ICI REPOSE LE CORPS MEURTRI DE SNP ABD-DJALI

Je citerai à titre d'exemple les noms de mes instituteurs ayant fait des études au royaume comme Mr, Maalaoui en primaire, Derrar au collège et Mehdid mon prof d'histoire au lycée Echeikh El Bachir El Ibrahimi.

j'étais un élève moyen pendant ma scolarité et j'avais même raté ma sixième en 1971 avec deux élèves d'origines marocaines dont l'un deux s'appelle Snp Miloud. Je me suis toujours demandé pourquoi l'échec à toucher rien que nous trois?
Avant de poursuivre mon histoire au collège , je tiens à vous relater une scène qui m'a marqué et traumatisé.
A suivre

Malgré qu'on était pauvre et qu'on avait besoin d'aide sociale comme tous les algériens. L'administration de l'école n'a pas été tendre avec nous .Les élèves d'origines marocaines n'avaient pas le droit d'avoir un bon de cantine.Un jour, j'ai décidé de confectionner un bon en carton tout en trafiquant le cachet de l'école avec mon compas et j'ai rajouté cette transcription en arabe " el madrassa el ibtidaiya el arbi fekhar.
J'ai réussi à tromper la vigilance du directeur Mr: Rahal lequel se tenait toujours à l'entrée de la cantine pour vérifier les bons. Pendant cette période , je me suis régaler de plats de lentilles et d'haricots.
Ma fête n'a pas duré longtemps puisque Mr Rahal s'est rendu compte que j'étais en possession d'un bon non règlementaire. Ce jour là, il m'a retiré ce bout de carton et m'a giflé en me disant que je n'ai pas le droit d'avoir ce droit élémentaire.

Je vous parlerai ce soir de mon ami d'enfance SNP Norredine Ben Mokhtar que dieu aie son âme avant d'entamer mon récit de collégien.

On a vécu ensemble et on avait presque le même âge. Moi je suis né le 14 février et lui le 13 . Son père et le mien venaient de la même région de Oued Amlil(Maroc) et avaient en commun le même nom Ben Si Houmad.
Norredine habitait le 2éme étage et moi le troisième au bâtiment E.
La mère de mon ami est d'origine algérienne . C'est pour cette raison qu'il n'a jamais mis les pieds dans son pays d'origine (Maroc)puisque son père avait coupé les liens avec sa famille.

On était inséparables . On a même commencé à fumer très tôt à école primaire. Il était très calme et timide mais très fort physiquement. Un jour je voulais me mesurer à lui et à mes dépens, je reçois un coup de poing . D'ailleurs , c'est la 1ére fois que mon nez a saigné.
Mais à l'école il avait le niveau faible. C'est pour ça que notre amitié a pris fin avant que j'accede au collège.

A suivre

Norredine, est mort avant l'heure . Il était encore jeune dans les années quatre vingts. Je l'ai rencontré à plusieurs reprises après mon retour de France en 1986. Il m'écoutait sans brancher. Il avait beaucoup d'estime pour moi . Il était content que je suis de retour avec mon diplôme en science politique. Il nous arrivaient de discutailler autour d'un café "Nakouss" et un joint sur notre situation de marocains vivant à la marge de la société. Il avait de l'amertume de vivre dans un pays où les lois sont hostiles à l'intégration des marocains natifs d'Algérie. Il est même allé vers la déchéance en abusant de l'alcool.

D'ailleurs , le jour de sa mort, il était ivre.
Son décès fait suite à un altercation entre lui et son oncle maternelle Damani. Ce dernier lui assena un coup de poing fatal qui le fait glisser et sa tête a touché mortellement le trottoir.

Quand je ne vais pas en vacance avec mes parents au Maroc pour rendre visite à mes grands parents pendant l'été . Je passe mon temps avec mon ami Norredine à courir derrière des remorques transportants le raisin du vendange.
On habitait à la périphérie d'Ain Témouchent sur la route qui mène à Sidi BellAbbes non loin d'une cave coloniale qui portait le nom de salass.
Avant que le tracteur vide son contenu ou de passer au plateau pour la pesé. Il était obligé de remonter une pente pour atteindre le portail de la ferme. C'est à ce moment là ,qu'on sort de notre cachette en dessous d'un pont avec notre canne équipée d'un crochet pour la lancer sur les grappes de raisins .
Après avoir ramassé une quantité de raisins qu'on appelait le débouché . Il est utilisé pour extraire du vin rouge.On se cachait au dessous du pont et on commence a pressé des grappes de débouchés pour ensuite boire le liquide rouge et se donner de l'ivresse. C'était notre jeux

[b]Ferme coloniale abandonnée

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Ce soir , je vais vous raconter mon parcours de collégien et ma rencontre avec un autre élève d'origine marocaine. Il s'appelle SNP Idriss Ben Lahcen.

J'étais en 3éme année dans ce college quand soudain la police a débarqué pendant la recréation pour me déporter vers le Maroc .

Collège polytechnique d'Ain Témouchent.

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Driss, je l'ai rencontré pour la 1ére fois à la rentrée scolaire en 1971. Depuis cette date, on a fait ensemble le collège , le lycée et le cursus universitaire à Es Senia Oran pour l'obtention d'une licence en droit en 1984.
Il était moins âgé que moi d'une année. Souvent au classement , il était le 1ér et moi le deuxième.Je connais ses trois oncles et son grand père paternelle. Son père Lahcen et son oncle El Houcine géraient une grande librairie au Boulevard du 1ér novembre. On les appelaient les fréres Perez.

Il avait aussi un oncle El Hachmi qui occupait un emploi de cadre dans une banque à Oran. Le quatriéme s'appelait Si Mohamed un chauve qui gérait une grande épicerie. On l'appelait le pharmacien parce qu'il vendait ses produits plus chers que les autres commerçants.
Le grand père pratiquait le commerce du charbon. C'est un Filali.
Driss est issu d'une famille de lettrés . Il était brillant à l'école . Il a même hérité de l'humour de sa famille.
Ma rencontre avec mon ami n'a pas duré plus d'une saison. Après notre réussite en sixième on s'est retrouvés séparés. Lui a été affecté au lycée Echeikh El Bachir Ibrahimi et moi au collège polytechnique. Après cette séparation qui a duré quatre ans , je le retrouve en second dans son lycée

Notre situation financiére a commencé à s'ameliorer suite aux mandats qu'on recevait de la part de mon pére et aussi grace au travail de contrebande que ma mére realisait entre le royaume er l'Algérie.Mon niveau scolaire a progressé suite à cette embelie financiére. Comme preuve de cette ascension sociale,J'étais le seul qui portait des chuassures de foot dans mon équipe et j'avais un cartable en cuir que mon pére m'avait envoyé de France.

Quand je pense à mon parcours d'apatride dans un pays où je suis né . Je me sens révolté et plein d'amertume.Alors j'ai trouvé dans l'écriture de mon récit le seul moyen de contourner cet obstacle psychologique qui me bloque. Quelle délivrance de s'extérioriser en racontant des bribes d'une histoire qu'on partage avec les autres déportés.
Devenir un porteur de mémoire ou un entrepreneur de mémoire est un bonheur et aussi un calvaire.
Les mots se bousculent pour sortir après une longue léthargie.

Soudain, c'est la déportation. C'était vers la fin du mois de décembre à 16 heures trente pendant la recréation . Des policiers se sont présentés sur le lieu de mon collège dont la photo est ci-dessous afin de m'intimer l'ordre de les suivre. Comme un agneau qui ne résiste pas devant ses bouchers qui veulent l'emmener à l'abattoir.
A l'époque, j'avais seize ans . J'étais en troisième .
A suivre

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Je n'ai pas eu le temps de retourner dans ma classe pour récupérer mes cahiers et mes livres. Ils m'ont conduit dans une estafette directement au commissariat sans transiter par notre maison pour récupérer mes habits. Avant que j'embarque dans le fourgon de police. Un policier m ' y dit que vous allez être expulsé au Maroc pour déstabiliser et insulter feu le roi Hassan II.

La photo du commissariat de Ain Témouchent où des milliers de marocains ont été parqués comme des animaux pendant 24 heures.

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Copyright , SNP 1975

Il était dix heures du matin quand la police algérienne dirigéé par le brigadier "Es-Sbaâ" a fait irruption chez nous. Ils ont sommé mon père, ma mère et ma sœur Bouchra âgée de 6 mois et mon frère Hassan de les suivre au commissariat pour procéder à leur expulsion. Moi et mes sœurs , Houria,Samira ,Nawal et Souaâd nous étions enlevés par la police à l'école pour nous ramener au commissariat rejoindre nos parents.
A titre d'information, mon père et mon frère étaient de passage à Ain Témouchent en provenance de la France.
Rappelons que j'avais seize ans et donc j'étais plus âgé que mes sœurs.

En arrivant au commissariat , j'ai observé la présence de beaucoup de personnes autour de ce lieu qui narguaient les expulsés. Il y avaient beaucoup d'algériens qui attendaient le départ de ces marocains pour squatter leurs maisons. Souvent ce sont des campagnards qui n'ont pas de logements.
Rare sont les algériens qui ont manifesté leur désapprobation contre l'expulsion de leurs fréres marocains .On n'a pas vu un mouvement de foule ou un groupe de voisins s'interposer entre la police et les pauvres marocains pour dire que ce sont des natifs d'Algérie et qu'ils étaient solidaire de la guerre de libération. La vérité historique nous oblige de dire qu'il y avait une solidarité individuelle de la part d'une minorité d'algériens qui ont partagé avec nous "El melh "ouel El khobz".
A l'exemple de ce vendeur de légumes qui a protesté à l'entrée du commissariat contre l'expulsion de notre famille.
Le pauvre en guise de compréhension,il a reçu un coup de poing fatal qui a déboité ses dents de la part d'un policier anti marokki.

Je tiens à confirmer ce que mon compagnon de route a écrit dans son récit concernant la vindicte populaire de quelques algériens contre ces pauvres déportés. Ils y avaient des personnes qui se sont alignés au passage des autocars transportant les expulsés en scandant "Cheg Esselk" au delà du fil barbelé qui symbolise la frontière algéro-marocaine .

J'entre au commissariat et je vois un monde en détresse. Il est 17 heures et il pleut. Il y a des enfants qui pleurent de faim et des vieux accroupis dans des endroits sombres et nauséabondes. Il y avait foule. Des autocars qui arrivent de toutes les communes d'Ain Témouchent en debarquant des centaines de marocains pour ensuite les parquer dans des garages car le commissariat déborde de famille promise à la déportation.

Dans ce climat horrible , j'entre au commissariat et je bouscule un policier à l'accueil avec mon coude violemment.Ce dernier tente de répliquer en me poussant. Mon père intervient pour me défendre. Le pauvre a reçu un croche pied de la part de ce policier.
Il s'est retrouvé au milieu d'une flaque d'eau. Ce qui m'a blessé profondément et que je regrette . Car je me culpabilise jusqu'à maintenant. Il s'agit d'un jeune policier de mon quartier qui a osé dire à mon père après l'avoir bousculé par terre, je cite: "Espèce de 3ataye (PD)".
Mon frère ainé Hassan sa réaction a été violente devant cette humiliation de son vieux. Il n'a pas su retenir son émotion pour enfin se jeter sur ce jeune en uniforme.

Il est presque Une heure du matin. Tout le monde embarque dans des petits autocars de couleur bleu . La destination est le pays des origines. Il fait trop froid et pour exprimer cette etat inhumain , je cite mon ami Hocine de Hamam Bouhadjar:" la nuit était claire et limpide en ce mois de décembre 1975. Aussi, le froid qui descendait du ciel à ce moment-là était d’une rigueur à faire grelotter un ours polaire".
Aprés trois heures de trajet on arrive enfin à la frontiére algéro-marocaine"Zoudj Bghal"

Dans notre exil forcé , on avait droit à un ballot"Rezma". L'on y trouve des couvertures"Bourabah" pour nous couvrir de ce froid de canard. En arrivant au poste de frontière Zoudj Bghal du côté algérien, il y avait une grande affluence. Des autocars qui arrivent de partout et qui déversent des marocains comme des bétails. Il y avait même des adultes qui ont été expulsé dans des camions à bennes .

On avait beaucoup de difficultés pour garder tous les membres de la famille ensemble à cause de cette marée humaine en mouvement de détresse. Ma mission est de garder ma sœur Bouchra âgée de six mois.La pauvre pleurait sans arrêt car elle n'a pas pris de biberon depuis 16 h. Heureusement qu'on avait une bouteille d'eau pour la consoler. Il y avait beaucoup de policiers et de gendarmes algériens pour encadrer ce déluge humain exporté à dessein politique.

Admin snp1975,

Je vous dit bravo pour votre courage et votre passion pour cette cause.
Vous êtes un précurseur dans le domaine de l'écriture de cette histoire occultée. J'ai réalisé que votre déracinement ressemble beaucoup à la Shoah.
Au plaisir de vous lire.

Je tente à m'extirper de cette cohorte sans fin pour rejoindre le poste frontière marocain. Un policier m'intercepte cependant et me refait entrer dans le rang. Il m'intime l'ordre d'y demeurer. La raison invoquée est que la fouille concerne aussi Bouchera. Le bébé qu'elle est alors est supposé porteur d'argent et de bijoux dissimulés dans les langes. En fait nous ne transportons aucun objet de valeur.