« J’ai eu la chance de rencontrer un personnage extraordinaire, un de ces êtres qui traversent l’histoire avec la volonté de laisser leur empreinte sur les générations à venir. Le sultan de Turquie le craint et le courtise, le shah de perse tremble à la mention de son nom.
Descendant de Mahomet, il a pourtant été chassé de Constantinople pour avoir dit dans une conférence publique en présence des plus grands dignitaires religieux, que le métier de philosophe était aussi indispensable à l’humanité que le métier de prophète ».
L’homme qui tint ces paroles est Henri Rrochefort, marquis et ancien ministre français au sujet d’un personnage hors de commun du 19ème siècle: Djamal-eddinne el-Afghani dit encore El- Asabadi (1838-1898). Un grand personnage peu cité même par ses siens lui qui a consacré sa vie à combattre l’obscurantisme de certains religieux.
Son hardiesse et son aplomb ont fait trembler plus d’un. Au cours d’une conférence prononcée le 8 novembre 1872 au Albert Hall de Calcutta (Inde), il n’a pas hésité de faire des critiques aux Ulémas « accroupis devant une lampe à pétrole durant toute la nuit », sans jamais se demander « pourquoi cette lampe fume-t-elle lorsqu’elle est couverte ».
Ayant bien ausculté le monde musulman il annonça son verdict, ô combien réel: « L’Orient ne trouvera son salut qu’en se réconciliant avec la Raison et la science». Est-il plus que jamais vrai de nos jours.
Djamal-eddine est un philosophe et homme politique afghane. Réformiste, panislamiste et grand voyageur sunnite et nationaliste.
Il prône un retour aux sources de l’Islam et son idée permanente est que cette religion n’est pas en cause dans le sous développement dont le déclin vient de la trahison des valeurs fondatrice, de l’ignorance et de l’oppression ottoman suivie par la domination coloniale européenne. Il fait partie des ces rares hommes qui sèment là où ils passent.
De passage en Egypte, il a fait soulever les égyptiens contre les anglais ; exilés en Inde, il a réussi à susciter un formidable mouvement d’opinion : des journaux sont édités et des associations se sont formées. Exilé en Europe, son activité ne s’est pas arrêtée et il créa la revue « le lien indissoluble » qu’il distribua partout dans le monde musulman par le biais de ses réseaux.
Son séjour en Europe lui a fait découvrir le gouffre qui sépare l’occident de l’orient. Son constat lui a fait dire un jour: « j’ai trouvé des musulmans sans Islam alors qu’en Orient, il y a un Islam sans musulmans » c'est-à-dire que pour lui les principes qui régissent les relations entre l’individu et l’Etat, voire même les relations entre les individus, n’existent plus ni dans la forme ni dans l’esprit. A l’orientaliste Benjamin O. Lesage qui s’étonna d’entendre Djamelddine envisager de prendre la nationalité américaine, il répond sans détour : « Beaucoup de mes coreligionnaires seraient scandalisé : le Seyyed Djamal-eddine, apôtre de la renaissance islamique, descendant du prophète, prendre la nationalité d’un pays chrétien ?
Mais je n’en ai nulle honte….Ma justification est simple : sur les terres d’islam, il n’est pas un seul coin où je puisse vivre à l’abri de la tyrannie… pas un lieu de culte, pas une université, pas une cabane où l’on puisse se protéger de l’arbitraire…je vous le dis, nous les musulmans de ce siècle, nous sommes des orphelins. »
Souffrant d’un cancer de la mâchoire dans l’exil en Turquie du Sultan Abdulahamid et après avoir été accusé de la mort du Shah d’Iran, il mourut le 09 mars 1897. On raconte qu’on a profité de son cancer pour précipiter sa mort et mettre fin à la pression exercée par l’Iran pour obtenir son extradition.
C’était un bref vestibule pour un grand personnage qui a tant vécu. Vos contributions enrichiront certainement la discussion.
Mes références :
-« la philosophie du poète » du mohamed Hassen Zouzi-Chebbi ;
-« Samarcande » d’Amine Maalouf
-« l’Homme rompu » du Tahar Benjelloun
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Descendant de Mahomet, il a pourtant été chassé de Constantinople pour avoir dit dans une conférence publique en présence des plus grands dignitaires religieux, que le métier de philosophe était aussi indispensable à l’humanité que le métier de prophète ».
L’homme qui tint ces paroles est Henri Rrochefort, marquis et ancien ministre français au sujet d’un personnage hors de commun du 19ème siècle: Djamal-eddinne el-Afghani dit encore El- Asabadi (1838-1898). Un grand personnage peu cité même par ses siens lui qui a consacré sa vie à combattre l’obscurantisme de certains religieux.
Son hardiesse et son aplomb ont fait trembler plus d’un. Au cours d’une conférence prononcée le 8 novembre 1872 au Albert Hall de Calcutta (Inde), il n’a pas hésité de faire des critiques aux Ulémas « accroupis devant une lampe à pétrole durant toute la nuit », sans jamais se demander « pourquoi cette lampe fume-t-elle lorsqu’elle est couverte ».
Ayant bien ausculté le monde musulman il annonça son verdict, ô combien réel: « L’Orient ne trouvera son salut qu’en se réconciliant avec la Raison et la science». Est-il plus que jamais vrai de nos jours.
Djamal-eddine est un philosophe et homme politique afghane. Réformiste, panislamiste et grand voyageur sunnite et nationaliste.
Il prône un retour aux sources de l’Islam et son idée permanente est que cette religion n’est pas en cause dans le sous développement dont le déclin vient de la trahison des valeurs fondatrice, de l’ignorance et de l’oppression ottoman suivie par la domination coloniale européenne. Il fait partie des ces rares hommes qui sèment là où ils passent.
De passage en Egypte, il a fait soulever les égyptiens contre les anglais ; exilés en Inde, il a réussi à susciter un formidable mouvement d’opinion : des journaux sont édités et des associations se sont formées. Exilé en Europe, son activité ne s’est pas arrêtée et il créa la revue « le lien indissoluble » qu’il distribua partout dans le monde musulman par le biais de ses réseaux.
Son séjour en Europe lui a fait découvrir le gouffre qui sépare l’occident de l’orient. Son constat lui a fait dire un jour: « j’ai trouvé des musulmans sans Islam alors qu’en Orient, il y a un Islam sans musulmans » c'est-à-dire que pour lui les principes qui régissent les relations entre l’individu et l’Etat, voire même les relations entre les individus, n’existent plus ni dans la forme ni dans l’esprit. A l’orientaliste Benjamin O. Lesage qui s’étonna d’entendre Djamelddine envisager de prendre la nationalité américaine, il répond sans détour : « Beaucoup de mes coreligionnaires seraient scandalisé : le Seyyed Djamal-eddine, apôtre de la renaissance islamique, descendant du prophète, prendre la nationalité d’un pays chrétien ?
Mais je n’en ai nulle honte….Ma justification est simple : sur les terres d’islam, il n’est pas un seul coin où je puisse vivre à l’abri de la tyrannie… pas un lieu de culte, pas une université, pas une cabane où l’on puisse se protéger de l’arbitraire…je vous le dis, nous les musulmans de ce siècle, nous sommes des orphelins. »
Souffrant d’un cancer de la mâchoire dans l’exil en Turquie du Sultan Abdulahamid et après avoir été accusé de la mort du Shah d’Iran, il mourut le 09 mars 1897. On raconte qu’on a profité de son cancer pour précipiter sa mort et mettre fin à la pression exercée par l’Iran pour obtenir son extradition.
C’était un bref vestibule pour un grand personnage qui a tant vécu. Vos contributions enrichiront certainement la discussion.
Mes références :
-« la philosophie du poète » du mohamed Hassen Zouzi-Chebbi ;
-« Samarcande » d’Amine Maalouf
-« l’Homme rompu » du Tahar Benjelloun
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