Reveillez vous .On est à l'epoque de Mohamed VI et non celle de HASSAN II.
Mohamed VI, 45 ans, fêtera neuf ans de règne Magazine Challenges | 29.05.2008 Hassan II disait de son fils : «Lui, c'est lui, moi, c'est moi.» Dont acte. Devenu roi il y a neuf ans, Mohammed VI applique un nouveau style, plus libéral, à la monarchie marocaine. «Le trône des Alaouites est sur la selle de leurs chevaux», a dit un jour Hassan II à son fils. Mohammed VI, 45 ans, qui fêtera le 30 juillet neuf ans de règne, ne l'a pas oublié. Même si le jeune souverain a troqué le pur-sang arabe de ses ancêtres pour une grosse berline à toit ouvrant dans laquelle il sillonne sans relâche le royaume, inaugurant ici un hôpital, là une gare ou un orphelinat. «Au début de son règne, Hassan II se déplaçait tout autant, rappelle un haut commis de l'Etat qui connaît bien les deux hommes. La différence, c'est qu'il voyageait pour soumettre ses vassaux, pour contrôler les provinces rurales rebelles... Son fils le fait davantage en contremaître pour vérifier l'état des chantiers qu'il a entrepris.» Héritier d'une dynastie Comme ce 12 mai quand il visite le barrage Yacoub-el-Mansour dans la région de Marrakech. Sans garde du corps, le roi sort de sa voiture pour serrer les mains des centaines de badauds en liesse rassemblés sur son passage. Costume sombre, lunettes noires, tout sourires : on croirait Nicolas Sarkozy en campagne. Là s'arrête la comparaison. Mohammed VI n'est pas qu'un chef d'Etat, c'est un monarque de droit divin pour qui le temps n'a pas le même sens; sultan et Amir al-Mouminine, commandeur des croyants, représentant et héritier d'une dynastie au pouvoir depuis quatre siècles. En 2005, au cours d'une visite du jeune roi en Espagne, un journaliste du quotidien El Pais l'interroge : «Qu'est-ce qui a changé sous votre règne par rapport à celui de votre père ?» «Probablement le style, répond-il. Mon père disait à mon sujet : «Lui, c'est lui, et moi, c'est moi.» Chacun a sa manière particulière de travailler. Mais l'important c'est l'objectif. Je sais où je veux aller. Mon père, que Dieu l'ait en sa sainte miséricorde, le savait aussi.» Fan de Johnny Le style ? S'il s'est un peu assagi, fonction oblige, Mohammed VI a gardé le mode de vie du temps où il était prince héritier. Il ne réside pas au palais royal Dâr-al-Mahkzen de Rabat, mais dans une villa, avec sa femme, Lalla Salma, 30 ans, qu'il est le premier souverain alaouite à présenter publiquement à ses sujets, et ses deux enfants, Moulay Hassan, 5 ans, et Lalla Khadija, 1 an et demi. Dès qu'il peut s'échapper des obligations royales, Mohammed VI fi le sur la côte gadirie, ou au large de sa résidence de Mdiq, dans le Nord, faire du scooter de mer, sa passion, au point d'être surnommé «Majetski» par ses critiques; il n'hésite pas à s'afficher avec son idole Johnny Hallyday, avoue «aimer la musique commerciale» et cultive un fort penchant pour les sportives rutilantes, qu'il conduit à toute allure. «Plus personne ne s'étonne de le voir passer sur la corniche à tombeau ouvert quand il descend à Casa», raconte ce financier revenu au pays après des études en France. Comme de nombreux jeunes Marocains aisés, il se trouve en phase avec son souverain. «Ici, il vaut mieux ne pas être malade, ne pas avoir de problème avec la justice et gagner de l'argent pour envoyer ses enfants étudier à l'étranger, mais malgré tout, les choses bougent. Pas assez vite peut-être, mais on vient de loin», résume-t-il. A l'image des nouvelles routes, des tours et des villas qui fleurissent partout, «M6» a insufflé une nouvelle dynamique au pays, plus jeune, plus moderne, plus entreprenant. Ceux qui doutaient des capacités à diriger de Smit Sidi, le «petit monsieur» comme on surnomme affectueusement le gamin en djellaba que les Français découvrent aux obsèques de Georges Pompidou à Notre-Dame au côté de Michel Jobert, ont dû se rendre à l'évidence : c'est lui qui gouverne. Trop même, glisset-on dans les cercles politiques. Le souverain alaouite reste une énigme pour la plupart de ses sujets il n'a donné aucune interview à la presse marocaine en neuf ans -, mais il s'est défait de cette image de garçon fragile, meurtri par une éducation autoritaire dont il échappait lors de virées à Paris, Londres ou New York, en compagnie de son frère cadet Moulay Rachid et de sa soeur aînée, Lalla Meryem, avec laquelle il garde des liens étroits. Politiquement affranchi «Hassan II avait préparé le terrain du changement, son fils a su imposer son rythme et sa propre identité», dit un proche conseiller. Se sachant malade, obligé de lâcher du lest pour préserver son trône, Hassan II a montré la voie de la transition démocratique à la fi n de son règne en nommant le vieil opposant socialiste Abderrahmane Youssoufi au poste de Premier ministre. Mohammed VI l'y a mainte nu. Il est allé plus loin, en limogeant dès novembre 1999 Driss Basri, le ministre de l'Intérieur de son père qui incarnait les années sombres de l'ancien régime. Il a aussi permis à cheikh Yassine, contestataire islamiste, de s'exprimer. La reconnaissance de la cause berbère à travers le manifeste amazigh en 2000, l'adoption en 2004 d'un Code de la famille moderne en faveur des femmes (la Moudawana), la création de l'instance Equité et Réconciliation chargée de faire la lumière sur les disparitions et les détentions survenues sous le règne de Hassan II sont autant d'actes symboliques qui marquent les premières années au pouvoir de Mohammed VI et font entrer le Maroc dans une nouvelle ère. «Une manière de tuer le père, même si, depuis, on a le sentiment que les avancées de la société civile sont au point mort», note un ancien ministre. Le Maroc est désormais bien engagé dans la voie démocratique, après deux scrutins législatifs libres en 2002 et en 2007, mais il n'est toujours pas question de monarchie parlementaire. «Ceux qui pensaient que Mohammed VI allait devenir un Juan Carlos marocain n'ont rien compris du Maroc ni de son souverain», confie un proche du premier cercle du palais. Dans une des rares interviews accordées à la presse, en 2001, au Figaro, le souverain s'indigne : «Juan Carlos, je le respecte et je l'aime beaucoup, mais la monarchie espagnole n'a rien à voir avec la monarchie marocaine. Les Marocains veulent une monarchie forte, démocratique et exécutive.» Passionné par l'économie Ainsi, la Constitution marocaine, révisée en 1996 pour la doter d'un Parlement à deux chambres dont l'une élue au suffrage universel -, confère à son dirigeant un pouvoir absolu sur les Affaires étrangères, la Défense, la Sécurité publique, les Affaires religieuses et la Justice. C'est le roi qui nomme par dahir (décret royal) le Premier ministre, dont les bureaux font face à ceux du cabinet royal dans l'enceinte du palais, ainsi que les ministres et la plupart des fonctionnaires d'autorité. Moins présent sur la scène internationale que Hassan II «plutôt Taza que Gaza», dit-il -, au point que certains lui reprochent son absence de vision, Mohammed VI s'implique en revanche beaucoup plus dans les affaires économiques du royaume. Chef d'Etat, mais aussi premier entrepreneur et premier banquier du royaume à travers l'ONA, holding royal qui contrôle 60% des valeurs boursières de Casablanca, il suit de près la privatisation de Maroc Telecom, la cash machine du pays, et sa prise de contrôle par le français Vivendi. Il veille aussi aux avancées de l'ambitieux plan Azur et à ses nouvelles stations balnéaires qui doivent accueillir plus de 10 millions de touristes en 2010. Il est aussi à l'origine de la construction, par Bouy gues, du nouveau port de la ville de Tanger (lire page 70) dont il rêve de faire une nouvelle porte de la Méditerranée. «C'est lui qui donne l'impulsion du changement, assure Jean-René Fourtou, président du conseil de surveillance de Vivendi. Il suffi t de le rencontrer : un physique imposant, grand, puissant, c'est l'autorité incarnée. Avec lui, pas de temps perdu, on parle développement économique et avenir du royaume.» | |
Dernière édition par Admin le Jeu 29 Mai - 22:27, édité 1 fois