On le sait depuis longtemps, et pour parler comme un médecin en grève, le RND n’est qu’une métastase du FLN. Pourtant, il faut bien admettre que les deux partis n’ont rien à voir et que leurs responsables sont différents. Pendant que Abdelaziz Belkhadem continue de fustiger la France ou l’Amérique, zappant prudemment tous les dossiers internes, Ahmed Ouyahia, chef du parti clone, parle des affaires en cours, répond aux questions et assume ses positions. Pendant que Abdelaziz Belkhadem demande à ce que la lutte contre la corruption se fasse lentement à pas de loups domestiques, Ahmed Ouyahia fonce, glaive de la justice dans une main et portable Nokia dans l’autre, quitte à mettre des innocents en prison, ce qu’il a déjà fait par ailleurs.
Ces deux styles s’opposent en théorie, d’un côté, un pur enfant du FLN, cacique gris sombre en zinc galvanisé, allergique à l’ouverture et hermétique à la transparence, de l’autre, un homme qui n’hésite pas à affirmer que « le nationalisme est devenu un registre de commerce ». A partir de là, il faut bien sûr relativiser. Ahmed Ouyahia, dans le plus pur style soviétique ou coréen du Nord, a fustigé tous les grévistes « à la solde de groupes de pressions opposés aux réformes ». En repartant de là, il ne sert à rien de lui demander, tout comme à M. Belkhadem, où en sont ces fameuses réformes dans un pays qui a décidé de ne pas bouger, qui ne bouge que pour empêcher les autres de bouger.
Devant l’interdiction du débat public, face à la marginalisation des partis d’opposition et au refus d’autoriser de nouveaux partis, l’Algérie se retrouve face à un choix au rabais ; Abdelaziz Belkhadem ou Ahmed Ouyahia, deux faces du même dinar non convertible, ou encore Abdelaziz Ouyahia et Ahmed Belkhadem, deux enfants éprouvettes conçus dans le même laboratoire paramilitaire de biogénétique. Que choisir ? Ne pas choisir est déjà un choix.
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