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[Politique] La traque des narcotrafiquants s’intensifie

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Idris

Idris

Tolérance zéro pour le trafic de drogue. C’est en effet le mot d’ordre parmi les principaux services chargés de la traque de narcotrafiquants.

Depuis début 2009, les instructions sont fermes. «L’époque de l’impunité est révolue», souligne une source proche du département de l’Intérieur.
Les enjeux d’une telle décision sont multiples: au-delà de l’image du pays à l’international, le Maroc veut capitaliser sur son arrimage à l’accord d’association avec l’UE.

Ainsi, le pays prend à bras-le-corps le problème pour en finir avec ce fléau et pour encourager les paysans à opter pour des cultures de substitution.
C’est donc un véritable tournant dans la politique de lutte contre le trafic
de cannabis.

Elle s’inscrit aussi dans les orientations du Royaume, déclinées via les plans Maroc Vert, Ibhar, Azur, TangerMed… Elle vient aussi appuyer les actions menées par l’Instance de lutte contre la corruption, l’Initiative nationale de développement humain et dans le cadre du développement des provinces du nord. La mise à niveau régionale passe par une action planifiée à l’échelle nationale.

Le gouvernement a décidé d’y mettre les moyens et, déjà, il commence à récolter les fruits de ses efforts.
Ainsi, au cours de ces six derniers mois, de gros réseaux ont été démantelés. De gros bonnets qui bénéficiaient de protections et complicités multiples.

Aussi, en donnant un coup de pied dans la fourmilière, de nombreux officiers de la Gendarmerie, de la Marine et des Forces auxiliaires sont tombés.
Cette semaine, plusieurs officiers supérieurs dont un lieutenant-colonel de la Marine ont été interpellés, à Nador.

Plus, 28 autres agents, relevant de différents corps de la sécurité territoriale et impliqués dans un trafic transfrontalier, ont été également arrêtés.
A l’heure où nous mettions sous presse, selon nos informations, la BNPJ
(Brigade nationale de police judiciaire) serait sur le point de boucler
une grosse enquête.

Le dénouement sera connu dans les prochains jours.
La vigilance est aussi de mise au niveau de tous les points de passage des trafiquants. Plusieurs «mules» (passeurs) ont été interceptées.
Parmi eux, beaucoup d’étrangers, notamment des Espagnols.

A cette stratégie de lutte s’ajoute un changement dans la politique de
communication. Désormais, l’information sera disponible, étayée,
chiffrée...
Plus question d’opacité, le ministère de l’Intérieur veut
communiquer sur son action en matière de lutte contre le narcotrafic.
Par ailleurs, en 2008, l’on parle officiellement d’un recul de 65% de la
production de cannabis.

Pour rappel, malgré une place avancée dans le classement des pays producteurs, le Maroc n’a pas figuré dans la catégorie «des pays encourageant le trafic de drogue».
Autre fait marquant, pour la première fois, le Maroc dénonce l’implication de pays étrangers.

Loin des classiques faits divers, les dépêches officielles publiées depuis une semaine changent de ton.
Elles font part de l’implication de commanditaires étrangers établis principalement en Espagne, Belgique, Pays-Bas ou encore dans les enclaves de Sebta et Mellilia. «L’entretien d’un marché du cannabis dans certaines zones en Europe encourage le trafic dans le nord du Royaume», soulignent les conclusions d’un rapport récent sur la lutte contre la drogue.

La dépénalisation du cannabis explique aussi les flux importants du
trafic.

Autrement dit, et contrairement aux idées préconçues, l’argent de la drogue profite surtout aux mafias étrangères. Le cultivateur, lui, ne perçoit en moyenne que 50.000 DH par an, soit un revenu mensuel de quelque 6.000 DH. Le blanchiment se fait aussi généralement au-delà des frontières.

Aujourd’hui, les autorités vont un peu plus loin. Elles dénoncent «des défaillances dans les systèmes sécuritaires», notamment au sud de l’Espagne. Pour preuve, les nombreux étrangers arrêtés, notamment au niveau du détroit de Gibraltar. Ces derniers utilisent des bateaux ultra-rapides -communément appelés Go Fast- pour traverser la Méditerranée.

A leur bord, les Go Fast transportent en moyenne jusqu’à 2 tonnes de cannabis par voyage! Ce sont généralement des bolides de dernière génération qui peuvent filer à 40 nœuds, plus de 70 kilomètres/heure. Aucun bateau ou zodiac de la Marine ou de la Gendarmerie ne peut atteindre une telle vitesse. C’est dire que la logistique des trafiquants (casques, matériel de secours, formation…) dépasse généralement de loin celle des engins de l’Etat.

Le maintien de cette logistique et son renfort rend, d’année en année, difficiles les interventions de la Marine royale.
Résultat: plus de 80% des cargaisons échappent aujourd’hui aux mailles des services en charge de la lutte contre la drogue. C’est dire que la perméabilité des frontières entre le sud de l’Espagne et le Maroc reste quand même déconcertante.

Selon un rapport officiel, «seules 20% des drogues débarquées sur le sud espagnol sont saisies». Ce qui laisse sous-entendre des complicités côté ibérique. «Si l’histoire des démantèlements au Maroc a souvent fait tomber des têtes officielles, cela n’a jamais été le cas en Espagne», fait-on remarquer.

D’aucuns expliquent cette réticence espagnole à aller jusqu’au bout de l’éradication du trafic de drogue au sud par «crainte d’un déséquilibre économique» eu égard au développement que connaît le nord du Maroc
depuis une décennie.

Par ailleurs, alors que le contrôle se renforce en mer et aux postes frontaliers, les trafiquants n’hésitent pas à recourir aux petits avions pour développer leur activité. Plusieurs franchissements aériens par de petits appareils bimoteur ont été signalés ces derniers mois. Ils se soldent parfois par l’abandon de carcasses d’avions en plein champ, à Nador notamment. Comment ces appareils peuvent-ils décoller tranquillement à partir d’aéroports européens ?

Sachant que, depuis le 11 septembre, les instructions sont
claires. Toutes les autorités aéroportuaires veillent à contrôler tous
les atterrissages et décollages quel que soit le volume de l’avion.

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