LE PÉTROLE À MOINS DE 20 DOLLARS EN 2009
Un cauchemar pour l’Algérie
22 Janvier 2009 -
Si ce scénario se confirme, le temps des «vaches maigres» sera bel et bien pour cette année.
Tous les indicateurs tendent vers cette probabilité. Les prix de l’or noir ont de nouveau donné un autre coup de semonce. Le baril de «Light sweet crude» a passé la barre des 33 dollars ce mardi. Il a très exactement affiché 32,70 dollars. Le plus bas depuis 4 ans et atteint déjà à la mi-décembre 2008 lorsqu’il avait côté 32,60 dollars. Selon toute vraisemblance, l’heure a sans doute sonné pour l’économie nationale qui demeure tributaire de ses exportations en hydrocarbures.
Les tout derniers chiffres communiqués par le Centre national de l’informatique et des statistiques, même s’ils revêtent un caractère rassurant ne doivent pas outre mesure constituer un leurre. La performance est à double tranchant. Elle est même redoutablement dangereuse. Les exportations pour l’année 2008 ont atteint le chiffre record de 78,23 milliards de dollars. Ces recettes fabuleuses sont dues à 98% au seul secteur des hydrocarbures. Faut-il faire un commentaire? Aucun indice notoire ne pointe à l’horizon pour nous indiquer ou nous rassurer sur la dépendance de l’économie algérienne de ses exportations en hydrocarbures.
L’économie algérienne a cette caractéristique propre aux économies mono-exportatrices; elle est prédatrice. Elle consomme ce qui est extrait de son sous-sol. Un point c’est tout. Les chiffres bruts rendus publics font état d’une situation financière, il est vrai satisfaisante.
Les 78,23 milliards de dollars engrangés en 2008, grâce aux exportations en hydrocarbures, représentent une hausse de 30,04% par rapport à l’année 2007. Ce qui a permis à la balance commerciale de dégager un excédent de 39 milliards de dollars, selon le Centre national de l’informatique et des statistiques. Les importations quant à elles, se sont élevées au chiffre record de 39,15 milliards de dollars. Une hausse évaluée à plus de 41,7% par rapport à l’année dernière. Et c’est là où cela se corse. L’économie algérienne a fonctionné depuis quelques années avec un prix du baril de pétrole qui était en hausse constante et régulière jusqu’à ce qu’il atteigne le prix historique des 147 dollars au mois de juillet 2008. Puis ce fut la descente aux enfers. Il a perdu, en l’espace de seulement 6 mois, plus de 75% de sa valeur.
Doit-on considérer que l’économie algérienne a mangé son pain blanc. En tous les cas, le président de la République, dans le discours qu’il avait prononcé lors de sa visite à Ghardaïa, l’avait annoncé clairement et sans ambages. «L’heure des vaches maigres a sonné», a souligné très franchement Abdelaziz Bouteflika. Avec un prix du baril de pétrole à 50 dollars, l’économie algérienne serait en danger.
«A 60 dollars cela irait mal, en dessous des 50 dollars cela irait très mal», avait averti au mois de septembre 2007 Ahmed Ouyahia. Le scénario catastrophe est bel et bien là. Il frappe déjà à nos portes, bien que le Premier ministre ait tenu un discours rassurant. «L’Algérie est à l’abri de la crise financière pour au moins deux années» avait confié le patron de l’Exécutif, il y a quelques mois. L’économie algérienne repose sur un confortable matelas financier de 130 milliards de dollars.
Il faut cependant se rendre à l’évidence que la dégringolade des prix du pétrole est aussi une des conséquences de la crise économique mondiale. Les pays industrialisés consomment beaucoup moins. Il y a trop de pétrole sur le marché. L’Opep a tenté à deux reprises, le 24 octobre à Vienne et le 17 décembre à Oran, de juguler ce phénomène. Sans Résultats. Les prix du pétrole continuent à s’effondrer. L’Agence internationale de l’énergie a estimé que la demande de pétrole pourrait baisser d’un million de barils par jour en 2009.
Et pour assombrir un peu plus le tableau, les analystes de la banque américaine Goldman Sachs prédisent une baisse de la consommation mondiale d’or noir qui serait de l’ordre de 1,6 million de barils par jour. Selon les spécialistes de cet établissement bancaire US, les prix du pétrole ont de fortes chances de passer sous la barre des 30 dollars d’ici le mois de mars 2009.
Avec des importations qui ont presque doublé pour atteindre les 40 milliards de dollars et un prix du baril de pétrole à près de 30 dollars qui n’assura pas l’abondance, le compte à rebours a commencé. Le temps des vaches maigres se confirme.
Mohamed TOUATI
Expression
Un cauchemar pour l’Algérie
22 Janvier 2009 -
Si ce scénario se confirme, le temps des «vaches maigres» sera bel et bien pour cette année.
Tous les indicateurs tendent vers cette probabilité. Les prix de l’or noir ont de nouveau donné un autre coup de semonce. Le baril de «Light sweet crude» a passé la barre des 33 dollars ce mardi. Il a très exactement affiché 32,70 dollars. Le plus bas depuis 4 ans et atteint déjà à la mi-décembre 2008 lorsqu’il avait côté 32,60 dollars. Selon toute vraisemblance, l’heure a sans doute sonné pour l’économie nationale qui demeure tributaire de ses exportations en hydrocarbures.
Les tout derniers chiffres communiqués par le Centre national de l’informatique et des statistiques, même s’ils revêtent un caractère rassurant ne doivent pas outre mesure constituer un leurre. La performance est à double tranchant. Elle est même redoutablement dangereuse. Les exportations pour l’année 2008 ont atteint le chiffre record de 78,23 milliards de dollars. Ces recettes fabuleuses sont dues à 98% au seul secteur des hydrocarbures. Faut-il faire un commentaire? Aucun indice notoire ne pointe à l’horizon pour nous indiquer ou nous rassurer sur la dépendance de l’économie algérienne de ses exportations en hydrocarbures.
L’économie algérienne a cette caractéristique propre aux économies mono-exportatrices; elle est prédatrice. Elle consomme ce qui est extrait de son sous-sol. Un point c’est tout. Les chiffres bruts rendus publics font état d’une situation financière, il est vrai satisfaisante.
Les 78,23 milliards de dollars engrangés en 2008, grâce aux exportations en hydrocarbures, représentent une hausse de 30,04% par rapport à l’année 2007. Ce qui a permis à la balance commerciale de dégager un excédent de 39 milliards de dollars, selon le Centre national de l’informatique et des statistiques. Les importations quant à elles, se sont élevées au chiffre record de 39,15 milliards de dollars. Une hausse évaluée à plus de 41,7% par rapport à l’année dernière. Et c’est là où cela se corse. L’économie algérienne a fonctionné depuis quelques années avec un prix du baril de pétrole qui était en hausse constante et régulière jusqu’à ce qu’il atteigne le prix historique des 147 dollars au mois de juillet 2008. Puis ce fut la descente aux enfers. Il a perdu, en l’espace de seulement 6 mois, plus de 75% de sa valeur.
Doit-on considérer que l’économie algérienne a mangé son pain blanc. En tous les cas, le président de la République, dans le discours qu’il avait prononcé lors de sa visite à Ghardaïa, l’avait annoncé clairement et sans ambages. «L’heure des vaches maigres a sonné», a souligné très franchement Abdelaziz Bouteflika. Avec un prix du baril de pétrole à 50 dollars, l’économie algérienne serait en danger.
«A 60 dollars cela irait mal, en dessous des 50 dollars cela irait très mal», avait averti au mois de septembre 2007 Ahmed Ouyahia. Le scénario catastrophe est bel et bien là. Il frappe déjà à nos portes, bien que le Premier ministre ait tenu un discours rassurant. «L’Algérie est à l’abri de la crise financière pour au moins deux années» avait confié le patron de l’Exécutif, il y a quelques mois. L’économie algérienne repose sur un confortable matelas financier de 130 milliards de dollars.
Il faut cependant se rendre à l’évidence que la dégringolade des prix du pétrole est aussi une des conséquences de la crise économique mondiale. Les pays industrialisés consomment beaucoup moins. Il y a trop de pétrole sur le marché. L’Opep a tenté à deux reprises, le 24 octobre à Vienne et le 17 décembre à Oran, de juguler ce phénomène. Sans Résultats. Les prix du pétrole continuent à s’effondrer. L’Agence internationale de l’énergie a estimé que la demande de pétrole pourrait baisser d’un million de barils par jour en 2009.
Et pour assombrir un peu plus le tableau, les analystes de la banque américaine Goldman Sachs prédisent une baisse de la consommation mondiale d’or noir qui serait de l’ordre de 1,6 million de barils par jour. Selon les spécialistes de cet établissement bancaire US, les prix du pétrole ont de fortes chances de passer sous la barre des 30 dollars d’ici le mois de mars 2009.
Avec des importations qui ont presque doublé pour atteindre les 40 milliards de dollars et un prix du baril de pétrole à près de 30 dollars qui n’assura pas l’abondance, le compte à rebours a commencé. Le temps des vaches maigres se confirme.
Mohamed TOUATI
Expression