Par : Farid Belgacem
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Le Maroc est devenu un vaste couloir pour la circulation des armes et des personnes mondialement recherchées pour terrorisme et trafic de drogue.
Les prisons israéliennes sont alimentées via Le Caire au même titre que les geôles palestiniennes où le kif est distillé pour achever les prisonniers. Le convoyage de la drogue continue à transiter par les pays du Sahel, avec autorisation de circuler dûment délivrée par certains de ces pays, pour chuter dans les dépôts du Moyen-Orient. Du Rif marocain, les barons européens multiplient, eux aussi, les grosses commandes avec les privilèges et une complicité “tri-signée” : Rabat, Le Caire et Tel-Aviv.
En ce début 2010, après une année de lutte implacable contre le trafic de stupéfiants et des saisies record ayant atteint les quelque 65 tonnes de cannabis, la frontière algéro-marocaine s’agite. Des deux rives hostiles de part et d’autre. Sur la route des halaba, les pompeurs de carburant, jusqu’aux hauteurs des 150 postes avancés des garde-frontières, la circulation est dense.
Rare est le véhicule qui passe sans être suspecté. La veille de notre arrivée, deux évènements ont marqué cette poudrière frontalière. Deux Algériens, sans armes, sinon armés de quelques sous pour réveillonner à Oujda, sont pris à leur retour par les affres de la police marocaine. Nos deux ressortissants s’attendaient à tout sauf au traitement humiliant des policiers marocains. À l’intérieur des locaux de la police, un des touristes, estomaqué par le traitement violent, tente de fuir pédestrement. Mal lui en prit, il sera immobilisé par un coup de feu. Grièvement blessé, il sera transféré dans un hôpital mitoyen pour bénéficier de “soins”. Son ami, dans la panique qui s’en est suivie, a réussi à s’échapper pour rejoindre le poste frontalier et le territoire algérien. Cet évènement ne passera pas inaperçu chez les populations frontalières algériennes qui ont, chaque fois, manifesté leur colère même si certaines maisons de fortune attenantes à la bande frontalière excellent dans le recel et le trafic. Mais la douleur sera encore plus profonde avec un autre évènement quasi similaire qui s’est déroulé à la même frontière. Un jeune contrebandier a été mortellement tabassé par les policiers marocains. La victime, violemment touchée à la tête, a rendu l’âme. La colère est perceptible et rien ne dit que les Marocains ne subiront pas de représailles. La mort d’un Algérien n’a jamais été vaine. Mais le réveillon chez nos voisins marocains ne se fête pas sans nous empoisonner encore avec tous les produits contrefaits et le kif.
La démonstration de force ne sera que supérieure de l’autre côté du Makhzen puisqu’un groupe armé est signalé dans les monts boisés de Maghnia. Au même moment, un accident de la circulation est signalé sur la RN 98 au lieu-dit Oued Sbaâ. Le chauffeur d’un véhicule, de marque Renault Clio, commet un sinistre avant de prendre la fuite. L’intervention routinière se transformera vite en opération dans la région avoisinant la commune de Aïn El-Kebira. Les gendarmes, à leur arrivée sur les lieux, constatent des munitions, des cartouches de calibre 16. Mais, le baroud s’éparpille et senfuit dans les alentours.
Un renfort sera alors envoyé. La fouille des lieux aboutira à la découverte de 1 660 cartouches destinées à alimenter les réseaux de trafic d’armes. Les premiers éléments d’investigation seront formels : le convoyeur des munitions avait été contacté depuis le Maroc avant de se rendre à la frontière pour récupérer les munitions. Notre trafiquant travaille pour un important réseau basé dans la capitale de l’Oranie. Le suivi des affaires similaires, comme celle opérée à Chlef et à Aïn Defla, montrera que l’itinéraire de ces réseaux de soutien est plus vaste. Il obéit à la carte de la criminalité mise à jour par les services de sécurité relevant du Commandement de la Gendarmerie nationale (CGN). Ce qui nous rappellera le lourd dossier des armes israéliennes, de type Uzzi, que les terroristes introduisaient aux maquis du GSPC via le Maroc, plus que jamais soutenu par le Caire qui s’appuie sur Tel-Aviv. Le “troc géopolitique” étant établi, le Maroc n’acceptera jamais la position de l’Algérie vis-à-vis du Sahara occidental et de la cause du peuple palestinien, Rabat ouvre grandes ses portes à l’Égypte, d’où l’alliance née d’une conjoncture assez complexe, mais pas aussi éternelle pour un royaume qui fait face à une crise politique et sécuritaire latente.
Des armes à la drogue
et la compromission politique
Jamais un pays maghrébin ne s’est compromis politiquement, dans l’histoire, comme l’a fait le Maroc avec l’Égypte et Israël. Pour preuve, après une longue décennie marquée par l’acheminement des armes pour soutenir le terrorisme en Algérie, notamment pour évacuer le phénomène de l’intégrisme islamiste du royaume chérifien, le Makhzen tombe dans son propre piège. Une auto-flagellation que le peuple marocain sent aujourd’hui avec tout le lot de misères qui s’abat sur lui, notamment après la décision prise par Rabat en 1994 de fermer la frontière avec l’Algérie. Le Rif étant un champ fertile pour plomber conjecturalement toute contestation interne, le Maroc trouvera vite un autre mal pour empoisonner notre pays. Une situation qui aura duré des années avant que les médias marocains ne qualifient nos frontières de véritables passoires. La donne changera aussi vite et l’exportation du kif traité prend une ampleur sans précédent. D’abord vers les pays du Moyen-Orient, dont l’Égypte, premier pays consommateur de la région, ensuite vers Israël et l’Europe, dont l’Espagne et la France. La carte du trafic de drogue l’illustre parfaitement : Rabat joue le jeu avec Le Caire et Tel-Aviv et se compromet politiquement pour s’imposer dans le Maghreb. L’opération coup-de-poing, organisée par la Gendarmerie nationale, à laquelle nous avons pris part durant 48 heures à travers les axes ciblés de la contrebande et du crime, a mis à nu la volonté du pays voisin à aller loin dans le trafic de stupéfiants. Et pour cause, quatre narcotrafiquants ont été placés sous mandat de dépôt alors que trois autres demeurent en fuite, dont deux nationaux et un baron marocain de trafic de kif. Le drame, lors de l’opération, durant laquelle les gendarmes ont saisi plus de 700 kilos de cannabis, le baron marocain a pris la fuite vers son territoire d’origine à la vue des garde- frontières marocains ! De l’autre côté de la rive méditerranéenne, on attend la marchandise qui se chiffre en milliards de dollars mais ces “commerçants” n’ont jamais misé sur la vigilance de nos GGF. Le recours à l’usage des armes de guerre n’est pas fortuit pour convoyer la drogue. Un procédé utilisé dans les pays notoirement connus où la lutte contre la drogue n’est pas une mince affaire, comme la Colombie.
Les deux GGF assassinés en 2009 à Tindouf par les narcotrafiquants est loin d’être le premier signal d’agression et de dépassement des Marocains au niveau des frontières. La main marocaine dans le soutien au terrorisme et au trafic de drogue étant érigée en règle au sein du Makhzen, l’Algérie passe à un cap supérieur dans la lutte contre la drogue. Plus de 50 tonnes saisies dans la capitale de la Saoura et l’extrême-sud algérien, 8 autres tonnes de cannabis interceptées par le 2e commandement régionale de la Gendarmerie nationale, 5 tonnes dissimulées et débusquées dans le port sec d’Alger, en sus des quantités insignifiantes saisies tant sur les axes routiers que maritimes, l’offensive menée par le CGN en 2009 contre les stupéfiants a porté un coup de grâce aux barons marocains de la drogue.
Liberté
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Le Maroc est devenu un vaste couloir pour la circulation des armes et des personnes mondialement recherchées pour terrorisme et trafic de drogue.
Les prisons israéliennes sont alimentées via Le Caire au même titre que les geôles palestiniennes où le kif est distillé pour achever les prisonniers. Le convoyage de la drogue continue à transiter par les pays du Sahel, avec autorisation de circuler dûment délivrée par certains de ces pays, pour chuter dans les dépôts du Moyen-Orient. Du Rif marocain, les barons européens multiplient, eux aussi, les grosses commandes avec les privilèges et une complicité “tri-signée” : Rabat, Le Caire et Tel-Aviv.
En ce début 2010, après une année de lutte implacable contre le trafic de stupéfiants et des saisies record ayant atteint les quelque 65 tonnes de cannabis, la frontière algéro-marocaine s’agite. Des deux rives hostiles de part et d’autre. Sur la route des halaba, les pompeurs de carburant, jusqu’aux hauteurs des 150 postes avancés des garde-frontières, la circulation est dense.
Rare est le véhicule qui passe sans être suspecté. La veille de notre arrivée, deux évènements ont marqué cette poudrière frontalière. Deux Algériens, sans armes, sinon armés de quelques sous pour réveillonner à Oujda, sont pris à leur retour par les affres de la police marocaine. Nos deux ressortissants s’attendaient à tout sauf au traitement humiliant des policiers marocains. À l’intérieur des locaux de la police, un des touristes, estomaqué par le traitement violent, tente de fuir pédestrement. Mal lui en prit, il sera immobilisé par un coup de feu. Grièvement blessé, il sera transféré dans un hôpital mitoyen pour bénéficier de “soins”. Son ami, dans la panique qui s’en est suivie, a réussi à s’échapper pour rejoindre le poste frontalier et le territoire algérien. Cet évènement ne passera pas inaperçu chez les populations frontalières algériennes qui ont, chaque fois, manifesté leur colère même si certaines maisons de fortune attenantes à la bande frontalière excellent dans le recel et le trafic. Mais la douleur sera encore plus profonde avec un autre évènement quasi similaire qui s’est déroulé à la même frontière. Un jeune contrebandier a été mortellement tabassé par les policiers marocains. La victime, violemment touchée à la tête, a rendu l’âme. La colère est perceptible et rien ne dit que les Marocains ne subiront pas de représailles. La mort d’un Algérien n’a jamais été vaine. Mais le réveillon chez nos voisins marocains ne se fête pas sans nous empoisonner encore avec tous les produits contrefaits et le kif.
La démonstration de force ne sera que supérieure de l’autre côté du Makhzen puisqu’un groupe armé est signalé dans les monts boisés de Maghnia. Au même moment, un accident de la circulation est signalé sur la RN 98 au lieu-dit Oued Sbaâ. Le chauffeur d’un véhicule, de marque Renault Clio, commet un sinistre avant de prendre la fuite. L’intervention routinière se transformera vite en opération dans la région avoisinant la commune de Aïn El-Kebira. Les gendarmes, à leur arrivée sur les lieux, constatent des munitions, des cartouches de calibre 16. Mais, le baroud s’éparpille et senfuit dans les alentours.
Un renfort sera alors envoyé. La fouille des lieux aboutira à la découverte de 1 660 cartouches destinées à alimenter les réseaux de trafic d’armes. Les premiers éléments d’investigation seront formels : le convoyeur des munitions avait été contacté depuis le Maroc avant de se rendre à la frontière pour récupérer les munitions. Notre trafiquant travaille pour un important réseau basé dans la capitale de l’Oranie. Le suivi des affaires similaires, comme celle opérée à Chlef et à Aïn Defla, montrera que l’itinéraire de ces réseaux de soutien est plus vaste. Il obéit à la carte de la criminalité mise à jour par les services de sécurité relevant du Commandement de la Gendarmerie nationale (CGN). Ce qui nous rappellera le lourd dossier des armes israéliennes, de type Uzzi, que les terroristes introduisaient aux maquis du GSPC via le Maroc, plus que jamais soutenu par le Caire qui s’appuie sur Tel-Aviv. Le “troc géopolitique” étant établi, le Maroc n’acceptera jamais la position de l’Algérie vis-à-vis du Sahara occidental et de la cause du peuple palestinien, Rabat ouvre grandes ses portes à l’Égypte, d’où l’alliance née d’une conjoncture assez complexe, mais pas aussi éternelle pour un royaume qui fait face à une crise politique et sécuritaire latente.
Des armes à la drogue
et la compromission politique
Jamais un pays maghrébin ne s’est compromis politiquement, dans l’histoire, comme l’a fait le Maroc avec l’Égypte et Israël. Pour preuve, après une longue décennie marquée par l’acheminement des armes pour soutenir le terrorisme en Algérie, notamment pour évacuer le phénomène de l’intégrisme islamiste du royaume chérifien, le Makhzen tombe dans son propre piège. Une auto-flagellation que le peuple marocain sent aujourd’hui avec tout le lot de misères qui s’abat sur lui, notamment après la décision prise par Rabat en 1994 de fermer la frontière avec l’Algérie. Le Rif étant un champ fertile pour plomber conjecturalement toute contestation interne, le Maroc trouvera vite un autre mal pour empoisonner notre pays. Une situation qui aura duré des années avant que les médias marocains ne qualifient nos frontières de véritables passoires. La donne changera aussi vite et l’exportation du kif traité prend une ampleur sans précédent. D’abord vers les pays du Moyen-Orient, dont l’Égypte, premier pays consommateur de la région, ensuite vers Israël et l’Europe, dont l’Espagne et la France. La carte du trafic de drogue l’illustre parfaitement : Rabat joue le jeu avec Le Caire et Tel-Aviv et se compromet politiquement pour s’imposer dans le Maghreb. L’opération coup-de-poing, organisée par la Gendarmerie nationale, à laquelle nous avons pris part durant 48 heures à travers les axes ciblés de la contrebande et du crime, a mis à nu la volonté du pays voisin à aller loin dans le trafic de stupéfiants. Et pour cause, quatre narcotrafiquants ont été placés sous mandat de dépôt alors que trois autres demeurent en fuite, dont deux nationaux et un baron marocain de trafic de kif. Le drame, lors de l’opération, durant laquelle les gendarmes ont saisi plus de 700 kilos de cannabis, le baron marocain a pris la fuite vers son territoire d’origine à la vue des garde- frontières marocains ! De l’autre côté de la rive méditerranéenne, on attend la marchandise qui se chiffre en milliards de dollars mais ces “commerçants” n’ont jamais misé sur la vigilance de nos GGF. Le recours à l’usage des armes de guerre n’est pas fortuit pour convoyer la drogue. Un procédé utilisé dans les pays notoirement connus où la lutte contre la drogue n’est pas une mince affaire, comme la Colombie.
Les deux GGF assassinés en 2009 à Tindouf par les narcotrafiquants est loin d’être le premier signal d’agression et de dépassement des Marocains au niveau des frontières. La main marocaine dans le soutien au terrorisme et au trafic de drogue étant érigée en règle au sein du Makhzen, l’Algérie passe à un cap supérieur dans la lutte contre la drogue. Plus de 50 tonnes saisies dans la capitale de la Saoura et l’extrême-sud algérien, 8 autres tonnes de cannabis interceptées par le 2e commandement régionale de la Gendarmerie nationale, 5 tonnes dissimulées et débusquées dans le port sec d’Alger, en sus des quantités insignifiantes saisies tant sur les axes routiers que maritimes, l’offensive menée par le CGN en 2009 contre les stupéfiants a porté un coup de grâce aux barons marocains de la drogue.
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