LES CIMETIÈRES SONT DEVENUS DES DÉPOTOIRS
Nos morts méritent respect
04 Octobre 2008 -
Avec le début de la tragédie nationale s’est propagé le phénomène de la profanation et de la destruction des pierres tombales.
Une végétation de plus en plus dense encercle les tombes. Des bouteilles en plastique, des canettes de bière, des pots de yaourt traînent un peu partout sous les nombreux oliviers et caroubiers du cimetières Sidi Mohand Amokrane de Béjaïa.
Ils donnent de l’ombre et de la fraîcheur. Un endroit idéal pour les nombreux visiteurs qui viennent se recueillir sur la tombe de leurs proches en ce jour d’Aïd El Fitr. Des automobilistes saisissent cette occasion pour nettoyer leurs voitures à l’intérieur des cimetières. L’eau ruisselle à flanc de coteau. Elle est abondante et à la disposition de tous.
Si certains, munis de bouteilles ou de petits bidons de 5 litres en plastique, la recueille pour nettoyer les tombes de leurs défunts et arrosent les plantes qui les fleurissent, d’autres en profitent pour procéder au toilettage de leurs engins. Une opération beaucoup plus proche du fétichisme que du culte des morts.
Ce sont là et malheureusement les clichés qui nous sont renvoyés lorsque l’on franchit les portes de ces espaces et lieux d’inhumation. Ces images ne sont pas propres à une seule région. Que l’on soit à Sidi Yahia (Bir Mourad Raïs) à Alger, Oran ou Constantine, ce phénomène tend à se généraliser pratiquement à travers tout le territoire national.
Avec le début de la tragédie nationale, s’est propagé le phénomène de la profanation des cimetières et la destruction des pierres tombales. Sidi Yahia, El Kettar, El Alia, Garidi...aucun cimetière n’a été épargné. Abandonnés, ils se sont transformés par endroits en espaces de pâturage le jour, et en lieux de débauche la nuit. Nos morts reposent-ils réellement en paix? La question est posée en premier lieu aux pouvoirs publics qui ont la charge de la protection, de la préservation et de la valorisation de ces lieux, mais aussi aux citoyens qui sont censés les respecter.
Toutes les sociétés humaines soumettent leurs morts à des attentions particulières. Le phénomène brutal et inévitable de la disparition d’êtres chers est difficile à intégrer, même s’il est d’une évidence qui semble malgré tout difficile à nier. Les cimetières ont été conçus et remplissent cette fonction sociale de communion avec eux. Entre le monde des vivants et celui des disparus que l’on porte en soi et qui sont aussi une partie de notre mémoire.
Les anciens, nos ancêtres, continuent à être des exemples et des repères pour leurs descendances.
Tout se passe comme si le défunt persistait à survivre dans un monde qui lui est particulier, tout en entretenant des rapports étroits avec un monde qu’il a définitivement quitté. Même si tout cela relève d’une certaine philosophie de la vie, il est d’une extrême importance pour nous et l’équilibre de nos sociétés de cultiver ces liens ancestraux qui nous sont parvenus depuis le début de l’humanité.
Mohamed TOUATI
Expression
Nos morts méritent respect
04 Octobre 2008 -
Avec le début de la tragédie nationale s’est propagé le phénomène de la profanation et de la destruction des pierres tombales.
Une végétation de plus en plus dense encercle les tombes. Des bouteilles en plastique, des canettes de bière, des pots de yaourt traînent un peu partout sous les nombreux oliviers et caroubiers du cimetières Sidi Mohand Amokrane de Béjaïa.
Ils donnent de l’ombre et de la fraîcheur. Un endroit idéal pour les nombreux visiteurs qui viennent se recueillir sur la tombe de leurs proches en ce jour d’Aïd El Fitr. Des automobilistes saisissent cette occasion pour nettoyer leurs voitures à l’intérieur des cimetières. L’eau ruisselle à flanc de coteau. Elle est abondante et à la disposition de tous.
Si certains, munis de bouteilles ou de petits bidons de 5 litres en plastique, la recueille pour nettoyer les tombes de leurs défunts et arrosent les plantes qui les fleurissent, d’autres en profitent pour procéder au toilettage de leurs engins. Une opération beaucoup plus proche du fétichisme que du culte des morts.
Ce sont là et malheureusement les clichés qui nous sont renvoyés lorsque l’on franchit les portes de ces espaces et lieux d’inhumation. Ces images ne sont pas propres à une seule région. Que l’on soit à Sidi Yahia (Bir Mourad Raïs) à Alger, Oran ou Constantine, ce phénomène tend à se généraliser pratiquement à travers tout le territoire national.
Avec le début de la tragédie nationale, s’est propagé le phénomène de la profanation des cimetières et la destruction des pierres tombales. Sidi Yahia, El Kettar, El Alia, Garidi...aucun cimetière n’a été épargné. Abandonnés, ils se sont transformés par endroits en espaces de pâturage le jour, et en lieux de débauche la nuit. Nos morts reposent-ils réellement en paix? La question est posée en premier lieu aux pouvoirs publics qui ont la charge de la protection, de la préservation et de la valorisation de ces lieux, mais aussi aux citoyens qui sont censés les respecter.
Toutes les sociétés humaines soumettent leurs morts à des attentions particulières. Le phénomène brutal et inévitable de la disparition d’êtres chers est difficile à intégrer, même s’il est d’une évidence qui semble malgré tout difficile à nier. Les cimetières ont été conçus et remplissent cette fonction sociale de communion avec eux. Entre le monde des vivants et celui des disparus que l’on porte en soi et qui sont aussi une partie de notre mémoire.
Les anciens, nos ancêtres, continuent à être des exemples et des repères pour leurs descendances.
Tout se passe comme si le défunt persistait à survivre dans un monde qui lui est particulier, tout en entretenant des rapports étroits avec un monde qu’il a définitivement quitté. Même si tout cela relève d’une certaine philosophie de la vie, il est d’une extrême importance pour nous et l’équilibre de nos sociétés de cultiver ces liens ancestraux qui nous sont parvenus depuis le début de l’humanité.
Mohamed TOUATI
Expression