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Mohamed V le Roi des algériens

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admin"SNP1975"

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J'ai toujours gardé dans ma mémoire d'enfant des années 60 , cette photo accrochée dans les salons de coiffures de mohamed V avec celle de Bourguiba et de Ferhat Abbes.
Belle époque de fraternité.
Mohamed V le Roi des algériens Bbbbbb11

Nous allons parlé dans ce topic du rôle joué par ces trois personalités d'origines algériennes ( Maameri , Mokri et Benghabrit) dans l'intronisation de Mohamed Benyoussef.

à suivre



Dernière édition par admin le Mar 7 Avr - 18:41, édité 1 fois

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L'AVENEMENT DE SIDI MOHAMMED BEN YOUSSEF AU TRÔNE DU MAROC (1927)par Joseph LUCCIONI

Dans la matinée du 17 novembre 1927, je suis retourné à la Nidara des Habous Karaouiyîne située au cœur de la médina de Fès. J'y avais passé toute la journée précédente pour mettre au point diverses questions contentieuses intéressant ces Habous. J'y ai trouvé le personnel en plein émoi. La nouvelle, qui s'était propagée rapidement en ville, du décès de S.M. Moulay Youssef, survenue brutalement au cours de la nuit, l'avait profondément attristé. Le chef du service (Nadir) Moulay Labed Idrissi, était l'une des personnalités les plus marquantes de Fès. D'une part, il faisait partie de la grande famille des chorfas idrissites qui prenait rang immédiatement après celle des Alaouites et, d'autre part, en qualité de Nadir de la mosquée-université de la Karaouiyîne, il avait un rôle prépondérant dans la vie spirituelle et intellectuelle de la ville. Il s'était rendu immédiatement au Palais impérial pour s'informer de l'évolution de la situation. Intrigué et curieux, j'ai demandé au mokhazni de la Nidara de m'accompagner au Palais, prenant prétexte de la nécessité et de l'urgence d'entrer en contact avec Moulay Labed Idrissi. C'est ainsi que j'ai pu, par la grande porte de Bab Dekaken, accéder au Palais où, apparemment, aucune mesure exceptionnelle n'avait été prise par les Services de Sécurité. Je l'ai traversé en entier, en observant, au passage, que les cours et les béniqas étaient désertes, pour aboutir à la cour intérieure qui sépare le palais du méchouar de Bab Boujad. Là, étaient assemblés des fonctionnaires des services locaux et des journalistes en quête d'informations. Par eux, j'ai appris que la dépouille mortelle de S.M. Moulay Youssef se trouvait dans le pavillon élevé par le Sultan Moulay Abdelaziz sur la face sud du méchouar (1) et que l'enterrement aurait lieu aux environs de midi. L'accès du méchouar était interdit ; grâce au mokhazni qui m'accompagnait, j'ai pu passer outre et me mêler à la foule massée devant le pavillon (l'intérieur étant réservé aux membres de la famille et à ceux qui récitaient les prières des morts). Foule importante mais limitée parce qu'elle comprenait uniquement les dignitaires du Makhzen, les chorfas, le personnel du Palais et les notables de la ville. La Garde Royale était déployée autour du méchouar tandis qu'un contingent de l'armée française, venu rendre les honneurs, avait pris place dans la partie sud. Vers midi et demi, ce contingent a défilé devant le pavillon et, immédiatement après, il a été procédé à la levée du corps. La dépouille de S.M. Moulay Youssef, enveloppée dans une couverture de velours vert et déposée sur une civière, a été transportée par des mokhazni du Palais dans la nécropole avoisinante de Moulay Abdallah (2), la Garde Noire formant une haie d'honneur.

Les obsèques terminées, chacun est rentré chez soi.

L'après-midi s'est passée en conciliabules aussi bien dans les sphères administratives que chez les particuliers, dans tous les milieux, surtout marocains, au sujet de la succession au Trône.

Deux camps en présence : l'un était partisan de Moulay Idriss, fils aîné du défunt qui en avait fait son héritier présomptif, avec l'approbation du corps des Oulémas, et qui participait déjà à l'action gouvernementale en qualité de Khalifa à Marrakech, tandis que l'autre tendait à faire introniser le fils cadet, Sidi Mohammed. (Apparemment, personne n'avait pris position en faveur de Moulay Hassan). D'après ce qui se disait à Fès dans les milieux les mieux informés, (français et marocains), le premier était dirigé par le Général Mougin, Directeur du Cabinet Militaire du Résident Général, Si Kaddour ben Ghabrit, Directeur du Protocole Impérial et de la Chancellerie et le Hagib (chambellan) Si Ababou. Le deuxième avait le soutien de M. Marc, Conseiller du Gouvernement Chérifien et de Si Mammeri, employé à la Direction des Affaires Chérifiennes et précepteur du prince Sidi Mohammed.

A la fin de la soirée, la situation de Moulay Idriss paraissait compromise. Le Général Mougin était dans l'obligation d'agir avec discrétion en raison de ses liens de subordination avec le Résident Général ; Si Kaddour ben Ghabrit, se trouvait à Tlemcen. J'ai rencontré plusieurs fois son gendre, employé à la Mahakma du Pacha, qui était dans l'inquiétude. Même s'il pouvait prendre un train de nuit, me disait-il, Si Kaddour arriverait trop tard pour exercer une influence sur la décision à intervenir. Quant au hagib Ababou, on apprenait, par téléphone et, ensuite, par courrier, que venant de Casablanca en automobile, il avait été détourné de son chemin, à Rabat, et conduit à la Direction des Affaires Chérifiennes où il était gardé à vue (j'ai eu des précisions, de retour à Rabat. C'est M. Marc qui a décidé de faire conduire Si Ababou à la Direction des Affaires Chérifiennes où il l'a confié à la garde de M. Torres, Directeur du Contrôle des Habous, avec l'ordre impératif d'y veiller personnellement en attendant de nouvelles instructions).

(2) Moulay Abdallah constitue un centre religieux exceptionnel. Il comprend :

1) une mosquée traditionnelle avec ses annexes : minaret, pièce du mimbar, chambre de l'Iman, logement du muezzin, et petite bibliothèque ;

2) une médersa avec chambres pour les tolbas, salle d'ablutions, msid ;

3) une vaste nécropole située au sud de la mosquée. Elle comporte une grande koubba rectangulaire, deux cours, l'une prolongeant la koubba à l'ouest avec, au centre, une vasque en marbre et l'autre, au sud, plus importante mais sans aucun aménagement, toutes les deux étant des cimetières pour les chorfas. A l'est de la grande koubba, se trouvent deux pièces finement ouvragées, l'une, est .une véritable salle de prière, avec mirhab, tandis que l'autre est aménagée en nécropole pour les sultans alaouites.

Au cours de l'année 1949, S.M. Sidi Mohammed, en résidence à Fès, m'a chargé de faire des réparations dans cette petite nécropole qui abrite le tombeau de Moulay Abdallah surmonté d'un catafalque orné de velours vert, et, à droite, à même le sol, ceux de Moulay Youssef, de Moulay Hafid et de Moulay Abdelaziz. S.M. Sidi Mohammed venait souvent visiter le chantier et, un jour, indiquant de sa canne l'emplacement situé à droite du tombeau de Moulay Abdelaziz', Elle m'a dit l'air rêveur ; "C'est peut-être ici que sera ma dernière demeure".


(1) C'est dans ce pavillon que le traité de Portectorat du 30 mars 1912 a été signé.



Dernière édition par admin le Lun 6 Avr - 11:30, édité 1 fois

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admin"SNP1975"

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J'ai revu Moulay Labed Idrissi après-dîner. Il m'a dit que les mesures prises à Rabat à l'égard du hagib lui paraissaient constituer un mauvais présage pour Moulay Idriss.

- Et la "béia" (3), lui ai-je demandé ?

— Elle ne peut intervenir, m'a-t-il répondu, que lorsque le pouvoir établi aura désigné un successeur à S.M. Moulay Youssef. Je crois savoir que cette décision sera prise demain matin, au Palais, où l'on attend l'arrivée de M. Steeg.

Le lendemain, j'ai pu accéder au Palais, puis à la cour intérieure précitée qui le sépare du méchouar de Bab Boujad, où se trouvaient les trois princes (Moulay Idriss, Moulay Hassan et Sidi Mohammed) entourés des dignitaires du Makhzen, de chorfas et de notables. Vers 10 h 30 ou 1 1 h, sont arrivés, venant directement de Rabat, M. Steeg, M. Marc et Si Mammeri. Sidi Mohammed a été désigné pour succéder à son père. Dès lors, a été déclenchée la procédure de la "béia". Je n'ai pu en être le témoin direct. Mais j'allais souvent aux nouvelles auprès du Commissariat du Gouvernement Chérifïen qui suivait, en permanence, l'évolution de la situation. J'ai appris qu'à la diligence du Pacha, chorfas, Oulémas, cadis, nadirs des Habous et autres notables de la ville (plusieurs centaines en tout) avaient été rassemblés dans le grand Méchouar du Palais pour approuver l'acte d'allégeance au nouveau souverain, que tout se passait normalement sans soulever de difficulté et qu'en fin de soirée, l'acte en question avait reçu l'adhésion de tous.

C'est donc en Sultan régulièrement et légitimement investi que Sidi Mohammed a pris dès le lendemain, le chemin de Rabat pous s'installer dans le Palais des Touargas.

Tel est le déroulement des faits qui ont conduit Sidi Mohammed ben Youssef sur le trône alaouite.

Tout étant rentré dans l'ordre, la question s'est posée de savoir sous quelles influences M. Steeg s'est prononcé en faveur de Sidi Mohammed au détriment de Moulay Idriss qui pouvait se prévaloir d'une tradition ancestrale. Nous en avons beaucoup discuté, tant à la Direction des Affaires Chérifïennes qu'au Palais. Deux faits paraissaient certains. Le grand Vizir (qui n'a pas quitté Fès alors que tout a été décidé à Rabat) est demeuré étranger à l'ensemble de l'affaire et M. Urbain Blanc, Délégué à la Résidence, consulté Par M. Steeg, avait préconisé, non pas de désigner Sidi Mohammed comme on l'a dit, mais d'adopter le système tunisien qui consistait à choisir le successeur du Bey défunt parmi les membres les plus âgés de la branche collatérale. Des études publiées quelques dizaines d'années plus tard, tendent à faire croire que M. Michaux-Bellaire, vieux Marocain, connaissant à fond l'histoire marocaine, a joué un rôle déterminant dans la désignation de Sidi Mohammed. Mais la confrontation des propos qu'on lui prête aux faits et à la

(3) Selon la coutume marocaine, la "béia" est un acte d'allégeance au nouveau souverain fait par un collège comprenant notamment le corps des Oulémas; qui est censé représenter l'ensemble de la communauté musulmane. Elle est devenue caduque depuis la Constitution du 14 décembre 1962 d'après laquelle 'la Couronne du Maroc et ses droits constitutionnels sont héréditaires" (art. 20).
réalité, engendre au moins le doute. D'après Montagne (4), à la demande de ■

M. Steeg de l'instruire sur les usages de la Cour en pareille circonstance (décès du Sultan), M. Michaux-Bellaire aurait fait la réponse suivante : "on ferme les portes du Palais, "chacun s'empare de ses armes. Il en va de même dans tout le pays, i

partout où se trouve un frère ou un parent du souverain qui exerce les fonctions |

de Khalifat. Les combats s'engagent et celui qui l'emporte est déclaré Sultan". Ce i

petit cours d'histoire marocaine ne pouvait influencer M. Steeg parce que, peut-être par exception à la règle, il ne correspondait pas à la réalité du moment. i

En effet, à Fès, tout était calme au Palais et la population, paisible et silencieuse, i

attendait avec impatience la désignation du nouveau souverain par l'autorité responsable. Dans le restant du Maroc, aucun prétendant ne s'était manifesté. Seul, le hajib Si Ababou pouvait créer des difficultés au Palais de Fès et c'est j

pourquoi on l'a neutralisé en le gardant à vue à Rabat. ,

D'autre part, le Général Spillmann (5) écrit que pour obtenir l'approbation J

des Oulémas "tous plus ou moins fassis "qui entendaient prendre leur temps et ;

monnayer leur adhésion, M. Michaux-Bellaire trouva une solution d'autant meilleure qu'elle était conforme à l'usage. Il recommanda de les enfermer dans une , pièce isolée avec interdiction d'en sortir tant qu'ils ne se seraient pas prononcés. Des troupes furent disposées autour des bâtiments pour rendre les honneurs et l'on attendit".

Or, ainsi que je l'ai dit, j'étais à Fès au moment de la béia. J'en ai suivi l'évolution presque heure par heure auprès du Commissaire du Gouvernement. Il n'a jamais été question de résistance de la part des Oulémas et autres notables appelés à signer l'acte d'allégeance, ni surtout d'une intervention quelconque de la !

force armée. D'ailleurs, si l'on consulte l'histoire marocaine, il est difficile, même en remontant assez loin dans le passé, de trouver un seul exemple de refus de la béia pour investir un souverain désigné par le pouvoir établi, disposant de la puissance matérielle. L'esprit de soumission du Corps des Oulémas à l'égard de ce pouvoir a permis à la dynastie des Alaouites, du moins après le règne de Moulay Abderrahman (1822-1859) d'échapper aux crises successorales pour devenir, en fait, une dynastie héréditaire, à Lyautey de désigner Moulay Youssef comme successeur de Moulay Hafid et à M. Steeg d'écarter Moulay Idriss au profit de Sidi Mohammed. Il s'est manifesté même en faveur de Moulay Arafa. Il a été investi, le 22 août 1953, par les Oulémas de Fès qui, une semaine auparavant, avaient stigmatisé l'hérésie des pachas et caïds partis en dissidence "à l'égard du souverain légitime, commandeur intègre des Croyants, Mohammed V".

En réalité, deux hommes semblent avoir été les artisans de l'accession de Sidi Mohammed au trône alaouite : Si Mammeri et surtout M. Marc, Conseiller du Gouvernement Chérifien. Si Mammeri, précepteur du prince depuis plusieurs années, s'était attaché d'autant plus à son élève qu'il le savait malheureux. Pour diverses raisons, ne présentant aucun caractère de gravité, S.M. Moulay Youssef avait confié le prince à l'autorité rigoureuse du hajib Ababou qui lui imposait dans AVENEMENT DE SIDI MOHAMMED BEN YOUSSEF 127

le palais de Fès, une existence terne, désœuvrée, sans ressources, sans moyens et sans espoir. Si Mammeri s'est employé en toute occasion, en prenant les ménagements nécessaires, à faire connaître l'existence de Sidi Mohammed et à créer autour de lui une ambiance de prince charmant opprimé et évincé de la situation due à sa naissance et à son rang, par des forces occultes et arbitraires. Il a dû, sans doute, influencer M. Marc en faveur de son élève, mais il ne semble pas qu'il ait pu exercer une action directe sur M. Steeg.

En ce qui concerne M. Marc, on ne peut mesurer la part qu'il a prise dans le dénouement de la crise ouverte par le décès de S.M. Moulay Youssef si l'on ignore la situation qu'il avait acquise auprès du Palais et de la communauté musulmane. Venu au Maroc avant 1912 comme Consul, à Mogador, puis à Tanger, il est entré dans l'administration du Protectorat après la signature du traité de Fès. En 1917, il a été nommé Conseiller du Gouvernement Chérifien en application du décret du 19 mai, venant ainsi au quatrième rang dans la hiérarchie des organismes du Protectorat (après le Résident Général, le Délégué â la Résidence et le Secrétaire Général du Protectorat.

En 1920, on a rassemblé dans une direction dite "Direction des Affaires Chérifiennes" tous les services affectés au contrôle des divers organismes du Makhzen. Cette Direction a été placée sous l'autorité du Conseiller du Gouvernement Chérifien.

Comme Lyautey, M. Marc était convaincu que, pour donner au Protectorat un caractère durable, il était nécessaire d'appliquer la formule du contrôle, exclusive de toute administration directe, en s'appuyant sur un Sultan consolidé, rehaussé dans son prestige et son autorité et sur un Makhzen rénové. Et pendant dix ans, il s'est efforcé de faire prévaloir cette politique en mettant à profit sa connaissance de la langue arabe, de l'Islam et particulièrement du Maroc, et ses qualités exceptionnelles (persévérance, haute conception du devoir, désintéressement, une probité intellectuelle et morale absolue et un caractère toujours égal). Sous son impulsion, les services de la Direction, composés de Français et de nombreux musulmans (Marocains, Algériens, voire Tunisiens), étaient en contact permanent avec les rouages correspondant du Palais, dans une ambiance de confiance et de sympathie,- de sorte que le contrôle prenait plutôt l'aspect d'une coopération, d'une véritable assistance technique. Il avait des relations constantes avec les Sultan. Il l'informait des mesures et réformes envisagées par la Résidence et s'efforçait, avec tact et conviction, de le persuader qu'elles étaient favorables aux intérêts du pays. Mais, en revanche, il n'hésitait pas à intervenir auprès des services français et souvent auprès du Résident lui-même pour faire écarter ou différer celles de ces mesures qui lui paraissaient inopportunes ou prématurées ou de nature à porter atteinte à la souveraineté ou au prestige du Sultan. Le plus souvent, son point de vue finissait par prévaloir (6). Ainsi, il avait gagné la confiance et l'estime du souverain, du Makhzen et de toute l'élite de la 128 1- LUCCIONI

population, à telle enseigne qu'à partir de 1925, c'est-à-dire du départ de Lyautey, devant les entreprises de certains services français enclins, dans un but d'efficacité, à faire de l'administration directe, la Direction des Affaires Chérifiennes, dont les locaux se trouvaient à l'intérieur du méchouar du Palais, était considérée comme le premier bastion de la défense des prérogatives du Sultan et du Makhzen. M. Marc était donc le plus qualifié pour suggérer à M. Steeg la décision à prendre pour dénouer la crise. Il avait opté, sans hésiter, en faveur de Sidi Mohammed qui se distinguait de ses frères par l'intelligence, la sagesse, la simplicité et la pondération. La conduite et le comportement respectifs des trois princes au cours du voyage officiel en France de S.M. Moulay Youssef, en 1926, l'ont sans doute confirmé dans l'opinion que Sidi Mohammed était le plus apte à succéder à son père sur le trône du Maroc. Il est, en outre, permis de croire qu'en dehors de l'élément subjectif, des considérations d'ordre politique ont contribué à faire écarter Moulay Idriss, notamment le désir et l'opportunité d'éloigner du Palais le hagib, Si Ababou. Au début du règne de Moulay Abdelaziz, Si Ababou, alors réputé pour sa grande culture musulmane, avait été l'imam de la mosquée intérieure du Palais et précepteur particulier du prince Moulay Youssef. Il avait acquis de l'ascendant sur son élève qui, devenu Sultan, lui a confié la charge de Hagib et de Ministre de la Maison Impériale, ce qui lui conférait la prérogative d'administrer tous les palais impériaux et de veiller à l'entretien et à la discipline de tous leurs occupants, maîtres et serviteurs. L'ancien précepteur avait gardé tout son ascendant et exerçait sur S.M. Moulay Youssef, dans l'ombre du palais, une influence d'autant plus grande qu'elle était occulte. On prétendait aussi qu'il mettait sa situation à profit pour arrondir sa fortune en ayant recours à des moyens répréhensibles (7). Il avait ainsi dressé contre lui une grande partie de l'opinion qui souhaitait son eloignement du palais. Or, on tenait pour certain qu'il serait confirmé dans ses fonctions si Moulay Idriss devenait Sultan. Le seul moyen de le renvoyer consistait à mettre sur le trône Sidi Mohammed qui n'avait aucune raison de le ménager.

Le Résident Général, M. Steeg, a entériné le choix de M. Marc. En dehors des considérations générales que l'on vient de développer, deux faits suffisent à le démontrer. D'une part,- la décision de M. Marc, quelques heures à peine après le décès de S.M. Moulay Youssef, de neutraliser le hajib Ababou et qui implique nécessairement l'accord préalable de M. Steeg. D'autre part, le comportement du principal intéressé, S.M. Sidi Mohammed qui savait mieux que personne à quoi s'en tenir. S.M. Sidi Mohammed n'a jamais dissimulé les sentiments de reconnaissance qu'Elle avait conçus pour M. Marc et qui devaient se traduire, deux ans plus tard, par un geste unique dans l'histoire marocaine et peut-être dans les annales de l'Islam. En grand apparat, accompagné des principaux dignitaires du Makhzen, la Garde Royale faisant la haie tout le long du parcours. Elle est venue, du palais impérial, sur le parvis de la cathédrale de Rabat s'incliner devant la dépouille 129

mortelle de ce Français qui était son conseiller au sens propre du mot parce qu'il était son ami. Elle en est repartie, en laissant le soin au Grand Vizir de faire l'éloge funèbre du défunt, éloge qui a ému profondément l'affluence considérable où se mêlaient chrétiens, musulmans et israélites venus des quatre coins du pays pour manifester leur sympathie et leur affliction.

La cérémonie des obsèques de M. Marc a fait l'objet, d'une lettre, ci-jointe en annexe, de M. le Ministre Plénipotentiaire, Délégué à la Résidence, adressée au Ministère des Affaires Etrangères à Paris, le 31 décembre 1929.

Ainsi, en moins de quarante huit heures, Sidi Mohammed a cessé d'être un prince relégué et oublié dans le Palais impérial de Fès pour devenir le Sultan de son pays. Pour diverses raisons (circonstances de son intronisation, insuffisance de préparation sur le plan politique et intellectuel, tendance accentuée du Protectorat à faire de l'administration directe), tous les milieux, français et marocains, inclinaient à croire que, comme son père Moulay Youssef, Sidi Mohammed régnerait dans l'ombre du Résident Général. A l'expérience et à la faveur des circonstances nées à la guerre, il s'est comporté en véritable homme d'Etat II a obtenu l'indépendance de son pays, après une lutte difficile, menée pendant plus de treize ans et au cours de laquelle il n'a pas hésité à payer de sa personne. L'Histoire placera Mohammed V au premier rang des grands souverains du Maroc.

Joseph Luccioni

Ancien directeur des Affaires

Chérifiennes du Maroc


(7) Immédiatement après sa disgrâce, à la demande du Palais, des perquisitions ont été faites à son domicile, ce qui l'a conduit à constituer M- Homberger, bâtonnier de Tordre des avocats de Rabat, pour défendre ses intérêts. Avec le recul du temps et l'apaisement des esprits, le Palais a renoncé à ses poursuites et tout est rentré dans l'ordre.


(6) Nous étions tous convaincus à la Direction des Affaires Chérifiennes que si M. Marc avait été encore en fonction en 1 930, le dahir berbère n'aurait pas été promulgué, du moins tel qu'il était conçu.


(4) Robert Montagne — Révolution au Maroc, p. 98.

(5) Général Spillmann — Du Protectorat à l'Indépendance, p. 50.

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Mohamed V le Roi des algériens Bbbbbb10
Si Kaddour ben Ghabrit est le premier à gauche

Si kaddour Benghabrit a accompagné les 4 sultans du Mroc pendant le protectorat( moulay Abdelaziz, moulay Abdelhafid , moulay youssef et mohamed V).
Son parcours

Si Abdelkader Ben Ghabrit est né en 1873 à Sidi-Bel-Abbès en Algérie, dans une famille originaire de Tlemcen. Conformément aux traditions des grandes familles musulmanes, le jeune homme poursuit de bonnes études à la Médersa d’Alger (la Thaalibiya) et de Fès (la Qarawiyyine) où il acquiert une solide formation française et arabe.

Grâce à cette double formation il entre facilement dans l’administration marocaine qui recherchait et appréciait facilement les anciens élèves des "Médersas" pour mettre a exécution la nouvelle réforme administrative lancée par le Roi Hassan 1er .

Dès 1895 le Roi Moulay Abdelaziz accorde la nationalité marocaine aux Algériens résidant au Maroc, où de nombreuses populations de l’Ouest et Sud Ouest algérien avaient trouvé refuge devant la conquête française de l’Algérie

SI KADDOUR BEN GHABRIT

S’étant installé définitivement à Paris, tout de suite après la guerre de 1914, cet Algérien était devenu, non seulement le plus Parisien des Marocains mais une des figures les plus en vue du Tout-Paris, habitué des premières, ses relations étaient étendues dans tous les cercles diplomatiques, politiques, journalistiques, mondains.

Comme tous les Parisiens qui vivaient à Paris aux alentours de 1930, j’avais connu Si Kaddour Ben Ghabrit dans le salon d’une de mes amies, salon dont il était le plus bel ornement.

Il recevait beaucoup dans sa résidence, située à proximité de la mosquée et initiait les Parisiens aux joies gastronomiques, nouvelles pour eux, de la pastilla et du méchoui.

Ayant commencé sa carrière comme petit employé au consulat de Tanger, Si Kaddour n’avait pas tardé à s’imposer par ses éminentes qualités et le rôle qu’il joua, avant, pendant et après l’établissement du traité de protectorat fut considérable.

Les nationalistes Marocains ne lui ont jamais pardonné d’avoir été le principal artisan du traité du Protectorat qu’ils n’ont jamais admis, ni dans l’esprit, ni dans la lettre.

J’ai eu souvent l’occasion de m’entretenir avec Si Kaddour de cette accusation qu’on lui lançait, d’avoir livré le Maroc à la France. Il rétorquait qu’en agissant ainsi, il avait en réalité sauvé le pays menacé d’être dépecé par les convoitises étrangères.

Si Kaddour Ben Ghabrit a donc été le principal artisan du traité de Fès. Son action devait d’ailleurs se prolonger après la signature du traité, et, seule l’arrivée de Lyautey, qui avait, dès son arrivée à Rabat prit tout en main, restreignit son initiative.

Jusqu’à sa mort, les différents Résidents Généraux qui se succédèrent ne purent que s’incliner devant le prestige de celui qui avait fait cadeau à la France du traité du Protectorat.

Certains Français sont sévères pour l’attitude qui fut la sienne au moment des tragiques journées de Fès, en avril 1912 et qui se soldèrent par des centaines de tués.

Si Si Kaddour était populaire parmi les Parisiens, il l’était beaucoup moins parmi les Français du Maroc qui étaient tout à fait ignorants de sa vraie personnalité, ainsi que des éminents services qu’il avait rendus à la cause de leur pays. Les Français fixés à Rabat le considéraient comme quantité négligeable et se montraient surpris de la situation qu’il avait acquise dans la capitale. Au demeurant Si Kaddour leur rendait, et même avec usure, la monnaie de leur pièce : il détestait Rabat et écourtait autant que faire se pouvait, le séjour qu’il y faisait quatre fois par an.

Si Kaddour joua également un rôle déterminant au moment de l’abdication de Moulay Hafid. Si ce dernier consentait bien à l’idée de quitter le trône, sa volonté était de se retirer à Tanger où sa présence n’eût pas manqué de créer un centre permanent d’agitation. Ce fut encore Si Kaddour qui fut chargé de l’évacuer « en douceur » , sans l’ombre d’une contrainte et sans le braquer dans une résistance insurmontable. Si Kaddour faisant appel une fois de plus à ses qualités de charmeur, convainquit son Auguste interlocuteur que son intérêt était bien de quitter le Maroc.

Moulay Hafid ne tint pas rigueur à Si Kaddour des conseils qu’il avait reçus.

Réfugié en France, après avoir séjourné longtemps en Espagne, l’ancien Sultan avait élu domicile à proximité du lac d'Enghien et c’était toujours avec plaisir qu’il le recevait. Si Kaddour évoquait avec son Auguste interlocuteur les splendeurs et aussi les difficultés des temps passés. Il lui communiquait les derniers bruits de la Cour de Rabat et surtout, il lui apportait une bouffée d’air d’une patrie qui n’avait cessé de lui être chère.

Président de la société des Habous et des lieux saints de l’Islam, tous les trois mois, Si Kaddour se rendait à Tunis, puis à Alger et enfin à Rabat..

A Rabat, Si Kaddour était reçu par le Souverain, qui, presque toujours, l’invitait à dîner. Si Kaddour savait le distraire, n’était jamais à court d’anecdotes nouvelles, et amusantes.

Lorsque le Souverain me mettait au courant du dîner qu’il avait pris avec le Directeur de la Mosquée de Paris, son visage se mettait à sourire et tous deux, nous faisions son éloge.

Les sentiments que Sidi Mohammed et Si Kaddour éprouvaient l’un pour l’autre faisaient honneur à chacun d’eux. Nous avons vu la part active prise jadis par Si Kaddour dont le flair, pour une fois, avait été pris en défaut dans les intrigues qu'Ababou avait suscitées pour empêcher Sidi Mohammed d’accéder au trône. Sidi Mohammed Ben Youssef n’avait pas oublié ces faits, du moins n’y a-t-il jamais fait la moindre allusion et n’a-t-il jamais introduit la moindre restriction lorsque je lui vantais les mérites de Si Kaddour. De son côté, ce dernier ne tarissait pas d’éloges sur le jeune Souverain et je suis convaincu qu’il l’a toujours loyalement servi.

Après le débarquement, les relations furent complètement coupées entre le Palais et la Mosquée de Paris. Les fausses nouvelles circulaient et les ennemis de Si Kaddour, il n’en manquait pas, l’accusaient de pactiser avec l’ennemi. Personnellement, je lui faisais confiance et je pensais que l’occupation de Paris lui fournirait l’occasion d’utiliser certains des bons principes recueillis dans l’enseignement d'Abbou Nouhas le héros des contes qu’il écrivait. J’avais raison de lui faire ainsi crédit. Voici entre autre, une des anecdotes qu’il me raconta : Il lui arrivait à l’occasion d’être sollicité par des personnalités allemandes dont le désir était de recevoir le Ouissam Alaouite. Ne voulant pas opposer un refus brutal, il assurait que la chose n’était pas impossible et qu’il allait constituer un dossier. Il faisait traîner les choses en longueur et profitait de ce délai pour soutirer quelques services et soulager des malheureux. Puis, un beau jour, prenant son téléphone, il annonçait au candidat que tout était en bonne voie et qu’il ne manquait plus au dossier qu’un simple détail : à savoir la date de sa promotion dans l’ordre de la légion d’honneur ! Et c’est alors que l’espoir du demandeur s’envolait quand il entendait Si Kaddour lui annoncer : « Dans ces conditions, je suis désolé, mais nul ne peut recevoir le Ouissam Alaouite s’il n’appartient déjà à la légion d’honneur »!

Si Kaddour était également très fier du compliment que lui avait adressé le Maréchal Pétain alors qu’il était allé accompagner le Grand Vizir El Mokkri qui s’était rendu à Vichy. Au moment de la prise de congé, le Maréchal qui approchait de 90 ans, fit des adieux au Grand Vizir qui était depuis longtemps centenaire, puis, se tournant vers Si Kaddour qui frisait les 80 ans, lui avait dit : « Au revoir jeune homme ».

Durant sa longue vie, Si Kaddour ne cessa de demeurer un honnête homme : il méprisait l’argent et ne voulut jamais profiter des nombreuses occasions qui lui furent offertes de s’enrichir.

La fin de Si Kaddour fut pitoyable ! N’appréciant pas du tout le voyage en avion, il avait recours au bateau qu’il prenait, En revanche, avec plaisir : excellent marin, simple et bon vivant, aimant après ses repas, fumer un bon cigare, il apparaissait au yeux du commandant, ainsi qu’à ceux des passagers, comme un joyeux commercial. Au cours d’une traversée, la mer étant démontée, il fit une chute malheureuse qui provoqua une fracture de la colonne vertébrale. S’il consentit à se faire admettre dans ma clinique, il refusa tout traitement. Au bout de quelques mois, le pauvre Si Kaddour ne pouvait se déplacer que courbé en deux et soutenu par deux aides .

Quelques jours après le 20 août 1953, intellectuellement très affaibli, la Direction des Affaires Politiques l’obligea à rendre visite au pseudo Sultan Arafa et le lendemain, les journaux publiaient une photo représentant Si Kaddour Ben Ghabrit prêtant serment d’allégeance au nouveau Sultan !

J’eus l’occasion, le lendemain, de le voir dans sa chambre d’hôtel. Si Kaddour était étendu sur son lit, sa gaieté avait disparu, il demeurait silencieux et me demanda, tout à coup, : « Dites donc, cher ami, que signifie donc le mot allégeance »? J’eus pitié de ce pauvre vieillard déchu, dont les jours étaient comptés et qui ne représentait même pas l’ombre du Si Kaddour , si brillant, que j’avais connu vingt ans auparavant. Je lui répondis qu’il s’agissait là d’un vieux mot français tombé dans l’oubli auquel le lecteur moyen ne comprendrait pas grand chose.

Par ailleurs, je lui expliquai que l’Administration centrale, ayant bien du mal à justifier la politique qu’elle avait choisie le 20 août, cherchait à démontrer que cette politique ralliait la majorité des suffrages ; j’ajoutai qu’en ce qui le concernait, les sentiments qu’il professait pour Sa Majesté Sidi Mohammed Ben Youssef étaient bien connus et que personne ne serait dupe de la vilaine manœuvre dont il avait été l’objet.

Ce fut là notre dernière rencontre et je pense qu’en l’occurrence, mon Auguste ami Sa Majesté Mohammed V ne m’aurait pas désavoué d’avoir agi comme je l’ai fait.

Source:Docteur Henri Dubois-Roquebert
Chirurgien particulier de Sa Majesté. de 1937 à 1971
Mohammed V, Hassan II, tels que je les ai connus



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Mohamed V le Roi des algériens Ffffff12

ll a negocié l'acte du protectorat et l'independance du Maroc. Il s'agit du grand vizir El hadj El Mokri.

Son histoire

EL MOKRI: nom de famille intellectuelle et illustre de TLEMCEN, qui a des relations très étroites avec les sultans du Maroc depuis la dynastie des MERINIDES. Le Cadi Mohamed el Mokri décédé à Fès fin moharrem 759 de hégir (1339). C'est lui qui a institué le texte d'allégeance au sultan MERINIDES ABOU INANE en 749 de hégir (1329) en tant que son khalifat à TLEMCEN, quand il lui a été rapporté l'écoulement de la flotte de son père devant le littoral de BEJAIA, puis il s'est rendu avec lui à Fès, capital du royaume, et le roi lui fait édifier l'école INANIA-MOUTAWAQUILIA.
et son fils Hadj Mohamed Grand vizir occupa plusieurs postes ministériels, cette personnalité hors série avait été formé sous moulay el Hassan.avait servi Moulay Abd el Aziz, - grand vizir sous Moulay Hafiz - grand vizir sous Moulay Youssef - grand vizir sous Moulay Mohamed. V. Cette sorte d'encyclopédie politique avait visité l'Exposition de paris en 1867, salué Napoléon.III. Eté reçu par l'impératrice Eugénie, par le Roi AlphonseXIÏ, la régente Marie-Christine et le Roi Alphonse XIII d'Espagne. Ambassadeur à Berlin, il avait souvent discute avec le prince Von Bismarck, puis ,à Paris, obtenu audience chez le président Thiers et le maréchal de Mac- Mahon.Il était passé à Bruxelles et avait rencontré le Roi Léopold.II. avec lequel il avait discuté d'un projet de concession de chemin de fer. Décédé à Rabat en 1957 à 115 ans et son fils Tayeb occupa plusieurs postes depuis Moulay Abdelaziz puis pacha de Casablanca de 1927 sous le règne de Mohamed. V. jusqu'à sa mort à Fès en 1949.
En considération de sa personne, parmi la famille il faut cité le grand savant lettre Ahmed Ben Mohamed El Mokri, né à TLEMCEN en 986 de l'hégir (1566) et décédé au CAIRE. Il publia plusieurs ouvrages le plus renommé de ses livres - NAFH TEB -. Mufti de Fès et prédicateur de l'université « KARAOUIYINE » Au siècle dernier, le reste de la famille El Mokri a quitté Tilemcen pour le Maroc avec d'autre à la suite de révolution de Ben Chérif Derkaoui et de l'allégeance des habitants de Tiemcen au sultan Moulay Slimane en 1220 (1678) et se sont établi à Taza et Fès, depuis lors, un certain nombre d'entre eux ont acquis une renommée parmi lesquels des savant -des ministres- des fonctionnaires et officiers, qui ont servi loyalement le Maroc, tel le grand savant Hadj Mohamed El Mokri réputé pour (ZAMAKHCHART) et son fils Hadj Abdeslem Vizir à la construction au temps de Moulay Hassan.I.

El Hadj El mokri
e jour qui suivit cette réunion, une des deux personnalités qui participait à ce conseil jugea indispensable, toujours dans le plus grand mystère, d’aller mettre le Grand Vizir Si Hadj Mohammed El Mokri, dont nous aurons l’occasion de reparler, au courant de ce qui avait été décidé la veille. Il paraissait nécessaire, en effet, que, le moment venu, celui-ci ne fît pas d’opposition à la réalisation de ce projet et sa collaboration paraissait d’autant plus assurée, que depuis quelques mois l’étoile du Grand Vizir pâlissait au fur et à mesure que se renforçait l’autorité du Grand Chambellan Si Hababou.
On imagine sans peine que le Grand Vizir El Mokri eut conçu beaucoup d’amertume de voir son influence ainsi battue en brèche et l’avenir l’inquiétait. Il saisit donc volontiers l’ouverture qui s’offrait à lui.




Source:Docteur Henri Dubois-Roquebert
Chirurgien particulier de Sa Majesté. de 1937 à 1971
Mohammed V, Hassan II, tels que je les ai connus



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DOCUMENTS ANNEXES



SI MAAMRI

Il exerça sur le destin de celui qui devait devenir Mohammed V l'influence la plus profonde. Il est impossible en effet d'évoquer la figure de Sidi Mohammed Ben Youssef, sans qu'apparaisse immédiatement le profil de Si Maâmri auquel étaient dévolues les fonctions de Ministre du Protocole et des Palais Royaux .

En le désignant à ce poste, S.M. Hassan II a tenu à rendre hommage à celui qui depuis 1915 n'a cessé de se vouer au service de Son Auguste Père, du Maroc ainsi qu'à sa dynastie.

C'est un sort cruel pour Si Maâmri que d'avoir vu disparaître en pleine force, celui auquel il avait consacré le meilleur de sa vie.

D'une intégrité proverbiale, portant la barbe, en bon musulman qu'il est, je n'ai jamais vu Si Maâmri revêtu autrement que de la djellabah classique, le chef surmonté de la Rezza qui dénonce son origine algérienne.

Il est, en effet, toujours resté fidèle à cette coiffure qui, étant donné l'homme, prend la signification d'un symbole : celui de la fidélité. Au cours d'une vie déjà longue, Si Maâmri , en effet, n'a jamais cessé d'être fidèle : fidèle à son Dieu, fidèle à son Roi, fidèle à sa famille, fidèle à sa race ainsi qu'à ses amis.

Je fis sa connaissance en 1937. Il exerçait officiellement alors les fonctions de Précepteur des Princes et d'Adjoint au Chef du Protocole, mais en fait, le Sultan qui se trouvait pratiquement, et à tous points de vue, complètement isolé, ne disposait d'aucun collaborateur et c'est en réalité Si Maâmri qui cumulait les fonctions de directeur de cabinet, de conseiller, de secrétaire, d'intendant, sans parler des autres qui étaient innombrables. Il fallait tout le talent et la puissance de travail dont il est doué pour se tirer avec un même bonheur de tâches si variées.

La voix fortement timbrée, doué d'une étonnante mémoire, aussi cultivé en français qu'en arabe, admirateur de Chenier et de Victor Hugo, Si Maâmri se montre un causeur étincelant qui aime émailler ses propos de citations empruntées au Coran que, comme beaucoup de ses coreligionnaires, il sait par cœur.

Ses traductions des discours du Sultan, au cours des audiences officielles, étaient toujours appréciées, car il savait rendre la pensée du Souverain en un français aussi précis qu'élégant.

Depuis 1927, tous ceux qui, de près ou de loin, ont eu à connaître des relations franco-marocaines ont approchés Si Maâmri et c'est ainsi qu'il lui a été donné de connaître tous les hommes politiques de la 3ème et 4ème République.

Appartenant à une vieille famille Kabyle très connue, Si Maâmri aimait parler de sa province natale à laquelle il rattache le souvenir de son premier maître M. Verdy.

C'est en 1908 que Si Maâmri arriva à Rabat. M. Regnault, Ministre de France à Tanger, avait en effet demandé, quelques semaines auparavant, à M. Jonnard, Gouverneur Général de l'Algérie, de lui envoyer des étudiants de la Medersa d'Alger en fin de scolarité, possédant la double culture française et arabe, et susceptible d'y créer des écoles. Si Maâmri fit partie du lot et il fonda, à Rabat, la première école franco-musulmane dans laquelle il enseigna de mai 1908 à octobre 1912. C'est alors qu'il fut désigné pour remplir les fonctions d’interprète à la Résidence Générale, chargé d'assurer les relations entre celle-ci et le Maghzen, c'est-à-dire le Palais.

En 1915 Si Maâmri ayant préparé le concours de la magistrature musulmane, avait fait une demande pour réintégrer son Algérie natale et cette demande avait été agréée par Lyautey. En novembre sa nomination de Cadi ayant été signée, il s'apprêtait à rejoindre son nouveau poste, dans les plus courts délais, lorsqu'il fut convoqué d'urgence par Lyautey. Aussitôt qu'il fut introduit dans le bureau du Résident Général, celui-ci lui dit : « Si Maâmri il est entendu que vous ne partez plus. Le Sultan a fini par m'écouter et il vient de m'annoncer qu'il consentait à ce que ses fils reçoivent une culture française, mais à cela il pose une condition formelle : c'est que ce soit vous qui vous en chargiez ».

Et c'est ainsi que Si Maâmri entra en 1915 au Palais de Rabat qu’il ne quitta jamais, si ce n'est pendant les années d'exil jusqu’au jour de sa récente retraite dans sa Kabilie natale.

Sidi Mohammed Ben Youssef avait donc six ans lorsque son nouveau maître fit sa connaissance. Il devait rester son élève jusqu'au moment où il monta sur le trône en 1927. Le futur Souverain, ainsi que ses deux frères, ne pouvaient avoir un meilleur maître et c'est bien ce qu'avait compris S.M. Moulay Youssef qui donna là une preuve de ce jugement auquel nous avons rendu hommage. Au cours de ces douze années, Si Maâmri façonna, comme un précepteur peut le faire, l'esprit de ses élèves princiers mais il eut également pendant des années, l'occasion de les bien connaître. Les maîtres ne connaissent-ils pas souvent les enfants mieux que ne les connaissent les parents ?

Les sentiments qu'éprouva Si Maâmri pour Sidi Mohammed Ben Youssef furent complexes et évoluèrent avec le temps. Tout d'abord, ce furent ceux d'un homme auquel les joies de la paternité ayant été refusées, voyait un fils dans cet élève princier. Puis, plus tard, ce furent ceux d'un sujet pour son Roi, d'un croyant pour son chef spirituel.

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