Un scénario à la dalton
Une grosse couleuvre ? Ne dit-on pas qui avale trop de couleuvres finit toujours par cracher du venin. Cap Sigli ? Cette petite bourgade entre Azzefoune et Béjaïa a été le théâtre le 12 décembre 1978 d’une opération de largage par un avion cargo militaire, un C130, d’un lot d’armes, destinées à un groupe d’opposants. Quels étaient les commanditaires et leurs motivations politiques ? A une période où Boumediène agonisait et où la crise avec le Maroc enflait. « Mohamed Sadek Benyahia, ancien officier de l’ALN, cerveau de l’opération, m’avait chargé de réunir des hommes pour réceptionner l’armement à Cap Sigli. Ce Benyahia, je l’avais connu en tant qu’adjudant lorsqu’il a été arrêté par le FLN en 1960. Je l’avais sauvé, car il était impliqué dans le complot de la Bleuite. Il y avait beaucoup de zones d’ombres. Ferhat Abbas, qui était avec son médecin, le Dr Benbouali et un de ses proches Hakimi, auquel nous avons rendu visite à Kouba peu avant l’opération, était au courant et avait donné son aval. Un des membres du réseau, parent par alliance de Kaïd Ahmed, faisait en fait partie des services tout comme Benyahia. L’armement venait soi-disant du Maroc, alors que la suite des événements allait révéler que l’avion avait décollé de… Béjaïa ! C’était une énorme supercherie. Une opération fabriquée de toutes pièces. Sans que je le sache, j’ai été roulé et entraîné dans une drôle de galère. Une manipulation sordide. Benyahia m’avait trahi. » Un scénario digne des moments les plus risibles des déboires de la famille Dalton. Les conjurés ont été facilement arrêtés. « Moi, j’ai écopé de 7 ans. En prison, Benyahia avait toutes les faveurs. Le couffin toujours rempli se permettant même des libertés, ce qui n’était pas mon cas. Je suis sorti en avril 1984. On m’a confisqué ma 404 familiale que je n’ai plus revue, alors que l’arme, qui me servait au maquis et dont la valeur pour moi est inestimable, ne m’a jamais été restituée ! J’étais le seul à avoir perdu tous mes droits. » Pour confirmer ses dires, Ahmed appelle à la rescousse sa mémoire mais aussi sa documentation qu’il consulte pêle-mêle. Dans sa « quête », des écrits de la presse consacrés à « l’affaire », mais aussi ses propres réflexions consignées comme cette mise au point adressée à Ali Kafi. « Kafi a dit des contre-vérités dans ses mémoires, à propos de la ‘’Bleuite’’ en mettant en cause le colonel Amirouche qui serait à l’origine de la mort de centaines d’intellectuels engagés dans la révolution. Les circonstances ont voulu que je sois responsable à différents niveaux dans la région et membre du conseil de la Wilaya III de mars 1958 à 1962. J’ai vécu cette ‘’psychose’’ au même titre que mes camarades ‘’lettrés’’ comme le Dr Ahmed Benabid, Tayeb Sediki, Youcef Benabid, Hamimi, Firani, Mokrane Aït Mehdi, Abdelhafid Amokrane et bien d’autres. Ce que tente de faire admettre Ali Kafi n’est que pure affabulation. Je me demande pourquoi il veut salir la mémoire des chouhada, notamment Amirouche et Abane ?
[Né le 9 avril 1920 à Sidi Brahim (Bibans), Ahmed a appris à lire et à écrire à la mosquée du village. Il a appris le Coran très jeune. Il a poursuivi ses études à la zaouïa du cheikh Abderahamne El Illouli sous la direction de Mohamed Arezki Cherfaoui El Falaki El Azhari et le cheikh El Kadi Bencheikh. Il occupe la fonction de secrétaire à l’éducation en 1944 puis adhère à l’AML. Enseignant, membre du MTLD, militant du FLN et officier de l’ALN dès 1955 dans la région puis à la Wilaya III (1958-1962). Coordinateur de daïra (1962/1964). Enseignant à Bouzaréah (1964/1965). Rejoint le ministère des Affaires religieuses (1965/1978). Il est impliqué directement dans l’affaire de Cap Sigli en décembre 1978. Arrêté à cette date, il ne sortira de prison qu’en 1984. A son actif, plusieurs témoignages et contributions parus dans la presse. Ahmed est père de 6 enfants.|
Par Hamid Tahri
Une grosse couleuvre ? Ne dit-on pas qui avale trop de couleuvres finit toujours par cracher du venin. Cap Sigli ? Cette petite bourgade entre Azzefoune et Béjaïa a été le théâtre le 12 décembre 1978 d’une opération de largage par un avion cargo militaire, un C130, d’un lot d’armes, destinées à un groupe d’opposants. Quels étaient les commanditaires et leurs motivations politiques ? A une période où Boumediène agonisait et où la crise avec le Maroc enflait. « Mohamed Sadek Benyahia, ancien officier de l’ALN, cerveau de l’opération, m’avait chargé de réunir des hommes pour réceptionner l’armement à Cap Sigli. Ce Benyahia, je l’avais connu en tant qu’adjudant lorsqu’il a été arrêté par le FLN en 1960. Je l’avais sauvé, car il était impliqué dans le complot de la Bleuite. Il y avait beaucoup de zones d’ombres. Ferhat Abbas, qui était avec son médecin, le Dr Benbouali et un de ses proches Hakimi, auquel nous avons rendu visite à Kouba peu avant l’opération, était au courant et avait donné son aval. Un des membres du réseau, parent par alliance de Kaïd Ahmed, faisait en fait partie des services tout comme Benyahia. L’armement venait soi-disant du Maroc, alors que la suite des événements allait révéler que l’avion avait décollé de… Béjaïa ! C’était une énorme supercherie. Une opération fabriquée de toutes pièces. Sans que je le sache, j’ai été roulé et entraîné dans une drôle de galère. Une manipulation sordide. Benyahia m’avait trahi. » Un scénario digne des moments les plus risibles des déboires de la famille Dalton. Les conjurés ont été facilement arrêtés. « Moi, j’ai écopé de 7 ans. En prison, Benyahia avait toutes les faveurs. Le couffin toujours rempli se permettant même des libertés, ce qui n’était pas mon cas. Je suis sorti en avril 1984. On m’a confisqué ma 404 familiale que je n’ai plus revue, alors que l’arme, qui me servait au maquis et dont la valeur pour moi est inestimable, ne m’a jamais été restituée ! J’étais le seul à avoir perdu tous mes droits. » Pour confirmer ses dires, Ahmed appelle à la rescousse sa mémoire mais aussi sa documentation qu’il consulte pêle-mêle. Dans sa « quête », des écrits de la presse consacrés à « l’affaire », mais aussi ses propres réflexions consignées comme cette mise au point adressée à Ali Kafi. « Kafi a dit des contre-vérités dans ses mémoires, à propos de la ‘’Bleuite’’ en mettant en cause le colonel Amirouche qui serait à l’origine de la mort de centaines d’intellectuels engagés dans la révolution. Les circonstances ont voulu que je sois responsable à différents niveaux dans la région et membre du conseil de la Wilaya III de mars 1958 à 1962. J’ai vécu cette ‘’psychose’’ au même titre que mes camarades ‘’lettrés’’ comme le Dr Ahmed Benabid, Tayeb Sediki, Youcef Benabid, Hamimi, Firani, Mokrane Aït Mehdi, Abdelhafid Amokrane et bien d’autres. Ce que tente de faire admettre Ali Kafi n’est que pure affabulation. Je me demande pourquoi il veut salir la mémoire des chouhada, notamment Amirouche et Abane ?
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Par Hamid Tahri