Si j'étais Roi du Maroc…
Le souverain marocain Mohamed VI a encore lancé un appel à la «normalisation» avec son «unique» voisin du Nord, et demandé la réouverture des frontières terrestres. Il a même dévoilé «les efforts déployés par des pays frères et amis, et par des puissances influentes sur la scène internationale» qui ont rencontré le refus «obstiné» de l'Algérie. Et comme d'habitude, le pouvoir algérien s'est enfermé dans un silence méprisant et laissé sa presse aux ordres répondre par son flot d'insultes, mépris, fantasmes, contrevérités et irrévérence.
Il faut juste rappeler que les frontières terrestres ont été fermées en août 1994 sur décision des généraux Zeroual et Betchine, d'anciens maquisards nerveux et belliqueux qui avaient combattu aux côtés du Polisario à Tindouf. Ils ont été influencés par les généraux du DRS nerveux et belliqueux, offusqués d'avoir été accusés d'être les commanditaires des attentats de Marrakech par le roi Hassan II, lui-même intoxiqué par des services étrangers qui avaient planifié une stratégie d'embargo contre l'unité du Maghreb pour isoler l'Algérie dans un huis clos sanglant.
Malgré le mépris et les insultes, le roi Mohamed VI persiste toujours à dire «En tout état de cause, le Royaume entend rester fidèle à son identité civilisationnelle et à l'esprit d'ouverture qui l'a toujours caractérisé». Il ajoute aussique «l'attachement de notre pays à l'ouverture des frontières et à la normalisation des rapports doit être considéré comme l'expression d'une fidélité aux liens de fraternité et de bon voisinage.»
Si j'étais Roi du Maroc, je m'y prendrais autrement. Du haut de ses douze siècles de légitimité monarchique, historique et politique, et dix années après son accession au trône, M6 a effacé les méfaits du despotisme de son père, lancé une nouvelle génération de responsables politiques et fait du Maroc une destination très prisée alliant authenticité et modernité.
Le pouvoir algérien refuse d'ouvrir les frontières terrestres ? Qu'à cela ne tienne, s'il faut la fermer, fermons-là pour de bon. Comme au bon vieux temps de la guerre froide et du Mur de Berlin. Comme l'a écrit un internaute algérien, «il faut construire un mur avec détection thermique, surveillance par satellite et miner tout le long de la frontière. Il faut aussi ériger des miradors avec des projecteurs et tirer à vue sur toute ombre furtive.»
J'interdirais tous les réseaux de contrebande. Fini les livraisons de kif pour la jeunesse algérienne, finis tous les business qui font vivre des milliers de frontaliers et enrichissent la nomenklatura.
Et tant qu'à faire, je fermerais aussi toutes les frontières aériennes, maritimes et économiques. Plus d'avion, ni bateau. J'interdirais toute importation et tout transit d'un produit algérien par le territoire marocain. Plus de gaz, ni d'électricité pour l'Espagne.
Je couperais toute relation diplomatique avec fermeture des ambassades et rapatriement de tous les diplomates marocains. Et tant qu'à faire, je rapatrierais tout citoyen marocain résidant encore en Algérie.
J'expulserais tous les diplomates et tous les fonctionnaires algériens travaillant au Maroc. Et tant qu'à faire, je décréterais l'interdiction du territoire à tout détenteur d'un passeport algérien. Je procéderais à des expulsions manu militari comme avait fait Boumediene envers 45.000 familles marocaines en 1975. J'imposerais à tous les binationaux algéro-marocains de choisir une seule nationalité.
Mohamed 6 a accusé l'Algérie de faire «planer les périls de la balkanisation sur la région du Maghreb et du Sahel» en continuant à soutenir le mouvement séparatiste Polisario. Moi, si j'étais Roi du Maroc, j'encouragerais carrément la «balkanisation de l'Algérie».
Je soutiendrais officiellement l'initiative du Mouvement d'Autonomie pour la Kabylie, le MAK de Ferhat M'Henni. Je lui offrirais toute une logistique à Oujda, comme celle du Polisario à Tindouf. Le MAK pourrait créer un gouvernement en exil, se procurer des armes, créer une chaîne de télé et radio pour émettre sur toute l'Algérie.
Et tant qu'à faire, je soutiendrais aussi officiellement la rébellion Touarègue au Mali et au Niger en les incitant à se faire rejoindre par leurs frères du Nord pour revendiquer l'indépendance du pays Touareg qui englobe tout le Sahara Algérien.
Et tant qu'à faire, je trouverais bien deux ou trois mozabites qui vont revendiquer une Principauté du M'Zab. Et pourquoi pas aussi une poignée de Chaouis pour revendiquer l'autonomie des Chaouiyas.
Mais arrêtons là ce délire cauchemardesque insensé. Heureusement que je ne suis pas le Roi du Maroc sage et pacifique, un bon voisin fraternel et conciliant. Je ne suis qu'un Algérien méchant et rancunier, nerveux et belliqueux.
Saâd Lounès
Dernière édition par Admin le Mar 11 Nov - 0:54, édité 1 fois