DIMANCHE, 01 FÉVRIER 2009 19:50 ...
Israël, diplomatie et armement du Maroc au centre de la guerre…
Les Marocains ne font généralement pas grand cas de la presse algérienne. Ceux qui la lisent, de temps à autre (les préposés à la lecture de la presse étrangère et quelques journalistes), sont simplement frappés de la voir à ce point focalisée sur le Maroc. Rien de ce qui se passe en Algérie n’est commenté au Maroc avec autant de frénésie qu’est commenté en Algérie le moindre petit fait qui se produit au Maroc. Même la réforme de la constitution algérienne et les circonstances dans lesquelles cette réforme est intervenue pour permettre au Président Bouteflika de briguer un troisième mandat à plus de 70 ans et malgré son état de santé, n’a pas suscité de passion (ni même de véritable intérêt) dans les media marocains. Dans la presse marocaine, les informations et/ou commentaires sur la crise économique que traverse l’Algérie, malgré la manne pétrolière qu’elle engrange (aujourd’hui, il est vrai, en chute libre après la retombée du prix du baril), sur les manifestations interdites ou réprimées (comme la dernière marche en faveur de Gaza), sur les frasques des indéboulonnables généraux et surtout leur mainmise sur l’économie du pays, ou encore sur les guéguerres du sérail et autre répression de l’opposition, se comptent sur le bout des doigts. La radio tangéroise Medi 1, tournée vers l’information maghrébine, est la seule qui se fasse régulièrement l’écho des principaux faits d’actualité en Algérie. Et encore, ce qu’elle répercute est loin d’être exhaustif. L’étonnement, au Maroc, est donc toujours grand de constater cette mobilisation de la presse algérienne autour de tout ce qui se rapporte au voisin marocain. Tout événement, toute décision, tout fait nouveau que connaît le Maroc, est non seulement systématiquement commenté en Algérie, mais commenté par tous les titres à la fois et avec les mêmes arguments. Cela confine parfois à l’hystérie…
Dans les milieux médiatico-politiques marocains, on s’offusque, bien sûr, des attaques. Mais on rit aussi de ce « genre journalistique » qui n’a plus cours que dans la presse tiers-mondiste. Un « genre journalistique » qui conforte dans leur point de vue tous ceux qui pensent que la presse algérienne, quoiqu’elle dise de son indépendance, est sous la chape de fer de la sécurité militaire, parfois sous l’emprise directe de certains galonnés et hauts responsables politiques. Car nombreux sont ceux, au Maroc, qui sont persuadés que cette guerre médiatique est une guerre d’Etat, la presse ne pouvant à elle seule atteindre ce degré de synchronisation, tant au niveau du timing des attaques qu’à celui de leur contenu. D’autant qu’il n’y a qu’un sujet qui fasse l’unanimité en Algérie, c’est le Maroc…
Une véritable cause nationale. Le dossier du Sahara est, bien évidemment, au centre de cette guerre. Cela fait 33 ans que ça dure et les Marocains n’arrivent toujours pas à comprendre pourquoi l’Algérie fait de ce conflit une affaire nationale…
Tout en se défendant d’ailleurs d’y être directement impliquée. Cela n’existe nulle part au monde et l’Algérie, elle-même, ne s’engage de cette manière -au point d’axer toute sa diplomatie, depuis 33 ans, sur cette seule question- dans aucun autre conflit au monde. Même pas dans celui pour lequel se mobilise toute la communauté arabo-musulmane : le conflit israélo-palestinien.
Les Marocains ne comprennent pas comment l’Algérie, au lieu d’être le principal médiateur dans ce conflit –ce qui aurait abouti à le résoudre depuis longtemps déjà - s’est érigée en principal adversaire.
Le conflit du Sahara est donc à l’origine de la guerre médiatique de l’Algérie contre le Maroc. Soit. Mais une question peut se poser : pourquoi cette guerre ne s’est-elle pas banalisée, avec le temps (33 ans, tout de même !) ?
La réponse est que, non seulement, cette guerre médiatique n’a pas connu de relâche (quelle que soient les générations de journalistes, l’Etat algérien assure, semble-t-il, la continuité). Mais en plus, elle connaît des pics à la faveur de tout événement qui peut l’alimenter. Par exemple, ces deux dernières semaines, trois dossiers l’ont ravivée : le dossier du Venezuela, le dossier des relations du Maroc avec Israël et le dossier de l’armement du Maroc.
Le dossier du Venezuela, d’abord.
Le 15 janvier dernier, le Maroc a décidé de fermer son ambassade au Venezuela et de la transférer en République Dominicaine, en expliquant que «cette décision faisait suite à l'hostilité croissante des autorités vénézuéliennes à l'égard de la question de l'intégrité territoriale du Royaume du Maroc » (communiqué du ministère des Affaires étrangère).
Quelques jours plus tôt, le 10 janvier, l'ambassadeur du Venezuela en Algérie avait présenté ses lettres de créances au chef du Polisario, Mohamed Abdelaziz, à Tindouf. Or, la décision du Maroc « tombait » au moment même où le Président du Venezuela rompait ses relations diplomatiques avec Israël en réaction aux bombardements israéliens de Gaza. La décision marocaine tombait mal, sans doute, mais de là à la lier à celle du Venezuela de rompre ses relations diplomatiques avec Israël, il fallait une bonne dose de stupidité et/ou de mauvaise foi. Eh bien, aussi consternant que cela puisse paraître, la presse algérienne a tout de suite fait ce lien.
Une véritable cabale contre le Maroc s’en est suivie (et se poursuit encore), sur la base de cette interprétation spécieuse, selon laquelle le Maroc aurait rompu ses relations diplomatiques avec le Venezuela pour plaire à Israël (plus c’est gros, plus ça passe…).
Chef d’oeuvre de l’instrumentalisation des faits par la presse algérienne, cet article du journal « Liberté », intitulé « Alors que la rue arabe et marocaine vénère le président vénézuélien, Chavez empoisonne le quotidien de Mohammed VI » que nous reproduisons intégralement tant il illustre ce consternant « genre journalistique algérien».
L’auteur y parle carrément au nom des Marocains, y manipule les sources, y fait même parler un prétendu diplomate du Maroc sous couvert d’anonymat… Le top du mensonge et de la manipulation (à lire pour réaliser jusqu’où cela peut aller).
Sur tout cela, s’est greffé un dossier des relations (à part entière) du Maroc avec Israël. Là aussi, un article du même journal « Liberté », publié le 9 janvier (intitulé : «Rabat devait conclure un deal avec Jérusalem sur le dos des Sahraouis avec Israël. La manoeuvre n’a-t-elle pas été contrariée par l’actualité ?»), montre comment la presse algérienne s’y prend pour nourrir sa guerre médiatique contre le Maroc. Présentation de rumeurs sous forme d’informations, avec un audacieux « Tout porte à le penser », manipulation des sources, raccourcis historiques… Tout y passe (voir article en encadré).
Enfin, dernier dossier à être utilisé ces derniers jours dans la guerre médiatique algérienne contre le Maroc, celui de l’armement. « La Lettre de l'Expansion » dans son édition du 19 janvier a évoqué une possible réduction du programme d’armement marocain. Notamment une éventuelle remise en cause du contrat portant sur l'acquisition par le Maroc de 24 avions de chasse américains de type F16. Cela a suffi pour déclencher un nouveau feu nourri.
Les témoignages que nous rapportons cette semaine attestent de l’étendue du phénomène.
Un haut cadre s’emporte : « mais on s’en fout de l’Algérie et de sa presse. C’est la rage qui les anime parce que le Maroc marque des points à tous les niveaux. Nous sommes exposés, mais nous aurons au moins commencé à nous occuper de nos tares. Dans quelques années, nous, nous aurons avancé et eux, continueront de nous envier… Et ne me parlez surtout pas d’armes. Qu’ils dépensent l’argent du pays dans l’armement tant qu’ils peuvent. Nous, nous n’avons ni pétrole, ni gaz, mais nous lançons des chantiers structurants partout dans le pays. Dans quelques années, nos chantiers nous rapporteront et leurs armes leur coûteront, ne serait-ce qu’en entretien ! Alors, poursuivons sur notre lancée. Notre caravane passe… Le reste du dicton, vous le connaissez… ». Son avis résume le point de vue général au Maroc..
Dossier réalisé par BA et MZ
http://www.lereporter.ma/index.php?o...ier&Itemid=172
Israël, diplomatie et armement du Maroc au centre de la guerre…
Les Marocains ne font généralement pas grand cas de la presse algérienne. Ceux qui la lisent, de temps à autre (les préposés à la lecture de la presse étrangère et quelques journalistes), sont simplement frappés de la voir à ce point focalisée sur le Maroc. Rien de ce qui se passe en Algérie n’est commenté au Maroc avec autant de frénésie qu’est commenté en Algérie le moindre petit fait qui se produit au Maroc. Même la réforme de la constitution algérienne et les circonstances dans lesquelles cette réforme est intervenue pour permettre au Président Bouteflika de briguer un troisième mandat à plus de 70 ans et malgré son état de santé, n’a pas suscité de passion (ni même de véritable intérêt) dans les media marocains. Dans la presse marocaine, les informations et/ou commentaires sur la crise économique que traverse l’Algérie, malgré la manne pétrolière qu’elle engrange (aujourd’hui, il est vrai, en chute libre après la retombée du prix du baril), sur les manifestations interdites ou réprimées (comme la dernière marche en faveur de Gaza), sur les frasques des indéboulonnables généraux et surtout leur mainmise sur l’économie du pays, ou encore sur les guéguerres du sérail et autre répression de l’opposition, se comptent sur le bout des doigts. La radio tangéroise Medi 1, tournée vers l’information maghrébine, est la seule qui se fasse régulièrement l’écho des principaux faits d’actualité en Algérie. Et encore, ce qu’elle répercute est loin d’être exhaustif. L’étonnement, au Maroc, est donc toujours grand de constater cette mobilisation de la presse algérienne autour de tout ce qui se rapporte au voisin marocain. Tout événement, toute décision, tout fait nouveau que connaît le Maroc, est non seulement systématiquement commenté en Algérie, mais commenté par tous les titres à la fois et avec les mêmes arguments. Cela confine parfois à l’hystérie…
Dans les milieux médiatico-politiques marocains, on s’offusque, bien sûr, des attaques. Mais on rit aussi de ce « genre journalistique » qui n’a plus cours que dans la presse tiers-mondiste. Un « genre journalistique » qui conforte dans leur point de vue tous ceux qui pensent que la presse algérienne, quoiqu’elle dise de son indépendance, est sous la chape de fer de la sécurité militaire, parfois sous l’emprise directe de certains galonnés et hauts responsables politiques. Car nombreux sont ceux, au Maroc, qui sont persuadés que cette guerre médiatique est une guerre d’Etat, la presse ne pouvant à elle seule atteindre ce degré de synchronisation, tant au niveau du timing des attaques qu’à celui de leur contenu. D’autant qu’il n’y a qu’un sujet qui fasse l’unanimité en Algérie, c’est le Maroc…
Une véritable cause nationale. Le dossier du Sahara est, bien évidemment, au centre de cette guerre. Cela fait 33 ans que ça dure et les Marocains n’arrivent toujours pas à comprendre pourquoi l’Algérie fait de ce conflit une affaire nationale…
Tout en se défendant d’ailleurs d’y être directement impliquée. Cela n’existe nulle part au monde et l’Algérie, elle-même, ne s’engage de cette manière -au point d’axer toute sa diplomatie, depuis 33 ans, sur cette seule question- dans aucun autre conflit au monde. Même pas dans celui pour lequel se mobilise toute la communauté arabo-musulmane : le conflit israélo-palestinien.
Les Marocains ne comprennent pas comment l’Algérie, au lieu d’être le principal médiateur dans ce conflit –ce qui aurait abouti à le résoudre depuis longtemps déjà - s’est érigée en principal adversaire.
Le conflit du Sahara est donc à l’origine de la guerre médiatique de l’Algérie contre le Maroc. Soit. Mais une question peut se poser : pourquoi cette guerre ne s’est-elle pas banalisée, avec le temps (33 ans, tout de même !) ?
La réponse est que, non seulement, cette guerre médiatique n’a pas connu de relâche (quelle que soient les générations de journalistes, l’Etat algérien assure, semble-t-il, la continuité). Mais en plus, elle connaît des pics à la faveur de tout événement qui peut l’alimenter. Par exemple, ces deux dernières semaines, trois dossiers l’ont ravivée : le dossier du Venezuela, le dossier des relations du Maroc avec Israël et le dossier de l’armement du Maroc.
Le dossier du Venezuela, d’abord.
Le 15 janvier dernier, le Maroc a décidé de fermer son ambassade au Venezuela et de la transférer en République Dominicaine, en expliquant que «cette décision faisait suite à l'hostilité croissante des autorités vénézuéliennes à l'égard de la question de l'intégrité territoriale du Royaume du Maroc » (communiqué du ministère des Affaires étrangère).
Quelques jours plus tôt, le 10 janvier, l'ambassadeur du Venezuela en Algérie avait présenté ses lettres de créances au chef du Polisario, Mohamed Abdelaziz, à Tindouf. Or, la décision du Maroc « tombait » au moment même où le Président du Venezuela rompait ses relations diplomatiques avec Israël en réaction aux bombardements israéliens de Gaza. La décision marocaine tombait mal, sans doute, mais de là à la lier à celle du Venezuela de rompre ses relations diplomatiques avec Israël, il fallait une bonne dose de stupidité et/ou de mauvaise foi. Eh bien, aussi consternant que cela puisse paraître, la presse algérienne a tout de suite fait ce lien.
Une véritable cabale contre le Maroc s’en est suivie (et se poursuit encore), sur la base de cette interprétation spécieuse, selon laquelle le Maroc aurait rompu ses relations diplomatiques avec le Venezuela pour plaire à Israël (plus c’est gros, plus ça passe…).
Chef d’oeuvre de l’instrumentalisation des faits par la presse algérienne, cet article du journal « Liberté », intitulé « Alors que la rue arabe et marocaine vénère le président vénézuélien, Chavez empoisonne le quotidien de Mohammed VI » que nous reproduisons intégralement tant il illustre ce consternant « genre journalistique algérien».
L’auteur y parle carrément au nom des Marocains, y manipule les sources, y fait même parler un prétendu diplomate du Maroc sous couvert d’anonymat… Le top du mensonge et de la manipulation (à lire pour réaliser jusqu’où cela peut aller).
Sur tout cela, s’est greffé un dossier des relations (à part entière) du Maroc avec Israël. Là aussi, un article du même journal « Liberté », publié le 9 janvier (intitulé : «Rabat devait conclure un deal avec Jérusalem sur le dos des Sahraouis avec Israël. La manoeuvre n’a-t-elle pas été contrariée par l’actualité ?»), montre comment la presse algérienne s’y prend pour nourrir sa guerre médiatique contre le Maroc. Présentation de rumeurs sous forme d’informations, avec un audacieux « Tout porte à le penser », manipulation des sources, raccourcis historiques… Tout y passe (voir article en encadré).
Enfin, dernier dossier à être utilisé ces derniers jours dans la guerre médiatique algérienne contre le Maroc, celui de l’armement. « La Lettre de l'Expansion » dans son édition du 19 janvier a évoqué une possible réduction du programme d’armement marocain. Notamment une éventuelle remise en cause du contrat portant sur l'acquisition par le Maroc de 24 avions de chasse américains de type F16. Cela a suffi pour déclencher un nouveau feu nourri.
Les témoignages que nous rapportons cette semaine attestent de l’étendue du phénomène.
Un haut cadre s’emporte : « mais on s’en fout de l’Algérie et de sa presse. C’est la rage qui les anime parce que le Maroc marque des points à tous les niveaux. Nous sommes exposés, mais nous aurons au moins commencé à nous occuper de nos tares. Dans quelques années, nous, nous aurons avancé et eux, continueront de nous envier… Et ne me parlez surtout pas d’armes. Qu’ils dépensent l’argent du pays dans l’armement tant qu’ils peuvent. Nous, nous n’avons ni pétrole, ni gaz, mais nous lançons des chantiers structurants partout dans le pays. Dans quelques années, nos chantiers nous rapporteront et leurs armes leur coûteront, ne serait-ce qu’en entretien ! Alors, poursuivons sur notre lancée. Notre caravane passe… Le reste du dicton, vous le connaissez… ». Son avis résume le point de vue général au Maroc..
Dossier réalisé par BA et MZ
http://www.lereporter.ma/index.php?o...ier&Itemid=172