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L'exil des algériens au Maroc

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1L'exil des algériens au Maroc Empty L'exil des algériens au Maroc Sam 11 Avr - 16:45

admin"SNP1975"

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LA GESTION ADMINISTRATIVE DE L'ÉMIGRATION ALGÉRIENNE

VERS LES PAYS MUSULMANS

AU LENDEMAIN DE LA CONQUÊTE

DE L'ALGÉRIE (1830-1914)



L'Algérie fut, de tous les territoires conquis par la France outre-mer au cours du XIXe siècle, l'un des rares où la métropole eut une véritable politique d'installation massive de colons européens (français, bien sûr, mais aussi espagnols, italiens...). Le territoire n'étant pas vide (environ 2 millions d'habitants en 1830), les 500 000 colons arrivés entre 1830 et 1896 se sont trouvés en concurrence avec la population indigène pour l'occupation des terres cultivables. Certains administrateurs prônaient ouvertement une politique d'expulsion des Algériens, voire d'extermination. Par ailleurs, pour des raisons qui sont mentionnées dans le présent article, un mouvement d'émigration plus ou mois spontané s'était développé, principalement en direction du Maroc, de la Tunisie et du Proche Orient. Kamel Kateb* expose ici les hésitations des responsables politiques et administrateurs français face à ce mouvement qui, d'un côté, facilitait la politique de colonisation, mais de l'autre pouvait être considéré comme un acte de « résistance » à la puissance coloniale, et contaminer les régions de destination des émigrés, qui se trouvaient majoritairement aussi sous influence française.

Les mouvements migratoires algériens n'ont été abordés que sous l'angle de la colonisation pendant le XIXe siècle, et de la migration des indigènes vers la métropole au cours du XXe siècle. Pourtant, nombre d'écrits officiels - dès le milieu du XIXe siècle - font état de la nécessité d'interdire le retour des tribus ayant quitté le territoire algérien ; des traces de colonies algériennes ont été retrouvées en Turquie et en Nouvelle-Calédonie ; des historiens comme Isnard, Ageron ou Noushi ne manquèrent pas de signaler ces migrations mais sans en faire une étude systématique : le centre de leurs préoccupations resta l'étude des bouleversements socio-économiques considérables occasionnés par la pénétration française en Algérie. Les auteurs qui ont

* Institut national d'études démographiques. Population, 2, 1997, 399-428

à suivre

http://www.marocainsdalgerie.net

admin"SNP1975"

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L'émigration vers le Maroc

L'émigration vers le Maroc a commencé dès la conquête de l'Algérie, pour des raisons liées directement à la guerre, et s'est poursuivie avec l'insurrection d'Abdelkader qui fit de la frontière marocaine une base de repli. Il est incontestable que deux grandes tribus s'installèrent au Maroc, les Hachems et les Béni Amer, dont un grand nombre furent rapatriés dans les années qui suivirent la reddition d'Abdelkader : la deira d'Abdelkader rapatriée en 1848 comprenait 590 tentes, soit plus de 3 000 personnes. À ces tribus s'ajoutent un grand nombre de familles originaires de Tlemcen, Mascara, Mostaganem et Alger qui s'installèrent principalement à Oujda, Taza, Té- touan et Tanger; quelques-unes s'installèrent aussi à Rabat et Salé(l2). Il est évident que ces migrants ne demandèrent ni passeport, ni autorisation : c'était des «émigrés clandestins». La tribu des Ouled Sidi Cheikh, qui fut à l'origine des insurrections de 1864 et 1869, a eu, jusqu'à sa défaite totale, un pied en Algérie et l'autre au Maroc. On trouve d'ailleurs très peu de traces de demandes d'émigration vers le Maroc, alors que les correspondances concernant des demandes de rapatriement du Maroc sont innombrables ; en 1850, par exemple, 1 500 personnes demandèrent leur rapatriement0 3). En d'autres termes, les émigrés avaient besoin d'une autorisation pour revenir en Algérie; mais ils s'en passaient pour quitter l'Algérie. Signalons aussi que les Tlemcéniens qui émigrèrent vers la Syrie en 1910-1911 quittèrent clandestinement l'Algérie pour embarquer à Tanger.

L'ampleur des mouvements migratoires vers le Maroc suscita l'inquiétude du Gouvernement Général de l'Algérie, comme le montre l'extrait suivant du registre des délibérations du conseil supérieur d'administration, dans sa séance du 17 avril 1846. M. Poucher a été chargé par le GGA de soumettre à l'examen un projet d'arrêté d'urgence destiné à mettre fin, par la crainte d'une répression efficace, aux mouvements d'émigration des tribus arabes :

«... Messieurs, plusieurs tribus de la frontière de l'ouest et même du centre de la province d'Oran, quelques-unes de la lisière du Tell sur la ligne du sud, cédant aux suggestions de l'émir ou de ses agents ont émigré la plupart dans le Maroc, les autres dans le désert.... Les tribus qui restent sur notre territoire en prennent l'opinion que notre domination n'est que précaire et transitoire et que Гех-émir est toujours sur le point de revenir à la tête de ces nombreux emigrants. D'une part ces emigrants font croire à nos voisins du Maroc que l'Algérie tout entière gémit sous un joug defer, et par suite ceux-ci sont beaucoup plus disposés à prêter leur concours aux projets de notre astucieux adversaire. »

Le projet reflète le contenu des débats où l'on pesa le pour et le contre de cette émigration. Celle-ci est d'abord jugée favorable à la colonisation européenne. Mais elle soulève aussi des inquiétudes pour le court terme, car on y voit une perte et un danger. On mentionne...

« un problème de sécurité sur les territoires abandonnés par les tribus qui sont responsables de la sécurité des individus et des convois qui se déplacent. Sinon il faudrait une mobilisation des forces militaires importante pour assurer la sécurité des convois. Par conséquent, ces forces seraient retirées des opérations de guerre. D'autre part ces tribus fournissent des moyens de transport considérables sans lesquels les efforts de guerre seraient réduits. Ceux propres à l'armée ne représentent que le dixième des besoins. »

Le troisième argument touche à la mobilisation des forces contre la présence française : «Ces tribus si elles échappent au contrôle vont aller grossir les rangs de l'ennemi. » Enfin, un dernier argument est d'ordre économique : «Ces tribus fournissent un important impôt en nature et contribuent à l'approvisionnement des villes qu'il aurait fallu importer». La conclusion a un caractère prospectif, soulignant le caractère tactique du blocage de l'émigration :

«Quand la population européenne se sera multipliée de manière à équilibrer la force arabe et à rendre à l'armée les services qu'elle reçoit des populations indigènes, il y aura sans doute, beaucoup moins d'intérêt à retenir celle-ci parmi nous, bien qu'encore leur présence conservera son degré d'utilité. [...] Le sol est assez vaste et assez fertile pour recevoir et nourrir largement 7 ou 8 millions d'Européens et 4 millions d'Arabes qui, divisés au milieu de nos centres, s'accoutumeront peu à peu à notre domination et finiront sous l'empire d'une administration juste, ferme et paternelle par s'assimiler à nous. [...] Cet arrêté produira l'un de ces deux effets : ou la mesure sera efficace et nous aurons atteint le but ; ou les tribus continueront l'émigration, et nous obtiendrons encore un grand avantage, celui de pouvoir disposer de vastes territoires pour la colonisation européenne qui ne peut plus rester dans le cercle étroit où elle est actuellement restreinte. [...] La tribu immédiatement concernée est celle des Béni Amer qui occupent une fort riche contrée... qui est éminemment favorable à l'établissement des Européens. »

Le décret proposé à l'issue du débat est adopté à l'unanimité par le Conseil. L'article premier n'accorde aucun délai aux tribus hostiles; le second est préventif : il prononce, avec un délai, la dépossession territoriale de toute tribu ou fraction de tribu qui émigrera.

« Art. 1 . Toutes les propriétés communes ou particulières appartenant à des tribus ou à des fractions de tribu actuellement émigrées soit dans le Maroc, soit dans le désert seront déclarées propriétés de l'État...

Art. 2. À l'avenir toute tribu ou fraction de tribu qui émigrera sera également dépossédée de ses propriétés communes ou particulières si dans le délai d'un mois à compter du jour de l'émigration elle n'a pas obtenu Vaman du commandant supérieur de la division... »(14)

CAOM, Aix-en-Provence, Gouvernement général de l'Algérie, carton 9H98.
12) Michaux Belloire (éd.), Les musulmans d'Algérie au Maroc, archives marocaines 1907, vXI, p. 14.

(13) CAOM, Aix-en-Provence, Lettre du 19 mai 1850 du consulat général de France à Tanger au ministère des Affaires étrangères, carton 9H98



Dernière édition par admin le Sam 11 Avr - 17:03, édité 1 fois

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admin"SNP1975"

admin
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Ce document résume parfaitement les limites de l'action de l'administration française. Bien qu'elle ait toujours cherché à bloquer les migrations de grande ampleur, le mouvement de départ vers le Maroc ne semble pas avoir connu de ralentissement, comme le montre le rapport mensuel du mois d'octobre 1899 du service des communes mixtes, qui cite l'administrateur de Télagh :

«À signaler tout particulièrement chez les indigènes, une tendance à s'expatrier pour fuir une situation devenue d'une façon générale assez misérable au cours de ces dernières années. Les récoltes ayant fait défaut les impôts sont, en effet, devenus, même réduits, une charge écrasante... [...] Plusieurs familles ont déjà abandonné le pays pour se rendre au Maroc... »(l5)

Mais ces départs, répétons-le, n'excluaient pas les retours.

Kamel Kateb
Revue population volume 52 ,némuro 2

http://www.marocainsdalgerie.net

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