Qui se souvient du calvaire des pénuries ? La bataille de l’eau
Combien de fois les ménages algériens se sont surpris à écouter avec un intérêt grandissant les chuintements caractéristiques jaillissants des robinets de leur cuisine ou de leur salle de bains annonçant longtemps à l’avance que l’eau allait enfin se remettre à couler ?
«Haou dja el ma, Haou dja el ma», «Haou rah el ma». Pendant d’interminables et longues années, des générations d’Algériens de toutes conditions résidant surtout dans les agglomérations urbaines n’ont cessé de ressasser les unes après les autres, les premières avec quelque soulagement et les secondes avec un profond dépit, ces laconiques expressions lorsqu’ils constataient que l’eau était revenue dans les robinets ou bien qu’elle les avait désertés pour ne se manifester à nouveau qu’après une durée qui pouvait, selon les quartiers, s’étaler sur une ou plusieurs journées.
C’était la période durant laquelle il était courant d’observer ces tristes spectacles de ces nom-breux adultes et ces jeunes enfants au corps chétif, transportant de lourds sceaux et des jerricans en plastique avec lesquels ils étaient allés quérir des quantités d’eau dans des lieux où il était encore possible de s’en procurer.
Dans ce cas, il pouvait s’agir des rares camions citernes que les APC dépêchaient parfois quand les coupures duraient plus que de raison, de quartiers où cette denrée précieuse n’avait pas encore déserté les canalisations ou bien encore d’une source ou d’un puits éloignés mais qui, en pareils cas, pouvaient s’avérer providentiels.
Le temps passant, au fur et à mesure que les pénuries se multipliaient et qu’elles s’allongeaient dans le temps, les ménagères se mirent bien malgré elles à adopter de nouveaux comportements.
Aux tout débuts, elles prirent ainsi l’habitude de constituer des réserves de cette précieuse denrée en emplissant tous les récipients disponibles dans la maisonnée, (sceaux, bouteilles, ustensiles de cuisine, bassines,…).
Mais comme les coupures commencèrent à s’éterniser, plusieurs familles furent alors contraintes de faire l’acquisition de jerricans à grosse contenance et pour certaines parmi elles à s’équiper d’imposantes barriques en plastique pouvant emmagasiner pour certaines parmi elles entre 100 et 200 litres d’eau.
Les personnes un peu plus fortunées se résignèrent de leur côté à faire installer, sur les terrasses ou bien dans leurs vérandas, des cuves en métal galvanisé qu’ils s’empressaient de remplir lorsque l’eau revenait dans les canalisations.
Certaines parmi elles pouvaient avoir une capacité se situant entre 1 et 2 mètres cubes que leurs propriétaires faisaient souvent équiper de systèmes permettant d’obtenir une eau sous pression pour pouvoir faire usage du chauffe-bain et éventuellement de la machine à laver.
Si elle rappelle de malheureux souvenirs, cette période n’en fut pas moins faste pour certains commerces particuliers à l’exemple des quincailleries spécialisées dans la vente de contenants de divers volumes destinés à des usages divers et qui surent tout de suite après s’adapter afin de répondre à une demande de plus en plus importante.
Elle contribua également à réanimer une profession ancestrale que l’on avait cru à jamais disparue : celle des transporteurs d’eau qui la fournissaient à domicile à l’aide de cuves transportées sur des charrettes tirées par des baudets ou bien par des tracteurs.
C’est aussi à partir de ce moment que beaucoup de nationaux commencèrent à prendre l’habitude très développée depuis, de consommer des quantités d’eau minérale afin de s’éviter des maladies à transmission hydrique qui avaient tendance à survenir régulièrement à travers le pays en raison notamment de l’intrusion d’eaux usées dans les canalisations domestiques. Les désagréments causés par les pénuries d’eau qui ne cessaient de perdurer furent à l’origine de nouveaux phénomènes.
Des auto-constructeurs prirent désormais la précaution de faire aménager dans une partie de leur bâtisse une «bâche d’eau», en réalité un réservoir de grosse capacité construit en dur et destiné à emmagasiner des quantités importantes de ce précieux liquide.
Ignorant d’autre part les menaces des autorités, des personnes autrement plus nanties firent creuser des puits ou bien installèrent des sondes hydrauliques à l’intérieur de leur propriété pour pouvoir assurer leur autonomie en s’alimentant directement à partir des nappes phréatiques.
Il est évident que la réalisation depuis de très nom-breux barrages de retenue d’eau ainsi que l’entrée en service progressive de centrales de dessalement d’eau de mer le long des zones littorales ont contribué à améliorer substantiellement l’approvisionnement des ménages.
Mais pour autant, les divers matériels qui ont été jusqu’alors utilisés par ces derniers pour se constituer de précieuses réserves ont-ils été mis au rebus ? Rien n’est moins sûr.
Par mesure de précaution, beaucoup de familles préfèrent ne pas s’en séparer. On ne sait jamais car, comme le recommande le dicton, «Il ne faut pas dire fontaine, je ne boirai pas de ton eau».
- Le Jour d Algerie
Combien de fois les ménages algériens se sont surpris à écouter avec un intérêt grandissant les chuintements caractéristiques jaillissants des robinets de leur cuisine ou de leur salle de bains annonçant longtemps à l’avance que l’eau allait enfin se remettre à couler ?
«Haou dja el ma, Haou dja el ma», «Haou rah el ma». Pendant d’interminables et longues années, des générations d’Algériens de toutes conditions résidant surtout dans les agglomérations urbaines n’ont cessé de ressasser les unes après les autres, les premières avec quelque soulagement et les secondes avec un profond dépit, ces laconiques expressions lorsqu’ils constataient que l’eau était revenue dans les robinets ou bien qu’elle les avait désertés pour ne se manifester à nouveau qu’après une durée qui pouvait, selon les quartiers, s’étaler sur une ou plusieurs journées.
C’était la période durant laquelle il était courant d’observer ces tristes spectacles de ces nom-breux adultes et ces jeunes enfants au corps chétif, transportant de lourds sceaux et des jerricans en plastique avec lesquels ils étaient allés quérir des quantités d’eau dans des lieux où il était encore possible de s’en procurer.
Dans ce cas, il pouvait s’agir des rares camions citernes que les APC dépêchaient parfois quand les coupures duraient plus que de raison, de quartiers où cette denrée précieuse n’avait pas encore déserté les canalisations ou bien encore d’une source ou d’un puits éloignés mais qui, en pareils cas, pouvaient s’avérer providentiels.
Le temps passant, au fur et à mesure que les pénuries se multipliaient et qu’elles s’allongeaient dans le temps, les ménagères se mirent bien malgré elles à adopter de nouveaux comportements.
Aux tout débuts, elles prirent ainsi l’habitude de constituer des réserves de cette précieuse denrée en emplissant tous les récipients disponibles dans la maisonnée, (sceaux, bouteilles, ustensiles de cuisine, bassines,…).
Mais comme les coupures commencèrent à s’éterniser, plusieurs familles furent alors contraintes de faire l’acquisition de jerricans à grosse contenance et pour certaines parmi elles à s’équiper d’imposantes barriques en plastique pouvant emmagasiner pour certaines parmi elles entre 100 et 200 litres d’eau.
Les personnes un peu plus fortunées se résignèrent de leur côté à faire installer, sur les terrasses ou bien dans leurs vérandas, des cuves en métal galvanisé qu’ils s’empressaient de remplir lorsque l’eau revenait dans les canalisations.
Certaines parmi elles pouvaient avoir une capacité se situant entre 1 et 2 mètres cubes que leurs propriétaires faisaient souvent équiper de systèmes permettant d’obtenir une eau sous pression pour pouvoir faire usage du chauffe-bain et éventuellement de la machine à laver.
Si elle rappelle de malheureux souvenirs, cette période n’en fut pas moins faste pour certains commerces particuliers à l’exemple des quincailleries spécialisées dans la vente de contenants de divers volumes destinés à des usages divers et qui surent tout de suite après s’adapter afin de répondre à une demande de plus en plus importante.
Elle contribua également à réanimer une profession ancestrale que l’on avait cru à jamais disparue : celle des transporteurs d’eau qui la fournissaient à domicile à l’aide de cuves transportées sur des charrettes tirées par des baudets ou bien par des tracteurs.
C’est aussi à partir de ce moment que beaucoup de nationaux commencèrent à prendre l’habitude très développée depuis, de consommer des quantités d’eau minérale afin de s’éviter des maladies à transmission hydrique qui avaient tendance à survenir régulièrement à travers le pays en raison notamment de l’intrusion d’eaux usées dans les canalisations domestiques. Les désagréments causés par les pénuries d’eau qui ne cessaient de perdurer furent à l’origine de nouveaux phénomènes.
Des auto-constructeurs prirent désormais la précaution de faire aménager dans une partie de leur bâtisse une «bâche d’eau», en réalité un réservoir de grosse capacité construit en dur et destiné à emmagasiner des quantités importantes de ce précieux liquide.
Ignorant d’autre part les menaces des autorités, des personnes autrement plus nanties firent creuser des puits ou bien installèrent des sondes hydrauliques à l’intérieur de leur propriété pour pouvoir assurer leur autonomie en s’alimentant directement à partir des nappes phréatiques.
Il est évident que la réalisation depuis de très nom-breux barrages de retenue d’eau ainsi que l’entrée en service progressive de centrales de dessalement d’eau de mer le long des zones littorales ont contribué à améliorer substantiellement l’approvisionnement des ménages.
Mais pour autant, les divers matériels qui ont été jusqu’alors utilisés par ces derniers pour se constituer de précieuses réserves ont-ils été mis au rebus ? Rien n’est moins sûr.
Par mesure de précaution, beaucoup de familles préfèrent ne pas s’en séparer. On ne sait jamais car, comme le recommande le dicton, «Il ne faut pas dire fontaine, je ne boirai pas de ton eau».
- Le Jour d Algerie