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Yasmina Khadra le Maghreb est un Eldorado en jachère

2 participants

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admin"SNP1975"

admin
Admin

Yasmina Khadra le Maghreb est un Eldorado en jachère

Par le progrès le 13/07/2008 à 10:04


Yasmina Khadra: «Le Maghreb est un eldorado en jachère»

L’auteur de « L’attentat » considère que l’Union pour la Méditerranée est une chance et notamment pour son pays l’Algérie. Un pays dont il connaît les failles, mais aussi les richesses


Qu’évoque pour vous le mot « Méditerranée » ?

C’est un territoire de partage; un superbe bassin, qui a porté mythologies, légendes, mais aussi tragédies. Les habitants de ce bassin pourraient en faire un Jardin d’Eden. La rive sud est capable de faire rêver la rive nord et cette dernière peut faire se relever la rive sud. C’est un magnifique défi.


La Mer Méditerranée est aussi une frontière?

Jusqu’à présent, elle a été une frontière. A nous d’en faire un pont. Tous les Dieux sont passés par ce bassin.

La Méditerranée est-elle perçue de la même façon dans tous les pays?

Le regard que l’on pose sur cette mer est le même : il est très affectueux. Mais l’esprit interprète ce regard de façon différente. Les Algériens voient une échappatoire, une porte donnant sur le clinquant illusoire. Les Français voient toutes les conquêtes de la guerre qui relèvent aujourd’hui de la nostalgie. Pour certains pays, c’est l’arrivée du malheur et de l’agression. Pour d’autres, c’est une fenêtre donnant sur des attentes heureuses.

Votre prochain roman parle de la réconciliation franco-algérienne. Est-elle possible?

Je crois que oui. Il y a une possibilité de triompher des hostilités et des rancœurs, car elles nous installent dans une certaine animalité. La culture par exemple, est essentielle dans la réconciliation. C’est le seul festin où l’on peut tout prendre sans vexer les autres. Mon roman n’est pas le livre de la réconciliation mais de la maturité. Un des personnages dit « seuls les gens sensés sont capables de se réconcilier ».

Un des personnages dit aussi qu’il suffit d’une « présence d’esprit ». C’est-à-dire?

C’est l’éveil à soi-même : réaliser que nous sommes les otages de nos frustrations, de nos incompétences, de notre mépris pour les autres. L’Algérie a des richesses inouïes et ne propose au peuple algérien que pauvreté, misère, désarroi, colère et le désir de fuir. Elle est défigurée par le terrorisme, la corruption, le népotisme, l’incompétence, la culture de la médiocrité. Je suis préoccupé par la schizophrénie dans laquelle s’installent peu à peu les Algériens. Ils sont arrivés à renoncer à tout. Or, ils sont capables de forcer la main au destin. Le passé nous a floués, le présent nous trahit, mais l’avenir est notre revanche.

Est-ce le rôle des intellectuels de réveiller l’Algérie?

Oui, pourvu qu’ils y mettent du cœur car l’esprit ne suffit pas. En France, certains de nos intellectuels se complaisent dans leur rôle d’éternelles victimes expiatoires.
Or, les gens voudraient parfois entendre des voix capables d’apporter un soupçon de miracle autour d’eux. Je n’ai pas perdu ma liberté de parole en prenant la direction du centre culturel algérien à Paris. Je ne suis le subalterne de personne. Je suis au service de la culture algérienne. Pour elle, je perds mon temps, ma santé, et ma tranquillité. Et elle le mérite.

Le Sommet de l’Union pour la Méditerranée se tient à Paris. Qu’en attendez-vous?

J’en attends le maximum. Mais il faut qu’il y ait des sincérités et non plus des calculs de coulisse. Sans sincérité, cela ne marchera pas. Si nous sommes persuadés qu’il y a quelque chose à construire, nous y arriverons.

L’UE est tombée d’accord au sommet de Cannes sur une politique d’immigration plus sévère. En même temps elle veut faire l’Union pour la Méditerranée. N’est-ce pas contradictoire?

C’est pardonnable parce qu’on se cherche. On essaie de trouver une solution. Grâce au projet de la Méditerranée, il y aura une libre circulation des biens et des personnes et le problème des visas ne va plus se poser. Il y aura tellement d’investissements de part et d’autre que les gens ne seront plus obligés de traverser la mer à la nage.
Le Maghreb est un eldorado en jachère et nous pouvons faire beaucoup de choses. Si les choses se concrétisent, certains Français auront peut-être envie, à moyen terme, de s’installer sur la rive sud.

Nicolas Sarkozy a dit le rôle déterminant du président Boutéflika pour l’Union pour la Méditerranée. Est-ce votre avis?

Sans l’Algérie, il n’y aura pas de bassin méditerranéen crédible. L’Algérie pourrait redevenir le grenier du bassin, le souffle le plus puissant de cette aventure. Il suffit d’un rien pour que ce pays se ressaisisse. Peut-être, justement, ce projet méditerranéen, cet enthousiasme qu’il devrait susciter, cette foi salutaire qu’il est en mesure d’installer dans les cœurs et les esprits ? Ce qui me désespère, c’est cette inaptitude du gouvernement algérien à trouver le déclic qui rendrait cela possible. Je vois la richesse de mon pays.
Les génies, les talents, les experts, qui ne trouvent pas d’interlocuteurs attentifs, d’objectifs clairs, prioritaires capables de consolider nos énergies et nos compétences.

Comment faire l’Union pour la Méditerranée alors que plusieurs pays ne sont pas des amis d’Israël?

C’est le plus grand problème. L’Union méditerranéenne ne pourra jamais se concrétiser tant que le peuple palestinien continue de subir l’intolérable. Si Israël veut la paix, il faut qu’elle œuvre pour. Les feuilles de route ne sont jamais suivies.
Pour un acte terroriste isolé, c’est tout un peuple qui paie. Il faut accepter le terrorisme comme un mal endémique pour mieux l’isoler des autres considérations. Et ne plus sévir contre un peuple sévèrement éprouvé. Ce qui se passe en Palestine nourrit la colère planétaire qui chahute les rapports des nations et des humains.

Le président Assad sera présent le 14 juillet. Sa présence est contestée. Quel est votre avis?

C’est une excellente chose. Il faut arrêter de diaboliser l’autre. Isoler un pays ne consiste qu’à le rendre plus dangereux

http://www.marocainsdalgerie.net

yacoub

yacoub

Dans la même lignée mais plus axé sur l' Algerie.
A peuple assis, des élus courbés




Jul 13,2008 00:00 Par : Kamel Daoud



C'est une conséquence logique : plus l'Etat revient vers l'économie administrée, les prix soutenus, les offices et les soutiens alimentaires, moins vous avez droit d'élire des gens, de les choisir ou même d'en avoir besoin. C'est ainsi: celui qui décide des prix et des plats, décide de la mode de gouvernance. D'où ce mouvement lent, clandestin, caché et sournois qui se dessine depuis quelques mois, sinon plus, dans le pays: une augmentation du nombre et des pouvoirs des «Désignés» et un isolement et une exclusion, au balai, des «élus». Ces derniers, selon ce qu'on a affirme au chroniqueur, ne participent plus aux ventilations des terrains dans le cadre du CALPIREF, ni ne font partie des commissions qui «montent» à Alger pour arracher les budgets et avaliser les projets. Tout se passe, désormais, entre l'Etat et lui-même, sans élus, ni contrepoids, ni sollicitation d'avis. Voir un wali prendre la place des élus, sur un plateau télé, pour parler d'une wilaya qui lui appartient entre deux mouvements d'humeur à la Présidence, ne choque plus personne.
Aujourd'hui, l'Etat a de l'argent, de la légitimité et des amitiés internationales: il peut donc se passer de la Société civile, des associations et des cheptels de notables locaux pour se donner de l'image. Dernier épisode de cette purge institutionnelle, le nouveau découpage territorial promis: avec 90 wilayas, il y a donc 90 walis -et certains se bousculent déjà aux portes nous dit-on- qui vont écraser quelques communes et donc leurs élus et leurs maires.

Ces derniers, tout juste investis des apparences de l'autorité entre deux coups de téléphone du chef de daïra, vont devoir s'effacer, encore plus, dans les dernières communes importantes qui vont être promues wilayas. On est donc passé du voeu de Bouteflika, durant son premier mandat, de dissoudre les daïras pour augmenter le pouvoir des élus, à la multiplication des wilayas pour réduire les élus à des burnous climatisés.

Pourquoi? La raison est là, sous les yeux: si vous êtes incapables de produire la nourriture qu'il vous faut, et que c'est votre Etat qui vous nourrit au baril, il est tout à fait logique de voir l'Etat prendre tous les pouvoirs et voir vos élus redevenir des cerfs-volants enturbannés. C'est ainsi: presque toutes les communes algériennes dépendent de l'argent d'Alger qui dépend de l'argent de Sonatrach et avec une telle mécanique, on ne peut pas fabriquer de la démocratie, tout juste des réseaux et des intestins. Bien sûr, il y a toujours l'idée qu'on ne peut pas donner ce pays à des élus qui sont élus par un peuple qui ne sait pas élire. Un vieil argument hérité des années 90 et que l'on reconduit un peu trop vite aujourd'hui. L'argument a servi à dégommer le Fis, il sert aujourd'hui à justifier le retour de l'auto-colonisation.

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