Le Maghreb en apesanteur
par Hichem Ben Yaïche
En ce début d'année 2008, il est toujours important d'ordonner la pensée en hiérarchisant les priorités. Une manière de fixer un cap, et de se donner les moyens de l'atteindre.
Cette démarche est valable aussi bien à l'échelle individuelle que collective, même si les contraintes ne se posent pas dans les mêmes termes. Je voudrais donc consacrer ces lignes à ce qu'il faut désormais considérer comme étant une priorité essentielle pour les années à venir: le Maghreb.
C'est à partir de l'Europe - l'endroit où je vis - que sont nées ma quête et ma (re)conquête du Maghreb. En cela, je l'avoue, le choix du métier de journaliste avait été un véritable accélérateur ! C'est au début des années 80 que ce corps à corps a commencé. D'abord, par le Maroc, en 1982, puis l'Algérie, en 1988, deux mois avant les événements d'octobre de cette funeste année-là.
La Libye, ensuite. Et enfin la Tunisie, pays de mes origines. Et depuis, je n'ai cessé de sillonner ces pays...
C'est à travers ces dizaines d'allers-retours - et en m'immergeant dans la réalité profonde de ces peuples - que j'ai mesuré l'extraordinaire richesse de la géographie humaine - pour ne pas parler du reste - et pris conscience de cette complémentarité inouïe, mais souvent ignorée ou oblitérée pour des raisons absurdes, dans tous les domaines. Certes, les praticiens de ce Maghreb existent, jouent des obstacles, franchissent les frontières et racontent, à ceux qui veulent bien les entendre, mille et une histoires sur les sociétés maghrébines. Ces passeurs de frontières restent une minorité, hélas !
L'Union du Maghreb Arabe (UMA), lancée à la fin des années 80, n'est pas allée jusqu'au bout du désir intégrationniste des peuples. Les institutions mises en place ressemblent plutôt à une... coquille vide ! Force est de constater que l'électroencéphalogramme demeure désespérément plat ou presque !
Les dirigeants politiques, disons-le sans ambages et sans jeter la pierre à tel ou tel, semblent préférer maintenir l'immobilisme dévastateur actuel. Des susceptibilités coriaces continuent à empoisonner le climat maghrébin. Des soupçons d'hégémonisme sont cultivés ici ou là.
Alors que toutes les études concernant cet ensemble, de la Banque mondiale, du réseau FEMISE des centres universitaires de recherche, en passant par le FMI, détaillent les indicateurs sociaux et économiques du «non-Maghreb». Celui-ci coûte déjà terriblement cher en termes d'emploi, de formation, d'éducation, de gestion de l'eau, de protection de l'environnement... Autant de défis et de besoins qui, avec la mutualisation des moyens, permettront de réduire considérablement la facture, et surtout de maîtriser les risques.
Pourtant, il est possible de s'extraire de ce cercle vicieux. Pour cela, il suffit de procéder à une évaluation de la situation à partir des données chiffrées et réactualisées. Celles-ci soulignent toutes l'extrême urgence pour que les pays du Maghreb réalisent leur intégration, sans laquelle il n'y aura pas de salut !
Il faut cesser de vouloir tamiser la lumière du soleil: le statu quo actuel n'est plus tenable ! Cette myopie politique ne pourra pas faire oublier - pour ne prendre qu'un seul exemple - qu'à l'horizon de 2015, autant dire demain, les pays de cette région auront besoin, selon les prévisions des économistes du FEMISE, de créer 40 millions de nouveaux emplois !
Chaque jour qui passe est un jour perdu ! Les matières premières des uns et l'ingéniosité inventive des autres, pour cause de survie, pourront créer une véritable synergie, dans une logique gagnant-gagnant (win-win). Mais force est de reconnaître que la raison politique n'est toujours pas au rendez-vous ! Devant cette réalité, des contradictions majeures ne vont pas tarder à se manifester au grand jour.
par Hichem Ben Yaïche
En ce début d'année 2008, il est toujours important d'ordonner la pensée en hiérarchisant les priorités. Une manière de fixer un cap, et de se donner les moyens de l'atteindre.
Cette démarche est valable aussi bien à l'échelle individuelle que collective, même si les contraintes ne se posent pas dans les mêmes termes. Je voudrais donc consacrer ces lignes à ce qu'il faut désormais considérer comme étant une priorité essentielle pour les années à venir: le Maghreb.
C'est à partir de l'Europe - l'endroit où je vis - que sont nées ma quête et ma (re)conquête du Maghreb. En cela, je l'avoue, le choix du métier de journaliste avait été un véritable accélérateur ! C'est au début des années 80 que ce corps à corps a commencé. D'abord, par le Maroc, en 1982, puis l'Algérie, en 1988, deux mois avant les événements d'octobre de cette funeste année-là.
La Libye, ensuite. Et enfin la Tunisie, pays de mes origines. Et depuis, je n'ai cessé de sillonner ces pays...
C'est à travers ces dizaines d'allers-retours - et en m'immergeant dans la réalité profonde de ces peuples - que j'ai mesuré l'extraordinaire richesse de la géographie humaine - pour ne pas parler du reste - et pris conscience de cette complémentarité inouïe, mais souvent ignorée ou oblitérée pour des raisons absurdes, dans tous les domaines. Certes, les praticiens de ce Maghreb existent, jouent des obstacles, franchissent les frontières et racontent, à ceux qui veulent bien les entendre, mille et une histoires sur les sociétés maghrébines. Ces passeurs de frontières restent une minorité, hélas !
L'Union du Maghreb Arabe (UMA), lancée à la fin des années 80, n'est pas allée jusqu'au bout du désir intégrationniste des peuples. Les institutions mises en place ressemblent plutôt à une... coquille vide ! Force est de constater que l'électroencéphalogramme demeure désespérément plat ou presque !
Les dirigeants politiques, disons-le sans ambages et sans jeter la pierre à tel ou tel, semblent préférer maintenir l'immobilisme dévastateur actuel. Des susceptibilités coriaces continuent à empoisonner le climat maghrébin. Des soupçons d'hégémonisme sont cultivés ici ou là.
Alors que toutes les études concernant cet ensemble, de la Banque mondiale, du réseau FEMISE des centres universitaires de recherche, en passant par le FMI, détaillent les indicateurs sociaux et économiques du «non-Maghreb». Celui-ci coûte déjà terriblement cher en termes d'emploi, de formation, d'éducation, de gestion de l'eau, de protection de l'environnement... Autant de défis et de besoins qui, avec la mutualisation des moyens, permettront de réduire considérablement la facture, et surtout de maîtriser les risques.
Pourtant, il est possible de s'extraire de ce cercle vicieux. Pour cela, il suffit de procéder à une évaluation de la situation à partir des données chiffrées et réactualisées. Celles-ci soulignent toutes l'extrême urgence pour que les pays du Maghreb réalisent leur intégration, sans laquelle il n'y aura pas de salut !
Il faut cesser de vouloir tamiser la lumière du soleil: le statu quo actuel n'est plus tenable ! Cette myopie politique ne pourra pas faire oublier - pour ne prendre qu'un seul exemple - qu'à l'horizon de 2015, autant dire demain, les pays de cette région auront besoin, selon les prévisions des économistes du FEMISE, de créer 40 millions de nouveaux emplois !
Chaque jour qui passe est un jour perdu ! Les matières premières des uns et l'ingéniosité inventive des autres, pour cause de survie, pourront créer une véritable synergie, dans une logique gagnant-gagnant (win-win). Mais force est de reconnaître que la raison politique n'est toujours pas au rendez-vous ! Devant cette réalité, des contradictions majeures ne vont pas tarder à se manifester au grand jour.