Le Maroc aussi est rongé par la corruption et oxydé de misère
Un printemps en hiver. C'est le titre que Tahar Ben Jelloun donne à son billet dans Le Monde
du 23 janvier. Il nous dit que la révolution tunisienne est un peu
comme un printemps qui vient réchauffer l'Afrique du Nord , terre
depuis longtemps gelée par quelques dictateurs corrompus alors qu'elle
est si riche. Et de tancer, à juste titre les Etats corrompus
d'Algérie, de Lybie ou d'Egypte, maillons rouillés d'une chaine
fragile. Là, le pouvoir, vermoulu par l'argent, maintenu par l'armée
ou ivre de mégalomanie, a asservi son peuple. Un peuple pourtant
merveilleux qui ne mérite pas qu'on lui vole tout et en particulier ce
qui pourrait l'affranchir. Ce que Tahar Ben Jelloun écrit est beau, bien
dit et tellement vrai. Une vérité qui saisit parce qu'elle est
rapportée avec les tripes, avec la rage qu'animent le vécu et la
douleur de voir souffrir ses frères.
Manque pourtant à la table des potentats un invité royal. Le
quatrième maillon. Tout aussi rouillé que les trois autres. Là-bas,
tout à l'ouest sous les embruns de l'Atlantique. Petit il est vrai à
côté de son géant de voisin, le royaume chérifien n'en est pas moins
rongé par la corruption et oxydé de misère. Son peuple, si
merveilleux, pétri d'histoire, pétillant d'intelligence, ne mérite pas
plus que d'autres d'être maintenu dans la pauvreté et dans la peur par
un système hors d'âge. Sur cette terre de soleil, la pauvreté
s'infiltre, l'humiliation brise, alors que l'arbitraire fait taire. Et
nous ne voyons rien. Il est vrai que tout est soigneusement caché
derrière un voile de parades clinquantes, d'hôtels paradisiaques, de
golfs luxuriants, de Riads aux piscines illuminées où s'ébrouent des
naïades à faire baver l'Europe. Comment imaginer alors que derrière ce
mirage se cache la réalité d'une frustration immense jugulée par la
terreur ? Tahar Ben Jelloun connait cette souffrance. Il ne peut
ignorer que les dorures ne pourront cacher longtemps la rouille et que
là-bas aussi tous les ingrédients sont réunis pour que tout explose un
jour. Mais nul n'est prophète en son royaume.
Karim Boudjema, professeur à l'hôpital Pontchaillou de Rennes
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Un printemps en hiver. C'est le titre que Tahar Ben Jelloun donne à son billet dans Le Monde
du 23 janvier. Il nous dit que la révolution tunisienne est un peu
comme un printemps qui vient réchauffer l'Afrique du Nord , terre
depuis longtemps gelée par quelques dictateurs corrompus alors qu'elle
est si riche. Et de tancer, à juste titre les Etats corrompus
d'Algérie, de Lybie ou d'Egypte, maillons rouillés d'une chaine
fragile. Là, le pouvoir, vermoulu par l'argent, maintenu par l'armée
ou ivre de mégalomanie, a asservi son peuple. Un peuple pourtant
merveilleux qui ne mérite pas qu'on lui vole tout et en particulier ce
qui pourrait l'affranchir. Ce que Tahar Ben Jelloun écrit est beau, bien
dit et tellement vrai. Une vérité qui saisit parce qu'elle est
rapportée avec les tripes, avec la rage qu'animent le vécu et la
douleur de voir souffrir ses frères.
Manque pourtant à la table des potentats un invité royal. Le
quatrième maillon. Tout aussi rouillé que les trois autres. Là-bas,
tout à l'ouest sous les embruns de l'Atlantique. Petit il est vrai à
côté de son géant de voisin, le royaume chérifien n'en est pas moins
rongé par la corruption et oxydé de misère. Son peuple, si
merveilleux, pétri d'histoire, pétillant d'intelligence, ne mérite pas
plus que d'autres d'être maintenu dans la pauvreté et dans la peur par
un système hors d'âge. Sur cette terre de soleil, la pauvreté
s'infiltre, l'humiliation brise, alors que l'arbitraire fait taire. Et
nous ne voyons rien. Il est vrai que tout est soigneusement caché
derrière un voile de parades clinquantes, d'hôtels paradisiaques, de
golfs luxuriants, de Riads aux piscines illuminées où s'ébrouent des
naïades à faire baver l'Europe. Comment imaginer alors que derrière ce
mirage se cache la réalité d'une frustration immense jugulée par la
terreur ? Tahar Ben Jelloun connait cette souffrance. Il ne peut
ignorer que les dorures ne pourront cacher longtemps la rouille et que
là-bas aussi tous les ingrédients sont réunis pour que tout explose un
jour. Mais nul n'est prophète en son royaume.
Karim Boudjema, professeur à l'hôpital Pontchaillou de Rennes
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