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Maroc-Algérie: Lettre ouverte à M. Bouteflika

3 participants

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admin"SNP1975"

admin
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Extrait de l'entretien de Nathalie Dubois avec Abderrahmane Zenati :Maroc-Algérie: Lettre ouverte à M. Bouteflika Abderr10
N.D : Si vous auriez l’occasion de rencontrer Bouteflika, qu’est-ce que vous lui diriez ?
A.Z : Je ne pense pas que j’ai envie de rencontrer cet homme, par contre, j’aimerais bien lui écrire un jour une lettre ouverte.
N.D : Que lui diriez-vous ?
A.Z : Je lui dirais tout simplement :

« Monsieur le Président... Vous et moi, nous avons presque le même destin. Moi, rien ne me destinait à être « artiste peintre » et vous, rien ne laissait prévoir qu’un jour vous allez être le « Président de le République Algérienne ». Le jour où vous étiez élu, tous les Oujdis, qui vous considèrent toujours comme un des leurs, étaient fier de vous et de votre réussite.
Monsieur le Président, puisque vous êtes à la tête de ce respectable Pays, je peux me permettre, en toute fraternité, de vous dire de tout faire maintenant pour instaurer un climat d’apaisement entre votre pays de naissance, le Maroc et votre pays d’origine l’Algérie. Ne perdez pas cette belle occasion qui vous est offerte de rentrer par la grande porte de l’Histoire Universelle comme un homme de sagesse, un homme de paix… Vous qui êtes né et avez grandit à Oujda…
Vous, qui Aujourd’hui, vous dirigez ce grand Pays respecté, ce pays d’un million et demi de martyres, ne perdez pas cette opportunité d’être le réconciliateur qui rapproche les deux peuples frères. Soyez, Monsieur le Président, le ciment catalyseur qui soude et solidifie la fraternité entre Marocains et Algériens.
Dans sa sagesse et sa clairvoyance, Sa Majesté Mohamed VI, notre souverain bien-aimé, vous tend la main fraternellement pour instaurer ce climat de paix tant souhaité par les peuples maghrébins.
Le Souverain désire vraiment unifier le grand Maghreb. Nous sommes tous des musulmans, monsieur le Président. Nous croyons au même Dieu, nous lisons le même Coran, nous parlons la même langue, nous fêtons les mêmes jours religieux et nous avons le même destin.
Le Maghreb-uni c’est peu être pour certains une utopie mais moi j’y crois très fort. Arrêtons ce nationalisme qui nous divise, monsieur le Président... Souvenez-vous, de ce groupe d’intellectuels Algériens d’Oujda que vous connaissez si bien et qu’aucun historien algérien n’évoque à présent. Souvenez-vous, ils étaient de fervents hommes de paix et des bâtisseurs qui avaient, avec leurs frères Marocains, posé les premières pierres pour l’édification du grand-Maghreb.
Souvenez-vous du docteur Lazrak, du docteur Haddam, du docteur Clouch... Souvenez-vous du docteur Soufi, du pharmacien Abdelatif Abrous, du transitaire Abbas, du tailleur Kh’lil… Souvenez-vous des professeurs Hassini, Berezgui, Almoutaouakil et Kébir…Ne faut-il pas rester attaché et fidele à la vision de ces Algériens d’Oujda et de ces Marocains qui avant partagé avec leurs frères algériens le même combat pour libérer leur Pays du joug du colonialisme ? Monsieur le Président... Vous-même qui êtes né à Oujda, ne viviez-vous pas vous et les vôtres en parfaite harmonie avec vos amis scouts Marocains du groupe Hassania ? Souvenez-vous aussi du collège Abdelmoumen où vous avez étudié Souvenez-vous de vos camarades marocains de classe… Belgaïd, Boulouiz, Osman, Rochdi, Ben Mira… Monsieur le Président... Personnellement, ayant voyagé a plusieurs reprises en Algérie, sur invitation des autorités algériennes, à des fins artistiques, je voudrais sincèrement témoigner de la chaleur de l’accueil qui m’y a été réservé par ce peuple accueillant et fier… Monsieur le Président... quand on voit comment les allemands, les belges, les italiens, les polonais... se rapprochent au sein de l’Union-Européen et ce avec tous les points de divergences qu’on leur connait, aussi bien culturels, religieux que politique. Alors que nous, deux nations sœurs n’arrivons pas a nous entendre ca m’attriste, ca m’attriste, ça m’attriste, « comme vous, je répète trois fois les mots »… Oui ça m’attriste ; d’autant plus que si le colon avait tracé la frontière entre nos deux pays un peu plus a l’est ou un peu plus a l’ouest, je serais aujourd’hui d’origine algérienne ou mes cousins de Marhnia seraient marocain. C’est vraiment des foutaises… Monsieur le Président... Marocains et Algériens se tournent le dos, pendant ce temps, d’autres ont marché sur la lune, vont marcher sur mars, cherche des vaccins contre le cancer... Le poète Mouloud Maâmmerri qui est bien votre compatriote avait dit : « Quand trop de sécheresse brûle les cœurs, Quand la faim tord les entrailles, Quand on bâillonne trop de rêves, C’est comme quand on ajoute bois sur bois sur le bûcher. A la fin il suffit du bout de bois d’un esclave pour faire dans le ciel de Dieu, et dans le cœur des hommes, le plus énorme incendie »
A Saidia par Nathalie Dubois

http://www.marocainsdalgerie.net

admin"SNP1975"

admin
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il me parla du différend entre l’Algérie et le Maroc, de la fermeture des frontières entre ces deux pays :
A.Z : Vous savez, mademoiselle… Beaucoup de faits, dans l’Histoire des Algériens qui avaient trouvé refuge chez nous à Oujda et dans l’ensemble du Maroc, durant la guerre d’Indépendance d’Algérie, restent dans le non-dit… Beaucoup d’événements qui ont marqué les Oujdis à vie restent à l’intérieur d’une zone d’ombre voulue ou par manque de témoignages.
N.D : Et vous, vous en savez quelque chose sur ces « événements » que vous dites ?
A.Z : J’ai abordé ce sujet dans certains de mes livres…. J’étais jeune à cette époque où Oujda était dominée par la forte colonie algérienne, mais je me souviens de tout ! Je me souviens aussi de la guerre entre les Moudjahidines algériens et l’armée française. Chaque soir, au-delà de Ras Asfour, du Djebel Sidi Boussaïd, les montagnes qui entourent Oujda et qui font frontière entre le Maroc et l’Algérie, la bataille faisait rage. Le grondement des canons, les détonations des grenades et les tirs des mitraillettes étaient entendus dans tous les quartiers comme s’ils étaient à l’intérieur de la ville même. Je me rappelle, la nuit, je voyais dans le ciel des boules de feu qui précédaient les explosions, et comme un feu d’artifice, les balles des armes automatiques partaient dans toutes les directions et leur luminescence se mélangeait dans le ciel avec celle des étoiles lointaines... De puissants projecteurs balayaient les rues sombres de la ville. Mon quartier, Rue Maâzouza, était de temps à autre éclairé par de puissants projecteurs comme si c’était le plein jour. Au début, bien sûr, cela m’effrayait. Je me demandais, si l’armée française n’allait pas un soir braquer ses canons et toutes les foudres de ses armes infernales sur ma ville, mais avec le temps, j’ai compris que les braves moudjahiddines lui donnaient suffisamment de fil à retordre dans les montagnes d’Algérie pour qu’elle pense à utiliser ses armes et ses munitions contre ma ville. A la longue, comme tous les habitants d’Oujda, je me suis habitué aux détonations et aux sifflements des balles... C’était presque comme un spectacle... Je venais d’être recruté comme aide-soignant à la santé publique. L’hôpital d’Oujda était réservé aux moudjahidines algériens blessés. Il n’y avait pas un seul médecin marocain. A part quelques français et espagnols, tous étaient algériens. A cette époque, le F.L.N. (Front de Libération National) s’activait fébrilement à Oujda. De gré ou de force, il plaçait trois à six moudjahiddines dans chaque famille d’origine algérienne de la ville. Les artificiers du F.L.N fabriquaient de puissantes bombes artisanales à l’intérieur des maisons dans les quartiers populaires. Plusieurs d’entre elles éclatèrent accidentellement, Aucun journaliste n’a apportait son témoignage de ces nombreuses d’explosions qui furent des dizaines de victimes parmi les Oujdis... Aucun historien ne parla non plus de cet avion français venu du territoire algérien et qui largua ses bombes sur une caserne tenue par l’armée algérienne en plein centre ville d’Oujda.
N.D : J’ai entendu dire qu’il y avait beaucoup de refugiés algériens à Oujda… _ A.Z : En effet… des centaines de familles algériennes avaient fuit la guerre d’Algérie qui faisait des massacres parmi la population civile. Je me rappelle ce matin où j’ai vu arrivé à Oujda toute une marrée humaine… Ce jour-là, il faisait froid et la pluie tombait par averses. Femmes, enfants et vieillards traversaient la frontière par les routes, les campagnes, les oueds, enfin par tous les chemins qui mènent à Oujda, Ahfir, Beni-Drar, Touissit, Aïn Beni-Mathar, Tendrara, Bouaffa et Figuig. Ces malheureux algériens étaient exténués et affamés, après des jours de marche à travers la montagne où les massacres étaient permanents. Les enfants pleurnichaient. Les adultes étaient affolés avec des yeux effarés. Ils venaient des villes et des villages algériens avoisinant le Maroc et même des villes lointaines. Balluchons dans les mains et valises sur la tête, enfants sur le dos, ils avançaient sur les routes, sous la pluie en marchant sur la boue. Certains avaient une famille d’accueil et d’autres s’installaient n’importe comment et n’importe où… dans les vergers, les jardins publics ou carrément dans la rues. D’autres encore s’étaient organisés entre eux dans des campements de fortune. Ils vivaient, mangeaient, dormaient à même l’asphalte. Une odeur de peur et de misère, une odeur inhumaine, presque animal, s’élevait de ce troupeau hagard, chassé par les colons et par l’armée française de chez eux... Ils racontaient que des centaines d’hommes qui n’avaient rien à voir avec les moudjahiddines étaient égorgés par des soldats algériens sous le drapeau tricolore. L’Arabe tuait l’Arabe. Tel était le mot d’ordre du colonialisme français. Comme ailleurs, entre tutsies et Hutus, le service d’action psychologique de l’armée française s’activait dans la zizanie entre les arabes et les berbères… Pour faire parler les suspects, la torture n’avait pas de limite. Certains kabyles endoctrinés par l’armée et chauffés à blanc étaient sans merci pour leurs compatriotes… Ils furent des centaines de victimes dans des massacres aveugles que rien ne pouvait contenir. Les réfugiés racontaient que certains éventraient les mères, piétinaient les fœtus et les découper en morceaux… D’autres ajoutaient que des bébés étaient écorchés à vifs, devant le regard de leurs mères… des enfants, symboles de l’innocence, étaient dépecés, carbonisés par les égorgeurs entraînés par les légionnaires. Des femmes et des gamines en bas âge étaient, volées puis massacrées sauvagement. C’était inhumain… Les Algériens étaient plongés dans le désespoir le plus total. Ils savaient, qu’ils n’avaient aucune chance de revoir vivants les leurs laissés en Algérie. Je n’étais qu’un enfant et j’étais sensible à cette souffrance de ces réfugiés algériens traqués qui fuyaient la mort. En plus des bruits des armes lointains, les cris des enfants, les plaintes des vieillards, les larmes des femmes rendaient les jours et les nuits d’Oujda tristes et interminable. Après cent trente ans d’occupation, l’Etat français, avec le décret Crémieux, à donné la nationalité française à tous les juifs d’Algérie, 130 000 personnes environ ; tandis que la population Algérienne musulmans vivait toujours exploitée par les colons. Les algériens n’avaient aucun droit dans la terre de leurs ancêtres. Ils subissaient toutes les injustices, les vexations et les privations. Ils étaient tous opprimés par les colons, l’administration et l’armée française.
N.D : Vous êtes une mémoire vivante, monsieur Zenati…
A.Z : Je ne suis pas historien, j’ai juste des souvenirs à raconter… Si certains réfugiés optèrent pour s’installer dans le centre du pays, la plupart avaient préféré s’établir à Oujda, Ahfir, Berkane, Aïn-béni-Mathar, Taourirt, Nador et d’autres villes proches de l’Algérie où ils n’étaient guère dépaysés. L’accent oriental est identique au parler algérien et des décennies marquées par un va-et-vient incessant. Marocains et algériens avaient fini par créer des liens solides des deux côtés de la frontière.
N.D : Est-ce que les Marocains étaient solidaires avec ces Algériens qui venaient en masse ?
A.Z : Durant la guerre d’Algérie, les Marocains, n’avaient jamais caché leur sentiment de compassion et de solidarité avec ceux qu’on appelle « Nos frères Algériens ». C’était un sentiment humain et fraternel qui régissait les rapports avec ces malheureux qui arrivaient à fuir l’horreur des massacres et l’insécurité qui régnaient là-bas, en Algérie.
N.D : Combien étaient-ils ?
A.Z : Difficile de répondre. Lorsque des milliers quittent leur pays en viennent en masse, de manière informelle échappe, en principe, à tout décompte.
N.D : Ils étaient donc si nombreux ?
A.Z : Oui ! Et plus la guerre se prolongeait, plus elle faisait des massacres, plus le mouvement s’accélérait.
N.D : Est-ce que ces réfugiés algériens avaient rencontré à Oujda un bon accueil par les autorités marocaines de l’époque ?
A.Z : Oui... Et l’accueil par les autorités marocaines, et l’amitié des Oujdis. Ils avaient trouvé chez nous la sécurité et le calme.
N.D : Qui s’occupait d’eux ?
A.Z : Nombreuses étaient les organisations non gouvernementales qui leurs venaient en aide. Entre autre, les quakers des Etats-Unis, les volontaires Suisses et les donateurs Belges…

N.D : Les réfugiés étaient-ils mélangés tout naturellement avec la population marocaine locale ?
A.Z : Oui... La plupart d’entre eux avaient trouvé du travail. Avec le temps, beaucoup gagnèrent assez d’agent et achetèrent des maisons et des fonds de commerce. Certains ont pu acquérir des immeubles, des hôtels et des fermes au Maroc qui, jusqu’à nos jours restent leurs propriétés. Parmi les enfants des réfugiés, beaucoup étaient devenus mes amis... Aujourd’hui je déplore avec beaucoup d’amertume la fermeture des frontières terrestres depuis 1994. Les familles marocaines ont deux choix pour se rendre en Algérie : aller à Casablanca et prendre un avion ou emprunter une voie moins légale en franchissant clandestinement les frontières. Je déplore aussi avec tristesse cette incorrigible position politique algérienne qui continue avec obstination de soutenir cette bande de séparatistes qui se donne le nom de « Polisario ». Les responsables algériens, perfides et ingrats, ont oublié le soutient du Roi du Maroc et de son peuple à leur cause nationale et soutiennent injustement ces perdants au détriment des intérêts réels du peuple algérien, à savoir la normalisation définitive de ses relations avec le Maroc… Pourtant, le peuple algérien et le peuple marocain ne sont qu’un seul et même peuple !...
N.D : C’est finalement cette affaire du Sahara qui bloque tout entre les deux Pays.
A.Z : C’est une épine douloureuse dans le pied qui empêche tout le Maghreb d’avancer… Mais enfin, dites-moi, mademoiselle ! Pourquoi ne parle-t-on que du « Sahara Occidental », qui, tout le monde le sait, historiquement et juridiquement, est une terre marocaine ? Mais pourquoi ne parle-t-on jamais du "Sahara Oriental" qui se trouve dans le territoire algérien et qui est si riche en pétrole et en gaz ? Souvenez-vous, lors des négociations d’Evian, le colonialisme français ne voulait pas lâcher le Sahara « algérien ». Et puis, pourquoi parle-t-on du peuple sahraoui et du référendum juste du côté marocain et pas de celui du côté algérien ? Il faut être logique tout de même ! Pour moi, toute cette affaire du Sahara n’est qu’une sorte de bombe à retardement laissée par le colonialisme pour envenimer les relations entre les deux pays frères… Grave affaire qui risque, tôt où tard, de mener les deux pays droit vers une guerre fratricide… Une guerre qui ne profite qu’aux ennemies des magrébins et des musulmans. L’Algérie n’a pas à jouer au gendarme dans la région et les frontières ne devront même pas exister. C’est une honte qu’elles restent fermées. Leur ouverture créera une grande zone économique, les entreprises pourront s’installer aussi bien au Maroc qu’en Algérie en fonction des avantages complétifs de chaque pays… Ce que j’ai pu relever tant chez les marocains que chez les Algériens que j’ai rencontrés, c’est un sentiment d’amertume et d’impuissance devant une situation où des considérations politiques entre deux pays voisins influent sur les relations familiales.

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admin"SNP1975"

admin
Admin

N.D : Je suis certaine, qu’au fond de chaque algérien il n’y a pas de mépris ni de rancune pour les Maroc et ça va de même pour leurs frères marocains
A.Z : Vous avez entièrement raison. Le peuple algérien et le peuple marocain s’aiment et s’entendent très bien. C’est les hauts responsables d’Alger qui bloquent tout… Je pense notamment au Président Abdelaziz Bouteflika que j’ai côtoyé un peu durant ma jeunesse à Oujda... Qu’est-ce qui motive cet homme à nier volontairement dans sa biographie officielle d’être né à Oujda ? Il est écrit simplement : « Né le 2 mars 1937 »… Certains biographes de ce Président algérien amnésique ont raccommodé l’histoire pour le faire naître quelques kilomètres plus loin d’Oujda, plus exactement à Tlemcen, dans le territoire algérien… Quel mensonge grotesque et quelle honte !... Comme si naître à Oujda était une tare. Mais Oujda est une ville millénaire qui a un riche passé culturel et héroïque. Jamais les ottomanes qui ont conquit l’Algérie n’ont pu mettre le pied dans cette ville de résistants. Le colonialisme français non plus. Souvenez-vous de la bataille d’Isly… Il fallu des négociations serrées pour que le maréchal Lyautey entre à Oujda en 1907 alors que l’Algérie était conquise par le maréchal de Beaumont depuis 130 ans…
N.D : C’est bizarre tout de même ! Je ne vois pas pourquoi ce Bouteflika nie d’être né à Oujda…
A.Z : Autrefois, j’ai discuté assez longtemps avec lui !... Il venait voir son frère qui travaillait avec moi au service d’ophtalmologie à l’hôpital Maurice Lousteau d’Oujda. Aujourd’hui, Al Farabi. Son frère était d’ailleurs un excellent paramédical. Il lui ressemblait comme deux gouttes d’eau. Lorsque le future Président venait le voir et, surtout pour voir une belle infirmière marocaine dont il était éperdument amoureux. (Jeunesse oblige) il avait toujours une histoire à raconter. J’ai relaté longuement ce chapitre dans mob récit autobiographique : Al Hogra. D’après une personnalité très fiable dans l’entourage de la présidence algérienne, monsieur Abdelaziz Bouteflika à bien lu mon livre.
N.D : De quoi il parle cet ouvrage ?
A.Z : De l’histoire de la cohabitation entre algériens et marocains à Oujda à l’époque du protectorat français et durant la guerre d’Algérie… Ce livre a engendré beaucoup de polémiques.
N.D : Ainsi, vous me dites que vous connaissez Abdelaziz Bouteflika durant sa jeunesse…
A.Z : Il n’y a pas de quoi être fier, vous savez !... Il faut dire que durant sa jeunesse, cet homme à la tête de l’Algérie, fréquentait un groupe de jeunes Marocains et Algériens qui étaient de véritables fouineurs de bibliothèque. Je pense au poète si Azzouz Bendali, à Brixi Mourad, à Jamal Kachouan… Belkacem Boutouil… à Gaouar Sidamed... Je pense au musicien Ouarad Boumediene. A Cheikh Salah… A Ben Aouda, le chef de la clique municipal d’Oujda. J’étais louveteau au groupe du S.M.A « Scoutisme Musulmans Algériens » et tous ces braves gens venaient nous parler du patriotisme, de l’éducation civique, de la culture, de l’art, et des penseurs et philosophes arabes… Le professeur Bouhassoun nous parlait de la « mouquadima » d’Ibn Khaldoun, de Taha Hocein, de Gibran Khalil Gibran…Il nous disait : « … Il faut savoir aller contre les évidences. Contre cette épouvantable banalité d’un destin tout tracé, plus par la violence des faits que par une vraie décision. Il faut chercher à infléchir le chemin des victimes les plus exposées. Il faut permettre à chacun de trouver sa place dans la société. La vraie exclusion n’est pas seulement la pauvreté. C’est surtout l’ignorance. C’est l’ignorance qui engendre la misère. Alors, il y a trois façons pour changer la vie. La première, l’école. La seconde, l’école. La troisième, l’école. C’est la seule solution pour changer la puissance des faits sur l’enfant et l’arracher à l’évidence de sa condition… »… C’est incroyable… Cet homme était bon. Il avait changé ma vie. A travers ses causeries, il m’avait donné le goût du savoir, de la lecture. Le goût d’entreprendre et d’aller jusqu’au bout de mes rêves… Quand monsieur Bouhassoun aimait un auteur, il nous parlait de lui jusqu’au bout. Chacune de ces personnalités algériennes, qui elles, aujourd’hui, n’ont pas honte de dire qu’elles sont nées à Oujda, nous parlait d’un des auteurs, poètes ou homme de science français ou arabe... Je n’allais pas en classe et c’est dans le scoutisme que j’ai appris à m’exprimer en langue française, grâce à si Azzouz Bendali. Cet homme avait une culture encyclopédique pour un instituteur de cette époque. Il était né pédagogue. Il avait d’emblée l’intuition des procédés efficaces et excellait à inventer des formules mnémotechniques qui permettaient à chacun de discipliner sa mémoire. A chaque réunion de groupe, il nous lisait quelques passages des ouvrages de Louis Ferdinand Céline, Marcel Proust, Fédor Dostoïevski, Apollinaire, Victor Hugo, Balzac, Arthur Rimbaud … Enfin, tous les classiques que lisait ce poète algérien qui vit actuellement en Suisse. N.D : Quel souvenir gardez-vous de Abdelaziz Bouteflika ?
Je me souviens... Lorsqu’il venait voir son frère, au service ophtalmologie, il était toujours vêtu en blue-jean et blouson de cuir, (c’était l’époque de « Sur les quais », de « L’équipée sauvage » de Marlon Brando et de « Autant en emporte le vent » de Clark Gable). Pour épater « son » infirmière, parfois il se prenait pour un acteur et faisait des poses comme son acteur fétiche Clark Gable et parfois il jouait à l’intellectuel et citait de mémoire, et le Coran, et de la poésie arabe et française. Il citait machinalement des pages et des pages de certains auteurs, arabes ou français et il avait déjà cette manie de répéter trois fois la même phrase. Son frère, mon ancien collègue à la santé publique, à qui j’avais offert quelques une de mes peintures, m’invitait souvent à diner chez lui en famille, ainsi je connaissais et la mère de Bouteflika, Lalla Al Mansouria et son père Si Ahmed…
N.D : Que pensez-vous de cet homme, aujourd’hui à la tête de l’Algérie ? Personnellement, je suis marocain et je n’ai pas à me mêler de la politique algérienne, mais si j’avais mon mot à dire, je dirais volontiers que c’est bien dommage que cet ancien Oujdi fait main basse sur ce riche Pays et s’incruste pour le présider à vie... Il était peut-être bon une ou deux fois comme Ministre des Affaires Etrangères de son pays, mais je pense sincèrement qu’il n’a jamais était fait pour être Président... Rien n’a beaucoup changé depuis qu’il dirige ce pays. Le riche est devenu plus riche et le pauvre encore plus pauvre… Et puis il est déjà vieux ! L’Algérie à besoin de sang neuf… Parmi ses hommes et ses femmes, il y en a de véritables intellectuels et de personnes aptes à faire ce métier. Beaucoup d’algériens sont vraiment compétents pour conduire ce "bateau" vers la prospérité...
N.D : Si vous auriez l’occasion de rencontrer Bouteflika, qu’est-ce que vous lui diriez ?
A.Z : Je ne pense pas que j’ai envie de rencontrer cet homme, par contre, j’aimerais bien lui écrire un jour une lettre ouverte.
N.D : Que lui diriez-vous ?
A.Z : Je lui dirais tout simplement : « Monsieur le Président... Vous et moi, nous avons presque le même destin. Moi, rien ne me destinait à être « artiste peintre » et vous, rien ne laissait prévoir qu’un jour vous allez être le « Président de le République Algérienne ». Le jour où vous étiez élu, tous les Oujdis, qui vous considèrent toujours comme un des leurs, étaient fier de vous et de votre réussite. Monsieur le Président, puisque vous êtes à la tête de ce respectable Pays, je peux me permettre, en toute fraternité, de vous dire de tout faire maintenant pour instaurer un climat d’apaisement entre votre pays de naissance, le Maroc et votre pays d’origine l’Algérie. Ne perdez pas cette belle occasion qui vous est offerte de rentrer par la grande porte de l’Histoire Universelle comme un homme de sagesse, un homme de paix… Vous qui êtes né et avez grandit à Oujda… Vous, qui Aujourd’hui, vous dirigez ce grand Pays respecté, ce pays d’un million et demi de martyres, ne perdez pas cette opportunité d’être le réconciliateur qui rapproche les deux peuples frères. Soyez, Monsieur le Président, le ciment catalyseur qui soude et solidifie la fraternité entre Marocains et Algériens. Dans sa sagesse et sa clairvoyance, Sa Majesté Mohamed VI, notre souverain bien-aimé, vous tend la main fraternellement pour instaurer ce climat de paix tant souhaité par les peuples maghrébins. Le Souverain désire vraiment unifier le grand Maghreb. Nous sommes tous des musulmans, monsieur le Président. Nous croyons au même Dieu, nous lisons le même Coran, nous parlons la même langue, nous fêtons les mêmes jours religieux et nous avons le même destin. Le Maghreb-uni c’est peu être pour certains une utopie mais moi j’y crois très fort. Arrêtons ce nationalisme qui nous divise, monsieur le Président... Souvenez-vous, de ce groupe d’intellectuels Algériens d’Oujda que vous connaissez si bien et qu’aucun historien algérien n’évoque à présent. Souvenez-vous, ils étaient de fervents hommes de paix et des bâtisseurs qui avaient, avec leurs frères Marocains, posé les premières pierres pour l’édification du grand-Maghreb. Souvenez-vous du docteur Lazrak, du docteur Haddam, du docteur Clouch... Souvenez-vous du docteur Soufi, du pharmacien Abdelatif Abrous, du transitaire Abbas, du tailleur Kh’lil… Souvenez-vous des professeurs Hassini, Berezgui, Almoutaouakil et Kébir…Ne faut-il pas rester attaché et fidele à la vision de ces Algériens d’Oujda et de ces Marocains qui avant partagé avec leurs frères algériens le même combat pour libérer leur Pays du joug du colonialisme ? Monsieur le Président... Vous-même qui êtes né à Oujda, ne viviez-vous pas vous et les vôtres en parfaite harmonie avec vos amis scouts Marocains du groupe Hassania ? Souvenez-vous aussi du collège Abdelmoumen où vous avez étudié Souvenez-vous de vos camarades marocains de classe… Belgaïd, Boulouiz, Osman, Rochdi, Ben Mira… Monsieur le Président... Personnellement, ayant voyagé a plusieurs reprises en Algérie, sur invitation des autorités algériennes, à des fins artistiques, je voudrais sincèrement témoigner de la chaleur de l’accueil qui m’y a été réservé par ce peuple accueillant et fier… Monsieur le Président... quand on voit comment les allemands, les belges, les italiens, les polonais... se rapprochent au sein de l’Union-Européen et ce avec tous les points de divergences qu’on leur connait, aussi bien culturels, religieux que politique. Alors que nous, deux nations sœurs n’arrivons pas a nous entendre ca m’attriste, ca m’attriste, ça m’attriste, « comme vous, je répète trois fois les mots »… Oui ça m’attriste ; d’autant plus que si le colon avait tracé la frontière entre nos deux pays un peu plus a l’est ou un peu plus a l’ouest, je serais aujourd’hui d’origine algérienne ou mes cousins de Marhnia seraient marocain. C’est vraiment des foutaises… Monsieur le Président... Marocains et Algériens se tournent le dos, pendant ce temps, d’autres ont marché sur la lune, vont marcher sur mars, cherche des vaccins contre le cancer... Le poète Mouloud Maâmmerri qui est bien votre compatriote avait dit : « Quand trop de sécheresse brûle les cœurs, Quand la faim tord les entrailles, Quand on bâillonne trop de rêves, C’est comme quand on ajoute bois sur bois sur le bûcher. A la fin il suffit du bout de bois d’un esclave pour faire dans le ciel de Dieu, et dans le cœur des hommes, le plus énorme incendie » Assise à côté de l’artiste qui dédicace ses livres et vend ses peintures aux passants, je me sentais bien dans ma robe légère d’été. J’étais tout le contraire de la « journaliste choc » que l’on voit à la télévision, au cinéma ou que l’on décrit dans les romans policiers.
N.D : Vous écriviez depuis combien de temps ?
A.Z : Depuis toujours… Du moins dans ma tête. Pour le dire vite. Les premiers textes qui, si on peut dire, ont été publiés dans la revue de la foire d’Oujda. C’était en 1970, j’avais 33 ans. De se voir imprimé pour la première fois, moi qui n’avait jamais fréquenté l’école, c‘est une émotion assez disproportionnée quand on mesure le plaisir qu’on éprouve aux quelques lignes qui ont mérité de la typographie. Par la suite, j’ai publié à peu près régulièrement des articles dans le quotidien l’Opinion. J’étais pour un certain temps le correspondant régional. Il m’a fallu plusieurs années pour vraiment trouver une forme qui corresponde à ce que j’avais envie de faire. J’ai commencé à me sentir plus à l’aise en 94, quand j’ai commencé à écrire mon roman autobiographique : Les cigognes reviendront-elles à Oujda ?. L’artiste me renseigna sur des questions techniques de sa peinture : collage, répétition des œuvres, liberté d’expression artistique, la beauté et le sens de la création, la couleur, le geste, la matière, la lumière, la forme… et le rapport entre l’écriture et la peinture… Dès la première minute de ma rencontre avec Abderrahmane Zenati, j’ai senti en lui un homme à l’esprit ouvert. Un peintre en perpétuel mouvement, qui est confronté en permanence à ces situations de création et d’exposition… de vendre surtout ses toiles aux touristes pour vivre, car, seule la peinture est son gagne-pain, me précisa-t-il. Il m’a ensuite invitée à faire un tour à Saïdia by night inondée de jeunes émigrés déambulant et parlant haut et fort dans une ambiance de relents de frites et de l’assourdissante musique raï… Puis, en toute amabilité, l’artiste me convia à visiter sa petite maison. Je ne sais si c’est par goût de découverte, par besoin de communication, ou je ne sais quoi, comme on se jette à l’eau, j’ai dis oui à cet homme qui m’inspirait confiance et je suis partie avec lui dans un quartier dont les touristes ne connaissent pas l’existence. Un quartier qui incarne la fracture irréductible entre les riches marocains privilégiés et les pauvres oubliés et exploités… Un désordre indescriptible, régnait chez l’artiste. Des dizaines d’œuvres s’étalaient ici et là toutes pétries d’un talent fou ou d’un talent de fou, comme vous voulez. Il semble produire ses tableaux comme Renault fabrique ses voitures. Des dizaines de toiles de toutes les formes aux couleurs chocolat sombre mais belles, des configurations généreuses donnant un relief agréable à l’œil. Des morceaux de cuivre de toutes aspects incrustés dans la matière, des têtes de chevaux démoniaques, des compositions abstraites tout droit sorties de la subconscience et sans continuité d’un thème à l’autre. M’observant du coin de l’œil et voyant en moi une femme visiblement intéressée par ses toiles, sans doute pensa-t-il trouver en moi une cliente potentielle, il entra dans une longue explication théorique :
A.Z : Vous savez, mademoiselle, peindre et écrire n’est pas aussi facile qu’on le croit… il y a un temps de peindre et un temps de méditer… Personnellement, après chaque exposition, je traverse une période de confusion et de désordre intérieur. Selon l’importance de l’événement, il me faut quelque jour ou plusieurs semaines pour prendre de la distance. Je n’arrive plus à peindre, je ne peux rien décider ni organiser. Je suis entre parenthèse. Je n’arrive même pas à réfléchir, mes idées vont dans tous les sens, en ordre éparpillé. Si je tente de faire quelque chose sur le plan concret, je produis des catastrophes et, en plus, c’est extrêmement pénible. Alors, j’accepte de « perdre du temps ». J’entre dans une période qui me place hors du temps… Un temps qui me paraît extérieure à la trame de mon existence.

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Nathalie Dubois entretien avec Abderrahmane Zenati, artiste peintre et écrivain marocain


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hamoud



MR ZENATI , je crois que bouteflika ne vous rencontrera jamais , et ne lira a jamais votre lettre , d'ailleurs vous le meprisez et le denigrez a un point si comme il est le second sharon , ou hitler , par contre votre majeste ( que vous aimez dans cette lettre , et a savoir ce que vous pensez de lui reellement ) !
Bouteflika est un peu vieux certes , mais avez vous vu toutes les realisations durant ses mandats ?
MR ZENATI , ce sont vos ecrits qui font la separation entre algeriens et marocains , il serait plus sage de votre part , d'unifier et de rassembler les deux peuples au lieu de creer la zizanie ! a titre d'exemple , personne en algerie ne vous permettra de critiquer MR bouteflika , et il en est de meme pour mohamed VI!
Vous etes tres loin de la politique , alors monsieur restez dans le domaine de la peinture , c'est deja beaucoup pour vous , car le peuple algerien et marocain sont freres , et viendra le jour sans bouteflka ni meme mohamed VI , que ces deux peuples trouveront le vrai chemin de la fraternite malgre la fermeture des frontieres !

oranaisfier

oranaisfier

D'abord, si on aime pas une personne , pourquoi donc lui écrire? Je crois, comme l'a dit Hamoud, Boutéflika n'aurait aussi pas envie de rencontrer Monsieur Zenati, il n'a pas que ça a faire.

Abderrahmane Zenati est un artiste peintre, il mélange art et politique, ce qui est incompatible.

Le mieux c'est qu'il reste dans l'art, la politique est un job pour les politiciens.


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