ISRAËL-LIBAN • L'étrange itinéraire de Samir Kuntar | |||||||||
La libération du plus ancien détenu libanais en Israël, dans le cadre d'un échange de prisonniers entre l'Etat hébreu et le Hezbollah, a été accueillie avec joie au Liban. Le site Elaph brosse son portrait. | |||||||||
Kuntar est né en 1962 dans la région [druze] d'Aley, dans la montagne libanaise. Son père avait pris une seconde femme, celle que les médias présentent comme sa mère et montrent avec une photo de lui. En réalité, il a connu une enfance et une adolescence difficiles et a quitté la maison familiale pour rejoindre, à 15 ans seulement, un des groupes armés qui proliféraient alors au Liban pour devenir membre du Front de libération de la Palestine (FLP), dont le chef, Mohammed Zaïdan, a fini dans une prison américaine d'Irak après la chute de Saddam Hussein. Kuntar est arrêté une première fois le 31 janvier 1978 par les services de renseignements jordaniens au moment où il tente de franchir la frontière israélo-jordanienne avec deux autres membres du FLP afin de s'emparer d'un autocar israélien dont ils comptent échanger les passagers contre des prisonniers libanais. Relâché au bout de onze mois, il s'installe au Liban. Le 22 avril 1979, avec trois autres membres du FLP, il quitte le Liban par la mer à bord d'un Zodiac pour s'infiltrer en Israël. Arrivés sur la côte qui borde la ville de Nahariya, ils ouvrent le feu sur une voiture de police et tuent un des agents. Puis ils prennent d'assaut une maison, celle de la famille Haran. La mère réussit à se cacher avec un des enfants, mais, afin qu'ils ne soient pas découverts, elle l'empêche de pleurer en lui couvrant la bouche, jusqu'à l'étouffer involontairement. Le père et sa fille [4 ans] sont enlevés et amenés sur la côte. Dans un échange de tirs avec la police, un second policier israélien et deux de ses collègues sont tués. Avant d'être maîtrisé, Kuntar tue ses deux otages [le père par une balle dans la tête devant sa fille, la fille en lui fracassant le crâne à coups de crosse, selon le témoignage de la mère de la victime, interviewée par Ha'Aretz ]. Il est arrêté et condamné, le 28 janvier 1980, à cinq peines de prison à perpétuité, plus quarante-sept années pour quintuple meurtre et blessures. En 1985, ses camarades cherchent à obtenir sa libération en détournant le bateau de croisière italien Achille Lauro, qui a à son bord des passagers israéliens et américains [dont un septuagénaire juif américain paraplégique qui est jeté par-dessus bord avec sa chaise roulante]. Lors d'un précédent échange de prisonniers, en 2003, Israël a refusé d'y inclure Kuntar, insistant sur sa volonté d'obtenir d'abord des informations sur Ron Arad, ce pilote de chasse israélien dont l'avion a été abattu en 1986 au Sud-Liban et dont on a plus reçu de nouvelles depuis. Durant son séjour en prison, Kuntar a effectué des études de sciences humaines et sociales par correspondance jusqu'au niveau du magistère. En 1998, il aurait émis le vœu de s'inscrire dans une université étrangère, mais les autorités israéliennes ont refusé sa requête, préférant qu'il s'inscrive dans une université hébraïque, dont elles connaissaient les programmes et les matières enseignées. Kuntar s'est également intéressé de près à la politique libanaise, qu'il suivait à la radio et à la télévision. Il a récemment déclaré qu'il ne se présenterait pas aux élections libanaises, mais certains insistent dès à présent pour qu'il se présente contre Walid Joumblatt [le leader druze libanais antisyrien]. Au Liban, un puissant courant politique et médiatique voudrait en faire une légende à la Che Guevara. Quand on a interrogé son frère, qui travaille comme journaliste au quotidien Al-Akhbar [proche du Hezbollah], pour savoir si Kuntar acceptait que le Liban ait subi tant de destructions en son nom, il a répondu que ceux qui posaient ce genre de question étaient des agents de l'Amérique et des traîtres. | |||||||||
Elie El Hage Elaph | |||||||||
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