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L’autre Lyautey: Et si le fondateur du «royaume arabe» au Maroc était homosexuel..

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LyauteyDôme des Invalides
Louis Hubert Gonzalve Lyautey (17 novembre 1854, Nancy - 27 juillet 1934 à Thorey) est un militaire français, officier pendentif les guerres coloniales, résident général au Maroc en 1912, ministre de la guerre Lors de la Première Guerre mondiale, Puis Maréchal de France en 1921, académicien et président d'honneur des Scouts de France. Sa concevoir, empruntée au poète anglais Percy Bysshe Shelley, est restée célèbre: «La joie de l'âme est Dans l'action. »


Traduction de l'inscription en arabe: Plus je connais les Marocains et plus je vis Dans ce pays, plus je suis convaincu de la grandeur de cette nation.


 


«Lyautey est un ennemi qui ne commet pas d’actes indignes. Il est du point de vue indigène le plus dangereux français que le nord d’Afrique ait connu, parce que le plus sage. Il savait par sa sagesse calmer les Arabes», (Chakib Arsalan)
Les multiples réactions que suscite le nom du Maréchal Lyautey (1854-1934) ne paraissent pas avoir défini avec précision le portrait de l’homme du vingtième siècle au Maroc. Une tentative d’analyse d’une autre face, la plus intime, à partir de son œuvre épistolaire “Vers le Maroc, Lettres du Sud-Oranais (1903-1906)” (1) s’avère nécessaire pour découvrir ce grand personnage égocentrique, celui qui va critiquer longuement les méthodes de la France dans ses «pénétrations» nord-africaines, forger les institutions de l’Etat marocain et s’imposer comme pièce maîtresse dans les futurs rapports maroco-français.
Mon propos, dans cette analyse, est de soulever, à partir de la vision du plus important acteur colonial, quelques aspects de la construction du Maroc dans l’imaginaire français. Il apparaît tout d’abord utile de rapprocher le culturel et le militaire dans une telle conception, c’est pourquoi cet article va mener à terme une double analyse: d’une part la vision d’un rêveur ou artiste, et de l’autre celle d’un militaire ou conquérant. La première est tissée par le regard incisif de l’artiste libertin, et la seconde par le militaire rude et homme des batailles. Nonobstant, il est d’étudier à travers ce personnage le référentiel «officiel» marocain vu par les Français avant et après l’instauration du Protectorat, à la signature le Traité de Fès. Cette part composite de l’officiel, du légitime et du systémique makhzénien, incarnée par la cité-centre de Fès, peut expliquer davantage les visions du colonialisme français d’antan et de maintenant… Bien qu’elle soit longuement analysée par l’intelligentsia et les hommes de l’Etat, cette part continue encore de susciter des interrogations.
Certes, il sera question d’une étude qui réunirait le militaire, le politique, l’idéologique et l’historique, mais qui prétend n’être qu’une interrogation complexe et commune à tous ces aspects. L’on ose rechercher auprès de l’homme politique «moderne» et de l’écrivain occidental la construction de la double image du Maroc «officiel» et celui «de siba», et par extension l’image «infinie» du Maroc possible quand nous y greffons des éléments fondateurs de l’Orient. Ce «Moghreb», aux deux significations spatiales mais sans en avoir une de propre, est montré tantôt un enfer pluriel, désuni, sale, vieux et immuable, tantôt un paradis «retrouvé» unique pour Lyautey où il est possible d’ancrer l’esprit français tout en sauvegardant l’authenticité maghrébine. Que pourra-t-il le Protectorat assurer devant un tel dédoublement de la perception du même corps «civilisationnel»?
I.- Le suprême Lyautey de l’unique Maroc
Les fameuses anecdotes sur la vie de Lyautey, les nombreuses spéculations sur sa manière de gouverner la colonie «marocaine» peuvent sous-entendre qu’il existe encore tant de mystères sur sa vision de Maréchal «éternel». Est-il toujours vivant dans un Etat marocain qui revendique incessamment «son génie»? semble une question non seulement d’actualité mais aussi complexe à résoudre. Ce protagoniste de l’histoire coloniale, machiavélique de philosophie, se confond totalement avec cette part omniprésente de l’héritage «français» au Maroc, sous forme de diktats «de modernité équilibrante» en harmonie avec le traditionnel, de bon peuple croyant, de terre bénite, de tribus hospitalières, de villes antiques et fantastiques… Pourtant, les officiels des deux bords hésitent trop au moment de déconstruire cette présence «officielle» dans les manuels scolaires: faut-il inculper Lyautey des méfaits de la colonisation ou bien le louer pour sa conception d’un Maroc uni et moderne?
Le nom de Lyautey est intimement corrélé au commencement du Protectorat, à l’établissement de l’Etat et à ses dénouements historiques depuis 1956. Précisément, sa tâche fondamentale «est beaucoup plus vaste et beaucoup plus efficace que celle d’un simple «contrôleur». (2) Il n’est point question pour lui de superviser le fonctionnement d’un Système en faillite, mais c’est plutôt d’en fabriquer un autre: adapté et pour le Makhzen et pour les Colons. «Comme suite au traité du 30 mars 1912, signé par le sultan Moulay Hafid, un régime de ‘contrôle’ a été superposé à celui de la vieille administration du Makhzen. Le but de cet accord, défini, par le préambule, a été «d’établir au Maroc un régime régulier fondé sur l’ordre intérieur et la sécurité générale qui permettra l’introduction des réformes et assurera le développement économique du pays.».» (3) Au nom de ce même contrôle, Lyautey va détrôner le même Moulay Hafid, et désigner officiellement Moulay Youssef à sa place. Il entend ainsi renforcer le Trône, le confectionner à sa guise! Le nouveau Roi ne fait alors que signer ce que prépare la Résidence. Par ailleurs, sur ce contrôle politique, le contrôleur civil Jacques Berque écrira: «Le Maroc est un pays où l’autorité est un postulat administratif. On n’y parle jamais de contrôle de l’autorité, mais d’autorité de contrôle». Cette philosophie politique est encore en application: la sécurité équilibrante passe avant tout. Le contrôle change de sens. Il ne s’agit pas de contrôler, mais d’exploiter directement et d’assurer impérieusement la continuité du pouvoir. Ce système colonial va marquer à jamais le destin des Marocains: contrôler, centraliser, unifier, assimiler, reformer s’avèrent les actions mises en exercice par le Makhzen afin de se créer toutes pièces en tant qu’Etat «pacificateur». Et à l’Etat marocain de suivre les mêmes pas, de répéter les exercices de la dite pacification afin de s’assurer la pérennité légitime ou la légitimité pérenne.
Avec le Maréchal, nous assistons ainsi à la maréchalerie de mots «vides» dans la politique: «pénétrations pacifiques», «ménagements», «préparations politiques» pour assurer le développement du Maghreb. Seulement, pacification «à la française» veut dire aussi massacre de centaines de milliers d’âmes. Et protectorat veut dire agression et exploitation de milliers de foyers. Curieusement, les chiffres «officiels» relatifs aux morts et aux victimes (invalides, blessés, dépossédés, incarcérés…) de ce Protectorat sont encore imprécis, voire non précisés. Pourquoi? Lyautey, quoi qu’on en dise, incarne la répression et la brutalité «à l’occidentale». A ce propos, le 50e anniversaire de l’indépendance du Maroc révèle, de fait, que le rapport France-Maroc s’insère dans ce rapport «agridulce» entre les deux nations, entre les deux idéologies où les limites apparaissent difficiles de tracer. Et voilà les gouvernements espagnol et français qui prennent amplement la parole lors des festivités! Non pour demander des excuses au peuple marocain ou avancer des «mea culpa» comme rappel des massacres et des destructions de l’époque coloniale, mais pour donner des prescriptions, des consignes et des évaluations pour le présent et pour le futur de l’Etat africain. Et fonder la démocratie. Le monde apparaît, sans doute, aller à l’envers! Le Protectorat, dans sa forme de «pacification», perdure-t-il encore? Lyautey ne serait-il pas l’explication d’une telle contradiction insoluble? Il est, de manière implicite, connu comme le continuateur de l’héritage politique d’Idriss 1er en 787 qui va fonder la nation arabo-islamique pérennisée à son tour par les autres dynasties (souvent amazigh mais se revendiquant et de nom et d’idéologie arabo-islamiques), et après le Maréchal fonder la nation «moderne et arabe» (que vont pérenniser les successifs sultans alaouites).
En outre, Lyautey, comme tout Conquérant, vit à travers un miroir qui reflète son image, et ce cri narcissique qui se redore au moment de penser aux méfaits de la colonisation pour se dire l’air hautain: «La colonisation, ça ne fait que du bien!». Cela est explicité dans ses lettres intimes. Rechercher ce qu’on a perdu, le désespérément convoité, et à la fin de la recherche se hisse la satisfaction du Conquérant qui se permet de réorganiser le vécu africain. Satisfaction et pacification sont alors synonymes dans l’esprit du militaire victorieux. Cette vision positive, dite à tue-tête par le Maréchal, n’est-elle tracée que pour avoir des Français un «compte rendu» de leurs bienfaits sempiternels?
Ces deux faits nous mènent à réfléchir à l’héritage de Lyautey, auteur de ce concept: «militaire colonisateur, point positif dans le développement et la préservation du patrimoine local», ainsi est-il question de la mission civilisatrice. Les comptes rendus «objectifs» refont, au juste, l’histoire de l’insurrection marocaine pour bien innocenter les coups «génocidaires» des militaires français et espagnols. De ce fait, l’ambivalence va remuer longuement le discours occidental: un discours pour soi, et un autre à délivrer aux autres mais refait par le retour des reflets du miroir. Que retient-elle alors l’Histoire?

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Suite -I-

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Ici, nous n’allons pas approcher Lyautey le militaire sur les terres de Tonkin, Madagascar, mais plutôt celui des terres du Maghreb. En fait, il faut lui octroyer une place, celle qu’il mérite vraiment dans l’histoire de l’Afrique du nord. Il n’est pas grand en soi, mais par les héritiers de sa pensée –celle de bien gouverner la colonie. Ses élèves au Maroc sont nombreux, à titre d’illustration nous citerons Franchet d’Esperey, Gouraud, Mangin, Huré, Noguès, Catroux, Giraud… lors de l’occupation française, ceux de maintenant sont également d’un nombre infini. Il demeure un grand théoricien de la guerre et de l’administration coloniale, un fin réalisateur de la politique du Protectorat. Il est doté d’un instinct réaliste et pragmatique; il adapte ses stratégies au temps et au lieu. Dans une lettre adressée au commandant de Margerie, il apparaît sans méthode: «il n’y a pas de méthode, (…) il y en a dix, il y en a vingt, ou plutôt si, il y a une méthode qui a nom souplesse, élasticité, conformité aux lieux, aux temps, aux circonstances.» (4) Il précisera encore: «Comme je suis avant tout solutionniste, il n’y a plus qu’à voir quel est le meilleur parti à tirer de la situation actuelle et du programme limité qui nous est tracé.» (p.339) Sans doute est-il utile d’apporter des solutions coûte que coûte au moment de la crise et des manifestations… Politique et guerre, en conséquence, s’amalgament dans sa conception de «génie» colonialiste, dans une vision pragmatique. Il ajoutera: «Ce que je reproche à la plupart des chefs civils, c’est de se payer de mots – et de croire que lorsqu’une chose est décidée en principe sur un papier, elle est faite.» (p.31) Ainsi, les ordres écrits et les prescriptions ne peuvent apporter des solutions aux différents problèmes posés en Afrique… Il rêve en fait d’une action qui renverserait «le château de cartes de toutes les idéologies, à en montrer le néant et à faire prévaloir les idées des gens d’action concrète, de résultats tangibles, de sens pratique» (p.166) Tant d’éclairages, faut-il les faire à partir d’autres visions, sont nécessaires pour comprendre une telle personnalité politique, si complexe, qui va souvent critiquer les soubassements et les bases de la politique coloniale….
II.- Lyautey, l’homme qui en cache un autre
Il s’agit, en réalité, d’un personnage historique difficile à définir: vu l’époque de son exercice, tant de choses ont été dites sur sa stratégie militaire. Les historiens préfèrent gloser peu sur sa personnalité, mais beaucoup sur son «génie». Auteur de «Du rôle social de l’officier dans le service militaire universel» (1891), «Du rôle colonial de l’armée» (1900) et «Dans le sud de Madagascar, pénétration militaire, situation politique et économique» (1903), Lyautey en fera un auto-commentaire: «Je ne sais pas si votre interlocuteur a lu ma brochure sur «le rôle colonial de l’armée» et les «conclusions» de mon bouquin sur le sud de Madagascar, et c’est une corvée que je ne songe pas un instant à lui infliger. (…) ce sont des doctrines que j’y développe pour les avoir appliquées pendant dix ans qui ont été le seul motif de ma désignation imprévue pour le Sud-Oranais» (p.116) et en 1937 Armand Colin publie son Vers le Maroc, un recueil de lettres posthume. Grand Croix de la Légion d’Honneur. Elu membre de l’Académie française en 1912. Ministre de guerre entre décembre 1916 et avril 1917, il y connaît sa première humiliation complexante: il va être malmené par les députés. A cause de lui, tout le gouvernement coule, et il en sortira très affecté psychiquement. A son retour comme Résident général au Maroc, il va changer totalement sa politique de gouverner. Là, on peut parler de deux Lyautey connus par les Marocains et le Palais: un enthousiaste, et l’autre déçu. A la fin de sa vie, il excellera comme Haut Commissaire de l’Exposition coloniale à Paris en 1931. Pour nous, il demeure le parfait représentant de l’héritage français à travers les deux époques de l’histoire du Maroc…
Son nom complet est Louis Hubert Gonçalvez Lyautey. Il est de naissance et d’éducation conservateur et monarchiste, un catholique romain pratiquant. (5) Il va être inscrit dans l’école de Saint Cyr pour y suivre une carrière militaire. Son éducation et sa foi ont un grand impact sur sa profession de soldat dans les colonies, et par conséquent sa vie sera une sorte de décisions contradictoires. Cette formation stricte de la personnalité est retracée dans les biographies officielles. Dans ses lettres sont présents implicitement ses rapports d’amitié avec sa sœur, le trouble de l’identification parentale, des rapports absents avec le frère… Aussi faut-il s’y référer aux discours d’une Eglise qui ne cessent de condamner ce penchant qui pourrait mener le petit Lyautey à s’y adonner enfin, hantent ses lettres de militaire stratège. Ce penchant dérange les principes de sa famille conservatrice, et se revendiquant en tant qu’aristocrate, il va être une double revanche contre l’esprit républicain.
Cette complexité du personnage va connaître des lectures «non officielles» qui vont révéler une autre face de Lyautey. Des textes d’histoire traitant son homosexualité sont publiés, notamment la biographie de Douglas Porch en 1986, plus d’un demi siècle après sa mort. Cette étude révèle un autre point caché de sa personnalité, un élément intime mais déterminant de son «génie» militaire de grand colonialiste et d’humaniste. Ces deux traits, bien distincts, sont à corréler, et cela demeure une question fondamentale pour connaître un tel personnage historique.
Pour nous, ce n’est pas l’ennui qui le pousse à quitter la France, mais guidé probablement par son esprit libertin, lui qui ne se lasse pas de fréquenter les grands salons mondains de l’époque. Les lettres de Lyautey, Vers le Maroc, peignent amplement cette personnalité qui a le culte de l’ennui. Son choix de l’engagement militaire réduit une telle énergie. Ses missives sont écrites avec effusion.

Ses sentiments en Afrique du nord sont celles d’un homme très sensuel qui trouve les «Arabes décoratifs», les «lettres exquises», les paysages sensuels, les mâles adorables, les cheikhs serviables... L’on lit: «la sortie de la grande porte ogivale, ce chatoiement d’uniformes, de costumes, de couleurs, d’armes. Je ne m’en lasse pas.» (p.41) Son plaisir y est intarissable. Il parlera aussi de «l’orgie des couleurs» (p.197) Cet usage excessif de couleurs qui lui procure du plaisir est présenté implicitement comme ellipse de tant d’aventures qui passent sous silence. Il ajoute: «La nuit, la lune splendide, les palmiers aux reflets d’argent, les ombres violentes des maisons en terre rouge, la kouba laiteuse, les feux où rôtissent les moutons au milieu d’un cercle de longues barbes qui devisent, deux arabes blancs en prière, nos spahis pourpres qui passent, au loin les sons assourdis des flûtes et des tambourins, et le grand écran des montagnes aux ombres profondes et douces, c’est la grande féerie.» (p.203) Cette description, digne d’un auteur romantique, montre l’amour pour ce bout de terre nue et infinie. Il va dire qu’il est «devant le plus merveilleux paysage de couleurs, de palmiers, de dunes, mais sans avoir le temps d’en jouir, harcelé que je suis de télégrammes» (p.341) Jouir, jouir et jouir. Les fonctions militaires lui prennent de son temps…
1.- Le féodal anachronique
Dans ses lettres, le Maréchal n’omet jamais le «Si» nord-africain, il écrira toujours Si Moulay, Si Allal, Si Rekina, Si Mahmoud, Si Miliani, Si Eddin, Sidi Cheikh, Si Mohammed Guebbas… Il a également un grand respect pour «l’amel» de Figuig, c’est-à-dire le représentant du Sultan. Il respecte la féodalité nord africaine. Il écrira: «la féodalité arabe a gardé ici sa splendeur et son intégrité, et je ne croyais pas que cela existât encore avec une telle vie, une telle couleur. Et puis il y a des années qu’un grand chef n’a pas passé par ici, voyageant en grand chef avec les goûts de décor, de commandement dont je ne me défends pas et que partage mon entourage très choisi.» (p.198) Il va imiter ces seigneurs arabes, les Ould Sidi Cheikh, afin de bien les dompter. Chose qu’il va refaire à Fès! Il se définit comme «inadaptable à la société égalitaire et collectiviste.» (p.279) Cet idéal, il va l’inoculer à la société nord-africaine. Ses maîtres sont des sectaires et des légitimistes, citons Wladimir d’Ormession, Albert de Mun, Maurras, Barrès, Bainville, Eugène Etienne et le Colonel de la Rocque.

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Suite -II-

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En effet, il est de dévotion royaliste. Les historiens sont unanimes sur son rôle pour préserver au Sultan son règne, à le maintenir en sauvegardant la hiérarchie des classes et à récupérer l’unité géopolitique du Maroc. Conscient de l’importance “ponctuelle» ou circonstancielle de la colonisation, le chef militaire voit clair dans sa correspondance l’impuissance du Makhzen et l’opportunité historique offerte à la France de s’introduire dans les affaires marocaines pour toujours. La première expérience est l’occupation d’Oujda en 1907 qui entame la réelle ambition de Lyautey d’envahir les confins du Maghreb.
Comment présente-t-il sa vision monarchiste? Défend-il la monarchie là où elle est? Ce qui est sûr, c’est bien lui qui va rétablir au Maroc les rites du faste et de la pompe du Sultanat. Est-il alors fidèle à ses nobles origines? Lyautey croit être le fils d’un roi, il peut alors s’identifier à un prince millénaire ou à un personnage mythique. L’on va commenter: «Lyautey traced his roots to the great noble families of Normandy and the eastern marches of France, and openly disdained the “mediocrity” of bourgeois France.” (6) Il se soucie plus de sa carrière, notamment les grades et les préséances. Comment peut-il alors défendre les intérêts de la IIIe République? Il y aura des historiens qui verront dans son arrivée au royaume chérifien comme une rencontre avec ses origines: se réalise alors sa nostalgie de la monarchie «effacée» en France depuis la Révolution. (7) Ne trouve-t-il pas dans la monarchie alaouite un substitut à son rêve monarchique? Ici cette substitution est propre à son caractère d’homosexuel: il voit, par un narcissisme forcé, dans l’autre «sang bleu» ce qui est propre à soi. Se reconnaître dans le semblable tout en déviant ses émotions, loin de toute vision réaliste doit être sa nouvelle conception des choses.
En fait, Lyautey est un monarchiste à l’esprit impérialiste, proche de l’idéologie de la IIIe République «défaite» à l’époque. Cela va lui coûter les attaques de Jean Jaurès à la Chambre des Députés, et les articles l’Humanité qui «demandent sa tête». (cf. pp.122-125, p.127, p.128)
2.- L’homosexuel
««Liwati» sonne en arabe comme «Lyautey»!» aiment dire les jeunes marocains au moment de se référer à cet homme propre à notre histoire «obscure». Lyautey homosexuel? s’étonnerait plus d’un à connaître une telle vérité sur le grand Maréchal. Rien d’étonnant, je répète, Alexandre le Grand l’était aussi, et combien d’autres seigneurs. Mais, une question s’impose: Pourquoi n’y a-t-il pas eu procès de Lyautey à l’instar de celui d’Oscar Wilde?
Cette définition sexuelle, qui ne paraît pas avoir être prise au sérieux par les historiens maghrébins, peut en fin de compte expliquer tant de zones obscures de ce chef militaire ambivalent. Son homosexualité n’est-elle pas le déterminant fondamental de ses théories «politiques»? En effet, les historiens et les biographes passent sous silence sa vie intime pour ne pas porter atteinte à sa réputation. Sans complexe, tout au long de ses longs séjours africains, il se plaît à mener une vie de garçon. Il va se marier tard, à l’âge de 55 ans, avec Inès de Bourgoing, la veuve d’un colonel. De ce mariage il n’aura évidemment pas d’enfants. (8) Est-elle une union pour faire taire les rumeurs autour de son célibat? Obéir aux convenances. Dans ses lettres, il parle longuement de fréquents moments de surmenage intense et de grosses anxiétés, et il se dit souvent débordé et pressé par le cours des choses. L’on raconte son désespoir lors de son mariage, et cette peur d’engagement matrimonial faillit le mener au suicide.
Son homosexualité n’est pas manifeste sur son physique, mais c’est un trait de sa personnalité. Lyautey aime-t-il les hommes? Son homosexualité est acquise. Sa libido se fixe sur les personnes de son propre sexe, voire de sa propre profession. Ses lettres à ses confrères sont dignes d’un romantique ou d’un homme très sensible. Lyautey ne va être vaincu que par les *******s, vont dire ses supérieurs. Mais, comment voit-il les femmes? Comme les sosies de sa mère? Sa correspondance avec sa sœur est longue, importante à lire: il quête auprès d’elle amour et sécurité. Cette tendance sexuelle a, sans doute, une influence forte sur son comportement de chef militaire. Sa carrière peut y être rattachée, à chaque bataille et à chaque campagne... «Le comportement sexuel est aussi la conscience de ce qu’on fait, la manière dont on vit l’expérience, la valeur qu’on lui accorde.» (9) Lyautey utilise-t-il son pouvoir pour contraindre les colonisés et ses subalternes à se prêter à des pratiques homosexuelles? Douglas Porch, auteur de The Conquest of Morocco, London, 1986, est catégorique: “If he favored young sublieutenants in bed, he promoted them strictly on the basis of their military merits” (10) Cela dénote, dans un ton ironique, son intégrité, son professionnalisme et sa conscience militaire. Le lit et le bureau ne se confondent pas dans l’esprit du Maréchal. Mais, il est un chef qui adore lors de ses siestes les «précautions attentives, tel qu’on ne le trouve que dans les pays où il y a des chefs». (p.8) Il parlera des tentes spacieuses, des festins et des danses durant de longues nuits. Il va également insister sur son amitié avec son «préféré» Mohammed ould Si Moulay. (pp.38-39). Il préfère, dit-il, les jeunes fidèles, les jeunes amis, les jeunes soldats... De même, sa séduction intellectuelle est grande auprès de jeunes militaires
Peut-on expliquer son exil volontaire sur les terres d’Afrique comme un acte masochiste? Il écrira à sa sœur: «Je mène une vie de chien, mais très bonne» (p.236) Ses crises hépatiques sont le résultat d’une vie très dure. Une telle vie, est-ce par choix de sa déviation de l’émotivité? La réprobation sociale en France, comment s’est-elle fait manifestée en France envers ce libertin, habitué des salons? Est-elle l’explication de l’ingratitude dont parle Robert Garric dans son livre Le message de Lyautey? Son rêve de l’espace des «Mille et une nuits» (livre qu’il recevra comme cadeau «avec les dédicaces exquises de Mardrus» (p.233) déniché dans la vieille Afrique où les aventures homosexuelles sont permises partout, voire au sein des mosquées et entre fqihs et leurs adeptes selon A.Mouliéras. Le chef conquérant a sans doute lu Auguste Mouliéras, Pierre Loti, Charles de Foucauld… «Even given Lyautey’s manifest interest in the world of Islam and other foreign cultures, these descriptions be-speak aesthetic and eroticised appreciation of the physical beauty of men. Moreover, Lyautey liked to surround himself with handsome young officers, with whom he formed close relationships, though whether professional, paternalistic, or something else can never be completely known.» (11) Sa vie quotidienne de militaire est essentiellement la fréquentation du monde masculin. Il va jusqu’à parler, dans sa correspondance, de «lettre très virile» (p.143) Cet adjectif est réitéré dans le texte, étant synonyme de courageux, osé, aventureux, hardi.
Les manuels d’histoire ne gardent aucun acte de viol, ni de transgression, ni de contravention aux règles militaires. L’Afrique est, de surcroît, le lieu “de liberté sexuelle”: «The Maghreb remained for Gide, as for Lyautey, a place of desire and a veritable obsession.» (12) A son tour, le voyageur et écrivain français Pierre Loti décrira, bien avant le résident général, les nord-africains de cette manière: «nos hommes de peine, qui en un tour de main, enlèvent leurs burnous, toutes leurs nobles draperies de laine grise, mettent à nu leur beau torse fauve, et se jettent dans l’eau tourmentée et froide, sondant la profondeur» (13) et un à un autre moment, l’auteur précise: «Avec résignation, les beaux cavaliers arabes se déshabillent, puis déshabillent aussi leurs chevaux et remontent dessus, les tenant enfourchés dans leurs jambes nerveuses comme dans les étaux de bronze.»(14) Il y est question de beaux corps virils. Une telle description attirera sans doute le militaire-lecteur «homosexuel».


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Suite -III- et Fin

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Certes, Lyautey n’affiche pas son homosexualité, il nourrira une tendance à la dissimulation «adéquate». Est-il homosexuel exclusif ou bisexuel? Dans ses lettres il écrit avec la même effusion pour sa sœur que pour les jeunes amis –selon son expression. (p.229) Il écrira pour sa sœur: «quand il me serait tellement doux d’être auprès de toi, et quand ta tendresse remplit mon cœur d’une manière si exclusive qu’il y reste bien peu de place pour d’autres vraies affections.» (p.63) Avec elle, il ne parlera jamais de mariage, ni de fonder une famille. Citons une autre lettre adressée à Jacques Silhol: «Votre lettre me touche, - gardons le contact, - j’aime les jeunes passionnément quand ils sont de pensée et de volonté et non de sport et de snobisme, ce qui est votre cas.» (p.29) Clemenceau nous donne la réponse: «Ah ça ! C’est un militaire qui a des cou*******s au c***. Dommage que ce ne soient pas toujours les siennes!» Le complexe de castration le fait-il alors détourner du sexe féminin? La peur de la femme le hante: son mariage tardif avec une veuve n’est-il pas un signe de son embarras? Son homosexualité n’est pas un choix conscient, mais un trait de la personnalité. Il est, peut-être, très fixé à sa mère ou à sa sœur. Au lieu de les échanger contre un autre objet sexuel, il ne peut pas le faire… Il ne remplace pas son propre moi… Dans ses lettres à sa sœur, son amour y apparaît grand et irremplaçable, et ses «moi» multipliés. C’est pourquoi son image y apparaît changeante et contradictoire.
Avec son compagnon Charles Jonnart, le gouverneur d’Algérie, Lyautey s’entend parfaitement: «Pour ma part, je subis de plus en plus le charme et l’attirance de ce merveilleux pays de soleil. Entre Jonnart et moi l’union est entière et intime; nous avons à un degré rare la même vision des choses. L’autorité militaire me laisse tranquille parce que l’amitié d’Etienne m’immunise; mes subordonnées et mes troupes me donnent un dévouement sans limites; je me déclare donc parfaitement satisfait. Je ne désire rien tant qu’être oublié ici et y rester le plus longtemps possible.» (p.269) Ils ont de grandes affinités en des temps difficiles pour les colonisateurs. Il se voit bien entouré, bien sécurisé par les siens. Faut-il tout de même imaginer la grande corruption morale dans l’armée coloniale avec ces chefs homosexuels? De même, le chef militaire écrira de chaleureuses «lettres» à son ami «bien-pensant» le Vicomte E.-M. de Vogüé: «J’ai une grande joie du cœur en recevant votre chaude lettre le 31 décembre. – L’amitié dont vous m’honorez est parmi mes meilleures raisons de vivre et quand dans un courrier j’aperçois votre écriture, je saute sur elle, sauf à relire ensuite la bonne lettre à loisir, après avoir liquidé toutes les banalités.» (p.143) Leur amitié est grande: ils se confessent tout. Son amour pour lui est solennel: «ce n’est à travers personne que je vous aime, et votre chaude et vigilante affection est l’honneur de ma vie; elle sera peut-être ma prochaine consolation.» (p.346) Pleines de passion et de complicité intime, les lettres adressées à E.-M. Vogue sont intéressantes à étudier.
Par ailleurs, sa tache d’huile ne serait-elle alors une métaphore ou une expression «indirecte et implicite» pour signifier sa vague vision du monde. Lyautey aime plus le travail «de bureau» aux champs de bataille: l’ordonnance, l’inspection, l’état major, le ravitaillement, les renseignements… Par exemple, il sera envoyé par son protecteur et mentor Joseph Simon Gallieni en mission de conférences d’éloge du colonialisme… Il ne va voir de près une balle sifflante qu’à l’âge 41 ans en Indochine lors d’une mission de ravitaillement. Mais, ses critiques vont lui poser un grand nombre de problèmes avec ses supérieurs: «je suis persona fort ingrata auprès du nouveau ministre et il est probable que je ne pourrai pas tenir le coup et que je serai forcé de m’en aller. En tout cas, j’ai été avisé de source sûre que l’on n’admettait pas que je communique quoi que ce soit à qui que ce soit.» (p.318) Cette ingratitude, qui pourrait s’expliquer par sa réputation immorale, se répète maintes fois: à son embarquement en Algérie, à la fin des batailles menées dans le Sud, à l’installation du chemin de fer, à sa destitution en 1925…

Par: Pr. Dr. Hassan BANHAKEIA (Université de Nador)
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Slim16

Slim16

[size=18]Ce général ( tfou) , a laissé son empreinte indélibile d'homosexuel , dans ce pays , puisque l'on retrouve maintenant toute la pédophilie du monde entier à chaque coin de rue .........! et vive le maroc de 1200 ans arriéré , et dont les coutumes se confondent aux pratiques méprisables de leur père infâme général lyautey .........Il a laissé des passations suivies même à l'heure actuelle ***....! [/size]

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