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hizb França AUX ORIGINES DE LA TRAGEDIE ALGERIENNE...

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bacharalkhir

bacharalkhir

LA PARTICIPATION DES « DESERTEURS » DE L'ARMEE FRANÇAISE AUX COUPS D'ETAT DE 1962 ET DE 1965 LEUR CONFERE LA LEGITIMITE
1962 : L'armée des frontières s'achemine au pouvoir
La prise de pouvoir par l'armée des frontières dirigée par Boumediène est passée par plusieurs phases dont nous allons rappeler brièvement les faits saillants. Mais, au cours de cette phase, l'armée des frontières s'abrite derrière la direction politique du FLN conduite par Ben Bella et Khider.

Mars-juin 1962
Après le cessez-le-feu et la libération des chefs historiques Ait Ahmed, Ben Bella, Bitat, Boudiaf et Khider, le GPRA se réunit le 22 mars à Rabat et examine le conflit qui l'oppose à l'EMG. La proposition de Ben Bella de convoquer le CNRA pour trouver une solution à la crise est rejetée.
L'EMG invite les cinq chefs historiques libérés, membres du GPRA, à se rendre à Oudjda pour y rencontrer les cadres de l'ALN. Par cette visite, Boumediène veut donner l'occasion à Ben Bella de s'exprimer publiquement et développer des idées défendues jusque là par le seul EMG. A Oudjda, Ben Bella est très chaleureusement accueilli. Ce qui déplait à ses compagnons.
Alors inquiet du rapprochement de Ben Bella et de l'EMG, le GPRA décide de suspendre toute forme d'approvisionnement de l'ALN. De retour d'Egypte où il est invité par le Président Gamal Abdel Nasser, Ben Bella déclare à son arrivée à Tunis le 14 avril 1962, où il est accueilli par le Président Bourguiba, certains ministres du GPRA et par des officiers de l'ALN représentant l'EMG : « Nous sommes des Arabes, nous sommes des Arabes, nous sommes des Arabes ». Cette fameuse déclaration, transmise par la radio tunisienne est favorablement accueillie par l'ALN stationnée aux frontières tandis qu'elle exaspère le GPRA.

A l'invitation de l'EMG, Ben Bella et ses quatre compagnons se rendent aux frontières algéro-tunisiennes où ils reçoivent un accueil très chaleureux. Au cours d'une réunion avec les officiers de l'ALN, Ben Bella et Boudiaf prennent successivement la parole. Ben Bella est très applaudi mais Boudiaf beaucoup moins.
A la fin du mois d'avril, la tension monte entre le GPRA et l'EMG. A la suite d'un incident provoqué par l'armée française à l'encontre d'unités de l'ALN dans le djebel Beni Salah, l'EMG accuse l'armée française de ne pas respecter les accords d'Evian et menace de riposter s'il n'est pas mis fin à de telles provocations. Le calme et le respect du cessez-le-feu arrangent l'EMG pour poursuivre l'envoi d'officiers et de maquisards (déguisés en civils) à l'intérieur avec les réfugiés qui regagnent massivement le pays dans un cadre organisé.

Agacé par les déclarations fracassantes de l'EMG et par son comportement tendant à améliorer ses positions sur le terrain, le GPRA décide de geler le budget de l'EMG pour le paralyser. De ce fait, l'ALN des frontières se trouve en quelques semaines privée de ressources financières et matérielles régulièrement allouées par le GPRA. Mais prévoyant de telles mesures de représailles, l'EMG avait pris au préalable le soin de gonfler ses stocks et de mettre de côté d'importantes sommes d'argent pour précisément faire face à toute éventualité.
Devant le pourrissement de la situation, Ben Bella, Bitat et Khider relancent le GPRA pour convoquer le CNRA et finissent par obtenir la majorité en dépit de l'opposition du triumvirat Krim, Boussouf et Bentobbal, jusque là maîtres du jeu. Le CNRA est en-fin convoqué. Il se réunit le 27 mai 1962 à Tripoli (Libye). Il adopte le programme du FLN. Préparé par une commission créée à cet effet, ce programme est désormais appelé « programme de Tripoli »57.

Si le programme est adopté sans difficulté, par contre les discussions sur le choix des membres du Bureau Politique sont houleuses et mettent au grand jour les divisions profondes du CNRA. Deux courants politiques s'affrontent. L'un de tendance occidentale dirigé par le GPRA (à l'exception de Ben Bella, Bitat, Khider et Mohammedi Said) s'appuie sur la wilaya III et une partie du commandement de la wilaya II (Salah Boubnider, Tahar Bouderbala et Abdelmadjid Kahlaras) ainsi que sur la Fédération de France. L'autre, de tendance arabo-musulmane est dirigée par Ben Bella, viceprésident du GPRA. Il dispose du soutien de l'EMG, des wilayate I, V et VI et celui de deux commandants de la wilaya II, à savoir Larbi Berredjem et Rabah Belloucif. Bien que d'obédience occidentale, Ferhat Abbas, Ahmed Francis et leurs amis de l'ex-UDMA rallie ce groupe pour tirer vengeance des manœuvres du triumvirat et de Ben Khedda qui les ont éliminés du GPRA l'année précédente. La wilaya IV reste, quant à elle, neutre.
57 Mohamed Harbi donne des détails très intéressants sur les conditions de préparation du programme auquel il a participé et sur la réunion du CNRA. Pour plus de précisions, voir son ouvrage, Le FLN, mirage et réalité, op. cit., pp. 330-346.

Comme le groupe de Ben Bella et de l'EMG ne dispose que de la majorité simple et non des deux tiers comme l'exigent les statuts, le CNRA se trouve dans l'impasse. Ben Khedda décide de quitter la réunion du CNRA de Tripoli et part pour Tunis le 6 juin au soir pour éviter que ne soient débloqués les travaux du CNRA et que ne soient arrêtées des décisions qui seraient défavorables au groupe du GPRA. Il est rejoint par plusieurs membres du CNRA. Il ne reste plus alors que l'épreuve de force pour s'imposer.
C'est dans ce contexte que les membres de l'EMG décident de concentrer leurs efforts sur les wilayate encore réticentes à leur égard et laissent à Ben Bella le soin de mener l'activité politique. L'EMG veut s'occuper tour à tour des wilayate II et IV pour les convaincre et les ramener dans son giron.
C'est dans ce cadre que, juste après les travaux du CNRA, l'EMG envoie comme émissaires à la wilaya II les capitaines Chadli Bendjedid (membre de la zone opérationnelle Nord), El Hachemi Hadjerès (responsable du commissariat politique au siège de l'EMG et ancien chef de la zone IV de la wilaya II), Mohammed Atailia ( chef de bataillon et ancien chef de Région, zone IV, wilaya II) et Mohamed Salah Bechichi (chef de bataillon). Mais ils sont tous arrêtés dans la plaine de Annaba sur ordre du colonel Salah Boubnider, chef de la wilaya II et allié du GPRA.
Après leur arrestation, le commandant Larbi Berredjem (membre du commandement de la wilaya II et allié de l'EMG), moi
même, capitaine (chef de bataillon) et le lieutenant Abderrahmane Bendjaber avons été aussitôt dépêchés en mission à l'intérieur. Nous sommes parvenus à nous rendre au quartier général de la wilaya II (dans les montagnes qui surplombent El-Milia) et à discuter avec de nombreux officiers en présence du capitaine Belkacem Fantazi, chargé de l'intérim de la wilaya en l'absence du colonel Boubnider. Notre mission consistait à expliquer aux cadres de la wilaya II la gravité de la crise et à dialoguer avec eux en les prévenant des dangers qui guettent la Révolution et qui découlent de la mise en œuvre des accords d'Evian et des positions erronées du GPRA. Les discussions se passent dans un climat serein et courtois. Mais, les cadres de la wilaya II, coupés des informations sur le GPRA, l'EMG et le CNRA, demeurent sceptiques devant les explications fournies par les trois émissaires. Il ressort de ces discussions que les cadres de la wilaya II suivent leur chef Salah Boubnider et le GPRA par discipline.

Nous avons essayé, le commandant Larbi Berredjem, moimême, alors capitaine et le lieutenant Abderrahmane Bendjaber d'aller plus loin en établissant des contacts directs avec les officiers des différentes zones de la wilaya, notamment dans les zones I et II où nous avons contacté de nombreux officiers dont certains semblaient partager notre point de vue sur la crise. Mais concrètement, rien ne put être entrepris sur le terrain car en dernier ressort les dissidents potentiels se ressaisissent et refusent d'aller plus loin par discipline.
Au cours de notre visite dans la zone I que nous avons sillonné pendant quelques jours, L. Berredjem, A. Bendjaber et moi-même avons été empêchés de continuer notre tournée à bord de notre véhicule arrêté par un groupe de djounouds armés. Ceux-ci nous ont supplié en pleurant de quitter le territoire de la wilaya. Car, disaient-ils, ils ont reçu l'ordre de procéder à notre arrestation. Ils ajoutaient : « Nous avons confiance en vous. Nous savons que vous êtes sincères. Nous refusons de vous arrêter. Nous refusons de voir les moudjahidine s'entre-tuer. Les différends entre chefs doivent être réglés au sommet ». Ils nous ont salué et nous ont laissé partir.

L. Berredjem nous suggéra de nous installer à El-Milia ou à Mila où nous comptions beaucoup de supporters. Mais, à Mila où nous avons passé la nuit, j'ai proposé à L. Berredjem d'éviter la confrontation et l'effusion de sang et insisté pour que nous quittions Mila pour une autre destination en wilaya I, pas trop loin de la wilaya II.
Nous avons alors décidé de nous installer à Ain M'lila. Nous en avons aussitôt informé l'EMG et le colonel Tahar Zebiri, chef de la wilaya I.
Le choix de Ain M'lila s'expliquait par sa proximité de Constantine (une cinquantaine de kilomètres) où Salah Boubnider, chef de la wilaya II, avait installé son quartier général. Ainsi, c'est à partir de Ain M'lila que L. Berredjem, A. Bendjaber et moi-même opérions. Nous avons établi des contacts avec des officiers de la wilaya II par personnes interposées, par courrier, par téléphone et par tracts.
Au même moment, le commandant Kaid Ahmed, membre de l'EMG, se rendit à Médéa pour rencontrer les cadres de la wilaya
IV. Mais le conseil de la wilaya, non convaincu des thèses développées par Kaid Ahmed, l'ont prié de quitter la wilaya. Il quitta Médéa pour Constantine. Là, il s'est fait arrêter par le conseil de la wilaya II.

Le 10 juin, Krim Belkacem et Mohamed Boudiaf rentrent à Alger puis se rendent à Tizi Ouzou et à Constantine où ils s'assurent du soutien actif des wilayate II et III.
Au total, à la fin du mois de juin et à la veille du référendum sur l'autodétermination, le rapport de force sur le terrain est incontestablement favorable à l'EMG. Celui-ci dispose, en effet, d'une armée bien entraînée et disciplinée forte de 24 000 hommes aux frontières, de l'appui des wilayate I, V et VI et de celui de deux commandants, membres du conseil de la wilaya II. De plus, l'alliance avec Ben Bella et Khider donne à l'EMG une dimension politique d'envergure capable de drainer des ralliements et des appuis nécessaires au règlement politique de la crise à leur profit.
Quant au GPRA, il bénéficie du soutien de la wilaya II (dont le commandement est divisé), de la wilaya III et de la Fédération de France. La wilaya IV restant neutre.

Après la défection de Ben Bella, Bitat, Khider et Mohammedi Said, alliés de l'EMG, le GPRA ne compte plus que de 8 ministres. Après le retour en Algérie de Krim et Boudiaf, malgré l'interdiction qui leur est imposée par les accords passés avec la France, il ne reste à Tunis que 6 membres du GPRA. « Le 26 juin marque la fin du gouvernement »58. Le dernier acte du GPRA pris le 30 juin à l'instigation de Krim et de Boudiaf concerne la destitution de l'état major général. Ce jour là, « le FLN, en tant que large rassemblement national, a vécu »59.
Le Mouvement Algérien des Officiers Libres
A Suivre...

oranaisfier

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Une armée de pourris
Une armée en décomposition et dirigée par des généraux corrompus : pour la première fois depuis leur création en 1956, un officier marocain dévoile dans un livre publié à Paris "la face sombre des Forces armées royales (FAR)" dont certains dirigeants, accuse-t-il, ont fait du roi leur otage.

Dans "Les officiers de Sa Majesté :les dérives des généraux marocains",
hizb França AUX ORIGINES DE LA TRAGEDIE ALGERIENNE... Yug5eb10
le commandant Mahjoub Tobji, 61 ans, qui a notamment servi dans la garde royale, évoque la dégradation de l'armée marocaine après deux putschs avortés contre le roi Hassan II. M. Tobji, alors jeune officier, entend le roi s'adresser aux cadres de l'armée : «Si j'ai un conseil à vous donner c'est de faire de l'argent et de vous éloigner de la politique.»
Résultat : «L'armée est devenue petit à petit une officine où tout se vend et s'achète.» La guerre au Sahara occidental a accentué ce «mercantilisme». Pire, elle a permis au général Dlimi de s'emparer plus subtilement du pouvoir. Ce que n'avaient pas réussi les généraux Mohamed Medbouh et Mohamed Oufkir lors de deux tentatives de coups d'Etat en 1971 et en 1972. M. Dlimi, dont M. Tobji était alors l'aide de camp, meurt le 23 janvier 1983 officiellement dans un accident de la route. En fait, «il a été liquidé à la suite de différends d'ordre privé», écrit l'auteur. Son successeur, le général Housni Benslimane, va arrêter plusieurs officiers, dont M. Tobji qui réussira à s'évader vers la France, avant d'être autorisé par Hassan II à revenir au Maroc. Mais il n'aura plus d'affectation ni de promotion, jusqu'à son départ à la retraite en 2003. Aujourd'hui, Benslimane est l'homme fort du Maroc. Le jeune roi Mohamed VI possède en sa «légitimité» une «puissante arme» pour mettre fin à ce système, interroge l'auteur. «Mais en a-t-il la possibilité ou même l'envie ?»

bacharalkhir

bacharalkhir

Hizb frança : Suite I
Juillet - septembre 1962
Après la publication des résultats du référendum sur l'autodétermination organisé le 1er juillet 1962, l'indépendance de l'Algérie est proclamée le 3 juillet. Mais l'explosion de joie et d'enthousiasme du peuple algérien est tempérée par la vivacité de la crise.
Du côté du GPRA, des déclaration publiques de responsables politiques fusent de partout. Tout le monde s'y met : des membres du GPRA, des représentants du FLN à l'exécutif provisoire, des représentants de la zone autonome d'Alger, ceux de la Fédération de France etc. Le citoyen moyen n'arrive pas à s'y retrouver. C'est la confusion totale. Par contre, l'alliance de l'EMG avec Ben Bella et Khider fonctionne bien.
Sur le plan politique, Ben Bella, Khider et leurs amis vont s'attacher à persuader les wilayate encore réticentes pour mettre un terme à la crise par la reconnaissance du Bureau Politique60. Ben Bella s'installe à Tlemcen où sont organisés des contacts et où s'opèrent des discussions, des négociations et des marchandages avec les adversaires d'hier.
La création du Bureau Politique est rendue publique le 22 juillet. Cette déclaration fait éclater ce qui reste du GPRA : certains ministres démissionnent avec tapage, d'autres préférant se retirer sans bruit pour éviter au pays le désordre et la confusion, d'autres encore veulent négocier leur sort. Seuls Krim et Boudiaf surestiment leurs forces et persistent à s'opposer à l'EMG et à Ben Bella en s'appuyant sur la wilaya III et la zone autonome d'Alger.

58 Mohamed Harbi, ibid., p. 352.
59 Ibid., p. 354.
60 Le Bureau Politique formé à Tripoli lors de la dernière session du CNRA se compose de Ben Bella, Ait Ahmed, Bitat, Boudiaf, Khider, Mohammedi Said et Hadj Ben Alla. Mais, le départ précipité de Ben Khedda, suivi d'autres membres, n'a pas permis la clôture formelle de la réunion du CNRA de manière statutaire.


Sur le plan militaire, l'EMG met en œuvre son plan. Au lendemain de la proclamation de l'indépendance, des troupes stationnées aux frontières font mouvement vers l'intérieur. A l'Est, le bataillon dirigé par le capitaine Abderrezak Bouhara rentre le premier. Il occupe Souk Ahras le 5 juillet et s'y installe. Au même moment, à l'Ouest, des unités rentrent en Oranie et occupent plusieurs villes.
Certaines wilayate, notamment les wilayate III et IV procèdent au recrutement de jeunes pour augmenter leurs effectifs. L'ALN de l'intérieur passe ainsi de 10 000 hommes à la veille du cessez-le-feu selon des sources françaises à près de 40 000 en quelques mois61, ce qui a valu aux jeunes recrues l'appellation péjorative de « djounouds du 19 mars » devenus subitement « anciens moudjahidine » en l'espace de quelques jours.

D'autre part, la wilaya II continue de préoccuper l'EMG. Son chef, le colonel Salah Boubnider, négocie avec Ben Bella un accord qui consacre la reconnaissance mutuelle sur la base d'un compromis consentis par les deux parties. De retour à Constantine, le colonel Boubnider annonce à ses collègues le 24 juillet la fin de la crise. Mais le 25 juillet le commandant Beredjem attaque la ville de Constantine et s'en empare au terme de combats parfois violents. Il fait arrêter plusieurs cadres politiques et militaires de la wilaya II dont le colonel Boubnider et Bentobbal, membre du GPRA et ancien chef de cette wilaya.
L'occupation de Constantine a fait l'objet de préparatifs minutieux élaborés au poste de commandement de Larbi Berredjem. Adjoint de ce dernier, j'ai été le seul à me prononcer avec fermeté contre cette opération. Je m'opposais, en effet, à une confrontation armée entre moudjahidine et ne voulais pas entendre parler d'effusion de sang entre frères. D'autre part, je considérais que le renversement de la tendance par des moyens politiques et pacifiques restait encore possible, ignorant par ailleurs tout des tractations alors en cours entre Ben Bella et le colonel Boubnider qui avaient abouti au compromis intervenu entre eux.

61 Cf. Mohamed Harbi, op. cit., pp. 359 et 363.


Mais apparemment le commandant Berredjem se sentait dépassé et refusait de faire les frais d'un accord qu'il appréhendait entre Ben Bella et Boubnider. Il refusait d'admettre que Boubnider et les cadres qui lui étaient fidèles dirigeaint la wilaya II en ce moment crucial. En d'autres termes, il pensait qu'il était allé trop loin dans son soutien à l'EMG et à Ben Bella et ne voulait pas que lui échappait le contrôle de l'opération de reconversion de l'ALN, de réorganisation du FLN et de la préparation des listes des candidats pour les élections législatives prévues pour le mois de septembre. C'est pourquoi il avait organisé cette opération militaire contre Constantine pour l'occuper et changer le rapport des forces sur le terrain. Il l'avait fait et avait donc obtenu ce qu'il voulait. Mais malheureusement au prix de nombreuses victimes.
Cependant, la prise de Constantine par Berredjem s'est traduite par le ralliement des cadres de la wilaya II au nouveau commandement. Le commandant Berredjem, appuyé jusqu'ici par l'EMG, exercait désormais les fonctions de chef de wilaya. Il était secondé par ses deux compagnons, moi-même, adjoint militaire chargé, entre autres, de la restructuration de l'ALN et Abderrahmane Bendjaber, adjoint politique.

Durant le mois d'août, le nouveau conseil de la wilaya II continuait à s'atteler à la tâche sous le commandement de Berredjem. Cela m'avait permis de prendre des mesures appropriées pour continuer à assurer l'ordre et la sécurité, pour assainir les finances de la wilaya (par l'introduction de la comptabilité, la transparence etc.) pour réorganiser les unités de l'ALN de l'intérieur (conformément à l'organigramme de l'EMG). Le travail de reconversion des éléments de l'ALN avait été également entamé. Ceux-ci avaient le choix entre leur affectation au FLN, leur recasement dans un emploi civil, ou encore leur démobilisation mais expressément à leur demande. En même temps la liste des futurs députés se préparait sous la direction de Berredjem secondé par Bendjaber (les premières élections législatives de l'indépendance ne comportaient qu'une liste unique, celle établie par le Bureau Politique et les chefs de wilaya).

A Constantine, l'insécurité augmente. On s'est trouvé dans une situation où des maquisards non encore affectés dans des unités nouvellement réorganisées étaient à l'origine de dépassements de toutes sortes. Certains se permettaient d'occuper sans autorisation préfectorale des appartements et des villas abandonnées par des Européens. D'autres s'emparaient illégalement des magasins laissés par leurs propriétaires européens qui avaient quitté définitivement l'Algérie. D'autres encore organisaient de véritables opérations de « déménagement » de logements devenus « biens vacants ». D'autres enfin menaient des agressions à main armée contre des Européens.
De nombreux citoyens sont venus me voir pour se plaindre de la détérioration de la sécurité. J'avais trouvé cette situation inadmissible. C'est pourquoi j'avais décidé de mettre fin à ces pratiques nocives et inacceptables qui portaient par ailleurs préjudice au prestige de l'ALN. C'est alors que j'ai créé à Constantine pour la première fois une police militaire dont les djounouds, les sousofficiers et les officiers ont été choisis par moi personnellement parmi les éléments les plus intègres et les plus disciplinés. Je leur avais donné des consignes fermes pour rétablir l'ordre et la sécurité en procédant à l'arrestation de tout élément pris en flagrant délit de pillage ou de vol, quel que fut son grade. C'est ainsi que des patrouilles motorisées sillonnaient 24 heures sur 24 heures les quartiers résidentiels et le centre ville, théâtre d'agressions de toutes sortes. L'ordre avait été complètement rétabli en moins d'un mois avec une poigne de fer.

Deux exemples méritent d'être cités à titre d'illustration :

• Un capitaine de l'ALN en tenue (ancien chef de zone de la wilaya) accompagné de deux djounouds avaient été arrêtés par la police militaire au moment où ils s'emparaient de la caisse d'un bar restaurant européen en pleine nuit. Ils sont aussitôt arrêtés et emprisonnés. Bien que ce capitaine fût très lié au commandant Berredjem, j'avais maintenu la décision d'emprisonnement et confié l'affaire à une commission judiciaire militaire.

• Quelques jours après, un chef de bataillon, un chef de compagnie et deux djounouds (tous de la zone 2 de la wilaya II et très proches du commandant Berredjem) ont été arrêtés à bord d'une voiture vers 1 heure du matin à l'entrée d'ElHamma (village situé à une dizaine de kilométrés de Constantine). La police militaire a perquisitionné le véhicule et a découvert des bijoux et une importante somme d'argent. Les officiers avouaient leur forfait. Ils venaient, reconnaissaient-ils, de Herbillon (dans la région de Annaba rebaptisé quelques mois plus tard Omar Chetaibi) où ils venaient de cambrioler une famille française. Ils ont été aussitôt dirigés sur Dar El Bey à Constantine, poste de commandement de la wilaya II, où je les ai enfermés à l'insu du commandant Berredjem. Un procès verbal a été dressé par un officier procureur désigné par moi. Le butin est ensuite remis à ses propriétaires contre un reçu dûment signé. Larbi Berredjem qui ignorait le lieu de détention de ses amis m'a demandé de relâcher tout le monde. Je refusais et insistais pour que les prévenus fussent traduits en justice, après avoir pris le soin de les transférer vers un lieu plus sûr.

Quelques jours plus tard, Larbi Berredjem a fini par les localiser et les a fait libérer après avoir fait toute une mise en scène. Un jour, Berredjem s'est rendu à mon bureau et m'a demandé de l'accompagner à la salle de réunion. Là, on a trouvé Haderbache, alors wali (préfet) de Constantine, le commissaire de police ainsi que tous les prévenus. Larbi Berredjem a ouvert la séance et dressé un réquisitoire foudroyant contre le wali et le commissaire de police qu'il accusait de vouloir diviser les rangs de l'ALN en procédant à l'arrestation d'officiers et de djounouds qui « ont sacrifié leur vie pour libérer le pays et ont permis à des gens comme vous pour occuper de hautes fonctions dont vous ne rêviez même pas il y a quelques mois seulement ». Je l'ai interrompu en précisant que c'est moi qui les ai emprisonnés après leur arrestation par la police militaire. Berredjem revenait à charge et répondait que c'est le Wali qui les a arrêtés puis se retournait vers les prévenus en posant la même question à chacun d'entre eux : « Est ce que tu as volé ? » « Non » répondaient tour à tour les prévenus. « Vous voyez bien qu'ils sont innocents », dit Berredjem ; puis se tournant vers les prévenus il conclut « vous êtes innocents, vous pouvez partir ». A chaque fois que j'essayais de rappeler les faits et les preuves dont je disposais dans ces deux affaires, Berredjem m'interrompait et mettait en cause le wali qui n'a pas bronché et n'a même pas essayé de se défendre dans une affaire à laquelle il était étranger de A à Z.

L'histoire de la libération de voleurs pris en flagrant délit avait fait le tour des casernes. Plusieurs officiers se sont solidarisé avec moi et se sont dit prêts à arrêter Larbi Berredjem qu'ils considéraient comme incompétent et dont ils ne supportaient plus les humeurs, au-delà d'ailleurs de l'affaire des vols. Mais je me suis opposé à toute entreprise illégale et aventurière et préféré m'adresser à l'EMG, le seul recours légitime qui me restait.
C'est ainsi que je me rendis à Alger où j'ai rencontré le colonel Boumediène et le commandant Ali Mendjeli. Je leur ai fait part du climat général qui prévalait alors dans les unités de l'ALN de la wilaya II ainsi que du mécontentement des officiers, exaspérés par le comportement de Berredjem. Le chef d'état-major général et son adjoint m'ont répondu qu'ils ont « besoin de Larbi Berredjem dans cette période cruciale », puis Boumediène d'ajouter : « Tu es encore jeune62 pour remplacer tout de suite le commandant Berredjem » en subjectivisant les choses et en déplaçant le problème sur le plan des ambitions personnelles, question qui ne m'a jamais effleuré l'esprit. Stupéfait par une telle réponse, je me suis demandé comment, pour des considérations de pouvoir, Boumediène et Mendjeli refusaient de prendre des décisions appropriées et abandonnaient si vite les principes de rigueur, de discipline et d'intégrité qu'ils avaient toujours défendus jusque là.

C'est ainsi que j'ai décidé de précipiter mon départ de l'armée au lieu d'attendre encore plusieurs mois jusqu'à ce que la situation se soit stabilisé comme je l'avais projeté.

Ainsi la wilaya II dont le commandement est devenu homogène selon le point de vue de l'EMG ne constitue plus un centre de préoccupations pour le Bureau Politique. Ce qui n'est pas encore le cas pour la wilaya IV. Le différend majeur qui oppose la wilaya IV au Bureau Politique concerne le contrôle de la capitale.
D'une part, la wilaya IV conteste quelques noms des candidats aux élections législatives retenus par le Bureau Politique dans les circonscriptions qu'elle contrôle. Lorsque la liste définitive des candidats est rendue publique le 19 août, la wilaya IV passe à l'op
62 J'étais alors agé de 26 ans.


position armée. Le 20 août, des incidents opposent des groupes armés de la wilaya IV à ceux de Yacef Saadi (acquis au Bureau Politique) dans le quartier populaire de la Casbah. D'autre part, la publication le 26 août des membres de la Fédération du Grand Alger où ne siège aucun représentant de la wilaya IV ravive le feu. Les combats reprennent à nouveau le 29 août entre les éléments armés de Yacef Saadi et ceux de la wilaya IV. Les deux camps enregistrent des pertes humaines. Excédée par la crise et la lutte fratricide, la population exprime son mécontentement lors de manifestations spontanées aux cris de « Saba' Snin Barakat » ( Sept ans, c'est assez) aux alentours de la Casbah, condamnant ainsi les parties qui s'affrontent.
Agacé par la politique d'obstruction de la wilaya IV, le Bureau Politique décide finalement de faire appel aux troupes de l'EMG et des wilayate I, V et VI pour occuper la ville d'Alger et de la libérer définitivement de l'emprise de la wilaya IV. Les troupes fidèles à l'EMG et au Bureau Politique rentrent dans la wilaya IV le 31 août suivant deux axes principaux, en direction de Sour El Ghozlane et en direction de Kasr El Bokhari, au sud de Médéa qui constitue le dernier verrou sur le chemin d'Alger. C'est dans la région de Kasr El Bokhari que les combats ont été meurtriers faisant plusieurs centaines de morts.

Après quelques jours de combats suivis de négociations entre les protagonistes, les troupes de l'EMG font leur rentrée dans la capitale le 9 septembre. C'est ainsi que par le feu et dans le sang la crise prend fin.
Le 26 septembre, la liste des membres du gouvernement présidé par Ben Bella est rendue publique. Sur 18 membres, 5 portefeuilles ministériels sont confiés aux représentants de l'EMG : Boumediène, vice-président et ministre de la Défense ; Ahmed Medeghri, ministre de l'Intérieur ; Abdelaziz Bouteflika, ministre de la Jeunesse et des Sports ; Mohamed Seghir Nakkache, ministre de la Santé et Moussa Hassani, ministre des PTT. Disposant de 28% des postes ministériels, Boumediène renforce sa position après avoir éliminé ses deux adjoints Ali Mendjeli et Kaid Ahmed en les proposant à leur insu comme candidats à l'Assemblée Nationale.

Quelques jours plus tard se tient, à Alger dans la caserne Ali Khodja, une réunion présidée par Boumediène et à laquelle participent les commandants de wilaya ou leurs représentants. A l'ordre du jour figurent les questions relatives à l'organisation de l'Armée Nationale Populaire (ANP), aux finances et aux relations entre les wilayate et l'administration. Je représentais le chef de la wilaya II à cette réunion.
De prime abord, j'ai été frappé par la présence fort importante d'officiers « déserteurs » de l'armée française aux côtés de Boumediène. Les débats ont été dominés par les interventions des « déserteurs » de l'armée française. Lorsque des propositions émanent de maquisards comme Tahar Zebiri (wilaya I) ou moi-même (wilaya II) et ne cadrent pas avec la vision des « déserteurs », Boumediène ne tranche pas et renvoie les sujets en question à une commission. Mais cette commission, désignée par Boumediène, ne comprend que les « déserteurs » de l'armée française aux quels il ajoute mon nom. Ceci constitue un signe clair du rôle désormais dominant que vont jouer les « déserteurs » de l'armée française dans l'armée algérienne naissante. La commission se réunit aussitôt au cours d'une suspension de séance pour soumettre ses conclusions juste après à la séance plénière. Je me suis trouvé isolé dans cette commission trop déséquilibrée dont les travaux ne reflétant finalement que le point de vue des « déserteurs ».

Un mois plus tard, Boumediène se débarrasse de Larbi Berredjem, alors à la tête de la wilaya II avec la mise en place du nouveau découpage militaire lorsque Constantine devient le siège de la 5ème Région militaire.
En organisant son ministère de la Défense, Boumediène confie des postes clefs aux « déserteurs » de l'armée française. Ainsi, par exemple, Abdelkader Chabou est nommé secrétaire général du ministère de la Défense, Ahmed Bencherif commandant de la Gendarmerie nationale, Lahbib Khelil, directeur du personnel, Said Ait Messaoudène, directeur de l'aviation. Slimane Hoffman, Selim Saadi, Abdelhamid Latrèche, Mostepha Cheloufi etc. se voient confier diverses missions au sein du ministère de la Défense. Seuls deux jeunes officiers nationalistes sont nommés pour quelque temps seulement comme directeurs centraux : Kemal Ouartsi et Lakhal Ayat.


La répartition des tâches au sein d'un ministère aussi stratégique que celui de la défense, dominé juste après l'indépendance par la présence pesante des « déserteurs » de l'armée française, a sonné le glas de la Révolution, en tant qu'expression de l'espoir et des aspirations populaires porteuse de liberté, de fraternité et de justice sociale.
Le processus de détournement de la Révolution conçu et mis en place avant l'indépendance est opérationnel dés septembre 1962. Mais la situation n'a pas encore atteint le point de non-retour. Toutes les options restent théoriquement ouvertes même si hizb França occupe déjà le terrain, un terrain largement miné en leur faveur.
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oranaisfier

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bacharalkhir peut-il nous parler du fameux "Mouvement des Officiers libres" (MOL) marocain ? ou du « comité d’action des officiers libres des forces armées" (CAOLFA) ? Au faite n'a-t-il pas dit que seul le chameau ne voyait pas sa bosse ? Merde ! j'avais oublié que ce n'était pas un chameau qu'il était, mais vraiment un ......... devinez une réponse à deux points !

bacharalkhir

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Hizb frança suite II:
L'indépendance minée
Quelques observations peuvent être formulées sur la crise du FLN qui a éclaté au cours de l'été 1962 et qui permettront d'élucider les conditions de
consolidation du détournement de la Révolution que nous aborderons plus
loin.
1) Contrairement au GPRA miné par des contradictions et une multitude
d'intérêts particuliers, l'ALN des frontières aurait pu être un
instrument précieux au service de la Révolution parce qu'elle « a pu
dépasser les régionalismes et prendre la forme d'un instrument politique
centralisé à un moment où les forces de la Révolution nationale étaient
menacées de dispersion et de démoralisation. Elle a dessiné en creux et
avant terme la forme de l'Etat et a donc contribué à son triomphe,
mais, en même temps, cet État […] est devenu l'obstacle à l'institution
d'un cadre politique », démocratique et populaire63.

2) L'équilibre des forces au sein du FLN et de l'ANP est modifié au
détriment des forces nationalistes réellement liées au peuple. La
démobilisation massive des maquisards, officiers, sous-officiers et
djounouds de l'ALN de l'intérieur et des frontières par le nouveau
ministère de la Défense a vidé l'ANP dès 1962 de sa dimension populaire
et de garde-fou contre toute tentative de déviation. Cette situation
profite essentiellement aux « déserteurs » de l'armée française qui
occupent désormais des postes stratégiques au ministère de la Défense.

3) Boumediène n'a pas encore atteint l'ensemble de ses
objectifs liés à la prise du pouvoir. Désormais, il va se consacrer au «
travail politique » en s'appuyant sur l'armée dont il confie la gestion
aux « d]]déserteurs[/b] » de l'armée française. Certains de ces derniers ont re-joint tardivement le FLN entre 1958 et 1959 dont notamment Abdelkader Chabou, Slimane Hoffmann, Khaled Nezzar, Larbi Belkheir, Salim Saadi,
Mostepha Cheloufi, Abdelmalek Guennaizia
d'autres encore en 1961 comme
Mohamed Lamari, Mohamed Touati, Slimane Bouchouareb et d'autres enfin
ont rejoint l'ANP après l'indépendance comme le colonel Djebaili et le
commandant Bouras, qui, quelques mois après leur arrivée en Algérie en
1968, se sont vus confier respectivement la direction de l'école
nationale des ingénieurs et techniciens de l'armée (ENITA), fief des
coopérants français, et la direction du Service National. Ils forment un
corps solidaire et bien soudé.

Plus tard, l'Histoire montrera que Boumediène a eu tort
de ne pas s'en méfier comme l'ont déjà mis en garde certains officiers
maquisards dès son installation à la tête de l'EMG aux frontières
algéro-tunisiennes en janvier 1960. Son tort résidait dans le fait qu'il
voulait utiliser les « déserteurs » comme instrument pour arriver à ses
fins en estimant qu'ils n'avaient aucun poids politique spécifique et
qu'ils ne présentaient aucun danger pour lui ou pour le pays.
4) Le nouvel Etat indépendant se construit avec le
concours de la bureaucratie civile qui émane de sources différentes mais
dont la formation et les intérêts convergent. Cette bureaucratie a
trois origines :

L'appareil administratif avec son encadrement hérité de la période
coloniale (promotion sociale des Algériens entre 1956 et 1962) ;

L'intégration après 1962 dans l'administration algérienne de milliers
de fonctionnaires algériens de formation française travaillant en
Tunisie et surtout au Maroc ;

L'appareil administratif du GPRA dont une partie a transité par l'Exécutif provisoire.

Les trois composantes
de la technostructure et de la bureaucratie, d'obédience nationaliste ou
pas, ont en commun la même formation occidentale et sont influencées
plus précisément par le modèle français. Elles seront à l'origine du
conflit culturel et social qui marquera durement l'Algérie entre 1970 et
2000. Comme le dit si bien Mohamed Harbi : « La possession de la langue
française et la qualification sont perçues comme un pouvoir social et
une arme. Pour avancer dans la hiérarchie, les cadres […] (formés dans
le moule français) invoquent leur compétence […] les éléments de culture
arabe […] sont au bas de la hiérarchie »64.
Ainsi dès 1962, tous les ingrédients sont réunis et vont
conduire aux affrontements culturels et politiques qui apparaîtront au
milieu des années 1970 et s'aggraveront davantage après le coup d'Etat
de janvier 1992. Boumediène va s'appuyer depuis 1962 sur l'armée, les
services de sécurité et la bureaucratie civile d'orientation française
(l'administration nationale et régionale) pour asseoir son autorité,
puis son régime notamment après le coup d'Etat de juin 1965.
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Le contexte algérien entre 1962 et juin 1965
L'Algérie en 1962
Les problèmes auxquels faisait face l'Algérie, à l'indépendance, étaient fort complexes. Il suffit de se rappeler les énormes destructions matérielles et humaines occasionnées par sept ans et demi de guerre farouche qui s'ajoutaient aux nombreux problèmes nés de la colonisation devenus pour la plupart structurels65 :

• Plus d'un million et demi de chouhada, morts entre 1954 et 1962 ;

• Près de trois millions de personnes arrachées à leurs foyers et transférées dans des centres de regroupements soumises à des conditions de vie très pénibles ;

500 000 réfugiés en Tunisie et au Maroc ;
• Plus d'un million et demi de personnes ayant émigré des campagnes vers les villes ;
• 400 000 détenus politiques ;
• 400 000 émigrés en France.
Ces bouleversements sans précèdent ont posé à l'Algérie indépendante de redoutables problèmes. On se trouvait alors en présence de populations regroupées, internées, réfugiées et émigrées vers les villes, éliminées des circuits économiques, privées d'activités et de conditions de vie normale, vivant ou plutôt survivant dans d'atroces conditions de subsistance et de sous-alimentation.
Les destructions matérielles à grande échelle occasionnées par
l'armée française, entre 1954 et 1962, ont créé des problèmes
considérables :

A. Brahimi, L'économie Algérienne, op. cit., p. 77 et s.
• 8000 villages et des milliers de mechtas rasés ;
• Des milliers d'hectares de forêts brûlés ;
• Le cheptel ovin a diminué de 4 millions de tête en passant de 7 millions à moins de 3 millions en 1962 ; le cheptel bovin a été pratiquement anéanti ;
• Sur les frontières Est et Ouest, le long de la ligne Morice et de la ligne Challe, d'immenses régions minées par les troupes françaises continuent de faire des victimes jusqu'à la décennie 1990 malgré les considérables travaux de déminage entrepris par l'Algérie.

A tout cela il faut ajouter les actes criminels de l'O.A.S. en 1962, se traduisant par des massacres d'Algériens innocents et des actes de plastiquage de bâtiments ainsi que l'incendie de la bibliothèque de l'Université d'Alger. Après avoir accompli leurs forfaits, des mois durant, les criminels de l'O.A.S. se sont réfugiés en Europe. Du reste, à la veille de l'indépendance, 900 000 Européens ont quitté définitivement l'Algérie. Mais un certain nombre d'entre eux reviendront plus tard comme « coopérants techniques », délégués par le gouvernement français qui continuera d'œuvrer et de manœuvrer pour maintenir l'Algérie dans la mouvance française de type néocoloniale.
L'année 1962 a été une année très perturbée, tant au plan économique qu'au plan politique, caractérisée par : la formation de l'Exécutif provisoire, la constitution de la force locale pour soutenir la troisième force d'inspiration néocoloniale, crise interne du FLN et de l'ALN, élections législatives, constitution du premier gouvernement algérien de l'indépendance, nominations aux emplois supérieurs dans l'administration centrale, dans le corps préfectoral et dans le corps diplomatique.
C'est dans ce contexte que la course pour la prise du pouvoir s'engagera entre les principaux dirigeants au nom de la « légitimé révolutionnaire », ouvrant la voie aux opportunistes. La nomination aux emplois supérieurs dans l'administration s'est traduite par la promotion de cadres insuffisamment préparés.

L'administration centrale a été vite investie par des cadres aux convictions politiques et culturelles d'orientation française. Les partisans de hizb França se sont d'emblée accrochés au « nationalisme algérien » et à la « Révolution », sources de légitimité, pour permettre à ses représentants d'occuper des hauts postes de responsabilité dans les ministères dits stratégiques66 : ministère de la Défense, ministère de l'Intérieur, ministère de l'Economie et des Finances, etc. Ils réussissent à barrer le chemin aux cadres arabisants, diplômés des Universités arabes du Caire, de Damas, de Baghdad ou du Koweit, tantôt au nom de la modernité, des valeurs occidentales et de l'ouverture sur l'occident, tantôt au nom du socialisme. Ce qui exige, selon eux, la maîtrise et l'usage de la langue française, instrument indispensable à la jeune administration algérienne.
D'autre part, le nouveau gouvernement tente, à l'instar du colonialisme français, de contrôler l'Islam dans une perspective laïque. C'est ainsi qu'il est créé un ministère des Affaires religieuses confié à Tawfiq El Madani, de l'ex-Association des Ouléma pour neutraliser les islamistes. La création de ce ministère vise précisément le contrôle des activités islamiques dans les mosquées. Les imams sont nommés et payés par ce ministère depuis cette date. L'activité politique, éducative et associative libre, d'inspiration islamique est désormais bannie.

L'exclusion des cadres arabophones des postes de responsabilité et la volonté de confiner l'Islam dans un rôle strictement symbolique dans un pays très sensible à l'Islam et à la civilisation arabomusulmane contribuent à hypothéquer lourdement l'avenir de l'Algérie et à créer les germes d'une explosion ultérieure, compte tenu de la marginalisation des représentants de courants de pensée pourtant majoritaire au sein des masses populaires. Au lieu de canaliser l'enthousiasme prodigieux du peuple algérien au lendemain de l'indépendance et de mobiliser les formidables énergies alors disponibles dans une vaste entreprise de construction nationale dans les domaines économique, culturel et social en rupture avec les hommes et les méthodes du système colonial en impliquant les populations elles-mêmes ainsi que tous les courants de pensée sans exclusion d'aucune sorte, le pouvoir algérien va s'empêtrer dans une voie obscure caractérisée par deux faits majeurs :

• l'affrontement entre les courants politiques et entre les différentes factions régionales ou islamiques ;
• la mainmise sur les structures administratives léguées par la France et reprises à son compte dans l'Algérie indépendante.

- Un grand nombre de ces cadres sont arrivés à se procurer par complaisance « l'attestation » de membres de l'ALN ou de l'OCFLN sans jamais avoir participé de près ou de loin à la guerre de libération.
. L'affrontement des courants politiques
Entre 1962 et 1965, l'affrontement des courants politiques s'est traduit par des luttes politiques et parfois armées entre différents leaders d'une part et par l'existence de différentes sensibilités politiques au sein du FLN d'autre part.

Luttes entre différentes factions
Nous avons vu plus haut, dans le Chapitre I, comment l'armée des frontières, alliée à Ben Bella et Khider, s'est emparée du pouvoir en 1962. Cette alliance, qui représente théoriquement la tendance arabo-musulmane au sein du FLN et de l'ALN, devait faire face par la suite à l'hostilité d'anciens dirigeants du GPRA, occidentalisés ou à certains responsables de l'ALN, alliés du GPRA.
Il y eut d'abord l'alliance de Krim Belkacem et Mohamed Boudiaf, représentant une tendance du GPRA. Ils se sont appuyés sur la wilaya III contre Ben Bella et Boumediène. Mohamed Boudiaf finit par prendre le maquis contre le régime Ben Bella avant de se retirer définitivement à l'étranger en 1964.
Il y eut également Aït Ahmed qui voulait organiser en 1963, avec le concours du colonel Mohand Ould Hadj, une résistance armée en Kabylie contre le régime. Mais leur tentative a tourné court après le ralliement du colonel Mohand Ould Hadj qui a préféré défendre l'unité nationale en offrant ses services pour lutter contre l'agression du Maroc en Octobre 1963 aux frontières Ouest. Ait Ahmed a été arrêté quelques mois après, en 1964. Il a été condamné à mort. Il s'est évadé de la prison d'El Harrach et s'installa à l'étranger d'où il dirigea le parti FFS qu'il avait fondé auparavant.

En 1963, un conflit politique grave éclate entre Ben Bella et Khider, alors secrétaire général du FLN. Fort du soutien dont il dispose dans cette affaire, Ben Bella finit par éliminer Khider qui prend le chemin de l'exil. De l'étranger, il essaie d'organiser une opposition politique au régime algérien. Il est assassiné à Madrid en 1967, deux ans après le coup d'Etat de Boumediène.
Très lié à Mohamed Khider, le colonel Mohamed Chaabani, chef de la wilaya VI, entre en rébellion contre Boumediène en 1964. Arrêté en juin 1964, le colonel Chaabani est hâtivement condamné à mort par un tribunal militaire désigné par Boumediène. Celui-ci suggère par la suite à Ben Bella, alors chef d'Etat, de lui refuser la grâce. Aussitôt dit, aussitôt fait. L'armée s'empresse d'exécuter aussitôt Chaabani67.
L'année 1964 voit la course du pouvoir s'opérer au sein du FLN autour de sensibilités politiques. D'abord l'élimination politique de Khider et l'exécution de Chaabani montrent que c'est au sein de la mouvance arabo-musulmane que la lutte contre le régime se déplace. Quatre courants non structurés continuent d'exister et s'affrontent sur le plan idéologique pour s'imposer ou consolider leurs positions politiques au sein du FLN.

Le courant islamique
Cheikh Bachir Al Ibrahimi représentant les Ouléma s'est violemment attaqué au programme de Ben Bella en le qualifiant de communiste. Ses prises de positions ainsi que celles de son fils cadet Ahmed Taleb Al Ibrahimi leur ont valu respectivement la résidence surveillée et la prison. L'influence des Ouléma, hostile au baathisme et au nassérisme, est très grande en Algérie notamment dans les milieux arabophones et parmi les intellectuels arabisants.

-Le procès de Chaabani est une occasion pour Boumedienne de se débarrasser d'un concurrent potentiellement dangereux pour lui. En effet, plus jeune que Boumedienne (il avait 30 ans lorsqu'il a été exécuté), colonel comme lui, arabisant comme lui, Chaabani est un militant nationaliste sincère et engagé. Connu par son opposition à la troisième force et sa lutte contre les bureaucrates francophiles, Chaabani aurait été liquidé beaucoup plus pour les dangers qu'il représentait pour Boumediène et le hizb França que pour les griefs de rebellion retenus contre lui.
Leur lutte s'inscrit dans le cadre d'une conception bien claire reposant sur l'Islam en tant que source de références pour le règlement des problèmes d'ordre politique, économique, social et culturel. Leur discours repose, entre autres, sur la généralisation de la langue arabe, le respect des libertés fondamentales, y compris la liberté d'expression, le respect du droit de propriété, l'ouverture sur le monde extérieur. Mais ils se prononcent sans ambages contre le socialisme assimilé au communisme, contre le sécularisme et contre la francophonie. Sur le plan économique, les Oulémas res-tent proches du courant « libéral ».

Le courant libéral
Ferhat Abbas, considéré comme chef de file de ce courant, préconise un « libéralisme » hybride. D'une part, il s'agit de mettre en place un système républicain et démocrate de type occidental où le gouvernement est responsable devant le parlement qui incarne la souveraineté du peuple. C'est le peuple, source de la souveraineté, qui doit choisir librement et démocratiquement ses représentants parmi les différents courants en compétition. Le FLN doit être pluriel et ne doit pas être asservi par une faction ou un clan. L'exclusion des courants idéologiques ou politiques doit être honnie.
D'autre part, Ferhat Abbas considère que l'Islam et la culture nationale sont incontournables pour opérer les transformations sociales nécessaires et pour répondre aux aspirations du peuple. « Les commandements de l'Islam, en matière d'éducation religieuse, de droit de propriété, de droit à l'héritage, d'assistance sociale etc., ne sont pas incompatibles avec une société socialiste. Bien au contraire. Sans déroger aux préceptes de l'Islam, sans heurter les mœurs et les traditions de notre peuple, nous pouvons en-gager résolument le pays dans une Révolution »68. Mais, le courant libéral est vite étouffé par l'élimination politique de Farhat Abbas mis en résidence surveillée en 1964.
- Ferhat Abbas, cité par Mohammed Harbi, L'Algérie et son destin, p.176 (Paris: Arcantère, 1992).

. Les courants communistes
Au cours de cette période, on note l'existence de deux courants communistes : le parti communiste algérien (PCA) et les partisans de l'autogestion. Le PCA, prolongement du parti communiste français, est connu pour sa fidélité à l'URSS et pour son alignement sur ses thèses sans prise effective sur les réalités du pays. Bien structuré, le PCA est aussi présent dans les principales organisations de masse qu'il contrôle à savoir l'Union Générale des Travailleurs Algériens (UGTA), l'Union Nationale des Etudiants Algériens (UNEA), et la jeunesse FLN (JFLN).

Distincts du PCA, les partisans de l'autogestion, de formation marxiste, essaient de canaliser le mouvement autogestionnaire en essayant de le « théoriser » et de l'organiser. Il convient de rappeler que les décrets de mars 1963 relatifs à l'organisation de l'autogestion, complétant ceux de 1962 relatifs aux « biens vacants », ont été pris par nécessité face à la réaction spontanée des travailleurs et ouvriers agricoles qui ont pris en charge la défense et le fonctionnement de patrimoine devenu « vacant » à la suite du départ massif des propriétaires européens. Les premières mesures prises par voie réglementaire en 1962 ne procèdent pas d'un choix politique ou idéologique au niveau central mais constituent une tentative de régularisation d'une situation de fait, créée spontanément par les ouvriers agricoles et les travailleurs des entreprises industrielles ou commerciales abandonnées dans une situation de confusion générale.
Ce mouvement spontané de la base a été « récupéré » par un groupe d'intellectuels marxistes autour de Mohamed Harbi et Ho-cine Zahouane pour l'organiser sur des bases scientifiques et durables. L'autogestion a été en fait officialisée à posteriori à travers les décrets de mars 1963. Mais la sincérité et l'engagement des partisans de l'autogestion se sont heurtés aux appareils de l'Etat représentés par Ahmed Mahsas, ministre de l'Agriculture, et Bachir Boumaza, ministre de l'Economie. Au cours de l'année 1964, des débats publics (conférences, interviews, articles, etc.) passionnés ont lieu entre les partisans de l'autogestion (sensibilité politique présente au sein du FLN) et leurs adversaires acharnés qui disposent du pouvoir réel puisqu'ils ont sous leur tutelle les entreprises et les exploitations agricoles autogérées.

Ce débat n'a pas laissé indifférents l'armée et la tendance populiste du FLN. Au sein de l'armée, les avis sont partagés. Au ministère de la Défense et au sommet de la hiérarchie où les ex-officiers de l'armée française sont majoritaires et détiennent les postes clés, le système autogéré est considéré comme dangereux et est combat-tu avec acharnement au sein des appareils de l'Etat et à travers des rumeurs et des manipulations organisées par la Sécurité militaire.
A l'opposé, quelques dizaines d'officiers nationalistes, sans prendre la forme d'un mouvement, soutiennent l'expérience autogestionnaire à titre individuel et avec beaucoup de sympathie. Au sein du FLN, il existe également de nombreux responsables, intellectuels et militants nationalistes qui soutiennent le mouvement autogestionnaire. En fait, l'autogestion n'a jamais été appliquée en Algérie en dépit des textes clairs qui lui ont été consacrés sous Ben Bella ou sous Boumediène69.

Le courant populiste au sein du FLN
Le nationalisme populiste prend ses origines dans la lutte contre le colonialisme et se renforce au cours de la guerre de libération. Entre 1962 et 1964, le FLN n'est pas encore monolithique. Lorsque Ben Bella accède au pouvoir et tente de le consolider, les partisans du nationalisme populiste dominent le FLN, même s' « il existe de nombreuses passerelles qui mènent du stalinisme ou du marxisme à ce courant et inversement » comme le précise si justement Mohammed Harbi.
Avec l'élimination politique de Mohamed Boudiaf et de Ait Ahmed (qui ont créé chacun son propre parti, respectivement le PRS et le FFS), ainsi que celle de Krim Belkacem, de Ferhat Ab-bas, de Khider et de Chaabani, deux choix fondamentaux, apparus en 1962, allaient marquer la vie nationale et l'édifice du pays : le parti unique et l'option socialiste.

• Le choix du parti unique paraît à l'indépendance, dans un pays sorti exsangue d'une guerre de libération des plus atroces, être en mesure de consolider l'unité nationale face aux forces centrifuges apparues en 1962 et de mobiliser, autour des sensibilités qui le composent, les potentialités et énergies du peuple algérien pour parachever l'indépendance politique dans les tâches d'édification du pays.

-Sur l'application de l'autogestion en Algérie, cf. A. Brahimi, Stratégies de développement pour l'Algérie, p. 64 et s. et 182 et s. (Paris: Economica, 1991).
- M. Harbi, L'Algérie et son destin, op. cit., p. 179.
• Le choix de l'option socialiste se situe dans le prolongement de la déclaration du 1er Novembre 1954, de la Charte de la Soummam qui proclamait l'instauration d'un « Etat démocratique et social » et du Programme de Tripoli qui définit les contours d'une politique économique de type socialiste où le rôle de l'Etat paraît décisif dans la transformation du milieu rural par le biais de la révolution agraire et dans la création d'une base industrielle capable d'assurer la diffusion du progrès à travers le pays. Ce choix paraît correspondre aux aspirations du peuple algérien au progrès et à la justice sociale pour bannir à jamais l'exploitation et l'injustice éhontée qu'il a subies durant la longue et pénible nuit coloniale. Ce choix semble également être dicté par la volonté de ne pas laisser confisquer les sacrifices du peuple algérien et accaparer les richesses nationales au profit d'une minorité guidée par ses seuls appétits, capable de devenir l'instrument docile du néocolonialisme.
Cette vision confère à l'Etat un rôle central dans tous les domaines. Mais force est de constater que le culte de l'Etat ouvre la voie à toutes sortes de déviations. En effet, le choix du parti unique se traduit au sein du FLN, par le rejet de la compétition et par la transformation du FLN en instrument d'exécution docile de la politique de la faction qui détient le pouvoir.

Le choix du socialisme conduit à l'étatisation de l'économie, à la centralisation et à la concentration du pouvoir de décision dans des cercles fort restreints et fermés. Le contrôle étatique se soucie peu des performances et de l'efficience des entreprises publiques et crée des conditions peu propices à l'initiative, à la responsabilisation et à la participation des cadres et des travailleurs. Un tel environnement encourage l'opacité dans la gestion, le gaspillage, l'opportunisme, la corruption et la médiocrité, devenus plus tard hélas les principales tares qui vont caractériser l'administration et le secteur public économique de l'Algérie jusqu'à ce jour.
- « Les cadres issus du FLN voient dans l'éthique militaire du devoir, dans l'esprit d'organisation, l'efficacité et la discipline, les fondements d'un Etat où chacun se tient au poste qui lui est affecté comme un soldat ou un fonctionnaire. Leur culture politique, empreinte d'intolérance et d'exclusivisme, a été incontestablement influencée par le style de commandement, la rudesse et le paternalisme des notables ruraux dans leurs rapports avec les paysans ». M. Harbi, ibid., p. 179.
- M. Harbi, ibid., p. 180, « – La cohabition forcée entre des factions opposées sur les buts et les moyens [entraîne] en permanence [des luttes] sous les couvertures ; chacun est contraint de déguiser ses actes, de recourir à l'auto-censure ou à la communication oblique. Il va de soi que l'interdiction de l'opposition ne signifie pas la fin des affrontements politiques. »

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oranaisfier

oranaisfier

Il est quand même pas intelligent, il n'avait qu'a mettre le lien sur ce forum, ca lui évitera de faire encore des copies-coller, qui devient une déformation ...professionnelle. En tous les cas, il joue mal son rôle de désinformateur du Makhzen.

oranaisfier

oranaisfier

Un câble diplomatique daté du 4 août 2008 et provenant de l’ambassade américaine à Rabat, a été rendu public par Wikileaks et El Pais. Il y a de nombreux éléments qui ne sont pas nouveaux. Thomas Riley, ambassadeur des Etats-Unis au Maroc de 2003 à 2009 est longuement revenu sur la coopération exemplaire entre les armées des deux pays. Mais il insiste également sur la corruption au sein de l’armée marocaine en citant nominativement un général.

La note commence par quelques appréciations positives. Ainsi l’armée marocaine est en phase de modernisation et surclasserait la plupart des armées des pays africains. Mais les Forces armées royales (FAR) composées de plus de 200 000 hommes, ont encore de nombreux points d’amélioration.
Au-delà de la nécessité de continuer le processus de modernisation de l’équipement militaire, la note secrète pointe du doigt la corruption qui sévit dans l’armée, notamment chez les gradés. Le ton se fait même plus grave avec un intertitre cinglant précédent le paragraphe 9 : « La corruption demeure le principal challenge ».

Lieutenant Général Benanni explicitement cité

Cette fois, la note cite explicitement le cas d’enrichissement d’un haut gradé : « des rapports crédibles précisent que le Lieutenant Général Benanni utilise sa position de Commandant du secteur Sud pour soutirer de l’argent lors de contrats militaires… »

La même note précise que le gouvernement marocain tente de circoncire la corruption au sein de l’armée, « notamment dans les rangs des militaires en formation pour les grades de colonel et en dessous. Mais par contre, peu d’actions sont entreprises pour contrer la corruption dans les rangs des officiers généraux. »

Quand les vieux briscards ne veulent pas lâcher les rênes
Les officiers en âge de partir à la retraite ne veulent pas céder leur place aux plus jeunes, toujours selon cette note secrète, qui parle même de problème de gérontocratie. Cela tient au fait que les officiers proches de l’âge de la retraite ne souhaitent pas partir car ils perdraient les dessous de tables, et une partie de leurs sources de revenus.
Ce problème couplé à la centralisation des décisions militaires au niveau du Palais royal, auraient un impact négatif sur le moral du middle-management de l’armée.

La gendarmerie n’est pas épargnée
L’ex-ambassadeur rapporte dans sa note
secrète une anecdote qu’il qualifie de crédible sur la gendarmerie.
Selon lui, « bien que l’implication du Général Benslimane n’est pas prouvé, les gendarmes affectés aux patrouilles sur route, doivent
s’acquitter d’une somme approximative de 4 000 DH, directement versée à
leurs supérieurs hiérarchiques...» Cette somme proviendrait des bakchichs perçus lors des contrôles routiers. La note précise que « le surplus restant peut être gardés » par les gendarmes eux-mêmes.

http://www.yabiladi.com/articles/details/3821/maroc-wikileaks-revele-note-thomas.html

oranaisfier

oranaisfier

Les Forces armées royales (FAR)

« Au Maroc, l’armée reste une force mal connue, la presse n’en parle
jamais sinon pour exalter son rôle dans la "défense du trône".
Commandée par le roi, qui cumule les titres de chef suprême et de chef
d’état-major général, son budget, lorsqu’il est présenté aux députés, ne
fait l’objet d’aucune discussion. Il est voté tel quel.

Depuis les deux coups d’État fomentés par l’armée au début des années
1970, Hassan II méfiant à l’égard des militaires, les faisait surveiller
par la gendarmerie de l’inamovible général Housni Benslimane. Pas un
déplacement de l’armée n’est passible s’il n’est encadré par les
gendarmes. Et, lorsque des exercices de tirs sont organisés, la
gendarmerie est là qui fait les comptes des munitions utilisées.
"Benslimane est le vrai patron de l’armée", affirme un officier sous
couvert d’anonymat.

Pour ôter à ses généraux toute velléité de coup d’État, Hassan II avait
imaginé une autre parade : les enrichir par l’octroi de fermes
agricoles, de lotissements à bâtir ou simplement en les laissant se
livrer à toutes sortes de trafics juteux. La recette a été efficace.
Grâce aux largesses du roi défunt, à son laxisme, quantité d’officiers
supérieurs ont bâti des fortunes colossales dans l’immobilier,
l’agriculture, la pêche ou l’industrie.

"Des grades au commandement des unités, tout ce qui est source
d’enrichissement rapide s’achète et se vend", accuse un officier
d’infanterie. Les bons de carburant distribués aux unités sont revendus à
l’extérieur des casernes. Des officiers prélèvent leur dîme sur la
nourriture destinée aux soldats. D’autres n’hésitent pas à mettre la
main sur les primes octroyées aux militaires en garnison au Sahara
occidental. Au Maroc où le chômage des jeunes atteint des proportions
catastrophiques, il faut même payer pour pouvoir être enrôlé dans
l’armée. »
Extraits d’un article de Jean-Pierre Tuquoi, Le Monde, décembre 1999.


L’affaire Mustapha Adib

« L'histoire de ce jeune officier d'aviation - il a 31 ans - bien sous
tous rapports commence en octobre 1998. Choqué de voir son
lieutenant-colonel arrondir ses fins de mois en revendant le carburant
destiné à l'armée, il écrit au futur Mohammed VI, alors prince héritier
et coordinateur des bureaux et services de l'état-major. Le prince
ordonne une enquête, qui confirme ses dires. Le lieutenant-colonel
coupable de détournement est poursuivi et condamné. Mais la hiérarchie
militaire, elle, se venge : brimades, humiliations, mutations... Le
jeune capitaine décide, malgré le règlement, d'alerter la presse
étrangère. Son histoire est publiée le 16 décembre dans les colonnes du
Monde. Poursuivi en justice pour "violation des consignes militaires et
outrage à l'armée", il a été condamné, le 17 février, à cinq ans de
prison, au terme d'un procès à huis clos émaillé d'incidents de séance,
mais qui aura eu le mérite de poser - au grand jour - le problème de la
corruption » (L’express mars 2000)

Mutapha Adib a été condamné à la peine maximale par le tribunal
militaire de Rabat (cinq ans d’emprisonnement) au terme d’un procès à
huis clos sans que ses droits à la défense ne soient respectés. La
condamnation a été cassée par la Cour suprême en juin 2000 une première
au Maroc. Un second procès du même style réduit la peine de prison de
moitié en octobre 2000. Comme lors du premier procès, le tribunal a
refusé d’entendre Moustapha Adib ainsi que les témoins de la défense. En
février 2001, la Cour suprême rejète le pourvoi en cassation. Le jeune
officier reste en prison. La hiérarchie militaire a été plus puissante
que la Justice.

En 2000, Transparency International, une ONG spécialisée dans la lutte
contre la corruption, lui a décerné le Prix de l’intégrité 2000, maigre
consolation pour le jeune homme qui a été déchu de son grade et rayé des
cadres de l’armée par le roi Mohammed VI.

Mohammed Adib a été libéré en mai 2002 après avoir purgé sa peine de
deux ans et demi de prison. Il ne sera pas réintégré dans l'armée.

http://www.bibliomonde.com/donnee/maroc-armee-44.html

Tazert



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bacharalkhir

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Hizb frança , Suite IV:
La mainmise sur les structures administratives

L'affrontement des courants politiques et les luttes entre les différentes factions, notamment après la proclamation de l'indépendance, ont fini par lasser des cadres sincères et honnêtes et décourager leurs volontés de résistance et de participation active.

Dès les premières années de l'indépendance, l'écart grandissant entre le discours politique officiel prônant l'égalitarisme, la solidarité et la justice sociale et les réalités économiques et sociales dramatiques vécues ont contribué à discréditer l'Etat et à creuser un fossé entre gouvernants et gouvernés. Tandis que la majorité de la population souffre du chômage, de la pauvreté et de très mauvaises conditions de vie, une minorité de nouveaux venus, aux comportements scandaleux, investissent l'administration et s'enrichissent très vite. Ils profitent du patrimoine devenu « vacant » dans le domaine immobilier (logements, villas, fonds de commerce) ou dans le domaine productif (entreprises de production de biens ou de services) en se servant directement ou à travers des transactions louches et frauduleuses. Il était encore possible entre 1963 et 1964 d'engager les forces vives du pays dans un combat décisif pour assurer l'édification du pays pour sortir progressivement du sousdéveloppement et de la dépendance extérieure.
L'ensemble de ces facteurs politiques, économiques, sociaux et moraux ont contribué à détourner les forces du pays d'un combat décisif qu'il aurait fallu engager rapidement pour assurer l'édification du pays dans la fraternité, et la solidarité et pour l'instauration d'un régime démocratique et pluraliste en rupture avec les hommes, les méthodes et les modes de gestion et de gouvernement de la période coloniale.

Ainsi au lieu de rassembler les cadres, les travailleurs et les citoyens autour de tâches nobles dans l'intérêt général pour promouvoir le progrès économique et social à grande échelle, le régime s'est fourvoyé dans une direction qui a laissé la voie libre aux opportunistes et aux partisans de la présence française en Algérie (hizb França) d'accéder à des postes de responsabilité. La promotion des opportunistes et des pro-français a été facilitée par le fait que la faction qui détient le pouvoir met tout en œuvre pour consolider ses positions en renforçant le contrôle des appareils et en augmentant leurs effectifs par des éléments considérés comme « dociles » et/ou « compétents », en tout cas non dangereux politiquement, parce que faciles à neutraliser. La protection (ou le « parapluie » comme disent les bureaucrates) que leur offre le pouvoir leur assure stabilité et privilèges, renforce leur autorité et leur confère une légitimité. Leur ascension est, par ailleurs, facilitée par l'élimination de cadres patriotes et sérieux, victimes des luttes que se livraient les polices parallèles dépendant de Ben Bella ou de Boumediène73.

- Comme exemple de ce type, je me limite à citer à titre d'illustration un seul exemple dont j'ai été témoin lorsque j'étais Wali de Annaba et membre de la Fédération du FLN de la wilaya de Annaba en 1964.

Un jour j'apprends par des militaires que Hamadache, responsable au sein de la police spéciale (créée par Ben Bella dont la direction a été confiée a Fettal), débarque secrètement à Annaba pour procéder à l'arrestation d'un certain nombre de cadres de l'ex-wilaya II qui exercent diverses fonctions dans l'administration, les assurances, l'organisation des anciens Moudjahidine ou dans l'appareil du FLN sous pretexte qu'ils soutiennent l'opposition armée de Moussa Hassani et Boudiaf. Il se trouve que je connaissais parfaitement ces cadres que je rencontrais régulièrement par ailleurs, j'étais convaincu de leur innocence. La Fédération du FLN m'informe des troubles qui pourraient résulter de leur arrestation. Je prends deux décisions. En premier lieu, je réunis les 4 responsables chargés de la sécurité (le chef du secteur militaire, le responsable de la gendarmerie, le commissaire central de police et le commissaire aux renseignements généraux) et cherche à connaître les griefs de Hamadache. De la réunion, il ressort que les arrestations projetées ne sont nullement fondées. Je leur donne alors l'ordre de procéder à l'arrestation de Hamadache lui-même, pour tentative de trouble de l'ordre public en précisant que j'en porte l'entière responsabilité. Informé par le commissaire de police, Hamadache quitte aussitôt Annaba et s'installe à Constantine d'où il comptait opérer.

En second lieu, j'appelle le président Ben Bella, l'informe de la situation, lui demande d'annuler le projet d'arrestation de cadres innocents et de rappeler à Alger Hamadache. Le président Ben Bella me rappelle à l'ordre en disant que j'étais un haut-fonctionnaire, chargé de l'exécution d'ordres et non un député chargé de la défense des intérêts locaux. J'insiste. Il me convoque à Alger et m'apprend que c'est Abdeslam, un capitaine de la Sécurité Militaire, qui lui a fait un rapport écrit sur ces cadres en suggérant leur arrestation. Il ne m'a pas été difficile de convaincre Ben Bella que c'était un faux rapport. De retour à Annaba, je convoque le capitaine Abdeslam et l'interroge sur les mobiles de son

Cette situation s'est aggravée avant, pendant et après le Congrès du FLN d'avril 1964. Deux questions, entre autres, ont dominé les travaux préparatoires du Congrès à savoir : la primauté du politique sur le militaire et l'épuration de l'administration et de l'armée.

• Primauté du politique sur le militaire
Deux courants s'affrontaient. Les uns soutenant Ben Bella souhaitaient conférer au FLN le pouvoir suprême en soulignant la nécessité de la primauté du parti sur l'armée et l'administration. Les autres se rassemblent autour de Boumediène pour tenir les premiers en échec en s'appuyant sur l'armée et l'administration. Les intrigues contre Ben Bella se multiplient. Les rumeurs aussi. Les cinq premiers mois de l'année 1965 sont caractérisés par une effervescence anormale annonciatrice d'un coup de force imminent au profit d'une des deux fractions. Mais le rôle de l'armée, dominée par des anciens de l'armée française, va être décisif.

• L'échec de l'épuration de l'administration et de l'armée
L'épuration de l'administration des anciens collaborateurs de la France coloniale a été une exigence exprimée par la base militante, reprise à son compte par la direction du FLN. En 1964, le mécontentement à l'égard de l'administration grandit au sein des masses. A part la création des ministères en 1962 et la nomination des walis, les gens ne voient aucun changement notable dans leurs conditions de vie et dans leurs rapports avec l'administration en comparaison avec la période coloniale. A l'époque prévalait l'idée généralement répandue dans la population selon laquelle l'administration était corrompue et dominée par des anciens fonctionnaires en poste durant la période coloniale. L'administration algérienne, d'origine coloniale, restait essentiellement répressive et ne se considérait pas au service des citoyens. D'ailleurs, ceci reste valable faux rapport. Il me répond froidement qu'en tant que militant précédemment basé à Tunis (avant l'indépendance), travaillant avec l'armée des frontières et soutenant Boumedienne, il était de son devoir de faire la chasse aux anciens responsables de la wilaya II qui avaient soutenu le GPRA contre l'EMG en 1962. Le comble, c'est qu'il s'étonne que je puisse prendre la défense de ces innocents, « adversaires » d'hier. Je lui explique que son comportement est inacceptable et le prie de quitter aussitôt les lieux.

à ce jour. C'est pourquoi l'épuration de l'administration de ses éléments véreux était au départ une exigence populaire, avant de devenir une revendication officielle du FLN.
En même temps, les cadres du FLN en fonction en 1964 réclamaient l'épuration de l'armée des ex-officiers de l'armée française pour qu'elle garde son caractère « national et populaire » (ANP) et s'intègre au pouvoir comme organe du parti. Cette revendication a été expressément formulée avec insistance au cours du Congrès du FLN d'avril 1964. On connaît la fameuse réponse aux congressistes de Boumediène dont le discours a duré plus de 4 heures pour s'achever à 5 heures du matin. S'agissant de l'épuration, Boumediène fait monter les enchères pour mieux briser cette revendication. Son argumentation tourne autour de deux points :

• Si vous voulez épurer, dit-il à ce propos, il faut que l'épuration s'étende à tous les secteurs d'activité. Dans ce cas, prenons la hache et allons-y. Seulement qui épure qui ? Et par qui va-t-on commencer ? Est-il réaliste de s'attaquer à de très nombreux Algériens parce qu'ils ont simplement servi dans l'administration française alors que nous sommes aujourd'hui indépendants et qu'ils sont utiles à leurs pays ?

• L'épuration de l'armée ne sert pas les intérêts de l'Algérie (sic). Car si l'on remercie les anciens officiers de l'armée française, l'ANP va se trouver sans personnel d'encadrement compétent et va se trouver dans l'obligation de recourir à l'assistance technique et de recruter des officiers étrangers. Autrement dit, vous nous demandez de remplacer des officiers algériens par des officiers étrangers qui vont, non seulement, coûter financièrement très cher à l'Algérie, mais ne pas servir aussi loyalement notre pays comme des Algériens. Donc le maintien des ex-officiers de l'armée française au sein de l'ANP est une nécessité et une exigence nationales.

Voilà comment le veto de Boumediène met fin une fois pour toutes à une revendication très populaire. Ayant une stratégie de pouvoir, Boumediène comptait sur l'armée pour consolider sa position et pour accéder à la magistrature suprême de l'Etat. Il considérait les ex-officiers et sous-officiers de l'armée française comme un instrument précieux et une garantie pour contrôler l'armée et atteindre ses objectifs politiques.
C'est donc l'armée non épurée qui fait échouer le principe de la primauté du politique sur le militaire réclamé par le FLN et qui s'oppose à l'épuration de l'administration. Hizb França a gagné en 1964 une manche importante dans son entreprise de prise du pouvoir. Le coup d'Etat de Juin 1965, dont Bouteflika était l'inspirateur et les commandants Abdelkader Chabou et Slimane Hoffman étaient les architectes, a sonné le glas de la Révolution et conforté la mouvance d'orientation française dans sa marche rampante vers le contrôle de toutes les institutions du pays et, en particulier, celui des secteurs stratégiques de l'Etat.
C'est ainsi que Boumediène va s'appuyer depuis 1962 sur l'armée, les services de sécurité et la bureaucratie civile (ministère de l'Intérieur et ministères économiques) pour asseoir son autorité, puis son régime notamment après le coup d'Etat de juin 1965Le Mouvement Algérien des Officiers Libres
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oranaisfier

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Tazert a écrit:Hors sujet.

Je te préviens que tu seras banni, si tu persistes à débattre en ayant recours à des propos obscènes et insultants.

Merci de votre compréhension

Mon cher Abdeljalil, tu ne vois l'insulte que d'un seul coté.

bacharalkhir

bacharalkhir

oranaisfier a écrit:[
Mon cher Abdeljalil, tu ne vois l'insulte que d'un seul coté.
-Le côté algérien en fait.

oranaisfier

oranaisfier

C'est que je disais, il ne voit que le coté algérien en fait !

bacharalkhir

bacharalkhir

oranaisfier a écrit:C'est que je disais, il ne voit que le coté algérien en fait !
Tu ne le disais pas,mais tu le hurlais d'une manière virulente, sans répercussion aucune,puisque tu n'a jamais réalisé ce que tu vociférais...

bacharalkhir

bacharalkhir

Hizb frança : Suite V
La conquête des secteurs stratégiques et leur verrouillage
Avant d'aborder les aspects pratiques de la conquête du pouvoir par les bureaucrates francophones après l'indépendance formelle de l'Algérie, il convient de préciser le concept de hizb França ainsi que sa portée dans le contexte contemporain.
Les intellectuels francophones ne font pas tous forcément par-tie de hizb França. En effet, de nombreux intellectuels francophones comme par exemple Malek Haddad, Mohammed Harbi, Malek Bennabi etc. appartiennent à divers courants de pensée qui vont du communisme à l'islamisme en passant par le nationalisme. Ils ont pris leurs distances, chacun à sa manière, de l'Etat et de sa technostructure.
Quant à hizb França, il comprend d'anciens officiers de l'armée française, des hauts fonctionnaires et des intellectuels de différentes professions libérales (médecins, avocats, enseignants, entrepreneurs, etc.). Ils ont en commun l'attachement à la France et au mode français de vie et de pensée, considéré par eux comme modèle de référence. Ce phénomène est en fait le produit de la politique française qui, depuis la conquête de l'Algérie au XIXème siècle, avait encouragé la formation d'élites algériennes pour servir de courroie de transmission entre le pouvoir colonial et le peuple algérien en vue d'encadrer les populations et de leur « transmettre les impulsions de l'autorité. L'armée et l'école françaises avaient plus ou moins profondément acculturé ces élites à la nation dominante qui leur réservait un statut privilégié au-dessus de leur peuple74 ».
Le « parti français » n'est pas un parti organiquement structuré au sens traditionnel du terme, mais constitue une nébuleuse qui milite pour l'attachement de l'Algérie au modèle culturel français et pour la francophonie, devenue une idéologie au service du néocolonialisme.
74 Guy Perville, Les étudiants algériens de l'université française, 1880-1962, cité par M. Hamoumou, Et ils sont devenus harkis, op. cit., p. 63.
La longue présence française, plus d'un siècle et quart en Algérie, ainsi que la stratégie arrêtée et mise en œuvre par la France entre 1958 et 1961 pour promouvoir l'Algérie au statut néocolonial et la maintenir sous sa domination ont considérablement renforcé hizb França (le parti français) et ont contribué à miner dangereusement l'indépendance du pays.
C'est ainsi que, après l'indépendance, hizb França n'a eu aucun mal à s'installer dans les rouages de l'Etat tant dans l'administration centrale (ministères) et régionale (wilayate, communes) que dans l'ensemble des secteurs économiques (agriculture, industrie, banques, douanes, services). L'étatisation de l'économie et les nationalisations intervenues à partir de 1966 ont facilité l'extension de la sphère d'influence de hizb França. Ceci constitue une occasion pour les bureaucrates formés au moule colonial de s'engager dans les projets étatiques dans tous les secteurs d'activité.
- L'émergence de la technostructure dans l'Algérie indépendante
Au sommet de l'Etat, les responsables politiques ne se préoccupent que de leur maintien au pouvoir en refusant l'idée de l'alternance du pouvoir dans un cadre démocratique. Ils tiennent leur légitimité de la participation ou de la fréquentation de la Révolution. Ils ne disposent ni d'orientation idéologique claire, ni de projet de société, ni de programme politique précis. Ils se contentent d'imposer au nom du nationalisme le projet industrialiste (à partir de la seconde moitié de la décennie 1960) en s'appuyant sur la technostructure qui se trouve être francophile. Pour combler leur déficit de légitimité, pour consolider leur statut social et pour bénéficier ou préserver des privilèges de toutes sortes, les bureaucrates et les technocrates ont incontestablement constitué les agents actifs du pouvoir.
La nature dirigiste, étatiste, autoritaire et paternaliste du régime algérien depuis l'indépendance a non seulement ouvert la voie à la médiocrité et à l'opportunisme, mais a généré un climat d'indiffé
rence et de démobilisation des masses et d'un bon nombre de cadres intègres et compétents au fil des années. Ceci a conduit à une double césure : coupure entre les bureaucrates et technocrates et la société algérienne d'une part et création d'un fossé grandissant entre gouvernants et gouvernés d'autre part. Le divorce entre ces bureaucrates et le peuple algérien traduit la rupture entre la culture populaire ancrée sur la civilisation arabo-musulmane et la culture des bureaucrates formés par l'école française ou par l'administration (plutôt répressive) ou l'armée coloniale75.
Par ailleurs, le rôle du bureaucrate est, par intérêt, de servir de hauts responsables en justifiant le pouvoir en place et en défendant sa légitimité. Ainsi, dans une société dépourvue d'espaces de liberté, les pratiques administratives et politiques non démocratiques contribuent à accroître l'exclusion et al-hogra c'est à dire le mépris des citoyens par les bureaucrates et les représentants de l'Etat. On arrive ainsi à une situation curieuse où ce n'est pas l'administration qui est au service du citoyen comme cela devrait être le cas, mais c'est le citoyen qui est à la merci du bureaucrate. Ce qui ouvre la voie à la corruption, aux passe-droits (qui défient le droit et la justice), à l'impunité et à toutes sortes d'injustices. L'ensemble de ces facteurs a conduit à l'effondrement du respect de l'autorité de l'Etat dès le milieu des années 1970 comme nous allons le voir plus loin.
Maintenant, nous allons examiner de plus près comment Boumediène a contribué à stabiliser la bureaucratie pour renforcer son pouvoir, puis comment hizb França a réussi à s'installer dans l'ensemble des secteurs stratégiques pour conduire l'Algérie dans la situation catastrophique que nous connaissons aujourd'hui à la fin du XXème siècle.
Le Mouvement Algérien des Officiers Libres
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