L’Armée un enjeu stratégique Le : 2008-12-16 Ahmed charai Contre qui s’arme le Maroc? La question est pernicieuse et pourtant il se trouvera toujours quelqu’un pour la poser. En fait, le Maroc n’a aucune intention de faire la guerre à l’Algérie, malgré l’inimitié affichée du voisin de l’Est, ni à l’Espagne, tout en continuant à revendiquer la marocanité de Sebta et Mellilia. L’armée marocaine a d’autres enjeux. Le premier concerne les menaces venues du Sahel, qui ne concernent pas uniquement le Royaume, mais la paix dans l’ensemble de la région. Ce n’est pas par expansionnisme que Rabat prend ses responsabilités, mais parce que sans l’effort et la vigilance des FAR, la sécurité de tous est menacée. Le second enjeu est la lutte contre les trafics divers, au sud et au nord de notre territoire. L’émigration et la drogue, sont des phénomènes transnationaux que la position géographique du Maroc nous impose. Les reculs constatés de ces phénomènes, salués comme il se doit par l’Union européenne, sont dûs, en grande partie à l’implication de l’armée. Le nouveau droit international, avec le devoir d’ingérence, oblige le Maroc, pour garder son rang, à entretenir une armée capable d’assurer des missions de maintien de la paix. Bien évidemment, tant que la tension sera artificiellement maintenue par le Polisario et l’Algérie, tant qu’une solution politique n’est pas entérinée, la défense de l’intégrité territoriale restera la première mission des FAR. Tous ces enjeux ainsi que les évolutions technologiques rendent nécessaires les investissements programmés. La formation, elle, est au top niveau depuis toujours, grâce à des structures ultra-performantes et à des relations internationales très développées. Soutien populaire Le budget des armées n’est pas discuté au Parlement. Cela peut paraître une contradiction démocratique. Seulement, il faut se rappeler que cet accord consensuel a eu lieu en 1977. La guerre du Sahara battait son plein. Ce qui est un attribut de la démocratie en temps de paix, discuter le budget des armées, était perçu comme un luxe en temps de guerre. Les partis de l’opposition d’alors en ont fait le symbole de l’union sacrée, autour de la question de l’intégrité territoriale. L’appui politique et le soutien de l’armée n’était pas acquis. L’image de l’armée a été écornée durant les années 60 et le début des années 70, par son intrusion en politique. Les deux tentatives de coup d’Etat bien sûr, mais aussi les interventions en Afrique au profit de l’Occident étaient très mal perçues. C’est surtout l’utilisation de l’armée, dans des opérations de maintien de l’ordre, comme en Mars 65, qui avaient creusé le fossé entre la population et l’armée. Sa participation, plus qu’honorable, à la guerre de 1973 et la guerre du Sahara ont enterré cette époque. Aujourd’hui, la modernisation de l’armée et les fonds qui lui sont alloués sont favorablement perçus par de larges couches de la société. Sauf que cette modernisation implique que l’armée soit à jamais tenue éloignée des opérations de police et qu’elle n’aurait jamais à affronter ses propres concitoyens. Cet aspect là est plus important que l’armement high-tech. Les responsables l’ont d’ailleurs bien compris et c’est pour cela que le consensus est maintenu. Comment le Maroc renforce son armée Depuis trois ans, l’armée marocaine n’est plus un mythe ni un secret pour personne. En célébrant son cinquantième anniversaire en 2006, la grande muette a finalement parlé. Elle a ouvert ses casernes, affiché ses compétences et montré son matériel et, depuis, c’est tout un processus de démythification qui s’opère dans l’opinion publique marocaine avec beaucoup d’excès et peu de rigueur. Aujourd’hui, il n’est pas rare de voir les généraux des Forces armées royales faire la Une des journaux. Il n’est également pas rare d’entendre parler de vols d’armes dans les casernes et d’infiltrations islamistes dans les rangs. Un autre facteur a remis l’intérêt pour l’armée au goût du jour dans la presse et chez le citoyen. C’est la course à l’armement dans laquelle s’est lancé le voisin algérien qui multiplie les achats de matériel militaire à coup de dizaines de milliards de dollars. Il faut reconnaître que le Maroc constitue depuis l’indépendance dans l’imaginaire populaire algérien «l’ennemi» par excellence. D’un autre côté, toute acquisition de chars, d’avions ou d’hélicoptères par l’Algérie relayée par les médias, est perçue par les Marocains comme une menace, voire une agression. Depuis, les forums sur l’armée font florès et on y trouve de tout. Commentaires avisés. Surenchères chauvines. Intox et manipulations. Impossible donc de faire la part des choses et de séparer le bon grain de l’ivraie. Histoire très récente de l’armée marocaine HAKIM ARIF Les soldats marocains ont combattu lors de la guerre des sables en 1963, puis sur le front du Golan en 1973, et sauvé le régime zaïrois en 1977. Ils se sont illustrés lors des affrontements avec le Polisario, et surveillent le mur marocain de protection. En 1991, ils ont participé à la guerre du Golfe. Ils sont également intervenus en Somalie en 1993 et au Kosovo en 1999. Le 14 juillet 1999, les Forces armées royales paradaient sur les Champs-?lysées, chose exceptionnelle pour une armée non française. Cadeau du président Jacques Chirac a son ami Hassan II. Aujourd'hui, les troupes marocaines participent aux missions de paix (MONUC, ONUCI, EUFOR, KFOR...). L’armée marocaine a violemment sévi dans le Rif en 1958. Les Rifains n’ont pas oublié. A l’époque, la répression qui s’est abattue sur la zone avait pour principaux acteurs des militaires, tous issus de la période coloniale, nous explique Ilias Omari, président de l’Association rifaine de développement. Pour lui, la répression était un relent de la période coloniale où la France et l’Espagne avaient sévi. Les relations entre la population et l’armée étaient donc similaires aux relations avec les colonisateurs français et espagnols. | |
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