La révolte des goumiers marocains et des tirailleurs algériens dans les Aurès
A cet égard, la sédition des dix compagnies de goumiers marocains engagés par l'Etat major français dans les Aurès au début de la guerre de libération de l'Algérie devait nous rappeler cette fraternité et cette solidarité entre les deux peuples connaissait pas de frontière Cet épisode peu connu mérite qu'on s'y attarde un peu. C'est d'autant plus nécessaire que dans cette affaire, l'Etat Major français s'est trouvé confronté à l'acte de rébellion collective le plus grave de la guerre d'Algérie.
Voici les faits :
Dans un premier temps, les goumiers marocains refusent de se battre et exigent leur retour au Maroc. Les échos des discussions franco-marocaines en vue du retour du Roi Mohamed V sur son trône et « le travail » du FLN sur le moral de ces goumiers ne sont pas étrangers à leur rébellion. Montagnards originaires du Moyen Atlas pour la plupart, connus pour leur piété et leur fraternité berbère à toute épreuve, parlant le Chleuh et comprenant aisément le patois des Chaouiyas des Aurès, la sale guerre qu'on leur faisait faire contre leurs frères de race et de religion a fini par les révolter.
Ne recevant aucune réponse à leur demande de rapatriement, les goumiers marocains passent à l'action et enferment leurs officiers. Bien évidemment, ils gardent leurs armes et exigent de partir avec leurs officiers prisonniers, comme boucliers humains.
Soucieux d'éviter le pire à ses officiers prisonniers des goumiers, l'Etat Major français cède et évacue toutes les compagnies vers le Maroc. Les goumiers ont tenu parole et ont libéré immédiatement les officiers qui étaient leurs prisonniers.
La rébellion des goumiers a fait tâche d'huile. Et c'est ainsi que les tirailleurs algériens et marocains ont voulu les imiter.
Pour éviter une réédition de l'affaire des goumiers, tout le 7ème régiment de tirailleurs marocain a été aussitôt évacué sur l'Allemagne[7].
Les tirailleurs algériens ne bénéficièrent pas de cette indulgence. Et c'est ainsi que les 150 hommes engagés dans le secteur de Guelma ont également tenté de passer avec armes et bagages à la révolution. Ces 150 hommes ont laissé leur vie dans leur tentative, après une résistance héroïque aux paras de Bigeard appelés à l'aide par le général Vanuxen, l'auteur des célèbres instructions : « Tirez sur tout ce qui bouge ».
Source : le blog de Mr Bousselhem
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