ses alliés avaient promis l’autodétermination aux peuples colonisés une fois les Nazzis vaincus. Et aussi, toute relation avec les allemands aurait servi à la France de subterfuge pour accuser le mouvement national de complicité avec les Nazis, et de ce fait l’effacer de la scène algérienne, comme on n’avait pas opté pour les allemands parce qu’on croyait aux principes arabes et islamiques.



  • Pourquoi n’aviez-vous pas essayer de collecter des armes durant la deuxième guerre, surtout qu’elles étaient disponibles dans le marché noir ?




  • On avait essayé mais on était jeunes, le plus âgé d’entre nous était âgé de 17 ans, et le système (partisan) n’existait pas, les chefs de partis étaient en prison, y compris Messali El Hadj, et peu d’entre activaient secrètement.



  • Quand est ce que la vraie préparation pour le déclenchement de la révolution avait commencée contre l’occupant français ?




  • La première chose sur laquelle on s’était focalisé, était de changer al vision du peuple algérien au concept de l’indépendance et le sens de l’utilisation de la violence armée, et cette opération avait duré entre les années 1940 à 1945.



  • Comment est ce que l’organisation secrète avait été créée, et comment était elle structurée ?






  • C’était Mohamed Belouizdad qui était le premier à avoir un projet pré armé, prêt à l’exécution. Il était membre du comité central, et il avait choisit un groupe d’hommes pour travailler avec lui.



  • Mohamed Boudiaf était sous vos ordres ?



  • C’est vrai. C’est moi qui l’avais chargé de me suppléer à la tête de la wilaya de Sétif, parce que j’étais en mission pour réorganiser les wilayas de Sétif et Bejaia. Et c’est à ce moment là que l’organisation secrète avait été créée en 1947, alors on avait chargé Boudiaf, une deuxième fois, de prendre la tête de l’OS à Constantine (tout l’ouest algérien), et je veux dire par là que j’ai recruté Abbane Ramdane et je l’ai intégré dans le système du parti.



  • Où et quand aviez-vous recruté Abbane Ramdane ?



  • C’était en 1947, alors que Abbane Ramdane était employé au niveau de la mairie de Chelghoum El Aïd (à Mila). Des adhérents du parti m’avaient contacté et m’avaient informé qu’il était l’un de ceux qui aidaient le parti sans s’y inscrire, alors je l’ai convoqué dans mon bureau à Constantine, il était plus âgé que moi et il m’a rendu visite à deux reprises. J’ai vu que c’était un homme instruit et un bon cadre, alors j’avais parlé à Hocine Lahoual, secrétaire général du mouvement de la victoire des libertés démocratiques, de Abbane Ramdane et j’avais dis qu’il pourrait devenir un excellent cadre, et c’est là que je l’ai désigné responsable à Sétif.



  • Et qu’est devenue votre responsabilité d’alors ?




  • Je suis revenu à Alger parce que j’étais malade, et j’étais devenu responsable de la capitale. On m’a aussi appelé pour régler les problèmes auxquels l’organisation des jeunes était confrontée à la capitale et dans le grand Alger. J’ai aussi envoyé des surveillants de la capitale aux urnes à l’est algérien durant les élections de 1948, j’ai participé par la suite à la réunion du comité central dont j’étais membre à Zerdine (Ain Defla), et j’avais remarqué que quelques centralistes avaient été destitués à cause de la fraude qui a eu lieu durant les élections du conseil algérien en 1948, et on avait senti qu’ils n’étaient pas prêts pour participer au déclenchement de la révolution.



  • Quand est ce que vous aviez rejoint officiellement l’OS ?



  • En fait, après le retrait de Mohamed Belouizdad à cause de sa maladie, Hocine Ait Ahmed, qui n’était pas encore membre de l’OS, l’avait succédé.  Moi aussi je n’étais pas officiellement dans l’OS, même si je préparais l’action armée, et après les élections de 1948, on s’était rendus sur les monts qui s’étendent de la montagne de Chenois à Tipaza, jusqu’à Chlef afin de voir les régions à partir desquelles la révolution allait être déclenchée. Et depuis cette date, je suis devenu officiellement membre de l’OS, et j’avais pris les commandes de la quatrième région, qui était appelée « Sud algérien », qui comprenait plusieurs régions telle que Boufarik à l’est jusqu’à Laghouat au sud et Ténès à l’ouest. On avait senti que le parti n’était pas prêt pour déclencher la révolution, et nous, qui étions jeunes, avions exercé une pression sur le commandement du parti afin de diligenter le déclenchement de la révolution.



  • Comment est ce que Ait Ahmed avait été désigné pour succéder à Mohamed Belouizdad ?




  • Ces questions sont toujours voilées, et on n’en a pas beaucoup parlé, et on ne sait pourquoi Ait Ahmed avait été choisi pour être responsable de l’OS, suite au retrait de Belouizdad. Ce choix avait créé des problèmes au sein de l’OS, et ils étaient visibles à travers même l’activité de l’organisation, parce qu’on avait mis en place un système pour surprendre les français par une guerre générale. Mais, si on faisait des actions éparpillées, l’une après l’autre, alors notre plan serait voué à l’échec, parce qu’elles auraient démasqué le système de l’OS, et je ne sais pas si cette question avait été concoctée par un groupe du parti et ceux qui refusaient de rentrer dans l’action armée, ou bien c’était juste une coïncidence, ce qui a fait qu’on faisait face à une crise au sein de l’OS.



  • Entre qui et qui ?



  • Premièrement, il y avait ce qu’on appelait le mouvement berbère, qui a influé sur l’OS.



  • Avant de poursuivre ce sujet. Est-il vrai que Messali El Hadj avait confiance en la personne de Ait Ahmed, et que c’était lui qui l’avait désigné à la tête de l’OS ?




  • C’est vrai. Messali El hadj faisait confiance à Hocine Ait Ahmed, et c’était lui qui l’avait désigné à la tête de l’OS, même si au fond de  nous même, on était contre cette désignation.



  • Et pourquoi auriez-vous été contre la désignation de Hocine Ait Ahmed à la tête de l’OS ?




  • On était très attaché à l’unité de l’organisation spéciale, sur le plan idéologique, pour réussir la révolution, parce qu’il ne fallait pas diviser la guerre même pour des objectifs légitimes, et parce que cela aurait fait perdre à la révolution sa force, qui lui permettait de vaincre l’ennemi.



  • Et c’est là que le mouvement berbère avait été créé. Quelle était la position de Hocine Ait Ahmed vis-à-vis de ce mouvement, qui avait été lancée, en premier lieu, à partir de la France ?




  • Il était impliqué dans cette affaire, et il était l’un de ses instigateurs, et cela a joué un mauvais tour au parti et à l’OS, devenus faibles. Les adhérents avaient perdu confiance en leur parti, et le désaccord avait atteint l’état major de l’OS. Moi-même, j’étais convaincu que si l’OS se dirigeait vers une impasse, si jamais elle restait sur le chemin qu’elle avait emprunté. Djillali Belhadj, dit Coubis, chargé de l’entraînement militaire au sein de l’OS, était devenu l’ami de Hocine Ait Ahmed, alors on ne faisait pas confiance à Coubis parce qu’il faisait quelques propositions, qui se sont avérées inutiles à l’OS.



  • Mais Coubis était de la région de Ain Defla, alors quel est son rapport avec Ait Ahmed et mouvement berbère ?



  • Coubis avait des relations avec la France.



  • Quelques témoignages affirment que Coubis n’a trahi l’OS qu’après le déclenchement de la révolution, puisqu’il était en contact avec Boudiaf quelques jours avant son déclenchement. Il a constitué des escadrilles pour combattre l’armée de libération parce que Boudiaf ne lui faisait pas confiance. Alors, qu’en est-il de la véracité de ces témoignages ?




  • On avait des informations affirmant que Coubis a divulgué nos secrets à notre ennemi. Alors, après la découverte de l’existence de l’OS en 1950, le parti nous a demandé de prendre la fuite et ne pas révéler le lien qu’avait l’OS au parti, et qu’il y avait un mouvement d’organisation. Mais, Coubis avait tout avoué et est sorti de prison.



  • Il a avoué sous l’effet de la torture ?




  • Non.. Non, personne ne l’avait torturé. Et je vous le confirme parce que je le connaissais très bien.



  • Que s’était il passé entre vous et Ait Ahmed ?




  • Premièrement, j’étais contre l’opération d’Oran, parce qu’il était inconcevable de démasquer l’existence de l’OS à cause de quatre millions de francs. Le parti ne pouvait pas, réellement, réunir ce montant ?



  • Mais cela s’était produit après l’écartement de Hocine Ait Ahmed de la tête de l’OS, mais Messali avait insisté pour le garder au sein du comité central et parmi les structures de l’OS. Quel est le secret pour que Messali s’attache à Ait Ahmed dans des situations aussi difficiles ?




  • C’est ce qui m’avais poussé à contacter Hocine Lahoual, lui disant que si l’OS restait telle qu’elle était, alors on était voué à l’échec et l’organisation allait disparaître. J’ai demandé à Lahoual d’écarter Hocine Ait Ahmed et Coubis de la tête de l’OS, surtout que le comportement de Coubis ne me plaisait pas du tout parce qu’il était très plaisantin, et il manquait de rigueur. Mais, lorsque le commandement du parti avait été informé de ma revendication quant à l’écartement de Hocine Ait Ahmed, on m’avait répondu que ce n’était pas possible car cela pouvait créer des dissensions et des sensibilités sur cette affaire. Mais ils m’ont par contre proposé de quitter l’OS, et me designer comme surveillant général du parti. Mais c’était peine perdue, parce que neuf après, je fus arrêté parce que je n’avais pas rejoins le service national obligatoire.

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Si Larbi Abdou parle de l’embuscade de “Djebel Thameur” : Le chef du commando « Djamel » apporte son témoignage inédit
« J’ignorais quel était le sort de Amirouche et de Si Haouès dès lors que j’avais été capturé par les Français... Je pensais qu’ils avaient réussi à s’échapper... Par la suite, on m’avait informé que les soldats français avaient transporté le cadavre du colonel Amirouche à Aïn El Melh pour l’enterrer »




Larbi Abdou, âgé d’environ 70 ans, était le chef du commando « Djamel », inconnu aujourd’hui auprès des millions de jeunes soucieux de connaître le passé historique et héroïque de leur pays : l’Algérie ; ces jeunes étrangement mis à l’écart volontairement par ceux censés protéger les faits historiques de notre pays, durant la guerre de libération nationale. Notre pays vient de célébrer le 48e anniversaire de son indépendance, Si Larbi, l’une des figures historiques continue à raser les murs. Il avait été cité « miraculeusement » dans le témoignage du moudjahid Omar Ramdane (voir El-Watan du 19 mai 2010), une autre figure emblématique de la guerre de libération nationale. C’est grâce à ce clin d’œil de Si Omar Ramdane que nous avons réussi à trouver le chef du commando « Djamel ». Nous l’avons sollicité pour nous livrer quelques témoignages, uniquement pour apporter des vérités vécues par lui, lors de cette tragique embuscade tendue par les forces coloniales le 29 mars 1959 à Djebel Thameur, qui a coûté la vie à des valeureux martyrs parmi lesquels figurent les colonels Amirouche et Si Haouès. Notre interlocuteur dispose d’un certificat de reconnaissance signé par le président de la Fondation de la wilaya IV historique, en l’occurrence le colonel Youcef Khatib (Si Hassen, ndlr).

En effet, le chef du commando « Djamel » avait enregistré des témoignages l’année dernière, auprès de la Fondation du colonel de la wilaya IV historique Youcef Khatib, en présence d’anciens maquisards qui étaient aux côtés de Larbi Abdou quand, celui-ci, assumait la responsabilité d’abord au sein de la katiba Zoubiria et de la katiba Hassania, avant d’être désigné à la tête du commando « Djamel ». Alors qu’il était caporal-chef, instructeur dans l’armée française à la caserne de Boghar, il déserte, au début de l’année 1956, « ce nid » de l’armée coloniale pour rejoindre un groupe de moudjahidine dans lequel se trouvait Boulahrouf qu’il connaissait parfaitement. Boulahrouf avait facilité son intégration au sein de ce groupe de combattants de l’ALN. Il avait rallié ainsi les rangs de l’ALN avec arme, munitions et bagages. Il avait gravi tous les échelons au sein des rangs des katibates. Abdou Larbi avait la confiance du commandant M’hamed Bouguerra. Celui-ci le désigne à la tête de la katiba Zoubiria d’abord et ensuite le mute pour diriger la katiba Hassania.

Le commandant Mohamed Bounaâma l’aurait, par la suite, désigné à la tête du commando « Djamel », pour succéder à M’hamed Erraïs, tombé au champ d’honneur lors d’une mission. Si Larbi Abdou avait participé à une multitude d’opérations militaires contre l’ennemi. « Notre mission se limitait aux accrochages et aux embuscades pour faire subir des pertes dans les rangs de l’ennemi et récupérer les armes », nous déclare-t-il. Il porte, à ce jour, les séquelles des trois blessures sur différentes parties de son corps. Il ne veut pas s’étaler sur les tortures subies lors de ses séjours dans 7 prisons éparses de l’armée coloniale, avant l’indépendance. « J’ai souffert des tortures nous avoue-t-il, mais jamais je n’ai donné les noms et les refuges de mes compagnons ». « Je n’ai jamais opéré militairement dans la région de la wilaya de Tipasa », a-t-il tenu à préciser. Les zones des wilayas de Médéa, Tissemssilt et Aïn Defla étaient ses champs de batailles. Questionné par nos soins, le moudjahid, Abdou Larbi, nous relate avec une incroyable lucidité les détails de l’affaire Kobus. « La tête de Belhadj Djillali, qui travaillait avec l’armée coloniale et faisait souffrir les populations des douars, m’avait été ramenée par ses pairs, qui l’avaient assassiné, tandis que le commandant de la wilaya, Si Mohamed Bounaâma, m’a fait savoir, à travers un message, que si la mission que j’avais entreprise contre Kobus essuie un échec, je paierai cash l’échec », précise-t-il.

L’accrochage avec les Bellounis et le fait qu’il avait été soigné une seule fois par le docteur Youcef Khatib au maquis font partie de ses témoignages. Après ses révélations sur l’affaire Kobus, nous avons sollicité ce témoin privilégié encore vivant sur ce qui s’était passé le 29 mars 1956 à Djebel Thameur. « A la tête du commando « Djamel », j’avais reçu l’ordre de ma hiérarchie pour me diriger vers la wilaya VI, dit-il, vous savez, nous avons emprunté un très long chemin en cette période hivernale, avant d’atteindre notre destination. Notre parcours était ponctué par des accrochages et il fallait marcher surtout la nuit, pour ne pas être repérés par l’ennemi français et les harkis. Une fois arrivé à destination, j’ai repris le chemin tout seul, abandonnant mon commando qui se composait de 3 sections. Chaque section avait un effectif de 35 éléments, plus moi-même. mon adjoint s’appelait « Djillali le groupe », il y avait Omar Ramdane et 3 autres djounoud, en l’occurrence le ravitailleur, le coiffeur et l’agent de liaison, soit un effectif global du commando « Djamel » qui s’élevait à 111 maquisards. Comme cela m’avait été dicté, je suis parti sans mes éléments à la rencontre des colonels Amirouche, Si Haouès et le commandant Amar Driss.

Le lieu de rendez-vous ne se trouvait pas loin de Barika. Je me souviens des gigantesques rochers qui nous servaient d’abris. Nous sommes restés ensemble 3 jours, avant de nous déplacer vers un autre endroit désigné par la hiérarchie. Quand j’étais avec les colonels Amirouche et Si Haouès, nous nous sommes échangés des informations relatives sur la situation dans nos zones respectives, les effectifs et l’armement que nous détenons. J’ai discuté longuement avec les colonels Amirouche et Haouès, ainsi que le commandant Amar Driss, sans que nous nous connaissions auparavant, mais notre devoir nous imposait l’exécution des ordres de notre hiérarchie et consolidait notre solidarité enchaîne-t-il. Amirouche n’avait aucun poste radio, il disposait juste d’une carabine automatique pliante, d’un revolver et d’une paire de jumelles.

Amirouche m’a paru très brave, aimable, cultivé au même titre que Si Haouès et amar Driss durant ces journées de nos retrouvailles. Je me souviens très bien de cette 3e nuit, car on devait rallier notre destination, après avoir parcouru durant les 2 précédentes nuits des dizaines de kilomètres, avant d’arriver à notre lieu de rencontre prévu par notre hiérarchie. Nous ne pouvions pas effectuer un mouvement sans notre guide. L’agent de liaison, qui nous avait accompagnés les 2 précédentes nuits, s’était présenté chez nous en début de cette 3e soirée pour nous informer qu’il n’y avait pas de moyens (animaux, ndlr) pour se déplacer. Nous avions été surpris par cet impondérable qui n’était pas prévu dans notre plan de mouvement. Amirouche et Si Haouès utilisaient les ânes et les mulets pour se déplacer.

Le commandant Driss Amar, handicapé par une blessure au pied qui l’empêchait de marcher normalement, est devenu fou furieux à l’encontre de cet agent de liaison, qui avait chamboulé le programme de notre déplacement. Nous avons passé ces heures dans une atmosphère électrique. L’agent de liaison n’a pas fourni d’arguments convaincants. Il nous avait mis au pied du mur. Après les instants de colère, les colonels Amirouche et Si Haouès, Amar Driss et moi-même avions, par conséquent et à contrecœur, retardé d’une nuit notre déplacement comme le voulait l’agent de liaison. Amirouche était accompagné par ses éléments armés qui étaient au nombre de quatre, Amar Driss était entouré par 11 djounoud, Si Haouès et moi n’étions pas accompagnés. Nous avons alors pris le départ avec 24 h de retard. Nous ne disposions d’aucun moyen de communication avec l’extérieur. Comme je l’avais souligné avant, Amirouche n’avait pas de radio. Notre groupe composait de l’effectif que je viens de citer avançait en colonne dispersée. Les maquisards de l’ALN, stationnés à Djebel Thameur, avaient opéré un mouvement la nuit avant notre arrivée vers une autre direction, selon leur plan. C’est notre retard de 24h programmé par cet agent de liaison qui a tout perturbé.

A notre grand étonnement, les djounoud qui se trouvaient à la tête de notre groupe nous avaient alerté sur la présence des soldats français. Djebel Thameur s’est transformé soudain en un véritable enfer. Pris au piège dans l’embuscade, nous nous sommes organisés spontanément sur les hauteurs de la montagne. Nous avons utilisé notre armement. Nous nous sommes rendus compte ensuite de l’absence de nos combattants et de la présence impressionnante des soldats de l’armée française. Pourtant pendant 2 nuits, les choses avaient bien fonctionné pour nos déplacements. Jusqu’à aujourd’hui, je réalise que le commandant Driss avait bien raison de réagir furieusement contre cet agent de liaison, qui avait faussé le plan de notre déplacement. On devait rejoindre le PC pour notre sécurité, cela n’avait pas été le cas. J’ai toujours des doutes sur le rôle de cet agent de liaison et cet autre cavalier algérien barbu assis sur son cheval gris, vêtu d’un gilet qui était venu nous jeter regard silencieusement. J’ignorais le sort de mes compagnons.

Nous avons échappé à la mort. Ce cavalier algérien, âgé de plus d’une cinquantaine d’années, était bien protégé par les soldats français. J’avais commencé à reprendre mes esprits. J’étais blessé et ligoté. Un djoundi, qui avait accompagné Amirouche blessé au moment de l’accrochage, s’est trouvé allongé à côté de moi. Le commandant Driss blessé lui aussi une nouvelle fois avait immédiatement été récupéré par les soldats français. L’armée coloniale avait utilisé les moyens terrestres et aériens colossaux (hélicoptères et avions, ndlr) pour nous tirer dessus à l’arme automatique et nous arroser au napalm. Point de refuges ou de grottes pour échapper à l’enfer. L’armée coloniale française s’était très bien préparée pour nous tendre cette embuscade, car le nombre des soldats français et leurs engins qui nous entouraient étaient impressionnants. Nous n’avons pas bénéficié d’abris naturels comme d’habitude pour nous échapper.

Le feu et les flammes surgissaient de partout. Parmi l’effectif de l’armée coloniale, il y avait des engagés algériens qui agissaient sous les ordres de chefs militaires français. Blessé et allongé sur le sol, j’ai pu reconnaître 5 soldats arabes de Cherchell, et même certains soldats algériens que j’avais instruit à Boghar qui étaient parmi les militaires qui nous avaient attaqués. J’ignorais quel était le sort de Amirouche et de Si Haouès dès lors que j’avais été capturé par les français. Malgré mes blessures, j’avais subi les pires tortures pour dénoncer mes compagnons. Je pensais qu’ils avaient réussi à s’échapper aussi il fallait que je supporte les supplices. Par la suite, on m’avait informé que les soldats français avaient transporté le cadavre du colonel Amirouche à Aïn El Melh pour l’enterrer. Les soldats français avaient planté du grillage autour de sa tombe. Je me souviens de ce sous-lieutenant français qui avait été chargé de surveiller la tombe du colonel Amirouche.

A l’indépendance, l’armée française avaient ramené des engins et une niveleuse pour terrasser le terrain et raser leurs baraquements, y compris la tombe de Amirouche, pour ne pas laisser de traces. Ils ont détruit leur caserne avant de quitter l’Algérie. Selon mes informations que j’avais recueillies à cette époque, celui qui avait tué Amirouche est un harki de Sidi Ghilès (ex-Novi), engagé dans l’armée française. Il avait été promu au grade de sergent-chef, après cette opération. L’embuscade meurtrière aura duré de 5h du matin jusqu’à 14h environ. Les combattants de la wilaya IV, informés par la suite sur ce qui venait de se passer à Djebel Thameur, avaient préparé des plans pour tuer le harki qui avait assassiné Amirouche, dès qu’il retournerait chez lui en permission à Sidi-Ghilès. Vraisemblablement informé, le harki protégé par la France s’est sauvé et a quitté le pays. J’ignore dans quel département français est établi ce harki. Mais je tiens à vous confirmer que l’armée coloniale avait utilisé un grand nombre de soldats algériens engagés dans ses rangs pour nous faire passer des heures dans cet enfer de Djebel Thameur.

Le bilan de cette embuscade avait été communiqué. Blessé, prisonnier et jugé ensuite au tribunal militaire à Alger après que l’armée française m’ait finalement identifié, celle-ci s’est rendue compte que j’étais un déserteur. Voilà, ce que j’ai à vous dire sur cette embuscade de mars 1959 », conclut-il. Cet ancien responsable militaire de l’ALN qui côtoyait les grands révolutionnaires de notre pays vit dans l’anonymat et de surcroît dans des conditions sociales précaires. Le hasard a voulu, après moult démarches locales infructueuses (Cherchell et Tipasa, ndlr), que se soient ses compagnons d’armes, qui sont toujours en vie dans les wilayas de Médéa, Tissemssilt et Aïn Defla qui ont reconnu le sacrifice de cet autre combattant algérien authentique, en l’occurrence Si Larbi Abdou, le chef du commando « Djamel ». Une carte de retraite de haut cadre de la nation vient de lui être établie le 26 mai 2010. Cette carte n’a pris effet qu’à partir du 1er avril 2010. Abdou Larbi est né en réalité sur les hauteurs de Cherchell (Sidi Yahia).

L’administration coloniale l’avait inscrit étrangement sur l’état civil de Sidi Sémiane. Il avait d’abord intégré l’AMIA de Cherchell, grâce à l’intervention du commandant Bencherif. Abdou Larbi, le chef du commando « Djamel » avait travaillé en qualité de jardinier à l’AMIA de Cherchell durant 24 ans, jusqu’à sa retraite. Il vient enfin d’être reconnu comme étant un ancien membre de la direction politique durant la guerre de libération nationale. Le chef du commando « Djamel », qui s’était fondu au sein du peuple, vient de ressurgir pour rétablir les faits qu’il a vécus. Il vit avec ses 8 enfants dans un 2 pièces dans un quartier populaire, à la cité Taghirent. Il passe inaperçu en ville. Il se déplace de temps à autres chez ses anciens compagnons d’armes, pour apporter son témoignage sur des faits historiques. Avant de nous quitter, il nous lance ces paroles : « J’ai demandé à Si Hassen de retirer ces ouvrages écrits par un personnage qui ne relate pas les faits réels et les actions entreprises par la katiba Zoubiria, car notre jeunesse doit connaître la véritable histoire de notre révolution, la misère que nous a fait subir le colonialisme français, la souffrance du peuple algérien et les privations des vrais combattants algériens durant la lutte pour l’indépendance de notre pays, je peux rester encore 3 jours à parler sur ce sujet avec vous », conclut-il.




Par M’hamed H.

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Lahouari Addi répond à Nordine Aït Hamouda

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Par Lahouari Addi

Le Soir d’Algérie du 7 juillet 2010 a publié un pamphlet d’une rare violence verbale à mon égard signé par le député du RCD Nordine Aït Hamouda. M’accuse-t-il de profaner la mémoire du colonel Amirouche ? Non ! D’être anti-kabyle ? Non ! Il m’accuse tout simplement de critiquer le président du RCD, Saïd Sadi.
Il est permis, selon lui, de critiquer Boussouf, Ben Bella, Aït Ahmed, Mahsas, et même le président de la République Bouteflika ou les généraux, mais pas Saïd Sadi. De la part d’un député qui se réclame de l’opposition démocratique, il y a de quoi s’inquiéter pour l’avenir du pays. Ce qui a fait perdre à Nordine Aït Hamouda son sang-froid, c’est une phrase extraite d’une interview accordée à un journal électronique (http://lequotidienalgerie.org) dont voici un extrait : «Question : je suppose qu’il a été question aussi de la polémique suscitée par le livre de Saïd Sadi ? Réponse : la conférence portait sur l’écriture de l’histoire et j’ai cherché à donner mon point de vue à Tizi-Ouzou parce que j’étais gêné par la tournure pro et anti-kabyle que prenait la polémique dans les journaux. Il fallait «dékabyliser» le débat et le centrer dans son cadre politique et théorique. Dans les journaux, la polémique glissait vers une tournure dangereuse : Boussouf l’Arabe a trahi Amirouche le Kabyle. Nos grands-parents et nos parents, malgré l’ethnocentrisme de la société rurale traditionnelle, ne nous ont pas légué l’hostilité entre berbérophones et arabophones. Il est de la responsabilité de notre génération de ne pas transmettre à nos enfants la haine entre groupes sociaux. Il y a des problèmes politiques liés à l’autoritarisme, aux limites idéologiques du nationalisme algérien et à l’absence de démocratie, et il ne faut pas ethniciser les divergences et oppositions. Pour revenir à l’ouvrage de Saïd Sadi, il a le droit d’écrire un essai d’histoire où il donne son interprétation du passé. Il a occupé un vide, et on ne peut lui en faire le reproche. Je ferais néanmoins une remarque car Saïd Sadi est un homme politique. Je pense que sa démarche n’est pas cohérente dans la mesure où, d’un côté, il critique le MALG – et en cela il a tout à fait raison – et d’un autre côté, il a soutenu le néo- MALG, le pouvoir réel, quand il a annulé les élections de janvier 1992. Il a condamné le coup d’Etat de 1962 mais a soutenu celui de janvier 1992 ! S’il répond que l’armée a sauvé la République en 1992, il doit accepter l’idée que le MALG a sauvé la révolution. Un homme politique doit être cohérent pour être crédible. Il dira qu’il critique le régime, mais en fait, il s’en prend surtout au pouvoir formel alors que tout le monde sait que Bouteflika n’a aucune autorité. Un ami à Oran me disait : Saïd Sadi critique le pouvoir formel qui est de l’Ouest et oublie le pouvoir réel qui est de l’Est. La réponse du berger à la bergère. Cela a suffi au député du RCD pour se déchaîner m’accusant d’avoir fui le pays, d’être un renégat, etc. Au lieu de montrer en quoi les deux événements, 1962 et 1992, sont différents et en quoi ma position serait erronée, il insulte et s’adonne à des attaques mensongères qui portent atteinte à son statut de député de la nation et à la crédibilité de son parti. Il affirme même que je suis vacataire en France alors qu’il lui suffit d’aller sur le site Web de l’Institut d’études politiques de l’Université de Lyon pour qu’il voie que je suis professeur des universités encadrant des thèses de doctorat. Ce que Nordine Aït Hamouda aurait dû faire, c’est de m’inviter à faire un exposé aux députés du RCD à l’Assemblée nationale sur les propos que j’ai tenus et d’avoir un débat d’analyse théorique contradictoire, franc et fraternel. Comment un universitaire peut-il répondre à des insultes écrites dans un journal ? La meilleure façon, me semble-t-il, est de sortir de l’invective et de se placer sur le terrain du débat et de l’analyse du système politique algérien pour aider les acteurs à dépasser leurs contradictions. Cela profitera aux lecteurs du Soir d’Algérie, aux militants du RCD et au député Aït Hamouda. Je développerais trois thèmes : l’islamisme, la bipolarité du pouvoir d’Etat et le rôle de l’armée et enfin la polémique autour du livre sur le colonel Amirouche.
L’islamisme
J’ai rencontré Saïd Sadi en 1989 et nous avions entretenu des rapports amicaux jusqu’en 1993-94. Nous avons divergé sur les élections remportées par le Fis en décembre 1991 et sur la position à adopter. En appelant à l’annulation de ces élections, je considérais qu’il surestimait «le danger islamiste» et me reprochait de sous-estimer ce danger. Pour lui, la transition démocratique était possible sans les islamistes. Pour moi, compte tenu de la situation historique de notre société et de la place de l’Islam dans la vision du monde de l’Algérien, il était impératif de trouver des règles de jeu avec les islamistes pour les insérer dans le schéma institutionnel pour éviter la violence. Saïd Sadi n’était pas de cet avis et, estimant que la venue des islamistes au pouvoir, même par les élections, compromettrait l’avenir du pays pour 50 ans. Ce qu’il n’a pas vu, c’est que cette position mène à l’impasse et au statu quo, et repose sur une analyse erronée du mouvement islamiste. Dans notre société, la culture et l’histoire ont fait jouer à l’Islam un rôle politique, ce qui a donné naissance au mouvement islamiste qui s’est renforcé avec la démocratisation de l’enseignement réalisée par l’Etat indépendant. Les générations nées après l’indépendance ont eu une éducation où la grille de lecture des rapports sociaux est dominée par la morale religieuse. Devenues adultes, ces générations ont exigé la moralisation des rapports d’autorité croyant atteindre par là la construction de l’Etat de droit. De ce point de vue, l’islamisme est dans la continuité idéologique du nationalisme algérien et il est aussi le produit contradictoire de la modernité. Il exprime la volonté des masses populaires à être présentes dans le champ de l’Etat d’où elles sont exclues par l’autoritarisme. Mais d’un autre côté, l’islamisme n’a pas la philosophie politique pour donner naissance à des institutions représentatives de la population en raison de la conception divine de la souveraineté. Cette contradiction, au cœur de l’idéologie islamiste, le fera nécessairement évoluer vers des conceptions du politique plus proches des hommes que de l’utopie. Cette évolution était déjà perceptible chez les djazaristes représentés par Abdelkader Hachani. Si, en tant qu’éducateurs et élites, nous arrivons à convaincre les jeunes que le Coran donne autant d’importance sinon plus au mouamalate qu’aux ibadate, si nous arrivons à leur montrer qu’il faut juger un homme ou une femme sur ses actes et non sur ses devoirs envers Dieu, nous aurons créé une dynamique de démocratisation à laquelle les islamistes prendront part. Ce n’est pas l’Islam qui pose problème à la démocratie, c’est plutôt son interprétation médiévale faite de bigoterie. Dans le Coran, il y a des ressources théologiques pour justifier la démocratie fondée sur la souveraineté humaine que certains courants de pensée islamiste appellent sayyada pour la distinguer de hakimiya. Hakimiya li Allah, sayyada li chaâb (le pouvoir suprême à Dieu, la souveraineté au peuple). C’est Abou el ‘Ala Mawdudi, islamiste pakistanais (1909-1979), qui a traduit hakimiya par souveraineté, ce qui est une erreur parce que ce concept est moderne et ne date que du 16e siècle. Sayyada est plus approprié pour le traduire. L’Europe est aussi passée par là, donnant naissance aux courants chrétiens-démocrates et sociauxdémocrates. J’ai écrit de nombreux articles parus dans des revues scientifiques aux Etats-Unis et en Europe où j’ai expliqué ce processus que j’ai appelé «la régression féconde». J’invite Nordine Aït Hamouda à les consulter pour comprendre la portée et les limites du phénomène islamiste. Religion and Modernity in Algeria, Journal of Democracy, octobre 1992, Islamist Utopia and Democracy, The Annals of the American Academy of Political and Social Science, novembre 1992, Algeria’s Tragic Contradictions, Journal of Democracy, juillet 1996, The Failure of Third World Nationalism, Journal of Democracy, octobre 1997, ou encore ma contribution Political Islam and Democracyà l’ouvrage collectif dirigé par A. Hadenius, D emocracy’s Victory and Crisis, Cambridge University Press, 1997.
Il pourra consulter mes différents articles parus dans Le Monde diplomatique de 1989 à 2006. Ces thèses ont été aussi développées dans mes ouvrages en langue française L’Algérie et la démocratie, La Découverte, 1995, Les Mutations de la société algérienne, La Découverte, 1999, et enfin Sociologie et anthropologie. Le paradigme anthropologique kabyle et ses conséquences théoriques, La Découverte, 2002. Le RCD ne partage pas cette analyse et semble miser sur la modernisation autoritaire. Mais sur quelles forces sociales et sur quels courants politiques s’appuyer pour mener son projet ? Le scénario de Mustapha Kemal Attatürk, qui attire Saïd Sadi, n’est pas possible dans les conditions de la mondialisation. Saïd Sadi voudrait mener la modernisation de la société en ignorant les islamistes. Il compte s’appuyer sur les élites urbaines et sur les courants dits modernistes dans l’Etat et dans l’armée. Ceci mènera à l’impasse parce que, premièrement, les élites urbaines, récemment constituées, n’ont aucune légitimité sociale auprès des couches populaires et, deuxièmement, parier sur l’existence de courants politiques dans l’armée est une gageure. L’armée appartient à toute la nation et il lui est difficile de s’identifier à un seul courant de la nation. Saïd Sadi a l’Algérie dans le cœur, mais sa stratégie politique mène à l’impasse, ce qui fait le jeu du régime qui n’a qu’un objectif : se maintenir.
La bipolarité du pouvoir d’Etat et le rôle politique de l’armée
Le régime algérien a une histoire et une logique héritée de cette histoire. Il est caractérisé par la bipolarité du pouvoir d’Etat divisé entre pouvoirs réel et formel, bipolarité qui trouve son origine dans le mouvement national avec l’opposition entre le PPA clandestin et le MTLD légal, l’état-major général et le GPRA, et qui s’est poursuivie après l’indépendance. La seule période où ces deux pouvoirs étaient unifiés était celle de Boumediène qui se prévalait de la légitimité historique et des institutions. L’histoire de l’Algérie a fait de la violence, et donc de l’armée, la source de la légitimité politique. C’est pourquoi le régime s’est constitué idéologiquement dans la négation du politique qui relève d’un carré très étroit d’officiers supérieurs. En Algérie, le ministre n’a aucune autorité politique, c’est un fonctionnaire désigné par des appareils qui refusent de s’institutionnaliser. Le président n’échappe pas à cette logique qui fait de lui le chef de l’administration gouvernementale et non le chef de l’Etat. Dans ce système, il y a un seul acteur politique, le DRS, qui veille à ce que l’Etat ne soit pas investi par des élites représentatives de la population. A cette fin, une opposition formelle est mise en place pour servir de paravent démocratique. Dans cette mission, le DRS s’inscrit dans le prolongement de l’idéologie du mouvement national : il ne veut pas que les Algériens se divisent politiquement et, à cette fin, il leur interdit de faire de la politique. Là se pose le problème du rôle de l’armée dans le champ politique. C’est l’ALN qui a créé l’Etat indépendant et, historiquement, l’ANP est issue de l’ALN. Il y a cependant une différence de taille entre les deux : l’ALN est une organisation révolutionnaire qui cherchait à transformer la situation politique en détruisant le système colonial. L’ANP est une armée classique et, en tant que telle, elle est attachée au maintien de l’ordre établi, refusant les ruptures brutales. L’annulation des élections de janvier 1992 peut être interprétée comme le refus d’une rupture brutale qu’elle n’a pas acceptée. Par conséquent, compter sur l’armée, ou un courant dans l’armée, pour opérer les changements nécessaires est une illusion. Le PAGS avait longtemps cru en cette illusion de l’existence «d’un courant progressiste» dans l’armée, ce qui a été la cause de sa disparition. Un parti politique ne doit pas bâtir sa stratégie sur des illusions. Il doit investir dans le long terme et défendre les principes constitutifs de la modernité. Le nationalisme algérien comporte des dynamiques de modernité, mais il connaît aussi des obstacles qui lui sont propres. Il faut prendre conscience de ces obstacles et les analyser pour accompagner les changements dont est grosse la société. Les générations précédentes ont créé une conscience nationale, une nation, mais le régime qui en est issu croit protéger celle-ci en refusant l’émergence d’une société civile avec de vrais partis et des syndicats représentatifs, en s’opposant à la construction de l’Etat de droit qui arbitre les conflits sur la base de la règle juridique et enfin en empêchant l’économie de s’organiser sous forme de marché qui suppose la concurrence. La nation s’organise sociologiquement en société civile, politiquement en Etat de droit et économiquement en marché. L’Etat de droit, la société civile et le marché appartiennent désormais à la perspective historique de l’Algérie enclenchée par le mouvement national sous la colonisation. Les partis devraient s’inscrire dans le sens de cette perspective, en demandant la réhabilitation du politique et l’institutionnalisation des rapports d’autorité.
La polémique autour du livre sur le colonel Amirouche
Saïd Sadi est un homme politique à vocation nationale. Dans son livre sur le colonel Amirouche, il cite le colonel Lotfi et le capitaine Zoubir de la Wilaya V, victimes de rivalités dans le FLN. Son livre est une contribution à l’histoire du FLN et des luttes qui l’ont marqué. Sa thèse – Amirouche aurait été trahi – est plausible et il est possible qu’elle soit démontrée avec des archives non disponibles aujourd’hui. S’il a choisi le colonel Amirouche, c’est parce que celui-ci est un héros national perçu comme tel dans toute l’Algérie. Dans les principales villes du pays, il y a le boulevard ou l’avenue Amirouche. Mais dans la polémique - qui avait duré plusieurs mois – Saïd Sadi ne cherchait pas à rassembler, à convaincre celui qui s’oppose à sa thèse. Dans la polémique, il a été plutôt brutal, souvent méchant, personnalisant et régionalisant le débat. En parlant de Ben Bella, Mahsas, Ali Kafi…, il est irrespectueux. Qu’on le veuille ou non, et même si on ne partage pas leurs convictions politiques, Ben Bella, Ali Kafi, Mahsas… sont des symboles et on ne les traite pas comme des moins que rien. Un homme politique doit faire attention à la forme pour ne pas blesser gratuitement ses compatriotes. A l’échelle de l’histoire du mouvement national, Abdelhafid Boussouf – dont je n’apprécie pas les méthodes – est un monument. C’est un militant des années 1940 socialisé dans la clandestinité et élevé dans le culte de la violence contre le système colonial. Pour lui, une divergence politique doit se résoudre par la disparition physique. Si Ferhat Abbas avait la force de caractère de Abbane, il l’aurait tué. La haine que Boussouf avait pour le système colonial, il l’exprimait face à quiconque s’opposait à lui. Il a été concurrencé sur son propre terrain par Amirouche qui avait la légitimité des armes, celle-là même dont il se réclamait. Dans cet état d’esprit, dans cette culture du PPA clandestin, Boussouf devait éliminer Amirouche ou inversement. Amirouche était parti vers Tunis non pas pour prendre du thé mais pour régler des comptes avec ceux qu’il accusait d’étouffer les maquis de l’intérieur. Les dirigeants installés à Tunis étaient hostiles à Amirouche non pas parce qu’il était Kabyle mais parce qu’il incarnait la légitimité de l’intérieur. Amirouche était le porteparole informel des maquis du Centre, de l’Ouest, de l’Est et du Sud. Les dirigeants installés à Tunis craignaient qu’il ne devienne le chef d’état-major de l’ALN qu’il voulait transférer à l’intérieur. Par conséquent, il n’y a pas d’anti-kabylisme, il y a une lutte féroce pour le pouvoir. Abbane Ramdane en a fait les frais au prix de sa vie. Il avait été mis en minorité au CNRA du Caire et marginalisé parce qu’il était en avance sur ses compagnons d’armes. Là où Saïd voit du régionalisme, il y a simplement des limites idéologiques. L’Algérie est indépendante grâce à Boussouf, Amirouche et leurs compagnons. Le regard qui doit être porté sur eux ne doit pas être manichéen, tout blanc ou tout noir. Il faut surtout dépasser la manière avec laquelle ils faisaient la politique, il faut dépasser leur nationalisme guerrier qui se retrouve dans la plume de Saïd Sadi. J’ai dit aux étudiants de l’Université Mouloud-Mammeri que si l’Algérie veut construire un ordre politique moderne, il faut impérativement que les Algériens s’entendent sur un postulat de base qui ne doit souffrir aucune exception : la valeur suprême dans la société est la vie humaine. On ne fait pas de politique en sacrifiant des vies humaines. Pour respecter ce postulat, il faut trois conditions : 1. Le monopole de la violence doit appartenir à l’Etat. 2. Ce monopole doit être exercé par les agents de l’Etat dans le cadre de la loi. 3. La loi doit être faite par une Assemblée nationale représentative. C’est ce projet qu’un Saïd Sadi moins belliqueux devrait défendre. En conclusion, et pour revenir à Nordine Aït Hamouda, je voudrais lui dire que la politique, c’est comme le football. Il faut jouer le ballon et non l’homme. S’il insulte l’adversaire sur le terrain, l’arbitre – l’opinion publique – sortira le carton rouge.
L. A






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Lakhdar Ben Said:

“Said Sadi est un fils de harki”


14 juillet, 2010

L'ancien secrétaire général de l'Organisation nationale des enfants dechouhada (ONEC), Lakhdar Ben Said a affirmé au Forum du quotidienarabophone El Bilad, que le père du chef du Rassemblement pour laCulture et la Démocratie (RCD) , Said Sadi, était un harki et un agentde la France. “Said Sadi n'est pas apte à écrire un livre surl'histoire de la révolution algérienne (…) Il aurait du publier le CVde son père pour permettre aux Algériens de le connaitre…. Nous avonsdes témoignages qui attestent que durant la guerre de libération, lepère de Said Sadi n'hésitait pas à voiler le visage pour dénoncer lesmoudjahidine et les militants de la cause nationale.” El Mouhtarem

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La police du FLN a toujours eu recours à des pratiques non démocratiques pour jeter l'anetheme sur ses détracteurs en les accusant de Harkis ou de faire pression sur eux en déballant les secrets intimes de leur vie privée.

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«Il est important de savoir qui a trahi Amirouche»




Le général-major à la retraite Hocine Benmaâlem, ancien secrétaire du colonel Amirouche, nous livre son témoignage sur le parcours du chef de la Wilaya III. Amirouche était très en colère contre les responsables à l’extérieur qu’il accusait de ne pas s’occuper des Wilayas de l’intérieur.





- Comment vous êtes devenu secrétaire du colonel Amirouche ?

Ma première rencontre avec Amirouche remonte au printemps 1956 dans mon village natal : Kalaâ des Beni Abbès. C'était pendant les vacances de Pâques ; j'étais, à ce moment-là lycéen. Je me trouvais dans un magasin avec un ami également lycéen, Benmeni Mahdi, qui est tombé par la suite au champ d'honneur. Amirouche, qui était responsable de la Petite Kabylie, passa accompagné de Krim Belkacem. Ils étaient venus rencontrer la délégation des Aurès conduite par Omar Ben Boulaïd. Le commerçant, qui les a invités à prendre un thé, était au courant de notre intention de rejoindre l'ALN, il dit alors aux deux responsables : «Ces jeunes veulent rejoindre l'ALN.» Ils répondirent tous les deux qu'il n'en était pas question, qu'il fallait que nous continuions nos études, car l'Algérie indépendante aura besoin de nous. Nous étions déçus et nous rejoignîmes notre établissement. Ce n'est qu'après la grève des étudiants, qui a eu lieu quelque temps après, que nous sommes venus le revoir. Il accepta à ce moment-là de nous recruter. Il m'a dit de suivre le chef de secteur. Il a ajouté : «Nous nous reverrons bientôt.» Suivant les instructions reçues, le chef de secteur me présenta à un commissaire politique régional, un ancien militant bien connu dans la région : Si Mohand Akli Naït Kaâbache. Je suis resté avec lui jusqu'au congrès qui s'est tenu à Ouzellaguène. A la fin de la réunion, Amirouche me convoqua et me demanda de l'accompagner à la Wilaya 1 comme secrétaire. Je suis resté avec lui presque une année pendant laquelle je l'ai accompagné aux Aurès et en Tunisie jusqu'au jour où il m'ordonna d'aller faire des études au Moyen-Orient.
J'ai reçu une formation d'officier à l'Académie militaire en Syrie, puis en Egypte. Au moment où j'ai rejoint de nouveau l'ALN en avril 1959, Si Amirouche venait juste de tomber au champ d'honneur. Cela a été un grand choc pour moi et une grande perte pour l'Algérie.
- Certains acteurs de la vie politique et des personnes historiques n'hésitent pas à traiter Amirouche de sanguinaire. Vous qui l'avez côtoyé, pensez-vous qu'il l'était vraiment ?

Je n'accepterai jamais de traiter de la sorte un héros comme Amirouche. Grand chef révolutionnaire et grand patriote sont les qualificatifs qu'on doit lui attribuer.
C'est vrai qu'il y a eu un certain dérapage au cours de l'opération la Bleuite ; des combattants de l'ALN ont été exécutés injustement, mais il faut placer les choses dans le contexte du moment, les conditions de vie étaient très difficiles dans les maquis. Si Amirouche a toujours agi en bon père de famille, des erreurs ont été commises, mais de bonne foi, le but était de sauver la Révolution. C'est lui-même qui déclara au cours d'un discours prononcé devant des milliers de maquisards en novembre 1958 : «On dit que l'Armée de libération nationale commet des injustices. Non, l'ALN ne commet pas d'injustices, elle commet des erreurs.» C'est facile pour des personnes qui sont aujourd'hui bien installées dans leur fauteuil de traiter Amirouche de sanguinaire. Je suis curieux de savoir ce qu'elles auraient fait, si elles avaient été à sa place à cette époque-là. Ensuite la Bleuite n'est pas une affaire facile à gérer ; c'est une grande opération montée par les services psychologiques de l'armée française dirigés par le général Jacquin et le capitaine Léger. Il faut reconnaître qu'ils l'ont réussie, comme nous, nous avions réussi l'opération l'Oiseau bleu. Pendant la guerre, on gagne des batailles, on en perd d'autres, l'important c'est de gagner la guerre et nous l'avons gagnée. Nous avons vécu ensemble presque un an, Si Amirouche était un homme bon, humain qui aimait et respectait ses frères d'armes. Il s'est toujours comporté comme un bon père de famille. Ceux qui prétendent qu'il était sanguinaire, que Dieu leur pardonne. Ce n'est pas vrai, c'est totalement faux.
- Comment réagissait-il aux exécutions pendant l'affaire de la Bleuite ?

J'étais au Moyen-Orient pendant la période de la Bleuite. Donc je ne peux pas porter de jugement, il y a des personnes ayant vécu ce tragique événement, ont fait des témoignages. Par contre, je peux dire, connaissant parfaitement l'intéressé, Amirouche est incapable de faire du mal à ses compagnons d'armes. C'est vrai qu'il était très dur, mais il l'était tout autant avec lui-même. Et en plus, cette affaire n'était pas gérée directement par lui. Il avait désigné une commission pour cette pénible mission, ceci ne diminue en rien sa responsabilité en tant que premier responsable de la Wilaya. Mais je le répète, des erreurs ont été commises, ce n'était pas dans l'intention de nuire, mais pour servir la Révolution. Pour répondre à votre question, Si Amirouche a certainement vécu dans la douleur cette période, certaines personnes ont déclaré qu'elles l'avaient vu en train de pleurer.

- On reproche aussi à Amirouche d'être un anti-intellectuel. Qu'en était-il réellement ?

Totalement faux. Au contraire, il n'y a pas, à ma connaissance, un responsable qui, comme lui, respectait les gens instruits et encourageait les autres à s'instruire. A notre arrivée à Tunis, il s'était enquis immédiatement de la situation des étudiants algériens qui était lamentable. Il les avaient habillés correctement et leur a assuré par la suite l'hébergement et la nourriture. Que de groupes de jeunes, il a dirigé de l'intérieur du pays vers Tunis pour étudier ; il pensait constamment à la formation des cadres pour l'Algérie indépendante.

- Comment justement voyait-il cette Algérie indépendante ?

Ecoutez, son souci immédiat était l'indépendance du pays. Il fallait d'abord se débarrasser du colonialisme. Il ne pensait qu'à ça. Après, c'est vrai qu'on imaginait tous l'Algérie indépendante comme un véritable paradis. Nous étions des idéalistes.
- Un des moments forts que vous aviez vécu avec le colonel Amirouche, c'est lorsque vous l'aviez accompagné dans les Aurès. Comment s'était déroulée cette mission ?
Les congressistes étaient étonnés que la délégation de la Wilaya I ne soit pas présente, alors qu'une invitation avait été adressée à Si Mostefa Ben Boulaïd. Inquiet de cette absence, il a été décidé la constitution de trois commissions pour se rendre dans la Wilaya I pour s'enquérir de la situation. Zighoud Youcef et Brahim Mezhoudi devraient venir de l'Est, Ouamrane et Si Cherif (Ali Mellah), du Sud, et Amirouche devait rejoindre de l'Ouest. Mais malheureusement, Zighoud, en cours de route, est tombé au champ d'honneur, Ouamrane et Si Cherif étaient retenus par des tâches importantes dans leurs Wilayas respectives (IVe et VIe). Finalement, seul Amirouche, accompagné de son secrétaire, c'est-à-dire moi-même, et le garde du corps, Abdelhamid Mahdi, s'est rendu à la Wilaya 1
On rencontra près de Bordj Bou Arréridj une délégation dirigée par Omar Ben Boulaïd. Il avait déclaré que celle-ci se rendait pour assister au congrès. Quand Si Amirouche demanda après Si Mostefa, Omar répondit qu'il était tombé au champ d'honneur en mars 1956. Si Amirouche lui reprocha de n'avoir pas donné cette nouvelle quand il est venu au printemps passé en Wilaya III. Il n'a rien trouvé à dire. Ce qui s'était passé en réalité, c'est qu'une guerre de succession s'est déclarée après la disparition de Si Mostefa Ben Boulaïd et Omar Ben Boulaïd était l'un des candidats, c'est pour cela qu'il a caché la mort de son frère quand il est venu à la Wilaya III. Il voulait en fait la caution de Krim Belkacem qui était très respecté par Si Mostefa, au point qu’il demanda à ses collaborateurs de s'adresser à lui au cas où il lui arrivait malheur. D'ailleurs dès qu'il retourna en Wilaya I, Omar déclara que le «Nidam» l'avait désigné à la place de son frère, ce qui aggrava la situation.

Nous avons rencontré également un émissaire d' Adjoul Adjoul qui déclara également qu'il se rendait pour assister au congrès. La quasi-totalité des responsables des Aurès ont très bien accueilli Si Amirouche. Ils ont été très satisfaits des décisions du congrès ; ils l'accompagnèrent au cours de toute la mission. Il ne prenait aucune décision sans demander leur avis ; leur collaboration a été précieuse et a contribué à la réussite de la mission. Si Amirouche et ses accompagnateurs ont sillonné pendant plus de deux mois une bonne partie de la wilaya. Les déplacements étaient quotidiens pour pouvoir contacter les différents responsables, rencontrer les combattants, leur parler pour remonter leur moral, les occuper en leur fixant des missions de combat, contacter la population pour l'encourager et la mobiliser, tenir des réunions, prendre des décisions parfois graves et même risquées.

- Mais il y a eu l'épisode Adjoul Adjoul. Que s'est-il passé ?

Pour connaître la situation, Amirouche tenait à rencontrer tous les responsables, y compris Adjoul. La rencontre avec ce dernier a été cordiale, il s'est montré coopératif lorsque Amirouche lui a demandé de céder le commandement de sa région pour l'accompagner dans les Nememchas et même jusqu'en Tunisie. Il faut souligner qu’Adjoul était un moudjahid de la première heure. Il était l'un des adjoints de Mostefa Ben Boulaïd ; il était lui aussi candidat à la succession de ce dernier. La plupart des responsables rencontrés dans les Aurès l'accusaient d'avoir exécuté Chihani Bachir et d'être aussi à l'origine de l'envoi du poste radio piégé dont l'explosion a provoqué la mort de Mostefa Ben Boulaïd. Malgré cela, Amirouche l'a ménagé et quand les responsables de la région de Ali Nas l'ont refoulé et lui ont interdit de continuer le chemin avec Amirouche, ce dernier, pour le protéger, lui a donné la possibilité de se rendre auprès du CCE. Il lui remit un ordre de mission. Il accepta la proposition et nous nous séparâmes. Quelques jours après, nous le retrouvâmes à Kimel. Il avait complètement changé d'avis et il exigeait de reprendre le commandement de sa région. Amirouche l'invita à une grande réunion qui devait avoir lieu à Sidi Ali, le lendemain. Adjoul arriva, mais on constata qu'il était sur ses gardes. Intrigués par cette attitude suspecte, Amirouche et les autres responsables ont pensé qu’Adjoul allait assassiner tous les responsables présents pendant la nuit. Donc, ils ont décidé, à titre préventif, de l'arrêter et l'envoyer au CCE pour statuer sur son cas. Il n'a jamais été question de l'abattre. Mais, comme il était en état d'extrême vigilance, il riposta, ainsi que ses gardes du corps quand on a voulu l'arrêter. Une fusillade éclata, trois morts étaient à déplorer, lui-même avait été blessé. Il s'est rendu le lendemain à l'armée française.

- Vous avez été contraints d'écourter votre mission dans les Aurès, pourquoi ?

Absolument. On aurait continué notre mission, si nous n'avions pas reçu la nouvelle de la mort du commandant de la Wilaya III, Mohamedi Saïd. Une information qui s'avéra fausse. Mais avant de quitter les Aurès, Amirouche avait donné rendez-vous à tous les responsables auresiens pour une rencontre en Wilaya III. Elle a eu lieu effectivement en décembre 1956 à Moka, près d'Ighil Ali. Si El Haoues était également présent. Entre-temps Amirouche a fait parvenir un rapport sur sa mission au CCE. Suite à cela, il a été chargé de poursuivre son travail pour la partie est de la Wilaya I, dont certains responsables se trouvaient à ce moment-là à Tunis.
- Comment s'est déroulée la mission à Tunis ?

Si Amirouche était accompagné, au cours de cette mission, de moi-même, de deux gardes du corps (Abdelhamid Mehdi et Mouri Tayeb) ainsi que de deux responsables auresiens (Tahar Nouichi et Lamouri Mohamed). Après avoir traversé la Wilaya II avec les différents incidents de parcours, dont les plus importants furent l'encerclement près de Aïn Roua par l'armée française et la bataille de Toumiet près d'El Harrouche, nous avions rencontré les membres du commandement de la Wilaya II près d'El Kol. Après des marches forcées quotidiennes qu'ont connues tous ceux qui ont eu à accompagner Si Amirouche, nous sommes arrivés finalement à Djebel Beni Salah, où nous avions été reçus par Abderrahmane Bensalem qui nous a accompagnés jusqu'à la frontière tunisienne au lieudit Ouechtata, de là, on nous transporta dans des véhicules jusqu'à Souk El Arba, où nous avions été reçus par Amara Bouglez, responsable de la Base de l'Est qui n'était pas reconnue à ce moment-là en tant qu'entité autonome. Nous avons par la suite rejoint Tunis.
Il est à noter que Ali Oubouzar nous a rejoints en cours de route et il a continué la mission avec nous. J'ai été personnellement très satisfait, car immédiatement on s'est très bien entendu. Notre amitié dure jusqu'à maintenant.
Dès notre arrivée à Tunis, Si Amirouche a commencé à activer. Il rendit visite aux responsables de la Wilaya I qui étaient incarcérés dans une caserne tunisienne après l'incident de Monfleury. Il s'agissait de Abbès Laghrour, Cheriet Lazhar, Abdelhaï et autres. Ils ont été entendus sur procès-verbaux par mon ami Ali Oubouzar, puis par moi-même. Les PV ont été remis à Si Amirouche qui s'est attelé aussi à la constitution et l'envoi de groupes d'acheminement d'armes vers la Wilaya III. Il se rendait souvent aux frontières.
Il s'occupa de la situation des étudiants se trouvant à Tunis qui étaient en ce moment-là, du fait de la guerre, abandonnés à leur sort. Il les habilla, leur assura le gîte et le couvert.

Si Amirouche avait une intense activité, il s'occupait de tout ce qui touchait à la Révolution au point où un jour, le commandant de la base de Tunis, le commandant Benaouda, lui écrivit une lettre lui demandant de ne pas s'immiscer dans ce qui relevait de ses prérogatives, Si Amirouche lui répondit que tout ce qui touchait à la Révolution le concernait en lui demandant de faire plus d'efforts pour que les problèmes soient réglés avant qu'ils n'arrivent à lui.
Nous travaillions dans le bureau de l’UGTA dont le responsable était Mouloud Gaïd. Il était situé au siège de l'UGTT, on nous affecta par la suite un bureau, rue Sadikia que nous partagions avec le représentant de la Base de l'Est, Si Rabah Nouar. Un jour, Si Amirouche m'apprit que nous devions nous rendre en mission au Maroc. On nous délivra deux passeports tunisiens qu'il m'a remis pour les garder. Quelque temps après, il me demanda de les lui remettre. Il les ratura, puis il me les remit en me demandant de les remettre à Ouamrane en lui disant qu'on ne se rendra pas au Maroc et que la semaine d'après, il sera en Algérie et c'est ce qu'il fit. Il m'ordonna de me rendre au Moyen-Orient pour étudier. C'était à la fin de la première semaine de juin 1957. Une semaine après, il quitta lui-même Tunis pour l'Algérie.

- Pourquoi, avait-il soupçonné quelque chose ?

Sans doute !

- Au congrès de la Soummam, certains chefs de la Révolution ont minimisé le rôle de Amirouche… Est-ce vrai ?
Qui sont ces certains !

- Ali Kafi qui a dit de Amirouche, en réagissant au livre de Saïd Sadi, qu'il était blâmé par Abane pour avoir abandonné la délégation de l'Ouest à Lakhdaria et que lors de la réunion des colonels dans la Wilaya II en 1958, il «tremblait dans sa djellaba» ?

Amirouche trembler ! Alors il le connaît très mal. Amirouche qui, de l'avis de tout le monde, a fait face aux dizaines de généraux de l'armée française. J'ai vécu pratiquement un an à ses côtés et Dieu sait que nous avions été confrontés pendant cette période à des situations très périlleuses. Je ne l'ai jamais vu trembler, bien au contraire. Et puis on n'a pas le droit de calomnier de la sorte un compagnon d'armes qui est de surcroît tombé au champ d'honneur les armes à la main, c'est une honte de la part d'un haut cadre de la Révolution et de l'Etat algérien, mais Ali Kafi n'est pas à sa première bourde, que Dieu lui pardonne. Amirouche a joué un rôle capital dans la réussite du congrès de la Soummam qui s'est tenu dans la zone qu'il commandait. Les vrais architectes qui ont permis la tenue et la réussite du congrès, ce sont Abane et Ben M’hidi pour ce qui concernait la préparation des documents qui devaient être discutés au cours des réunions, et Amirouche aidé par ses collaborateurs de la zone se sont occupés de la partie la plus difficile : la préparation matérielle et surtout la sécurité dans une zone où les autorités françaises étaient aux aguets, puisqu'elles étaient au courant du déroulement de la réunion grâce à la fameuse mule qui s'est rendue dans un poste militaire français emportant les documents. Amirouche a changé le lieu initial du déroulement, mais le nouveau n'était pas très loin du premier.

- Revenons à la polémique soulevée par le livre de Saïd Sadi, à savoir les circonstances de la mort de Amirouche et de Si El Houès. Il laisse entendre que les colonels étaient livrés par le MALG. Qu'en dites-vous ?

Moi, je ne veux pas entrer dans cette polémique qui a déjà fait couler beaucoup d'encre, mais je vais vous donner mon point de vue personnel sur la question :
-1- L'opération de Djebel Thameur a été déclenchée sur renseignement (rapport du commandant de l'opération au Premier ministre français), ce n'était pas une opération de routine vu le dispositif impressionnant déployé par l'armée française sur tout le couloir que devait traverser Amirouche et Si El Houès. Il reste à savoir, et c'est très important, qui a fourni le renseignement ?
Moi, personnellement, je n'ai pas de preuve formelle que c'est telle ou telle partie qui a fourni le renseignement, ça peut être de l'extérieur comme ça peut être une trahison de l'intérieur (biaâ). On le saura un jour quand on aura accès aux archives de l'armée française.
-2- Si Amirouche était très en colère contre les responsables à l'extérieur qu'il accusait de ne pas s'occuper des Wilayas qu'il jugeait abandonnées à leur sort.
-3- Certains responsables à l'extérieur, y compris certains anciens de la Wilaya III, appréhendaient beaucoup l'arrivée de Si Amirouche à Tunis

- Après l'indépendance, les ossements des deux colonels, Amirouche et Si El Houès, étaient séquestrés dans les sous-sols du ministère de la Défense. Ne trouvez-vous pas ça étrange ?

C'est un comportent inadmissible ! C'est une honte pour le pouvoir algérien. Ça m'a beaucoup choqué lorsque j'ai appris cela en 1983, quand le président Chadli avait décidé de les réhabiliter en leur organisant des funérailles nationales. Bien évidemment, Boumediène en serait le premier responsable, car je ne pense pas que Ahmed Bencherif ait pris la décision tout seul.

Hacen Ouali

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Nouvelles révélations sur le trésor de la Wilaya III :


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Nouvelles révélations sur le trésor de la Wilaya III :
Les 4 millions de francs et les lingots d’or remis par Mohand Oulhadj à Ben Bella



Mercredi 25 Août 2010 -- Dans la foulée des révélations sur la Guerre de libération nationale, une partie du voile vient d’être levée sur les biens matériels et les fonds collectés l’ALN et leur devenir après l’indépendance. La Wilaya III historique, à elle seule, a remis en 1964 une cagnotte de 4 millions de francs français à Ahmed Ben Bella alors président de la République, comme l’atteste un document daté du 31 décembre 1964. En plus de cette importante somme d’argent, le colonel Mohand Oulhadj, qui a dirigé la Wilaya III de 1959 à l’indépendance, a remis à la présidence de la République de l’époque, le trésor de la Wilaya III comprenant d’importants objets de valeur tel que énumérés sur le récépissé daté du 25 novembre 1964 et portant le cachet de la haute instance de la toute jeune République algérienne indépendante. Dans ce document dont TSA détient une copie, sont listés notamment : 46 lingots d’or de 1 kg, 44 pièces d’argent de 5 francs, une paire de bracelet d’or, un tour de cou avec une pièce de 50 francs en or, 84 pièces d’or de 10 francs et 9.278 pièces de 20 francs en or.

Ces nouveaux documents viennent d’être dévoilés par Mohand Saïd Akli, fils du colonel Mohand Oulhadj. But : tenter de mettre fin à la polémique qui a suivi la sortie médiatique de Nordine Aït Hamouda ayant déclaré le 18 août dernier que le colonel Amirouche avait laissé à Mohand Oulhadj des documents, de l’argent et de l’or avant son voyage vers Tunis. Selon Mohand Saïd Akli, qui est également membre du conseil national de l’influente ONM (organisation des Moudjahidine), seule la wilaya III historique a restitué son trésor à l’indépendance. Toutefois, des questions restent posées quant au sort de ce trésor. En revanche, il est clair que ce n’est qu’après avoir tourné le dos au leader du Front des forces socialistes (FFS), Hocine Aït Ahmed, avec qui il avait participé en 1963 au déclenchement de l’insurrection contre le régime autoritaire de Ben Bella, que Mohand Oulhadj a décidé de restituer le mois de novembre 1964 le patrimoine de la Wilaya III historique.
mourad allal

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Nos mythes d’enfance

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Salah Amer-Yahia*


Quoique l’auteur du livre Amirouche : une vie, deux morts, un testament, Saïd Sadi, ait déclaré ne pas s’être adonné à l’écriture de l’histoire, force est de reconnaître que son œuvre littéraire a ouvert le débat sur l’histoire contemporaine de l’Algérie, notamment celle de la guerre d’Indépendance, et ce, à la veille de la commémoration du cinquantenaire du départ du colonisateur français. L’auteur, connu comme acteur avantgardiste pour ne pas dire maquisard de la scène politique de l’Algérie indépendante, ne laisse pas indifférent.
Il a réussi à faire délier les langues, voire casser tabous et amnésie. Or, le mal est profond chez nos démagogues plus préoccupés par leurs histoires personnelles que par le respect de ceux qui se sont sacrifiés. On en veut comme preuve cet acharnement aveugle à vouloir déjuger de la qualité des témoignages de compagnons encore en vie d’un de nos héros de la guerre de Libération nationale, MM. Rachid Adjaoud, Djoudi Attoumi, Hamou Amirouche, Mohand Sabkhi, le général Benmaâlem et bien d’autres, pour brandir et préférer les récits de mercenaires de l’armée coloniale ou d’intrigants comme Fethi Dib. Ce dernier, officier des renseignements égyptiens qui avait en charge le dossier Algérie durant la guerre de Libération, vient d’être cité dans El-Khabar Hebdo n°597 dans une contribution de M. Djermane sur ces évènements en débat, notamment le congrès de la Soummam. Comment peut-on arriver à donner du crédit aux mémoires d’un officier des renseignements d’un pays étranger dont le chef, Djamel Abdel Nasser, était politiquement intéressé par l’évolution et l’issue de cette guerre de Libération et mettre de côté, et en doute, les témoignages d’acteurs et cadres de cette guerre qui se trouvaient dans la Wilaya III historique où s’est tenu ce congrès de la Soummam ? Bien qu’avant que cette lecture orientaliste de la guerre de Libération nationale, et en langue arabe, ne commence à s’étaler dans des quotidiens nationaux sûrement à cause des retombées du match Égypte-Algérie, d’autres polémistes se sont échinés à diaboliser le chahid Amirouche en reprenant à leur compte les écrits, et en français, de mercenaires de l’épée et maintenant de la plume, hantés par le Lion du Djurdjura.
La chute de la IVe République française
Les contradicteurs du livre sur Amirouche parlent de purges, d’épurations, de bleuite dans la Wilaya III avant que ce chef ne tombe dans un traquenard le 28 mars 1959, les armes à la main, à côté de ses compagnons. Or, l’épisode, qui donne des insomnies à ces contradicteurs et rend la Wilaya III douteuse à leurs yeux, est curieusement celui riche en évènements importants de la Révolution algérienne mais fatidiques pour la IVe République française. On n’en citera que deux, auxquels se sont intéressés les pouvoirs français et égyptien. L’opération «L’oiseau bleu» pensée par le gouverneur général Jacques Soustelle, mise en œuvre par des généraux de l’empire colonial (Lorillot, Spillman, Beaufre…) et par laquelle les services secrets de la IVe République française ont armé et équipé des centaines de moudjahiddine en Wilaya III, croyant avoir monté un troisième maquis à côté de celui du MNA de Messali Hadj pour contrer celui du FLN dirigé par Krim Belkacem. La deuxième œuvre, monumentale, fut l’organisation dans la vallée de la Soummam, devenue le centre de gravité de la guerre de Libération, du premier congrès de la Révolution algérienne vingt mois après son déclenchement. Quid de la mission réussie du colonel Amirouche en Wilaya I pour mettre fin aux dissensions et liquidations fratricides qui minaient cette Wilaya et la Révolution après l’assassinat de Mustapha Ben Boulaïd. Tous les griefs soulevés contre la wilaya III tournent autour de ces deux importants faits historiques. Le premier est militaire. Un département de contre-espionnage d’une grande puissance mondiale se fait ridiculiser par des maquisards. Le second est politique. Il a sonné le glas du colonialisme en posant les assises d’un Etat démocratique et sociale tout en contrecarrant les visées hégémoniques du nassérisme et de l’intégrisme religieux. Les acteurs du Congrès de la Soummam furent froidement assassinés : Larbi Ben M’hidi par le sinistre Aussaresses, Ramdane Abane par son compagnon Boussouf après avoir été minorisé par le CNRA éclaté d’août 1957 du Caire. D’autres liquidations de cadres de la Révolution survenues après ce congrès apparaissent au grand jour. Elles étaient et sont revendiquées et présentées comme un danger pour le devenir de cette Révolution par ceux qui ont fini par prendre le pouvoir avant et surtout après l’indépendance. Le cynisme qui entoure et accompagne l’assassinat de Abane Ramdane, l’exécution d’officiers supérieurs de la base de l’Est en novembre 1958 préludent d’évènements que l’entendement humain accepte difficilement. Pour le commun des mortels, les colonels El-Houès et Amirouche furent victimes de trahison en allant à la rencontre de ceux qui ont assumé ces crimes. Par contre, ce commun des mortels n’arrive pas à admettre que leurs corps soient déterrés de la terre qu’ils ont arrosée de leur sang pour être séquestrés durant plus de vingt ans dans les locaux à archives d’une institution de cette République, fruit de leurs sacrifices. Un acte que M. Ali Kafi qualifie à juste titre de crime impardonnable.
Un seul héros, le peuple
Ce déterrement et cette séquestration des dépouilles des colonels Amirouche et El- Haouès ont été faits au lendemain de la restauration de l’Etat national sur ordre de Houari Boumediene selon les confessions de M. Bencherif. Le président de le République algérienne de l’époque n’a toujours pas réagi à ce crime impardonnable commis sous son autorité et probablement à son insu. Cet impardonnable crime est l’œuvre d’un homme qui s’est placé au-dessus de l’Etat, du peuple et de la Révolution. Le colonel de la Wilaya II et homme d’Etat lui endosse les dérives qu’a vécues et que connaît l’Algérie. Il nous apprend qu’il est arrivé du Caire au QG de la Wilaya V installé au Maroc pour devenir colonel de l’ALN sans tirer une balle dans les maquis de l’intérieur. Cette ascension fulgurante s’oppose et remet en cause son patriotisme et son nationalisme. Son règne sans partage fut bâti sur le prestige d’une révolution et l’héroïsme d’un peuple. Un vrai chèque en blanc que cet adepte de Staline s’est empressé de dilapider à voir les assassinats d’historiques en terre étrangère comme Krim Belkacem, Mohamed Khider… et aussi l’implosion de son système de pouvoir autocratique dès sa mise en terre.
Mythe et réalité
L’auteur de Sans tabous, sans injures, sans soupçons, Yacine Teguia, paru dans le Soir d’Algérie, se réfère à l’historien anglais Eric Hobsbawm pour classer dans la série mythologie historique cette libre contribution du Docteur Saïd Sadi sur la guerre d’indépendance. Il s’émeut que l’auteur d’ Amirouche : une vie, deux morts, un testament réponde aux critiques soulevées par le colonel de la Wilaya II historique et fait l’impasse sur celles d’acteurs politiques comme Louisa Hanoune. Peut-on mettre sur un même piédestal dans ce débat sur l’histoire un acteur de la Révolution de surcroît homme d’Etat avec un chef de parti ? La sortie de M. Ali Kafi a enrichi le débat sur l’histoire contemporaine du pays. Il a fait réagir les historiens en les accusant d’avoir créé le vide en le domaine au point qu’un psychiatre s’en saisisse. Durant la guerre de Libération, Amirouche était notre mythe, notre idole. La réalité apparaît tout autre surtout cinquante après sa mort au champ d’honneur. L’hommage que lui rend Saïd Sadi n’est que devoir et justice dans l’attente de voir d’autres travaux de réhabilitation de tous nos héros, victimes de l’oubli et, des fois, d’atteinte à leur mémoire. Un exemple vivant vient de nous être révélé par le quotidien El-Watandu 8 juillet 2010 en la personne de Si Larbi Addou, chef du commando Djamel de la Wilaya IV en mission en Wilaya VI, blessé dans la fameuse bataille de Djebel Thameur et qui a vécu avec une retraite de jardinier de l’Ecole interarmes de Cherchell. Loin d’être un mythe, Si Larbi Addou vient d’être réhabilité dans sa qualité de cadre supérieur de la Révolution. La crédibilité de toute œuvre se mesure à l’intérêt que lui accorde celui qui la reçoit, en l’occurrence le lecteur, le citoyen. Dans le domaine de l’histoire comme dans l’éducation, les gestionnaires de la communication et de l’information ont privilégié l’amnésie développée à coups d’interdits et de falsifications de la réalité historique, ancienne et contemporaine. A vouloir verser dans la culpabilisation de l’oppresseur, l’héroïsme de tous les acteurs, illustres ou inconnus, a été effacé des livres d’histoire enseignée à nos enfants. Des images difficilement soutenables sont préférées à celles de nos mythes d’enfance, à leur courage devenu légendaire. Pis encore, certains intervenants versent dans l’apologie de l’oppresseur, des tortionnaires dans leur aveuglement à vouloir attenter à ces héros qui ont mis fin à l’ère coloniale. Serait-ce l’apologie de l’oppresseur qui serait visé, son invincibilité comme s’entêtent certains intervenants, entre autres Ali Mebroukine, à profaner la mémoire d’Amirouche et de ses compagnons ?
Ecriture de l’histoire
Les levées de boucliers et surtout les attaques lancées contre le docteur Saïd Sadi suite à la publication de son dernier livre Amirouche : une vie, deux morts, un testament nous renvoient à la lecture et à l’écriture de notre histoire nationale. Nos initiatives de faire intéresser nos enfants à cette histoire à une époque où tous les symboles de l’Etat algérien étaient déclarés taghout avaient été perçues comme des empiètements dans des espaces privés par des organisations locales, communales et de wilaya. Nos enfants ont été privés de leur passé, de leur identité. Lors d’un inter-lycées organisé par la défunte RTA entre deux établissements secondaires, Tébessa et Tlemcen, les potaches répondaient qu’il n’y avait personne à la question de savoir le nom du plus grand écrivain algérien avant l’islam. La réponse était bien sûr saint Augustin. Cette amnésie sur notre histoire et par conséquent notre personnalité expliquerait- elle cet acharnement contre nos héros ? Sommes-nous condamnés à n’entrevoir d’avenir à l’écriture de notre histoire nationale que pensé par des historiens étrangers ? Aujourd’hui, celui dont tout un chacun est en droit d’être fier pour sa guerre contre Rome a été écrit par Salluste, un siècle après sa mort. Personne n’a émis de doute sur cet écrit d’un descendant de ceux qui l’ont assassiné à Rome. Pour avoir écrit sur nos ancêtres, Ibn Khaldoun n’a échappé à l’oubli que par l’intéressement d’orientalistes. Un demi-siècle après et en commémoration des manifestations de décembre 1960 alors que l’Algérie ne sait pas encore quoi faire de ses cadres qu’elle exporte gratuitement, nos héros attendent de nous que la vérité soit écrite et dite à nos enfants, à nos petits-enfants, à la postérité. Une manière élégante de faire le procès post-mortem du colonialisme qui veut rééditer son opération politique de charme de l’année 1960 en octroyant les indépendances aux autres colonies pour imposer aux Algériens la paix des cimetières.
S. A.-Y.
* Président de l’Union des parents d’élèves de la wilaya d’Alger

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Saïd Sadi répond à ses détracteurs

Par Saïd Sadi
La saison estivale n’aura que très modérément réduit les irruptions médiatiques engendrées par la publication du livre Amirouche, une vie, deux morts, un testament. Si l’on veut être optimiste, on peut en conclure que la profusion des interventions témoigne de la soif des Algériens de comprendre un passé dont ils ont été dépossédés et par lequel on les a soumis. Si l’on s’en tient à la nature de la grande majorité des productions, force est de constater que la plupart des auteurs se sont saisis de la parution du livre qui pour régler des comptes, qui pour jeter l’anathème sur mon initiative en vue de maintenir, d’une manière ou d’une autre, la chape de plomb sur la mémoire algérienne.
Il est pourtant utile de reprendre quelques-unes des dernières sorties car, si elles ne traitent pas de l’objet auquel invite l’ouvrage, elles dévoilent des ressentiments ou des insinuations voire, pour certaines, des aveux qui sont autant d’indices sur l’état de santé morale et politique d’une partie de notre société. J’ai retenu trois commentaires et deux réactions de quotidiens dont l’analyse constitue un éclairage de l’état d’esprit qui anime certaines de nos élites : il s’agit de la querelle lancée par M. Addi Lahouari autour du contrat de Rome, de la plaidoirie de M. Téguia sur le bilan de Boumediène et, par extension, de ses soutiens, de la montée au créneau d’un professeur de médecine à Oran, M. Farouk Mohamed-Brahim et, enfin, des positions des journaux Ech Chourouk et le Quotidien d’Oran. Le boumediénisme monomaniaque de M. Mabroukine n’est pas, en dépit des apparences, ce qu’il y a de plus ubuesque dans cette effervescence politicomédiatique. En déclarant que l’homme du 19 juin était trop grand pour le peuple algérien, qu’il était fondé à se doter d’une armée des frontières pour s’imposer dans l’après-guerre et que cette armée était plus légitime que le GPRA dont elle était supposée dépendre, en décrétant qu’il n’a commis ni coup d’Etat, ni crime, ni abus et que Bencherif a séquestré les dépouilles des colonels Amirouche et Haouès à l’insu de son idole, M. Mabroukine s’inscrit dans une démarche irrationnelle qui n’a pas lieu d’être appréhendée dans un débat politique.
La rancœur comme raison de vivre
Plus problématique est l’intervention de M. Téguia. Massive et compulsive comme le sont souvent les sorties des néocommunistes algériens, l’écrit porte la marque d’un stalinisme «spécifique » qui cumule confusion calculée, brutalité et rancœur. Ceux qui ont trouvé la force de suivre le feuilleton de M. Téguia en furent pour leurs frais. Beaucoup s’interrogent encore sur ses motivations, le sens de son message et ses objectifs. Pour avoir croisé les derniers adeptes du rêve communiste en Algérie, je crois faire partie de ceux qui peuvent encore prétendre décrypter un refoulé qui se révèle épisodiquement chez ces nostalgiques dans des incursions qui prennent prétexte sur ce que disent ou font les autres pour éviter d’avoir à se retourner sur leur passé. Ils ne revendiquent pas, en tout cas ils ne l’assument pas clairement, l’héritage du Parti communiste algérien sur lequel je reviendrai. Véritables autostoppeurs de l’Histoire (il n’y a rien de péjoratif dans mon propos), ils vivent d’occasions que peut offrir l’activité d’un parti ou l’initiative d’un responsable (de préférence de l’opposition démocratique) pour se manifester, juger et, surtout, tenter de faire passer un discours qui ne trouve, par ailleurs, ni opportunité pour se déclarer, ni auditeurs pour s’y intéresser. Nous allons voir par la suite par quels procédés ils opèrent. Mais essayons d’abord de saisir quelles sont les principales idées que M. Téguia a voulu distiller. 1er) Il n’y a pas de place pour la critique ni même l’évaluation du bilan de Boumediène qui n’a commis, nous apprend M. Téguia, que de «minuscules erreurs». Exit les putschs, les assassinats, la corruption d’Etat, encouragée dès lors que le prédateur renonçait à l’action politique, ignorées les fraudes électorales… 2e) L’Algérie qui n’a pas su être digne du MDS, du CCDR et de l’artifice des arouchs paiera chèrement une telle désinvolture. 3e) La solution à la crise algérienne est simple. Il suffit de concevoir un bon mercato politique qui ferait de l’armée une équipe multipartisane où le MDS trouverait une place, fût-ce sur le banc des remplaçants, pour que, du jour au lendemain, notre destin s’accomplisse enfin. 4e) Celui qui a privé la nation de toutes ces lumineuses trouvailles n’est autre que le RCD qui n’a pas su apprécier ni voulu appliquer des préceptes aussi miraculeux. Fort heureusement pour les forces progressistes algériennes, il est arrivé, dans le passé, au mouvement communiste d’avoir des idées et des propositions un peu moins fantaisistes.

Analysons maintenant la méthode utilisée pour se poser a priori comme un simple débatteur concerné par un livre sur l’histoire contemporaine de notre pays avant de dériver vers une rumination célébrant son propre panégyrique par la disqualification de l’autre. En se démarquant des attaques des agents du MALG, de trois historiens, de M. Addi Lahouari, de M. Kafi ou des autres hussards de la plume dérangés par le fantôme d’Amirouche, M. Téguia, quoi qu’il prétende au départ, ne leur reproche ni leur sectarisme, ni leur volonté de garder leur monopole sur l’histoire ni même leur antikabylisme. En vérité, il leur en veut de l’avoir précédé dans la besogne et, accessoirement, d’avoir été par trop maladroits dans la charge. Avant lui et sur un autre registre, nous nous souvenons tous de la sortie de M. Belaïd Abdeslam, revenu comme chef du gouvernement, et qui, voulant neutraliser l’intégrisme dans les années 1990, déclarait : c’est nous qui réaliserons la charia. Le problème n’était donc pas le risque que faisait peser sur le pays la théocratie, dénoncée explicitement par le Congrès de la Soummam dont il se réclamait, mais de ne pas être devancé dans la mise en œuvre du chantier. En l’occurrence, il eût fallu selon M. Téguia, le laisser, lui, le néocommuniste, travailler l’affaire avec une approche «rigoureusement scientifique » avertit-il. En effet, il reprend à son compte tous les arguments de ses prédécesseurs en les agrémentant de citations d’auteurs et d’acteurs systématiquement tronquées ou isolées de leur contexte, allant jusqu’à nous suggérer que Ben M’hidi était, en fait, un communiste qui s’ignorait.
La confusion comme méthode
En déplorant le fait que pas un intellectuel, pas un artiste pas un dirigeant politique, pas un homme de religion n’ait condamné la séquestration des ossements d’Amirouche et de Haouès, ce qui, au fond, est au cœur de mon livre, je ne faisais rien d’autre que d’énoncer une évidence tout en estimant qu’une telle démission ne pouvait pas être signifiante d’une santé politique qui protège les sociétés des pires régressions. M. Téguia qui ne nie pas le fait se saisit de mon appréhension pour entamer un interminable monologue où il se pose des questions, donne ses réponses et, quand il n’en a pas assez, s’invente des sénarii pour assouvir ses fantasmes. A sa décharge, M. Addi Lahouari ne fait rien d’autre en refusant de répondre aux sujets sur lesquels l’avait interpellé le député H. Saheb. Mon livre recourt, entre autres, à de nombreux témoins pour établir la biographie d’Amirouche. M. Téguia qui ne daigne rencontrer aucun d’entre eux s’interroge sentencieusement : «Qu’est-ce qui nous dit que ces témoins ne nous mentent pas ?» suggère-t-il, avant d’en déduire : «S’ils nous mentent, nous devons savoir pourquoi. » On ne peut qu’admirer le syllogisme. Avant d’être radicalité politique criminelle, le stalinisme assumé est d’abord une déviance intellectuelle. Je ne résiste pas à l’envie de rapporter ce témoignage de Soljenitsyne où M. Téguia pourrait se reconnaître même si, on l’imagine sans peine, les ouvrages de l’auteur de «L’Archipel du Goulag» ne figurent pas parmi ses lectures préférées. Un juge de l’Union soviétique s’adressant à un citoyen soupçonné d’anticommunisme déclare : «Nous n’avons pas de preuves contre vous. Si nous ne les avons pas trouvées c’est que vous les avez cachées. Si vous les avez cachées c’est que vous êtes coupable.» Connaissant de longue date le conditionnement de nos intellectuels organiques, j’ai veillé, et je l’ai annoncé dans l’avertissement de mon livre, que je n’ai gardé que les témoignages des personnes encore en vie. Au lieu de se rapprocher de ces acteurs pour vérifier la teneur de leur propos, M. Téguia s’occupe de savoir pourquoi ils nous mentent ! Plus de trois cents titres de la presse couvrant la période 1950- 1959 consultés, des documents inédits accablants ses mentors n’ont pas ébranlé un seul instant un Téguia muré dans ses certitudes et qui décide que le livre est insuffisamment documenté ! «Qu’est-ce qui nous garantit, assène-t-il, que ces documents ne sont pas des faux ?» Il suffisait pourtant d’aller aux sources où ils sont toujours disponibles. Trop simple. Le but n’est ni de vérifier, ni de compléter une information. Il s’agit de fausser le débat pour délivrer son message. Bardé de son lexique de citations, M. Téguia nous explique qu’il est «scientifiquement» inexact d’accuser de quoi que ce soit Boussouf et Boumediène car devant la marche de l’histoire, qu’en bon marxiste il nous invite à appréhender dans la globalité, la responsabilité des individus n’a pas lieu d’être évoquée. Outre qu’un tel prisme réduit la vision marxiste des choses, M. Téguia ne se gêne pas pour tordre le coup à son sacro-saint principe quand il faut se faire plaisir. Dans la foulée du livre sur Amirouche, M. Djeghaba, ancien responsable du FLN, ayant soutenu le devoir de tout Algérien de témoigner, se fait reprendre sèchement par notre critique qui lui impute le «funeste article 120» sommant, on s’en souvient, les militants communistes d’adhérer au FLN s’il voulait postuler à des postes de direction. Quand les camarades sont touchés, la responsabilité personnelle, au demeurant toute relative de M. Djeghaba à l’époque, est dénoncée sans nuance et au diable «la marche de l’histoire» qui entraîne les individus au-delà de leur volonté. M. Djeghaba, qui a eu l’honnêteté de dire avoir pris du recul sur la vie politique algérienne et même sur son propre parcours, a estimé que la restitution du FLN à la mémoire collective lui apparaissait comme un premier pas pour l’établissement d’une vie publique crédible et apaisée. Beaucoup d’Algériens, parmi lesquels le président Boudiaf auquel s’agrippe M. Téguia, ont dit la même chose que M. Djeghaba. Mais ce dernier a commis l’irréparable. Il a osé soutenir que le citoyen que j’étais avait le droit et même le devoir de parler. Or, pour notre néocommuniste, l’histoire n’est pas un espace commun soumis à éclairage et débat ; c’est un levier que l’on actionne pour essayer de faire basculer des situations contraires. Et les droits et devoirs ne sont énoncés et octroyés que par les détenteurs autoproclamés de la «pensée scientifique». On observera au passage que ledit article 120 ne fut déclaré «funeste» qu’à partir du moment où il mettait au pas les communistes. Jusque-là, les adhérents du PRS, du FFS du MDRA et, plus tard, du MCB étaient marginalisés et broyés sans que les «compagnons de route» du FLN n’aient rien trouvé à redire...

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Stalinisme et déni de réalité
Je dois cependant à la vérité de rappeler que d’authentiques communistes avaient, à l’époque, essayé, en vain, d’attirer l’attention de leurs jeunes camarades, récemment convertis, sur une compromission qui était moralement inadmissible et, même, tactiquement dangereuse. Voilà donc Boussouf et Boumediène exonérés de l’étranglement d’Abane, des exécutions des colonels des Aurès, du capitaine Zoubir et du colonel Chabani, des assassinats de Krim Belkacem et de Khider pour ne parler que des crimes les plus connus ; crimes donnés par M. Téguia comme «d’insignifiants détails» justifiés par la «marche de l’histoire». Parallèlement, M. Djeghaba est cloué au pilori en tant qu’auteur de l’article 120. J’insiste à dessein sur le propos de M. Téguia car, plus que d’autres, il montre comment, même à froid, la rancœur et l’aveuglement politiques peuvent amener un homme à couvrir, voire justifier le crime. Il convient de dire, cependant, que cet écrit n’est pas le plus péjoratif pour ce qui est de l’avenir national ; je dirai plus loin pourquoi et reviendrai sur les signaux les plus dangereux pour la perspective algérienne apparus dans cette tornade. Je sais que je n’arriverai pas à amener M. Téguia à prendre de la distance par rapport à tout ce qu’il revendique, explicitement ou implicitement, de l’époque de Boumediène. Mais qu’il accepte seulement d’entendre lui, le féru de citations ampoulées, ces propos d’un Algérien mort pour avoir voulu vivre en tant qu’intellectuel rigoureux et autonome. C’était pendant l’été 1992. Le pays était sous le choc de l’assassinat du président Boudiaf. Nous étions attablés à quatre sur une terrasse d’un café d’Azzefoun. Il y avait avec nous le comédien Fellag qui n’avait pas encore atteint la notoriété internationale qu’on lui connaît aujourd’hui et nous devisions sur ce qui avait pu mener un pays comme l’Algérie à un tel cataclysme. Puis à un moment, de sa voix douce et mesurée, Tahar Djaout, puisque c’est de lui dont il s’agit, resté longtemps silencieux, lâcha : «On peut prendre l’affaire sous tous les angles, on arrivera à la même conclusion : c’est Boumediène qui a miné le terrain. Dans les pays liberticides quand l’école est abandonnée à l’intégrisme, la suite est inévitable. » M. Téguia pourra vérifier ce témoignage auprès de Fellag ou de la quatrième personne, A. T., un enseignant, aujourd’hui conseiller au ministère de l’Education. Mais n’étant pas de sa secte politique, Tahar Djaout, naturellement, ne saurait avoir un avis «scientifique». Sûr de son fait, M. Téguia me fait le reproche d’avoir rapporté en quoi et comment Bourguiba avait pris ses distances avec un Nasser hégémonique, préférant inscrire sa réflexion et son action dans un cadre nord-africain qu’il savait plus homogène historiquement et, estimait-il, plus fiable politiquement. Là encore, M. Téguia ne nie pas les faits. Il m’interdit de les analyser, moi «le social-démocrate, anti-soviétique et antiarabe » vendu aux Américains. Je vais vous aider dans vos récriminations M. Téguia : Bourguiba, en dépit de sa fin de règne délétère, était un homme d’Etat et Boumèdiene —aujourd’hui, même ceux qui l’ont suivi et redouté le confessent — ne fut qu’un homme de pouvoir. J’ai essayé de démontrer dans mon livre en quoi les deux statuts étaient différents et même opposables. Pendant que Boumediène préparait l’armée des frontières pour soumettre le pays après l’indépendance, Bourguiba pensait à l’école et au statut de la femme.
Communisme algérien : un patrimoine à préserver
Nous ne cultivons pas les mêmes valeurs, nous ne partageons pas les mêmes opinions, nous n’avons pas le même vécu et n’aspirons pas au même avenir. Vous me reprochez de vouloir «moraliser la politique». Je plaide coupable. Défendez vos idées et acceptez que j’en fasse autant. En quoi de consacrer l’essentiel de votre énergie à vitupérer contre les uns et les autres ferait-il avancer vos positions dans le pays. Comment osez-vous, aujourd’hui encore, essayer de vous convaincre que «le réalisme du RCD l’a souvent amené à rejoindre, en retard, les solutions utopistes du MDS et du courant qu’il incarne.» Quand un acteur politique en vient à se mentir à lui-même aussi effrontément, c’est qu’il a quitté le royaume de la raison. Au moment où le RCD et «le courant qu’il incarne» se battait pour le pluralisme politique, vous faisiez partie de ceux qui disaient que le multipartisme était «une manœuvre de la réaction qui menace la révolution». Quand nous étions licenciés, emprisonnés et torturés pour avoir dit que l’honneur de notre pays c’était d’assumer son identité pleine et entière, vous demandiez «un châtiment exemplaire contre les diviseurs de la nation, réactionnaires et alliés de l’impérialisme». Quand nous revendiquions la laïcité comme unique bouclier contre la dérive intégriste, vous nous dénonciez en tant que provocateurs qui n’ont pas compris que le FIS «exprimait l’Islam des pauvres». Il n’y a pas de plaisir à le dire mais il faut chercher longtemps dans le catalogue politique algérien pour trouver un parti qui s’est autant fourvoyé. En politique, le problème n’est pas dans l’erreur, il est dans l’égarement. Fort heureusement, les militants et les cadres de l’ex-Pags ont, pour leur grande majorité, tiré des enseignements plus lucides de leur expérience. Aujourd’hui, le dialogue avec eux est intelligible, loyal et fécond. Auparavant, j’avais eu le plaisir d’avoir rencontré des Algériens, militants communistes convaincus et assumés, dont le back-ground s’exprimait par autre chose que les raccourcis, les déclamations sentencieuses et autres chimères auxquelles s’abreuve M. Téguia. Ils ont pour nom Bachir Hadj Ali, Abdelhamid Benzine ou Sadek Hadjeres. Ils ont lutté courageusement contre le colonialisme et souffert de l’intolérance de leurs frères. Ils furent à l’origine de belles réalisations comme Alger républicain. Ils eurent un comportement digne et surent, la mort dans l’âme, admettre les limites de leur engagement et de l’impact de leur doctrine en Algérie. Pour autant, ils n’ont jamais cédé à la rancœur qui vous envahit, M. Téguia. Dignes et humbles, ils ont demandé, souvent en vain, à exister et être entendus. Ils ont fait l’inverse de ce que vous commettez : vouloir se consoler en accablant les autres de ses échecs. La longue diatribe de M. Téguia a pourtant un mérite. L’histoire du communisme en Algérie doit être écrite par celles et ceux qui y ont cru et s’y sont donnés avec dévouement et sincérité. Faute de quoi, elle risque de connaître le sort de l’histoire nationale en général : être confisquée par des néophytes, voire des charlatans, privant le pays d’une partie de sa mémoire politique. Il y a quelques années de cela, je rencontrai Sadek Hadjres en France. Il m’a affirmé vouloir s’employer à écrire ses mémoires et même continuer à donner son avis sur l’évolution nationale. J’espère que la santé ne le trahira pas avant qu’il ait accompli cette ultime et belle tâche.
Aveuglement suicidaire
Opposées en apparence, les attaques de M. Addi Lahouari et celles de M. Téguia sont intellectuellement symétriques. Le premier me dénonce pour ne pas m’être rallié à Sant’Egidio, le second me condamne sans appel pour avoir gâché sa jubilation devant le bilan de Boumediène. M. Addi nous explique que la connaissance de notre peuple est directement proportionnelle à la distance qui vous sépare de lui : plus on s’en éloigne, mieux on le comprend ; M. Téguia annonce que plus on échoue plus on a raison. Tout cela, après la publication d’un livre sur Amirouche ! Dire qu’un autre chemin est possible et refuser d’hiberner dans des niches vécues, à un moment ou un autre de notre histoire ( contrat de Rome pour l’un et charte nationale pour l’autre ), comme «une option irréversible» est en soi inadmissible pour les deux «scientifiques». L’aventure romaine et le pouvoir de Boumediène relèvent déjà du jugement de l’Histoire. Essayer de justifier son engagement pour l’un ou l’autre de ces sujets peut s’entendre. En maquiller les méfaits relèverait d’un jeu compréhensible. Vouloir interdire aux autres, en 2010, d’émettre leur opinion sur ces deux dossiers a quelque chose de pathétique.
Salafisme d’Etat
N’avoir que le RCD à cibler après la publication d’un livre sur le colonel Amirouche témoigne d’une rupture d’intelligence. Au même moment, un débat vital s’engage dans nos villages pour réhabiliter une vie religieuse faite de tolérance et d’humilité et délivrer la collectivité d’un salafisme négateur de l’homme, de la nation et de la patrie. Comme d’habitude, il faudra attendre encore quelques années de lutte avant de voir MM. Téguia et Addi Lahouari découvrir les vertus de l’Islam populaire et se poser ensuite en avant-gardes des grandes luttes engageant les questions sociétales. La précipitation des évènements à Aghribs — qui n’est pas sans liaisons avec la sortie du livre — où dix-sept (17) activistes, puissamment financés d’on ne sait où, ont voulu imposer à 3 500 citoyens une caserne salafiste, a finalement révélé, que pour la seule Kabylie, plus de 110 villages vivent la même provocation. Des informations crédibles font état d’incursions identiques aux Aurès. Il est fort probable que d’autres contrées d’Algérie sont touchées à des degrés divers. Fort de l’expérience de leurs concitoyens d’Aghribs, les hameaux se regroupent, se concertent et organisent la riposte. L’internationale islamiste qui, elle, sait qu’elle joue à cette occasion une partie décisive a mobilisé toutes ses structures et annexes : journaux et partis en Algérie et relais à l’étranger où les chaînes satellitaires comme Al Jazeera ont orchestré la désinformation. Mais dans cette affaire, le plus dérangeant est ailleurs. Pendant deux ans, les pouvoirs publics, alertés par pas moins de 78 plaintes, n’ont pas réagi. Quand on connaît comment, par qui et pourquoi a été créé le journal Ech-Chourouk qui s’abîme dans une propagande digne de l’époque coloniale dans cette opération, on ne peut que vérifier la réalité d’un salafisme d’Etat qui surfe sur les incursions intégristes internationales, s’en accommode, les encourage pour réduire l’influence des partis ou des espaces porteurs d’alternative démocratique, croyant pouvoir intervenir quand les intérêts du pouvoir seront directement menacés. On sait déjà où nous a menés ce genre de calcul. Une fois de plus, c’est le village, le quartier ou, accessoirement, l’émigration qui anticipent et se battent sur un chantier capital face à une démission de ceux qui sont supposés voir et prévenir les périls. J’ai eu l’occasion de dire que nous vivons dans un pays où le niveau du citoyen est supérieur à celui du dirigeant. On peut s’en désoler ou s’en réjouir mais l’histoire vient encore de confirmer le constat. Pas un intellectuel, pas une ONG, exception faite du robinet d’eau tiède ouvert par M. Ksentini. (Il m’a cependant certifié au téléphone n’avoir pas tenu les propos que lui a prêtés le quotidien Liberté), n’a cru utile, ne serait-ce que par curiosité, de s’intéresser à ce qui est pourtant un enjeu vital pour le pays ; car ce qui s’est passé à Aghribs n’est que l’infime partie de l’iceberg salafiste. J’imagine qu’en déplorant ce silence, M. Téguia relancera sa rengaine en me refaisant le procès de celui qui déteste les intellectuels. Une contamination d’Amirouche, sans doute. Si au lieu de ruminer pendant trois mois contre le combat du RCD, MM. Téguia et Addi Lahouari étaient allés sur le terrain pour voir comment vit, agit et réagit leur peuple, ils auraient pu découvrir, analyser et comprendre ce à quoi aspirent leurs concitoyens et ce qui les menace. En l’espace de trois mois, le RCD a mis sur la place publique le traitement de l’histoire dans notre pays, la délicate question des traditions religieuses et de leur place dans la cité et lancé l’idée de la création de sites de partage et d’échange économiques et culturels solidaires pour recréer de la convivialité dans une société rongée par l’arbitraire, la censure et l‘isolement, générateurs de tant de violence et de régression. L’administration, si laxiste devant les appels au meurtre des salafistes, a tout fait pour empêcher, censurer ou perturber les initiatives du Rassemblement. Quand un parti joue son rôle dans un climat politique où le pouvoir ostracise toute initiative de l’opposition, on est en droit d’attendre de ceux dont c’est la mission d’anticiper et de défricher les chemins par leur audace et leur savoir de ne pas toujours se tromper de cible.
Nation algérienne : un projet hypothéqué
Les égarements si fréquents de nos élites expriment avant tout une impuissance. Il convient de les identifier, de les décoder mais ils ne devraient pas nous préoccuper outre mesure. Ils révèlent la lassitude, le dépit ou l’isolement d’une pensée exilée ou enkystée. Faute de revendiquer leur rôle de prospecteur des causes et des responsabilités de l’impasse nationale, ils se défaussent sur ceux qui se battent et qui, de toute façon, ne risquent pas de leur nuire. Plus généralement, ils préfèrent se réfugier dans des généalogies éthérées ou des causes consensuelles. Il est plus facile de se définir comme arabe que de s’assumer en tant qu’Algérien et il est plus commode de se positionner autour des dossiers irakiens ou palestiniens que de s’immerger dans la complexité algérienne. Encore que pour ce qui concerne la question palestinienne, leur relation avec le Fatah est de plus en plus ambiguë pour ne pas indisposer le Hamas. Pendant la crise de Ghaza, je fus le seul responsable à avoir reçu le délégué de l’Autorité palestinienne à Alger et le président Mahmoud Abbas a attendu, en vain, un appel de la présidence algérienne. Cette fuite qui a ses conforts, porte en elle-même ses limites. A qui et à combien peuvent, en effet, parler les diversions polémiques de MM. Addi et Téguia dans une Algérie jeune, fascinée par l’exil et inondée par les chaînes moyenorientales, véritables fléaux pour une Afrique du Nord à la dérive ? Le traitement de ces deux interventions n’a, en vérité, pas d’autre objectif que de rappeler le déphasage des rares observateurs nationaux qui traitent encore de leur société. Ce prurit intellectuel qui prive le pays de débats à la mesure des enjeux n’est malheureusement pas ce qu’il y a de pire pour l’avenir. Des discours autrement plus toxiques, émanant de cadres qui s’expriment sans contraintes ou des positions de médias créés et/ ou sponsorisés par divers clans du régime posent crument la problématique de la réalité et de la viabilité du projet national algérien. Il en est ainsi de l’intervention livrée par le Quotidien d’Oran le 5 juin, sous la plume de M. Farouk Mohamed-Brahim, professeur de médecine exerçant dans la capitale de l’Ouest. Son texte est une sorte de concentré des travers de tous les autres. Il se résume à deux choses : un antikabylisme pathologique et une injonction me sommant de rester dans le sillon du combat et de laisser les projections et la gestion du destin algérien à ceux dont le pouvoir est la fonction naturelle. Le professeur Farouk Mohamed-Brahim me reproche d’avoir trop parlé de la Kabylie en traitant de la Wilaya III ! J’ai, selon lui, aggravé mon cas en donnant des citations en Kabyle dans mon livre; Amirouche, tout le monde le sait, parlant en javanais antique dans sa wilaya. Pire que tout, note mon censeur, il m’est arrivé de parler de «chef kabyle» en nommant le colonel Amirouche. Auparavant, j’avais évoqué le «chef aurésien» s’agissant de Ben Boulaïd, le «responsable constantinois» pour Zighout sans que ces termes n’aient choqué mon honorable confrère. Il y a une terrifiante logique dans cette fixation. Pour M. Farouk Mohamed- Brahim, les mots Kabyle ou Kabylie ne désignent pas un habitant ou une région de son pays. Chez lui, ces termes n’ont qu’une seule et unique résonance et elle est anti-arabe. Dès lors qu’il s’estime menacé, il doit se défendre et, face à l’ennemi, toutes les «contre-attaques» sont légitimes. C’est bien connu, le racisme le plus grégaire puise sa violence dans la peur de l’autre. Et pour corser le tout, Le quotidien d’Oran qui avait publié une douzaine d’interventions, toutes hostiles au livre, refusa le point de vue d’un journaliste, S. Chekri, qui, ne voulant pas abuser des colonnes de son journal, adressa une réponse où il soulevait les contradictions et les aberrations d’un homme qui officiait comme enseignant hospitalouniversitaire. Le journal justifia son rejet, arguant qu’il revenait à celui qui avait été ciblé de réagir. On ne saisit pas, selon cette logique, pourquoi M. Farouk Mohamed- Brahim, volant au secours de Ben Bella ou d’autres, avait été publié. Ce titre ne peut pourtant pas être tenu pour un organe fondamentaliste. Mais le code régionaliste crypte les pensées les plus audacieuses. Et cette donnée, mille et une fois vérifiée, pose une vraie question : que signifie et que représente aujourd’hui, pour ces élites, l’idée de conscience nationale ? De toutes les agressions, de toutes les outrances qui ont suivi mon livre, le contenu de l’écrit de M. Farouk Mohamed- Brahim et les réactions du Quotidien d’Oran et de Ech- Chourouk furent les évènements qui interpellent le plus, s’agissant de notre avenir collectif.. .

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Suite et fin

Pour ce titre francophone, les courageuses tribunes de Kamel Daoud ne suffisent hélas pas à rattraper les dérives chroniques du journal de l’Ouest algérien. Les furies récurrentes du quotidien arabophone, qui ne manque jamais de stigmatiser la Kabylie en y amplifiant, et à l’occasion en y inventant, des sujets désignant cette région comme un danger national imminent, participent de cette intime conviction que combattre «le péril kabyle» serait à la fois une urgence, une nécessité et un devoir. Qu’un jeune Kabyle rompe le carême et c’est l’alerte. Que d’autres jeunes brûlent le Coran ou le drapeau ailleurs, Ech- Chourouk, qui tout d’un coup ne voit plus rien, ne peut s’interroger sur les raisons qui ont poussé des Algériens à se rebeller contre des symboles d’une matrice à laquelle ils rattachent tous leurs malheurs. Et pourtant. Dans un cas, nous avons à faire à un universitaire, dans un autre à deux médias créés avec la bénédiction des «décideurs». Aujourd’hui, il serait irresponsable de continuer à faire l’autruche et d’ignorer que l’idée nationale est sujette à caution.
Une fois de plus la jeunesse
Dans cette avalanche de défoulement et de haine sur fond de conservatisme, il y eut des voix de braves qui se sont élevées. Elles sont, le plus souvent, venues d’hommes qui ont connu et servi sous les ordres du colonel Amirouche. Ils ont parlé pour essayer de dissoudre un demi-siècle d’opprobre déversé sur celui qui les avait protégés, guidés et souvent précédés devant les risques et les privations. Ils ont surtout dit leur douleur et leur indignation face à une forfaiture qu’aucun autre dirigeant algérien — et beaucoup ne furent pas, loin s’en faut, des enfants de chœur — n’a osé commettre : la séquestration des restes de deux héros. Ces réactions, pour généreuses, dignes et salutaires qu’elles soient, ne furent pas les seules. Les jeunes dont on pouvait estimer qu’ils sont définitivement aliénés par une éducation nationale rétrograde, la censure et la désinformation ont manifesté, dans ce débat, un intérêt, une énergie et une intelligence qui sont à la fois l’espoir de l’Algérie et l’échec le plus patent du régime. J’ai reçu des mails laborieusement écrits qui appellent à plus de courage, plus de lumière et plus d’échanges. J’ai discuté avec des jeunes tentés ou revenus de la harga. Ils vivent leur aventure non pas, comme on le dit souvent, une initiative de désespoir mais un refus d’abdiquer et une volonté de vivre dans des normes et des valeurs de leur temps. Au mois de juillet, j’ai assisté à Tigzirt à deux regroupements rassemblant des étudiants du RCD originaires de 22 universités. Garçons et filles étaient venus pour se rencontrer, se connaître et s’apprécier malgré un enseignement qui les avait enfermés dans le sectarisme, la bigoterie et l’obscurantisme. Quand certains m’ont demandé de leur dédicacer mon livre, j’ai voulu m’enquérir sur leur capacité à lire et comprendre un ouvrage écrit en français, sachant que la plupart de nos étudiants entament leur cursus universitaire sans vraiment maîtriser cette langue. J’ai appris que des groupes se sont formés en dehors des ateliers pour faire des lectures collectives afin de mieux saisir le sens du récit. Que ces artisans de l’espérance se rassurent, la traduction du livre en arabe devrait être disponible avant le premier novembre. Pendant que le quotidien Ech- Chourouk et Al Jazeera s’adonnaient aux appels au meurtre contre les «ennemis de Dieu» dans l’affaire de la mosquée d’Aghribs, j’ai vu, dans ce village, 600 jeunes, chômeurs pour la plupart, revêtus d’un t-shirt frappé du nom du saint de leur localité, accueillir et servir le repas de bienvenue à 16 000 fidèles venus des quatre coins du pays assister à l’inauguration de la mosquée restaurée de leurs ancêtres. «C’est notre manière de répondre au journal Ech- Chourouk», criera à la foule Mohand, un commerçant de 26 ans. Dans la polémique menée par l’internationale islamiste et ses relais algériens après l’inauguration de cette mosquée, ce sont les jeunes qui ont spontanément investi la toile pour dénoncer la désinformation et, images à l’appui, offrir aux observateurs du monde entier la ferveur populaire et l’adhésion de milliers de villageois à l’initiative de réhabilitation de leur culte. Nous nous rappelons tous de la formidable mobilisation des jeunes dans la rue et sur le net qui a suivi l’agression de l’équipe nationale de football au Caire pendant que le pouvoir et sa diplomatie, escomptant un miracle sportif, s’employaient à conditionner les esprits pour aligner la nation derrière «le petit père des peuples». C’est bien la jeunesse, segment social le plus ciblé par les instruments de déculturation du régime, qui s’avère y être la plus réfractaire et qui se mobilise pour se tracer des perspectives en dehors et, bien souvent, contre le système. «Mettez la révolution dans la rue et vous la verrez reprise par tout le peuple algérien. » C’est au moment où tout semblait perdu que, miraculeusement, la prophétie de Ben M’hidi se perpétue à travers le groupe social le plus fragilisé. De même qu’Amirouche, issu des catégories historiquement déclassées, orphelin et privé de grandes études, s’est avéré être un dirigeant d’exception, il se vérifie, une fois de plus dans l’histoire de notre pays, que ce sont les jeunes, exclus socialement et déclarés inéligibles aux débats, qui ouvrent la voie à l’espoir et… aux élites. Oui, il y a bien un miracle algérien.
S. S.
le soir d'algerie

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Contribution : Réponse à Saïd Sadi et Yacine Téguia
Par Lahouari Addi



Il faut savoir gré au quotidien Le Soir d’Algérie — qui vient juste de fêter ses vint ans d’existence — d’abriter des débats politiques, parfois trop polémiques, portant sur la société algérienne, passé et présent. Cela atteste d’une effervescence et d’une soif de dialogue et d’échange que le régime du parti unique avait refoulées pendant plusieurs décennies.
La société algérienne, comme toute autre, est diverse idéologiquement et est traversée par des courants politiques qui ont des conceptions différentes du bien commun, du vivre ensemble et de l’organisation de l’Etat. C’est ce que révèle le livre de Saïd Sadi sur le colonel Amirouche qui a déclenché une avalanche de réactions où les protagonistes ont livré leur conception du passé, mais aussi, implicitement et explicitement, leur conception de l’avenir du pays. Ce déballage médiatique des rancœurs passées et présentes, cette foire d’empoigne où les accusations se mêlent aux professions de foi sont au fond positifs à plus d’un titre parce qu’ils cassent des tabous et élargissent la culture politique du grand public qui s’approprie des concepts jusque-là réservés à l’élite intellectuelle. Au fond, ce n’est pas la divergence d’idées et d’intérêts idéologiques qui est nuisible à la société car la divergence et la contradiction font partie du processus de la vie. Ce qui est nuisible, par contre, c’est le refus de la divergence. Par conséquent, la confrontation d’idées et le débat, dans le respect des uns et des autres, sont les moyens par lesquels la paix civile est consolidée. Les désaccords en politique ne sont pas l’expression de conflits d’intérêts individuels, c’est-à-dire que ce ne sont pas des querelles d’ordre privé. Ils portent sur l’organisation de l’espace public et sur la nature des rapports d’autorité et, dans cette optique, je vais expliquer mes positions en répondant sans aucune arrière-pensée et sans esprit polémique à S. Sadi et à Y. Téguia qui m’ont interpellé dans ce domaine.
Saïd Sadi et le Contrat de Rome
Il faut reconnaître au président du RCD le mérite d’avoir provoqué un débat public autour de la mort suspecte des colonels Amirouche et Si Haouès, débat qui a suscité des interrogations et des remises en cause du régime par d’anciens responsables. Ce qui se disait en privé est aujourd’hui écrit dans des journaux. Dans une conférence prononcée à l’Université Mouloud- Mammeri à Tizi-Ouzou (texte publié par Le Soir d’Algérie du 28 juin 2010), j’ai essayé d’expliquer pourquoi la démarche de Saïd Sadi est inopportune pour le régime qui veut monopoliser l’écriture de l’Histoire, comme il cherche à monopoliser l’économie, le syndicat, la religion… pour en faire des ressources de légitimation. Sur le fond, le leader du RCD a raison de penser que la mort de Amirouche est suspecte et l’idée qu’il aurait été donné à l’armée française n’est pas farfelue ; elle est susceptible d’être prouvée par des archives dans un futur proche. Je suis d’accord avec lui aussi sur l’analyse du coup de force de 1962 opéré par le colonel Houari Boumediène dont le bilan politique est globalement négatif au vu de la situation que vit le pays. J’ai cependant fait remarquer que le régime qu’il critique avec raison et brio est celui-là même qui a opéré le coup d’Etat de janvier 1992 que le RCD a appuyé. Cela a provoqué de véhémentes réactions accusatrices de la part de deux députés du RCD auxquels j’ai répondu par une analyse dénuée de toute attaque personnelle ( Le Soir d’Algérie du 14 juillet). Dans l’article paru le 31 août 2010, Saïd Sadi y revient et me reproche de le «dénoncer de ne pas s’être rallié à Sant’Egidio». Le terme «dénoncer» est inapproprié dans ce contexte et dénote un état d’esprit peu propice au débat. Saïd Sadi a créé un parti à vocation nationale et sollicite les suffrages des électeurs pour diriger l’Etat. Il doit s’attendre à être critiqué sur telle ou telle position ou déclaration. La démocratie est une compétition et une bataille d’idées sans concessions et non un rassemblement autour d’un seul parti. Si c’était le cas, ce serait la situation du régime de Boumediène que Saïd Sadi a critiqué à juste titre. Par conséquent, quand j’écris que c’est une incohérence de condamner le coup d’Etat de 1962 et d’approuver celui de 1992, ce n’est ni une dénonciation, ni une attaque personnelle. Le président du RCD pouvait dire qu’entre deux maux, il choisit le moindre. Et, en effet, c’est ce qu’il a fait, sauf qu’en politique, on ne choisit pas le moindre mal, on propose sa propre solution pour guérir les deux maux. J’ai lu et relu la partie de cet article où Saïd Sadi essaye de répondre à ma critique. Si on enlève les effets de style et autres phrases à l’emporte-pièce dont il a le secret, il ne répond pas sur le fond. Il me reproche seulement d’avoir soutenu l’initiative de Sant’Egidio, ce qui est surprenant de la part d’un homme politique qui prône la rupture d’avec le régime en place car le RCD aurait dû participer à la réunion de Rome. La société algérienne étant ce qu’elle est, il ne s’agit pas, pour construire un début de démocratie, d’exiger des islamistes de ne plus être des islamistes et du FLN de ne plus être populiste. Nous n’avons pas le choix que d’accepter la société algérienne dans sa diversité idéologique, en exigeant cependant la liberté d’expression, l’exercice du monopole de la violence par l’Etat et l’alternance électorale, sachant que les opinions électorales évoluent avec la pratique des élections libres. La tâche historique des années 1990 était d’éviter la violence et aussi d’insérer les (vrais) islamistes dans les institutions pour opérer la transition d’un régime autoritaire vers un régime pluraliste. Dans cette transition, le RCD avait un rôle politique et pédagogique à jouer. Sa direction a préféré se rallier aux détracteurs du Contrat de Rome dénoncé parce que ses signataires auraient agréé à l’application de la Charia ! Ce n’est pas sérieux de croire que Hocine Aït Ahmed, Abdelhamid Mehri, Ali Yahya Abdennour et Louisa Hanoune acceptent d’endosser la revendication de la Charia. Cela relève plus de la blague du jour que de la critique sérieuse. Pour appuyer cette accusation fallacieuse, les opposants au Contrat de Rome se sont référés au mot char’i, traduction arabe du terme «légal». Ce mot n’a rien à voir avec la charia dont il est issu et dont il a évolué sur le plan sémantique. Les droits modernes européens comprennent des mots issus de la jurisprudence du Moyen Age du fait que les contenus sémantiques des mots changent à travers le temps. Le mot char’i renvoie à la légalité et non au corpus médiéval appelé la chari’a.
Yacine Téguia et l’utopie totalitaire
Si je crois que le RCD aurait dû prendre part à la réunion de Sant’Egidio, c’est parce qu’il est un parti représentatif d’un courant idéologique présent dans la société avec une surface électorale potentielle dans les grandes villes, sur tout le territoire national. Ce n’est pas le cas du MDS qui n’arrive pas à faire sa mue postcommuniste comme le montre l’article de Yacine Téguia publié par Le Soir d’Algérieles 10, 11 et 12 août 2010. Dans cette publication, l’auteur prend la défense du régime de Boumediène, exprimant une volonté nostalgique d’y revenir, ajoutant que la solution est que «l’ANP devienne une institution transpartisane fondée sur une stratégie de défense nationale, de souveraineté et de progrès, qu’elle soit le reflet de l’ensemble des forces démocratiques qui traversent la société avec ses contradictions, mais après avoir disqualifié l’islamisme et les partis/Etat». Au moment où la tâche est de dépolitiser l’armée, Téguia propose de militariser le champ politique en ayant dans l’ANP des représentants du MDS, de l’ANR, du RCD et du PT ! Pour avoir échoué à s’enraciner dans la société, le MDS cherche un ancrage dans l’armée, livrant l’Etat à une avant-garde altruiste. C’est exactement cela la situation pré-politique, le refus du politique et de son institutionnalisation, et même le déni de l’anthropologie humaine. L’avantgarde serait composée d’anges désintéressés. Et pour Téguia, l’archétype de cet ange, c’est Boumediène dont le souci constant était le bonheur du peuple. Refusant de tirer leçon de l’expérience du régime de Boumediène, dont les illusions s’étaient pourtant dissipées avec les émeutes d’Octobre 1988, Téguia souhaite au contraire y revenir. Il propose, avec une scolastique léniniste, «de revenir à la fusion historique qui a permis de vaincre le colonialisme puis, même si c’est dans une moindre mesure, de mettre en échec le projet d’Etat théocratique, en proposant une nouvelle unité entre l’armée, la société et l’Etat». L’unité ou la fusion de la société et de l’Etat, c’est exactement la définition que donne Hanna Arendt du totalitarisme. Il s’agit de faire avaler la société par l’Etat, de ne laisser aucune liberté individuelle ou collective. La figure centrale de cet Etat serait celle du fonctionnaire de la police politique audessus des lois et de la justice. Dans ce schéma, l’Etat n’est pas l’instrument politico-juridique de la société ; dans ce schéma, c’est plutôt la société qui devient un appendice de l’Etat tel que l’a illustré le régime de Staline avec la Russie soviétique. A ma connaissance, il n’y a qu’un seul pays aujourd’hui qui vit une telle expérience à laquelle aspire Téguia, c’est la Corée du Nord. Yacine Téguia réduit la problématique du pouvoir à une question de foi et de sacrifice, autant de concepts religieux, refusant de croire que l’homme est autant attiré par le pouvoir que par les richesses. En pays sous-développé, il est encore plus attiré par le pouvoir parce que celui-ci donne accès aux richesses. Quelle que soit la conscience qu’il avait de lui-même, et l’opinion qu’a de lui Téguia, Houari Boumediène n’était pas un altruiste. Il adorait le pouvoir et ne voulait le partager avec personne. Il tenait à ce que personne ne s’enrichisse sans son autorisation et c’est pourquoi il a étatisé l’économie. Il s’était approprié un attribut du peuple — la souveraineté —et déclarait que les biens matériels appartenaient à ce peuple spolié de sa souveraineté. La contradiction qui a miné son régime, c’est qu’il a privatisé le pouvoir, qui est d’essence publique, et a cherché à rendre publique l’activité marchande, qui a vocation à être privée. Le seul aspect positif du régime de Boumediène, c’est que les Algériens ne veulent pas revivre cette expérience de l’homme providentiel. Il est vrai qu’ils ont du respect pour sa mémoire, mais il faut rappeler que l’ancien président du Conseil de la Révolution n’était pas un affairiste et n’était pas attiré par les richesses matérielles. C’était un nationaliste utopique qui a mené le pays vers la catastrophe actuelle. Il aimait son pays et son peuple au point de l’infantiliser. Boumediène était un dirigeant qui ne voulait pas que les Algériens grandissent et s’émancipent de son pouvoir. Il cherchait à contrôler la société afin que tous les Algériens dépendent de lui personnellement. Les communistes ont confondu cette conception archaïque avec le socialisme qu’ils ont défendu au prix de grands sacrifices qui se sont traduits par des arrestations, la torture, l’exil… Les communistes sont des militants sincères et ne cherchent pas à faire de la politique pour s’enrichir. Le problème, c’est que leur idéologie sous-estime l’enseignement de Marx sur le caractère révolutionnaire du marché, du salariat et du capital dans la situation précapitaliste. Cette faiblesse les a prédisposés à être des alliés de la culture politique archaïque hostile à l’autonomie de la société civile. L’exemple de l’Égypte de Nasser et de l’Algérie de Boumediène est, de ce point de vue, une illustration dramatique, dont ils ont été parmi les premières victimes.
L.A

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La bleuite continue, la réunion de Tripoli continue, le wilayisme revient
par Mohammed Elhabib Chami


Même dans l'écriture de notre histoire, les luttes intérieures se poursuivent: le vrai combat entre l'intérieur et l'extérieur se poursuit et les faux combats entre nord et sud, est et ouest se poursuivent également.

La guerre d'Algérie se réduit à une bataille entre les wilayas pour voir laquelle a donné plus de héros et laquelle a eu les meilleurs, Laquelle des wilayas ou des régions d'Algérie à le mieux servi et joué son rôle contre le colonialisme et pour l'indépendance, il faudra peut être un jury et un règlement intérieur pour trancher la question, il faut aussi des prix d'indépendances. Faut-il croire qu'Ils sont rares très très rares les patriotes et nationalistes qui ne sont pas régionalistes. Si l'animosité était ce qu'elle est maintenant, nous n'aurions jamais vu l'Istiqlal. La main rouge et la bleuite, Khelifi Bounoua m'en a parlé, elles faisaient rage dans les montagnes d'Ain Sefra.

Faut-il que ce soit toujours le fils qui cherche son père chahid ? Et le chahid qui n'a pas laissé d'enfants et de famille ? Quand est ce que ce sera le vrai enfant des chouhada, c'est-à-dire l'Algérie entière qui s'occupera de son géniteur ?

Plus dangereux, Nous sommes peut être dans une sorte de régionalisme historique et les fervents de ce régionalisme refusent qu'Abdelkader soit de Mascara, Lala Fatma N'soummer de Ouerdja de Ain El hammam, Mohamed El Mokrani d'El Kalaâ Beni Abbas, Bouamama de Mograr Tahtani, Abdelkader Hadj Ali de Relizane, Messali de Tlemcen, Ferhat Abbes de Bouafroun de Jijel et Ben Badis de Constantine : Ce qui serait une faute fatale pour l'unité et la modernité de l'Algérie. Si nous faisons le régionalisme historique, nous n'arriverons à rien, ce n'est la faute de personne si les grands naissent dans un endroit précis, il faut par contre faire pour que la mort de ces grands soit ressentie dans toute l'Algérie.

Ce que dit Sadi peut faire mal à ceux qui pensent que nous avons eu des anges comme guides de notre révolution, par contre ceux qui les considèrent comme des hommes qui ont vécu des moments exceptionnels trouveront normale toute opinion et toute découverte sur la vérité de notre révolution nationale, Sadi et Nourdine sont-ils disposés, eux aussi, à trouver Amirouche comme ils veulent nous montrer Boussouf et Boumedienne ? Il y a quand même une grande différence entre les bandits des films western et les moudjahidine de novembre.

Si on n'arrête pas l'hagiographie et si on ne considère pas nos héros comme des humains ayant vécu des circonstances exceptionnelles et pas comme des dieux ou demi-dieux, on ne trouvera jamais la vérité qui est une affaire plus scientifique que politique, nationaliste ou patriotique.

Est-ce que la Kabylie a besoin de héros national, de mythe ? Mouloud Kacim, Hocine Ait Ahmed et Slimane Amirat ont-ils oublié de parler d'Amirouche ou bien chacun doit s'occuper de son père ? Pourquoi ceux qui ont connu Amirouche se sont tus après l'indépendance ?

Boumediene avait beaucoup d'ennemis. Sadi vient d'entamer un problème qui ne risque pas de finir. C'est quel genre d'homme ce Boumedienne qui a fait tout ça ? On veut en faire un petit dieu, seul un être surnaturel peut faire ce qu'on lui reproche. Le problème c'est que Sadi ne peut pas faire plus de mal à Boumediene que ce que lui ont fait ses héritiers politiques. Qu'aient fait les adversaires de Boumedienne s'ils avaient trouvé le moyen de l'éliminer, le GPRA leur ayant facilité la tache en le condamnant à mort. La critique de Boumedienne et de sa politique n'est pas nouvelle, c'est une chose qu'on a écouté toute notre vie, la critique du régime n'est pas la critique de Boumediene, critiquer Boumediene c'est le critiquer dans le régime. Tous les moudjahidine, les benbellistes, les benkhedistes, les boudiafistes, les communistes, les islamistes ont tous rabâchés des critiques contre Boumedienne en disant presque la même chose. C'est peut être aussi cela qui l'avait grandit. Certains deviennent benbellistes pour critiquer Boumedienne un jour et le lendemain Boumedienniste pour critiquer Benbella. Sadi risque de donner plus de valeur à Boumedienne en collant la vie du colonel à celle de l'Algerie. Il éveille plus la haine du socialisme en général comme si Boumedienne était un disciple de Marx. Avons-nous fait entièrement notre devoir envers le pays ? Boumediene deviendrait un ange si on comparait ce que chacun de nous a fait pour l'Algérie.

Peut-on imaginer que Boumediene et Boussouf aient disparus au début de l'Istiqlal et considérer la suite, que ce soit l'intérieur ou l'extérieur qui ait dirigé l'Algérie. Les révolutionnaires d'aujourd'hui auraient vite fait de trouver un bon bouc émissaire pour le rendre «preuves à l'appui», responsable de la faillite. Nous avons toujours besoin d'un leader pour nous guider et d'un bouc émissaire pour le critiquer. Pouvait-on laisser Amirouche et Si Elhaouas venir en Tunisie et les arrêter pour les juger là-bas pour n'importe quel accusation bleuite Aurès Melouza etc. pourquoi prendre le risque de les donner aux français avec leurs documents et montrer notre faiblesse et donc se donner soi-même ?

L'armée des frontières n'aurait jamais du exister, le GPRA, Le Maroc et la Tunisie auraient du s'opposer à la constitution d'une telle armée. Le militaire devrait rester 40 jours pour suivre un stage de formation militaire et rejoindre par tous les moyens une wilaya de l'intérieur. Messali ayant hésité de suivre l'Histoire, nous n'avions pas de responsable de l'envergure de l'oncle Ho. Sans repères tout un chacun qui voulait l'indépendance était un bon nationaliste et c'est ce qui compte et ce qui comptait. Nous n'avions pas un autre pays. Nous avons eu comme résultat une armée pilotée essentiellement pour la défense de ses supérieurs et des gens du pouvoir contre tout ce qui gène ou dérange ce pouvoir, même si ca vient du peuple comme si ce peuple n'est pas concerné par la révolution et la résistance au colonialisme. Sauf si L'armée des frontières était là-bas pour défendre l'Algérie contre l'éventuel expansionnisme des frères voisins. L'armée française était à l'intérieure de l'Algérie, nos combattants n'avaient que deux endroits pour faire leur devoir : la métropole ou leur pays.

Pour s'approcher de la vérité de notre Histoire, Il nous faudra une étude sérieuse pour revoir toutes les décisions du tribunal militaire pendant la guerre. Ce qui est fait est fait, mais l'historien doit avoir les moyens d'examiner et d'étudier toutes les décisions qui ont été prises. Sans compter que l'absence de la connaissance de la vie privée des grands et petits acteurs handicape l'histoire, Si nous n'avons pas ou pas encore la verité de ce qui se passait aux sommets de nos wilayas historiques, comment faire pour connaitre la verité dans nos régions, nos zones, nos secteurs et dans toutes les villes et villages de l'Algérie combattante ? Il sera nécessaire de permettre de faire des enquêtes approfondies sur toutes les erreurs commises et l'Algérie de demain devra faire repentance à tous ses enfants victimes innocentes : Il y aura des listes exhaustives de tous les innocents injustement exécutés par les responsables de la révolution. Nous voulons des Aussaresse algériens. Est-ce que tous ceux qu'on appelle moudjahidines le sont vraiment ? Et tous ceux qu'on appelle harki le sont vraiment ? Il faut un travail d'envergure de centaines de Nourredine pour nous parler de leur père, puisque dans notre pays l'Histoire de la révolution est entrainée à devenir une affaire de famille.

Pourquoi cet acharnement contre l'idéologie socialiste ? L'aide de Cuba a été un million de fois plus importante pour nous que celle des Etats-Unis ou des Kennedy, mais l'Algérie combattante avait besoin de tous. Faut-il être d'une idéologie contraire pour pouvoir dénoncer et être du même camp pour pouvoir reconnaitre et apprécier les actes des hommes ? C'est comme si nous assistons toujours et avec cette jouissance empoisonnée à l'effondrement de l'URSS alors que de simples visionnaires ont su depuis 1985 que le monde avait changé et que parler de l'URSS relevait déjà du passé. A croire que ceux qui sont idéologiquement contre le socialisme adhérent facilement à la haine de Boumediene. Nous sommes toujours dans la debenbellisation ou la deboumediennisation ou dechadlysation. On a l'impression des fois qu'on ne veut pas écrire l'histoire, on veut nous inculquer chacun sa propre vision de l'histoire, nous assistons à une lutte de points de vue politique.

Amirouche projetait de dissoudre le MALG et l'armée des frontières. Ce qui laisse supposer que pour Abbane et pour Amirouche il était également facile de tuer Boussouf et Boumediene si ces deux héritiers de Ben Mhidi se cramponnaient à leurs idées et à leur vision. Depuis 1958, on ne fait que jeter Boumediene à la meute sans le juger vraiment. Cet homme est resté en Algérie avec son gilet pare-balles jusqu'à sa mort et jusqu'à présent on n'a pas arrêté de le présenter comme l'unique responsable de tous nos maux comme si c'était un remède ou une explication.

Pourquoi les services français n'ont pas laissé passer Amirouche en Tunisie ? La stratégie de la bleuite et les renseignements ne leur ont –t-ils pas suggéré de laisser l'affrontement se poursuivre entre Amirouche et Boumediene-Boussouf ?

Il n'y a pas de réel conflit entre Amirouche et Boumediene ou Amirouche et Boussouf, François Léotard n'étant pas une référence. Seule la France peut confirmer les faits, mais si la France parle elle fausse tout. Bigeard disait que Ben Mhidi était devenu son ami. Les défenseurs du bienfait du colonialisme doivent cesser cette rigolade, il n'y a pas et n'a jamais existé de bon colonialisme. Il n'y a que des oppositions de stratégies et de tactique différentes. Il y avait Contradiction dans les fondements de l'état on ne pouvait pas continuer et personne ne voulait démissionner et redevenir simple djoundi : c'est ce qui fait que chez nous la démission d'une autorité relève de l'interdit. Ce qui est ridicule ce sont ceux qui aujourd'hui continuent à vivre ensembles grâce au pétrole, mais jusqu' à quand ?

L'histoire est à réécrire, redécouvrir et reconstruire.

Je ne suis pas d'accord pour reprocher à Boumediene d'être ce qu'il est et de penser ce qu'il pense, mais pour la séquestration des corps des illustres chouhada, l'Algérie ne doit pas se reposer une seule seconde avant de connaitre l'entière vérité, tous les dessous, de cette affaire. Tous ceux qui étaient au pouvoir, tout ceux qui ont connu Boumediene doivent témoigner de ce qu'ils savent et de ce qu'ils ont vu pour mettre à jour cette vérité quelques soient ses retombées et ses résultats et conséquences.

Les fils d'Ain Sefra comprennent plus que quiconque l'enterrement fait à Amirouche parce que chez nous c'est notre ville entière qui a été enterrée un certain mai 1984 quant le pouvoir de l'époque a choisi le lieu de l'emplacement de la nouvelle wilaya contre le minimum de patriotisme et de décence. J'ai aussi fait le lien entre l'américain Griffith et notre si Mahmoud, isabelle Eberhardt, qui est, plus d'un siècle après sa mort, toujours poursuivie pour espionnage imaginaire. Ain Sefra a été enterrée vivante par l'Algérie de Chadly, de Bitat et de Hamid la science et ceux qui les ont suivi au pouvoir continuent de l'enterrer par tous les moyens qu'ils trouvent à leur disposition. Tout le monde sait que le noun de Naama 45 est mis entre les deux 3ain de Ain Defla 44 et Ain Temouchent 46. Une quelconque raison d'état ne doit en aucun cas toucher les fondements de notre existence. Mais il ne faut pas non plus effacer tout nationalisme et patriotisme à Boussouf ou à Boumediene parce que il faudra expliquer la relation Boussouf-Boumediene avec Ben Mhidi : pour détacher Boussouf de l'Algérie il faut trouver quelque chose entre lui et Ben Mhidi qui lui était le plus proche, peut être aussi que c'est la disparition de ben Mhidi qui a rendu Boussouf ce qu'il est devenu, n'oublier pas que Boussouf voulait détruire le troisième étage de la tour Eifel. Comment ceux qui faisaient la guerre à l'OTAN n'ont pas pu la faire à Boussouf.

Il ne faut pas oublier que Sadi est un homme politique et responsable depuis plus de deux décennies d'un parti politique très agité en matière d'élections dites pluralistes. Pourquoi aller aux urnes depuis 1991 ? Si ce n'est pour avoir beaucoup de voix et beaucoup d'élus. On ne peut pas lire Sadi sans penser au RCD, sans penser à une campagne d'adhésion ou électorale. Sadi a fait une erreur monumentale, je crois même qu'il le reconnait, c'est d'avoir accompagné le candidat du consensus en 1999, et il fait tout pour réparer ou effacer cette période de l'histoire de son parti, c'est pour cela qu'il frappe fort. Veut-on cacher cette période pour montrer et relancer le parti ? Dans la situation de notre pays, être dans l'Assemblée Nationale c'est être au pouvoir, presque tous les députés le reconnaissent et le disent, sans compter ceux qui, comme les anciens du RCD, sont devenus d'eternels ministres. Participer à nos élections et s'assoir dans nos assemblées, est pire que le «soutien critique» du PAGS des années 70. Alors que les événements de kabylie donnent plus de raisons pour être encore plus éloigné des élections que n'importe qui. Malgré cela, il faut reconnaitre qu'avec l'écriture du livre et la révélation des vérités qu'il contient, le Dr Saïd Sadi a rapproché notre pays de ce qu'on appelle une démocratie sauf si nous sommes devant un scenario semblable à la liberté de ton et de parole qui ont été dressés contre Betchine pour sauter Zeroual et installer la nouvelle équipe au pouvoir : ce qui prouvera, dans ce cas, que nous sommes l'unique pays au monde où on peut mentir au peuple tout le temps. Mais si ce n'est pas le cas, alors il nous faut un tout petit coup de pouce historique pour que l'Algérie passe à l'ère démocratique, et Sadi aura eu l'honneur de nous avoir montré ce que «dé***** de la nation» veut dire. Il faut ajouter que si une partie du RCD est toujours au pouvoir, une autre a choisi de créer un autre pays que l'Algérie et avec cet éclatement les voix et les adhérents ont disparus. La vedette n'est plus à notre Said Sadi mais elle risque de passer à Farhat. Le RCD doit tout faire pour se venger de Boutef et pousser Khalida à la démission et Mehenni de renoncer à sa racoleuse folie des grandeurs. Si nous avons affaire à des politiciens alors c'est l'électorat qui compte, il faut vider le MAK. En aidant le régime en 99, le RCD a peut être fait plus de mal à l'Algérie que Boussouf-Boumediene : en faisant renaitre le régime de 62, l'élan qu'il donne au pouvoir est plus grand que tout. Khalida et Benyounes sont toujours au pouvoir et défendent toujours la mortelle stagnation. Si on infiltre les luttes intestines du MCB, du FFS, du RDC et du MDS, on vomirait démocratie et modernité comme on veut nous faire vomir l'indépendance.

C'est à croire que les gens qui véhiculent les idées les plus nobles ne pensent des fois qu'à leurs intérêts particuliers. Les démocrates ont cessé de croire à la lutte commune et à la stratégie commune et chacun mène sa bataille tout seul : c'est le cas de Said Sadi. On comprend pourquoi l'Algérie démocratique tarde à venir. Nous n'avons rien à gagner avec les hommes pris individuellement, ni les uns ni les autres.

On sent trop d'animosité alors qu'en histoire il serait préférable de n'avoir ni d'amis ni d'ennemis. Est-ce que c'est le moment de l'écriture de ce livre ? Nous avons sauté une étape dans l'écriture de notre Histoire pour aller aux règlements de comptes : celle qui consiste à rassembler d'abord tous les archives de la révolution dans un endroit sûr et de les mettre à la disposition des chercheurs et des historiens. Il n'y a qu'une solution pour sauver l'Algérie dire le maximum de vérité et considérer tous les martyres de la même façon.

Il y a une grande différence entre l'accusation historique et l'accusation politique. Nous n'aboutirons à rien si on fait la guerre de l'histoire, ce sera un retour en arrière catastrophique si nous ne travaillons pas avec liberté dans un cadre commun et scientifique. Ce sont ceux qui ont oublié Amirouche qui ont crée la séparation Arabe Kabyle. L'affaire Amirouche va dans le même sillage que celle des faux moudjahidine peut être qu'avec ce sursaut de l'écriture on trouvera le chemin pour rencontrer notre Histoire, tous nos Zapata et nos Che. Il faut faire sortir de l'oubli ou de l'effacement tous les Amirouche algériens. Chaque ville a son Amirouche, son Bouchrit, son Jamal, son Moulay Elbachir, son Baraka, son Benatouane et son Daoui Larbi. Tout livre sur notre guerre de libération doit persister dans la libération du peuple et la prolonger et la perpétuer. Le lecteur en retrouvant sa propre histoire sous d'autres noms réalise que l'Algérie est une nation. Tous les algériens, toutes les villes d'Algérie écriront la vie de leurs héros et en feront des films. Amirouche a donné 20 ans des 30 qu'il a vécus à l'Algérie. Amirouche et tous les responsables des wilayas historiques vivaient chacun chaque jour des heures semblables à celles du 29 juin 1992 de Boudiaf. Amirouche a aimé l'Algérie plus que la Kabylie, il faut éviter de faire le contraire pour lui être fidèle. Dans la lecture de ce roman-verité, je me suis senti plusieurs fois dans la peau d'Amirouche et ça m'a chaque fois donné l'impression d'avoir pied sur toute l'Algérie.

Dans la lecture de ce roman je sentais le courage, la peur et l'amour de Si Amirouche pour l'Algérie. Amirouche était de ceux qui sont venus sur terre avec une mission : libérer l'Algérie du colonialisme. Le patrimoine Amirouche doit être sauvegardé comme un patrimoine algérien et mondial contre le colonialisme. Ce géant, incapable d'injustice, n'avait peur que d'une seule chose, que l'Algérie perde la guerre et que l'indépendance soit remise à plus tard. Amirouche n'était ni colonel de wilaya historique ni kabyle ni arabe ni rien de tout ça : Amirouche était la manifestation de l'Algérie entière réclamant son indépendance et prouvant la capacité de notre peuple à s'autodéterminer. Le livre de Sadi a réhabilité complètement le colonel de la wilaya trois, les âmes pures, qui ont toujours pris péniblement les balivernes antiamirouche, étaient prédisposées à cette réhabilitation depuis longtemps. Dans ce livre on entend et on voit Amirouche et on pleure de larmes de joie pour notre peuple d'avoir produit un tel Homme. Il remet à la surface l'honneur et la grandeur des combattants de l'intérieur. Il faut reconnaitre également que les djounoud des frontières n'ont jamais eu le respect indispensable qu'ils auraient du avoir envers ceux de l'intérieur et c'est la faute de leur chef. Oliver Tomba avait remis les clés de l'Afrique du Sud à Mandela quand il retourna au pays. A plusieurs endroit le livre nous met à la place d'Amirouche, et on se demande si un homme peut donner autant et se sacrifier autant pour son peuple. Je croyais que seule la langue de bois était difficile à supporter, je trouve que L'absence de langue de bois est encore plus difficile : une sorte de mea culpa d'ingratitude s'empare de nous quand on découvre la vérité de nos héros de la guerre de libération nationale.

La régression féconde puisqu'on en parle encore, et je me demande pourquoi Addi Lahouari insiste et ne regrette rien, est la même chose que l'intégrisme : on veut tout bâtir sur une supposition, si on a laissé le FIS gouverner, si on avait fait ceci si on avait fait cela c'est comme un Taleb politicien de chez nous qui ne cesse de répéter à chaque guitoune de décès que si tout le monde faisait correctement les cinq prières quotidiennes la montagne Mekhter et Aissa se transformerait en or. Decembre 91 n'a jamais été une élection pour un mandat, on n'était pas encore arrivé à ce stade de la vie politique, décembre 91 était une décision pour un projet de société pour la vie, il n'est pas question de régression, c'est la disparition totale comme la somalie et l'Afghanistan. Je crois qu'Addi n'a jamais été menacé dans sa vie depuis 92 parce que cette théorie sert beaucoup l'intégrisme. Pourquoi la régression féconde uniquement chez nous alors que personne ne l'a appliqué de part l'histoire. J'ai assisté à des conférences faites par Addi à Oran dans les années 87 et 88, il ne cessait de montrer et de démontrer l'impasse ou se trouvait l'Algérie, mais avec sa régression féconde il ne fait que nous demander d'ouvrir une autre impasse dans l'impasse alors que l'Algérie avait besoin de beaucoup plus que ça pour sortir de la crise multidimensionnelle. Mr Addi Houari, Êtes-vous sociologue ou politicien ? Voulez vous nous expliquer ce qui se passe ou nous donner des conseils politiques pratiques pour l'histoire ? C'est Marx je crois qui a dit que les ouvriers et les prolétaires étaient les premiers à comprendre la situation d'un pays bien avant les philosophes et les politiciens. Je n'ai jamais adhéré à la régression féconde depuis sa première apparition sur ElWatan dans la même période où Mustapha Lacheraf expliquait le passage historique de l'Algérie. Tout le monde, en ce moment-là disait «KHALLOUHOUM IJARBOU ROUHE HOUM» (laissez-les essayer leur cuisine) ce n'était pas une idée philosophique nouvelle ou originale, c'était tout ce que pensaient les militants et sympathisants du FIS et les neutres-moutons. Ceux qui ont arrêté le processus électoral ont tout simplement tenté d'épargner au duo Abassi-Benhadj d'être directement responsable de la lapidation, l'amputation des membres et l'assassinat de milliers d'algériens, mais le sang a quand même coulé à flots.

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Comme le cholestérol, il y a les bons et les mauvais communistes
par Merhab Mahiout



Chaque été algérien a son feuilleton. Cette année, c'est un livre signé de Saïd Sadi qui a occupé les devants.

Pris de panique, le système a accumulé les provocations qui ont fait de ce livre un succès de libraire dans la mesure où c'est la perspective de son interdiction qui a assuré sa promotion.

La tempête qu'il a soulevé a grisé son auteur qui se croit au dessus de la critique et pense que le temps est venu de consacrer définitivement son hégémonie sur les démocrates. D'une certaine façon, l'apologie qu'il fait du colonel Amirouche est d'abord la sienne par une identification revendiquée dès les premières pages du livre.

Depuis des semaines, il ne rate aucune occasion pour régler ses comptes.

Récemment, Yacine Teguia a publié une contribution dans laquelle il a donné son avis sur la polémique qui a entouré la publication du livre en question. De tous les écrits qui ont jalonné cette polémique, on ne peut franchement pas dire que cette contribution est la plus méchante. Mais qu'à cela ne tienne : Sadi saisira cette occasion pour servir un condensé du procès qu'il a intenté au Pags et à la gauche algérienne. Procès qui constitue la toile de fond du livre. Yacine Teguia n'a pourtant pas signé sa contribution en tant que militant du Pags ni en tant que communiste –je ne sais plus d'ailleurs si il l'est en cors ou non. Mais en tant que militant du MDS. Logiquement, Sadi aurait du lui répondre sur les positions actuelles du MDS. Mais pour instruire le procès, il a choisi de faire ses courses dans les recoins sombres de l'histoire. Peut-on imaginer un algérien doué de bon sens qui interpelle Sadi en 2010 sur les positions du FFS des années 1980 ou ses penchants maoïstes des années 70?

Remarquons d'abord que ce qu'il désigne par néo-communiste ne renvoie à rien du tout dans la réalité : aucun algérien ne se revendique politiquement du communisme. Mais derrière ses airs de Don Quichotte qui se bat contre des moulins à vent se cache un homme mû par une haine tenace envers une certaine gauche qui a eu la lucidité en décembre 91 de refuser de prendre part au processus suicidaire qui a conduit le pays à la situation que l'on connait.

Pourtant, le Pags a été dissout il y a belle lurette. De ce fait, il relève de la compétence des historiens. Mais quand Sadi en parle, ce n'est pas en sa qualité de nouvel historien mais comme un acteur politique. Il confronte ses positions des années 90 à l'ex-Pags pour avoir raison en 2010. Dans une tentative de venir à bout de la radicalité du courant Ettahadi-MDS.

En agissant ainsi Saïd Sadi ressemble à Ali Kafi : il fait fi de toute objectivité et de l'analyse des conditions historiques d'une époque. Comme acteur militant, il ne prend ni la distance, ni la hauteur requises pour faire œuvre vraiment utile pour le pays. Autrement dit, il supprime à son travail et son propos cette condition essentielle à tout débat démocratique dont les citoyens ont besoin : l'honnêteté intellectuelle.

Il n'hésite pas à enfermer ce courant dans le carcan du communisme. En prenant grand soin de distinguer les bons des mauvais communistes : les bons sont ceux dont les positions sur l'intégrisme étaient -et sont encore pour certains- en décalage avec la réalité. Les mauvais sont ceux dont les positions ont toujours été en avance sur les siennes.

Il ne se gène pourtant pas à vilipender ceux pour qui le l'ex-FIS «exprimait l'Islam des pauvres» tout en portant aux nu leur chef de file (Sadek Hadjeres) dans l'espoir d'en faire l'héritier exclusif de ce courant radical.

La fracture de décembre 91

La position sur l'islamisme a constitué une ligne de démarcation dans le camp démocrate.

Entre ceux qui acceptent les islamistes, qui sous-estime le danger qu'ils représentent et qui ont font des alliés pour démanteler le système d'un coté, et ceux qui ne se sont jamais trompés sur le danger qu'ils représentent de l'autre coté.

A l'occasion des législatives de 91, cette ligne de démarcation s'est transformée en ligne de fracture. D'un coté les participants, qui vont par la suite exiger la poursuite du second tour même après les résultats catastrophiques du premier. De l'autre, ceux qui ont boycotté et qui, naturellement ont appelé à stopper le processus suicidaire.

Entre les deux camps se trouvent ceux qui ont pris part au premier tour par choix stratégique et qui ont appelé à l'arrêt des élections par choix tactique dû à un échec personnel. Tout au long des décennies 90 et 2000, ils effectueront des allers-retours entre l'un ou l'autre camp. C'est en chef de file de ce nomadisme politique que Sadi vient aujourd'hui nous assener son «il faut chercher longtemps dans le catalogue politique algérien pour trouver un parti qui s'est autant fourvoyé». Ne cherchez plus Mr. Sadi, vous y êtes.

Pari risqué

Il est une platitude de dire que le nomade Sadi n'a jamais porté les sédentaires des deux bords dans son cœur.

Il est probablement l'un des plus piètres hommes politiques de son temps mais il a un flaire extraordinaire. Il sait que tôt ou tard, la politique reprendra ses droits dans ce pays. Il investit l'avenir en essayant d'imposer son hégémonie aux démocrates. Sa méthode : être le premier en tout : le 1er opposant au système, le 1er qui a appelé à l'arrêt du processus électoral, le 1er qui a appelé à la résistance au terrorisme, le 1er à défendre la mémoire des martyres…

Mais son flaire lui indique aussi que l'avenir appartient à ceux qui ont un parcours irréprochable. Comme le sien est loin de l'être, il n'hésite pas à parcourir l'histoire en sens interdit pour la ‘corriger' et l'expurger de ses dérapages à lui. Et dans ce parcours, il rencontre souvent un courant de gauche, radical, qui le relègue systématiquement à la seconde place.

Le monopole de la victimisation

Par petite touche, Sadi veut se construire une légende : celle de la victime exclusive de Boumediene. Il ne parle des communistes que pour rappeler leur soutien critique à Boumediene tandis qu'il était son opposant no 1.

Pourtant, en 99, il a fait mieux que soutenir un président issu de la dernière fraude du siècle : il a rejoint son gouvernement. Soit disant parce que ce président a ouvert les dossiers importants. Comme si c'était possible d'accéder au pouvoir par la fraude et avoir la sincère volonté de réformer l'école, la justice…

C'est pourtant la même logique qui a conduit les communistes à soutenir Boumediene. A une différence près : ces derniers rédigeaient les communiqués de soutient entre deux séances de tortures.

Par contre, ce qui distingue une opposition d'une autre, c'est le niveau de discernement politique.

Ces communistes que Sadi voue aux gémonies ont clairement distingué les orientations socioéconomiques qu'ils ont jugées bonnes - à tord ou à raison, l'histoire jugera- de la dictature politique qu'ils ont farouchement combattue avec le prix lourd que l'on connait. La mauvaise foi de Sadi lui fait dire que ses communistes ont «souffert de l'intolérance de leurs frères» pendant que ces gens ont passé à peu près autant de temps en liberté que lui en a passé en prison !

Sadi, par contre, n'a pas hésité à faire partie du gouvernement qui a géré la concorde civile et la grâce amnistiante qui ont probablement consacré l'impunité des assassins de ces propres militants.

Il est vrai qu' «en politique, le problème n'est pas dans l'erreur, il est dans l'égarement.» Le Pags des années 70 peut évoquer l'alibi de la clandestinité. Pas le RCD années 2000.

Mais il y a plus grave que l'égarement : la culture de l'égarement. Les positions fluctuantes du RCD vis-à-vis du système et de l'intégrisme sont un modèle en la matière.

Quelques exemples parmi tant d'autres:

1993. Le représentant du RCD quitte avec fracas une manifestation de soutien à un journal, suspendu par le pouvoir, pour protester contre la présence du représentant du MSP.

1995. Sadi concoure avec le chef du MSP à l'élection présidentielle.

1999. Le RCD mène une campagne virulente pour ‘boycotter la dernière fraude du siècle'.

2000. Il rejoint le gouvernement issu de cette fraude.

1999 toujours. Les députés du RCD votent contre la loi portant grâce amnistiante, qualifiée «d'objet juridique non identifié».

2000. Le RCD rejoint le gouvernement chargé de gérer cette loi.

Qui n'a pas encore le tournis avec ces montagnes russes politiques ?

L'islam populaire, antichambre de l'état islamique

Après avoir longtemps revendiqué «la laïcité comme unique bouclier contre la dérive intégriste», Sadi découvre les vertus de l'islam populaire. Sans jamais nous expliquer en quoi consiste au juste cette notion.

Sadi trouve choquant qu'un jeune qui rompt le jeûne soit trainé devant les tribunaux. Sait-il qu'il y a quelques années seulement, les promoteurs de cet «islam populaire» qui étaient encore aux commandes du pouvoir social dans nos villages infligeaient une amende à quiconque était soupçonné -je dis bien soupçonné- de rompre le jeûne ? Que cet «islam de nos parents» a inspiré et couvert les pires injustices, notamment envers les femmes ? Que le code de la famille de triste mémoire, ce code salafiste constitue une révolution pour la femme kabyle, en ce sens qu'il a réparé une injustice historique en lui permettant de faire valoir son droit naturel à l'héritage ?

Cette étrange notion d'«l'islam populaire» est culturellement impossible et politiquement dangereuse.

Je ne pense pas que dans les conditions actuelles, un paradigme qui pourrait s'appeler «l'islam populaire» soit possible.

Avec la généralisation de l'instruction et le conditionnement culturel, de plus en plus d'algériens demandent au texte coranique de statuer sur leur vie quotidienne dans les plus infimes détails.

La faiblesse de la culture religieuse fait que malheureusement ces arbitrages sont de plus en plus du type salafiste. Finie l'époque de naïfs paysans qui font confiance à l'imam du coin qui leur débite quelques versets dans une langue qu'ils ne comprennent pas.

Aujourd'hui, la littérature wahhabites et les chaines satellitaires donnent les réponses à toutes les questions que l'on se pose et même celles que le ne se pose pas.

Sur le plan politique, cette notion fait le jeu de l'islamisme dans la mesure où ce qui l'intéresse est le mot «islam», peut importe le qualifiant : confrérique, populaire, de nos parents… L'essentiel est de ne pas sortir du cadre étroit de la religion. Accepter l'islam (populaire, confrérique…) comme modèle, et l'islamisme se fera un plaisir de le transformer en état islamique. Souvenons-nous des dégâts de la petite référence aux valeurs islamiques contenues dans la proclamation du 1er novembre.

Le problème fondamental reste l'évacuation de la religion de l'espace public. Tant qu'elle continue à régenter cet espace public, quelque soit la forme sous laquelle elle le fait, la menace de l'état théocratique continuera à peser sur la société comme une épée de Damoclès.

Qu'un laïque convaincu comme Sadi en vienne à recommander à la société algérienne qui a payé très cher son refus de l'état théocratique cette notion d'«l'islam populaire» comme antidote à l'islamisme nous fait prendre toute la mesure des régressions politico-idéologiques que nous avons subies.

Pour finir

Nous voilà enfin fixés : le livre que Sadi a signé n'est qu'un prétexte pour qu'on parle de lui.

Désormais, ce n'est plus du contenu de ce livre qu'il s'agit de débattre.

Il est regrettable que Sadi n'arrive pas à se soustraire aux calculs politiciens, comme on pouvait l'espérer à la faveur de son livre et des enseignements qu'il nous propose de retenir de la personnalité du colonel Amirouche : hauteur de vue, désintéressement personnel, modestie, abnégation, esprit patriotique et national, souci permanent de rassembler et non de diviser, grande maturité malgré le jeune âge du colonel, conscience élevée des enjeux, etc.

Nous étions nombreux à espérer que Sadi se soit imprégné de toutes ses qualités, l'expérience des années aidant. Devons-nous donc déchanter devant autant d'invectives, d'affirmations péremptoires, de contre-vérités historiques et de narcissisme ?

*Militant démocrate

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Benyoucef Benkhedda.1920-2003. Ancien président du gpra


Proscrit, poursuivi jusque dans sa tombe !



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«Tout ce qui s’est fait de grand dans le monde s’est fait au cri du devoir ; tout ce qui s’y est fait de misérable s’est fait au nom de l’intérêt».
H. Lacordaire




La rumeur qui bruissait de longues semaines durant a fini par se confirmer, le Journal Officiel l’a entériné. Le nom de Benyoucef Benkhedda a été enlevé du fronton de la faculté d’Alger et remplacé par un numéro. Incrédules, ses proches et amis sont restés perplexes. Lorsque le Dr Salim Benkhedda, fils du défunt, est allé s’enquérir de la situation, on lui a rétorqué que la plaque a été enlevée provisoirement pour les besoins d’un film ! Curieuse dérobade ! Quand l’histoire se charge de faire du théâtre, elle en fait du bon ! Comment peut-on si bassement bafouer la mémoire d’un authentique moudjahid dont le parcours militant est digne d’éloges ? Pourtant, rappelle-t-on ici et là, la baptisation s’est faite de la manière la plus officielle, il y a quelques années sous la direction du président de la République en personne ! Pourquoi donc ce revirement et qu’est-ce qui l’a motivé ? Bien que le temps n’efface pas la trace des grands hommes et que les personnages illustres ont pour tombeau la terre entière, cette forfaiture a suscité émoi et incompréhension. Mme Benkhedda a préféré avec philosophie tourner en dérision cette décision inique. «Si c’est pour rehausser le niveau des étudiants, je suis d’accord !» Cri de désespoir ou douleur contenue ?
Qui est Benkhedda ? Salim dresse avec beaucoup de tendresse le portrait de son père «qui est la résultante d’un parcours atypique qui sans attendre la vieillesse lui avait offert l’expérience et imposée la souffrance».
Benyoucef est né le 23 février 1920 à Berrouaghia, petite ville assise au milieu des vergers à 30 km au sud de Médéa. Son père Si Abdelaziz était un cadi respecté à Berrouaghia qui était lui-même fils d’un cadi célèbre de Médéa, Si Mahiedine Benkhedda. Troisième enfant d’une fratrie de 6, son père lui avait choisi le nom du saint homme de Miliana, Sidi Benyoucef.
Orphelin à 11 ans
Orphelin de père à l’âge de 11 ans, Benyoucef était très attaché à ses frères, surtout à Abdelhalim, l’aîné. «Il avait sacrifié sa jeunesse pour notre éducation», aimait-il à rappeler. Comme la plupart des indigènes de l’époque, il fit ses premiers pas à l’école de la mosquée où il apprit le Coran et les rudiments de la langue arabe et fréquenta par la suite l’école primaire de Berrouaghia. La famille s’installa ensuite à Blida où le jeune Benyoucef s’inscrit au collège colonial (actuellement Ibnou Rochd). Il fit ses premières armes dans les Scouts musulmans puis une brève carrière sportive boxe et football. «J’ai disputé mon premier et dernier match de boxe, au premier coup de poing, je me suis cassé le doigt. J’ai tout de suite abandonné.» Dans le monde de la violence, il n’était pas dans son jardin. Il adhère au parti à 22 ans.
Son ardeur et sa pugnacité l’avaient fait remarquer par ses amis qui lui confièrent des postes importants. Il devra faire face à plusieurs crises : l’os, la crise berbériste, le conflit avec Messali... «Dans le parti, on a affronté une crise tous les ans, mais la plus dure était celle de Messali dont je me rends compte de son principal défaut : le refus d’admettre toute critique ou d’en tenir compte. Le parti, c’était sa propriété privée.» Au fln, il est conseiller de Abane. Le congrès de la Soummam le désigne membre du Cce, instance dirigeante du fln. Responsable politico-militaire de la Zone autonome d’Alger qu’il quitte en 1957 lorsque le cCe décide de se replier. Il gagne Tunis par le maquis en compagnie de Krim. Membre du cnra, Benkhedda est ministre des Affaires sociales dans le premier gpra et président de cet organe en août 1961. Il est au cours de l’été 1960 au centre de la crise qui oppose Benbella et l’état- major du gpra.
Benkhedda se retire de la scène politique au lendemain de l’indépendance, ne s’occupant que de sa pharmacie à Alger. Il est signataire d’un appel contre le régime de Boumediène. Il est assigné à résidence en 1976 et libéré. Benkhedda en politicien courageux avait fait son mea culpa en se confessant en direct à la tv dans les années 1980, regrettant le choix malheureux du parti unique et le faux départ en 1962. «La Charte de Tripoli a été votée à l’unanimité. Personne ne s’y est opposé. Cela a été une faute monumentale. Je demande à Dieu et au peuple algérien de nous pardonner.»
L'Algérie au cœur
Benkhedda a été choqué par les propos calomnieux et mensongers de Benbella rappportés par El Djazira. Cet épisode l’affecta profondément au cours des dernières semaines de sa vie. Sur le lit de la mort il ne cessa de le maudire. «C’est un menteur et un démagogue», disait-il. Pourtant Benkhedda avait bien accueilli à son domicile Benbella avant le départ de ce dernier en pèlerinage à la Mecque. Benkhedda lui avait suggéré de ne pas faire de déclaration. «Il faut sillonner l’Algérie et écouter les critiques des gens après 15 ans de prison, il faut savoir se taire et bien écouter les autres.» 3 jours après, Benkhedda découvrit avec stupéfaction l’attaque en règle contre les centralistes dans une interview que Benbella avait accordée au journal Le Monde. A l’aube de l’indépendance, taxé de tiède et de frileux, Benkhedda y voit plutôt un scrupule et un sens des responsabilités devant la menace de guerre civile.
«L’indépendance était entre nos mains. Pour rien au monde je n’aurais accepté de cautionner des tueries d’Algériens par d’autres Algériens quelle que soit la ’’légitimité’’ de l’acte. Mon attitude est à mettre au compte d’une certaine conception de la morale qui en Islam rend chacun coupable de chaque goutte de sang versé. J’accepte d’être traité de pusillanime, ce dont on m’a d’ailleurs si outrancement gratifié plutôt que de vouloir se maintenir au «koursi», fut-ce au prix de la vie d’un seul Algérien. Autant je fais preuve de détermination face à l’ennemi, autant je suis plein de scrupules vis-à-vis de mes frères.» Tahar Gaïd, ex-ambassadeur, ancien moudjahid et ami du défunt témoigne : «J’ai connu Benkhedda bien avant 1954 lorsque j’étais étudiant. On se rencontrait à la place de Chartres, siège officiel du parti. Je me souviens, il me chargeait de m’occuper de la rubrique consacrée à la répression dans Algérie libre organe officiel du mtld. C’était un homme très discret. Il ne parlait que lorsqu’il avait quelque chose à dire, pas de choses superflues. La sagesse transpirait dans son comportement. On sentait chez lui le nationaliste et le patriote qui n’admettait pas le compromis. Lorsque les centralistes s’étaient opposés à Messali Hadj, ce n’était pas le parti qui l’intéressait mais l’avenir de l’Algérien. Dès sa sortie de prison, il n’a pas tardé à rallier le fln. Il a participé à l’élaboration de la plateforme de la Soummam avec Abane et Ouzegane. Il s’occupait des affaires sociales et en tant que syndicalistes, nous avions toujours affaire à lui. C’est pourquoi je n’étais pas étonné de le voir ministre des Affaires sociales dans le gouvernement de Ferhat Abbas. Aujourd’hui, je reste bouche bée devant la mascarade de débaptisation. J’ai l’impression qu’on est toujours en train de copier la France avec ce soudain changement d’appellation. La déclaration de Kouchner disant que la France pourra s’entendre avec les Algériens après la disparition de la génération du 1er Novembre prend tout son sens. Ne fait-il pas allusion à cette frange qui a débaptisé l’université d’Alger ? Si Benkhedda était encore vivant, il se poserait la question : ’’Est-ce qu’on s’est sacrifiés et formé des étudiants pour qu’ils aillent monnayer leur savoir à l’étranger’’ ? Pour moi, c’est un encouragement à la fuite des cerveaux. Avec cet acte de débaptisation, c’est comme si on avait ouvert sa tombe et jeté ses restes au gré des vents. On est en train de le tuer une seconde fois. Et là, je me demande si ce n’est pas un désaveu, une réaction contre le président de la République lui-même, qui avait inauguré la cérémonie il y a quelques années.
Président du GPRA
Sid Ali Abdelhamid, ancien cadre du ppa/mtld : «Benkhedda s’est engagé très jeune. Il a marqué sa présence dès 1943 lorsque le parti a décidé une campagne d’insoumission pour que les jeunes Algériens ne rejoignent pas l’armée française. Il a été arrêté en avril 1943 avec Djemaâ Rezki, Mezghena, Bencherchalli et Debaghine. Torturés et déférés devant le tribunal militaire d’Alger et condamnés aux travaux forcés. Il a été le premier étudiant à abandonner ses études pour se mettre à la disposition du parti. Plus tard, il a été désigné à la commission presse et information du ppa avec Hadj Cherchalli.» En 1947, lors du congrès du parti et conjointement avec Abdelmalek Temam, il avait proposé l’envoi des étudiants à l’étranger. A l’époque cela paraissait utopique. Avec timidité et pudeur, Benkhedda nous avait demandé un délai de un mois pour terminer son diplôme, alors qu’il venait d’être désigné au secrétariat général. Benbellla l’avait interdit d’exercer en 1962.
D’un autre côté, Benkhedda était acharné pour défendre ses convictions. A ce titre, il était intraitable.En 1976, il a eu le courage d’affronter le pouvoir ici en Algérie, ce qu lui a valu la mise sous séquestre de la pharmacie et assigné à résidence avec Lahouel, Ferhat Abbas et Cheikh Kheiredine. Me Bentoumi, ancien bâtonnier, garde des souvenirs vivaces : «J’étais son avocat lorsqu’il a été arrêté en novembre 1954 en sa qualité de sg du ppa/mtld. Dans mes contacts, il m’a toujours encouragé à m’occuper de tous les militants quelque soit leur obédience. Il n’avait pas de parti pris. Lors de son audition devant le juge il a revendiqué le programme du mtld et il a affirmé que le 1er novembre n’était que la conséquence négative de la France qui refusait de reconnaître le droit des Algériens. Je voudrais rappeler deux choses, les caractères pieux et pudique de Benkhedda. Lors d’un contact avec lui ,alors qu’il était hébergé au Champ de Manœuvres chez un professeur catholique, j’ai ouvert la porte, je l’ai trouvé en train de prier. Il ne m’a pas vu.
Lorsqu’il a terminé, il a réagi avec une certaine pudeur ! Il ne voulait pas être vu. pour lui, sa prière ne concernait pas les autres. Un jour, il m’a envoyé un chef scout Drareni qui lui servait de liaison pour me demander d’aller au camp de Bossuet pour faire évader Aïssat Idir qui devait assister au congrès des syndicats libres afin d’y représenter l’ugta et défendre la cause du fln. Je lui ai fait dire que c’était impossible vu le dispositif sécuritaire entourant le camp. Le lendemain, je rencontrais M. Jean (Benkhedda avec lunettes et chapeau). il m’a pris dans sa voiture et en dépit de tous les risques m’a fait passer à plusieurs reprises devant le commissariat central. C’était sa façon à lui de me convaincre. Finalement, je suis parti à Bossuet. Benkhedda est un homme ouvert aux autres et qui écoute. Il y avait chez lui une propension à ne pas aggraver les incidents et une volonté ferme dans ses convictions. En tant que chef du gpra, il a été sollicité pour l’affrontement avec Benbella, il a refusé parce qu’il a tenu compte des troupes françaises encore sur le terrain. Face à l’ambition effrénée de Benbella pour le pouvoir, Benkhedda a fait prévaloir l’intérêt suprême du pays. Lors de la crise entre l’Algérie et le Maroc en 1976, il a pris position avec fermeté à la fois pour éviter un affrontement fratricide entre les deux peuples frères et en faveur de tout ce qui a toujours été le mot d’ordre du ppa et du fln. Par le peuple et pour le peuple, c’est-à-dire un régime démocratique...»
La débaptisation, un scandale
Quant à la débaptisation, Me Bentoumi se dit scandalisé et ne trouve pas les mots assez forts pour dénoncer cette dérive. Un de ses partisans raconte :«Savez-vous que Benyoucef Benkhedda n’a jamais pris un centime de la pension due à sa qualité de moudjahid ? Durant le mandat de Zeroual, Mr Hafnaoui Ahmed, alors secrétaire général du ministère des Anciens Moudjahidine, reçoit l’ancien président du gpra en son bureau. Ce dernier est venu demander une autorisation d’importation de véhicule pour ses besoins propres. Quel fût l’étonnement de Mr Hafnaoui après vérification, de constater que Mr Benkhedda n’était pas inscrit au fichier des pensionnés. L’autorisation était tributaire d’une fiche de pension, Mr Hafnaoui s’est empressé de lui demander de faire la demande de pension séance tenante Un rapide calcul du rappel lui a évalué celle-ci à quelques millions de dinars.
Homme de principe, Mr Benkhedda lui a rétorqué que la morale ne l’autorise pas de puiser des fonds du contribuable et que de ce fait sa qualité de moujahid en serait altérée par ce qu’il considère comme de la cupidité. D’autant que sa retraite et les revenus de son officine lui permettaient une vie décente. Le secrétaire général rapporte qu’il lui suggéra d’accepter cette pension quitte à la distribuer à des œuvres caritatives. en vain. Mr Benkhedda ne voulait rien entendre, arguant que la religion considère comme nulle une œuvre de bienfaisance si elle n’émane pas de fonds propres ! Telle était une facette du personnage. Alerté, le président Zeroual intervint personnellement pour qu’une autorisation exceptionnelle lui soit accordée. Chergui Brahim, vieux militant de la cause nationale, a connu Benkhedda.
«Il a été un militant exemplaire tout au long de la guerre. A Alger, il a été une fourmi auprès de la bourgeoisie pour l’amener à épouser la cause de la Révolution. Le Bachaga Boutaleb, Bengana, Benchicou, Tamzali et les imams Chanderli, Baba Amar, Tchikou... Il a été la cheville ouvrière de la commission financière qui alimentait la Révolution. Je l’ai connu en 1950 lorsque j’ai été nommé chef de daïra à Blida. Il venait chez moi pour réviser ses études de pharmacie. Il a été élu par le congrès de la Soummam comme membre du cce et a fini président du gpra qui a amené à l’indépendance de l’Algérie avec son unité territoriale. A l’indépendance, il a évité par sa sagesse une congolisation de l’Algérie. Comment un homme de cette envergure peut-il être poursuivi jusqu’à sa tombe pour l’humilier encore davantage par l’effacement de son nom de l’université d’Alger, dont la baptisation a été pourtant faite par le président Bouteflika ? Devant cette situation je m’élève avec véhémence contre cette décision qui touche un symbole de la Révolution.»

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ALGÉRIE-FRANCE
Des relations apaisées, c’est possible ?




Le passé colonial, non assumé par la France officielle, mine les rapports entre les deux pays. Les déclarations déplacées de Nicolas Sarkozy sur les bienfaits de la colonisation, son désir de réhabiliter les anciens de l'OAS, n'aident pas à avoir des relations apaisées.
Par Hassane Zerrouky
Près de 50 ans après la fin de la guerre de Libération nationale, l’Algérie et la France ne parviennent toujours pas à avoir des relations apaisées. Le passé colonial, sur lequel il est difficile de faire l’impasse – 132 ans de colonisation ont laissé des traces – empoisonne toujours autant les rapports entre les deux pays. Dernier exemple en date, le film de Rachid Bouchareb. Bien avant sa sortie en salles, certains conseillers de l’Elysée avaient souhaité le visionner. Au festival de Cannes, des nostalgiques de l’Algérie française avec en tête des élus de l’UMP, parti au pouvoir, ont dénoncé la projection de ce film. Il a été jugé «partisan» ou «réducteur» par ses détracteurs, quand ce ne sont pas des extrémistes de droite, comme cela s’est passé à Marseille, qui ont tenté d’interdire sa projection. Certes, on est loin de l’époque où la Bataille d’Alger avait été publiquement interdit en France ! Mais, excepté le quotidien l’Humanité, ce film, le premier à montrer la guerre d’Algérie vue de l’autre côté, sans manichéisme, a fait l’objet d’articles de presse, moins élogieux que ceux dont a bénéficié Indigènes. Côté radios, Franceinter fait exception : elle est bien la seule à lui avoir consacré une émission en présence du réalisateur et de l’historien Pascal Blanchard, à une heure de grande écoute. Passons sur les déclarations de Djamel Debouz, acteur et producteur du film, assurant qu’il faut «accepter qu’on ait un passé en commun» et que le FLN en France «fait partie intégrante de l’histoire de France», et retenons qu’au moment de sa sortie, trois documentaires sur la guerre d’Algérie ont été diffusés par France Télévisions. La blessure consacré aux harkis – est ce un hasard ? – a été diffusé à une heure de grande écoute (20h30) par FR-3, alors que les Guerres secrètes du FLN en France de Malek Bensmaïn, l’a été à 23h sur FR-2, suivi à minuit passé par L’Autre 8 Mai 1945 ! Un traitement médiatique qui en dit long sur la frilosité française à aborder sereinement des faits qui font partie de l’histoire de France.
Les écoliers algériens et français partagent en commun la méconnaissance de l’histoire respective de leurs pays
Cette même frilosité n’est pas propre aux Français, elle existe chez nous. Il suffit de rappeler le tollé provoqué par la sortie du livre de Saïd Sadi consacré au colonel Amirouche ou tout autre évènement relatif à la période 1954-1962 qui dérogerait à la vision officielle de la guerre de Libération nationale. Par exemple, pourquoi traiter la colonisation sur le simple mode de la domination ? Pourquoi cacher le fait que des centaines de milliers d’Algériens ont pris part à toutes les guerres de conquête coloniale après l’occupation de l’Algérie et ont pris part aux guerres impérialistes ? Des tirailleurs algériens ont pris part aux guerres napoléoniennes en Italie en 1859- 1960 ou encore à l’expédition du Mexique entre 1861-1967 ! Ces mêmes tirailleurs ont été sur d’autres fronts : la guerre de Crimée en 1851, la conquête coloniale en Indochine et y compris au Rif marocain contre l’émir Abdelkrim ! Et ce, sans compter les Première et Deuxième guerres mondiales. Cette histoire, il faut bien l’assumer. Poursuivons. L’Algérie dans l’histoire de France, c’était le rôle qu’a joué Alger, où fut créé par de Gaulle en 1942, le Comité français de libération nationale, juste après le débarquement américain. C’est à partir d’Alger que l’armée d’Afrique – dont 138 000 Algériens — est partie libérer la France. En dehors de la guerre de Libération nationale, c’est Alger encore qui a été le théâtre de deux évènements marquants de l’histoire de France : le putsch du 13 mai 1958 qui a porté de Gaulle au pouvoir et le putsch avorté des généraux Salan, Challe, Jouhaud et Zeller contre ce même de Gaulle quand ce dernier a compris que la guerre était perdue et qu’il fallait négocier avec le FLN ! Ni en Algérie, ni en France, cette histoire est connue. Ce qui fait que les écoliers des deux pays partagent une même méconnaissance de faits importants de leur histoire. En France, parce qu’à l’instar de Nicolas Sarkozy, qui affirmait en pleine campagne électorale que «la vérité, c’est qu’il n’y a pas eu beaucoup de puissances coloniales dans le monde qui aient tant œuvré pour la civilisation et le développement et si peu pour l’exploitation», on pratique la culture de l’oubli : rien sur l’exploitation coloniale, les expropriations massives, la paupérisation et les famines, la répression massive – les Algériens étaient régis par le code de l’indigénat qui leur déniait leurs droits les plus élémentaires, et l’analphabétisme. A ce titre, on ne peut d’un trait de plume ou à partir d’un discours effacer les méfaits du système colonial. En Algérie, on refuse de voir que l’exploitation coloniale a été à l’origine d’un prolétariat émancipateur : c’est en France au sein de l’immigration ouvrière algérienne qu’est née l’Etoile nord-afrcaine avant qu’elle ne se transforme en PPA-MTLD, alors que les Oulémas que l’histoire officielle présente comme étant à la source de l’éveil de la conscience nationale prônait «l’Union française», à savoir une Algérie intégrée à la France coloniale ! Pas plus qu’il ne faut faire l’impasse sur ces Français – très nombreux – grâce à qui une majorité de Français a pris fait et cause pour l’indépendance de l’Algérie. Sait-on que deux mois après le 17 octobre 1961, le 8 février 1961, huit militants communistes sont morts, tués par la police française sur ordre de Papon, lors d’une manifestation (un million de personnes) pour l’indépendance algérienne et contre les crimes de l’OAS ! Et tous ceux – simples citoyens, artistes, intellectuels, militants politiques et syndicaux – qui, au mépris du danger et de leur vie, ont pris une part active à l’indépendance du pays. Notre histoire, telle qu’enseignée aujourd’hui dans nos écoles, en parle-t-elle ? Et pourtant, ce sont ces Français-là qui ont sauvé l’honneur de leur pays en restant fidèles aux valeurs et aux idéaux de 1789, de la Commune de Paris, du Front populaire et de la résistance française. Ce sont eux qui ont préservé l’avenir des relations entre les deux peuples. De l’histoire et des rapports des deux peuples, c’est cela qui doit être retenu.
Dépasser les passions et regarder l’Histoire en face
Ces faits montrent qu’aborder l’histoire des deux pays n’est pas simple. Les griefs, les drames, les ressentiments de part et d’autre, les harkis dont les itinéraires et les parcours individuels renseignent sur la façon dont leur vie a basculé – certains ont tué et violé, d’autres ont mouchardé, et d’autres l’ont été par accident et ont payé pour les criminels et les colons – ont laissé des traces qu’il est difficile d’ignorer. Au-delà, faut-il laisser le temps au temps afin d’effacer les séquelles de cette histoire dramatique. Certes non, car à tout moment, une simple phrase, une commémoration nostalgique, un film documentaire ou cette tendance négationniste bien française consistant à nier l’aspiration des Algériens à la libération nationale, réduisant la guerre de libération à un affrontement entre le FLN et l’armée française où les Algériens auraient été pris en otages, suffiront à réveiller les vieux démons. Bien plus, faut-il faire dépendre les relations économiques et culturelles entre Alger et Paris de la manière dont les officiels français voient le passé entre les deux pays comme le suggèrent certaines voix ? Une chose est sûre, le passé colonial n’a pas empêché le développement de relations entre les deux peuples. L’existence d’une importante immigration algérienne, voire de centaines de milliers de Français d’origine algérienne, attachés à leur pays, sont des facteurs qui pèsent beaucoup. Qui plus est, des rapports humains transcendant les rapports tumultueux entre les deux pays ont été tissés de part et d’autre de la Méditerranée. Durant la décennie noire, c’est en France que s’est exprimée la solidarité avec les Algériens victimes du terrorisme islamiste. Durant le séisme de Boumerdès, c’est en France, plus que dans les pays arabes dit frères, que l’opinion publique s’est mobilisée. Plus près de nous, les français ont été de tout cœur avec l’équipe algérienne en Coupe du monde, etc. Des hommes d’affaires français veulent sincèrement investir en Algérie. Dès lors les en empêcher sous prétexte que Sarkozy ne veut pas faire des «excuses» n’est pas dans l’intérêt de l’Algérie. La seule chose à exiger – c’est une question de volonté politique – est de demander à Jean-Pierre Rafarin, qui viendra en Algérie en «mission commandée », est de cesser de prendre l’Algérie pour un immense marché où écouler les invendus des entreprises françaises ! Reste à savoir si du côté algérien, où la maffia de l’import veille au grain, il existe une volonté politique – ce dont je doute pour l’heure — à casser les reins de ceux qui, profitant de la rente pétrolière, cherchent à empêcher l’implantation d’entreprises françaises en instrumentalisant le passé colonial. Car, parmi ceux qui agitent la loi sur la criminalisation de la colonisation – pas tous bien sûr – il existe des gens qui ne sont pas intéressés par une coopération mutuellement avantageuse. Autrement, comment expliquer tous ces ratages économiques comme le refus d’une usine de montage de Renault, sinon pour préserver le marché fructueux de l’importation de véhicules !
H. Z

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Redha Malek à “Liberté”


“Le pétrole et le gaz, cela ne fait pas une nation”


Par : Azzedine Bensouiah


Dans cet entretien, Redha Malek revient sur la récente célébration du 52e anniversaire du GPRA. Il s’étalera sur les objectifs de la Révolution et la nécessité de l’écriture de son histoire, loin des règlements de comptes, loin de la glorification aveugle et aveuglante.
La Révolution, encore et toujours. Une Révolution démocratique, parce que portée par tout un peuple, qui a forgé la personnalité algérienne et qui a permis à l’Algérie d’avoir une voix écoutée sur la scène internationale. Une Révolution qui se poursuit et que rien ne pourra arrêter, selon Redha Malek.

Liberté : L’Algérie vient de célébrer, dans une totale indifférence, le 52e anniversaire de la création du GPRA. Que vous inspire cette date ?
Redha Malek : La date de la création du GPRA marque la renaissance, la résurrection de l’État algérien qui a disparu en 1830. C’est cela la performance du FLN, de ceux qui ont écrit le 1er Novembre. J’insiste sur l’historicité. On parle des composantes de l’identité nationale, que sont l’Islam, l’arabité et l’amazighité, mais on ne parle pas assez de son historicité. Le peuple algérien a fait l’histoire. On n’avait pas un État, comme le Maroc ou la Tunisie. Chez nous, il n’y avait plus rien. Les Algériens ont refait la nation sous sa forme moderne. Elle s’est forgée dans cette guerre longue. Il fallait sortir de l’émiettement de l’État. Le GPRA avait son répondant sur le terrain, un contre-pouvoir. Le colonialisme était en reflux. La nouvelle allégeance des Algériens au “nidham” qu’est le FLN qui était omniprésent. L’allégeance tribale, l’allégeance confrérique, c’est terminé ! Il n’y a plus de régionalisme dans la Révolution. C’est cela la nation. Au-delà des appartenances tribales et confrériques, le FLN s’est imposé. Le génie de Abane Ramdane, c’est d’avoir ouvert le FLN à toutes les tendances (UDMA, ulémas). C’est ainsi que s’est reconstruite la nation algérienne. La Révolution avait atterri, le 19 septembre 1958, pour s’ériger en gouvernement provisoire de la République algérienne. Cela coïncidait avec le retour de De Gaulle au pouvoir en France. Ce dernier a eu vent de notre intention de créer le GPRA. Il a confié qu’il aurait aimé que nous attendions avant de le faire. Il croyait qu’avec son charisme, il pouvait inverser la donne. Or, l’Algérie avait choisi sa voie : l’indépendance. Le GPRA est une création révolutionnaire. La résurrection de l’État n’est pas la restauration de l’État d’avant 1830. On n’est pas revenu à 1830. On a un État qui dépasse le tribalisme, l’archaïsme. C’est une Révolution démocratique. Contrairement à Guy Mollet qui parlait de guerre de religion et de retour au Moyen-Âge. Nous lui avons montré ce que nous sommes.

Justement, dans votre dernier livre, vous disséquez cette période. Qu’est-ce qui fait que l’histoire de la Révolution demeure entourée de tabous ?
Cela dépend des auteurs. Il y avait une tradition de clandestinité dans la Révolution. Il y en a qui ont gardé cette tradition. Les langues commencent à se délier. Cependant, il ne faut pas tomber dans le dénigrement systématique, dont certains veulent profiter pour remettre en cause la Révolution. Il y a beaucoup de faiblesses dans notre Révolution. Il y a eu des choses inadmissibles. Mais il faut prendre la Révolution dans son ensemble. C’est une grande entreprise. Disséquer les faiblesses, mais il ne faut pas que cela devienne un prétexte pour dénigrer la Révolution. Il y en a qui ont nié son existence. D’autres disent que c’est un mythe. D’autres disent : “On ne sait pas ce que c’est.” D’autres disent que “c’est une jacquerie”. C’est une Révolution démocratique et populaire. D’où l’insistance sur la dénomination de l’État algérien : République algérienne démocratique et populaire. Ce sont les articles d’El Moudjahid qui ont préparé la voie. Déjà, pendant la guerre, certains ont voulu supprimer le vocable “Révolution”. En 1957, des membres du CCE voulaient qu’on évite de parler de Révolution, en nous contentant d’un seul objectif : chasser le colonialiste.
Les masses populaires ont beaucoup souffert, notamment dans les camps de regroupement. Trois millions de paysans ont été déportés de leurs terres. Même Michel Rocard en parle dans son livre et n’en revient pas. Lors des négociations d’Évian, Michel Tricot voulait qu’on mette sur le document “camps de regroupement”, alors que moi j’insistais sur “camps de concentration”. Il m’a confié que le mot était trop fort et qu’il allait se référer à ses supérieurs. Les masses algériennes étaient bouleversées et engagées dans la Révolution. C’est une Révolution antiféodale, anticoloniale. On a porté un sérieux coup au tribalisme. C’est le côté démocratique où l’on dépasse les survivances féodales. Ce n’est plus Abdelkader, ce n’est plus cheikh El-Haddad, qui étaient de grands combattants. Ce ne sont plus des notabilités tribales, comme El-Mokrani. Cette fois-ci, ce sont des militants professionnels qui sortent de l’OS. Ils ont eu une formation politique et avaient un sens du nationalisme. Ce sont des gens, inconnus à cette époque, qui ont lancé le mouvement. Jean El-Mouhoub Amrouch a dit “Algeria fara da se” (l’Algérie se fera d’elle-même). C’est une auto-genèse de l’Algérie, une auto-construction. En fait, c’est la reprise d’une idée de Garibaldi lorsqu’on a reconstruit l’Italie. La plateforme de la Soummam le dit clairement. Nous sommes nous-mêmes. Nous ne sommes pas la création de puissances étrangères. C’est pour ça que l’Algérie a un avenir extraordinaire. Elle a cette force qui va l’emporter, s’imposer. La presse américaine avait écrit “l’Algérie est indépendante et ne parle que pour elle-même”, au lendemain de la libération des 52 otages américains en Iran. Ce sont des détails qui ont leur signification. Quand les otages sont rentrés aux USA et devaient être reçus par le président Reagan, on m’a invité en tant qu’ambassadeur d’Algérie. J’ai dit que je ne pouvais pas assister parce que je représente l’Algérie, mais également les intérêts iraniens. Si jamais le président américain décide de s’attaquer à l’Iran, je serai dans une position délicate. Le lendemain, on m’a contacté pour me prier d’assister et me promettre que le président Reagan ne prononcerait pas un mot contre l’Iran. Il a tenu parole. Je dénonce ces néo-indigènes qui prennent au mot ce qu’on leur raconte pour trouver des allégeances à l’extérieur.

On a eu droit, jusque-là, à une histoire officielle, celle des appareils de l’État. Et on a eu des histoires écrites par des acteurs de cette époque qui, souvent, suscitent polémique, pour ne pas dire levée de boucliers. Est-ce si difficile, 50 ans après, de raconter la Révolution ?
Je crois que c’est aussi une capacité d’écrire. Il y a une certaine paresse intellectuelle, le “à-quoi-bon ?” Si les acteurs avaient une capacité d’écrire, ils l’auraient fait. Mais, pour écrire l’Histoire, il faut avoir de la cohérence. Il faut qu’il y ait une réflexion. Cela va venir. Cela commence à venir. Le jeune Medjaoui, étudiant en médecine, engagé au FLN, vient de faire un livre, j’en ai fait la préface. Les langues se délient. Les historiens doivent se mettre au travail pour exploiter la matière grise. C’est une maladie de vouloir régler des comptes sur le dos de l’Histoire. Charles-André Julien, historien de l’Afrique du Nord, m’a confié que la Révolution algérienne lui a dessillé les yeux. Sa vision a complètement changé. “Si j’avais le temps, je réécrirais l’histoire sous une autre optique”, m’a-t-il confié. Il faut réécrire l’Histoire algérienne dans une vision plus objective. Le travail de l’Histoire est nécessaire. Tout le monde est interpellé pour écrire l’Histoire récente avec les survivants. Avant 1830, c’est le trou. On ne connaît rien. Quant aux dernières huit années de guerre, les historiens professionnels doivent rassembler ces matériaux afin d’enseigner à nos enfants. L’État n’a pas fait grand-chose et se contente de faire des commémorations.

L’Histoire de la Révolution occupe l’essentiel de vos écrits. Vous la placez même avant le pétrole et le gaz, pour situer la place de l’Algérie. L’engagement de l’Algérie au sein du Mouvement des non-alignés, son soutien à l’autodétermination des peuples, en somme ses principes inspirés de sa Révolution, ne sont-ils pas la cause de ses soucis sur la scène internationale ?
Il ne suffit pas d’avoir du gaz et du pétrole. Cela ne fait pas une nation. Ce qui fait une nation, ce sont les hommes. “Un pays sans argent est un pays pauvre, mais un pays sans principes est un pauvre pays”, disait Tallayrand. Si on se laisse aller, les étrangers vont nous prendre notre pétrole sous notre nez. C’est une question d’existence. Ce sont ces principes (Révolution, Non-Alignés, soutien à l’autodétermination des peuples) qui font la grandeur de l’Algérie. Il y a un capital sur le plan international. C’est un or. Sinon, vous croyez que les autres vont s’adresser à vous ? C’est notre rayonnement international, notre influence internationale. Être pour les causes justes, ce ne sont pas des slogans. Mandela avait appris chez nous. Bani Sadr, Kotb Zada avaient des passeports algériens. On a pu apporter des contributions de qualité, comme pour la session extraordinaire de l’ONU consacrée au nouvel ordre économique mondial, sur proposition de l’Algérie. Les indépendances des pays africains sous domination portugaise ont été signées à Alger. Les premiers ministres portugais et espagnols séjournaient tout le temps à Alger. Jusqu’en Amérique latine, on recevait des opposants chiliens, brésiliens. Nous ne sommes pas intégristes, mais nous avons soutenu la révolution iranienne. C’était, à nos yeux, un moyen de sortir de la dictature du Chah. Voilà comment on défendait nos principes. Abdelaziz Bouteflika a réussi à exclure l’Afrique du Sud (raciste) de l’ONU, au nom de la Révolution algérienne. Il a fait asseoir Yasser Arafat à l’ONU, au nom de la Révolution algérienne. Nous soutenons le Polisario, parce que c’est une cause juste.
C’est dur, surtout pour nos relations avec nos frères marocains. Ce n’est pas pour un morceau de terrain que nous le faisons, c’est pour nos principes. Quand je suis arrivé à Moscou, pour représenter l’Algérie, l’ambassadeur du Mexique m’a invité à dîner. À la fin, il m’a présenté sa fille qui s’appelait “Algeria”. Elle avait dix ans et elle était née le jour de l’indépendance de l’Algérie.

Dans votre dernier livre, vous évoquez également la période post-indépendance, avec un regard critique sur les dérapages de l’État, mais surtout concernant la substitution de l’alternative démocratique par une “contre-révolution” exécutée par le courant islamiste. Pourquoi, selon vous, l’alternative démocratique peine-t-elle à s’imposer ?
Ce n’est pas une fatalité. La Révolution est tombée entre des mains qui n’ont pas compris et qui se sont laissées aller à des situations dangereuses, telles que la corruption et la fraude électorale. Cela engendre l’opposition, la “fitna” et l’intégrisme. Ce dernier profite de la situation. L’Algérie a failli devenir un nouvel Afghanistan, s’il n’y avait pas une reprise en main par l’armée et les forces éclairées. Cela aurait pu entraîner la Tunisie, le Maroc et même l’Égypte. L’intégrisme avait choisi l’Algérie comme base de départ et d’expansion dans l’Afrique du Nord. Cet intégrisme s’est développé grâce à l’Occident. Les USA avaient besoin des intégristes pour chasser les Soviétiques d’Afghanistan. Au retour, Américains et Européens ont renvoyé l’ascenseur aux intégristes et fermé les yeux lorsque les “Afghans arabes” retournaient chez eux pour commettre leurs attentats. L’Algérie était isolée dans la lutte antiterroriste et c’est grâce à elle que l’Afrique du Nord a été épargnée. Quand j’étais au gouvernement, j’ai agi. Quand j’ai vu que les Iraniens étaient devenus le nid du FIS, on a rompu nos relations avec eux. Avec les Français, j’ai convoqué leur ambassadeur pour protester contre la sortie en France d’un bulletin qui donnait chaque semaine le bilan des attentats. Trois jours après, ils ont fermé le local et ont interdit le bulletin. Nous étions isolés, mais nous luttions. Certains écrivains français avaient écrit des livres pour préparer leur opinion publique à l’arrivée du FIS au pouvoir.
MM. Mitterrand et Dumas pensaient que les islamistes allaient prendre le pouvoir. En 1992, j’avais posé le problème aux Américains, à Washington, en tant qu’envoyé du président Boudiaf, quant au sort des “Afghans arabes” restés là-bas et qui se préparaient pour faire un malheur dans leurs pays respectifs. Ben Laden finançait le FIS à partir du Soudan. Les slogans du FIS, notamment “La mtihak, la doustour, kal Allah, kal Arrassoul” (ni Charte ni Constitution, Dieu a dit, le Prophète a dit), étaient rédigés par Ben Laden et récités dans nos rues. Nous l’avons dénoncé en 1992. Nous n’avons pas attendu le 11 septembre. La Révolution algérienne a acquis une expérience qui permet d’être invulnérable à ces menés intégristes. Le FIS a voulu faire comme le FLN de la libération. On ne peut pas imiter le FLN héroïque de la Révolution. La démocratie est une notion très difficile à appliquer dans nos sociétés. La Révolution ne s’arrête pas en 1962. Il y a un fléchissement. Il y a un certain nombre de principes et de repères qui restent valables pour sortir le pays de cette situation. Ce livre s’adresse aux jeunes. La démocratie s’enracine dans notre Révolution. Elle a donné deux choses : libération de l’individu de la brume médiévale, et la justice sociale. Les Français ont tout pris. Ils ont dépossédé les Algériens. Cette réfection de la nation s’est faite sur la base des masses populaires. La justice sociale est bien ancrée. Quel que soit le système économique, il faut respecter un minimum de justice sociale. Cela fait partie du code génétique des Algériens. La modernité, ce n’est pas seulement de la théorie (liberté d’opinion, liberté d’expression). Cela ne suffit pas si elle ne vient pas des citoyens qui doivent participer à cette démocratie. La Révolution a donné le coup d’envoi. Le ferment est toujours là pour agir. Cela demande énormément de travail.
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Par : Rédaction de Liberté


Redha Malek vient de publier, chez Casbah Éditions, Guerre de libération et Révolution démocratique, Écrits d’hier et d’aujourd’hui. Un recueil rassemblant toutes ses œuvres et dont le fil conducteur reste la Révolution. Lui qui a grandi avec la Révolution, en étant membre fondateur de l’Ugema, puis directeur d’El Moudjahid, avant d’être désigné porte-parole et membre de la délégation algérienne aux négociations
d’Évian et l’un des rédacteurs du programme de Tripoli. L’homme a occupé plusieurs postes-clés après l’Indépendance. Ambassadeur en Yougoslavie, en France et en URSS, il participe à la rédaction de la Charte nationale en 1976. Il est nommé ministre de l’Information et de la Culture, avant de redevenir ambassadeur aux USA, puis en Grande-Bretagne. Il est l’un des principaux négociateurs de la libération des otages américains à Téhéran. Retiré de la vie publique, il est rappelé au service de l’État à l’arrivée de Mohamed Boudiaf, puis nommé président du Conseil consultatif national, avant d’être nommé membre du HCE. En 1994, il crée l’Alliance nationale républicaine (ANR). Il est auteur de plusieurs ouvrages, dont Tradition et Révolution et L’Algérie à Évian.



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Contribution : Yacine Teguia répond à Lahouari Addi et Saïd Sadi




Par Yacine Teguia*
Avec son livre sur Amirouche, Sadi a tenté un baroud d’honneur. Les jeunes générations et les moudjahidine, désenchantés aussi bien par les luttes de l'été 1962 que par les évolutions actuelles, avaient espéré des réponses à leurs interrogations. Beaucoup resteront frustrés d'une réappropriation sereine de l'Histoire, d'un consensus sur l'identité nationale et d'une critique conséquente du boumédiénisme permettant d'envisager un véritable pacte démocratique.
Pourtant, ils existent ces historiens demeurant des chercheurs sincères et ces authentiques combattants qui bataillent pour réunir une mémoire dispersée, piétinée et instrumentalisée par les pouvoirs successifs. Leurs efforts de transmission demeurent indispensables pour renouer avec l'avenir. Tout en alimentant la polémique, Sadi feint, maintenant, de déplorer la profusion des interventions autour de sa biographie du chef de la Wilaya III. Face à ses contradicteurs, de quel bord politique ou de quelle région d’Algérie soient-ils, il tempête, louvoie et sombre dans l’indignité politique. Entre autres, il n’aura pas été en état de réfuter les erreurs de fond et de démarche que je lui signale dans un texte publié par Le Soir d’Algérie. En laissant croire que c'est sur deux bilans du boumediénisme que nous nous opposons – il en dresse un globalement négatif en suggérant que j'en ferais un positif –, Sadi voudrait éclipser le fait que nous avons deux visions de l'Histoire et que je critique Boumediene d'un point de vue différent, tant philosophique, politique que socioéconomique. En pragmatique frisant l'opportunisme, Sadi accorde une grande importance au hasard, à la contingence, à l'expérience, ce qui est étonnant de la part d’un scientifique doublé d’un responsable politique national. M'inscrivant dans une conception basée sur l'universalisme, je m’intéresse à la signification historique des actes des protagonistes de l'Histoire plutôt qu’à leurs motifs. Au lieu d'approfondir ce débat, Sadi me reproche de l’attaquer. Mais sous prétexte de juger Boumediene, n’est-ce pas lui qui se fourvoie en accablant la gauche algérienne? Geste plutôt ingrat, car les militants du PAGS se sont mobilisés sans aucune arrière-pensée, contribuant à ce qu’il passe ses examens quand il était en prison. Sadi révèle un projet démocratique amputé d'une dimension éthique, ainsi qu'une conception de la lutte où s’entremêlent calculs politiques et ambitions personnelles. Toute critique de ses idées lui apparaît comme une attaque personnelle donnant lieu à des réponses personnelles. Dans sa réaction à ma contribution, il n'est plus question d'Amirouche, ou si peu, ni d'écriture de l'Histoire. On est dans la chicane politique et Sadi m’affuble aussitôt du qualificatif de «totalitaire». Il explique que c’est certainement parce que je n’ai pas lu Soljenitsyne. Il n'aura pas à perquisitionner dans ma bibliothèque pour vérifier les ouvrages qui la composent, certains étant, peut-être, destinés à être brûlés si notre courroucé président du Rassemblement pour la culture et la démocratie en avait un jour les moyens. L’auteur de L’archipel du goulag ne fait pas partie de mes lectures. Sa dérive ultranationaliste, son fanatisme religieux et son antisémitisme témoignent de l’ambigüité de la critique qu’il portait au système soviétique. Son attachement à l’autoritarisme lui vaudra d'ailleurs d'être décoré par un ancien officier du KGB, Vladimir Poutine. Voyons comment Saïd Sadi et Lahouari Addi – qui le rejoint en me qualifiant d’«utopiste totalitaire » – se laissent aller à la même pente, si peu démocratique, de la diabolisation. Le takfir n’est-il pas une méthode détestable qui vise à refuser le droit à la critique publique, à un débat entre démocrates ? Voudrait-on intimider le lecteur en éructant des paroles redoutables ou l’exhorter par des oukases? Mais aucun Algérien n’a jamais évoqué ma responsabilité dans un assassinat politique. Je n'ai pas jeté un mouvement culturel dans un cercueil pour en faire le berceau d’un parti devenu ma propriété privée. Je n’ai pas poursuivi devant les tribunaux un adversaire politique, ni jamais prononcé d’exclusion ou liquidé des rivaux pouvant prétendre à des responsabilités auxquelles je m'accrocherais. Je n’ai jamais réuni de conseil de discipline pour trancher un désaccord politique. Il n’est pas sûr que Saïd Sadi puisse en dire autant, mais c'est moi qu'il traite de «stalinien ». Quant à Lahouari Addi, le totalitarisme islamiste qu'il voulait «insérer dans les institutions» parce que «c'est un moindre mal», ce n’est plus une utopie depuis longtemps. Il ne le fut que pour ceux qui feignaient de ne pas entendre les propos du GIA parus dans El-Ansar: «Le monde doit savoir que toutes les tueries, les massacres, les incendies, les déplacements de population, les enlèvements de femmes sont une offrande à Dieu… l’opinion de la majorité n’est pas référence de vérité. Seul Dieu est apte à nous montrer la bonne voie, celle qui mène à la justice.» C’est au nom de cette conception que Tahar Djaout a été assassiné. Un crime revendiqué par l’un des amis du sociologue. Libre à Sadi de s’y lier à son tour. D'ailleurs, dès 2007, il accueillait un des chefs du parti des assassins dans un meeting et acceptait la réhabilitation de son organisation. Tentant de masquer la nature réelle de ses amitiés, Addi ne peut pourtant pas réaliser un tour de passe-passe sémantique pour faire croire que «les opposants au Contrat de Rome se sont référés au mot char’i, traduction arabe du terme «légal» alors que le projet islamiste n'aurait rien eu à voir avec la chari’a. Le programme des théocrates était précis : «Ce qui est charia est loi, ce qui n’est pas chariaest mensonge et injustice.» En juin 1991, convaincu que le gouvernement des hommes n'est légitime que s'il se conforme au Coran, le parti des assassins faisait d'ailleurs défiler ses troupes au mot d'ordre «ni Charte ni Constitution». Enfin, en ce qui concerne «la compétition démocratique » dont Lahouari Addi se prévaut c'est, parfois, à force d'amalgames, une forme d'endoctrinement subtil qui se révèle aussi aliénante et porteuse de violences que le totalitarisme qu’il prétend dénoncer. L’exemple irakien est là pour nous convaincre que les mensonges et le seul marché, aussi «révolutionnaires» soient-ils, apportent souvent plus d'instabilité politique et d’inégalités sociales que de lendemains démocratiques. Sadi et Addi débattent de manière déplorable. Cette façon a une origine et un nom : la pensée unique. Toute pensée autre que la leur est insidieusement suspectée comme totalitaire ou réduite à une «rupture d'intelligence». C'est pourquoi ils ne répondent pas à mes raisonnements. Contrairement à ce que veut faire croire le suffisant professeur Addi, le débat, comme toute forme de confrontation, peut ne pas être démocratique. Vide d’arguments mais plein d’intentions grossières, il n’est que pur procédé rhétorique, charriant slogans, misère intellectuelle et univocité du point de vue. A ce propos, même si cela agace le dirigeant du RCD, qui croit que j’écris avec un dictionnaire de citations sous la main, je me permettrais de rappeler Michel Foucault qui disait que le savoir pouvait être l’instrument d’un pouvoir. C’est l’usage que Lahouari Addi en fait. Plus grave, il semble en être resté à une certaine perversion de la pensée de Rousseau qui assimilait la conscience politique à une figure supérieure de la raison. Devenir citoyen coïnciderait avec la totale expression du bien, de la vérité et de la liberté. En France, à l'époque de la Terreur, certains invoquèrent cette conception. Cependant, chez notre sociologue, le savoir et la raison peuvent se révéler approximatifs, puisqu’il n’hésite pas à se livrer à une contrefaçon du marxisme et à donner des leçons de dialectique alors qu’il n’a pas compris que la régression ne féconde que la régression. Et, quand le savoir vient à manquer, Addi n’hésite pas à faire valoir l’argument du nombre, celui de Staline qui – se questionnant sur le Vatican – demandait combien de divisions blindées le pape pouvait aligner. C’est ainsi que le sociologue tente d’invalider mes arguments en m’opposant la faiblesse électorale du MDS.
Repositionnement politique
Sadi et Addi voient, déconfits, la société se radicaliser et s’orienter à gauche, dans un monde en pleine crise du néolibéralisme. Sadi fait alors mine de regretter que les bons communistes soient ou morts (Bachir Hadj Ali, Abdelhamid Benzine) ou à l’étranger (Sadek Hadjerès). La famille de Bachir Hadj Ali avait déjà repoussé l’hommage du vice à la vertu, quand le tortionnaire du dirigeant du PCA et du PAGS prétendait témoigner de son respect pour le défunt. Ne revenons donc pas sur ce procédé. En opposant communistes et «néo-communistes », Sadi voudrait contrarier des convergences dans la mouvance de gauche. Il incite Hadjerès à intervenir, non pas sur la base sur laquelle se sont exprimées les divergences entre deux courants issus du PAGS, à savoir la rupture avec l’islamisme, mais sur l’attachement au communisme. Sadi espère faire de Hadjerès un communiste utile et l’amener à prendre parti en sa faveur, alors que durant l’affrontement avec le terrorisme islamiste ce dernier était un réconciliateur voué aux gémonies. Nul étonnement au reniement de Sadi. Il était un temps où le FLN menait la propagande contre la gauche algérienne, puis ce fût l’islamisme terroriste, soutenu par des ministres s’indignant de l’assassinat de policiers qui n’étaient pas communistes. Aujourd’hui, Sadi revendique cette tâche. L’anticommunisme a enfin une enseigne démocratique, même si sur la façade à peine ravalée on perçoit encore les traces de sang laissées par les précédents occupants de la boutique en faillite. En vérité, les attaques contre la gauche ont toujours accompagné la répression de toutes les forces démocratiques. Si cette équation est avérée avec l’islamisme, elle est toute aussi saisissante sous Boumediene puis Chadli. L’article 120 ne servira pas seulement contre le PAGS. La répression du Printemps berbère comme l’instauration du Code de la famille, dans le sillage d'un vaste mouvement orchestré par l’Arabie Saoudite, seront d’autres expressions de cette régression. Cela se terminera dans le carnage du 5 octobre 1988, en préparation duquel le pouvoir avait arrêté de nombreux militants du PAGS qui subiront la torture, comme des centaines de citoyens quelques jours plus tard. Sadi se déshonore donc en reprenant les combats du parti unique et du parti des assassins. Il se retrouve déjà à fustiger toujours plus de segments démocratiques puisqu’après ses «amis de la presse» et le Mouvement citoyen, le CCDR n’échappe pas à ses foudres. On comprend mieux les échecs du rassemblement des démocrates. Se révèle un Sadi aux abois et sans autre perspective stratégique que de rejoindre ceux qu’il dénonçait hier. Isolé, il n’a plus ni la confiance des forces avec lesquelles il avait accepté de gouverner ni celle des autres pans démocratiques. Sadi espère, alors, superposer nature anticommuniste de sa ligne et pseudo-radicalité démocratique, en devenant le plus grand opposant à Boumediene… 32 ans après sa mort. Il se fait passer pour subversif alors que la plus banale conversation de café est tout aussi critique que son livre sur Amirouche. Mais tout en jouant au radical, il se charge de rendre leur lucidité aux égarés auxquels il reproche de verser dans l’utopie. Car pour Sadi, l'utopie est une injure. C’est la montée du radicalisme dans la société qui oblige les politiciens comme lui, les hommes de compromis, voire de compromission, à se déguiser en radicaux. Dans le même temps, il réduit toute lutte autonome à une manipulation des services de sécurité, le «cabinet noir» qu’évoque Lahouari Addi, lequel à défaut d’accuser la main de l’étranger trouve quand même une main coupable, refusant aux Algériens l’intelligence du raisonnement. Tous deux semblent plus craindre les forces radicales que les forces conservatrices. Ils ne se rendent pas compte que c’est là l’origine de leur impuissance politique, car les concessions accordées aux réformistes sont toujours déterminées par les victoires des radicaux. Sadi cherche à imposer à la société ses étroitesses, rejetant sur elle la responsabilité de son propre refus de considérer les sources du despotisme et de l’absence de libertés. Il passe ainsi à côté de la nécessité d’une démocratisation de toutes les institutions. Alors qu’il prétend faire la critique du boumédiénisme, Sadi veut laisser l’ANP telle que l’a forgée Boumediene : un élément du noyau dur de l’Etat lié aux seuls partis-Etat comme le FLN et le RND. Il refuse que l’ANP devienne transpartisane. Lahouari Addi tente de venir au secours de Sadi incapable d’argumenter. Mais on le sent lui aussi en pleine confusion avec son idée de «dépolitiser l'armée» tout en maintenant son caractère partisan actuel. Alors il rejette l’idée de la fusion entre l'armée, le peuple et l’Etat. C’est la définition du totalitarisme, assène-t-il, en agitant l'épouvantail léniniste du peuple en armes. Pourtant, le peuple en armes c’est sa victoire contre le colonialisme et celle des patriotes qui ont fait barrage au projet d’Etat théocratique. Le peuple en armes, c’est l’armée de conscription avec toutes les contradictions d’une société démocratique mais qui a permis et permet aux jeunes Algériens de toutes les régions et de toutes les classes sociales de se rencontrer, d’échanger et pour les plus pauvres de se former, voire d’être, demain, un creuset des pratiques citoyennes. A l’étranger et au cours de différentes époques, ce furent aussi bien les révolutionnaires de 1789 battant les armées royalistes, que les communards défaits en 1871. C’est George Washington et «les dents de la liberté du peuple», c’est James Madison qui déclarait que «pour préserver la liberté, il est essentiel que toute la population entière possède des armes en tout temps», c’est Lincoln intégrant les Noirs dans l’armée nord-américaine pour combattre le Sud esclavagiste. A cette conception démocratique de l’armée, Addi semble préférer le mercenariat. Une armée au service de ceux qui paient, comme la vantent les néolibéraux ? Pourtant, les résistances aux plans néoconservateurs pour le monde arabe sont bien le fait de peuples en armes, en Irak, au Liban, en Palestine. Il est vrai, aussi, que le Fatah, dont se revendique Sadi, a renoncé à la lutte armée. Cependant, il n’y a pas que le Hamas qui poursuit dans cette voie. Il ignore ainsi la gauche démocratique de Palestine, reproduisant là-bas son attitude ici, en Algérie, où il a choisi d’accompagner le pouvoir contre l’islamisme au lieu de prôner la double rupture avec le système rentier et l’Etat théocratique. En prétendant rejeter le boumédiénisme, Sadi tente de propager l’impression qu’il se radicalise. En vérité, tout en se livrant à une diversion tapageuse, il marchande avec l’aile la plus réactionnaire du FLN au prétexte qu’elle aurait «pris du recul». Comme d’autres, au nom du rejet du système, justifiaient leur rapprochement avec la réaction islamiste. C’est autour de son aversion de Boumediene et de la gauche que Sadi espère conclure un nouveau contrat. Il voudrait ainsi pousser les forces démocratiques dans le troupeau sociallibéral. Bel échantillon de la manière dont Sadi boucle ses affaires politiques. Il ne constitue aucune union ouverte, mais il est prêt à une répartition des rôles afin de mystifier l’opinion. Pour montrer qu’il est prêt à assurer sa part du marché, il prend la défense de Djeghaba, cacique du FLN. En procédant ainsi Sadi s’est admirablement dépeint lui-même : je veux être partout. Il tisse des alliances en dehors du gouvernement, y compris avec ceux qu’il prétend avoir quittés. De son côté, Addi, polémiste empressé, formalise une nouvelle entente entre le RCD et les signataires de San Egidio que Sadi, embarrassé, ne voudrait pas si ostensible. Ne reste à ce dernier que l’esquive molle, en faisant passer pour «intellectuellement symétriques» ma position et celle d’Addi. Pourquoi Sadi tourne-t-il le dos à une alliance dans laquelle était durant l’affrontement avec le terrorisme islamiste ? Parce qu’il prend conscience que cet affrontement est devenu secondaire, que son issue dépend de la lutte contre un autre adversaire. Soit, mais ceci autorise-t-il des alliances contre-nature ? L’exigence démocratique voudrait que non. En fait, Sadi essaie de retourner les nouveaux termes de la contradiction qui traverse l'Algérie en associant les forces démocratiques les plus radicales, à un homme du passé, Boumediene. Celui-ci est présenté comme l’incarnation du totalitarisme ou d'une «situation pré-politique » selon la conception de Lahouari Addi qui ne voit pas que le despotisme, lié à l'existence même de l'Etat, au nom duquel prétend faire régner l'arbitraire, relève au contraire d'une entrée dans la modernité politique. Comme hier en Occident, la monarchie absolue avait instauré la toute puissance de l'Etat et annoncé la possibilité de révolutions démocratiques ultérieures. Lahouari Addi refuse de voir que s'il ne peut pas y avoir de démocratie sans modernité, par contre il peut y avoir une modernité sans démocratie. A moins qu'il ne s'agisse pour lui, comme pour Sadi, de s'approprier une forme de radicalité associée à la modernité en rejetant Boumediene et la gauche dans l'archaïsme. Cette façon de faire n’est pas sans rappeler l’islamisme qui s’est présenté comme la force la plus radicalement opposée au système alors qu’elle en était l’expression paroxystique.
Inflexion néolibérale
S’engageant sur une nouvelle ligne, Sadi assume son anticommunisme et réaffirme son social-démocratisme. Il demande à revenir dans la maison paternelle et exprime son désir impudent de prendre, très rapidement, tout l'héritage. Il frappe à la porte de l’Internationale socialiste gardée de l’intérieur par le FFS et devant laquelle piaffe aussi le FLN. En revanche, il semble troublé de se voir reprocher une forme d’anti-arabisme déplacée auprès de ses nouveaux amis. Mais s’il y a une défroque que Sadi refuse d’endosser c’est celle du néolibéral. Un homme honteux lorsque Lahouari Addi, néolibéral décomplexé, souhaite que les gens puissent «s’enrichir sans autorisation » pendant que d’autres n’ont plus que la harga «sans autorisation ». Quelles sont les caractéristiques des néolibéraux algériens ? Ils ne sont ni pour l’Etat théocratique ni conséquents dans leur engagement démocratique. Ils défendent l’islam de leurs aïeux, celui des zaouïas, si chères à Bouteflika, et parfois ils plaident et deviennent les avocats des salafistes. Ils hurlent à l’étatisation dès qu’on parle de régulation du marché. Ils récitent des litanies sur la liberté d’entreprendre quand d’autres pointent les inégalités sociales et se soucient de protection des individus et du respect de la planète. Les néolibéraux accepteront la démocratie… si d’autres la conquièrent. Leur progression au sein de la classe politique, les succès de certains hommes d’affaires et leur intégration du discours sur la réconciliation nationale sont les différents indicateurs des encouragements qui leur sont prodigués. Une partie du néolibéralisme s’est pratiquement vu attribuer le monopole de l’opposition tolérée ou légale. Bouteflika voudrait en faire son opposition, sociale-libérale et stérile, après avoir renvoyé dos-à-dos le pôle radical de l’islamisme et le pôle radical de la démocratie. Peut-être que cette évolution explique pourquoi Sadi a tourné le dos à la mémoire de son camarade Bacha? Dans la conjoncture actuelle, il faut moins relever le remplacement d’un Zerhouni par Ould Kablia et le resserrement des forces islamo-conservatrices que la recomposition de la classe politique contrariant les aspirations démocratiques et sociales. D’où cette concurrence entre néolibéraux. Une partie de l’opposition conteste le pouvoir en se présentant comme authentiquement libérale, de manière frontale pour Lahouari Addi, par la bande pour Sadi. Une autre partie reste à distance des uns et des autres, prête à favoriser la réconciliation et assumer un destin national. Mais les différences entre les factions néolibérales sont aussi instables et imprécises que le sont les divergences à l’intérieur du courant islamo-conservateur. Cependant, cette différenciation qui affecte les forces néolibérales accompagne un processus les démarquant toujours plus de l’aile islamo-conservatrice devenue encombrante face à la radicalité qui monte. L’ensemble indique l’hégémonie grandissante des forces néolibérales au sein du pouvoir. La question qui se pose donc à ceux qui appellent au changement est : une deuxième république doit-elle permettre d’anéantir le despotisme néolibéral ou obliger les forces qui dominent le système à partager le pouvoir, à en faire un despotisme «éclairé» ? Sadi, comme Addi, est prêt à se résigner à la seconde alternative, car réduire la crise de la nature de l’Etat à une «crise de légitimité» c’est accepter de maintenir le caractère néolibéral du système tout en prétendant pouvoir lui apporter un supplément de légitimité. Derrière le débat sur la vérité historique, il n'y a finalement que le débat sur qui détient la légitimité historique, pas la remise en cause de son principe même. Sadi révèle ainsi de manière admirable sa parenté profonde avec Bouteflika et le véritable caractère de leur «dispute », simple querelle d’amoureux… qui ont passé ensemble «les deux plus belles heures de leur vie». Certains de ses ministres, plus conséquents, préfèrent, selon sa propre formule «entrer dans l’Histoire plutôt que de poursuivre l’aventure». Car pendant que Sadi fait des vœux, des déclarations, un programme qui reste sur le papier, il ne propose pas les moyens de les voir se réaliser. La complaisance de Bouteflika vis-à-vis des courants islamo-conservateurs et des rentiers a, quant à elle, assuré le partage à l’amiable du pouvoir et des richesses nationales. Le Code de la famille qui maintient le tutorat, même formellement, le moratoire sur la peine de mort, qui n’y renonce pas, ou la chasse aux non-jeûneurs sont des signes en direction de ces milieux. Et lorsque le ministre des Affaires religieuses proclame que si les libertés politiques sont admissibles, la liberté religieuse est interdite, Sadi est coincé, il ne pourra pas surenchérir. Il ne suffit pas d’aller inaugurer une mosquée à Aghrib pour nuancer son engagement laïque d’autrefois et donner des gages de tolérance... à l'islamisme. D’un autre côté, le patriotisme économique de Bouteflika c’est une manière d'associer, maintenant, le secteur productif au partage des bénéfices de sa ligne néolibérale. Ce n’est pas la remise en cause de cette ligne. Car le capital productif demeure soumis à la domination du capital spéculatif et les milliards de dollars provenant du pétrole restent placés aux USA. Il apparaît donc que du point de vue néolibéral et conservateur, les réformes de Bouteflika sont beaucoup plus «recevables» que celles que propose Sadi. L’évolution en cours est une condition et un symptôme de la cohésion et du renforcement du camp démocratique radical. Car si tout le monde prétend vouloir en finir avec la rente et construire un Etat démocratique, les partisans de la rupture et du développement durable doivent contester, sur tous les terrains, en particulier sur celui de la démocratie, l’hégémonie que tentent d’imposer les néolibéraux. Tout le fond du problème de la liberté politique est donc d’expliquer que ce ne sont pas deux mais trois camps qui sont en lice et que seul le camp radical a la force de réaliser la démocratie la plus complète. La lutte politique ne porte plus sur la nécessité de changer de système, mais sur l’éveil, le renforcement, la cohésion d’un camp radical indépendant, libre des sympathies islamo-conservatrices du néolibéralisme. Une certaine conception de la démocratie se meurt. Elle était liée à une classe politique obsolète. Une nouvelle conception est en train de grandir, porteuse d’aspirations au changement social et politique profond. Les grèves et protestations populaires favorisent de nouvelles décantations et le rassemblement des forces radicales, leur préparation aux batailles futures. Finalement, s’il est vrai que la pensée politique de Sadi est morte, Bouteflika s’en étant emparée, comme il s’est saisi de la réconciliation nationale si chère à Lahouari Addi, les espérances portées par les moudjahidine du 1er Novembre 1954, les mouvements culturels berbères, les syndicats autonomes, les mouvements citoyens, les patriotes en armes et les démocrates sont, elles, bien vivantes. A Sadi et Addi, il ne reste que le ressentiment. En philosophie, c'est une école.
Y. T. —————
* Membre du Mouvement démocratique et social

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A quoi sert l’histoire ?

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L’histoire est en Algérie une affaire populaire. Vécue comme une machine à remonter le temps, elle est devenue au fil des jours un vivier de références pour éclairer le présent et inventer l’avenir.
Par martyrs interposés, partis et personnalités cherchent à s’approprier le passé pour asseoir leur légitimité ou pour contribuer au changement. Paradis pour les fabricants de pieuses légendes, elle est un enfer pour les historiens. Ceux-ci sont comme tous les êtres humains constitués de valeurs, mais ils ont une base commune : la méthode historique qui leur permet d’établir les faits. Nationaux, on les somme par différents moyens de pression de ne pas toucher aux apôtres de l’histoire officielle. On s’arrange donc pour faire oublier à l’opinion les conditions politiques et sociales dans lesquelles est produit le discours historique, les principes qui président à la formation des départements d’histoire, les centres de recherche et plus largement aux programmes et à la pédagogie des enseignants.
El Watan ne devrait-il pas s’intéresser à l’ensemble de cette organisation et l’analyser sans préjugé aucun et sans attendre qu’on fasse ailleurs qu’en Algérie le bilan des ravages de l’obscurantisme dans les sciences humaines.
Un autre problème au cœur des controverses sur la méthodologie du savoir historique a trait aux bases de la pertinence de ce savoir.
L’école d’histoire nationaliste estime que seuls les Algériens peuvent parler en connaissance de cause de leur pays. Mais l’objectivité d’un point de vue autochtone qui serait indépendant est loin d’être prouvée. En 1965, Mohamed Chérif Sahli a écrit un ouvrage intitulé Décoloniser l’histoire.
Dans les faits, son projet s’est traduit par la substitution d’une histoire officielle de la colonisation à une autre. L’Etat indépendant a mis Clio (1) au service de sa légitimité. Malgré un socle Commun, chacun des Présidents qui se sont succédé depuis 1962 a donné sa propre version de l’histoire, aucune ne ressemble à l’autre et il s’est toujours trouvé des meddahs pour la transcrire. Jusqu’à quand continuera-t-on à sacraliser les questionnements qui mutilent la dimension internationale de l’Algérie et à ignorer d’autres plus significatives de notre présent ?
Quel est l’intérêt du retour mémoriel sur la colonisation s’il ne nous permet pas, dans notre réflexion, de donner au présent un sens apte à rendre à l’Algérien sa dignité et à ruiner le principe caïdal autoritaire dans la gestion du pays. Peut-on continuer à renvoyer tous les facteurs explicatifs de nos impasses à la colonisation quand on sait que les dynamiques qui ont façonné autrefois le devenir du pays et l’ont mené à la sujétion… sont toujours à l’œuvre. Colonisés, les Algériens sont-ils seulement des victimes, ou ne sont-ils pas aussi des acteurs responsables de l’histoire qui leur est arrivée ? Peut-on continuer un demi-siècle après l’indépendance à réduire notre histoire à une séquence précoloniale travestie et à une séquence coloniale ? Ne faut-il pas leur ajouter une séquence post-coloniale et ne pas fuir les questions embarrassantes auxquelles l’homme de la rue nous invite tous les jours ?
L’ostracisme à l’égard de la culture internationale dénoncée comme une «invasion culturelle» de l’Occident ne contribue-t-il pas à l’enfermement de l’Algérie sans raffermir pour autant les fondements de l’algérianité? Enfin, doit-on, à l’image des auteurs français de la loi du 23 février 2005, imposer aux historiens le raisonnement manichéen qui évacue la complexité de l’histoire, la réduit à des aspects positifs ou négatifs et ferme la voie à tout dialogue. L’article 62 de la Constitution n’a-t-il pas pour fonction de sacraliser des mythes au détriment de la vérité et ouvrir la voie à la censure ?
Mohammed Harbi (Historien)[u]

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"عضو "المالغ عبد الكريم حساني للشروق

هكذا انقلب بومدين على بوالصوف ومستعدّ للشهادة في قضية عميروش

2010.10.12[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] حاوره: محمد مسلم

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تصوير يونس أوباييش

في هذا الحوار المثير، يتحدث رجل "المالغ" عبد الكريم حساني، عن الكثير من الملفات المثيرة التي لم يسبق الكشف عنها، مثل الجلسة الخاصة بمحاكمة عبان رمضان والأعضاء المشكلين للهيئة، وكيف تم استدراج عبان إلى المغرب. ويفكك "سي الغوثي" لغز الانقلاب الأبيض الذي قام به قائد أركان جيش التحرير، هواري بومدين، على أبيه الروحي، مؤسس المخابرات الجزائرية عبد الحفيظ بوالصوف، وخلفيات تحالف "الحية" مع بن بلة ضد الحكومة المؤقتة، ونقاط أخرى مثيرة تجدونها في هذا الحوار.
الشروق: نبدأ مما أثاره أحد رجالات معركة الجزائر، ياسف سعدي، الذين عملوا إلى جانب صهركم الشهيد البطل العربي بن مهيدي، عندما خالف كل الروايات المتواترة وقال بأن بن مهيدي تمت تصفيته رميا بالرصاص وليس شنقا، ما تعليقكم؟

عبد الكريم حساني: في نهاية 1963 وقفت رفقة زوجتي، ظريفة بن مهيدي (شقيقة الشهيد) ووالي العاصمة في ذلك الوقت، السيد بلامان على جثمان الراحل، وكم كانت مفاجأتي كبيرة عندما رأيت جثة الشهيد وكأنها لم تمر عليها أكثر من خمس سنوات.. رأيته وكأنه نائم وآثار حبل المشنقة على رقبته. ولذلك أؤكد الرواية التي تقول بأن بن مهيدي استشهد شنقا وليس رميا بالرصاص، كما يقول ياسف سعدي.

وأشير هنا إلى تأكيد الجنرال الفرنسي أوساريس بأنه هو من شنق العربي بن مهيدي، إضافة إلى شهادة الجنرال بيجار نفسه الذي قال إن الشهيد لم ينتحر، فضلا عن شهادة الكوموندو آلير عبر قناة "أر تي أو" الفرنسية الألمانية. كما تجدر الإشارة إلى ما جاء في كتاب لصحفية تعمل بجريدة لوموند الفرنسية، التي قالت إن حبل المشنقة تقطع مرتين، وقانون الحرب يقول في مثل هذه الحالة إن العربي بن مهيدي كان يجب إطلاق سراحه.
الشروق: وماذا عن الروايات المتضاربة بشأن عملية اعتقاله، والمعلومات التي تتحدث عن خيانة بعض الأسماء؟
عبد الكريم حساني: هناك عدة روايات بهذا الخصوص.. أغلبها منقولة عن الصحف الفرنسية. وتقول الرواية الأولى إن الشهيد بن مهيدي تم القبض عليه في 23 فيفري 1956 بينما كان متوجها لحي ديبيسي، الذي كانت توجد به الشقة التي يختبئ فيها رجالات لجنة التنسيق والتنفيذ. ومن سوء حظه أن فرنسا قبضت على أحد الفدائيين الذي لم يتردد في التبليغ عن مكان بن مهيدي، وهو لم يكن يقصد أن الشخصية المستهدفة هو بن مهيدي نفسه.

هناك الرواية الثانية التي وردت على لسان الراحل بن يوسف بن خدة التي يقول فيها إن بن مهيدي لم يقبض عليه في حي ديبيسي، الذي كانت توجد به الشقة التي يختبئ فيها رجالات لجنة التنسيق والتنفيذ، وإنما قبض عليه بينما كان متوجها إلى حي ديبيسي لمقابلته. وحسب هذه الرواية فإن الجيش الفرنسي أوقف فدائية وعذبوها وحصلوا منها على معلومات حول بن مهيدي، قبل أن يقوموا بتصفيتها. إضافة إلى رواية أخرى تقول بأن بن مهيدي قبض عليه ببذلة النوم (بيجاما) في حين أن الرواية الصحيحة هي أن بن مهيدي قبض عليه في لباس عادي.
الشروق: عاش الجزائريون قبل أسابيع على وقع ما عرف بقضية جثمان الشهيد عميروش. باعتباركم أحد رجالات "المالغ"، ماذا يمكن أن تضيفوه بهذا الخصوص؟

عبد الكريم حساني: أنا أعرف بوالصوف كما أعرف بومدين، ولا يمكنني السكوت عن هذه القضية. إخفاء جثة عميروش خطأ لا يغتفر، وبالتالي أرى أنه لا بد من تبرير ما حدث، خاصة وأن هناك من المتورطين في هذه القضية من ما زال على قيد الحياة.
الشروق: هل من توضيحات أكثر؟
عبد الكريم حساني: من أتى بجثمان الشهيد من بوسعادة إلى الجزائر؟ طبعا الدرك الوطني هو من أتى بالجثمان. في ذلك الوقت كان الكولونيل بن شريف هو قائد الدرك الوطني، لكن هناك من أمره بذلك ولا شك.

الشروق: ومن صاحب الأمر برأيك؟
عبد الكريم حساني: رئيس الدولة ووزير الدفاع، وكما هو معروف بومدين هو من كان يشغل المنصبين.
الشروق: وما الهدف من ذلك؟

عبد الكريم حساني: أعتقد أن هناك من أوحى لبومدين بأنه رمز الجزائر الوحيد، وأن إثارة قضية شهيد بطل مثل عميروش من شأنه أن يستنزف جزءا من كاريزميته. وأعتقد أن الوثائق المتعلقة بهذه القضية متوفرة على مستوى وزارة الدفاع. وأنا مستعد لكشف الحقيقة، لكن أمام جهة رسمية وبطلب رسمي.
الشروق: أنتم أحد رجالات المالغ (وزارة التسليح في الحكومة المؤقتة) ولهذه الجهة مسؤولية كبيرة في تصفية عبان رمضان، هل لديكم ما تقولون باعتباركم كنتم مسؤولا عن الوثائق السرية للثورة؟

عبد الكريم حساني: عبان رمضان وعبد الحفيظ بوالصوف شخصيتان لا يلتقيان في التركيبة الثقافية والسياسية وحتى المنهجية الثورية. عبان رجل نظري نجح في ترك بصماته على الثورة بعد مؤتمر الصومام، الذي تبنى مبدئي أولوية السياسي على العسكري والداخل على الخارج. نظريته تقول عندما نتفق على خطة معينة فالحرب مستمرة حتى النهاية.

في حين أن بوالصوف مناضل عملي ميداني وعسكري من الطراز الأول. وانطلاقا من هاتين النظرتين المتباينتين وقعت أخطاء تفسيرية، فعبان عندما تحدث عن أولوية السياسي على العسكري، فهو لم يكن يقصد إقصاء العمل العسكري، وإنما يضعه تحت قرار الفعل السياسي، بمعنى أن الجيش لا يحكم وإنما ينفذ القرارات السياسية، وليس هو من يملي كما هو معمول به في دول العالم الثالث، حيث يعتبر الجيش هو الكل في الكل. الأمر الثاني الذي يجب الإشارة إليه هو أن أولوية الداخل على الخارج لا تعني إقصاء قيادات الثورة الموجودة بالخارج وإنما يجب إعطاء الكلمة للشعب الموجود في الداخل، وبتعبير أدق لا يجب أن تحل الدبلوماسية محل ما يقرره الشعب.

وفي الجانب الآخر، كان بوالصوف يرى أن كلمة قيادات الثورة بالخارج يجب أن تكون مسموعة، وأن من يتحمل عناء شراء السلاح من الخارج وإرساله إلى الداخل من حقه أن يتتبع مصير قطع الأسلحة التي تدخل البلاد، ولمن يجب أن يعطى السلاح. كما كان بوالصوف يعتقد أن أولوية الداخل على الخارج تعني من بين ما تعنيه أن من مصير من يشتري السلاح للثورة لا يجب أن تكون بيد من هم في الداخل وعبان أحدهم. وبعبارة أوضح، مصير بوالصوف وكريم وبن طوبال وغيرهم لا يجب أن يكون بيد عبان.
الشروق: معلوم أن بوالصوف هو الأب الروحي لهواري بومدين، وهو الذي رعاه حتى صار إلى ما صار إليه، فكيف حدث الشقاق بين الرجلين، وإزاحة بومدين لبوالصوف من الصفوف الأمامية للثورة في أشهرها الأخيرة؟

عبد الكريم حساني: في نهاية 1956 عندما ألقى الجيش الفرنسي القبض على الباخرة أتوس، التي كانت بصدد إدخال الأسلحة للثورة في الداخل، قرر بوالصوف البحث عن استراتيجية لتمويل الثورة بالسلاح، واتفق مع بومدين على إقامة مصانع للسلاح في المغرب، ونجحت التجربة كثيرا، بحيث تم صنع أسلحة من مختلف الأحجام. وفي ذلك الوقت بدأ الحديث عن إنشاء حكومة مؤقتة للجزائر، ومنذ ذلك الوقت نشب نزاع بين الرجلين.

كان بوالصوف يومها مسؤولا على الولاية التاريخية الخامسة (الغرب). ومعلوم أن هذه الولاية كانت تشكل مركز قوة الثورة، سيما بعد إنشاء بوالصوف النواة الأولى للمخابرات الجزائرية. وبعد إعلان الحكومة المؤقتة أسندت حقيبة وزارة التسليح لبوالصوف، فيما تمت ترقية هواري بومدين ليصبح قائدا لأركان جيش التحرير.

عندما اندلع النزاع بين السياسيين ممثلين في الحكومة المؤقتة من جهة والعسكريين بزعامة بومدين باعتباره قائدا للأركان، أمنية بومدين كانت تتمثل في انسحاب بوالصوف من الحكومة المؤقتة ليكون دعما لموقفه، غير أن بوالصوف رفض الانسحاب من الحكومة المؤقتة. وهنا بدأ الشقاق بين أقوى رجلين في الثورة في تلك الفترة، قبل أن تستمر الهوة في الاتساع بين الرجلين حتى في استراتيجية العمل من اجل الاستقلال.
فبومدين كان يرى أنه لا مفر من القوة القاهرة (العمل العسكري الخالص) من أجل طرد فرنسا، في حين كان يرى بوالصوف أن العمل بالخيارين يجب أن يستمر، سيما بعد أن أصبح للحكومة المؤقتة علاقات خارجية مع دول عظمى كالاتحاد السوفياتي سابقا والولايات المتحدة الأمريكية في عهد رئيسها جون كينيدي.
الشروق: لكن كيف حدث الانقلاب، فإذا كان بومدين يملك قوة الجيش من خلال تحكمه في قيادة الأركان فبوالصوف يملك أيضا سلطة المعلومات والملفات التي وفرتها له عبقريته في مصلحة الاتصالات واللاسلكي، وهذه قوة لا يمكن الاستهانة بها؟
عبد الكريم حساني: كما نعلم ويعلم الجميع أن الجيش هو مصدر القوة في أية دولة، وأعتقد أن وجود بوالصوف وزيرا في الحكومة المؤقتة يكون قد ساهم في عزله بعض الشيء عن الجيش، كما أن إحكام بومدين قبضته على قيادة الأركان لعبت دورا في تغيير موازين القوى.
الشروق: يقول بعض المطلعين على أسرار الثورة إن بوالصوف راح ضحية خيانة من طرف بعض رجالاته ومنهم أنتم (عبد الكريم حساني) ورئيس ديوانه خليفة لعروسي (والد رفيق خليفة)، وذلك من خلال تسليم وثائق الثورة السرية لبومدين، مما ساهم في تجريد بوالصوف من سلاحه، ما تعليقكم؟



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