Ces derniers temps, la télévision de l’Etat s’est attelée à s’étaler sur la « légende » d’Abdelkader et de son pedigree, cette nécessité impérieuse s’inscrit peut-être dans la suite de la frénésie exaltante du nationalisme orchestré suite à la qualification de l’Algérie à la coupe du monde. Pourtant en fouillant dans les archives de l’histoire cette année 2010 ne se rapporte et ne se rattache à aucune date repère de la vie de ce résistant emblématique pendant une certaine période à la colonisation française dans l’ouest du pays.
De tout temps et partout, la mémoire a toujours été utilisée pour instituer des dates et des lieux symboliques ainsi que pour officialiser et redonner vie aux événements d’un passé. Parfois aussi, pour marquer des joies et des deuils dans la vie d’une nation. Il est clair que la mémoire qui sert à glorifier des événements ou des personnages historiques ne peut se confondre ou se substituer à l’histoire. A cet égard une posture critique, voir méfiante, vis-à-vis d’une commémoration officielle imposée est de mise. Les débats de représentation des faits historiques par des intellectuels sur commande ou de ceux qui se prétendent comme tels parce qu’affiliés au pouvoir sont souvent au cœur et sujets aux enjeux politiques et idéologiques du moment et de l’image qu’on cherche à transmettre. La vérité résulte et jaillit toujours des confrontations des faits et des documents alors que la mémoire officielle est le résultat d’un tri sélectif de la postérité faite de glorifications construites ou d’occultations et d’amnésies.
Pour utiliser tout cela, le personnage Abdelkader est un exemple manifeste. La période de sa résistance à l’envahisseur français de 1832 à 1847 à toujours été distinguée en combat séculaire, elle fut glorifié et voir même sacralisé. L’Algérie officielle a créée une imposture dévolue tandis que les pages sombres du transfuge de sa vie faites de complaisance, de reniement voir même de collaboration avec la nature coloniale est toujours occultée. Les faits sont là et vérifiables. On ne peut toujours entretenir des amalgames et travestir à jamais une vérité. Faut-il rappeler que l’émir avait présenté sa soumission au général Lamoricière en 1847 suite à la prise de sa smala par le Duc d’Aumale en 1843 alors qu’il avait déjà accepté la scission du pays dans le traité de la Tafna en 1837 pour continuer à régner sur sa province. Des faits que l’on a toujours égarés dans les tréfonds de l’histoire, il est tout de même curieux et stupéfiant que de tous les résistancialistes seul les héritiers d’Abdelkader continuent à percevoir des indemnités de l’ancienne puissance française.
Quitte a démolir le mythe, décidément, sauf pour ceux qui ne savent pas ou ceux qui ne veulent pas savoir, malgré ses statues équestres et son portrait en filigrane sur tous nos billets de banque, Abdelkader n’a pas sa place dans le panthéon de l’histoire.
Détenu de la cause berbère des années 70