Expulsion arbitraire des Marocains d’Algérie : Qu’en pensent les algériens ?
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
07 Novembre 2008
D’une manière générale, l’algérien lambda avoue éprouver quelques remords, au regard de ces dizaines de milliers de familles mixtes algéro marocaines expulsées. Quant à la classe politique algérienne, elle continue à se draper dans un silence coupable.
« Azul, mon frère, j’espère que les marocains ne sont pas dupes et qu’ils comprennent parfaitement que cette histoire relève de la sphère privée du gouvernement de l’époque. J’avais à peine 15 ans, mais je me rappelais bien de ces familles arrachées à leurs terres, de ces mères séparées de leurs enfants et de ces maris contraints de quitter leur femme. En Kabylie, nous avons vécu cela comme un véritable drame. Ce que l’histoire retiendra et que les médias n’ont jamais évoqué, c’est qu’en Kabylie, il y a eu des soulèvements contre cet acte inique, mais la poigne de fer de Boumedienne, a vite fait de mater la révolte. Du coup, il y a eu une pression très forte du pouvoir pour empêcher quiconque de soulever cette question publiquement». Ouchen Taha a quitté Tizou Ouzou depuis bien longtemps mais cet ingénieur algérien, militant amazigh installé à Paris, avoue éprouver quelque remord, au regard de ces dizaines de milliers de familles mixtes algéro marocaines, séparées durant toutes ces longues années de leurs êtres chers vivant d’un coté ou de l’autre, de la frontière. Même sentiment chez les bloggueurs algériens qui font rage sur les forums de discussion sur le web. « C’est triste de penser au sort de ces marocains qui ont été expulsés de notre pays en 1975. Ils devraient être rehabilités dans leurs droits et récupérer leurs biens. En tant qu’algérien je compatis avec eux et je leur souhaite un bon retour parmi nous. Des excuses devraient leur être présentées avec des garanties pour leur securité. Je souhaite sincèrement que cela ne se répètera plus. Les ressortissants marocains en Algérie ne devraient plus jamais avoir à payer le prix de la politique de leur pays d’origine et devraient bénéficier des mêmes droits que nous les algériens », commente un interlocuteur qui signe sous un pseudo. Quant au journaliste algérien Berriah, il va commettre une complainte sur cette question sensible dans Le Soir du 12 janvier 2008, qui va lui valoir un courrier passionné et bien copieux essentiellement de la part de lecteurs algériens. « C’est un Algérien d’origine marocaine. Il habite Béni Mellal, de l’autre côté du mur. Il est resté très attaché à sa ville natale, Tlemcen. Chaque semaine, il appelle pour demander des nouvelles du WAT… En lisant mon billet sur la fraternité maghrébine, il a pleuré…
Il a réveillé en moi l’un des plus mauvais souvenirs de ma carrière de reporter. Cela se passait en 1975. J’étais en mission du côté de Tlemcen pour la Révolution agraire et personne ne m’avait demandé de m’intéresser aux familles d’origine marocaine que le gouvernement algérien chassait de chez eux ! Pourtant, l’excès de zèle me poussera à commettre un article ignoble où j’écrivais que ces familles étaient traitées avec dignité et transportées dans des cars… climatisés! Aujourd’hui, je regrette amèrement d’avoir écrit cela et je demande l’indulgence à Ryad Azeroual de Béni Mellal et à tous les autres. Cet article me poursuivra jusqu’à la fin de mes jours. Pardon, frères !». Cette chronique vaudra à son auteur des commentaires enflammés dont la plupart confirment l’injustice que «les frères marocains» ont connu au temps du régime de Boumédienne, un régime déjà hostile au Maroc du temps de Ben Bella. Ainsi, même si cette question relève toujours du tabou en Algérie, pour l’algérien lambda, qui considère que ces Marocains ont extrêmement souffert de ces expulsions, il n’est jamais trop tard pour que justice soit rendue, leurs biens restitués et leurs droits rétablis. Voilà pour ce qui est de la position du petit peuple, mais pourquoi, l’équipe au pouvoir à Alger continue à faire la sourde oreille sur un dossier aussi délicat que celui des expulsés marocains ? A la lettre qui a été envoyée dans ce sens en juillet 2007 au président algérien Abdelaziz Bouteflika (qui occupait en 1975 le poste de ministre des Affaires étrangères) pour demander « justice et des excuses publiques », l’actuel patron de la Mouradia a répondu par un silence qui frôle le mépris. D’après de nombreux observateurs algériens, le seul homme politique algérien qui a osé évoqué la question, ce fut le président Mohamed Boudiaf. L’homme avait même osé programmer la question des expulsés marocains et celle du Sahara dans son agenda quand il avait été appelé à assumer la présidence. Il avait notamment demandé au général Khaled Nezzar de le débarrasser « du faux problème du Sahara » et de lui préparer un dossier exhaustif avec un listing des marocains expulsés d’Algérie. Que voulait faire Boudiaf de ce listing ? Personne ne le saura puisque son assassinat fut programmé le 29 juin 1992, soit moins d’une semaine du 05 juillet, date anniversaire de l’indépendance d’Algérie où Boudiaf allait prononcer un important discours où il devait annoncer des décisions radicales !
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
__________________
.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
07 Novembre 2008
D’une manière générale, l’algérien lambda avoue éprouver quelques remords, au regard de ces dizaines de milliers de familles mixtes algéro marocaines expulsées. Quant à la classe politique algérienne, elle continue à se draper dans un silence coupable.
« Azul, mon frère, j’espère que les marocains ne sont pas dupes et qu’ils comprennent parfaitement que cette histoire relève de la sphère privée du gouvernement de l’époque. J’avais à peine 15 ans, mais je me rappelais bien de ces familles arrachées à leurs terres, de ces mères séparées de leurs enfants et de ces maris contraints de quitter leur femme. En Kabylie, nous avons vécu cela comme un véritable drame. Ce que l’histoire retiendra et que les médias n’ont jamais évoqué, c’est qu’en Kabylie, il y a eu des soulèvements contre cet acte inique, mais la poigne de fer de Boumedienne, a vite fait de mater la révolte. Du coup, il y a eu une pression très forte du pouvoir pour empêcher quiconque de soulever cette question publiquement». Ouchen Taha a quitté Tizou Ouzou depuis bien longtemps mais cet ingénieur algérien, militant amazigh installé à Paris, avoue éprouver quelque remord, au regard de ces dizaines de milliers de familles mixtes algéro marocaines, séparées durant toutes ces longues années de leurs êtres chers vivant d’un coté ou de l’autre, de la frontière. Même sentiment chez les bloggueurs algériens qui font rage sur les forums de discussion sur le web. « C’est triste de penser au sort de ces marocains qui ont été expulsés de notre pays en 1975. Ils devraient être rehabilités dans leurs droits et récupérer leurs biens. En tant qu’algérien je compatis avec eux et je leur souhaite un bon retour parmi nous. Des excuses devraient leur être présentées avec des garanties pour leur securité. Je souhaite sincèrement que cela ne se répètera plus. Les ressortissants marocains en Algérie ne devraient plus jamais avoir à payer le prix de la politique de leur pays d’origine et devraient bénéficier des mêmes droits que nous les algériens », commente un interlocuteur qui signe sous un pseudo. Quant au journaliste algérien Berriah, il va commettre une complainte sur cette question sensible dans Le Soir du 12 janvier 2008, qui va lui valoir un courrier passionné et bien copieux essentiellement de la part de lecteurs algériens. « C’est un Algérien d’origine marocaine. Il habite Béni Mellal, de l’autre côté du mur. Il est resté très attaché à sa ville natale, Tlemcen. Chaque semaine, il appelle pour demander des nouvelles du WAT… En lisant mon billet sur la fraternité maghrébine, il a pleuré…
Il a réveillé en moi l’un des plus mauvais souvenirs de ma carrière de reporter. Cela se passait en 1975. J’étais en mission du côté de Tlemcen pour la Révolution agraire et personne ne m’avait demandé de m’intéresser aux familles d’origine marocaine que le gouvernement algérien chassait de chez eux ! Pourtant, l’excès de zèle me poussera à commettre un article ignoble où j’écrivais que ces familles étaient traitées avec dignité et transportées dans des cars… climatisés! Aujourd’hui, je regrette amèrement d’avoir écrit cela et je demande l’indulgence à Ryad Azeroual de Béni Mellal et à tous les autres. Cet article me poursuivra jusqu’à la fin de mes jours. Pardon, frères !». Cette chronique vaudra à son auteur des commentaires enflammés dont la plupart confirment l’injustice que «les frères marocains» ont connu au temps du régime de Boumédienne, un régime déjà hostile au Maroc du temps de Ben Bella. Ainsi, même si cette question relève toujours du tabou en Algérie, pour l’algérien lambda, qui considère que ces Marocains ont extrêmement souffert de ces expulsions, il n’est jamais trop tard pour que justice soit rendue, leurs biens restitués et leurs droits rétablis. Voilà pour ce qui est de la position du petit peuple, mais pourquoi, l’équipe au pouvoir à Alger continue à faire la sourde oreille sur un dossier aussi délicat que celui des expulsés marocains ? A la lettre qui a été envoyée dans ce sens en juillet 2007 au président algérien Abdelaziz Bouteflika (qui occupait en 1975 le poste de ministre des Affaires étrangères) pour demander « justice et des excuses publiques », l’actuel patron de la Mouradia a répondu par un silence qui frôle le mépris. D’après de nombreux observateurs algériens, le seul homme politique algérien qui a osé évoqué la question, ce fut le président Mohamed Boudiaf. L’homme avait même osé programmer la question des expulsés marocains et celle du Sahara dans son agenda quand il avait été appelé à assumer la présidence. Il avait notamment demandé au général Khaled Nezzar de le débarrasser « du faux problème du Sahara » et de lui préparer un dossier exhaustif avec un listing des marocains expulsés d’Algérie. Que voulait faire Boudiaf de ce listing ? Personne ne le saura puisque son assassinat fut programmé le 29 juin 1992, soit moins d’une semaine du 05 juillet, date anniversaire de l’indépendance d’Algérie où Boudiaf allait prononcer un important discours où il devait annoncer des décisions radicales !
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
__________________
.