Grèce : Le nouveau chemin des harragas algériens
Encouragés par les récits colportés de bouche à oreille de ceux qui ont réussi la traversée, ils sont aujourd’hui une centaine à arriver quotidiennement dans les îles grecques. Vivant d’expédients, ils ont créé leur propre univers dans ce «pays de transit». La Grèce qui dispose de la plus grande frontière de l’union européenne est devenue la nouvelle Mecque des harragas algériens. Les services du secrétaire d’état chargé de la communauté nationale à l’étranger, viennent, cette semaine d’ouvrir une enquête sur les harraga algériens en Grèce.
«Athènes est devenue une province algérienne». La phrase vient d’un harrag avec lequel j’échangeais des conversations sur facebook. Je débarque à Athènes en ce mois, chaud, d’août, assis dans une la terrasse d’un café attenant à l’aéroport d’Athènes ou je devais prendre contact avec mon guide. J’étais justement entrain de lire mes échanges avec les harrags sur Internet «saha tawana» (salut le notre), Aissa mon contact me tire de ma lecture, il était accompagné par un autre ami beaucoup plus jeune, silhouette effilée et cheveux en bataille : «c’est moi ! C’est moi qui vous ai reconnut», me lance t-il dans son accent jijeli.
«Ce pauvre diable est arrivé à Athènes il y a peine deux heures, je l’ai recueillit à la place Victoria . «Ghadni meskine (j’ai eu pitié de lui)», me dit Aissa. Le jeune Mustapha rajoute comme pour se justifier : «mon ami a été arrêté par la police, nous étions sans le sous, il a volé un appareil photo, j’ai pris la poudre d’escampette, je cherche à joindre el harramia, mes amis m’attendent la bas». Je ne put retenir un petit rire vite étouffé, devant la détresse du pauvre adolescent. «Ne dit pas el harramia, ça s’appelle place Omonia», lui explique Aissa. Le jeune Mustapha, l’air désemparé, tantôt nous suivait, tantôt nous dépassait. Apparemment toujours sous l’effet du choc mais apaisé par notre compagnie familière, il finit par se caser entre nous deux pour nous confier son calvaire : «la traversée a été périlleuse , ça s’est passé dans la nuit du mardi dernier, j’ai failli y perdre la vie, une patrouille nous a intercepté à notre arrivée et le passeur nous a expliqué qu’on est refoulés et qu’il fallait revenir en Turquie, deux pakistanais voulait se faire arrêtés par les grecs pour être retenus dans l’île de Samos, une dispute éclata à bord de la barque et notre passeur armé d’un vrai pistolet les a jeté à la mer et faisait semblant de vouloir leur tiré dessus, il y à eu une grande panique à bord, des gens portaient les mains sur la tète, d’autres sautaient dans l’eau sous les injures du passeur, les garde-côtes de loin ne voulaient pas intervenir, il semblaient même s’éloigner, on était à 200 mètres de la côte seulement, alors j’ai sauté, la mer était calme mais très froide je me suis dis : je ne peut pas mourir j’ai 20 ans…», sourit il les yeux mouillés. Ainsi, comble de l’ironie, Mustapha réussit à échapper à la vindicte de Poseidon, le dieu des flots, et atterrit à Athènes. Pour avoir une idée sur l’ampleur du phénomène de la passoire grecque, il ne faudrait pas compter avec les chiffres donnés par le Frontex. L’indicateur réel, se sont ces centaines de misérables Ulysses modernes qui déferlent chaque semaines sur Athènes en provenance de la Turquie ou des autres îles de la mer méditerranéenne.
Se faire passer pour des Palestiniens
Notre guide Aissa à 28 ans. Ce jeune, au look hippie, vit à Athènes depuis bientôt deux ans. Un peu gêné du fait que le petit bleu l’ait devançait en matière de révélations, il enchaîne sans préambules sa propre histoire : «je n’oublierai jamais mon passage de la Turquie en Grèce, nous étions 10 personnes, 4 algériens et 6 afghans, pour rallier la Grèce notre passeur a décidé que nous empruntions la voie terrestre, car cette année là des bruits couraient que les gardes-côtes brutalisaient les clandos et leur prenaient leur argent puis les jetait à l’eau (Une information confirmée plus tard par l’ONG allemande Pro Asyl). Direction Edirne, une ville sur la frontière grecque. Arrivés tard dans la soirée, les habitants nous ont immédiatement signalé aux autorités, la police s’est mise à notre poursuite.
A 5 heures du matin, ils nous ont rattrapé, tabassés et embarqués directement à la prison locale sans aucune autre forme de procès», se souvient-t-il avec émotion. Durant les Cinq mois des son incarcération, Aissa a survécu hanté par les histoires des clandestins qui périssent d’une balle dans la tète ou noyés au large de la côte Turque, mais dés sa sortie de prison il reprend attache avec son ancien passeur, et cette fois-ci, la traversée se fera par la mer. «Il a exigé 500 euros, je ne possédais pas cette somme, alors, je me suis mis à voler, je ne mangeais plus à ma faim, j’avais perdu 5 kilos mais j’ai finis par réunir la somme».
Quelques jours après, Aissa embarque à destination de l’île de Lesbos «ou des policiers visiblement de mèche avec le passeur, nous ont accueillit, enfin, après un bref passage en taule j’ai enfin eu ma khartia de séjour ». Une khartia est un document délivrée par la préfecture de police, suite à une procédure d’enregistrement, avec photos et relevée d’empreintes digitales, en réalité ce billet est une injonction formelle intimant l’ordre à son détenteur de quitter le territoire dans un délai de trente jours, les algériens, soudanais ou afghans errant dans les rues d’Athènes ne lisent pas le grec, mais feignent y déchiffrer «carte de séjour !». Pour obtenir ce sésame, signe de quiétude pour certains harraga, le temps de se débrouiller un document d’identité européen, ils se font passer pour des palestiniens, réfugiés de Ghaza.
Aissa a roulé sa bosse dans la grande cité, après avoir été exploité par des agriculteurs sans scrupule. A son arrivé à Athènes, il a défoncé la porte d’une vieille villa abandonnée sur le plateau de Pakka, en contrebas de l’Acropolis. Depuis ils ne cessent d’accueillir ses compatriotes algériens. Aujourd’hui, Aissa travaille comme veilleur de nuit d’un kiosque en compagnie d’un irakien à la rue Athens, en plein cœur de la capitale grecque. Ils sont payés 15 euros par jour. Il semble bien s’y plaire à Athènes : «j’ai tenté à plusieurs reprises de partir pour le Portugal, sans succès, alors j’ai décidé de rester ici».
Aissa est devenu le chouchou des riverains, il bredouille gaiement quelques expressions en grec et semble réussir son semblant d’intégration. «J’ai mes repères ici, je me suis fais pleins d’amis et j’ai finis par m’attacher à ce pays». Un cas particulier, parmi ces cohortes errantes, tous les autres veulent quitter au plus vite, le vol n’étant pas un métier à temps plein surtout en ces temps où le chômage bat son plein dans un pays ravagé par la crise économique. «Ce n’est pas évident, commente l’irakien, ici on est pas en Allemagne, même si tu arrive d’un pays en plein guerre civile, tu n’as aucune chance d’obtenir l’asile».
Le taux de reconnaissance du statut de réfugié est effectivement parmi les plus bas du monde. Les afghans, somaliens et autres soudanais le savent très bien et ne daignent même plus engager la procédure. Ils préfèrent continuer leur odyssée vers le cœur du vieux continent même en moyennant le prix fort pour être entassés dans les containers des camions de marchandise qui pénètrent l’Italie près du fameux grand port de Patras. Aujourd’hui cette voie n’est plus d’actualité, les Italiens ont fermé la porte devant eux.
Ne pas se faire prendre
A la place Homonia et dans ses environs immédiats, il m’arrive de me sentir presque à Alger : des «saha kho» qui fusent de partout, des «labess ?» aux coins de rues jusqu’aux altercations de délinquants tonnant de gros mots aux accents algériens. Dans cette Babylone des temps modernes, des clandestins parlants des dialectes anciens côtoient des touristes bredouillant l’anglais sans peine, le tout sur un fond de jacasseries grecques, dans ce chaos urbain les premiers n’ont de yeux que pour les objets de valeurs des seconds, téléphone gadgets ou autre accessoires de mode, pourvu de se retrouver le soir en possession d’un truc à fourguer pour pouvoir enfin se payer une nouvelle identité, acheter son billet pour embarquer sur les deux compagnies grecques Olympic et Aegean. Mais la police veille au grain, les clandestins n’en sont pas moins vigilants, ici la règle d’or c’est de ne pas se faire prendre la main dans le sac.
Dans ce pays à majorité orthodoxe, il n'y pas de séparation entre l’Eglise et l’Etat et les minorités craignent les forces de police, réputés pour leurs méthodes pas très catholiques. Très vite les algériens du coin m’ont adopté : «wech journaliste dialna». Et sans la moindre gène ils commencent à me faire le récit de leur quotidien peu orthodoxe, larcins et vol à la tire. Chacun a sa spécialité, pour certains c’est les pendentifs en or des bonnes sœurs qui les intéressent, revendus aux prix symbolique de quelques trafiquants syriens, pour d’autres ce sont les appareils photos et caméscopes et autres gadgets.
Enfin, d’autres harrags se sont spécialisés dans le pillage des boutiques de luxe. Pour manger, le supermarché Carrefour est leur grenier. «Nous avons recrutés des vigiles et renforcer notre systèmes de sécurité car ces derniers temps nous accusons un manque énorme, et nous payons de notre poche», confie la responsable de carrefour. A l’heure de la relève, policiers et travailleurs se rallient, à 6 h du matin, les cas d’agressions et de vols s’accentue profitant de l’absence des policiers, les harragas peut scrupuleux, se donnent rendez vous dans un restaurant non loin de la placette Omonia, son nom Kasba. La fréquentation des stations métro, les arrêts de bus devient dangereuse. La police athénienne, face à ses recrudescences de cas de vol et de criminalité, accentue les descentes, multipliée les patrouilles. Cependant de l’aveu même de certains policiers : «on est dépassé et il nous est difficile de faire face à tous ses fléaux». D’autant que les policiers n’ont pas perçu leurs salaires depuis plus de trois mois.
Un diplomate sous couvert de l’anonymat me demande de «ne pas trop les charger ces petits jeunes». Leur compagnie m’a valu une surveillance accrue de la part de la police car, tout simplement, soupçonné d’appartenir à une filière de trafic de documents d’identité. Plus tard, des policiers en civils ont finit par savoir mon identité par l’intermédiaire d’autres harraga, et depuis même les policier en faction à Omonia m’évitait presque du regard, la consigne est claire : pas de déclaration ni de commentaire, et cela est valable face aux journalistes de toutes nationalités confondus. Quelques officiers peuvent aborder le sujet suivant un plan de communication préétablit. «Il ne faut pas désavouer l’action de la puissante Frontex, gardienne de la forteresse occidentale, et encore moins atteindre à l’image du pays déjà terni par tant d’indélicatesses, m’explique un journaliste grec. La Grèce n’a plus le droit à l’erreur et semble être sous protectorat européen». La suite de mon reportage se poursuivit alors sans grandes surprises ni notables révélations.
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Hocine, des euros pour acheter une identité
C’est avec Hocine, 34 ans, un spécialiste de l’immigration clandestine et des traversées risquées. Que je commence mon aventure athénienne. Nous sommes un samedi, en pleine saison estivale, les discothèques sont cette cible privilégiée. «Je dois absolument récupérer cinq ou six portable», me dit-il. Nous nous séparions à l’entrée pour se retrouver des heures plus tard. Avant d’atterrir à Athènes où il vit depuis deux ans, Hocine a tout essayé. «Quand j’avais 16 ans, j’ai commencé à faire des allers retours entre l’Algérie et le Maroc, à l’époque on appelait ça El Kabba (le cabas, l’acheminement des vêtements à partir du Maroc).
Après la fermeture des frontières, je faisais du trabendo entre l’Algérie et la Libye, d’ailleurs cela m’a valu 6 mois d’emprisonnement dans les geôles libyennes, puis la Syrie où j’ai passé 17 semaines en prison, enfin la Turquie, en 2008, ou j’ai passé 3 mois», raconte-t-il, avec un sourire amer qui fait d’ailleurs plisser sa peau tannée. Il vit du vol au jour le jour, il le dit sans honte aucune : «je suis obligé de voler pour survivre, ici, il n’ y a pas de travail». Son rêve d’enfant était d’avoir un VTT, «mais mon père a toujours refusé de m’en acheter un, aujourd’hui j’en possède six», ironise-t-il mais dans ses propos, il y a une haine envers son père, qu’il finit par l’avouer « je n’aime pas mon père, ni d’ailleurs ma famille, ça sent trop la misère chez moi».
Il est 4h15 lorsqu’on se retrouve, le visage défiguré, Hocine s’est fait tabassé par les videur : «je l’ai échappé belle, j’ai eu de la chance ils n’ont pas appelé la police», me lance-t-il. La pêche n’est pas aussi maigre. «J’ai pris 3 portable dont un Iphone», sourit malicieusement Hocine, car avec ses trois portable, il peut s’assurer de récupérer une carte d’identité belge «j’avais besoin de 180 euros qui me manque pour acheter une carte d’identité pour pouvoir passer à l’aéroport, en plus la personne sur la carte me ressemble».
Mourad, de Oued Semar à Syntagma
J’accompagne cette autre harrag rencontré à Syntagma, la célèbre placette abritant le siège du Parlement hellénique. Mourad, 24 ans, un jeune homme frêle au visage marqué par des années d’errance. Une vie à essayer d’exister. «Même Oued Semar l’ont fermé», cette immense décharge publique était son lieu de travail, de vie. Originaire de Ain Defla, «je n’ai pas vu ma famille depuis l’âge de 16 ans, mon père nous a abandonné, il est monté au maquis. Mes 11 frères et sœurs ont fuit le domicile familiale, une baraque dans les monts de Arib, depuis j’en ai aucune nouvelle d’eux, sauf deux de mes sœurs qui sont apparemment devenues prostituées», confie Mourad. «Je n’ai pas de nom, j’ai falsifié un passeport pour pouvoir venir ici, car je n’ai aucun lien avec ma famille et je doute qu’ils ont toujours un livret de famille».
Arrivé depuis 3 mois, il s’est spécialisé dans le vol de voiture. Cela s’appelle «tabtab», un procédé utilisé pour subtiliser les voitures. Il est 4 heures du matin, quand un jeune en Mercedes, s’arrête pour une prostituée nigérienne, de loin, j’observe le manège. Mourad et son complice passe à l’assaut. L’un frappe du coté passager pour attirer l’attention de la victime et l’autre le surprend coté conducteur. «Parfois nous sommes obligés d’utiliser la force face aux «clients» qui n’abdique pas», me dit l’ami de Mourad. Résultat, 200 euros, un portable, une carte bancaire et un ordinateur portable me renseigne Mourad.
Nassim, 100 000 da pour le passeur et l’avion
Nassim a 22 ans, arrivé en Grèce, depuis deux semaines, il a passé 6 jours en prison pour tentative de vol, «un passage obligé», dit-il pour avoir la khartia dans l’attente d’un éventuel départ à destination de Milan. Sa spécialité à lui, le supermarché Carrefour de la placette Omonia. Nassim a quitté l’école à l’âge de 16 ans, pour «problèmes familiaux». Son père alcoolique frappait sa maman chaque soir, ils ont finis par divorcer. «Ma mère a décidé alors de refaire sa vie, et je me suis retrouvé seul avec mes deux sœurs», confie-t-il. «J’ai bossé dans plusieurs cafés de Sétif comme plongeur ou serveur, mais je gagnais pas beaucoup, à chaque fois c’était 1000 dinars par semaine». Difficile de tenir le mois, sachant qu’il a, à charge deux sœurs. Cette année sa grande sœur s’est mariée et son beau frère lui a prêté 100 000 dinars pour payer son billet d’avion pour la Turquie et le passeur.
Nadim, vendeur de fausses identités
Plusieurs jeunes harraga, attendent dans leurs gîtes, des appartements loués entre 4 et 10 euros par jour, selon les standards et les équipements, de quelques propriétaires qui ont fui les quartiers jouxtant la place Omonia. Ils ont suffisamment les moyens pour subsister à leur besoin pendant leur séjour athénien. Ils font parfois l’objet d’escroc de tous genres, fausses cartes au prix d’une vraie par l’intermédiaire des harragas chevronnés qui passent par l’achat des fausses cartes d’indentés françaises, italiennes … qui eux même, font appel à d’autres personnes dans une espèce de chaîne difficile à remonter. Nadim, un jeune syrien est le principal interlocuteur de ces demandeurs de faux ou de vrais documents d’identité. Après négociation, il accepte de nous livrer ses deux principaux fournisseurs. En effet, il s’agit d’un certain Philippe, la quarantaine, français et son ami, Mohamed, un franco algérien, la trentaine, «je leur achète les cartes d’identité à 300 euros, que je revends par la suite à mes clients pour 450 euros».
Mouloud, fuir l’ordre social
Mouloud, 28 ans, ex-commerçant à Bouira, a fui le pays pour des raisons de conservatisme sociale : «je sortais avec une fille de 22 ans, un soir elle m’appelle et m’annonce qu’elle est enceinte, j’ai essayé de la convaincre d’avorter, mais elle a refusé, 4 mois après, sa famille s’en est rendu compte et me demanda de l’épouser de force, chose que j’ai refusé, après c’était au tour de ma famille de me forcer et pour laquelle je suis la source d’une honte au village, j’ai décidé alors de partir et tout laisser derrière moi», confie-t-il. «Je suis conscient de ce que j’ai fait, mais je pense qu’on était deux a l’avoir fait, alors elle n’a qu’a assumer l’acte, mais il est hors de question que je me marie à elle, vous savez que chez nous, une telle chose, est réprimandé et par la loi et par les lois sociales», comme pour signifier son refus de se conformer aux lois sociale et au code de la famille.
Hafid, au service de la mafia albanaise
Hafid, vend de la drogue, c’est un ancien terroriste, un repenti. Aujourd’hui, il travaille sous les ordres de la très dangereuse mafia albanaise. Avec sa carrure il règne tel Zeus dans son quartier. Son business, garder un œil vigilant sur les prostituées africaines parallèlement à la vente de cocaïne et autres drogues. Il sème la terreur et il bouge comme un tonnerre sans que personne ne lui mette la main dessus. Selon des témoignages, il originaire de Médéa, la trentaine, il est arrivé en Grèce il y a plus d’une année via la Turquie qui l’a rallié avec une fausse carte d’identité. Il fait de Victoria l’autre grande place d’Athènes, une zone de non droit et son réseau s’étendrait jusqu’au même aux hauts responsables grecs selon un policier. Selon une source diplomatique, les services de renseignements des deux pays le surveillerait et qu’une enquête serait en pleine instruction.
Mavro
Ou la Zetla algérienne, les habitudes n’auront pas changé, pour beaucoup de nos jeunes harrags au passif pas très glorieux noir notamment pour vente de drogue et constitution de bandes de malfaiteurs, comme dans leur quartier d’où ils sont issus, ils vendent au su et au vu de tout le monde à Omonia le mavro dans des boites d’allumette pour 10 euros.
L’ambassade d’Algérie submergée
Chaque jour, des dizaines de harragas se rapprochent de l’ambassade d’Algérie à Athènes et émettent le souhait de revenir au pays. Les services consulaires ont enregistré à présent 87 demandes. Le standard téléphonique de la représentation diplomatique est submergé d’appels, émanant des prisons grecques dans l’éventualité d’une intervention diplomatique en vue de leur libération. «Le problème est que la plupart de ses algériens rentrent en prison avec des fausses identités et donc de fausses nationalités, ce n’est qu’une fois que la situation devient intenable qu’ils demandent notre intervention», souligne un diplomate algérien en poste à Athènes. D’ailleurs, l’ambassade a décidé d’aménager un compartiment dans son enceinte pour l’accueil de ses ressortissants algériens établis illégalement en Grèce. Les diplomates algériens se livrent, à cause des agissements des ressortissants algériens clandestins, à une vraie bataille avec les autorités locales pour des soupçons de maltraitance de la part des policiers grecs, une violence que nous avons constatée sur place.
Soumia, d’enfer en enfer
Elle vit de prostitution et de la vente de drogue. Une situation dramatique qui choquerait plus d’un. Devant son omerta, m’approcher d’elle n’était pas une tache mince. Quelques jours plus tard, elle décide enfin de rompre le silence et de se confier. A 16ans, son père voulait la marier de force avec son cousin. Elle décida de fuguer de la maison familiale de Médéa. Sa destination fut Oran. Elle rencontra, un soir, dans les rues d’Oran, une jeune dénommé Rachid, 26 ans, percussionniste. Il l’hébergea pendant deux semaines avant de lui proposer un travail comme serveuse dans un célèbre cabaret d’Oran. Au retour d’une soirée, un certain été 2007, Rachid en abusa d’elle, et elle tomba enceinte. Elle quitta Oran pour Béjaia ou elle fut engagée dans un cabaret comme serveuse. Son patron la maltraita et elle perda son bébé âgé d’a peine cinq mois. Elle est récupérée par Nacéra et son proxénète et devint entraîneuse dans un autre cabaret de Béjaia. Elle vivote à Athènes depuis trois mois, fuyant l’enfer dans laquelle elle vivait mais devant les prostitués africains, elle n’a pu se frayer un chemin. Elle est prise en charge par ses compatriotes et «frères» algériens, cela n’empêche que «je fais des passes de temps en temps» pour se faire de l’argent et partir d’ici.
2 morts officiellement, 5 selon les harraga.
En juin dernier, deux algériens ont péri, d’après nos informations, dans des circonstances obscures. Leurs corps ont été rapatriés après une longue attente. Concernant les trois autres algériens décédés, les harragas que nous avons rencontré, nous parlent d’une grosse bagarre qui a éclaté entre algériens et afghans, où ces derniers avaient selon toujours les mêmes sources, utilisé des armes automatiques. Les harragas ont alors cotisé pour les funérailles et ont été enterrés dans un cimetière musulman, sous des noms d’emprunt, et de nationalité palestinienne.
Zakaria, l’avocat juif des harragas algériens
Tous les jours, on apprend qu’un compatriote est incarcéré. Vite, les jeunes s’organisent en vue de sa libération, pour ce, «on cotise avec ce qu’on peut pour payer l’avocat». Leur avocat s’appelle Zakaria, un avocat juif grec, spécialiste des questions de l’immigration, il est devenu au fil du temps, l’avocat des harraga de toutes les nationalités. Le coût varie selon le degré de l’infraction, et la durée de l’incarcération, ainsi pour une peine de 3 mois l’avocat demande 450 euros, pour 6 mois 750 euros, pour une année de détention plus de 1200 euros.
Tmima
Passer un séjour en prison semble ne pas inquiéter les harragas. C’est un passage obligé ou une simple formalité pour obtenir la khartia. Pour cela, ils font tout pour rentrer en prison. Mais se faire prendre la main dans le sac, conduit parfois, à Tmima, l’Alcatraz grec, où maltraitance, et mépris caractérisent les séjours des détenus sans respects des droits de l’homme selon les témoignages de quelques détenus sortis que nous avons rencontré. Tmima est l’une des trois prison d’Athènes et la plus dangereuse, elle est composée essentiellement de geôle ou l’on sert à manger une seule fois par jour, à 9h30.
Zouheir Aït Mouhoub
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