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Le gouvernement de Sa Majesté exhibe un vieux dossier | |
Par Mahmoud Tadjer | |
Le royaume chérifien continue d’entretenir une campagne haineuse contre l’Algérie destinée surtout à satisfaire son ego, titillé par le refus d’Alger d’ouvrir sa frontière terrestre. Avant-hier, la chaîne de télévision marocaine 2M a cru bon de déterrer un vieux dossier concernant les 350 000 Marocains expulsés d’Algérie en 1975. Le documentaire de 52 minutes retrace la genèse de l’affaire en l’adossant à la marche verte qui a spolié les Sahraouis de leur territoire et combinant tout cela avec la «guerre des sables» de 1963 et l’affaire d’Amgala en 1975. Ce documentaire réalisé d’une «main de maître» par les spécialistes de la propagande marocaine fait appel à de vieilles images de retour, exhibées pour la circonstance afin de frapper l’imaginaire des gens, des témoignages d’anciens Marocains se disant victimes des agissements de policiers algériens aux frontières. Enfin, la parole a été donnée à l’ancien ambassadeur marocain à Alger, Ahmed Snoussi, qui soutenait mordicus que la décision d’Alger d’expulser les Marocains était destinée surtout à «punir Rabat pour sa marche verte». Ce montage documentaire n’a rien de fortuit. Il s’inscrit en droite ligne avec la campagne médiatique lancée il y a quelques semaines par le gouvernement marocain et qui a pour seul et unique but : amener les autorités algériennes à revoir leur décision de laisser leur frontière terrestre fermée. En effet, la décision d’Alger a fortement faussé les calculs politiques du royaume chérifien qui espérait, à travers la réouverture de la frontière, introduire son «cheval de Troie» et continuer ainsi à se servir de l’ouest du territoire national comme «un champ d’expérimentation». Le documentaire est également revenu sur le conflit frontalier de 1963 qui, rappelons-le aux jeunes générations, a éclaté au lendemain de l’indépendance. L’armée marocaine a envahi le sud du pays, notamment les localités de Béchar et de Hassi Beïda, qu’elle considère toujours comme faisant partie du territoire chérifien, et ce malgré l’accord conclu entre Ferhat Abbès, le premier président postindépendance, et le roi Mohammed V. La riposte algérienne ne se fit pas attendre puisque immédiatement après cette invasion, l’ANP déclencha le 8 octobre 1963 une attaque sur la localité de Fuiguig, un village frontalier où était stationné un détachement de l’armée marocaine. Le bataillon marocain, qui a occupé les deux localités du pays, a été encerclé par les troupes de l’ANP et prié de retourner à son poste de cantonnement. Le bilan du conflit armé qui a duré deux semaines s’élève à une dizaine de soldats marocains morts lors des échanges de coups de feu. En 1972, un accord final fut trouvé à Ifrane entre le président Houari Boumediene et le roi Hassan II, matérialisé par le fameux traité de fraternité et de bon voisinage. S’il est vrai que le cas des 350 000 Marocains expulsés d’Algérie mérite un traitement politique sans haine ni passion, d’autres sujets aussi importants devraient également bénéficier d’un traitement similaire comme par exemple l’expropriation des biens des Algériens confisqués par le gouvernement marocain au lendemain de cette terrible tragédie. M. T. |
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