Dossier : Terrorisme (Mercredi 24 Septembre 2008)
Victimes délaissées, maisons abandonnées et infrastructures endommagées
Les autres ravages du terrorisme
Par :Nissa Hammadi
Des centaines d’écoles, de centres de formation professionnelle, d’usines, d’entreprises, de mosquées, des infrastructures publiques ou de simples maisons de particuliers ont été, ces quinze dernières années, brûlés, saccagés ou ciblés par un attentat à la bombe. Certaines structures étatiques comme le Palais du gouvernement ou le Conseil constitutionnel ont vite retrouvé leur éclat. Des années après, des établissements scolaires, des usines ont été reconstruits ou superficiellement rénovés. D’autres sont toujours en ruine. Les attaques terroristes ont causé des dommages matériels colossaux, repoussé les capitaux étrangers et provoqué un climat d’incertitude.
Ces préjudices économiques considérables ne sont, néanmoins, qu’une conséquence du terrorisme.
Les souffrances humaines qui en résultent sont pires.
Oued Allel qui s’enorgueillit de contenir 12 000 habitants n’a toujours pas retrouvé sa réputation d’antan. Il est toujours le village fantôme depuis ce jour fatidique où l’armée a dû bombarder ses maisons minées pour délocaliser les terroristes qui s’y sont réfugiés, après avoir chassé leurs habitants. L’école primaire Sidi-Kaddour, cible d’un attentat à l’explosif, n’a ouvert ses portes que cette année accueillant à peine une douzaine d’élèves par classe. Partiellement retapée, elle offre encore un spectacle de désolation, traumatisant pour les enfants. En cette matinée du mois sacré, les instituteurs n’ont pas entamé les cours. Ils s’astreignent à maintenir le calme dans la classe. Au-delà des traces encore visibles du drame, l’école est dépourvue de nombreuses commodités, dont le chauffage. “Le retour a été difficile, avoue le directeur de cet établissement scolaire, mais l’ouvrir à nouveau, quand on sait ce que c’était, Oued Allel il y a quelques années, c’est déjà bien. La vie revient, bien que l’atmosphère soit un peu lourde.” Il nous apprend qu’une enveloppe de 8 millions de dinars (800 millions de centimes) a été dégagée par les autorités locales pour couvrir les frais des travaux entrepris dans l’école. 2,5 millions de dinars (250 millions de centimes) ont été également alloués pour financer la réouverture prochaine de la cantine. “Tout ce qu’il restait dans cette école a été volé au fil des années. Nous avons dû la rééquiper à zéro.” Durant ces années noires, de nombreux réseaux de malfaiteurs se sont constitués avec un seul objectif : dépecer les bâtisses abandonnées. Portes, carrelage, marbre… tout est vendu aux acquéreurs friands de modèles anciens ou de matériaux bon marché. Si l’établissement scolaire Sidi-Kaddour a pu redémarrer timidement, les douze logements de fonction des instituteurs, situés derrière l’école, tout comme le château d’eau éventré qui lui fait face, gardent, eux, les stigmates du terrorisme. Selon des chiffres officiels, pas moins de 1 300 établissements scolaires ont été entièrement ou partiellement détruits par le terrorisme. Des centaines d’entres eux ont fermé durant de nombreuses années, privant les enfants d’une scolarité normale. Ces destructions et violences ont contraint également de multiples familles rurales à chercher refuge dans les villes, créant ainsi une nouvelle sorte d’exode rural, qui les a installées durablement dans la précarité sociale.
Un serpent a failli la tuer
En dépit de l’existence d’un programme de repeuplement qui se manifeste déjà par la construction d’une cité de 120 logements, Oued Allel reste une localité presque déserte. Les quelques rescapés du terrorisme — qui pour une raison ou une autre n’ont pas pu ou n’ont pas voulu quitter cette localité —, vivent dans un dénuement total. Les conséquences du terrorisme sur le plan psychosocial sont énormes, compte tenu des traumatismes, de l’exode et des déchirures familiales auxquels s’ajoutent pour les personnes que nous avons rencontrées une absence totale de prise en charge de la part de l’État. Rares sont ceux parmi les blessés, les proches des victimes ou les simples témoins de drames qui sont parvenus à tourner la page. Les images de l’horreur reviennent comme des flashs effrayants lors des cauchemars ou à l’occasion d’une déception, une déprime causées par les difficultés du quotidien… Au bout d’une longue piste, se dresse la mosquée de Oued Allel, squattée il n’y a pas si longtemps par des terroristes. Elle souffre, aujourd’hui, d’un état de dégradation avancé. Abdelkader, jeune appelé en 1994, a été maintenu ligoté pendant 24 heures par les terroristes qui lui reprochaient de ne pas avoir déserté les rangs de l’armée. Ex-garde communal, il occupe depuis quelques années avec sa femme et ses trois enfants la salle des ablutions. L’endroit est insalubre. Un serpent a failli, l’année dernière arracher son épouse à la vie. Ses enfants attrapent souvent un microbe qui les fait enfler comme un ballon. En hiver, il les fait dormir sur le canapé de fortune, pour que l’eau qui s’infiltre à travers la porte en zinc ne les atteigne pas. Les autorités locales lui ont promis, à plusieurs reprises, un logement décent. Il n’a jamais rien obtenu. Il pense que depuis qu’il a raconté son calvaire devant les caméras de quelques chaînes de télévision arabe, on lui en veut et on le boude. Il a entendu parler, comme d’autres habitants de la commune, que la mosquée sera bientôt rénovée. Il ne croit pas tellement à cette rumeur, mais avertit quand même : “Celui qui franchira le seuil de sa porte, se condamnera à la mort. Je préfère aller en prison que de voir mes enfants dans la rue. Je ne quitterai ce lieu sordide que si l’on me donne un logement.” “L’État a dégagé deux milliards de centimes pour la reconstruction de ce lieu de prière, mais l’argent a été détourné”, certifient, en effet, les riverains. Une personne, s’étant présentée comme un directeur au sein de l’APC de Sidi-Moussa et nous confondant avec des fonctionnaires de l’État, s’arrête pour nous saluer. Interrogé sur l’état de cette mosquée, il nous assure qu’il a personnellement établi “une fiche technique qu’il a transmise aux autorités concernées et que l’argent ne vient pas”. Puis apprenant que nous étions de la presse, il prend la fuite en ne cessant de répéter : “Je n’ai rien à déclarer aux journalistes ! Nous n’avons pas eu un meilleur accueil au niveau de l’APC de la commune. Son président nous fait dire qu’il était en réunion et qu’il fallait prendre un rendez-vous. Mais l’agent d’accueil ne consent ni à nous donner le numéro de téléphone, ni à nous laisser parler à la secrétaire pour convenir d’une date de rencontre. Il semblait avoir reçu des instructions dans ce sens. Notre démarche auprès du ministère des Affaires religieuses, pour savoir si effectivement une enveloppe financière a été dégagée pour financer la reconstruction de la mosquée, n’a pas non plus abouti. L’attachée de presse nous rétorque, par le bais de l’appariteur, qu’elle ne pouvait pas nous recevoir car “elle est fatiguée”.
à la place d’un logement, on leur place des compteurs d’électricité
À défaut de leur attribuer un logement décent, les autorités locales consentent à leur placer des compteurs d’électricité. “Ils veulent nous signifier qu’on va rester là encore longtemps”, ironise une jeune femme qui reste persuadée que seule une mort certaine à laquelle ils sont continuellement exposés à cause de la bâtisse qui menace de céder, les arrachera de ce sordide quotidien. Les psychologues s’accordent à dire que pour moins souffrir, le blessé psychique doit éviter tout ce qui lui rappelle l’horreur : l’endroit, les gens ou le simple fait de remémorer ce qui s’est passé. Ces familles vivent non seulement proches du lieu du drame, mais également dans des conditions pénibles. Comment ne pas perdre la tête ? À Boufarik, un lycée, un centre polytechnique et une société de fabrication de pièces détachées de l’informatique ont été brûlés par un groupe terroriste à quelques jours d’intervalle. Les deux premiers édifices ont été bricolés, mais de l’entreprise publique, il ne reste qu’un amas de pierres. Le gardien, en poste la nuit de la tragédie, raconte que les terroristes l’ont empêché de donner l’alerte en coupant le fil du téléphone. Après avoir mis le feu dans les hangars, ils ont tenté de faire démarrer le camion plein de marchandise qui devait prendre la route le lendemain. “Ils n’ont pas réussi parce qu’il y avait une manette qu’il fallait activer avant de tourner la clé.” Retourner sur les lieux est très éprouvant pour le vieil homme, obligé aujourd’hui de faire le trajet Boufarik-Kouba pour subvenir aux besoins de sa famille. “J’habite juste à côté, mais quand la société a été incendiée, j’ai été rappelé par la direction générale qui se trouve à Kouba. Pour ne pas être en retard, je me lève à 5 heures du matin.”
Autre escale : Oued Mendel. Non loin de Tessal Merdja réputées par la découverte de nombreuses casemates. Un garde communal nous montre une villa fraîchement repeinte. “Cette maison est proche d’une casemate. L’“émir” Zitouni se cachait là, pendant des années. Lorsqu’il a été abattu, ses compagnons ne se sont pas entendus et se sont séparés laissant cette bâtisse dans un état désastreux.” Fils d’un moudjahid, il a pris les armes dès les premières heures du terrorisme. “Mon père nous a dit, moi, je reprends mon fusil. Je refuse de mourir égorgé. Si vous voulez partir. C’est votre affaire.” Il poursuit : “La plupart des terroristes qui activaient dans cette zone étaient des enfants du village. Ils habitaient avec leurs familles et commettaient des opérations ailleurs. En empruntant ce maquis, ils aboutissaient à Saoula et Birkhadem. Cela facilitait les déplacements.” Selon lui, la situation sécuritaire s’est énormément améliorée dans la région. “Avant cela aurait été impossible de monter jusqu’ici”, nous confie-t-il. C’est le moment peut-être de tenter de cicatriser les plaies, en prenant plus à cœur la situation sociale des rescapés du terrorisme.
NH
Liberté
Victimes délaissées, maisons abandonnées et infrastructures endommagées
Les autres ravages du terrorisme
Par :Nissa Hammadi
Des centaines d’écoles, de centres de formation professionnelle, d’usines, d’entreprises, de mosquées, des infrastructures publiques ou de simples maisons de particuliers ont été, ces quinze dernières années, brûlés, saccagés ou ciblés par un attentat à la bombe. Certaines structures étatiques comme le Palais du gouvernement ou le Conseil constitutionnel ont vite retrouvé leur éclat. Des années après, des établissements scolaires, des usines ont été reconstruits ou superficiellement rénovés. D’autres sont toujours en ruine. Les attaques terroristes ont causé des dommages matériels colossaux, repoussé les capitaux étrangers et provoqué un climat d’incertitude.
Ces préjudices économiques considérables ne sont, néanmoins, qu’une conséquence du terrorisme.
Les souffrances humaines qui en résultent sont pires.
Oued Allel qui s’enorgueillit de contenir 12 000 habitants n’a toujours pas retrouvé sa réputation d’antan. Il est toujours le village fantôme depuis ce jour fatidique où l’armée a dû bombarder ses maisons minées pour délocaliser les terroristes qui s’y sont réfugiés, après avoir chassé leurs habitants. L’école primaire Sidi-Kaddour, cible d’un attentat à l’explosif, n’a ouvert ses portes que cette année accueillant à peine une douzaine d’élèves par classe. Partiellement retapée, elle offre encore un spectacle de désolation, traumatisant pour les enfants. En cette matinée du mois sacré, les instituteurs n’ont pas entamé les cours. Ils s’astreignent à maintenir le calme dans la classe. Au-delà des traces encore visibles du drame, l’école est dépourvue de nombreuses commodités, dont le chauffage. “Le retour a été difficile, avoue le directeur de cet établissement scolaire, mais l’ouvrir à nouveau, quand on sait ce que c’était, Oued Allel il y a quelques années, c’est déjà bien. La vie revient, bien que l’atmosphère soit un peu lourde.” Il nous apprend qu’une enveloppe de 8 millions de dinars (800 millions de centimes) a été dégagée par les autorités locales pour couvrir les frais des travaux entrepris dans l’école. 2,5 millions de dinars (250 millions de centimes) ont été également alloués pour financer la réouverture prochaine de la cantine. “Tout ce qu’il restait dans cette école a été volé au fil des années. Nous avons dû la rééquiper à zéro.” Durant ces années noires, de nombreux réseaux de malfaiteurs se sont constitués avec un seul objectif : dépecer les bâtisses abandonnées. Portes, carrelage, marbre… tout est vendu aux acquéreurs friands de modèles anciens ou de matériaux bon marché. Si l’établissement scolaire Sidi-Kaddour a pu redémarrer timidement, les douze logements de fonction des instituteurs, situés derrière l’école, tout comme le château d’eau éventré qui lui fait face, gardent, eux, les stigmates du terrorisme. Selon des chiffres officiels, pas moins de 1 300 établissements scolaires ont été entièrement ou partiellement détruits par le terrorisme. Des centaines d’entres eux ont fermé durant de nombreuses années, privant les enfants d’une scolarité normale. Ces destructions et violences ont contraint également de multiples familles rurales à chercher refuge dans les villes, créant ainsi une nouvelle sorte d’exode rural, qui les a installées durablement dans la précarité sociale.
Un serpent a failli la tuer
En dépit de l’existence d’un programme de repeuplement qui se manifeste déjà par la construction d’une cité de 120 logements, Oued Allel reste une localité presque déserte. Les quelques rescapés du terrorisme — qui pour une raison ou une autre n’ont pas pu ou n’ont pas voulu quitter cette localité —, vivent dans un dénuement total. Les conséquences du terrorisme sur le plan psychosocial sont énormes, compte tenu des traumatismes, de l’exode et des déchirures familiales auxquels s’ajoutent pour les personnes que nous avons rencontrées une absence totale de prise en charge de la part de l’État. Rares sont ceux parmi les blessés, les proches des victimes ou les simples témoins de drames qui sont parvenus à tourner la page. Les images de l’horreur reviennent comme des flashs effrayants lors des cauchemars ou à l’occasion d’une déception, une déprime causées par les difficultés du quotidien… Au bout d’une longue piste, se dresse la mosquée de Oued Allel, squattée il n’y a pas si longtemps par des terroristes. Elle souffre, aujourd’hui, d’un état de dégradation avancé. Abdelkader, jeune appelé en 1994, a été maintenu ligoté pendant 24 heures par les terroristes qui lui reprochaient de ne pas avoir déserté les rangs de l’armée. Ex-garde communal, il occupe depuis quelques années avec sa femme et ses trois enfants la salle des ablutions. L’endroit est insalubre. Un serpent a failli, l’année dernière arracher son épouse à la vie. Ses enfants attrapent souvent un microbe qui les fait enfler comme un ballon. En hiver, il les fait dormir sur le canapé de fortune, pour que l’eau qui s’infiltre à travers la porte en zinc ne les atteigne pas. Les autorités locales lui ont promis, à plusieurs reprises, un logement décent. Il n’a jamais rien obtenu. Il pense que depuis qu’il a raconté son calvaire devant les caméras de quelques chaînes de télévision arabe, on lui en veut et on le boude. Il a entendu parler, comme d’autres habitants de la commune, que la mosquée sera bientôt rénovée. Il ne croit pas tellement à cette rumeur, mais avertit quand même : “Celui qui franchira le seuil de sa porte, se condamnera à la mort. Je préfère aller en prison que de voir mes enfants dans la rue. Je ne quitterai ce lieu sordide que si l’on me donne un logement.” “L’État a dégagé deux milliards de centimes pour la reconstruction de ce lieu de prière, mais l’argent a été détourné”, certifient, en effet, les riverains. Une personne, s’étant présentée comme un directeur au sein de l’APC de Sidi-Moussa et nous confondant avec des fonctionnaires de l’État, s’arrête pour nous saluer. Interrogé sur l’état de cette mosquée, il nous assure qu’il a personnellement établi “une fiche technique qu’il a transmise aux autorités concernées et que l’argent ne vient pas”. Puis apprenant que nous étions de la presse, il prend la fuite en ne cessant de répéter : “Je n’ai rien à déclarer aux journalistes ! Nous n’avons pas eu un meilleur accueil au niveau de l’APC de la commune. Son président nous fait dire qu’il était en réunion et qu’il fallait prendre un rendez-vous. Mais l’agent d’accueil ne consent ni à nous donner le numéro de téléphone, ni à nous laisser parler à la secrétaire pour convenir d’une date de rencontre. Il semblait avoir reçu des instructions dans ce sens. Notre démarche auprès du ministère des Affaires religieuses, pour savoir si effectivement une enveloppe financière a été dégagée pour financer la reconstruction de la mosquée, n’a pas non plus abouti. L’attachée de presse nous rétorque, par le bais de l’appariteur, qu’elle ne pouvait pas nous recevoir car “elle est fatiguée”.
à la place d’un logement, on leur place des compteurs d’électricité
À défaut de leur attribuer un logement décent, les autorités locales consentent à leur placer des compteurs d’électricité. “Ils veulent nous signifier qu’on va rester là encore longtemps”, ironise une jeune femme qui reste persuadée que seule une mort certaine à laquelle ils sont continuellement exposés à cause de la bâtisse qui menace de céder, les arrachera de ce sordide quotidien. Les psychologues s’accordent à dire que pour moins souffrir, le blessé psychique doit éviter tout ce qui lui rappelle l’horreur : l’endroit, les gens ou le simple fait de remémorer ce qui s’est passé. Ces familles vivent non seulement proches du lieu du drame, mais également dans des conditions pénibles. Comment ne pas perdre la tête ? À Boufarik, un lycée, un centre polytechnique et une société de fabrication de pièces détachées de l’informatique ont été brûlés par un groupe terroriste à quelques jours d’intervalle. Les deux premiers édifices ont été bricolés, mais de l’entreprise publique, il ne reste qu’un amas de pierres. Le gardien, en poste la nuit de la tragédie, raconte que les terroristes l’ont empêché de donner l’alerte en coupant le fil du téléphone. Après avoir mis le feu dans les hangars, ils ont tenté de faire démarrer le camion plein de marchandise qui devait prendre la route le lendemain. “Ils n’ont pas réussi parce qu’il y avait une manette qu’il fallait activer avant de tourner la clé.” Retourner sur les lieux est très éprouvant pour le vieil homme, obligé aujourd’hui de faire le trajet Boufarik-Kouba pour subvenir aux besoins de sa famille. “J’habite juste à côté, mais quand la société a été incendiée, j’ai été rappelé par la direction générale qui se trouve à Kouba. Pour ne pas être en retard, je me lève à 5 heures du matin.”
Autre escale : Oued Mendel. Non loin de Tessal Merdja réputées par la découverte de nombreuses casemates. Un garde communal nous montre une villa fraîchement repeinte. “Cette maison est proche d’une casemate. L’“émir” Zitouni se cachait là, pendant des années. Lorsqu’il a été abattu, ses compagnons ne se sont pas entendus et se sont séparés laissant cette bâtisse dans un état désastreux.” Fils d’un moudjahid, il a pris les armes dès les premières heures du terrorisme. “Mon père nous a dit, moi, je reprends mon fusil. Je refuse de mourir égorgé. Si vous voulez partir. C’est votre affaire.” Il poursuit : “La plupart des terroristes qui activaient dans cette zone étaient des enfants du village. Ils habitaient avec leurs familles et commettaient des opérations ailleurs. En empruntant ce maquis, ils aboutissaient à Saoula et Birkhadem. Cela facilitait les déplacements.” Selon lui, la situation sécuritaire s’est énormément améliorée dans la région. “Avant cela aurait été impossible de monter jusqu’ici”, nous confie-t-il. C’est le moment peut-être de tenter de cicatriser les plaies, en prenant plus à cœur la situation sociale des rescapés du terrorisme.
NH
Liberté