A la mémoire de Hicham Guenifi : De l’Amnistie a l’amnésie générale
Contre l’oubli, je continue d’honorer ta mémoire. Contre l’amnésie, je continue à crier ton nom et à raconter que tu as existé et que tu continueras à vivre dans notre mémoire. Mon Frère Hichem avait 20 ans le 6 juin 1994 quand des terroristes nous l’ont arraché et lâchement assassiné devant tous nos voisins dans notre quartier de Bachajarah. Mon frère était jeune, il aimait la musique et vivait comme n’importe quel jeune adulte de son âge en Algérie. Quel crime avait-il commis ? Etait-ce le fait d’aimer la musique, d’être jeune ou de refuser et de condamner les terroristes ? Toutes mes questions resteront sans réponse ?
Peut- on arriver à une réconciliation nationale sans justice ? Est-ce possible pour un peuple qui a subi une telle tragédie nationale où le sang de nombreux citoyens algériens a coulé, où la mort a frappé femmes, enfants et personnes âgées.
Le peuple algérien était seul face à des criminels sans RAHMA, face à des individus responsables de leurs actes et engagés dans une guerre qu’ils croyaient sainte. Des terroristes islamistes dont l’unique préoccupation était de viser le trône. Le peuple était l’otage de ces assassins assoiffés de sang, seul face aux terroristes armés.
Où était l’armée algérienne à ce moment là ? L’unique réponse consistait à dire qu’il n’était pas possible de mettre un policier derrière chaque citoyen ou bien qu’il fallait fuir. Le peuple était doublement victime, victime des terroristes et victime de son gouvernement qui n’avait pas su le protéger.
En 2005, un gouvernement est mis en place sous la responsabilité du Président Bouteflika. Avant lui, son homologue, l’ex- président Zéroual, avait présenté son projet de concorde civile consistant à pardonner aux personnes qui n’ont pas commis d’actes criminels. M. Bouteflika présente un projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale en huit mesures qui sont destinées à consolider la paix. Il n’existe aucune différence entre le premier projet et celui de Mr Bouteflika, si ce n’est que dans le second, la moitié des criminels ne sont pas condamnés.
La deuxième mesure dit : « Extinction des poursuites à l’encontre des individus recherchés sur le territoire national ou à l’étranger, qui décident de se présenter volontairement devant les instances algériennes compétentes. Cette extinction des poursuites ne s’étend pas aux individus impliqués dans les massacres collectifs, les viols et attentats à l’explosif dans les lieux publics ».
La phrase soulignée revient quatre fois sur huit dans la charte. Qu’en est-il alors des assassinats individuels, ne comptent-ils pas ? Ou alors ne sont-ils pas considérés comme criminels !! Combien de jeunes garçons et jeunes filles ont été assassinés à la sortie de leurs lycées ou universités ou dans leur quartier sous les yeux de tout le voisinage ?
Combien de journalistes assassinés ? Combien d’hommes ou de femmes, symbole de la culture algérienne sont morts ? Comment va-t-on honorer leur mémoire ? Les soumettre à l’oubli ? Leurs vies ne sont elles pas honorables, ne représentent t’ils pas la fierté de tout Algérien ?
Dans la charte, le Président de la République Algérienne nous dit qu’il honore et honorera à jamais la mémoire de tous ceux qui ont consenti le sacrifice suprême pour que vive la République Algérienne démocratique et populaire, qu’il demeure aux cotés des familles des victimes.
Mais, Monsieur le Président, comment honorer la mémoire des martyrs en enlevant l’unique droit aux familles qui ont perdu un être cher le droit de réclamer justice?
Pourquoi est-ce toujours au peuple que l’on demande le sacrifice ? Nous avons subi la violence, la terreur des terroristes pendant une décennie, nous avons tous été touchés dans notre chair. A l’époque, pour réparer les conséquences, on propose aux Algériens : vous voulez vivre en paix ? Alors votez oui à l’amnistie, pardonnez et faites table rase !
La question que l’on pose aux Algériens et Algériennes est faussée. Bien évidemment nous cherchons à reconstruire une vie paisible et à travailler pour le développement de notre pays. Mais à quel prix gagner la paix ? Si le président de la République Algérienne nous dit dans son préambule que nous avons résisté et que nous avons survécu à ces terroristes alors pourquoi cette amnistie ? Pourquoi l’impunité ?
Pourquoi instrumentaliser encore une fois le peuple sur un faux débat et avoir organiser un référendum qui n’apporta que l’injustice.
Mes propos ne sont ni abstraits ni idéologiques ni théoriques mais se sont des questions fondamentales de « ADALA », de justice et d’équité. Comment les Algériens vont-ils pouvoir vivre ensemble et transcender cette tragédie sans la justice qui coupe court à toute idée de vengeance et de violence?
Et quand allons-nous enfin pouvoir commencer notre deuil et pleurer enfin nos morts sans avoir le sentiment de sombrer dans l’amnésie nationale ?
Asma Guenifi, sœur de Hichem
Contre l’oubli, je continue d’honorer ta mémoire. Contre l’amnésie, je continue à crier ton nom et à raconter que tu as existé et que tu continueras à vivre dans notre mémoire. Mon Frère Hichem avait 20 ans le 6 juin 1994 quand des terroristes nous l’ont arraché et lâchement assassiné devant tous nos voisins dans notre quartier de Bachajarah. Mon frère était jeune, il aimait la musique et vivait comme n’importe quel jeune adulte de son âge en Algérie. Quel crime avait-il commis ? Etait-ce le fait d’aimer la musique, d’être jeune ou de refuser et de condamner les terroristes ? Toutes mes questions resteront sans réponse ?
Peut- on arriver à une réconciliation nationale sans justice ? Est-ce possible pour un peuple qui a subi une telle tragédie nationale où le sang de nombreux citoyens algériens a coulé, où la mort a frappé femmes, enfants et personnes âgées.
Le peuple algérien était seul face à des criminels sans RAHMA, face à des individus responsables de leurs actes et engagés dans une guerre qu’ils croyaient sainte. Des terroristes islamistes dont l’unique préoccupation était de viser le trône. Le peuple était l’otage de ces assassins assoiffés de sang, seul face aux terroristes armés.
Où était l’armée algérienne à ce moment là ? L’unique réponse consistait à dire qu’il n’était pas possible de mettre un policier derrière chaque citoyen ou bien qu’il fallait fuir. Le peuple était doublement victime, victime des terroristes et victime de son gouvernement qui n’avait pas su le protéger.
En 2005, un gouvernement est mis en place sous la responsabilité du Président Bouteflika. Avant lui, son homologue, l’ex- président Zéroual, avait présenté son projet de concorde civile consistant à pardonner aux personnes qui n’ont pas commis d’actes criminels. M. Bouteflika présente un projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale en huit mesures qui sont destinées à consolider la paix. Il n’existe aucune différence entre le premier projet et celui de Mr Bouteflika, si ce n’est que dans le second, la moitié des criminels ne sont pas condamnés.
La deuxième mesure dit : « Extinction des poursuites à l’encontre des individus recherchés sur le territoire national ou à l’étranger, qui décident de se présenter volontairement devant les instances algériennes compétentes. Cette extinction des poursuites ne s’étend pas aux individus impliqués dans les massacres collectifs, les viols et attentats à l’explosif dans les lieux publics ».
La phrase soulignée revient quatre fois sur huit dans la charte. Qu’en est-il alors des assassinats individuels, ne comptent-ils pas ? Ou alors ne sont-ils pas considérés comme criminels !! Combien de jeunes garçons et jeunes filles ont été assassinés à la sortie de leurs lycées ou universités ou dans leur quartier sous les yeux de tout le voisinage ?
Combien de journalistes assassinés ? Combien d’hommes ou de femmes, symbole de la culture algérienne sont morts ? Comment va-t-on honorer leur mémoire ? Les soumettre à l’oubli ? Leurs vies ne sont elles pas honorables, ne représentent t’ils pas la fierté de tout Algérien ?
Dans la charte, le Président de la République Algérienne nous dit qu’il honore et honorera à jamais la mémoire de tous ceux qui ont consenti le sacrifice suprême pour que vive la République Algérienne démocratique et populaire, qu’il demeure aux cotés des familles des victimes.
Mais, Monsieur le Président, comment honorer la mémoire des martyrs en enlevant l’unique droit aux familles qui ont perdu un être cher le droit de réclamer justice?
Pourquoi est-ce toujours au peuple que l’on demande le sacrifice ? Nous avons subi la violence, la terreur des terroristes pendant une décennie, nous avons tous été touchés dans notre chair. A l’époque, pour réparer les conséquences, on propose aux Algériens : vous voulez vivre en paix ? Alors votez oui à l’amnistie, pardonnez et faites table rase !
La question que l’on pose aux Algériens et Algériennes est faussée. Bien évidemment nous cherchons à reconstruire une vie paisible et à travailler pour le développement de notre pays. Mais à quel prix gagner la paix ? Si le président de la République Algérienne nous dit dans son préambule que nous avons résisté et que nous avons survécu à ces terroristes alors pourquoi cette amnistie ? Pourquoi l’impunité ?
Pourquoi instrumentaliser encore une fois le peuple sur un faux débat et avoir organiser un référendum qui n’apporta que l’injustice.
Mes propos ne sont ni abstraits ni idéologiques ni théoriques mais se sont des questions fondamentales de « ADALA », de justice et d’équité. Comment les Algériens vont-ils pouvoir vivre ensemble et transcender cette tragédie sans la justice qui coupe court à toute idée de vengeance et de violence?
Et quand allons-nous enfin pouvoir commencer notre deuil et pleurer enfin nos morts sans avoir le sentiment de sombrer dans l’amnésie nationale ?
Asma Guenifi, sœur de Hichem