Par Selem MOQRAN
La 36e commémoration (non encore officielle) de la tragédie des Marocains, victimes de l’ancien président algérien, Houari Boumediene, a été marquée par des sit-in pour garder la mémoire et mettre Alger devant ses responsabilités. Pour Alger, ce crime est une abjection politique qu’il faut taire, et pour Rabat, une agression gratuite qu’il faut dépasser. Entre le silence de l’un et les réserves de l’autre 45000 Marocains sont pris en otage et un crime contre l’humanité reste impuni. Un crime exécuté le jour de l’Aïd El Adha pour sanctifier avec un peu de sang, ce qu’un militant algérien appelle, dans le journal La Suisse du 3 janvier 1976 : « Des mesures d’inspiration nazie. Pourquoi pas une étoile jaune sur la poitrine des frères marocains. », et que le Nouvel Observateur du 26 janvier 1976 qualifie de « Une lamentable et totale erreur de l’Algérie socialiste qui parle volontiers du Maghreb des peuples. » La presse internationale se faisait écho pour condamner la décision criminelle du gouvernement algérien de s’en prendre à des civils dont il devait assurer la protection, comme le stipule le droit international. Pour le gouvernement algérien l’expulsion massive de 45000 Marocains établis en Algérie en toute légalité est « un acte de souveraineté. » A noter que les deux pays n’étaient pas en état de guerre, que la communauté marocaine ne causait aucun trouble, mais seulement que la Lybie et l’Algérie ont tremblé pour accoucher d’un Mohamed Abdelaziz.
Pour sa part, La Tribune de Genève du 14 janvier 1976, sous le titre « 30.000 Marocains expulsés d’Algérie : Secours de la Croix Rouge » consacrait son article à l’aide humanitaire et à la visite de monsieur Jean-Pierre Robert Tissot, directeur des opérations de secours de la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge, qui « …s’est récemment rendu au Maroc, notamment dans la région frontalière d’Oujda où il a visité deux camps de toile regroupant 11.000 expulsés. On en compte également 10.000, respectivement à Nador et à Figuig….il faudrait, en particulier, 30.000 lits de camp, un nombre égal de couvertures et 20 tonnes de lait par mois pour les enfants qui représentent la moitié de cette population.» De son côté, La République, quotidien algérien, qui après avoir terrorisé les Marocains d’Algérie à coups de manchettes « Hassan II déclare la guerre », affirmait que les expulsions visaient « quelques célibataires entrés en Algérie après 1962 » C’est Liberté-Algérie du 4 avril 2010. qui a le courage d’insulter les 45.000 victimes, en les traitant de « khamassine »; pour rappel, au temps de l’Algérie française, les exploitations agricoles appartenaient aux colons, et après leur départ, elles étaient regroupées en domaines. Dans un cas comme dans l’autre, il n’y a pas de « khamas » et, si l’on veut qu’il soit, il serait l’équivalent d’un hobereau, pour rester dans les archaïsmes.
Ce ne sont pas les injures qui vont blanchir les bourreaux, ce ne sont pas les contre-vérités qui vont effacer le crime et ce n’est pas non plus le silence qui va le faire oublier. Seule une attitude responsable, avec toute la gêne qu’elle pourrait engendrer, seul le courage de voir le crime en face et de le reconnaitre, peuvent rendre aux victimes leur dignité et à l’Algérie son honneur.
source: Maroc Hebdo International.
du 03 au 09 février 2012.
La 36e commémoration (non encore officielle) de la tragédie des Marocains, victimes de l’ancien président algérien, Houari Boumediene, a été marquée par des sit-in pour garder la mémoire et mettre Alger devant ses responsabilités. Pour Alger, ce crime est une abjection politique qu’il faut taire, et pour Rabat, une agression gratuite qu’il faut dépasser. Entre le silence de l’un et les réserves de l’autre 45000 Marocains sont pris en otage et un crime contre l’humanité reste impuni. Un crime exécuté le jour de l’Aïd El Adha pour sanctifier avec un peu de sang, ce qu’un militant algérien appelle, dans le journal La Suisse du 3 janvier 1976 : « Des mesures d’inspiration nazie. Pourquoi pas une étoile jaune sur la poitrine des frères marocains. », et que le Nouvel Observateur du 26 janvier 1976 qualifie de « Une lamentable et totale erreur de l’Algérie socialiste qui parle volontiers du Maghreb des peuples. » La presse internationale se faisait écho pour condamner la décision criminelle du gouvernement algérien de s’en prendre à des civils dont il devait assurer la protection, comme le stipule le droit international. Pour le gouvernement algérien l’expulsion massive de 45000 Marocains établis en Algérie en toute légalité est « un acte de souveraineté. » A noter que les deux pays n’étaient pas en état de guerre, que la communauté marocaine ne causait aucun trouble, mais seulement que la Lybie et l’Algérie ont tremblé pour accoucher d’un Mohamed Abdelaziz.
Pour sa part, La Tribune de Genève du 14 janvier 1976, sous le titre « 30.000 Marocains expulsés d’Algérie : Secours de la Croix Rouge » consacrait son article à l’aide humanitaire et à la visite de monsieur Jean-Pierre Robert Tissot, directeur des opérations de secours de la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge, qui « …s’est récemment rendu au Maroc, notamment dans la région frontalière d’Oujda où il a visité deux camps de toile regroupant 11.000 expulsés. On en compte également 10.000, respectivement à Nador et à Figuig….il faudrait, en particulier, 30.000 lits de camp, un nombre égal de couvertures et 20 tonnes de lait par mois pour les enfants qui représentent la moitié de cette population.» De son côté, La République, quotidien algérien, qui après avoir terrorisé les Marocains d’Algérie à coups de manchettes « Hassan II déclare la guerre », affirmait que les expulsions visaient « quelques célibataires entrés en Algérie après 1962 » C’est Liberté-Algérie du 4 avril 2010. qui a le courage d’insulter les 45.000 victimes, en les traitant de « khamassine »; pour rappel, au temps de l’Algérie française, les exploitations agricoles appartenaient aux colons, et après leur départ, elles étaient regroupées en domaines. Dans un cas comme dans l’autre, il n’y a pas de « khamas » et, si l’on veut qu’il soit, il serait l’équivalent d’un hobereau, pour rester dans les archaïsmes.
Ce ne sont pas les injures qui vont blanchir les bourreaux, ce ne sont pas les contre-vérités qui vont effacer le crime et ce n’est pas non plus le silence qui va le faire oublier. Seule une attitude responsable, avec toute la gêne qu’elle pourrait engendrer, seul le courage de voir le crime en face et de le reconnaitre, peuvent rendre aux victimes leur dignité et à l’Algérie son honneur.
source: Maroc Hebdo International.
du 03 au 09 février 2012.