La capitale de l’oriental se développe malgré la fermeture des frontières
Oujda se passera de l’Algérie
Confrontée à la fermeture des frontières maroco-algériennes, Oujda se développe par ses moyens propres. Les projets lancés dans la région augurent d’un avenir prometteur.
Mieux vaut tard que jamais. Après plusieurs décennies pendant lesquelles la région de l’Oriental a été laissée à l’abandon, celle-ci connaît aujourd’hui une effervescence sans précédent. Des centaines de chantiers et de projets de développement de tout genre sont visibles au visiteur aux quatre coins de la région. Au centre ville d’Oujda, comme dans certains quartiers périphériques, les routes, étroites et mal goudronnées, sont en cours d’élargissement et d’entretien. Les façades des bâtiments qui abritent les administrations publiques et les banques ont été repeints et certains, dont celui de la Wilaya, ont été vitrées pour donner plus de charme à la ville. Un nouvel aéroport est en cours de construction et de nouvelles liaisons aériennes avec l’Europe sont assurées.
Au total, 100 milliards de dirhams seront dépensés pour reconstruire la région et la développer dans le cadre d’un programme étalé sur plusieurs années. La région se modernise à toute allure. «Il est vrai que certains travaux, toujours en cours, consistant à chausser les routes ou à refaire les trottoirs, causent malheureusement quelques désagréments aux piétons et aux automobilistes, mais c’est le résultat final qui compte», avance, fier, Hicham, chauffeur de taxi. «Je n’ai jamais vu Oujda, où j’ai résidé pendant 30 ans, connaître cette grande dynamique de chantiers. J’observe ma ville se transformer sous mes yeux», estime ce jeune Oujdi qui exprime sa grande fierté pour l’intérêt porté par SM le Roi Mohammed VI à cette région.
Le Souverain a séjourné pendant dix jours, du 8 au 18 juillet 2008 dans la seule ville d’Oujda, dans le cadre de sa longue tournée dans l’Oriental, dès son retour de l’étranger, où il a passé ses vacances annuelles. En neuf ans de règne, c’est la 16ème fois que le Roi se rend dans cette région, où il a inauguré une série de projets socioéconomiques de premier plan.
Projets
Les projets concernent le raccordement à l’eau potable et à l’énergie électrique de nombreux douars reculés dont les besoins n’ont jamais été satisfaits; la rénovation de centres hospitaliers; la réalisation de centres de formation et d’éducation pour les jeunes de la région; ainsi que l’institution de mécanismes économiques permettant de recruter ces jeunes et absorber une partie du chômage qui sévit depuis longtemps dans cette partie du pays. Parmi ces mécanismes, il y a la création d’un fonds d’investissement de plusieurs milliards de dirhams destiné à accompagner les investisseurs qui veulent créer des projets dans la région de l’Oriental.
Les plus grandes banques de la place dont la Banque populaire, la BMCE, Attijariwafa Bank et le Crédit agricole ont participé à la mise en place de ce fonds. Le Wali de la région, Mohamed El Ibrahimi, affirme tout sourire que ce fonds est déjà un succès, une année seulement après son lancement. «Environ un milliard de dirhams a été jusqu’ici débloqué par les banques pour financer des centaines d’entreprises dans la région», explique-t-il.
Évolution
On les trouve dans de nombreux secteurs d’activité économique: le tourisme, les services, la formation, l’énergie et l’agriculture. Mais aussi, l’immobilier. Oujda est gagnée, elle aussi, par ce boom immobilier propre à certaines grandes villes du pays. «Certes, il n’ y pas encore de flambée des prix comme cela existe à Casablanca ou à Marrakech, mais ça ne saurait sans doute tarder. Tout dépend de l’évolution des conditions de la vie dans la région» estime un promoteur immobilier. Le tourisme, également, commence à se développer dans la région. À côté du tourisme balnéaire, qu’on retrouve dans certaines villes de la Méditerranée comme Nador et Sâïdia, se développe un tourisme de montagne, à Oujda. Le tourisme d’affaires n’est pas en reste. Inauguré en grandes pompes, mardi 22 juillet 2008, par le wali de la région, l’hôtel Atlas Terminus & SPA appartenant à la chaîne hôtelière Atlas Hospitality, du groupe Royal air Maroc, est le premier établissement hôtelier classé 5 étoiles dans la ville d’Oujda. Selon ses dirigeants, l’hôtel cible une clientèle d’affaires, surtout algérienne, qui vient conclure des contrats et des marchés dans la région. Redouane, ancien employé d’un petit hôtel dans la ville, a été recruté dans ce palace comme chauffeur. Il se remémore encore ses longues galères après sa sortie d’une école hôtelière de la ville où il a reçu une courte formation de deux ans. «Je n’ai pas pu travailler pendant trois ans. C’était au milieu des années 90, juste après la fermeture des frontières entre le Maroc et l’Algérie. Je me rappelle encore cette date. A l’époque, nous étions choqués par cette décision, pour la simple raison que la région toute entière vivait essentiellement de la contrebande. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. La ville d’Oujda, comme vous avez pu le constater, vibre au rythme de nombreux projets de développement. Des entreprises se créent. Des hôtels ouvrent leurs portes. Même des sociétés pétrolières viennent s’installer ici, malgré le grand trafic qui touche le carburant. Les Oujdis reprennent espoir, mais j’avoue qu’ils sont nostalgiques des années durant lesquelles Algériens et Marocains vivaient une formidable communion». À douze kilomètres d’Oujda, se trouvent nos frontières avec l’Algérie, donnant directement sur la ville de Maghnia.
Une ville qui végète actuellement car laissée complètement à l’abandon par les autorités algériennes. «Avant la fermeture des frontières, les habitants de cette ville venaient tous les jours à Oujda pour se ravitailler. On est loin d’Oran de seulement 220 kilomètres. C’est pour vous dire si nos liens avec les Algériens étaient forts», se souvient toujours Redouane, dont des proches vivent à Oran.
Contrebande
Portant le nom de Zouj Bghal (les deux mulets) du côté marocain, et Akid Lotfi (du nom d’un colonel mort dans la guerre d’indépendance de l’Algérie), du côté algérien, les frontières maroco-algériennes offrent un triste décor marqué par la présence de vieilles barrières blindées, deux postes de gendarmes, un poste douanier et quelques drapeaux marocains. Seul endroit dégageant quelque gaieté: un café vide, mais d’une belle architecture. «Les Oujdis viennent tous les jours, le soir, quand il fait frais, pour respirer un peu d’air pur», nous déclare Ahmed, gérant du café.
Ce dernier, qui fait office de gardien officieux des frontières, affirme que la contrebande n’a pas baissé d’intensité malgré la fermeture de celles-ci. «Les contrebandiers contournent tout simplement les gendarmes et les barrières et empruntent d’autres chemins moins surveillés et plus sécurisés». L’essence n’est pas le seul produit à traverser clandestinement la frontière. Lait, sucre, huile, savon, yaourt, limonade, médicaments, vêtements, matériaux de construction et pièces détachées sont également de la partie. Les magasins et les souks d’Oujda, mais aussi de Nador, de Berkane et de toutes les bourgades environnantes en sont inondés.
De jour comme de nuit, à dos d’âne ou de mulet, en brouette, en mobylette ou à bord de camionnettes bâchées, des centaines de passeurs, tels une colonie de fourmis, font la navette entre les deux pays pour importer et exporter des tonnes de marchandises. «Même s’il y a beaucoup de monde qui trouve encore son compte dans ce trafic, je peux vous assurer que l’économie de notre ville commence à en réduire considérablement la dépendance», estime un cadre dans une banque de la ville.
Réouverture
Ce Oujdi de souche ne comprend toujours pas comment les autorités algériennes s’obstinent à laisser les frontières fermées avec le Maroc alors que ce dernier a grandement participé à la guerre d’indépendance de l’Algérie. N’oublions pas que plusieurs hauts commis de l’Etat algérien sont nés ou ont grandi au Maroc, dont le président actuel de la République, Abdelaziz Bouteflika.
Mais aussi Ahmed Ben Bella et Houari Boumdiène, qui étaient tour à tour anciens Chefs de l’Etat algérien. Sans oublier, bien sûr, le grand Boudiaf , qui a passé tout son exil de 28 ans, dans la ville de Kénitra. Il semble que les autorités algériennes ont tiré un trait sur ces liens forts qui unissaient certains membres de leur élite politique au Royaume. Mais, fort heureusement, le Maroc n’a pas oublié. N’est-ce pas le Maroc qui a pris l’initiative de mettre un terme à la procédure de visa qui était en vigueur pendant dix années entre les deux pays? N’est-ce pas aussi le Maroc qui appelle aujourd’hui et presque tous les jours, via ses officiels, et sa société civile très active, à rouvrir les frontières terrestres? Tout le monde pense ici que les bienfaits de cette réouverture ne seront pas bénéfiques uniquement pour le Maroc, mais pour l’Algérie aussi.
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Oujda se passera de l’Algérie
Confrontée à la fermeture des frontières maroco-algériennes, Oujda se développe par ses moyens propres. Les projets lancés dans la région augurent d’un avenir prometteur.
Mieux vaut tard que jamais. Après plusieurs décennies pendant lesquelles la région de l’Oriental a été laissée à l’abandon, celle-ci connaît aujourd’hui une effervescence sans précédent. Des centaines de chantiers et de projets de développement de tout genre sont visibles au visiteur aux quatre coins de la région. Au centre ville d’Oujda, comme dans certains quartiers périphériques, les routes, étroites et mal goudronnées, sont en cours d’élargissement et d’entretien. Les façades des bâtiments qui abritent les administrations publiques et les banques ont été repeints et certains, dont celui de la Wilaya, ont été vitrées pour donner plus de charme à la ville. Un nouvel aéroport est en cours de construction et de nouvelles liaisons aériennes avec l’Europe sont assurées.
Au total, 100 milliards de dirhams seront dépensés pour reconstruire la région et la développer dans le cadre d’un programme étalé sur plusieurs années. La région se modernise à toute allure. «Il est vrai que certains travaux, toujours en cours, consistant à chausser les routes ou à refaire les trottoirs, causent malheureusement quelques désagréments aux piétons et aux automobilistes, mais c’est le résultat final qui compte», avance, fier, Hicham, chauffeur de taxi. «Je n’ai jamais vu Oujda, où j’ai résidé pendant 30 ans, connaître cette grande dynamique de chantiers. J’observe ma ville se transformer sous mes yeux», estime ce jeune Oujdi qui exprime sa grande fierté pour l’intérêt porté par SM le Roi Mohammed VI à cette région.
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Frontière maroco-algérienne. Une fermeture qui ne profite qu’aux trafiquants.
Frontière maroco-algérienne. Une fermeture qui ne profite qu’aux trafiquants.
Le Souverain a séjourné pendant dix jours, du 8 au 18 juillet 2008 dans la seule ville d’Oujda, dans le cadre de sa longue tournée dans l’Oriental, dès son retour de l’étranger, où il a passé ses vacances annuelles. En neuf ans de règne, c’est la 16ème fois que le Roi se rend dans cette région, où il a inauguré une série de projets socioéconomiques de premier plan.
Projets
Les projets concernent le raccordement à l’eau potable et à l’énergie électrique de nombreux douars reculés dont les besoins n’ont jamais été satisfaits; la rénovation de centres hospitaliers; la réalisation de centres de formation et d’éducation pour les jeunes de la région; ainsi que l’institution de mécanismes économiques permettant de recruter ces jeunes et absorber une partie du chômage qui sévit depuis longtemps dans cette partie du pays. Parmi ces mécanismes, il y a la création d’un fonds d’investissement de plusieurs milliards de dirhams destiné à accompagner les investisseurs qui veulent créer des projets dans la région de l’Oriental.
Les plus grandes banques de la place dont la Banque populaire, la BMCE, Attijariwafa Bank et le Crédit agricole ont participé à la mise en place de ce fonds. Le Wali de la région, Mohamed El Ibrahimi, affirme tout sourire que ce fonds est déjà un succès, une année seulement après son lancement. «Environ un milliard de dirhams a été jusqu’ici débloqué par les banques pour financer des centaines d’entreprises dans la région», explique-t-il.
Évolution
On les trouve dans de nombreux secteurs d’activité économique: le tourisme, les services, la formation, l’énergie et l’agriculture. Mais aussi, l’immobilier. Oujda est gagnée, elle aussi, par ce boom immobilier propre à certaines grandes villes du pays. «Certes, il n’ y pas encore de flambée des prix comme cela existe à Casablanca ou à Marrakech, mais ça ne saurait sans doute tarder. Tout dépend de l’évolution des conditions de la vie dans la région» estime un promoteur immobilier. Le tourisme, également, commence à se développer dans la région. À côté du tourisme balnéaire, qu’on retrouve dans certaines villes de la Méditerranée comme Nador et Sâïdia, se développe un tourisme de montagne, à Oujda. Le tourisme d’affaires n’est pas en reste. Inauguré en grandes pompes, mardi 22 juillet 2008, par le wali de la région, l’hôtel Atlas Terminus & SPA appartenant à la chaîne hôtelière Atlas Hospitality, du groupe Royal air Maroc, est le premier établissement hôtelier classé 5 étoiles dans la ville d’Oujda. Selon ses dirigeants, l’hôtel cible une clientèle d’affaires, surtout algérienne, qui vient conclure des contrats et des marchés dans la région. Redouane, ancien employé d’un petit hôtel dans la ville, a été recruté dans ce palace comme chauffeur. Il se remémore encore ses longues galères après sa sortie d’une école hôtelière de la ville où il a reçu une courte formation de deux ans. «Je n’ai pas pu travailler pendant trois ans. C’était au milieu des années 90, juste après la fermeture des frontières entre le Maroc et l’Algérie. Je me rappelle encore cette date. A l’époque, nous étions choqués par cette décision, pour la simple raison que la région toute entière vivait essentiellement de la contrebande. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. La ville d’Oujda, comme vous avez pu le constater, vibre au rythme de nombreux projets de développement. Des entreprises se créent. Des hôtels ouvrent leurs portes. Même des sociétés pétrolières viennent s’installer ici, malgré le grand trafic qui touche le carburant. Les Oujdis reprennent espoir, mais j’avoue qu’ils sont nostalgiques des années durant lesquelles Algériens et Marocains vivaient une formidable communion». À douze kilomètres d’Oujda, se trouvent nos frontières avec l’Algérie, donnant directement sur la ville de Maghnia.
Une ville qui végète actuellement car laissée complètement à l’abandon par les autorités algériennes. «Avant la fermeture des frontières, les habitants de cette ville venaient tous les jours à Oujda pour se ravitailler. On est loin d’Oran de seulement 220 kilomètres. C’est pour vous dire si nos liens avec les Algériens étaient forts», se souvient toujours Redouane, dont des proches vivent à Oran.
Contrebande
Portant le nom de Zouj Bghal (les deux mulets) du côté marocain, et Akid Lotfi (du nom d’un colonel mort dans la guerre d’indépendance de l’Algérie), du côté algérien, les frontières maroco-algériennes offrent un triste décor marqué par la présence de vieilles barrières blindées, deux postes de gendarmes, un poste douanier et quelques drapeaux marocains. Seul endroit dégageant quelque gaieté: un café vide, mais d’une belle architecture. «Les Oujdis viennent tous les jours, le soir, quand il fait frais, pour respirer un peu d’air pur», nous déclare Ahmed, gérant du café.
Ce dernier, qui fait office de gardien officieux des frontières, affirme que la contrebande n’a pas baissé d’intensité malgré la fermeture de celles-ci. «Les contrebandiers contournent tout simplement les gendarmes et les barrières et empruntent d’autres chemins moins surveillés et plus sécurisés». L’essence n’est pas le seul produit à traverser clandestinement la frontière. Lait, sucre, huile, savon, yaourt, limonade, médicaments, vêtements, matériaux de construction et pièces détachées sont également de la partie. Les magasins et les souks d’Oujda, mais aussi de Nador, de Berkane et de toutes les bourgades environnantes en sont inondés.
De jour comme de nuit, à dos d’âne ou de mulet, en brouette, en mobylette ou à bord de camionnettes bâchées, des centaines de passeurs, tels une colonie de fourmis, font la navette entre les deux pays pour importer et exporter des tonnes de marchandises. «Même s’il y a beaucoup de monde qui trouve encore son compte dans ce trafic, je peux vous assurer que l’économie de notre ville commence à en réduire considérablement la dépendance», estime un cadre dans une banque de la ville.
Réouverture
Ce Oujdi de souche ne comprend toujours pas comment les autorités algériennes s’obstinent à laisser les frontières fermées avec le Maroc alors que ce dernier a grandement participé à la guerre d’indépendance de l’Algérie. N’oublions pas que plusieurs hauts commis de l’Etat algérien sont nés ou ont grandi au Maroc, dont le président actuel de la République, Abdelaziz Bouteflika.
Mais aussi Ahmed Ben Bella et Houari Boumdiène, qui étaient tour à tour anciens Chefs de l’Etat algérien. Sans oublier, bien sûr, le grand Boudiaf , qui a passé tout son exil de 28 ans, dans la ville de Kénitra. Il semble que les autorités algériennes ont tiré un trait sur ces liens forts qui unissaient certains membres de leur élite politique au Royaume. Mais, fort heureusement, le Maroc n’a pas oublié. N’est-ce pas le Maroc qui a pris l’initiative de mettre un terme à la procédure de visa qui était en vigueur pendant dix années entre les deux pays? N’est-ce pas aussi le Maroc qui appelle aujourd’hui et presque tous les jours, via ses officiels, et sa société civile très active, à rouvrir les frontières terrestres? Tout le monde pense ici que les bienfaits de cette réouverture ne seront pas bénéfiques uniquement pour le Maroc, mais pour l’Algérie aussi.
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