Les musulmans sur le divan |
- 14 août 2005 - par PROPOS RECUEILLIS PAR HAMID BARRADA ET RENAUD DE ROCHEBRUNE |
Pourquoi la psychanalyse n’a-t-elle jamais vraiment réussi à s’implanter en terre d’islam ? Pourquoi, en retour, Freud et Lacan ne se sont-ils jamais intéressés au monothéisme musulman ? À ces questions – qui ne sont pas seulement théoriques –, le psychanalyste tunisien Fethi Benslama s’efforce d’apporter des réponses dans un passionnant entretien dont la seconde partie, plus spécialement consacrée au phénomène islamiste, paraîtra dans notre prochain numéro. Le Tunisien Fethi Benslama (54 ans) exerce la psychanalyse depuis de nombreuses années. Il est également directeur du Relais social de la Cité universitaire internationale de Paris et professeur de psychopathologie à l'université Paris-VII. Il compte parmi les rares personnalités de l'univers « psy » à s'être toujours efforcé de jouer un rôle dans la cité en interrogeant, sans relâche et de toutes les façons possibles, les rapports entre psychanalyse et islam. S'il a accepté d'être membre d'honneur de l'Association psychanalytique marocaine, il est resté à l'écart des principales « écoles » - freudienne, lacanienne, etc. - afin de pouvoir travailler sans exclusive avec tous ceux que sa démarche intéresse. Arrivé en France en 1972 pour achever ses études en psychopathologie, ainsi qu'en anthropologie et en philosophie, il consacre sa thèse à la « Fiction des origines dans l'islam », thème qu'il n'a depuis cessé d'approfondir. Créateur, en 1992, de la revue Intersignes, disparue dix ans plus tard, il est l'auteur de plusieurs essais, dont La Nuit brisée (Ramsay, 1988) et, surtout, La Psychanalyse à l'épreuve de l'islam (Aubier, 2002, puis, très récemment, en « poche » chez Flammarion, collection « Champs »), qui le fera connaître d'un plus large public. Cofondateur de l'Association du Manifeste des libertés, qui, depuis 2004, regroupe des intellectuels laïcs originaires du monde musulman et envisage de créer une « université virtuelle » sur Internet, Benslama publiera en septembre un petit ouvrage intitulé Déclaration d'insoumission, une vision critique du monde arabo-musulman dans la droite ligne des travaux de l'association. Nul n'est donc mieux placé que cet homme tout en rondeurs mais à la pensée tranchante pour évoquer les rapports entre psychanalyse et islam, mais aussi, à travers le regard d'un intellectuel qui est en même temps un praticien de la santé mentale, l'évolution tourmentée de la société musulmane et du monde arabe. En particulier la montée de l'islamisme et de sa composante terroriste. Jeune afrique/l’Intelligent : Très présente dans l’aire d’influence des deux autres monothéismes, la psychanalyse a très peu pénétré en terre d’islam et dans le monde arabe … FETHI BENSLAMA : Détrompez-vous : elle n’est absente ni dans le monde arabe ni dans les pays musulmans en général. Il existe une société psychanalytique au Maroc, une autre au Liban. Même s’ils ne sont pas organisés, on trouve des psychanalystes dans beaucoup d’autres pays, de l’Algérie à l’Égypte et de la Tunisie à la Turquie. Ce dernier pays a été le premier dans la région à traduire La Psychanalyse à l’épreuve de l’islam. On estime qu’il y a aujourd’hui dans le monde musulman environ deux cents véritables praticiens. Sans compter ceux qui travaillent ou sont en formation en Occident, en France notamment. Il est vrai pourtant qu’on peut s’étonner de la faible pénétration de l’analyse dans cette partie du monde. Alors que toutes les autres disciplines liées aux sciences humaines y sont beaucoup plus présentes. SUITE http://www.jeuneafrique.com/jeune_afrique/article_jeune_afrique.asp?art_cle=LIN14085lesmunavide0 |
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