Le mystère algéro-marocain
«Je ne veux pas de colonies: elles ne sont bonnes qu’à créer des sinécures. C’est tout ce que l’Angleterre et l’Espagne en font.» (Bismarck 1815-1898)
Comment ou par quoi peut-on expliquer la violence des mots employés et la haine qu’ils dégagent chez certains lorsqu’il s’agit de commenter l’actualité algéro-marocaine? Que les commentaires soient ceux de certains journalistes, intellectuels ou simples citoyens.
Pardonnez-moi de revenir sur ce sujet, tant le nombre de messages qui sont arrivés dans ma boîte électronique, en réponse à la précédente chronique intitulée «Le mythe du Sahara marocain», m’ont surpris par leur agressivité et, n’ayons pas peur de le dire, leurs insultes envers non seulement le chroniqueur mais aussi envers l’Algérie, peuple et gouvernant. Je sais bien l’attachement du peuple marocain à la thèse officielle de la marocanité du Sahara occidental. Et c’est normal.
Le contraire m’aurait étonné. Pour autant, peut-on reprocher à l’Algérie d’être solidaire du peuple sahraoui dans sa quête de liberté? Avons-nous, nous Algériens, comme bien des peuples à travers le monde, le droit d’avoir une opinion différente de celle du Maroc sur la question sahraouie?
Je croyais que l’avenir du Sahara est encore en négociations sous les auspices de la communauté internationale et que toutes les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU maintiennent l’option du droit des Sahraouis à se prononcer sur leur avenir. Quel qu’il soit. Ce sera leur choix.
Mon étonnement ne s’arrête pas aux seules réactions de quelques crétins marocains comme celles qui nous promettent une vengeance sur l’histoire, voire une guerre.
Mais que puis-je répondre à cet Espagnol qui me précisait dans son message que Ceuta et Melilla sont espagnoles depuis plus de 2000 ans que, par le passé l’Empire romain reconnaissait leur appartenance au Royaume d’Espagne et qu’elles ne seront jamais marocaines parce que j’écrivais que Ceuta et Melilla sont marocaines?
Du coup, je ne pus m’empêcher de penser à toutes les revendications territoriales au nom d’une lointaine histoire par bien des pays, comme par hasard, en guerre déclarée ou latente. La Syrie pour le Liban ou l’Irak pour le Koweït depuis la fin de l’Empire ottoman en 1920.
Ou encore, peut-on imaginer l’Allemagne revendiquer l’Alsace et la Lorraine reprises par la France à la fin de la dernière guerre mondiale? J’ai voulu revenir sur ce sujet parce qu’il est d’une actualité et d’une urgence brûlantes et qu’il empoisonne le débat lorsqu’il est pollué par la surenchère nationaliste.
D’autant plus, qu’à la demande du Maroc, l’ouverture des frontières communes avec l’Algérie est prise en charge par les gouvernants des deux pays. A charge pour les responsables politiques des deux pays de sortir leurs peuples de l’impasse.
Toujours est-il que, quel que sera l’avenir des relations algéro-marocaines, il faudra du temps, beaucoup de temps pour reconstruire cette «fraternité» de l’Algérie que le discours politique marocain aime tant proclamer à tout bout de champ, sauf lorsqu’il s’agit de l’avenir du...Sahara occidental.
Car chez les Algériens, il n’y a point de haine. Ils sont cependant exigeants dans l’amitié et la fraternité. Ils les veulent entières. Sans calculs ni coups bas.
Pour le reste, les messages reçus me prouvent que je n’avais pas tort sur le sentiment agressif qu’a semé et continue de semer la propagande marocaine officielle à l’encontre de l’Algérie.
M’hammedi BOUZINA