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Misère de l'intellectualisme

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1Misère de l'intellectualisme Empty Misère de l'intellectualisme Sam 13 Sep - 21:35

admin"SNP1975"

admin
Admin

Misère de l'intellectualisme
par Lahouari Addi
Misère de l'intellectualisme Spacer
1ère partie

Le Soir d'Algérie a abrité, en juillet et août derniers, un débat sur la construction de l'Etat en relation avec le mouvement national et le rôle de l'armée dans cette construction. La dernière contribution dans ce quotidien, signée Tarek Allaouache, datant du 21 août et répondant à la mienne parue dix jours auparavant, dénie à ma position toute scientificité et se pare d'une posture qui ne cache pas un parti pris idéologique en faveur du régime.

Derrière un intellectualisme pédant, M. Allaouache défend trois positions que je vais exposer brièvement en le citant pour ne pas dénaturer sa pensée. Le premier argument développé est que mon analyse repose sur « la domination supputée ou postulée des services de renseignement algériens sur l'appareil d'Etat », analyse menée « sur des sources invérifiables et sur des vérités que chacun sait et que personne ne peut vérifier ». Je serais, par conséquent, obsédé par le DRS, produit par mon imagination : « [Addi] contribue à construire le mythe du DRS et du pouvoir pour mieux l'abattre » ! A travers une lecture symptômale de mes écrits, M. Allaouache conclut que « au nom de la morale et de mes convictions politiques, je n'aime ni les services de renseignement algériens, ni le gouvernement du pays que j'accuse d'être une façade ». Mon procureur de fortune avoue même admirer « mon culot et mon audace intellectuels qui essaient de maquiller en procès politique et moral intenté aux militaires algériens en science ». M. Allaouache n'accepte pas que le pouvoir soit critiqué du point de vue scientifique ni moral, parce que d'une part, il doute que le « pouvoir ... corresponde à quelque chose de réel » et d'autre part « il confesse son incompétence crasse dans la détermination de ce qui peut être moral dans une société comme la nôtre... ». Il faut rester muet et vivre sa vie à Lyon ou Nantes car le pouvoir ne peut être critiqué ni scientifiquement (il n'existe pas) ni moralement (de quel droit). Souhaiter des réformes démocratiques, c'est faire preuve de naïveté car M. Allaouache « pense que la démocratie n'est ni la seule forme d'organisation politique possible ni, dans l'état actuel des choses, la plus souhaitable pour notre société ». Surtout que « l'Occident n'est ni plus moral ni plus libre que nous ». Et « nous ne sommes pas obligés d'emprunter [sa] religion : l'humanisme démocratique ». Et de toute façon, poursuit M. Allaouache, Lahouari Addi escamote le vrai enjeu en Algérie qui est celui du « monopole de l'étatisation légitime dans une société globalement rétive à l'institutionnalisation rationnelle-légale ». En résumant, M. Allaouache a essayé de montrer que le DRS est un mythe, la société algérienne refuse la construction étatique menée par le pouvoir; elle refuse aussi la démocratie qui est un leurre. Sous une forme pompeuse, la montagne critique accouche d'une souris idéologique. L'intellectualisme est une pathologie de la pensée qui se fige dans des problématiques théoriques coupées de la réalité sociale.

Je vais répondre à l'article en question, dans la tradition universitaire et sans polémique, en mettant l'accent sur quatre éléments soulevés directement ou indirectement et qui concernent de près la vie sociale en Algérie. Le premier est celui de l'importance des sciences sociales dans le développement d'une nation, importance liée à la nécessité de répondre aux questionnements du public à travers la construction d'un objet réel constitué de pratiques. Le second est relatif à la conception du politique, dominante en Algérie, partagée aussi bien par les militaires que par les citoyens qui votent pour les partis islamistes. Le troisième élément soulève la question de l'éthique, fondamentale dans l'institution pacifique de rapports sociaux liant des personnes en dehors de liens familiaux ou lignagers. L'homme est un être moral qui sait distinguer le bien du mal, pour peu qu'il ait conscience de ses pratiques. Enfin, le quatrième élément, lié au précédent, est ce mythe à la vie dure qu'est le relativisme culturel qui veut que les groupes humains sont marqués à jamais par une culture dont ils demeurent prisonniers.



Le rôle des sciences sociales



Le défaut de l'article de Allaouache est qu'un aspect essentiel est oublié : la sociologie est une science empirique et a un objet empirique. Que cet objet soit construit par des problématiques appropriées et des concepts analytiques ne signifie pas que ces problématiques se substituent à lui. La sociologie n'est pas un exercice livresque, ni une démonstration pédante pour salonnards ; c'est une production théorique menée sur la base de l'observation des pratiques quotidiennes relatives à l'objet construit et délimité. Le domaine du sociologue n'est pas seulement la bibliothèque, encore moins les salons; c'est la rue, c'est le complexe d'El-Hadjar et autres espaces publics où se produit et se reproduit l'interaction sociale. C'est ce que les anthropologues appellent le fieldwork, le travail de terrain, en contact direct avec les pratiques sociales, dont les rapports avec l'administration sont un aspect. Evidemment, il ne suffit pas d'observer la rue pour produire une analyse sociologique, car il est nécessaire de construire l'objet, c'est-à-dire de détacher de la diversité et de la richesse de l'activité sociale l'aspect sur lequel porte l'investigation, et de l'approcher avec des concepts, à inventer ou à emprunter, qui neutralisent les préjugés du sens commun. Dans le débat qui m'a opposé à Chafik Mesbah, il y a un objet concret : le pouvoir d'Etat en Algérie, sa structure, son lien avec le mouvement national, ses crises, sa légitimité. Le pouvoir, sous ses aspects institutionnels et non institutionnels, est l'objet principal de la sociologie politique qui réfléchit sur les rapports d'autorité et les formes qu'ils prennent selon les systèmes sociaux dans le passé et dans le présent. Allaouache semble avoir des difficultés à définir le pouvoir, à la réflexion duquel des auteurs comme Machiavel, Hobbes, La Boétie, Montesquieu, Locke, Rousseau, Weber, Foucault, Crozier, etc. ont apporté des contributions décisives. Mais ce qu'il faut souligner, et qui semble échapper à Allaouache, c'est que ces problématiques ne sont pas des épures théoriques, des constructions d'idées détachées du réel. Elles renvoient toutes à des expériences historiques singulières, notamment de pays européens construisant l'Etat ou cherchant à rendre compte de son articulation (ou de sa non-articulation) à la société. Machiavel a exprimé la conscience de l'autonomie du pouvoir par rapport à la morale, à une période où l'Europe inaugurait le début de la séparation du politique et du religieux; Hobbes a attiré l'attention sur son enracinement dans la société par le contrat; Montesquieu se souciait de l'hégémonie du pouvoir et de la nécessité de le limiter; Weber a dressé une typologie en fonction des systèmes sociaux, etc., etc. Bref, la problématique théorique a un contenu historique lié aux changements des conditions de la vie sociale et des mutations intellectuelles qui les accompagnent. Les débats d'idées en Europe, qui ont culminé avec Les Lumières, ont accompagné les profondes mutations de la société, marquées par l'émergence de la bourgeoisie qui a lutté contre l'absolutisme du pouvoir politique pour mettre l'Etat au service de la rationalité économique qui lui profitait en tant que détentrice du capital.

Les sciences sociales ont pour vocation de casser le caractère routinier de nos croyances et nos pratiques, pour dire qu'elles ont un contenu historique et qu'elles peuvent entrer en contradiction avec nos aspirations du moment. De ce point de vue, les sciences humaines et sociales participent à l'éveil des consciences et permettent aux hommes de mieux maîtriser leur destinée. Pierre Bourdieu écrit dans Questions de sociologie « une loi ignorée est une nature, un destin; une loi connue apparaît comme la possibilité d'une liberté » (p. 46). Parce que, poursuit-il, lorsque la sociologie dénaturalise les croyances et les pratiques sociales, elle défatalise en même temps. La connaissance du fait social est déterminante pour le développement de la société en ce qu'elle élève le niveau intellectuel de la population et fournit les éléments cognitifs avec lesquels les composantes du mouvement social forgent leurs projets et leurs revendications. Le rôle de l'universitaire dans cette entreprise est celui du passeur d'idées et d'analyses pour sortir du manichéisme moral qui divise la société en bons et en méchants. Mais il faut que l'universitaire ne s'isole pas dans une tour d'ivoire, utilisant des concepts abstraits en se délectant dans un pédantisme et une préciosité d'où il croit puiser son statut de savant. Ce qui caractérise un intellectuel, ce n'est ni le discours savant ni l'abstraction spéculative; c'est plutôt la rigueur du raisonnement, connectée à un objet concret et aux questionnements de l'heure du grand public. Si nous enfermons le débat dans une spéculation intellectualiste qui n'a pas de rapport direct avec les questionnements du grand public, nous desservons notre cause qui est celle d'injecter des connaissances scientifiques dans la culture générale de la population. Il faut probablement mettre le retard des pays arabes en rapport avec l'absence de philosophes, de sociologues, d'historiens, de psychanalystes, de linguistes... de stature internationale. Et si la presse en Algérie, pourtant l'une des meilleures dans le monde arabe, est pauvre intellectuellement, c'est parce qu'il n'y a pas une université nationale productrice de savoir où les journalistes viendraient puiser et qu'ils présenteraient dans leurs styles aux lecteurs.

Dans mes différents travaux de sociologie, j'ai construit un objet : le pouvoir d'Etat en Algérie. Je ne l'ai pas fait sur la base de rumeurs comme l'écrit Allaouache. J'ai pris en compte l'évolution politique du pays de l'indépendance à nos jours et les politiques publiques qui y ont été décidées et appliquées; j'ai reconstitué, comme dans un puzzle, les différents éléments de la vie officielle de l'Etat pour découvrir une logique interne à ce pouvoir d'Etat : il est marqué par une structure double qui prend son origine dans l'histoire du mouvement national. L'opposition entre l'OS et le MTLD officiel est reproduite par l'antagonisme entre l'état-major de l'ALN et le GPRA. Ils préfigurent le coup d'Etat du 19 juin 1965, la désignation de Chadli Bendjedid par la Sécurité militaire en décembre 1978, le départ de celui-ci sous la pression de 180 officiers supérieurs qui ont signé une pétition dans ce sens, la démission de Liamine Zéroual qui avait refusé l'opacité des accords entre le DRS et l'AIS en été 1997, et enfin la faiblesse de Bouteflika qui disait en personne qu'il ne voulait pas être un ¾ de président. Ce ne sont pas là des rumeurs; ce sont des faits, et dont la conséquence est l'absence de l'autorité de l'Etat que subit le citoyen qui s'est réfugié tantôt dans la passivité, tantôt dans l'émeute.

L'Algérie vit une crise profonde des rapports d'autorité qu'il est inutile de cacher, et le citoyen ne sait pas qui détient l'autorité au sommet de l'Etat. Il est vrai que le système politique algérien est opaque (et cette opacité sert à cacher la double structure du pouvoir), mais ce système vit et émet des signaux qui sont des informations. C'est sur la base de ces symptômes que le chercheur en sciences politiques peut reconstituer la logique d'ensemble du système, en commençant par observer et questionner le rapport d'autorité à la base, dans l'administration locale. « Qu'est-ce qu'un rapport d'autorité » ? Comment se définit un tel rapport ? C'est un mode d'obtenir l'obéissance sans usage de la force physique, dit la sociologie politique. Par quel miracle cela se produit-il ? Machiavel dit par la force, la ruse et la corruption; Hobbes dit par le contrat social; La Boétie dit par la servitude volontaire des administrés; Marx dit par la domination de l'argent; Weber dit par le charisme dans les sociétés traditionnelles et par une bureaucratie exerçant l'autorité légale-rationnelle dans la société moderne, etc. Où en est l'Algérie dans tout cela et quel est l'auteur qui serait le plus utile ? Probablement tous, mais il faudrait recourir à l'histoire de l'Algérie, sa sociologie, son économie... A suivre





* Professeur de sociologie à IEP de Lyon


http://www.marocainsdalgerie.net

2Misère de l'intellectualisme Empty Notre cuisine. Dim 30 Nov - 18:32

Sidhoum

Sidhoum

"Un peuple n’a que les gouvernants qu’il mérite", ce sont la, les mots d’un grand homme Français. Devant mon acharnement a vouloir un meilleur futur pour l’Algérie et le Maghreb, mon ami Sillas m’a ramené à la réalité de notre monde cruel. Sa réponse, que je veux partager avec vous, fut la meilleure réponse que j’ai eu durant toutes mes discussions sur "notre cuisine" sur Nouvel Observateur:

Sillas - Alger -

Notre cuisine

Nous sommes très contents que ce soit Sidhoum qui est témoin de notre déclin et de notre chaos voulus et programmés par nos dirigeants pour se maintenir au pouvoir par la propagation du fondamentalisme et de l'Intégrisme. Comme si c'était le cas dans un pays Arabe où l'on croit qu'il faut tant de stratagème et de calcul sordide pour se maintenir au fauteuil. Comme si, il y avait une culture d'alternance du pouvoir où de démocratie depuis un siècle. En plus, avec la moitié de la population qui est analphabète et le tiers de l'autre moitié inculte. Où le culte du Chef prime sur toute considération, et plus il est sanguinaire, et plus il est vénéré et respecté. Le modèle de démocratie de l'Occident est considéré comme de la faiblesse, un objet du désordre et surtout un facteur de l'éclatement des tribus, c'est-à-dire le ciment des alliances de l'ensemble des Arabes, et la perte de leur identité. Et ceux qui font référence à cette nouvelle forme de gouvernance sont des lâches et des impies à leurs yeux. Donc arrêtons de nous faire des films, de philosopher où d'épiloguer sur des rêves et des fantasmes concernant les libertés Européennes que l'on veut singer, alors qu'ils ne sont que dans l'imagination de 2% de la population Arabe (exilée) mais rejeté par le reste de la populace du monde Arabe. Quant aux Arabes musulmans (sunnites où chiites), ils aspirent pour la plupart d'entre eux d'aller au Paradis sous le talon de leur Chef ou de leur l'Emir autoproclamé, même avec un ventre vide et aucun avec de la démocratie impie même le ventre plein. L'essentiel, c'est la dévotion et la soumission et surtout faire partie de la Tribu pour appliquer ses règles et ses conditions comme disait Ibn Khaldoun. C'est cela le principe même d'un Etat Arabe moderne depuis leur âge d'or auquel, ils font référence tout le temps depuis leur déclin. Le reste n'est que supputation et délire. Sinon comme je l'ai déjà dit ou comme vient de le dire notre Chef adulé, il faut changer le Peuple. Et tant que nous sommes Musulman, on est toujours soumis, c'est le principe même de cette religion, le reste n'est que palabre car on ne peut rien contre la foi, même pas votre soi-disant démocratie qui est bien au-dessous des versets sataniques pour nos fondamentalistes et même nos modérés. Malheureusement, c'est cela notre problème majeur, vos élucubrations ne reflètent pas la réalité, ni les aspirations du monde Arabe en général et notre cher pays l'Algérie en particulier.

boujema kharraj



Sociologiquement parlant
Il n' y a pas encore d'etat ni au Maghreb ni dans le monde arabe et musilman...
Un etat a une raison d'etre fondamentale : Pouvoir
Aucune des quatre formes du pouvoir n'est encore institutionalisée.
Nos états appartiennent à des personnes et à des familles et non au droit législateur de la raison d'etre.

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