Algérie-Maroc Mohammed VI à Bouteflika : que de bons vœux !
par M. Saâdoune
Ceux qui se désolent d'un Maghreb continuellement en panne peuvent trouver une maigre consolation dans les lettres échangées entre les chefs d'Etat algérien et marocain à l'occasion des fêtes et occasions nationales respectives. Même si elles font partie d'un rituel, respecté même aux pires moments de la relation bilatérale, on y voit le maintien d'un lien... Rituellement aussi, par impératif de métier, on cherche à déceler dans ces messages une possibilité ou une ouverture. Quand on ne la retrouve pas, on se contentera de dire que la politesse diplomatique a continué à prévaloir, ce qui n'est pas beaucoup même si cela n'est pas rien. Que dit le message 2009 du roi Mohammed VI à l'occasion de la fête d'indépendance ? Que de bons voeux. De santé au président et de progrès et de prospérité au peuple algérien. L'évocation aussi de la «solidarité fraternelle et sincère» et «les valeurs de la lutte nationale commune, à l'époque du combat héroïque pour la liberté et l'indépendance...».
La commémoration de chaque anniversaire de ce combat «nous incite à oeuvrer pour réaliser les aspirations des générations montantes à un avenir prometteur et à la conjugaison des efforts pour la concrétisation de la complémentarité et l'intégration entre nos deux pays et nos deux peuples». Ce «capital historique commun», le roi Mohammed VI se dit prêt à agir de concert avec le président algérien pour le mettre à profit en vue de «raffermir les relations de coopération fructueuse, de solidarité agissante et de contact permanent et les élargir à tous les domaines». Le roi du Maroc n'omet pas de souligner sa «ferme détermination» à coordonner avec le président Bouteflika et les chefs d'Etat maghrébins «pour dynamiser les structures de notre union maghrébine et renforcer ses fondements en tant que groupement agissant dans son environnement régional et international, sur des bases solides et dans l'esprit du Traité constitutif de Marrakech, afin de répondre aux aspirations de nos peuples au renforcement des liens d'interaction, de compréhension et de complémentarité, dans un cadre de confiance, de bon voisinage et de respect des spécificités de nos cinq pays».
C'est le présent qui pose problème
Fraternité, histoire commune, avenir commun... On peut retrouver les mêmes thèmes dans les lettres du président Bouteflika en des occasions similaires. Ces échanges épistolaires ne sont pas insincères, mais ils ont le désavantage de parler d'un passé et d'un futur idéalisés en occultant un présent terne. Or, c'est bien le présent qui pose problème et non le passé. C'est le présent avec ses blocages qui rend l'avenir si incertain. Les frontières entre l'Algérie et le Maroc sont toujours fermées et beaucoup d'Algériens se demandent pourquoi même si on ne débat plus de ces choses dans l'espace public. Régulièrement les journaux des deux pays se livrent à de méchants échanges de prose qui sont très loin, vraiment très loin, de la teneur des messages des chefs d'Etat en ces occasions nationales. Ces messages ont le mérite ténu de ne pas insulter l'avenir. Avouons en tout état de cause que les lettres des chefs d'Etat, même si elles sont forgées au bon bois diplomatique, sont d'un meilleur goût que les interminables échanges polémiques entre les journaux d'ici et ceux de là-bas.
Quotidien d'Oran
7/07/09
par M. Saâdoune
Ceux qui se désolent d'un Maghreb continuellement en panne peuvent trouver une maigre consolation dans les lettres échangées entre les chefs d'Etat algérien et marocain à l'occasion des fêtes et occasions nationales respectives. Même si elles font partie d'un rituel, respecté même aux pires moments de la relation bilatérale, on y voit le maintien d'un lien... Rituellement aussi, par impératif de métier, on cherche à déceler dans ces messages une possibilité ou une ouverture. Quand on ne la retrouve pas, on se contentera de dire que la politesse diplomatique a continué à prévaloir, ce qui n'est pas beaucoup même si cela n'est pas rien. Que dit le message 2009 du roi Mohammed VI à l'occasion de la fête d'indépendance ? Que de bons voeux. De santé au président et de progrès et de prospérité au peuple algérien. L'évocation aussi de la «solidarité fraternelle et sincère» et «les valeurs de la lutte nationale commune, à l'époque du combat héroïque pour la liberté et l'indépendance...».
La commémoration de chaque anniversaire de ce combat «nous incite à oeuvrer pour réaliser les aspirations des générations montantes à un avenir prometteur et à la conjugaison des efforts pour la concrétisation de la complémentarité et l'intégration entre nos deux pays et nos deux peuples». Ce «capital historique commun», le roi Mohammed VI se dit prêt à agir de concert avec le président algérien pour le mettre à profit en vue de «raffermir les relations de coopération fructueuse, de solidarité agissante et de contact permanent et les élargir à tous les domaines». Le roi du Maroc n'omet pas de souligner sa «ferme détermination» à coordonner avec le président Bouteflika et les chefs d'Etat maghrébins «pour dynamiser les structures de notre union maghrébine et renforcer ses fondements en tant que groupement agissant dans son environnement régional et international, sur des bases solides et dans l'esprit du Traité constitutif de Marrakech, afin de répondre aux aspirations de nos peuples au renforcement des liens d'interaction, de compréhension et de complémentarité, dans un cadre de confiance, de bon voisinage et de respect des spécificités de nos cinq pays».
C'est le présent qui pose problème
Fraternité, histoire commune, avenir commun... On peut retrouver les mêmes thèmes dans les lettres du président Bouteflika en des occasions similaires. Ces échanges épistolaires ne sont pas insincères, mais ils ont le désavantage de parler d'un passé et d'un futur idéalisés en occultant un présent terne. Or, c'est bien le présent qui pose problème et non le passé. C'est le présent avec ses blocages qui rend l'avenir si incertain. Les frontières entre l'Algérie et le Maroc sont toujours fermées et beaucoup d'Algériens se demandent pourquoi même si on ne débat plus de ces choses dans l'espace public. Régulièrement les journaux des deux pays se livrent à de méchants échanges de prose qui sont très loin, vraiment très loin, de la teneur des messages des chefs d'Etat en ces occasions nationales. Ces messages ont le mérite ténu de ne pas insulter l'avenir. Avouons en tout état de cause que les lettres des chefs d'Etat, même si elles sont forgées au bon bois diplomatique, sont d'un meilleur goût que les interminables échanges polémiques entre les journaux d'ici et ceux de là-bas.
Quotidien d'Oran
7/07/09