Leçon d'histoire
Cela est devenu une complainte, celle du «peuple des nuages», devant le déni de justice internationale pour une solution juste et démocratique au Sahara Occidental. Le peuple sahraoui est-il à ce point un peuple «paria» pour mériter une telle ignominie, une telle cécité de la communauté internationale devant l'urgence d'une solution pour ce territoire occupé depuis maintenant 25 ans par le Maroc. Au vu et au su de tous ceux qui se proclament démocrates et épris de paix dans le monde ?
Les derniers événements de Gdeim Izik, près de la capitale occupée du Sahara Occidental, au mois de novembre plus précisément, interpellent plus que jamais la conscience internationale pour que des solutions démocratiques soient trouvées pour libérer autant le peuple sahraoui du joug de la colonisation marocaine, que le Maroc de ses vieux démons. Et si le dernier round de négociations informelles entre le Maroc et le Front Polisario a été miné par l'attaque des forces d'occupation du camp de Sahraouis de Gdeim Izik, le prochain round, prévu du 16 au 18 décembre à Manhasset, dans la banlieue de New-York, s'annonce tout aussi compliqué. Plus pour les Sahraouis que pour les Marocains qui, depuis le cessez-le-feu en 1991, ne font que gagner du temps et berner la communauté internationale sur sa soi-disant bonne volonté de faire avancer ce type de processus.
Les discussions maroco-sahraouies, en réalité, ne se sont jamais déroulées dans un climat serein, emprunt de bonne volonté, mais beaucoup plus, côté marocain, pour «plaire» aux maîtres de Rabat, la France au premier rang. N'est-ce pas que c'est Paris qui s'est opposé, usant de son droit de veto, pour la mise en place d'une commission d'enquête onusienne sur les graves événements de Gdeim Izik ?
Donc, Rabat, en allant à ces négociations sous l'égide de l'ONU avec le Polisario, n'y va que pour confirmer ses intentions de renforcer sa colonisation du Sahara Occidental. Or, et les Sahraouis l'ont à maintes reprises répété, il ne sert à rien de s'asseoir à la table des négociations lorsque l'autre partie au conflit ne fait pas de geste pour détendre l'atmosphère, et, surtout, accepter le principe de négociations franches allant dans le sens d'un règlement définitif de ce dernier problème de décolonisation en Afrique.
A moins que la France, les Etats-Unis et l'Espagne ne trouvent vraiment leurs intérêts dans cette situation de blocage, il ne sert plus dorénavant de discuter avec des interlocuteurs fermés d'avance à toute idée de faire progresser les négociations vers la seule issue possible, celle d'ailleurs préconisée et soutenue par l'ONU et la communauté internationale : la tenue d'un référendum d'autodétermination pour décider de l'avenir politique de ce territoire. Pour un peu, l'on se croirait revenu dans les années 50-60, au plus fort des mouvements de libération nationale en Afrique et dans le monde.
Tous les pays coloniaux ont compris la leçon d'histoire de Dien Bien Phu. Seul le Maroc, arrivé bien dans le tard dans le monde rétrograde des ex-empires coloniaux, ne veut pas progresser. Et reste agrippé à ses fantasmes. Jusqu'à quand la communauté internationale devra-t-elle composer avec un tel immobilisme ?
par Yazid Alilat
Le Quotidien d'Oran, 13/12/2010
Cela est devenu une complainte, celle du «peuple des nuages», devant le déni de justice internationale pour une solution juste et démocratique au Sahara Occidental. Le peuple sahraoui est-il à ce point un peuple «paria» pour mériter une telle ignominie, une telle cécité de la communauté internationale devant l'urgence d'une solution pour ce territoire occupé depuis maintenant 25 ans par le Maroc. Au vu et au su de tous ceux qui se proclament démocrates et épris de paix dans le monde ?
Les derniers événements de Gdeim Izik, près de la capitale occupée du Sahara Occidental, au mois de novembre plus précisément, interpellent plus que jamais la conscience internationale pour que des solutions démocratiques soient trouvées pour libérer autant le peuple sahraoui du joug de la colonisation marocaine, que le Maroc de ses vieux démons. Et si le dernier round de négociations informelles entre le Maroc et le Front Polisario a été miné par l'attaque des forces d'occupation du camp de Sahraouis de Gdeim Izik, le prochain round, prévu du 16 au 18 décembre à Manhasset, dans la banlieue de New-York, s'annonce tout aussi compliqué. Plus pour les Sahraouis que pour les Marocains qui, depuis le cessez-le-feu en 1991, ne font que gagner du temps et berner la communauté internationale sur sa soi-disant bonne volonté de faire avancer ce type de processus.
Les discussions maroco-sahraouies, en réalité, ne se sont jamais déroulées dans un climat serein, emprunt de bonne volonté, mais beaucoup plus, côté marocain, pour «plaire» aux maîtres de Rabat, la France au premier rang. N'est-ce pas que c'est Paris qui s'est opposé, usant de son droit de veto, pour la mise en place d'une commission d'enquête onusienne sur les graves événements de Gdeim Izik ?
Donc, Rabat, en allant à ces négociations sous l'égide de l'ONU avec le Polisario, n'y va que pour confirmer ses intentions de renforcer sa colonisation du Sahara Occidental. Or, et les Sahraouis l'ont à maintes reprises répété, il ne sert à rien de s'asseoir à la table des négociations lorsque l'autre partie au conflit ne fait pas de geste pour détendre l'atmosphère, et, surtout, accepter le principe de négociations franches allant dans le sens d'un règlement définitif de ce dernier problème de décolonisation en Afrique.
A moins que la France, les Etats-Unis et l'Espagne ne trouvent vraiment leurs intérêts dans cette situation de blocage, il ne sert plus dorénavant de discuter avec des interlocuteurs fermés d'avance à toute idée de faire progresser les négociations vers la seule issue possible, celle d'ailleurs préconisée et soutenue par l'ONU et la communauté internationale : la tenue d'un référendum d'autodétermination pour décider de l'avenir politique de ce territoire. Pour un peu, l'on se croirait revenu dans les années 50-60, au plus fort des mouvements de libération nationale en Afrique et dans le monde.
Tous les pays coloniaux ont compris la leçon d'histoire de Dien Bien Phu. Seul le Maroc, arrivé bien dans le tard dans le monde rétrograde des ex-empires coloniaux, ne veut pas progresser. Et reste agrippé à ses fantasmes. Jusqu'à quand la communauté internationale devra-t-elle composer avec un tel immobilisme ?
par Yazid Alilat
Le Quotidien d'Oran, 13/12/2010