Khaled est un merveilleux chanteur mais quand il s’improvise politique, c’est franchement scandaleux. Lors de son passage au Maroc, pour le festival d’Essaouira, il a comparé l’expulsion des Marocains d’Algérie au milieu des années 70 à la “déportation des Juifs” par les nazis !
Khaled Hadj Brahim, qui s’autoproclame “ambassadeur de la musique maghrébine”, a fait fort dans l’entretien qu’il a accordé au magazine marocain Tel Quel. Après son passage à la fête du trône, à El-Hoceima, le “king du raï” a participé au festival gnaoui d’Essaouira avant de lâcher cette bombe médiatique. À une question sur les tensions algéro-marocaines qu’il qualifie “d’aberration”, Khaled ne peut s’empêcher de revenir sur un des épisodes le plus controversé de la relation entre l’Algérie et le Maroc en prenant le parti des Marocains expulsés par le président Boumediene : “Tout petit, j’ai vu un flic entrer chez mon copain et le refouler au Maroc. À Oran, on a tous des amis qui ont été déportés, des gens qu’on a cachés et d’autres qu’on a mariés de force pour qu’ils puissent rester en Algérie. Avec le recul, ces scènes ressemblent à celles de la Seconde Guerre mondiale où des voisins cachaient leurs amis juifs pour leur éviter les camps nazis. À ce point. Ça me fait mal.”
On savait Khaled sensible au lobby juif marocain, mais de là à balancer, froidement, des contre-vérités historiques, il y a un pas que notre star de la chanson a malheureusement franchi. Car les Marocains expulsés à l’époque ne le furent qu’à cause de Rabat qui avait décidé de déposséder les citoyens algériens résidant au Maroc et de les renvoyer en Algérie. La politique de “marocanisation” des terres agricoles possédées par les Algériens depuis… 1843, lors de l’exode de populations algériennes entières fidèles à l’Émir Abdelkader, avait mis sur la paille des milliers de familles algériennes. Une politique qui avait débuté en 1963, suite à “la guerre des sables”, et qui s’est poursuivie jusqu’en 1994 quand 70 000 autres Algériens ont été dépossédés et expulsés après l’affaire de l’attentat de Marrakech.
Mais les dérapages de Khaled, associant les Algériens aux “pratiques nazis,” ne s’arrêtent pas là. En verve, le king du raï se lâche et fait des confidences troublantes sur ses discussions à bâtons rompus avec le roi Mohammed VI, mais aussi le président Bouteflika : “Maintenant que je côtoie le roi du Maroc et le président Bouteflika, on parle de ça et ils me disent tous les deux la même chose : “Les gens ne vont pas comprendre si l’on tourne rapidement la page du conflit entre le Maroc et l’Algérie. Les jeunes des deux bords t’adorent. On a besoin de symboles comme toi pour ouvrir des brèches et permettre le dégel des tensions en douceur. Et un jour, tout ça va s’arranger.”
Que Khaled soit l’ami de Mohammed VI, amitié dont il se dit “fier”, est son affaire. Mais que le chanteur implique le président algérien comme étant un personnage qui est pressé de “tourner la page” avec le Maroc est particulièrement sulfureux. Donc, à en croire Khaled, le président Bouteflika, l’homme qui avait signé la convention d’établissement algéro-marocaine, du 15 mars 1963, qui avait posé le cadre de la protection des Algériens et de leurs biens au Maroc serait… schizophrène. Oublié les engagements multiples et divers de Bouteflika sur la scène africaine, maghrébine ou mondiale pour l’autodétermination du peuple Sahraoui ! Zappé le Bouteflika qui avait conseillé à Boumediene d’appliquer la réciprocité du traitement en 1974 après la violation par le Maroc du traité d’Ifrane ! Enterré les principes inaliénables de l’Algérie depuis 34 ans en faveur de la libération du peuple sahraoui de la colonisation marocaine !
D’ailleurs, Khaled, qui devrait se contenter de faire de la musique, n’a pas eu un mot, un seul, à l’égard des milliers de Sahraouis qui souffrent des traitements marocains. Pas un mot sur le Maghreb “réconcilié” qu’il appelle de ses vœux et qui ne pourra voir le jour qu’avec un Sahara occidental indépendant. Alors que le haut commissaire aux réfugiés de l’ONU, Guittierez, appelle la communauté internationale à ne pas laisser mourir à petit feu le peuple sahraoui, un des symboles de la jeunesse algérienne et maghrébine se laisse aller à des affirmations dignes d’un autiste politique. Lui-même le dit : “Les jeunes du Maghreb m’ont applaudi et m’ont couronné, je me considère comme l’ambassadeur de la musique maghrébine dans le monde.” À la lumière de cette scandaleuse interview, Khaled qui se vante qu’“à la “frontière du royaume, aucun douanier n’osait me demander un visa même si je voyage avec un passeport algérien”, a mis les pieds dans le plat. Certains avanceront certainement l’argument que Khaled n’est pas un politique. Et c’est précisément là le hic. Quand on est artiste avec cette notoriété inégalée au Maghreb, on se doit de mesurer ses paroles et savoir apprécier les enjeux. À l’inverse, on ne s’aventure pas dans les chemins chaotiques de la diplomatie. Le malaise est d’autant plus grand que ce n’est pas la première fois que nos artistes s’improvisent porte-parole, comme ce fut le cas de cheb Mami lors de l’hospitalisation du président Bouteflika. Ce dernier qui aime à cajoler nos artistes devrait probablement être estomaqué par la liberté prise par Khaled, qui se prétend proche de lui, pour l’associer à une telle sortie médiatique. À défaut, le poste d’ambassadeur d’Algérie au Maroc est vacant…
Khaled Hadj Brahim, qui s’autoproclame “ambassadeur de la musique maghrébine”, a fait fort dans l’entretien qu’il a accordé au magazine marocain Tel Quel. Après son passage à la fête du trône, à El-Hoceima, le “king du raï” a participé au festival gnaoui d’Essaouira avant de lâcher cette bombe médiatique. À une question sur les tensions algéro-marocaines qu’il qualifie “d’aberration”, Khaled ne peut s’empêcher de revenir sur un des épisodes le plus controversé de la relation entre l’Algérie et le Maroc en prenant le parti des Marocains expulsés par le président Boumediene : “Tout petit, j’ai vu un flic entrer chez mon copain et le refouler au Maroc. À Oran, on a tous des amis qui ont été déportés, des gens qu’on a cachés et d’autres qu’on a mariés de force pour qu’ils puissent rester en Algérie. Avec le recul, ces scènes ressemblent à celles de la Seconde Guerre mondiale où des voisins cachaient leurs amis juifs pour leur éviter les camps nazis. À ce point. Ça me fait mal.”
On savait Khaled sensible au lobby juif marocain, mais de là à balancer, froidement, des contre-vérités historiques, il y a un pas que notre star de la chanson a malheureusement franchi. Car les Marocains expulsés à l’époque ne le furent qu’à cause de Rabat qui avait décidé de déposséder les citoyens algériens résidant au Maroc et de les renvoyer en Algérie. La politique de “marocanisation” des terres agricoles possédées par les Algériens depuis… 1843, lors de l’exode de populations algériennes entières fidèles à l’Émir Abdelkader, avait mis sur la paille des milliers de familles algériennes. Une politique qui avait débuté en 1963, suite à “la guerre des sables”, et qui s’est poursuivie jusqu’en 1994 quand 70 000 autres Algériens ont été dépossédés et expulsés après l’affaire de l’attentat de Marrakech.
Mais les dérapages de Khaled, associant les Algériens aux “pratiques nazis,” ne s’arrêtent pas là. En verve, le king du raï se lâche et fait des confidences troublantes sur ses discussions à bâtons rompus avec le roi Mohammed VI, mais aussi le président Bouteflika : “Maintenant que je côtoie le roi du Maroc et le président Bouteflika, on parle de ça et ils me disent tous les deux la même chose : “Les gens ne vont pas comprendre si l’on tourne rapidement la page du conflit entre le Maroc et l’Algérie. Les jeunes des deux bords t’adorent. On a besoin de symboles comme toi pour ouvrir des brèches et permettre le dégel des tensions en douceur. Et un jour, tout ça va s’arranger.”
Que Khaled soit l’ami de Mohammed VI, amitié dont il se dit “fier”, est son affaire. Mais que le chanteur implique le président algérien comme étant un personnage qui est pressé de “tourner la page” avec le Maroc est particulièrement sulfureux. Donc, à en croire Khaled, le président Bouteflika, l’homme qui avait signé la convention d’établissement algéro-marocaine, du 15 mars 1963, qui avait posé le cadre de la protection des Algériens et de leurs biens au Maroc serait… schizophrène. Oublié les engagements multiples et divers de Bouteflika sur la scène africaine, maghrébine ou mondiale pour l’autodétermination du peuple Sahraoui ! Zappé le Bouteflika qui avait conseillé à Boumediene d’appliquer la réciprocité du traitement en 1974 après la violation par le Maroc du traité d’Ifrane ! Enterré les principes inaliénables de l’Algérie depuis 34 ans en faveur de la libération du peuple sahraoui de la colonisation marocaine !
D’ailleurs, Khaled, qui devrait se contenter de faire de la musique, n’a pas eu un mot, un seul, à l’égard des milliers de Sahraouis qui souffrent des traitements marocains. Pas un mot sur le Maghreb “réconcilié” qu’il appelle de ses vœux et qui ne pourra voir le jour qu’avec un Sahara occidental indépendant. Alors que le haut commissaire aux réfugiés de l’ONU, Guittierez, appelle la communauté internationale à ne pas laisser mourir à petit feu le peuple sahraoui, un des symboles de la jeunesse algérienne et maghrébine se laisse aller à des affirmations dignes d’un autiste politique. Lui-même le dit : “Les jeunes du Maghreb m’ont applaudi et m’ont couronné, je me considère comme l’ambassadeur de la musique maghrébine dans le monde.” À la lumière de cette scandaleuse interview, Khaled qui se vante qu’“à la “frontière du royaume, aucun douanier n’osait me demander un visa même si je voyage avec un passeport algérien”, a mis les pieds dans le plat. Certains avanceront certainement l’argument que Khaled n’est pas un politique. Et c’est précisément là le hic. Quand on est artiste avec cette notoriété inégalée au Maghreb, on se doit de mesurer ses paroles et savoir apprécier les enjeux. À l’inverse, on ne s’aventure pas dans les chemins chaotiques de la diplomatie. Le malaise est d’autant plus grand que ce n’est pas la première fois que nos artistes s’improvisent porte-parole, comme ce fut le cas de cheb Mami lors de l’hospitalisation du président Bouteflika. Ce dernier qui aime à cajoler nos artistes devrait probablement être estomaqué par la liberté prise par Khaled, qui se prétend proche de lui, pour l’associer à une telle sortie médiatique. À défaut, le poste d’ambassadeur d’Algérie au Maroc est vacant…